Le directeur de la Caf d`Ille-et-Vilaine Le directeur - Epsilon
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Le directeur de la Caf d`Ille-et-Vilaine Le directeur - Epsilon
La pauvreté est un thème qui préoccupe de nombreux acteurs de tous milieux et de toutes disciplines. Sa mesure est souvent sujette à débats et son appréciation est parfois empreinte de subjectivité en raison de ses multiples facettes. Pour l’appréhender sur une base la plus objective possible, disposer d’informations fiables est nécessaire. Ce dossier permet une première approche. Après avoir décrit l’environnement régional, l’étude porte sur les allocataires des principaux minima sociaux et sur la population à bas revenus. Enfin elle tente de localiser les phénomènes de pauvreté dans les zones urbaines. Pour réaliser cette étude, les cinq caisses d’allocations familiales se sont associées à l’Insee. C’est ce partenariat très actif qui a permis d’aboutir à ce dossier. Et les données transmises par les Caf ont été complétées par celles provenant de la mutualité sociale agricole. Le directeur de la Caf d'Ille-et-Vilaine La directrice de la Caf du Morbihan Christophe Demilly Annie Simon-Lemercier Le directeur de la Caf des Côtes-d'Armor Le directeur de la Caf du Finistère Nord Jean-Marie Pepers Pierre-Vincent Roux Le directeur de la Caf du Finistère Sud Le directeur régional de l'Insee Robert Ligier Bernard Le Calvez Synthèse Synthèse Croissance de l’emploi, taux d’activité important, revenus homogènes, région peu urbanisée… cet environnement économique favorable fait de la Bretagne une région peu exposée au phénomène de pauvreté. La mesure de la pauvreté à partir des bénéficiaires de minima sociaux confirme ce premier constat. Peu d’allocataires bretons bénéficiaires de minima sociaux En effet, 126 000 allocataires bretons percevaient au 31 décembre 2002 l’un des huit minima sociaux, soit environ 5,7 % de la population de plus de 20 ans. La pauvreté établie à partir de ces populations (pauvreté administrative) est moins forte en Bretagne que sur l’ensemble de la France où ce taux est de 6,7 %. La proportion d’allocataires pour les quatre principaux minima (allocation aux adultes handicapés, revenu minimum d’insertion, allocation de parent isolé et minimum vieillesse) est particulièrement faible également. Environ 5 % des Bretons de moins de 65 ans (soit 116 000 personnes) sont couverts par l’AAH, le RMI ou l’API. Si on prend en compte les conjoints et les enfants à charge, les allocataires de l’AAH et du RMI rassemblent une population de 102 000 personnes, tandis que l’API n’en concerne que 14 000. Pour ces trois minima, le poids du régime général (Caf) est largement prépondérant : dans la région, les allocataires du régime agricole (MSA) ne représentent que 6 % de l’ensemble. Au contraire, la Bretagne est l’une des rares régions où les allocataires du minimum vieillesse se répartissent égalitairement entre les deux régimes. La place de la Bretagne au sein des régions françaises varie selon le type d‘allocataires. • Les allocataires du RMI et de l’API sont peu nombreux. Les 30 000 allocataires bretons du RMI représentent moins de 18 personnes pour 1 000 habitants ce qui e place la Bretagne au 3 rang des régions ayant le plus faible taux de bénéficiaires. Concernant l’API, avec 5 300 ménages allocataires, la région détient même le taux le plus bas de métropole (3 ‰). 8 - Dossier d’Octant n° 47 • Les taux bretons d’allocataires de l’AAH et du minimum vieillesse se situent au niveau de la moyenne. Bien qu’étant le minimum social le plus versé en Bretagne (40 000 allocataires), l’AAH n’est e pas surreprésentée dans notre région (12 rang national). Les 32 600 personnes bénéficiant du minimum vieillesse ont un poids un peu inférieur à la proportion nationale (6 % des personnes de plus de 65 e ans, soit le 13 rang national). La Bretagne a le plus faible taux de pauvreté La mesure monétaire classique de la pauvreté dénombre 98 700 ménages allocataires dont les revenus par unité de consommation (UC) après versement des prestations sont inférieurs au seuil de bas revenu français (698 euros mensuels soit 50 % du revenu médian). Ces ménages correspondent à une population couverte de 210 000 personnes représentant 8,7 % de la population bretonne âgée de moins de 65 ans (la moyenne nationale est de 12,3 %). Ce taux de pauvreté est le plus faible de France. Une forte proportion de personnes à la limite de la pauvreté La mesure de la pauvreté est très sensible au seuil de bas revenus choisi. Ainsi, si on porte le seuil au niveau communément utilisé à l’échelon européen (60 % du revenu médian, soit 838 euros mensuels par UC), 340 000 personnes se trouvent alors concernées. Cela revient à augmenter le nombre de personnes pauvres de 62 %. C’est une spécificité de notre région car la même opération au niveau national ne mène qu’à une augmentation de 51 %. De plus en Bretagne, les personnes situées entre les deux seuils exercent plus souvent une activité (65 % contre 57 % dans l’ensemble du pays). On aborde ici la . problématique des Cette particularité est à relier au poids important d’emplois peu qualifiés et peu rémunérateurs dans l’économie bretonne (agroalimentaire, construction, services aux particuliers…) ; il constituerait l’explication la plus pertinente d’une situation où chez les actifs, un fort taux d’emploi coexiste avec des niveaux de revenus plutôt faibles. Cela nous a conduits à utiliser le seuil de bas revenus de Synthèse 60 % pour la deuxième moitié de l’étude, qui analyse les populations pauvres et leur localisation. Beaucoup de familles avec enfants concernées par la pauvreté Le travail mené à partir des allocataires Caf à bas revenus, en référence au seuil européen, permet d’identifier une pauvreté multiple dont les critères principaux sont l’activité, le type de famille et la perception ou non de minima sociaux. Plus de la moitié des allocataires à bas revenus (les trois quarts de la population pauvre) sont des couples avec enfants ou des familles monoparentales. Le phénomène de pauvreté concerne ainsi 141 000 enfants. Près de 40 000 autres allocataires pauvres sont aussi des personnes seules mais perçoivent un minimum social. Constitué à 95 % d’allocataires de l’AAH et du RMI, ce profil représente les trois quarts des bénéficiaires de ces deux minima. Cette population est beaucoup plus éloignée du marché de l’emploi (inactivité, chômage) et dispose de revenus beaucoup plus faibles que le reste des personnes seules. Pour les allocataires de l’AAH, le poids du régime agricole est moins marginal. Ceux-ci sont également, parmi les bénéficiaires de minima, les plus âgés et les plus ruraux. Il existe également une pauvreté des personnes âgées L’existence ou non de revenus du travail dans ces familles leur niveau de dépendance aux prestations sociales - a une incidence déterminante sur l’intensité de la pauvreté et leur localisation dans les pôles urbains. Plus de 90 % des 95 000 personnes vivant dans des familles avec des ressources comprises entre le seuil de bas revenu français et le seuil européen bénéficient d’un revenu d’activité. En revanche, 79 000 personnes se trouvent dans des familles en très grande difficulté où l’allocataire est presque entièrement dépendant des minima sociaux : les revenus y sont très faibles et elles habitent beaucoup plus souvent en pôle urbain. La concentration du logement social dans les pôles urbains explique cette localisation. Le minimum vieillesse concerne 23 000 allocataires en Bretagne et 51 % d’entre eux vivent dans une commune de l’espace à dominante rurale. Pour cette allocation, la région est l’une des rares où le régime agricole et le régime général ont des poids équivalents. Ces phénomènes déterminent aussi la durabilité de la pauvreté. L’analyse sur cinq ans montre en effet que les familles les moins touchées par la pauvreté sont aussi celles qui sortent plus rapidement de leurs difficultés. Au contraire, les familles pour lesquelles l’intensité de la pauvreté est importante connaissent également la pauvreté la plus durable. Cette analyse de la pauvreté, objet central de l’étude, resterait incomplète si le dossier n’évoquait pas l’apport des organismes de protection sociale en matière de lutte contre ce phénomène : 65 000 ménages allocataires, correspondant à une population couverte de près de 180 000 personnes, ont ainsi pu dépasser en 2002 le seuil français de bas revenus grâce aux prestations légales versées par les cinq caisses d’allocations familiales de Bretagne. Pauvreté : aussi des personnes seules Un allocataire pauvre sur dix, soit 34 000 personnes, ne perçoit aucun minimum social : ce sont des personnes seules et quelques couples sans enfants. Près de 50 % de ces allocataires réside dans l’une des sept plus grandes villes de Bretagne. La moitié travaille et est plutôt jeune alors que l’autre moitié est majoritairement constituée de personnes de plus 55 ans percevant des revenus de substitution. Cette population pauvre âgée de plus de 65 ans se concentre essentiellement en Bretagne centrale où la proportion d’anciens agriculteurs est forte (leur niveau de retraites est le plus faible) ; le nombre d’allocataires du régime agricole y est majoritaire. Le rôle solvabilisateur des Caf La répartition géographique selon les profils de pauvreté doit également permettre une territorialisation des actions. La fin de l’étude fournit quelques exemples de localisations de populations pauvres ventilées par profils sur plusieurs communautés urbaines. Ce travail constitue une première esquisse de travaux susceptibles d’être développés en intégrant d’autres sources. Dossier d’Octant n° 47 - 9 Les chiffres à retenir Les chiffres à retenir Données de cadrage Population estimée en Bretagne au 01.01.2002 Population de moins de 65 ans estimée en Bretagne au 01.01.2002 2 959 497 personnes 2 420 139 personnes Allocataires des Caf de Bretagne au 31.12.2002 pour une population couverte de : 475 520 allocataires 1 276 073 personnes Population de référence Caf1 retenue pour l’étude pour une population couverte de : 385 376 allocataires 1 162 795 personnes Minima sociaux Allocataires Caf de minima sociaux2 au 31.12.2002 pour une population couverte de : dont : 36 923 allocataires de l’AAH3, 53 703 personnes couvertes 28 731 allocataires du RMI3, 51 815 personnes couvertes 5 231 allocataires de l’API3, 14 234 personnes couvertes 70 727 allocataires 119 267 personnes Allocataires MSA de minima sociaux au 31.12.2002 dont : 3 087 allocataires de l’AAH 1 093 allocataires du RMI 66 allocataires de l’API 12 688 allocataires de l’ASV3 16 933 allocataires Allocataires Cram de l’ASV au 31.12.2002 13 601 allocataires Pauvreté monétaire pour un seuil de bas revenus à 50 %, méthode non actualisée Seuil de bas revenus 2001 à 50 % Allocataires à bas revenus au 31.12.2002 pour une population couverte de : 698 euros par unité de consommation 98 707 allocataires 209 359 personnes Population de moins de 65 ans sous le seuil de bas revenus4 France (métropole) Bretagne Côtes-d’Armor Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan 10 - Dossier d’Octant n° 47 12,3 % 8,7 % 9,3 % 8,6 % 8,0 % 9,0 % Brest Lorient Quimper Rennes Saint-Brieuc Saint-Malo Vannes 14,3 % 18,0 % 13,0 % 13,2 % 19,2 % 14,8 % 14,3 % Les chiffres à retenir Pauvreté monétaire pour un seuil de bas revenus à 60 %, méthode actualisée Seuil de bas revenus 2002 à 60 % 863 euros par unité de consommation Allocataires à bas revenus au 31.12.2002 pour une population couverte de : 133 155 allocataires 318 273 personnes (dont 141 509 enfants) Population de moins de 65 ans sous le seuil de bas revenus4 Bretagne 13,2 % Côtes-d’Armor Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan 14,2 % 13,1 % 12,1 % 13,9 % Brest Lorient Quimper Rennes Saint-Brieuc Saint-Malo Vannes 19,8 % 24,9 % 17,7 % 16,6 % 25,5 % 21,1 % 18,5 % Population couverte pour chaque profil de pauvreté Familles les moins pauvres Familles en difficulté Familles en très grande difficulté Personnes seules avec minima sociaux Personnes seules sans minima sociaux 95 000 personnes 69 300 personnes 79 000 personnes 34 300 personnes 40 600 personnes Impact de la redistribution sociale Personnes dont les revenus dépendent au moins à 50 % des prestations des Caf pour une population couverte de : 74 366 allocataires 144 041 personnes Personnes passées au-dessus du seuil de bas revenus grâce aux prestations des Caf pour une population couverte de : 65 041 allocataires 179 021 personnes 1- Hors allocataires de plus de 65 ans ou relevant de régimes spéciaux, hors étudiants (voir préambule page 12) 2- Dans la population de référence 3- AAH : allocation aux adultes handicapés RMI : revenu minimum d’insertion API : allocation de parent isolé ASV : allocation supplémentaire du minimum vieillesse 4- Part de la population à bas revenus dans la population de moins de 65 ans estimée au 01-01-2002 Dossier d’Octant n° 47 - 11 Comment mesurer la pauvreté ? Comment mesurer la pauvreté ? La pauvreté est un phénomène complexe à appréhender, dont il est difficile de donner une définition unique. Le Conseil européen de décembre 1984 considère comme pauvres « les personnes dont les ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont si faibles qu’elles sont exclues des modes de vie minimaux acceptables dans l’État membre où elles vivent ». Une telle définition souligne le caractère multidimensionnel et relatif de la pauvreté, en introduisant le concept de standard de vie minimum au-dessous duquel une personne est considérée comme pauvre. Cette référence reste difficile à déterminer de façon objective. Si l’on s’accorde à considérer que la grande pauvreté correspond à un dénuement extrême, il est plus délicat de cerner les limites de la pauvreté. La pauvreté peut donc être mesurée selon plusieurs méthodes. Son estimation dépend de l’approche retenue et des sources statistiques utilisées. Différentes approches de la pauvreté Trois grands types d’approches sont traditionnellement retenus pour mesurer la pauvreté. • Pauvreté de conditions de vie : les conditions d’exis- tence et les modes de consommation sont ici au cœur de l’analyse. Plusieurs indicateurs de difficulté (retards de paiement, restrictions de consommation, difficultés de logement, contrainte budgétaire) permettent d’appréhender la pauvreté. • Pauvreté administrative : les minima sociaux permettent aux personnes ne bénéficiant d’aucun revenu, ou de revenus inférieurs à un plafond, d’atteindre un seuil minimal de ressources, variable selon le dispositif. L’approche administrative considère comme pauvres les bénéficiaires de ces aides mises en place par les pouvoirs publics. 12 - Dossier d’Octant n° 47 • Pauvreté monétaire (relative) : la pauvreté est repérée par une insuffisance de ressources. Sont considérés comme pauvres les ménages dont les revenus sont inférieurs à un seuil statistique, défini en fonction de la distribution des revenus dans l’ensemble de la population. Sources statistiques : enquêtes Le dispositif d’enquêtes auprès des ménages réalisées par l’Insee constitue une source d’information importante pour la connaissance des revenus et des conditions de vie des ménages, et parmi eux des plus pauvres. Au sein de ces enquêtes, il existe trois sources majeures. • L’enquête Revenus fiscaux : c’est la principale source utilisée pour mesurer la pauvreté monétaire au plan national. Elle consiste à enrichir les données disponibles dans les fichiers exhaustifs des déclarations fiscales et de la taxe d’habitation par celles obtenues dans le cadre de l’enquête sur l’emploi réalisée annuellement par l’Insee. Le revenu disponible des 75 000 ménages de l’échantillon est reconstitué à partir du revenu fiscal déclaré par ajout des transferts imputés sur barème (principales prestations familiales, aides au logement et minima sociaux), puis déduction des impôts dus au titre de l’année d’enquête. • L’enquête Budget des familles : menée auprès de 20 000 ménages, cette enquête quinquennale vise à reconstituer la totalité des dépenses et des revenus des ménages ordinaires, et recueille des données essentiellement monétaires. Le montant des ressources (revenus du travail, prestations sociales, revenus du patrimoine) est déclaratif. • Les enquêtes permanentes sur les conditions de vie (EPCV) : réalisées trois fois par an auprès d’un échantillon de 6 000 ménages, elles recensent un ensemble d’indicateurs sociaux portant sur la santé ou la Comment mesurer la pauvreté ? Allocation Public concerné Création Organismes gestionnaires AAH Allocation aux Adultes Handicapés Personnes handicapées 1975 Caf, MSA RMI Revenu Minimum d’Insertion 25-65 ans 1988 Caf, MSA API Allocation de Parent Isolé Parents isolés 1976 Caf, MSA, régimes spéciaux* ASV Allocation Supplémentaire du minimum Vieillesse Personnes de 65 ans et plus (60 ans en cas d’inaptitude au travail) 1956 Régimes de retraite salariés et non-salariés * La part des régimes spéciaux (fonctionnaires, SNCF, RATP) est marginale. Ils représentent moins de 0,01 % des montants versés pour l’API en 2002 au niveau national. couverture sociale, les conditions de vie, la participation au marché du travail, les relations sociales. Chaque enquête comporte en outre un questionnement sommaire sur les revenus. Ces enquêtes effectuées par l’Insee ne concernent que les ménages vivant en logement ordinaire. Ne sont pas prises en compte dans ces enquêtes, et donc dans les indicateurs qui en découlent, les personnes accueillies dans des centres d’hébergement, foyers, maisons de retraite, ou détenues dans les prisons… et qui représentent environ 2 % de la population française (mais une part plus importante de la population pauvre). Pour pallier ces lacunes, d’autres enquêtes spécifiques ont été menées, par exemple auprès des personnes utilisant les services d’hébergement et de distribution des repas chauds1. Bien évidemment, il existe aussi des enquêtes autres que celles de l’Insee, notamment les enquêtes de trajectoires menées par la Dares2 ou la Drees3 auprès de bénéficiaires de minima sociaux. Sources statistiques : fichiers administratifs Les enquêtes citées précédemment permettent d’appréhender la pauvreté à l’échelle nationale, mais les tailles d’échantillons sont malheureusement trop faibles pour donner lieu à une exploitation régionale des résultats. Localement, la pauvreté se mesure donc à partir d’autres sources, en particulier les fichiers de bénéficiaires de prestations sociales. Cette étude utilise ce dernier type de sources. Elle a été réalisée à partir des fichiers des allocataires des cinq caisses d’allocations familiales (Caf)4, des quatre mutualités sociales agricoles (MSA) et de la caisse régionale d’assurance maladie (Cram) de Bretagne au 31 décembre 2002. Le fichier des Caf regroupe l’ensemble des bénéficiaires de prestations familiales ou sociales versées par l’une des Caf bretonnes. Les fichiers de la MSA et de la Cram concernent les allocataires de minima sociaux uniquement. Ces trois fichiers permettent une approche administrative de la pauvreté en Bretagne. L’approche monétaire se restreint en revanche au fichier des Caf, qui seul comporte des données de revenu. Mesure de la pauvreté administrative La mesure de la pauvreté repose sur le dénombrement des bénéficiaires de minima sociaux en 2002. Ici l’analyse est restreinte aux quatre minima (Annexe 1) versés par les Caf, MSA et Cram de Bretagne : • l’allocation aux adultes handicapés (AAH), le revenu minimum d’insertion (RMI), l’allocation de parent isolé (API) pour les personnes de moins de 65 ans • l’allocation supplémentaire vieillesse (ASV) pour les personnes de 65 ans et plus. Le champ retenu dans cette étude n’est donc pas exhaustif. Il couvre néanmoins plus de 100 000 allocataires de minima sociaux sur les 126 000 existants ; l’approche reste donc pertinente. Mesure de la pauvreté monétaire La mesure de la pauvreté monétaire à partir des données Caf est circonscrite aux seules populations correctement couvertes par cette source. Toutefois, elle reste aujourd’hui 1- Enquête réalisée par l’Insee en janvier-février 2001 2- Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale 3- Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la Santé et de la Protection sociale 4- Voir Annexe 4 Dossier d’Octant n° 47 - 13 Comment mesurer la pauvreté ? la source administrative la plus complète pour mesurer, à des niveaux géographiques fins, la pauvreté après prise en compte des dispositifs redistributifs. Le principe général est d’évaluer le niveau de vie des ménages allocataires en tenant compte de leur composition. Seront considérées comme pauvres les personnes vivant dans des ménages où le revenu par unité de consommation est inférieur au seuil de bas revenu. Population des fichiers Caf La source Caf ne couvre que les populations bénéficiant, à un titre ou un autre, d’une ou plusieurs prestations versées par les caisses d’allocations familiales. Par conséquent, les allocataires rattachés à un autre régime n’y figurent pas (agricole, fonctionnaire…). D’autres personnes également ne sont pas prises en compte : c’est notamment le cas d’une partie des couples et des monoparents ayant moins de deux enfants, et de certaines personnes isolées (sans domicile fixe). Unités de consommation Les unités de consommation permettent de comparer le niveau de vie de ménages de taille et de structure différentes en tenant compte des économies d’échelle : on considère ainsi qu’un couple a un niveau de vie identique à celui d’une personne seule si les revenus du couple sont 1,5 fois plus élevés que ceux de la personne seule. En pratique, le revenu global mensuel de chaque ménage est rapporté au nombre d’unités de consommation (UC) calculées selon l’échelle d’équivalence ainsi définie : 4l’allocataire compte pour 1 UC, 4les autres adultes et enfants à charge de 14 ans et plus comptent pour 0,5 UC, 4les enfants à charge de moins de 14 ans comptent Par ailleurs, certaines catégories d’allocataires dont les revenus ne sont pas bien appréhendés ont volontairement été exclues du champ. Il s’agit des étudiants dont on connaît mal le revenu réel, et des personnes de 65 ans ou plus dont certains éléments de revenus (l’allocation supplémentaire vieillesse par exemple) ne sont pas renseignés. Il s’agit aussi des personnes non gérées complètement par les Caf (régimes spéciaux) pour lesquels la reconstitution du revenu est impossible. Au final, cette étude porte sur 385 376 allocataires des Caf de Bretagne au 31 décembre 2002 (population de référence). La population bénéficiaire correspondante ou population couverte comprend l’allocataire mais aussi son conjoint, ses enfants ou d’autres personnes éventuellement à charge : elle représente 1 162 795 personnes, soit 44,2 % de la population bretonne de moins de 65 ans. Revenu dans les fichiers Caf Le revenu pris en compte est le revenu mensuel disponible avant impôt. C’est le cumul du revenu brut mensuel et des prestations mensuelles versées par les Caf (Annexe 2). pour 0,3 UC, 4ajout de 0,2 UC dans le cas d’une famille monoparentale. Cette échelle d’équivalence est une variante de l’échelle d’équivalence Eurostat, couramment utilisée dans les études sur la pauvreté1. L’ajout de 0,2 unité de consommation pour les familles monoparentales permet de prendre en compte des économies d’échelle a priori plus faibles dans ces familles que dans les couples, à taille de famille identique. 1- Voir le rapport final “Mesure des bas revenus”, Groupe de travail Insee - Cnaf, mai 1998. 14 - Dossier d’Octant n° 47 Le revenu brut mensuel correspond à la mensualisation des ressources déclarées au fisc au titre de l’année 2001 pour l’ensemble du foyer : revenus d’activité, allocations chômage, pensions, retraites, autres revenus imposables. Les prestations mensuelles sont celles auxquelles a droit l’allocataire au titre du mois de décembre 2002. Le revenu mensuel après prestations ainsi reconstitué est un revenu théorique, car les revenus des personnes du foyer ont pu changer depuis la déclaration. Deux cas font exception à cette définition : ceux des bénéficiaires du RMI et de l’API. Ces allocataires sont en effet soumis à une obligation de déclaration trimestrielle des ressources. Le revenu brut mensuel correspond alors à celui de la dernière déclaration en cours. Le revenu disponible calculé est donc plus récent que celui des autres allocataires. Comment mesurer la pauvreté ? Pour évaluer le niveau de vie d’un ménage, le revenu mensuel disponible avant impôt est rapporté au nombre d’unités de consommation. On obtient ainsi le revenu par unité de consommation (Ruc) dont disposent les personnes du ménage. C’est à partir de la valeur du Ruc que l’on détermine si les personnes du ménage sont pauvres ou non, et que l’on mesure la pauvreté monétaire. Seuil de bas revenus Définition L’identification de la population dite à bas revenus suppose que l’on dispose d’un seuil de Ruc, en dessous duquel les personnes sont considérées comme pauvres. Le seuil de bas revenus correspond usuellement à la moitié du revenu médian par UC de l’ensemble de la population française (la médiane étant la valeur qui permet de séparer les 50 % les plus riches des 50 % les plus pauvres). Ce seuil national est calculé par l’Insee à partir des données de l’enquête Budget des famillles, réalisée tous les cinq ans. Il est actualisé annuellement à partir des données de la Comptabilité Nationale. Le seuil applicable aux fichiers de cette étude est le seuil 2001 (car les revenus bruts pris en compte sont des revenus 2001). Il est de 698 euros par unité de consommation. Avec ce seuil, sont donc considérés comme pauvres : • une personne seule disposant de moins de 698 euros par mois, • un couple disposant de moins de 1 047 euros par mois (698 * 1,5 unité de consommation), • un couple avec 2 enfants de moins de 14 ans disposant de moins de 1 466 euros par mois (698 * 2,1 unités de consommation). L’importance de la pauvreté varie considérablement avec le seuil choisi. Avec un seuil à 50 % du revenu médian, on estime à 2,6 millions le nombre d’allocataires à bas revenus des Caf en France métropolitaine en 2002. Ils sont 3,7 millions si l’on retient le seuil à 60 %. Population à bas revenus Au sein des fichiers Caf, les allocataires à bas revenus sont ceux dont le Ruc est inférieur au seuil de bas revenus choisi. Si l’on ajoute à ces allocataires les personnes à charge, on comptabilise l’ensemble des personnes disposant d’un Ruc inférieur au seuil : on définit ainsi la population à bas revenus. Pour une zone géographique donnée (région, agglomération, ville…), le taux de pauvreté mesure la part de population de moins de 65 ans touchée par la pauvreté, en rapportant l’effectif de population à bas revenus à la population totale de moins de 65 ans. Historique des seuils de bas revenus Année de référence des revenus* Seuil de bas revenus (à 50 %) en euros par mois et par UC 1998 621 1999 643 2000 669 2001 698 2002 719 * Les revenus de l’année N correspondent aux fichiers Caf au 31.12.N+1 Le seuil de bas revenus est un seuil relatif : il change chaque année en fonction de l’évolution de la distribution des revenus. Comme le niveau de vie médian évolue dans le temps avec la richesse nationale, le seuil de bas revenus connaît une évolution quasi parallèle. Les personnes audessous de ce seuil sont toujours pauvres en termes relatifs, mais leur revenu a pu malgré tout progresser. Choix du seuil Plusieurs seuils peuvent a priori être envisagés. Le seuil à 50 % du revenu médian est traditionnellement utilisé en France, mais au niveau européen le seuil utilisé pour les comparaisons est le seuil à 60 %. Un seuil à 40 % peut également être retenu. Prenons l’exemple d’un couple avec un enfant dont le revenu mensuel disponible avant impôt est de 1 500 euros. Le Ruc des trois personnes de ce ménage est de 833 euros par mois (1 500 / 1,8). Si le seuil de bas revenus retenu correspond à 50 % de la médiane, ces trois personnes ne seront pas comptabilisées au sein de la population à bas revenus. Elles le seront en revanche si l’on retient le seuil à 60 %. Dans cette étude, deux seuils de bas revenus sont successivement utilisés En France, les indicateurs nationaux et régionaux de pauvreté monétaire issus de la source Caf sont calculés avec un seuil à 50 % du revenu médian. Pour situer la Bretagne en termes de pauvreté, c’est par conséquent ce seuil qui a été retenu dans la première partie. Pour l’analyse régionale de la pauvreté, le champ des bas revenus peut en revanche être élargi. Les parties sur la population à bas revenus et la pauvreté urbaine utilisent un seuil à 60 %, conforme aux normes européennes. Dossier d’Octant n° 47 - 15 Comment mesurer la pauvreté ? Comme nous l’avons vu précédemment, le champ couvert par les fichiers Caf n’est pas complet. L’ampleur de la pauvreté monétaire des moins de 65 ans est donc vraisemblablement sous-estimée dans cette étude, en particulier chez les jeunes de moins de 25 ans qui ne vivent plus dans leur famille. Commentaires sur ces approches Méconnaissance des conditions de vie Les approches monétaires et administratives de la pauvreté mériteraient d’être complétées par une approche sur les conditions de vie, prenant en compte la santé, l’éducation ou des éléments de bien-être matériel. Les sources disponibles ici ne permettent pas cet approfondissement mais de nombreuses études, en particulier les travaux de S. 1 Lollivier et D. Verger , illustrent la nécessaire complémentarité des approches pour cerner un phénomène multidimensionnel comme la pauvreté. Créée en 2000, la Couverture Maladie Universelle (CMU) permet par exemple d’appréhender une autre facette de la pauvreté. Fin 2002, la CMU complémentaire couvre 4,1 % de la population en Bretagne : cette proportion régionale est l’une des plus faibles, avec l’Alsace et les Pays de la Loire. Approches monétaire et institutionnelle Les deux approches de la pauvreté - monétaire et institutionnelle - ne sont pas équivalentes. En 2002, parmi les 2,6 millions d’allocataires à bas revenus des Caf de France métropolitaine, 52 % ne touchent pas de minimum social. Inversement, 30 % des allocataires de minima sociaux ont un revenu supérieur au seuil de 50 % du revenu médian, et ne font donc pas partie des allocataires pauvres. Seuil de bas revenus Seuil de pauvreté Le seuil retenu pour les études réalisées à partir de la source Caf (seuil de bas revenus) est différent du seuil utilisé pour mesurer la pauvreté à partir de l’enquête Revenus Fiscaux (seuil de pauvreté). C’est en partie sur la prise en compte des impôts que les deux seuils diffèrent : le premier définit les bas revenus à partir du revenu disponible avant impôt, le second à partir du revenu disponible après impôt. Ceci explique que le seuil de pauvreté soit plus bas que le seuil de bas revenus (602 euros par UC contre 698 euros pour le seuil à 50 %). 1- Pauvreté d’existence, monétaire ou subjective sont distinctes/Insee - Dans Économie et Statistique n° 308-309-310 - 1997 16 - Dossier d’Octant n° 47 L’environnement économique réduit le risque de pauvreté L’économie bretonne connaît une période favorable Une croissance de l’emploi très importante entre 1990 et 1999 En neuf ans, le volume d’emplois a progressé de 7,6 % en Bretagne, contre 4,5 % pour l’ensemble des régions de province. La répartition sectorielle des emplois a enregistré deux modifications majeures. Tout d’abord le secteur agricole (y compris aquaculture et pêche) a reculé de près de 32 %. Dans le même temps, le tertiaire s’est largement développé (+ 17 %) et concentre 68 % des emplois bretons en 1999 . L’ensemble de la France a connu des évolutions similaires pour ces deux secteurs. Toutefois, le recul de l’agriculture y est un peu moins fort et la croissance du tertiaire légèrement inférieure. 18 - Dossier d’Octant n° 47 La région se distingue avec une quasi-stabilité des effectifs de la construction alors que ce secteur accuse une forte baisse au niveau national. De plus, le nombre d’emplois dans l’industrie bretonne a progressé de 4,2 % en neuf ans (+ 8 000 emplois) alors qu’il a baissé de 12 % en province. Cette bonne tenue de l’emploi industriel résulte principalement de la hausse de l’emploi agroalimentaire qui est de 17,2 % en Bretagne. périeurs1 plus important qu’en France : on en compte 140 000 en 1999, soit une progression de 24 % depuis 1990 (6 points de plus que pour l’ensemble des villes françaises). Un développement d’emplois supérieurs 1- Fonctions Métropolitaines supérieures dans les villes de l’Ouest / Insee Bretagne, Insee Pays de la Loire, Insee Poitou-Charentes ; décembre 2002. L’étude concerne les emplois de cadres supérieurs, d’ingénieurs, de chercheurs ou d’enseignants de l’enseignement supérieur en milieu urbain : métropoles (plus de 150 000 emplois), grandes villes (45 000 à 150 000 emplois) et autres villes. La décennie 90 a été marquée, dans l’ensemble des villes de l’Ouest, par un développement des emplois métropolitains su- Les six plus grandes villes bretonnes (Brest, Lorient, Quimper, Rennes, Saint-Brieuc, Vannes) ont ainsi créé près de 9 000 emplois supérieurs supplémentaires en neuf ans. La croissance a été particulièrement forte dans la métropole rennaise, avec près de 40 % d’augmentation (+ 20 % pour l’ensemble des métropoles françaises). Dans les cinq autres grandes villes, elle a aussi dépassé la moyenne nationale. Cette croissance de l’emploi métropolitain supérieur semble être un moteur de développement dans les grandes aires urbaines. Rennes a ainsi enregistré simultanément une forte hausse de l’emploi total (+ 13 % contre + 7 % pour l’ensemble des métropoles) et de l’emploi supérieur. Les modifications sectorielles de l’économie observées sur la dernière décennie se sont accompagnées de changements dans le paysage social breton. Ainsi la tertiarisation de l’emploi a entraîné une progression importante du nombre de cadres. Croissance de l’emploi qualifié Entre 1990 et 1999, les effectifs des cadres et des professions in- tellectuelles supérieures ont progressé de 26 % en Bretagne, soit 9 points de plus que sur l’ensemble de la France. Le développement du tertiaire a également engendré une forte croissance du nombre d’employés, qui sont désormais plus nombreux que les ouvriers. L’emploi ouvrier a lui aussi progressé mais plus lentement. En Bretagne, l’augmentation est essentiellement due aux ouvriers qualifiés qui représentent désormais les deux tiers des ouvriers. Élévation du niveau des diplômes Parmi les 16-25 ans, la part des titulaires d’un diplôme de niveau au moins égal au baccalauréat est de 48 % en 1999, soit deux fois plus qu’au début de la décennie. La progression du nombre de diplômés du premier cycle universitaire est également très importante : 14 % des jeunes de plus de 22 ans avaient ce niveau de formation en 1990, ils sont plus de 21 % en 1999. Toutes les générations d’actifs sont plus diplômées en Bretagne que dans les autres régions de province1. Les Bretons sont en effet plus souvent titulaires d’un BEP, d’un baccalauréat technologique ou professionnel ou encore d’un diplôme supérieur du premier cycle. Cette spécificité concerne aussi bien les actifs occupés que les chômeurs : 83 % des demandeurs d’emploi bretons ont au moins un BEP ou un CAP, contre 74,5 % en province. L’académie de Rennes fait partie des cinq régions où les élèves sont proportionnellement plus nombreux à poursuivre des études jusqu’au baccalauréat et où l’on observe conjointement peu de sorties du système scolaire 2 sans qualification . 1- Une Bretagne plus diplômée que les autres régions/ I. Houssais ; Octant n°95, novembre 2003 2- Les parcours dans le secondaire : des disparités régionales / Florence Léger ; ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ; Note d’information 04-17 ; juin 2004 Dossier d’Octant n° 47 - 19 Le ralentissement général observé depuis 2001 est moins marqué en Bretagne Un fléchissement des créations d’emplois Évolution annuelle de l'emploi salarié entre 1990 et 2002 (en %) 3,5 Province Bretagne 3 Après le record de l’année 2000, la croissance de l’emploi breton a fléchi en 2001 et le niveau d’emploi s’est stabilisé en 2002. Replacé dans un contexte de longue période, l’évolution annuelle de l’emploi salarié en Bretagne a retrouvé le niveau des années 1990 et 1991. 2,5 2 1,5 1 0,5 0 - 0,5 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 Dans le tertiaire et la construction en revanche, l’emploi a continué de progresser : la croissance atteint respectivement 2,5 % et 1,7 %, soit des hausses supérieures d’environ un point à celles de la province. Le chômage poursuit sa hausse entamée mi-2001 Source : Insee, estimations d'emploi Cependant, ce ralentissement est moins important que celui observé pour la province : entre 2000 et 2002, la variation d’emploi dépasse de un point celle de la province. Des évolutions contrastées selon les secteurs Taux de chômage au sens du BIT entre 1990 et 2002 (en %) 14 13 France 12 11 10 9 Bretagne 8 7 6 1990 1992 1994 1996 1998 Source : Insee - ANPE 2000 2002 Entre fin 2001 et fin 2002, l’emploi salarié agricole s’est réduit (- 1 %), et l’industrie a poursuivi la baisse amorcée au second semestre 2001 (- 1,9 %). Les industries agroalimentaires (IAA) n’ont pas été épargnées par les difficultés qui ont affecté le secteur industriel breton : les effectifs ont diminué de 0,5 %, alors qu’en province ils restaient stables. La remontée du chômage s’est amorcée mi-2001, après trois années de baisse. De juin 2001 à décembre 2002, le taux de chômage a continué à croître en Bretagne, passant de 7,1 % à 7,8 %. Sur la période, l’évolution du nombre de demandeurs d’emploi de longue durée1 a été particulièrement marquée (+ 13,8 %, soit 5 points de plus qu’au niveau national). La situation en Bretagne reste toutefois relativement favorable, avec un taux de chômage inférieur de 1,4 point au taux frane çais. La région occupe ainsi le 4 rang régional, comme les Pays de la Loire. Le Morbihan affiche le taux de chômage le plus élevé avec 8,5 %, l’Ille-et-Vilaine le plus faible (7,1 %). Les effectifs salariés ( public et privé) en Bretagne par secteur d’activité au 31 décembre Agriculture Industrie dont IAA Construction Tertiaire Total Source : Insee, estimations d’emploi 20 - Dossier d’Octant n° 47 2000 30 042 202 705 69 744 64 363 737 199 1 034 309 2001 28 981 203 190 71 050 65 791 752 610 1 050 572 2002 28 690 199 272 70 695 66 913 771 260 1 066 135 1- À la recherche d’un emploi depuis plus d’un an. Des bas salaires moins faibles qu’ailleurs Un niveau de salaire lié aux spécificités de l’économie bretonne En 2002, les salariés bretons des secteurs privé et semi-public1 (hors apprentis stagiaires) ont perçu en moyenne 1 557 euros2 par mois, soit 37 euros de moins que la moyenne de province. Le salaire net horaire moyen breton est donc inférieur à celui de l’ensemble de la province (9,9 euros contre 10,2 euros). Trois régions seulement possèdent un niveau de salaire moindre : la Basse-Normandie, le Limousin et Poitou-Charentes. celui des salariés travaillant dans les IAA des autres régions. En 2002, 57 500 postes étaient occupés dans les hôtels-restaurants, dont 39 % à temps partiel, conformément au taux de province. Le salaire horaire net moyen est une fois de plus inférieur à celui de la province : 7,2 € contre 7,4 €. Cependant les emplois liés au tourisme relèvent aussi d’autres secteurs d’activité, au sein desquels ils ne représentent qu’une part variable des emplois. Indice de spécificité* de l'emploi salarié pour les 20 principaux secteurs économiques bretons Industries agricoles et alimentaires Industrie des équipements électriques et électroniques Agriculture, sylviculture, pêche Santé, action sociale Éducation La Bretagne ne fait pas pour autant partie des régions où le niveau des bas salaires est le plus faible. Les 5 % des salariés bretons les moins payés touchent en moyenne un salaire net horaire de 5,8 euros, soit plus que dans dix autres régions de province. Le tissu économique breton (taille et activité des entreprises) et les caractéristiques des salariés (catégorie socioprofessionnelle, âge, sexe…) expliquent en grande partie cette faiblesse du salaire moyen. Certains secteurs ont ainsi un indice de spécificité important. Construction Services personnels et domestiques Commerce de gros Administration publique Hôtels et restaurants Postes et télécommunications Activités financières Commerce de détail, réparations Commerce et réparation automobile Industrie automobile Services opérationnels Conseils et assistance Transports Activités associatives et extra-territoriales Industrie des équipements mécaniques 0,5 Bien que la répartition sectorielle de l’emploi breton se soit rapprochée au cours de la dernière décennie de la moyenne nationale, l’agroalimentaire reste l’un des piliers de l’industrie bretonne. Or les emplois dans ce secteur sont souvent peu qualifiés et peu rémunérateurs. Les salariés des industries agroalimentaires bretonnes ont en effet un salaire moyen inférieur à celui de la région, mais aussi à * Indice de spécificité d'une activité économique = 1,0 1,5 2,0 2,5 pourcentage de salariés exerçant l'activité économique en Bretagne pourcentage de salariés exerçant l'activité en Province Source : Insee, estimations d'emploi 2002 1- L’Insee exploite les Déclarations Annuelles de Données Sociales (DADS) sur le champ des établissements des secteurs privé et semi-public (grandes entreprises nationales, collectivités territoriales, établissements hospitaliers, etc.). Sont exclus : les salariés de l’agriculture, de la sylviculture, des services domestiques, des activités extra-territoriales et les agents de l’Etat. 2- Salaires mensuels moyens nets pour un temps complet hors apprentis et stagiaires Dossier d’Octant n° 47 - 21 Emplois et salaires dans quelques secteurs d’activité Bretagne Province Part dans Part dans Nombre d’emplois l’ensemble des Salaire net horaire l’ensemble des Salaire net horaire emplois salariés salariés en 2002 emplois salariés moyen (en €) moyen (en €) (%) (%) Ensemble des emplois salariés dont : Industries agricoles et alimentaires Ind. des équipements électriques et électroniques Agriculture, sylviculture et pêche (*) Santé, action sociale Éducation Construction 1 066 135 9,9 10,2 70 695 14 657 6,6 1,4 8,9 12,7 3,1 0,9 9,3 12,3 28 690 127 079 90 900 66 913 2,7 11,9 8,5 6, 3 10,8 10,8 9,9 9,4 1,9 10,8 8,1 5,9 10,0 10,7 10,5 9,6 * le salaire net horaire moyen est celui de la pêche Source : Insee, estimations d’emploi 2002- DADS 2002 Un faible niveau de retraite En matière de retraites, la hiérarchie régionale est quasiment la même que celle établie en ma1 tière de salaires : les régions qui présentent des niveaux de salaires élevés présentent également des niveaux de retraites élevés et inversement. En 2001, le mon2 tant moyen de la retraite globale s’élève à 1 000 € dans la région, soit 77 € de moins que le montant moyen pour l’ensemble de la province. La Bretagne fait partie des cinq régions (avec Basse-Normandie, Limousin, Pays de la Loire et Auvergne) où la retraite globale est très inférieure à la moyenne de province. Davantage d’agriculteurs et de femmes parmi les retraités Le faible niveau des retraites est dû là encore à un effet de structure. Avec le Limousin et la Basse-Normandie, la Bretagne est l’une des trois régions ayant les plus fortes proportions d’anciens agriculteurs parmi leurs retraités. Même si le plan pluriannuel de revalorisation des petites retraites de la MSA a réduit les écarts, les retraités qui relèvent de ce régime perçoivent toujours les retraites les plus faibles. La proportion de femmes retraitées est également élevée en Bretagne (52 % contre 50,5 % toutes régions de province confondues). Répartition des retraités selon leur ancienne catégorie socioprofessionnelle Bretagne Effectifs 1999 Agriculteurs exploitants Artisans, commerçants, chefs d’entreprise Cadres Professions intermédiaires Employés Ouvirers Ensemble des retraités Source : Insee, recensement de la population 1999 22 - Dossier d’Octant n° 47 121 984 57 083 30 263 73 129 173 547 153 725 609 731 Province % % 20,0 9,3 5,0 12,0 28,5 25,2 100,0 11,8 9,2 5,7 13,4 29,2 30,7 100,0 1-Les écarts de salaires entre régions s’expliquent surtout par la structure des emplois/J. Rasolofoarison ; Insee Première n° 738, septembre 2000 2- Les retraites par région/H. Chaput ; Document de travail DREES n°47, février 2003 Les revenus déclarés en Bretagne sont homogènes En 2001, la moitié des bretons vivent dans un ménage qui déclare plus de 14 300 euros par unité de consommation (UC). Ce revenu médian par UC est inférieur à celui de la France (14 650 euros) mais supérieur à celui de l’ensemble de la province (14 103 euros). Ces écarts s’expliquent par les revenus élevés de la région parisienne, où le revenu médian est supérieur de Revenu fiscal Le revenu fiscal d’un ménage est le revenu déclaré aux services fiscaux. Il comprend les ressources de toutes les personnes vivant dans le ménage : revenus d’activité et de remplacement, retraites et rentes, revenus du patrimoine imposables. Les revenus fiscaux sont issus de statistiques locales établies par l’Insee depuis 2003 à partir des fichiers de déclaration de revenus et de la taxe d’habitation fournis par la Direction Générale des Impôts. Cette source décrit les revenus plus finement que la source IRCOM disponible jusque là. Ils s’expriment par personne ou par unité de consommation, afin de mieux tenir compte de la composition des ménages vivant sur le territoire. Le revenu fiscal est un revenu calculé avant redistribution. Il ne peut donc donner lieu à des conclusions immédiates en termes de niveau de vie. Les tranches inférieures de revenu sont en effet plus élevées et les tranches supérieures moins élevées que dans les autres régions. Cette caractéristique s’applique aussi dans les villes : les pôles urbains bretons sont les plus égalitaires, avec un indice de dispersion de 4,7 contre 6,5 pour l’ensemble des pôles urbains français. 27 % à ceux des autres régions. Après l’Ile-de-France, les revenus les plus élevés se situent en Alsace et dans les région RhôneAlpes, et la Bretagne se situe au e 6 rang des régions françaises. Une faible amplitude de revenus Avec les Pays de la Loire, la Bretagne est la région où l’éventail des revenus est le plus réduit : le rapport entre les revenus les plus élevés et les revenus les plus faibles (indice de dispersion) est de 4,1 contre 5,1 dans l’ensemble de la province. Revenu médian par UC (en euros) Finistère Morbihan Ille-et-Vilaine Côtes-d’Armor Bretagne 14 390 14 079 14 805 13 840 14 336 Source : Insee - DGI - revenus fiscaux localisés des ménages en 2001 Niveau et dispersion du revenu déclaré en 2001 18 000 Île-de-France 17 000 Niveau de revenus (médiane du revenu par uc, en euros) Un niveau de revenus légèrement supérieur à la moyenne Alsace 16 000 Rhône-Alpes 15 000 Centre Bretagne PACA Province 14 000 Pays de la Loire Auvergne 13 000 Languedoc-Roussillon Nord-Pas-de-calais Corse 12 000 4,0 4,5 5,0 5,5 6,0 6,5 7,0 7,5 8,0 8,5 Indice de dispersion des revenus Lecture : comparés aux autres régions, les revenus de la Bretagne sont les moins dispersés. L’écart entre hauts et bas revenus est de 4,1, soit 1 point de moins que pour l’ensemble de la province. Source : Insee - DGI - revenus fiscaux localisés des ménages en 2001 Dossier d’Octant n° 47 - 23 Les transferts sociaux opèrent de surcroît une redistribution au sein des ménages bretons : au final, les revenus dont ils disposent sont encore plus homogènes que les revenus déclarés. Cette homogénéité de revenus concourt à assurer une plus grande cohésion sociale dans la région. Cycle de vie des revenus Variations selon l'âge du référent fiscal 19 000 50-59 ans Couronnes Niveau de revenus (médiane du revenu par uc, en euros) 18 000 17 000 Pôles urbains 60-74 ans 16 000 40-49 ans 15 000 14 000 75 ans et plus Rural : des revenus moins élevés mais plus homogènes 30-39ans Rural 13 000 Moins de 30 ans 12 000 11 000 75 ans et plus 10 000 3 75 ans et plus 3,5 4 4,5 5 5,5 6 Indice de dispersion des revenus Lecture : dans les pôles urbains (courbe jaune), le revenu médian est proche de 12 000 € par UC dans les ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans ; les revenus y sont hétérogènes (l’indice de dispersion vaut 6). Avec près de 16 000 € par UC, les 60-74 ans ont un niveau de revenu plus élevé et un éventail de revenus beaucoup plus réduit (indice de dispersion de 3,3). Source : Insee - DGI - revenus fiscaux localisés des ménages en 2001 24 - Dossier d’Octant n° 47 Les caractéristiques de distribution des revenus sont différentes en ville et à la campagne. En milieu rural les revenus sont plus homogènes mais plus faibles que dans les pôles urbains : le revenu fiscal médian (12 800 euros par UC) y est inférieur de plus de 2 000 euros. Les ménages les moins favorisés des communes rurales sont ceux dont la personne de référence a plus de 60 ans, tandis qu’en ville il s’agit des ménages jeunes. Les couronnes périurbaines ont un niveau de revenu proche de celui des pôles mais sont en revanche beaucoup plus homogènes, et ce quel que soit l’âge des habitants. La Bretagne est moins touchée par la pauvreté Moins de facteurs de pauvreté Une région peu urbanisée C’est dans les pôles urbains que la pauvreté est la plus présente. 1 En juin 2000, la Cnaf estime que dans les pôles urbains de province, 14,8 % des personnes de moins de 65 ans vivent avec des 2 bas revenus ; dans les villes-centres la proportion atteint 19,5 %. Si la Bretagne s’est urbanisée au même rythme que le reste de la province au cours de la dernière décennie, cette urbanisation a profité aux couronnes périurbaines plus qu’aux pôles. C’est une région où le poids du rural reste important (28,5 % de la population vit dans l’espace à dominante rurale, 6,5 points en moyenne de plus qu’en province) ; les pôles urbains y ont une place moindre : ils ne concentrent que 65 % de la population des aires urbaines, pour une moyenne de province de 76 %. Cet habitat privilégié en milieu rural et périurbain favorise également le statut de propriétaire. En Bretagne, deux ménages sur trois sont propriétaires de leur lo- gement, ce qui place la région au er 3 1 rang dans ce domaine . La garantie de logement qu’offre ce statut peut protéger de la pauvreté. Moins d’habitants en Zus et en logements HLM Les territoires d’action prioritaire de la politique de la ville regroupent des populations en difficulté qui très souvent sont en situation de pauvreté (au sens institutionnel ou monétaire). En Bretagne, relativement peu d’habitants vivent dans ces quartiers : 4 les 20 Zus bretonnes concentrent 3,5 % de la population, pour une proportion nationale de 7,6 % (6,6 % en province). La Bretagne compte également moins d’habitants vivant en logement social que la plupart des autres régions : les 287 000 personnes vivant en HLM représentent 10,5 % de la population en 1999, alors que la moyenne de province est proche de 15 %. Le parc locatif social se concentre essentiellement en ville : plus de 7 locataires HLM sur 10 vivent dans un pôle urbain. Au sein des grandes villes, Lorient, Saint-Malo et Rennes présentent les taux les plus importants avec près de 26 % de la population vivant en HLM. Les proportions sont proches de 22 % à Vannes, Brest et SaintBrieuc, et Quimper affiche la valeur la plus faible avec 15 %. 1- Les allocataires à bas revenus / Cnaf - L’e-ssentiel n° 8 - janvier 2003 2- Revenu mensuel inférieur à 621 euros par unité de consommation 3- Ce statut regroupe à la fois les propriétaires ayant remboursé leurs prêts et ceux qui sont en accession. 4- Les zones urbaines sensibles correspondent à des grands ensembles ou des quartiers d’habitat dégradé souffrant d’un déséquilibre accentué entre habitat et emploi. Un décret n° 96-1156 du 26 décembre 1996 en avait arrêté la liste : 751 ZUS - dont 34 en outre-mer - réparties sur 490 communes et 87 départements. Dossier d’Octant n° 47 - 25 Part de population vivant en HLM (en %) Pôles urbains 31,7 21,2 17,8 Basse-Normandie Pays de la Loire Bretagne Couronnes 6,4 4,7 5,1 Rural 12,6 7,6 4,7 Ensemble 18,3 13,4 10,5 Source : Insee, recensement de la population 1999 Ce parc HLM réduit reflète certainement de moindres difficultés sociales, mais peut également traduire une insuffisance de l’offre. L’enquête sur le parc er locatif social au 1 janvier 2003, menée par les Directions régio1 nales de l’Équipement , estime à 46 le nombre de logements HLM pour 1 000 habitants (59 pour l’Ille-et-Vilaine, 32 pour les Côtes-d’Armor) alors que la moyenne nationale est de 70 pour 1000. Comme en Aquitaine, le taux de vacance breton 2 des logements HLM est de 0,6 %, l’un des plus faibles de France. Source : Insee, recensement de la population 1999 26 - Dossier d’Octant n° 47 ©IGN - Insee 2004 - CAF 13,4 12,3 11,1 10,7 Selon la Cnaf, les taux de pauvreté monétaire sont deux fois plus importants chez les parents isolés que chez les couples. En Bretagne, la proportion de familles monoparentales reste inférieure à celle de la province (10,7 % contre 12,3 %), malgré une augmentation sensible entre 1990 et 1999. Leur taux de chômage (23 %) est également plus faible que la moyenne (26 %). En matière de structure familiale, la Bretagne ne se distingue pas beaucoup du reste de la province. Seules 2,1 % des familles comptent 4 enfants ou plus (2,8 % pour l’ensemble de la province). Si les familles nombreuses sont au plan national plus exposées au risque de pauvreté, elles correspondent en Bretagne à des familles déclarant des revenus en moyenne plus importants : en 2001, le revenu médian déclaré par les ménages bretons de 5 personnes ou plus est le plus élevé de province (11 857 euros par UC, soit 2 000 euros de plus que la moyenne). Proportion de personnes vivant dans un ménage d'âge actif sans emploi En % Moins de familles monoparentales et des familles nombreuses plus aisées Des actifs plus souvent en emploi L’absence d’emploi s’accompagne souvent de problèmes financiers et de difficultés à trouver un logement. Plus un individu est éloigné du marché du travail, plus les risques de précarité augmentent. A contrario, l’existence d’un revenu du travail limite les risques de pauvreté. La Bretagne fait partie des régions où le taux d’actifs occupés est élevé. En 1999, 89,4 % des actifs ont un emploi, contre 86,8 % en province. Chez les hommes, ce taux avoisine 91 %. Chez les femmes, il s’élève à 87 % et leur taux d’activité (62,5 % pour les 15-64 ans) dépasse de 0,7 point le taux de la France de province. En conséquence, on dénombre en Bretagne relativement plus de couples dont les deux personnes travaillent : la part des couples biactifs en emploi atteint 46 % (contre 42,7 % dans l’ensemble de la province). Hors Ile-deFrance, la Bretagne se situe ainsi parmi les cinq premières régions à forte biactivité. La part des ménages dont la personne de référence a moins de 3 60 ans et ne travaille pas est donc moins élevée en Bretagne : elle est de 12 % en 1999, soit 2 points de moins que la moyenne de province. Cela correspond à près de 195 000 personnes, soit 9,6 % de la population bretonne vivant dans un ménage d’âge actif (3 points de moins qu’au niveau province). 1- Service Economique et Statistique du ministère de l’Équipement, des Transports, de l’Aménagement du territoire, du Tourisme et de la Mer - Infos rapides n° 260, juin 2004 2- Taux de vacance : rapport du nombre de logements vacants au parc en service 3- La part de ménages où la personne de référence du ménage (PRM) ne travaille pas est égale à : nombre de ménages dont la PRM est chômeur ou inactive de moins de 60 ans nombre de ménages dont la personne de référence a moins de 60 ans Moins d’allocataires de minima sociaux L’approche administrative de la pauvreté consiste à considérer comme pauvres les personnes bénéficiant de l’un des huit minima sociaux français (Annexe 1 page 90). En Bretagne, 126 000 personnes sont concernées au 31 décembre 2002, soit 5,7 % de la population. La pauvreté institutionnelle y est donc moins forte que sur l’ensemble de la France (6,7 %). alors que le champ des dispositifs n’a pas été étendu. Avec l’évolution du chômage, les conditions de son indemnisation ont joué un rôle décisif. La population des minima sociaux est aujourd’hui très différente de celle du début des années soixante-dix : elle comporte beaucoup moins de personnes âgées et davantage de personnes isolées, jeunes, ou sans emploi. Comme ailleurs, le nombre de bénéficiaires de minima sociaux s’est sensiblement accru en Bretagne au cours des années 90, Dans le cadre de cette étude, l’approche est restreinte aux allocataires de l’AAH (allocation aux adultes handicapés), du RMI (revenu minimum d’insertion), de l’API (allocation de parent isolé) et de l’ASV (allocation supplémentaire du minimum vieillesse), qui représentent en Bretagne plus de huit bénéficiaires de minima sociaux sur dix (voir page 13). Les comparaisons régionales des chiffres de pauvreté administrative distingueront les trois premiers minima destinés aux personnes de moins 1 de 65 ans - de l’ASV, seul minimum social s’adressant aux plus de 65 ans. Allocataires et population concernée par les minima sociaux au 31 décembre 2002* Nombre d’allocataires en Bretagne Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) Allocation Supplémentaire Vieillesse (ASV) Revenu Minimum d’Insertion (RMI) Allocation de Solidarité Spécifique (ASS) Allocation de Parenté Isolé (API) Allocation Supplémentaire d’Invalidité (ASI) Allocation d’Insertion (AI) Allocation Veuvage (AV) Ensemble des minima sociaux 40 018 32 547 29 773 12 390 5 295 4 759 852 272 125 906 Part dans la population ** (pour 1 000) Répartition du nombre d’allocataires (%) Bretagne France Bretagne France 23,7 60,3 17,6 7,3 3,1 2,8 0,5 0,2 56,5 21,0 62,8 27,4 10,7 4,7 3,0 1,2 0,4 67,2 31,8 25,9 23,6 9,8 4,2 3,8 0,7 0,2 100,0 24,4 20,3 31,9 12,5 5,5 3,5 1,5 0,4 100,0 * Certains allocataires peuvent recevoir plusieurs minima sociaux, il y a donc des doubles-comptes. ** 65 ans et plus pour l’ASV, 20-64 ans pour les autres minima Source : Cnaf - CCMSA - Drees - Unedic - CNAMTS Allocataires de l’AAH par département en 2002 Nombre d’allocataires 1- Les données concernant l’ASS (allocation de solidarié spécifique = plus de 13 % des allocataires de minima sociaux de moins de 65 ans) n’ont malheureusement pas pu être mobilisées ici. Côtes-d’Armor Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan 8 570 12 186 10 491 8 771 Part dans la population des 20-64 ans (‰) 28,3 24,9 20,1 23,5 Source : STATistiques et Indicateurs de la Santé et du Social 2003 - Insee, estimations de population 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 27 Proportion de bénéficiaires de l'AAH parmi la population âgée de 20 à 59 ans en 2002 ©IGN - Insee 2004 - CAF L’AAH, minimum social le plus versé en Bretagne En ‰ 28 20 Source : Caf 2002 - MSA 2002 - Insee, estimations de population 2002 Proportion de bénéficiaires du RMI parmi la population âgée de 20 à 64 ans en 2002 30 20 Peu d’allocataires du RMI et de l’API ©IGN - Insee 2004 - CAF En ‰ En Bretagne, 40 000 personnes perçoivent l’AAH, soit près de 24 personnes pour 1 000 habitants âgés de 20 à 64 ans (une personne de plus que le chiffre de province). Cette proportion e classe la Bretagne au 12 rang national, bien après le Limousin, l’Auvergne et la Corse qui présentent un taux de 28 ‰. Avec plus de 28 allocataires pour 1 000 habitants, le département des Côtes-d’Armor se classe au e er 27 rang national et au 1 rang régional. Source : Caf 2002 - MSA 2002 - Insee, estimations de population 2002 Proportion de bénéficiaires de l'API parmi la population âgée de 20 à 64 ans en 2002 Fin 2002, le RMI est attribué à près de 30 000 allocataires en Bretagne, soit moins de 18 personnes pour 1 000 habitants de 20 à 64 ans : la région détient ainsi le 3e taux le plus faible. Les taux des départements bretons sont assez proches les uns des autres et inférieurs à la moyenne, l’Ille-et-Vilaine comptant moins de 15 allocataires du RMI pour 1 000 habitants. A la même date, près de 5 300 monoparents bénéficient de l’API. Avec un taux d’allocataires de 3 pour 1 000, la Bretagne possède le taux régional le plus faible de métropole. En ‰ 6 4 Source : Caf 2002 - MSA 2002 - Insee, estimations de population 2002 28 - Dossier d’Octant n° 47 Une analyse sur longue période confirme que la Bretagne est une région qui compte relativement peu d’allocataires de ces trois minima sociaux : entre 1993 et 2002, la proportion d’allocataires parmi les 20-64 ans a toujours été inférieure d’au moins 0,5 point à celle de métropole. Jusqu’en 1999, la croissance du nombre total d’allocataires dans la région a suivi la tendance nationale. Entre 1999 et 2001, le nombre d’allocataires a beaucoup plus diminué en Bretagne qu’en France (- 4 % contre - 1,9 %)1. En 2002, région et métropole ont connu la même augmentation : + 1,7 %. Au cours des dix dernières années, le nombre d’allocataires de l’AAH a progressé relativement rapidement (32 %, soit 2 points de plus que sur l’ensemble de la France) alors que le nombre d’allocataires de l’API n’a que très faiblement augmenté : + 2 % (contre + 14 %). De 1993 à 2000, le nombre d’allocataires du RMI a continué de croître. En 2000 et pour la première fois depuis la création du dispositif, la croissance a fait place à une baisse, en Bretagne comme en France métropolitaine. L’amélioration de la conjoncture économique et la baisse du chômage non indemnisé sont les facteurs explicatifs principaux. Cette diminution des effectifs s’est poursuivie courant 2001. En 2002, la situation défavorable du marché de l’emploi a en revanche contribué à l’élévation du nombre d’allocataires du RMI : celui-ci a augmenté de 2,4 % en Bretagne et de 1,3 % en France métropolitaine. ©IGN - Insee 2004 - CAF A l’opposé, le nord de la France et le pourtour méditerranéen présentent pour ces deux minima des proportions d’allocataires supérieures à la moyenne nationale. Dans ces régions, le taux de chômage et la proportion de familles monoparentales sont aussi plus importants. AAH, RMI, API : moins d’allocataires en Bretagne 1- Le Flash d’Octant n° 76 de septembre 2002 (Insee Bretagne - Caf) Allocataires du RMI et de l’API par département en 2002 RMI API Part dans la population des 20-64 ans (‰) 18,0 20,2 14,4 18,5 Nombre d’allocataires Côtes-d’Armor Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan 5 451 9 889 7 524 6 909 Part dans la population des 20-64 ans (‰) 3,6 3,2 2,9 3,1 Nombre d’allocataires 1 085 1 579 1 494 1 137 Source : STATistiques et Indicateurs de la Santé et du Social 2003 - Insee, estimations de population 2002 Peu d’allocataires de 65 ans et plus perçoivent le minimum vieillesse Les 32 600 allocataires de l’ASV (tous régimes confondus) représentent 6 % des Bretons âgés de 65 ans et plus. Cette proportion place la région un peu en dessous de la moyenne nationale. C’est en Ile-de-France et en Alsace que le nombre d’allocataires est sous-représenté parmi la population âgée de 65 ans et plus. Les retraités qui habitent au sud d’une ligne Nantes-Grenoble ont en revanche davantage recours au minimum vieillesse, particulièrement dans les départements ruraux (Creuse, Cantal, Lozère, Gers). Depuis 1993, le nombre d’allocataires a été divisé par 2,8 en Bretagne : il est passé de 91 600 à 32 500 fin 2002. Comme ailleurs, la baisse sur le long terme du minimum vieillesse s’explique par l’amélioration progressive des retraites. Les carrières des plus jeunes générations ont été plus favorables du point de vue des salaires, les femmes ont été plus nombreuses à travailler et donc à cotiser, les dispositifs d’assurance de certains régimes se sont améliorés. Allocataires de l’ASV par département en 2002 Nombre d’allocataires Côtes-d’Armor Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan 8 220 8 647 7 787 7 893 Part dans la population des 65 ans et plus (‰) 69,5 53,1 58,3 63,3 Source : STATistiques et Indicateurs de la Santé et du Social 2003 - Insee, estimations de population 2002 Proportion de bénéficiaires de l'ASV parmi les personnes âgées de 65 ans et plus en 2002 AAH, API, RMI : évolution depuis 2002 Évolution du nombre d'allocataires de l'AAH, du RMI et de l'API en Bretagne entre décembre 1999 et juin 2004 (base 100 en décembre 1999) 110 En ‰ ©IGN - Insee 2004 - CAF L’évolution très récente du nombre d’allocataires de minima sociaux versés par les Caf confirme la tendance observée sur les dix dernières années. De décembre 2002 à juin 2004, le nombre d’allocataires a progressé de 3,5 % pour l’AAH et de 4,5 % pour l’API, avec une accélération de la hausse au dernier semestre. Sur la même période, le nombre d’allocataires du RMI a augmenté de 14,6 % dont 11,2 % entre juin 2003 et juin 2004 (+10,5 % pour l’ensemble de la Métropole). Cet accroissement résulte de la situation toujours difficile du marché du travail, et des suites de la réforme de l’assurance chômage, suspendue fin mai 2004, qui a entraîné une prise en charge temporaire au titre du RMI d’une partie des chômeurs exclus de l’indemnisation. 100 65 40 Source : Enquête Drees - Insee, estimations de population 2002 Nombre d'allocataires de l'AAH, du RMI et de l'API entre 1993 et 2002 en Bretagne 80 000 70 000 AAH 60 000 105 50 000 API 40 000 100 30 000 95 20 000 RMI 10 000 90 85 0 1993 2000 Source : Caf 1999-2004 2001 2002 2003 2004 1994 1995 1996 API 1997 1998 AAH 1999 2000 2001 2002 RMI Source : STATIstiques et Indicateurs de la Santé et du Social 2003 Dossier d’Octant n° 47 - 29 Moins d’allocataires à bas revenus Plus de 200 000 personnes en dessous du seuil de bas revenus La connaissance des revenus des allocataires des Caf permet d’appréhender de façon monétaire la pauvreté des moins de 65 ans. Cette nouvelle mesure de la pauvreté confirme comme précédemment que la Bretagne fait partie des régions les moins touchées. Fin 2002, 98 700 allocataires des Caf bretonnes ont des revenus inférieurs au seuil de bas revenu usuel (50 % de la médiane des revenus), égal à 698 euros par mois et par unité de consommation. Ces allocataires à bas revenus représentent un peu plus du quart des allocataires de la population de référence. Si on y ajoute les personnes à charge, ce sont près de 210 000 Bretons qui vivent en dessous du seuil de bas revenus, soit 8,7 % de la population de moins de 65 ans. Le plus faible taux de pauvreté régional Population à bas revenus par département au 31 décembre 2002 (seuil à 50 %) Villes Allocataires à bas revenus Côtes-d’Armor Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan Bretagne 18 523 29 275 28 795 22 114 98 707 Population à bas revenus Part de la population à bas revenus* (%) 40 271 60 187 60 722 48 179 209 359 9,3 8,6 8,0 9,0 8,7 * Part de la population à bas revenus dans la population de moins de 65 ans estimée au 01.01.2002 Source : Caf 2002 - Insee estimations de population 2002 Avec 3,6 points de moins que la valeur métropole (12,3 %), la Bretagne affiche en 2002 le taux de pauvreté le plus faible de toutes les régions. Elle fait ainsi partie des régions moins touchées par le phénomène, aux côtés des régions du grand Ouest et de la frange Est. A l’opposé, les régions du nord de la France et du bassin méditerranéen sont fortement touchées. Au sein de la région, c’est dans les Côtes-d’Armor que la part de population à bas revenus est la plus importante, en Ille-et-Vilaine qu’elle est la plus faible. Population à bas revenus selon le zonage en aires urbaines en Bretagne Part de la population de moins de 65 ans sous le seuil de bas revenus (seuil à 50 %) Pôles urbains Couronnes périurbaines Couronnes multipolarisées Pôles d’emploi ruraux et couronnes Autres communes du rural Ensemble Source : Caf 2002 - Insee 2002 30 - Dossier d’Octant n° 47 11,5 5,0 6,6 8,3 7,8 8,7 Répartition de la population à bas revenus 57,6 14,2 4,2 6,1 17,9 100,0 Davantage de pauvreté en ville En Bretagne comme au niveau national, la pauvreté est plus marquée dans les pôles urbains, ou près d’un allocataire sur deux est concerné par la pauvreté. Les pôles concentrent ainsi plus de 53 % de la population à bas re- Au sein des grandes villes bretonnes, Lorient et Saint-Brieuc se démarquent avec plus de 18 % d’habitants sous le seuil de bas revenus. Rennes présente à l’opposé le taux de pauvreté le plus faible, même si elle regroupe plus de 30 % des personnes pauvres vivant dans les grandes villes. Près de 130 000 personnes à la limite de la pauvreté La mesure de la pauvreté est très sensible au seuil de bas revenus choisi. Avec un seuil à 60 % du revenu médian, 130 000 personnes supplémentaires sont comp- tabilisées en Bretagne parmi les bas revenus. Le nombre de personnes en situation de pauvreté passe alors à 340 000, et la part de population à bas revenus à 14,1 %. La hiérarchie des régions reste globalement inchangée, et le taux de pauvreté breton reste inférieur de 4,5 points à celui de la métropole. L’utilisation de ce second seuil de bas revenus intègre une population dont les revenus ne dépassent pas 850 euros par mois et par unité de consommation. Nous retiendrons donc dans la suite de cette étude un seuil à 60 %, permettant d’appréhender d’autres formes de pauvreté que le seuil à 50 %. C’est le seuil conventionnellement utilisé dans les études et comparaisons européennes. Taux de pauvreté au seuil de 50 % par région au 31 décembre 2002 En ‰ ©IGN - Insee 2004 - CAF venus, tandis que le périurbain en rassemble deux fois moins. plus de 17 de 12 à 14 de 10 à 12 de 8 à 10 Source : Caf 2002 - Insee, estimations de population 2002 Population à bas revenus dans les grandes villes bretonnes Part de population de moins de 65 ans sous le seuil de bas revenus (seuil à 50 %) Saint-Brieuc Lorient Saint-Malo Brest Vannes Quimper Rennes Ensemble des grandes villes 19,2 18,0 14,8 14,3 14,3 13,0 13,2 14,5 Source : Caf 2002 - Insee 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 31 Cadrage sur les sources Caisse d’allocations familiales, mutualité sociale agricole et autres régimes Les allocataires de l’AAH, du RMI et de l’API relèvent essentiellement du champ d’intervention des Caf. Chez les allocataires de moins de 65 ans, le régime agricole (MSA) est très peu présent : il concerne 8 % des bé- néficiaires de l’AAH, 4 % du RMI et 1 % de l’API. S’agissant du minimum vieillesse, les 27 000 allocataires de la Cram et de la MSA se répartissent en revanche équitablement entre les régimes général et agricole. Quel que soit le minimum social, la part MSA est plus élevée que dans la plupart des autres régions, ce qui traduit l’importance du monde agricole en Bretagne. Répartition des allocataires par organisme verseur au 31 décembre 2002 (en %) AAH RMI API ASV 0 10 20 MSA Source : Caf - Cram - MSA 2002 34 - Dossier d’Octant n° 47 40 30 Caf 50 60 autre régime retraite 70 80 Cram 90 100 Les prestations versées par les Caf Un rôle familial avant tout Les Caisses d’allocations familiales (Caf) assurent le service des allocations familiales, financent des équipements collectifs et gèrent d’autres prestations pour le compte de différents organismes, comme par exemple l’aide personnalisée au logement pour le Fonds national de l’habitat. Elles mènent également une action sociale en direction des familles allocataires. Elles constituent la branche famille de la sécurité sociale, branche placée sous la responsabilité de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). Comme ailleurs, la grande majorité des 475 000 allocataires bretons perçoivent des aides liées à la famille : 56 % d’entre eux bénéficient de prestations familiales (36 % ne reçoivent que cela et 20 % en reçoivent mais couplées avec d’autres aides). Les allocations logement concernent quant à elles près de trois allocataires sur cinq. Une mission de solidarité qui concerne moins d’un allocataire sur six Répartition des allocataires selon les prestations perçues (en %) 1 En 2002, 15 % des allocataires des Caf de Bretagne bénéficient d’un minimum social, attribué sous condition de ressources ou du fait d’un handicap. Ces 71 000 allocataires couvrent une population de près de 120 000 personnes, soit 5 % de la population bretonne de moins de 65 ans. Dans plus de six cas sur dix, ces allocataires perçoivent en plus une autre prestation (familiale ou de logement). Le montant des prestations versées au titre de l’AAH, du RMI ou de l’API s’élève à 364 millions d’euros en 2002, dont plus de la moitié pour l’AAH. Les minima sociaux représentent 19 % du total des prestations mensuelles versées par les Caf, soit 4 points de moins que le montant affecté aux seules allocations familiales. Le Finistère concentre plus de 30 % des sommes versées pour ces trois minima, les Côtesd’Armor moins de 21 %. 4 4 6 36 15 34 prestations familiales seulement minima et prestations familiales aide au logement seulement minima et aide au logement prestations familiales et aide au logement minima, prestations familiales et aide au logement minima seulement Source : Caf 2002 Montants versés en 2002 par minimum social et par département (en milliers d'euros) 400 000 AAH RMI API 300 000 200 000 100 000 0 Bretagne Côtesd’Armor FinistèreNord FinistèreSud Ile-etVilaine Morbihan Source : Caf 2002 Le rôle solvabilisateur des Caf L’action des organismes de protection sociale se doit d’être soulignée car elle représente une contribution majeure à l’effort de cohésion sociale, dépassant largement le seul domaine du versement des minima sociaux. Il faut notamment prendre en compte les trois données suivantes : 474 366 allocataires bretons (presque 20 % des allocatai- res), correspondant à une population couverte de 144 041 personnes (environ 13 % de la population couverte), dépendent pour plus de la moitié de leurs ressources des prestations versées par les Caf (minima sociaux, mais aussi l’ensemble des prestations enfance et logement). 4Grâce à la solvabilisation des ménages réalisée par les Caf, 65 041 allocataires bretons, correspondant à une population couverte de 179 021 personnes, ont pu franchir en 2002 le seuil français de pauvreté monétaire. 4Indépendamment du versement des prestations définies par les lois et règlements, l’action sociale familiale des Caf, lutte efficacement contre la pauvreté en ciblant ses principales interventions en direction des familles à ressources modestes. Dossier d’Octant n° 47 - 35 La population allocataire des Caf Une majorité de citadins et de couples avec enfants Revenu mensuel par UC selon le décile 2 500 Population bretonne Population allocataire 2 000 1 500 1 000 500 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Plus de deux allocataires des Caf sur trois vivent dans une commune urbaine : 62 % dans les pôles et 38 % en zone périurbaine. Cette répartition est comparable à celle de l’ensemble de la population bretonne de moins de 65 ans. déciles Lecture : Le troisième décile corespond au seuil de revenu déclaré (par mois et par uc) en dessous duquel se situe 30 % de la population. Il est de 910 euros pour la population bretonne, mais de 630 euros pour la population allocataire. Source : Caf 2002, Insee - DGI, revenus fiscaux localisés 2001 Près de 55 % des ménages allocataires sont des couples avec enfants, 27 % des personnes seules et 14 % des monoparents. Ces configurations familiales sont surreprésentées par rapport à la structure de population des Isolement administratif et isolement vécu La notion d’isolement des allocataires recouvre deux réalités différentes selon que l’on s’attache à la définition administrative des bases de gestion des Caf (connaissance des états matrimoniaux et du nombre d’enfants à charge) ou que l’on s’intéresse à la situation vécue. Un allocataire est considéré comme isolé s’il se déclare sans conjoint ni enfant à charge (les données prises en compte variant quelque peu selon la prestation versée). Cette définition administrative de l’isolement ne peut tenir compte des aides familiales ou communautaires (hébergement par un tiers, cohabitation, réseaux relationnels ou d’entraide) dont peut éventuellement bénéficier l’allocataire. En effet, parmi les isolés bénéficiant d’un minimum social en Bretagne, plus de 40 % ne perçoivent pas d’aide au logement en 2002 (44 % pour l’AAH et le RMI, 28 % pour l’API). Ces allocataires sont alors propriétaires de leur logement ou hébergés (gratuitement, en centres d’accueil pour handicapés…). Ces résultats laissent sup- poser que certaines personnes isolées au sens administratif ne vivent pas, en fait, des situations d’isolement. La part des éventuels propriétaires ne peut être déterminée mais ce statut explique vraisemblablement les taux plus importants d’allocataires sans aide au logement dans les zones rurales et périurbaines. Ces données sont à rapprocher des résultats de l’enquête menée par l’Insee auprès d’un échantillon national d’allocataires du RMI en 1998 : seulement la moitié des allocataires isolés vivaient effectivement seuls1. Une autre enquête menée par la Drees en 2003 auprès de 5 000 allocataires de minima sociaux2 a par ailleurs mis en évidence que très peu d’entre eux n’avaient pas de contacts réguliers avec leurs familles (10 % des allocataires AAH, 7 % pour le RMI et 3 % pour l’API). L’isolement réellement vécu est en effet mieux abordé par le biais d’enquêtes qui considèrent l’ensemble des habitants d’un même logement (le ménage au sens de l’Insee) plutôt que les foyers allocataires. 1- Les allocataires du RMI : moins d’isolés au sens familial et social que dans la statistique administrative / Bertrand Lhommeau ; Insee ; Économie et Statistique n°346-347, 2001 2- Insertion sociale et conditions de vie des bénéficiaires de minima sociaux / Anne Belleville ; Drees ; Etudes et Résultats n°300, mars 2003 36 - Dossier d’Octant n° 47 moins de 65 ans au dernier recensement. A contrario, les couples sans enfants y sont moins nombreux (5 %). D’un département à l’autre les proportions sont voisines, même si l’on compte davantage de couples en Ille-et-Vilaine et d’isolés dans le Finistère. Au sein des familles, et dans un contexte de libre choix de l’allocataire au sein du couple, l’allocataire est généralement une femme : dans 94 % des cas pour les familles monoparentales, dans 57 % des 1 cas pour les couples . En revanche les allocataires isolés sont majoritairement des hommes (57 %). Avec un âge moyen de 37 ans, la population allocataire est plus jeune que l’ensemble de la population bretonne de moins de 65 ans (38,7 ans en moyenne en janvier 2002). Des revenus inférieurs à la moyenne régionale Les revenus déclarés en 2001 par les allocataires des Caf sont inférieurs à ceux de l’ensemble de la population bretonne. La moitié des personnes couvertes vivent dans un foyer qui déclare moins de 900 euros par UC, tandis qu’au niveau régional le revenu médian par UC est de 1 200 euros. En effet, les ménages bretons les plus aisés ne bénéficient généralement pas des prestations versées par les Caf ou uniquement des allocations familiales versées sans condition de ressources et n’impliquant pas de déclarations de revenus. 1- Dans ce cas la première prise de contact avec une Caf concerne souvent la venue d’un enfant, et c’est généralement la femme qui entreprend les démarches. L’effet redistributif des prestations Lecture : Les ressources ne sont pas distribuées de façon homogène entre l’ensemble des allocataires. Une courbe de concentration (courbe de Lorenz) permet de mettre en évidence cette répartition des ressources. Plus la courbe est proche de la diagonale, plus la répartition est homogène. Plus elle s’en éloigne, plus la répartition est inégale. Répartition des ressources entre allocataires avant et après prestations Sans aboutir à une réduction des inégalités, le redistribution des revenus par l’octroi de prestations réduit les écarts de revenus entre allocataires. Sans les prestations sociales, 12 % des allocataires n’auraient aucun revenu. Augmenté des prestations, leur revenu mensuel médian passe à 540 euros par UC. Malgré l’impact de la redistribution, les disparités restent importantes : la moitié la plus pauvre des allocataires ne dispose que de 26 % des ressources et ils vivent avec moins de 780 euros par UC et par mois ; les 10 % les plus pauvres disposent de moins de 3 % des ressources et vivent avec moins de 490 euros par UC et par mois. Pourcentage de ressources 100 Après prestations Avant prestations 80 60 40 20 0 0 10 20 40 30 50 70 60 80 90 100 Pourcentage d’allocataires Source : Caf 2002 Distribution du revenu disponible mensuel par uc des allocataires 800 Lecture : En Ille-et-Vilaine, les 10 % les plus pauvres des allocataires (premier décile) disposent de moins de 500 euros par UC et par mois ; au sommet de la distribution, les allocataires les plus riches (neuvième décile) disposent de plus de 1 750 euros par UC et par mois. Le rapport entre hauts et bas revenus est proche de 3,5. 600 Source : Caf 2002 1 800 1 600 La distribution des revenus des allocataires varie selon le département : c’est en Ille-et-Vilaine qu’ils sont les plus élevés, mais aussi les plus hétérogènes. Chaque point de la courbe représente la part des ressources détenues par la proportion d’allocataires considérée. Ainsi, la moitié la moins aisée des allocataires se répartit 20 % des ressources avant prestations, et 26 % des ressources y compris prestations. 1 400 1 200 1 000 400 Côtes-d’Armor er 1 décile Finistère 1er quartile médiane Morbihan e 3 quartile Ile-et-Vilaine e 9 décile Dossier d’Octant n° 47 - 37 Répartition des allocataires de l’AAH, du RMI et de l’API selon le lieu de résidence 60 MSA Caf 50 La population allocataire du régime agricole 40 30 20 10 0 Pôles urbains Couronnes Communes multipolarisées Communes rurales Source : Cram 2002, MSA 2002 Répartition des allocataires de l’ASV selon le lieu de résidence 50 Parmi les allocataires de moins de 65 ans, peu relèvent du régime agricole1 : il ne concerne que 6 % des bénéficiaires de l’AAH, du RMI ou de l’API. Ce taux de couverture varie toutefois en fonction de la localisation des allocataires : de moins de 3 % dans l’espace urbain, il passe à 13 % en milieu rural. MSA Caf 40 30 Une population MSA plus rurale et plus âgée 20 10 0 Pôles urbains Couronnes Communes multipolarisées Communes rurales Source : Cram 2002, MSA 2002 Répartition des allocataires de l’ASV selon l'âge 25 Cram Msa 20 15 10 5 0 65-69 70-74 75-79 80-84 85-89 90-94 Les allocataires de minima du régime agricole vivent majoritairement en milieu rural, alors que la population des Caf est concentrée dans les zones urbaines. Ils sont également plus âgés (60 % d’entre eux ont plus de 45 ans, 35 % pour le régime général) ; c’est encore plus marqué pour les allocataires de l’AAH dont 43 % ont plus de 55 ans. On compte davantage d’hommes isolés chez les allocataires du RMI, de couples sans enfants chez les allocataires de l’AAH. 95 et + Source : Cram 2002, MSA 2002 Part des allocataires MSA dans l’ensemble des allocataires de l’ASV en 2002 85 65 50 25 Source : Cram 2002, MSA 2002 38 - Dossier d’Octant n° 47 ©IGN - Insee 2004 En % Les 65 ans et plus : autant d’allocataires à la MSA et à la Cram Au sein des allocataires de l’ASV2, le régime agricole est en revanche aussi présent que le régime général : 48 % des bénéficiaires sont rattachés à la MSA (52 % à la Cram). Cette part est plus élevée dans les Côtesd’Armor qu’en Ille-et-Vilaine (54 contre 42 %) ; c’est en effet dans les zones rurales de Bretagne centrale qu’elle est la plus importante. Pour les personnes âgées de 65 ans ou plus aussi, le régime agricole couvre une population majoritairement rurale (60 % des allocataires de la MSA vivent en milieu rural) et le régime général une population majoritairement urbaine (60 % des allocataires de la Cram vivent en milieu urbain). On retrouve également chez les allocataires de la MSA les spécificités démographiques liées au monde rural : âge moyen plus élevé (81,4 ans contre 77,8 ans pour les allocataires du régime général) et davantage d’hommes seuls (25 % contre 17 %). 1- La Mutuelle sociale agricole (MSA), deuxième régime de protection globale en France, gère la protection légale et complémentaire de l’ensemble de la profession agricole (exploitants et salariés agricoles, ainsi que leurs familles ). Les salariés des coopératives agricoles relèvent également souvent de ce régime même si la coopérative a une activité de type industriel. 2- Restreint au champ « Caf + MSA ». Les allocataires de minima sociaux de moins de 65 ans La nature des trois minima sociaux versés par les Caf (AAH, RMI, API) permet de distinguer des catégories d’allocataires très différentes selon le risque social couvert par chacun de ces minima. Les allocataires de l’AAH sont plutôt âgés, habitent plus souvent en milieu rural et dépendent moins des prestations que les autres allocataires de minima. Les allocataires du RMI sont majoritairement des personnes isolées qui dépendent fortement des prestations. Les allocataires de l’API sont essentiellement des femmes jeunes, inactives, qui perçoivent souvent d’autres aides (familiales ou de logement) en plus du minimum social. Caractéristiques des allocataires selon la prestation perçue (répartition en %) Type de famille Activité de l’allocataire Âge Niveau de vie Logement Lieu de résidence Couple avec enfant(s) Couple sans enfant Personne isolée Famille monoparentale Actif occupé Chômage Sans activité (hors retraite) Autre* Moins de 25 ans de 25 à 39 ans de 40 à 49 ans 50 ans et plus Part moyenne des prestations dans le revenu Ruc médian (en euros) HLM Privé Accession Foyer Nd (pas d’aide au logement) Pôles urbains Couronnes urbaines Communes multipolarisées Rural AAH 10,2 10,9 74,5 4,4 20,9 7,5 66,8 4,8 7,3 34,6 28,8 29,3 74,8 791 19,8 18,9 5,0 12,3 44,0 54,3 14,7 4,4 26,6 RMI 12,5 4,0 61,8 21,7 20,7 42,3 32,8 4,2 3,2 52,9 25,1 18,8 84,3 499 27,6 26,6 2,2 0,5 43,1 66,3 10,6 3,4 19,7 API 5,9 94,1 15,4 25,4 49,8 9,4 38,3 53,4 7,6 0,7 88,5 585 40,2 29,2 2,2 0,7 27,7 67,0 12,1 3,1 17,8 Ensemble 54,7 4,7 26,9 13,7 62,6 12,5 19,3 5,6 8,5 52,1 28,1 11,3 28,9 937 16,8 21,1 11,5 1,9 48,7 48,6 22,3 5,1 24,0 * Retraité, étudiant ou d’activité inconnue Source : Caf 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 39 Les bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés A la fin de l’année 2002, 40 000 personnes perçoivent une AAH versée par l’une des Caf ou MSA de Bretagne. Les trois quarts de ces bénéficiaires sont des personnes isolées. Cela signifie qu’ils n’ont ni conjoint ni enfant mais pas obligatoirement qu’ils vivent seuls dans leur logement : ils peuvent aussi vivre dans leur famille d’origine ou en institution. Nombre de bénéficiaires de l'AAH selon le cumul de prestation AAH seul AAH + aide logement (AL) AAH + prestations familiales (PF) AAH + AL + PF 0 5 000 Population couverte par l’AAH 10 000 15 000 20 000 Allocataire de l’AAH Source : Caf 2002 Une population âgée et rurale Les 37 000 allocataires AAH du régime général sont plus âgés que les bénéficiaires du RMI et de l’API, et même que l’ensemble des allocataires des Caf : 58 % d’entre eux ont plus de 40 ans, presque 20 points de plus que parmi l’ensemble des allocataires. Ils vivent aussi plus souvent en milieu rural : ceci résulte en partie de l’implantation des structures d’accueil (foyers d’hébergement, établissements de travail protégé) qui se trouvent très fréquemment en dehors des grandes agglomérations. Ces caractéristiques s’observent de façon plus accentuée encore chez les allocataires rattachés à la MSA : les trois quarts ont plus de 40 ans, et plus de la moitié vit en milieu rural. Or c’est pour l’AAH que le poids du régime agricole est le plus important. Caractéristiques des allocataires de l’AAH des MSA Type de famille Âge Lieu de résidence Source : MSA 2002 40 - Dossier d’Octant n° 47 Couple avec enfant(s) Couple sans enfant Personne isolée Famille monoparentale Moins de 25 ans de 25 à 39 ans de 40 à 49 ans 50 ans et plus Pôles urbains Couronnes urbaines Communes multipolarisées Rural 9,6 39,7 49,8 0,9 4,3 22,7 17,9 55,1 17,8 18,8 6,7 56,7 En Bretagne, des taux de handicap plus élevés que dans les autres régions La principale condition d’attribution de l’AAH (en plus des conditions d’âge et de ressources) est la reconnaissance d’une situation de handicap. L’accès à l’AAH est accordé sur décision d’une commission, la Commission Technique d’Orientation et de REclassement Professionnel (Cotorep), à toute personne atteinte d’une infirmité entraînant une incapacité permanente d’au moins 80 %. Il est aussi accordé aux personnes dont le taux d’incapacité est compris entre 50 % et 79 %, mais qui ne peuvent travailler en raison de leur handicap. En Bretagne, 32 % des allocataires de l’AAH ont un taux de handicap compris entre 50 % et 79 %. Ce taux est supérieur à celui observé en France (28 %). Le nombre d’allocataires de l’AAH dépend donc en partie des décisions Cotorep prises au cours de l’année 2002 (il dépend aussi des décisions prises entre 1993 et 2001, l’AAH n’étant en principe pas attribuée pour plus de 10 ans). En 2002 en Bretagne, près des trois quarts des demandes ont reçu un accord : 5 800 au titre d’une incapacité égale ou supérieure à 80 % et 4 800 avec un taux d’incapacité de 50 % à 79 %. Cette proportion place la région au premier rang dans ce domaine. Moins dépendants des prestations sociales Le revenu médian des allocataires de l’AAH dépasse de 200 euros celui des allocataires de l’API, et de 300 euros celui des allocataires du RMI. Même si elle reste attribuée sous conditions de ressources, l’AAH garantit en effet un revenu mensuel plus élevé, et autorise de plus le cumul avec d’autres revenus (pensions, rentes, revenus d’activité). Ces ressources extérieures réduisent la dépendance aux aides versées par les Caf : les prestations représentent en moyenne 75 % des revenus des allocataires de l’AAH, soit 10 points de moins que pour le RMI ou l’API. Un allocataire de l’AAH sur cinq travaille eux exercent cependant une activité : ils travaillent alors deux fois sur trois en établissement de travail protégé (ateliers protégés et Centres d’Aide par le Travail). Comparés à l’ensemble des bénéficiaires, ces 7 000 allocataires en emploi sont plus jeunes (37 ans en moyenne contre 42 ans) et disposent d’un revenu par unité de consommation plus élevé (médiane à 948 euros). Le montant de l’AAH versée est en revanche réduit (415 euros par mois contre 672 euros), ils sont donc moins dépendants des prestations. Plus de 23,5 % des allocataires (7 400 personnes) perçoivent une AAH à taux réduit car ils bénéficient par ailleurs d’une pension d’invalidité ou de vieillesse, ou bien d’une rente pour accident du travail. Là encore, le Ruc de ces allocataires (867 euros) est plus élevé que celui de leurs homologues, et le montant de prestations versé plus faible. Distribution du revenu disponible mensuel par uc des bénéficiaires allocataires de l’AAH 1 200 1 100 1 000 900 800 700 600 500 allocataires de l’AAH er 1 décile 1er quartile population couverte par l’AAH médiane e 3 quartile e 9 décile Lecture : Parmi les allocataires de l’AAH, 25 % disposent de moins de 570 euros par mois et par uc, et 25 % de plus de 920 euros par mois et par uc. Source : Caf 2002 Du fait de leur handicap, les allocataires de l’AAH sont surtout des inactifs. Près de 20 % d’entre Dossier d’Octant n° 47 - 41 Les bénéficiaires du revenu minimum d’insertion ritairement des personnes sans conjoint. La moitié sont des hommes, presque toujours sans enfant ; en revanche les femmes ont une fois sur deux des enfants à charge. Cette répartition est conforme à celle que l’on observe au niveau national ; les familles monoparentales sont cependant un peu moins présentes en Bretagne que dans le reste du pays (25 %). A la fin de l’année 2002, près de 30 000 personnes perçoivent le RMI en Bretagne (29 000 sont rattachées aux Caf et 1 000 aux MSA). Avec les conjoints et enfants à charge, la population couverte par le RMI s’élève à 53 600 personnes, soit 2,2 % des moins de 65 ans. Surtout des personnes seules Comme précédemment la notion d’isolement doit être relativisée (encadré page 36). Les situations d’hébergement relèvent alors essentiellement de l’entraide (famille, amis, foyers), Avec 62 % de personnes isolées et 22 % de monoparents, les allocataires du RMI sont très majo- Caractéristiques des allocataires du RMI des MSA Type de famille Âge Lieu de résidence Couple avec enfant(s) Couple sans enfant 17,2 6,9 Personne isolée Famille monoparentale Moins de 25 ans de 25 à 39 ans de 40 à 49 ans 50 ans et plus Pôles urbains Couronnes urbaines Communes multipolarisées Rural 66,2 9,7 0,6 31,6 34,6 33,2 23,9 18,3 4,2 53,6 Source : MSA 2002 Bénéficiaires du RMI dans les grandes villes bretonnes Nombre d’allocataires des Caf Population couverte Part de population couverte* Saint-Brieuc 1 286 2 489 6,8 Lorient 1 543 2 923 6,1 Brest 3 370 5 997 4,9 Quimper 1 201 2 062 3,9 Saint-Malo 788 1 492 3,8 Rennes 3 694 6 728 3,8 Vannes 883 1 640 3,7 12 765 23 331 4,5 Ensemble des grandes villes * Part de la population couverte dans la population de moins de 65 ans estimée au 01/01/2002 (%) Source : Caf 2002, Insee 2002 42 - Dossier d’Octant n° 47 et sont souvent plus temporaires que dans le cas de l’AAH. Concentration en milieu urbain Les allocataires du RMI résident essentiellement en milieu urbain : 65 % d’entre eux vivent dans un pôle, et 45 % dans l’une des sept grandes villes bretonnes. La population couverte par le RMI représente en moyenne 4,5 % des habitants de ces grandes villes, contre 1,5 % dans le reste de la Bretagne. Forte dépendance aux prestations Les allocataires du RMI sont très fortement dépendants des prestations sociales : les aides versées par les Caf représentent en moyenne 84 % de leurs ressources. Pour 36 % d’entre eux, ces aides se réduisent au seul minimum social : il s’agit essentiellement alors de personnes isolées. Les autres reçoivent, outre le RMI, des prestations familiales, des aides au logement ou bien combinent les trois. Cette forte dépendance aux prestations est liée à la proportion importante de chômeurs et d’inactifs : seulement un allocataire sur cinq exerce une activité rémunérée (emploi, stage, contrat aidé…). Contrairement à l’AAH, le système d’allocation différentielle du RMI et le montant maximal garanti offrent peu de possibilités pour cumuler le minimum avec d’autres ressources, si ce n’est dans le le cas de l’intéressement (encadré page 44). L’intéressement est plus répandu en Bretagne Depuis quelques années, la législation facilite le cumul du RMI avec un revenu d’activité lors d’une reprise d’emploi. Les revenus d’activité professionnelle ou de formation perçus après la date d’ouverture de droit au RMI sont exclus du calcul de l’allocation pendant une certaine durée. Cet abattement, qui a pour but d’inciter à la reprise d’une activité rémunérée, est appelé intéressement. En Bretagne, 5 000 allocataires du RMI bénéficient de la procédure d’intéressement au 31 décembre 2002 : la proportion est plus élevée qu’en France métropolitaine (17,3 % contre 13,2 %). L’intéressement est plus fréquent chez les jeunes (20,5 % des moins de 35 ans, 11,7 % des plus de 45 ans) et les personnes vivant en couple (21,3 % des couples, 16,5 % des isolés et monoparents). Il est plus répandu en Ille-et-Vilaine, et dans une moindre mesure en Côtesd’Armor. Moins d’allocataires de longue durée en Bretagne Fin 2002, 30 % des bénéficiaires du RMI perçoivent ce minimum social depuis cinq ans ou plus, soit 2 points de moins que la part observée en France métropolitaine. La situation économique de la Bretagne rendrait donc moins difficile la réinsertion professionnelle des allocataires, comme elle limite en amont les risques d’entrée dans le dispositif. La proportion d’allocataires de longue durée est un peu plus élevée dans les Côtes-d’Armor et le Finistère ; l’Ille-et-Vilaine affiche la valeur la plus faible avec moins de 27 %. La structure démographique permet probablement d’expliquer ces disparités : la population d’Ille-et-Vilaine est plus jeune que celle des autres départements bretons et les allocataires du RMI longue durée sont souvent plus âgés que la moyenne des allocataires du RMI. Nombre de bénéficiaires du RMI selon le cumul de prestations RMI seul RMI + aide logement (AL) RMI +prestation familiales (PF) RMI +AL + PF 0 10 000 15 000 Population couverte par le RMI 20 000 25 000 Allocataire du RMI Source : Caf 2002 Distribution du revenu disponible mensuel par uc des bénéficiaires du RMI 800 700 600 500 400 300 er 1 décile Environ 70 % de ces allocataires n’ont pas d’autres ressources que les prestations des Caf : plus l’ancienneté dans le dispositif est importante, et plus la dépendance aux prestations augmente. 5 000 allocataires du RMI er 1 quartile population couverte par le RMI médiane e 3 quartile e 9 décile Lecture : Parmi les allocataires du RMI, 25 % disposent de moins de 360 euros par mois et par uc, et 25 % de plus de 570 euros par mois et par uc. Seuls 10 % dépassent 700 euros par mois et par uc. Source : Caf 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 43 La prise en compte des revenus d’activités dans le calcul du RMI Afin d’encourager l’insertion ou la réinsertion professionnelle des allocataires, les dispositifs du RMI, de l’ASS (allocation de solidarité spécifique) et de l’AI (allocation d’insertion) ont prévu des mesures d’intéressement qui permettent aux allocataires ayant trouvé une activité professionnelle (salariée ou non) ou un stage rémunéré après l’ouverture du droit à l’allocation, de cumuler l’allocation avec les revenus issus de cette activité. Calcul du montant des ressources trimestrielles pour le calcul du RMI pour un allocataire isolé Au 1er janvier 2002, un allocataire isolé au RMI a trouvé un emploi rémunéré 420 € pour un mi-temps. Le montant du RMI (diminué du forfait logement ) vaut à cette date 356,95 € pour un allocataire seul : oct-01 RMI 356,95 nov-01 356,95 déc-01 356,95 2001-Trimestre 4 1 070,85 févr-02 mars-02 2002-Trimestre 1 Revenus 420 420 420 1 260 RMI 356 ,95 356,95 356,95 1 070,85 janv-02 er Un décret du 1 décembre 2001 a modifié les modalités de cumul. Du fait des modalités de gestion du RMI (déclarations trimestrielles de revenus, avec une prise en compte décalée d’un trimestre sur l’autre des ressources pour le calcul de l’allocation), l’allocation précédemment perçue est intégralement cumulable avec les revenus professionnels pendant les deux premiers trimestres de la prise de l’activité. Pour les deux trimestres suivants, le montant du RMI est diminué de la moitié de la moyenne mensuelle des revenus d’activité du trimestre précédent. avr-02 mai-02 juin-02 2002-Trimestre 2 Revenus 420 420 420 1 260 RMI 356,95 356,95 356,95 1 070,85 juil-02 août-02 sept-02 2002-Trimestre 3 Revenus 420 420 420 1 260 RMI 146,95 146,95 146,95 oct-02 nov-02 déc-02 2002-Trimestre 4 Revenus 420 420 420 1 260 RMI 146,95 146,95 146,95 janv-03 Revenus 44 - Dossier d’Octant n° 47 440,85 420 les ressources pour le 4e trimestre s'élèvent à 1 070,85 € les ressources pour le 1er trimestre s'élèvent à 2 330,85 € les ressources pour le 2e trimestre s'élèvent à 2 330,85 € les ressources pour le 3e trimestre s'élèvent à 1 700,85 € les ressources pour le 4e trimestre s'élèvent à 1 700,85 € 440,85 févr-03 mars-03 2003-Trimestre 1 420 420 1 260 les ressources pour le 1er trimestre s'élèvent à 1 260 € Les bénéficiaires de l’allocation de parent isolé A la fin de l’année 2002, 5 300 allocataires des Caf perçoivent l’API en Bretagne : 99 % de ces parents isolés sont des femmes, qui avec leurs enfants représentent 14 000 personnes, soit 0,6 % de la population bretonne de moins de 65 ans. Des femmes jeunes qui résident en milieu urbain Les allocataires de l’API sont beaucoup plus jeunes que les autres allocataires : 60 % ont moins de 30 ans. Comme les allocataires du RMI, elles vivent très majoritairement en milieu urbain (80 % résident dans un pôle urbain ou une commune périurbaine). Près de la moitié d’entre elles réside dans l’une des sept grandes villes bretonnes, où davantage de logements et services d’aide sociaux sont accessibles. Des personnes éloignées du marché de l’emploi La moitié des femmes allocataires de l’API sont inactives, et un quart sont au chômage. Seulement 15 % d’entre elles ont un emploi. L’activité est fortement liée au nombre d’enfants : 17,6 % travaillent lorsqu’elles ont un enfant à charge et à peine 6 % quand elles en ont plus de trois. 1- Les données Caf ne permettent pas de connaître la situation des allocataires sans aide au logement : ils peuvent être hébergés chez un parent, loger en foyer, plus rarement être propriétaires. Les prestations sociales constituent l’essentiel du revenu Statut d’activité des femmes bénéficiaires de l’API selon le nombre d’enfants (en %) 100 80 Les prestations constituent en moyenne 88 % des ressources des bénéficiaires de l’API : parmi les trois catégories d’allocataires de minima sociaux, ils sont donc les plus dépendants. L’absence de revenus d’activité et le cumul de prestations expliquent cette situation. En effet, seuls 2 % des allocataires perçoivent uniquement l’API. La présence de jeunes enfants leur permet de bénéficier de prestations familiales en plus du minimum social. Environ 72 % perçoivent en outre une aide au logement, le plus fréquemment pour une location en HLM, sinon dans le parc privé. Au final, sept allocataires sur dix cumulent les trois types de prestations. L’importance des prestations dans les ressources conduit à une grande homogénéité des revenus, plus marquée que pour les autres minima. Le montant du minimum social et le cumul avec d’autres prestations leur confère aussi un revenu plus élevé que celui des allocataires du RMI : la moitié des bénéficiaires de l’API dispose de plus de 585 euros par mois et par unité de consommation, alors que seul un quart des allocataires du RMI dépasse ce seuil de revenu. 60 40 20 0 Grossesse chomage 1 enfant étudiante 2 enfants 3 enfants 4 enfants ensemble et plus active occupée sans activité inconnu Nombre de bénéficiaires de l'API selon le cumul de prestations API seul API + aide logement (AL) API + prestation familiales ( PF) API + AL + PF 0 2 000 4 000 6 000 Population couverte par l’API 8 000 10 000 12 000 Allocataires de L’API Distribution du revenu disponible mensuel par uc des bénéficiaires de l’API 800 700 600 500 400 allocataires de l’API er 1 décile er 1 quartile population couverte par l’API médiane e 3 quartile e 9 décile Lecture : Parmi les allocataires de l’API, 25 % disposent de moins de 520 euros par mois et par uc, et 25 % de plus de 630 euros par mois et par uc. Seuls 10 % dépassent 750 euros par mois et par uc. Source : Caf 2002 Bénéficiaires de l’API dans les grandes villes bretonnes Saint-Brieuc Lorient Brest Quimper Saint-Malo Rennes Vannes Ensemble des grandes villes Nombre d’allocataires des Caf 288 281 188 620 154 628 167 2 326 Population couverte 817 738 571 1 698 419 1 670 436 6 349 Part de population couverte* 2,2 1,5 1,4 1,4 0,9 0,9 0,8 1,2 * Part de la population couverte dans la population de moins de 65 ans estimée au 01.01.2002 (%) Source : Caf 2002, Insee 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 45 API courte et API longue L’allocation de parent isolé (API) a été créée en 1976 afin de garantir un revenu minimum aux parents qui assument seuls la charge d’au moins un enfant né ou à naître, suite à une séparation, un abandon, un divorce ou un veuvage. La durée de perception de cette allocation est limitée dans le temps et variable selon l’âge du dernier enfant. Si l’enfant a plus de 3 ans, l’Api est versée durant un an au maximum, sinon elle est versée jusqu’aux 3 ans du dernier enfant. Le facteur déclenchant le versement de l’allocation a des conséquences sur le temps passé dans le dispositif. Lorsqu’il s’agit d’une séparation ou d’un veuvage, la durée moyenne des droits est 359 jours ; on parle d’API courte. Lorsqu’il s’agit de Fin mai 2004, 5 077 parents isolés perçoivent en Bretagne une API versée par les Caf : 55 % pour l’API courte (98 % de femmes), 45 % pour l’API longue (100 % de femmes). Les caractéristiques des bénéficiaires varient suivant le mode d’entrée : 4Les allocataires pour qui le fait générateur est une grossesse sont plus jeunes. Leur âge moyen est de 26,2 ans alors qu’il est de 31,6 ans pour les allocataires de l’API courte. 4Les allocataires de l’API longue ont en moyenne 1,5 enfant Fait générateur de l'API et durée dans le dispositif contre 1,9 pour ceux percevant l’API courte. Les enfants des familles monoparentales concernées par l’API courte sont également plus âgés. 80 Grossesse Isolement 60 40 4Les principales agglomérations bretonnes (Rennes, Saint- 20 0 l’annonce d’une naissance, la durée moyenne des droits est de 707 jours ; on parle d’API longue. moins d’1 an de 1 à 2 ans de 2 à 3 ans Brieuc, Vannes, Lorient, Brest et Quimper) concentrent 46 % des bénéficiaires de l’API longue, 10 points de plus que ceux de l’API courte. plus de 3 ans Les allocataires de l’API courte sont plus proches du marché du travail Activité des allocataires de l'API 60 API longue 50 API courte 40 30 20 Les femmes allocataires de l’API courte sont plus souvent actives, qu’elles aient ou non un emploi : 30 % sont au chômage (contre 24 % des allocataires de l’API longue) et 15 % sont actives occupées (contre 6 %). Très peu d’entre elles sont étudiantes, alors que c’est le cas de près de 10 % des allocataires de l’API longue. 10 0 Actif avec emploi Chômeur Inactif Etudiant non connu Les allocataires de l’API vivent le plus souvent dans des logements sociaux Parmi les bénéficiaires de l’API, 73 % perçoivent une aide au logement comme locataires ou accédant à la propriété. Quel que soit le type d’API perçue, elles vivent majoritairement dans des logements du parc public, mais le phénomène est plus marqué pour les allocataires de l’API longue (60 % contre 52 %). Les 27 % restantes ne perçoivent pas d’aide au logement : elles sont très rarement propriétaires et le plus souvent hébergées par leur famille - ou bien vivent dans des maisons d’accueil. Cette situation concerne davantage les allocataires de l’API longue que les allocataires de l’API courte (31 % contre 23 %). Des disparités sont repérées notamment entre le Sud du Finistère et les autres départements, probablement dues à la répartition spatiale de la population et à la structure du parc de logements en place. Sur la circonscription de la Caf de Quimper, et dans les deux catégories d’API, le parc privé recueille les plus forts taux de bénéficiaires : 57 % d’API longues (aucune autre Caf n’excède les 43 %) et 66 % d’API courtes (au moins 12 points de plus qu’ailleurs). Les Côtes-d’Armor présentent la même particularité pour les API courtes mais dans une bien moindre mesure. Taux de bénéficiaires de l'API selon le parc de logements et le département 80 public privé 80 60 60 40 40 20 20 0 NordFinistère SudFinistère Ile-etVilaine API longues Source : Caf 2004 46 - Dossier d’Octant n° 47 Côtesd’Armor 0 Morbihan public NordFinistère SudFinistère Ile-etVilaine API courtes Côtesd’Armor privé Morbihan Les allocataires de minima sociaux Les bénéficiaires de l’allocation supplémentaire du minimum vieillesse Au 31 décembre 2002, 4,2 % des Bretons âgés de 65 ans ou plus (soit 23 000 personnes) perçoivent une Allocation Supplémentaire Vieillesse versée par la Cram ou les MSA de la région. Les données fournies dans le cadre de cette étude ne permettent pas d’analyser finement leur profil ; elles livrent néanmoins quelques informations sur leurs caractéristiques socio-démographiques et de localisation. Les allocataires ont près de 80 ans en moyenne Plus de 80 % des allocataires de l’ASV vivent seuls, dont les trois quarts sont des femmes. La moitié des allocataires résident en milieu rural Plus de la moitié des allocataires vivent dans une commune de l’espace à dominante rurale. Dans ces communes, 5,6 % des personnes âgées de 65 ans ou plus perçoivent une ASV versée Alors que la moyenne d’âge de la population de 65 ans et plus atteint 74,7 ans en 2002, celle des allocataires de l’ASV est proche de 80 ans. L’âge moyen des allocataires avoisine 76,5 ans pour les hommes et dépasse 81 ans pour les femmes. L’ASV est en effet versée aux personnes dont les revenus (généralement des pensions ou des retraites) ne suffisent pas à atteindre un montant minimal de ressources. Or l’amélioration des droits à pension (durées de cotisation plus longues, sur de meilleurs salaires) et le développement de la biactivité conduisent à une baisse régulière du nombre des entrées dans le régime. Dossier d’Octant n° 47 - 47 Les allocataires de minima sociaux par la Cram ou les MSA, deux fois plus que dans les pôles urbains. Cette répartition explique les différences départementales observées : les Côtes-d’Armor comptent 49 allocataires pour 1 000 habitants, l’Ille-et-Vilaine 36 seulement. Les zones de concentration des bénéficiaires de l’ASV sont essentiellement situées en Bretagne centrale, dans le sud des Côtes-d’Armor et la partie est du Morbihan. Dans ces zones, la proportion d’anciens agriculteurs parmi les retraités est plus élevée qu’ailleurs, et le régime agricole devient nettement majoritaire : en moyenne 70 allocataires sur 100 sont rattachés à la MSA. A l’inverse, peu d’allocataires vivent dans les zones côtières et les agglomérations bretonnes. A Saint-Brieuc et Vannes, les pro- 48 - Dossier d’Octant n° 47 portions d’allocataires parmi les plus de 65 ans sont respectivement de 3,8 % et 3,4 %, à Rennes et Saint-Malo, autour de 2 %. Ici, la plupart des allocataires relèvent du régime général (le régime agricole concerne en moyenne moins de 12 allocataires sur 100). Faibles revenus et fortes proportions d’allocataires Cette localisation de la pauvreté des personnes âgées à partir de données sur l’ASV peut être confrontée à une autre approche, fondée sur les revenus fiscaux (voir page 23). La source fiscale fournit, pour toute zone de plus de 10 000 habitants, le revenu fiscal médian des ménages dont la personne de référence a plus de 75 ans. Environ 70 % des al- locataires de l’ASV ayant atteint cet âge, on peut considérer que ces ménages approchent correctement la population pouvant prétendre à l’ASV. L’analyse du revenu médian de cette tranche d’âge dans les groupements de communes de plus de 10 000 habitants s’accorde avec les conclusions faites précédemment. Les zones où les allocataires de l’ASV sont surreprésentés correspondent à des communautés de communes dont le niveau de revenu est faible (Châtelaudren-Plouagat dans les Côtes-d’Armor, Pays de Josselin dans le Morbihan, Baie du Kernic dans le Finistère et Pipriac en Ille-et-Vilaine). Parallèlement les groupements situés sur les côtes ou proches des grandes villes, où les personnes âgées sont plus aisées, coincident avec de faibles proportions d’allocataires. Identification de la population à bas revenus L’analyse de la pauvreté sous l’angle institutionnel a mis en évidence des différences de profils entre les bénéficiaires des mi- Population à bas revenus en Bretagne au 31 décembre 2002 (seuil à 60 %) Part de population à bas revenus* Bretagne 13,2 Côtes-d’Armor Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan 14,2 13,1 12,1 13,9 Pôles urbains Couronnes périurbaines Communes multipolarisées Rural 16,0 8,9 11,5 12,8 Saint-Brieuc Lorient Saint-Malo Brest Vannes Quimper Rennes 25,5 24,9 21,1 19,8 18,5 17,7 16,6 * Part de la population couverte dans la population de moins de 65 ans estimée au 01.01.2002 (en %). Source : Caf 2002, Caf 2003 - Insee estimations de population 2002 50 - Dossier d’Octant n° 47 nima sociaux (AAH, RMI, API) destinés aux moins de 65 ans. Fondée sur un critère de ressources, l’approche monétaire permet d’appréhender d’autres populations, et confirme la diversité des situations de pauvreté vécues. L’étude de la pauvreté des moins de 65 ans repose sur l’examen d’une partie de la population couverte par les Caf au 31 décembre 2002 : la population à bas revenus, dont le revenu par unité de consommation (Ruc) est inférieur à un seuil donné. L’identification de cette population dépend donc du revenu considéré, et du seuil de bas revenus choisi. En dehors des allocataires du RMI et de l’API qui déclarent trimestriellement leurs ressources, le revenu présent dans les fichiers Caf au 31 décembre 2002 n’est pas un revenu 2002 mais un revenu 2001 (voir page 14). Si ce décalage influe peu sur la mesure globale de la pauvreté, il surestime l’ampleur du phénomène pour certaines populations, en particulier les jeunes. Revenu actualisé Cette étude propose donc une nouvelle méthode d’identification de la population à bas revenus. Le revenu pris en compte est un revenu actualisé (un revenu 2002 connu ou reconstitué), qui se rapproche davantage des ressources réelles des allocataires à la date d’observation. La population à bas revenus correspond alors à l’ensemble des personnes (allocataires et personnes à charge) qui disposent d’un Ruc actualisé inférieur au seuil de bas revenus. Le seuil de bas revenus utilisé est un seuil à 60 % : en 2002, il vaut 863 euros par mois et par UC. Détaillée dans la partie Méthodologie (page 83), cette méthode d’identification reste très simple et gagnerait à être améliorée. Elle offre cependant une première approche de la dynamique de la pauvreté, et permet de limiter les biais dans la mesure et la description des formes de pauvreté. 1- Voir pages 15 (préambule) et 31 Pauvreté par commune en Bretagne (population à bas revenus couverte par les Caf) Part de bas revenus dans les moins de 65 ans (%) 14,8 12,9 11,6 9,9 Effectifs de population 29 910 9 970 ©IGN - Insee 2004 Source : Caf 2002 La pauvreté recouvre des réalités diverses La moitié des personnes sous le seuil de bas revenus disposent d’un revenu mensuel compris entre 520 et 770 euros par UC. En l’absence de prestations, leurs ressources seraient non seulement plus faibles mais aussi plus dispersées : entre 90 et 580 euros par mois et par UC. Les aides versées réduisent les écarts Les aides versées par les Caf réduisent donc significativement l’intensité de la pauvreté ; sans elles, 25 % des allocataires pauvres disposeraint de moins de 90 euros. Elles uniformisent égale- ment les ressources des personnes en difficulté, en garantissant par le versement de minima sociaux un seuil de revenu minimum : trois allocataires à bas revenus sur cinq disposent ainsi d’un Ruc compris entre 40 % et 60 % du revenu médian (entre 575 et 863 euros). La répartition des ressources au sein de la population à bas revenus est modifiée sous l’effet redistributif des prestations. Les allocataires ne sont pas tous dans la même situation de pauvreté : certains ne vivent qu’avec les aides versées, tandis que pour d’autres les ressources extérieures constituent l’essentiel du revenu. Distribution du revenu mensuel par UC dans la population à bas revenus 900 800 700 600 500 400 300 200 100 0 Avant prestations er 1 décile er 1 quartile Après prestations Médiane e 3 quartile e 9 décile Lecture : En l’absence de prestations, 25 % des personnes à bas revenus disposeraient de moins de 90 euros par mois et par UC, et 25 % de plus de 580 euros par mois et par UC. La redistribution élève les niveaux de revenus et réduit les écarts : après prestations, 25 % des personnes à bas revenus disposent de moins de 520 euros par mois et par UC, et 25 % de plus de 770 euros par mois et par UC. Source : Caf 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 51 40 % des allocataires pauvres perçoivent un minimum social Répartition des ressources dans la population à bas revenus Part des ressources (%) 100 après prestations avant prestations 80 60 40 20 0 0 20 40 60 80 100 Proportion de personnes à bas revenus (%) Lecture : La moitié la plus pauvre des personnes à bas revenus dispose de 43 % des ressources, pour 19 % seulement des revenus propres. La dépendance aux prestations est beaucoup plus marquée (74 % en moyenne) que pour l’autre moitié des personnes sous le seuil (21 %). Environ 53 400 allocataires à bas revenus perçoivent un minimum social, soit 40 % de l’ensemble des allocataires pauvres ; la population couverte représente 29 % de la population à bas revenus. Le RMI est alors le minimum le plus souvent versé. Ces allocataires sont très dépendants des prestations, qui constituent en moyenne 86 % de leurs ressources. Cette forte dépendance est liée à la proportion importante de chômeurs et d’inac- Source : Caf 2002 Répartition par type d’allocataires à bas revenus, avec ou sans minimum social (en %) Ensemble des allocataires à bas revenus Avec minimum social Sans minimum social 25,6 6,8 10,6 31,8 12,6 12,6 4,9 7,9 8,8 55,7 4,1 18,6 39,5 6,1 11,7 15,7 18,4 8,6 Couple avec travail Couple sans travail Isolé avec travail Isolé sans travail Famille monoparentale avec travail Famille monoparentale sans travail tifs (26 % et 54 %) : seulement 15 % disposent de revenus d’activité. La dépendance augmente lorsque s’ajoutent au minimum social des aides familiales ou de logement. Cette situation de cumul est favorisée par la présence d’enfants, c’est pourquoi elle est plus fréquente chez les allocataires de l’API : 94 % perçoivent des prestations familiales, et 72 % des prestations de logement. Leurs caractéristiques ne différent pas de celles observées chez l’ensemble des bénéficiaires de minima sociaux (Les allocataires de minima sociaux de moins de 65 ans, page39) : très peu sont des couples avec enfants, la plupart sont des personnes seules ou des parents isolés (respectivement 65 % et 23 %). L’intensité de la pauvreté dépend du minimum social perçu : les bénéficiaires du RMI et de l’API font partie des allocataires les plus en difficulté, tandis que les bénéficiaires de l’AAH disposent de ressources comparables à l’ensemble des allocataires à bas revenus. Source : Caf 2002 70 % des allocataires pauvres sans minima travaillent Revenu et dépendance des allocataires à bas revenus, avec ou sans minimum social Allocataires Population couverte Ruc médian Moyenne des prestations dans le revenu (%) Minima seuls dont AAH dont RMI dont API 21 709 11 366 10 224 119 24 067 12 296 11 550 221 430 569 357 394 84 84 85 74 Minima et autres prestations dont AAH dont RMI dont API 31 655 9 737 17 049 4 869 67 623 16 050 38 094 13 479 556 740 514 581 86 84 86 91 Sans minima Prestations familiales seules Logement seul Prestations familiales et logement 16 707 34 105 28 979 60 366 50 931 115 286 691 671 719 20 26 41 Source : Caf 2002 52 - Dossier d’Octant n° 47 Dans 60 % des cas, les allocataires à bas revenus ne perçoivent pas de minimum social. Parmi eux, 64 % bénéficient exclusivement d’allocations familiales ou de logement, et 36 % cumulent ces deux prestations. Contrairement aux allocataires pauvres bénéficiant de minima sociaux, ceux-là sont caractérisés par une forte activité : 70 % d’entre eux disposent de revenus du travail. Plus du tiers sont des couples ayant des enfants à charge, dont l’un au moins des deux conjoints travaille : la biactivité est alors plus fréquente chez ceux qui ont moins de trois enfants que chez les autres (10 % contre 4 %). Viennent en- suite les familles monoparentales exercant une profession et les personnes isolées sans travail. La dépendance aux prestations des allocataires pauvres sans minima est sans surprise moins marquée : les prestations des Caf représentent en moyenne 32 % de leurs ressources. Leurs revenus sont aussi plus élevés que ceux des bénéficiaires de minima, et compris pour la plupart entre 40 % et 60 % du revenu médian. Mais si leurs ressources dépassent le plafond du RMI ou de l’API, ces allocataires n’en sont pas moins en situation précaire. Leurs salaires sont trop faibles pour leur permettre de dépasser le seuil de bas revenus, et leurs emplois souvent instables : parmi les 30 % d’allocataires sans revenus d’activité, plus de la moitié sont au chômage. La moitié des ménages pauvres ont des enfants Un peu plus de la moitié des ménages à bas revenus ont des enfants, se répartissant à parts égales entre familles monoparentales et couples. Environ 27 % des familles à bas revenus sont des familles nombreuses (trois enfants et plus), avec une majorité de couples par rapport aux familles monoparentales. Population couverte selon la prestation perçue API RMI Bas revenus sans minimum social AAH 1 Les 141 500 enfants de la population à bas revenus vivent majoritairement dans des familles où le ou les parents travaillent, et qui ne perçoivent pas de minimum social. Néanmoins, 30 % d’entre eux vivent dans des familles sans revenu d’activité : plus de sept fois sur dix, il s’agit alors d’une famille monoparentale, bénéficiant du RMI ou de l’API. Les revenus dans ces familles sont faibles : le revenu médian par UC y est de 550 euros par mois (660 euros pour l’ensemble des familles à bas revenus) et le quart de ces familles vit avec moins de 460 euros par mois et par UC. Source : Caf 2002 Distribution du revenu mensuel par UC dans la population à bas revenus selon le minimum social 900 800 700 600 500 400 300 Ensemble er 1 décile AAH Sans minimum social 1 quartile Médiane er RMI e 3 quartile API e 9 décile Lecture : Au sein de la population à bas revenus, les trois quarts des personnes ne bénéficiant pas de minimum social disposent de plus de 570 euros par mois et par UC ; moins d’un quart des personnes couvertes par le RMI dépassent ce niveau de revenu. Source : Caf 2002 Répartition des enfants vivant dans une famille à bas revenus, par type de famille (en %) Répartition de la population pauvre sans minima par intervalles de revenus (en %) Couple avec travail dont famille nombreuse Couple sans travail dont famille nombreuse 53 24 11 5 50 Famille monoparentale avec travail dont famille nombreuse Famille monoparentale avec travail dont famille nombreuse 18 3 18 6 20 Source : Caf 2002 40 Allocataires Population couverte 30 10 0 moins de 140 € de 140 à 279 € de 280 à 418 € de 419 à 558 € de 559 à 698 €* de 699 à 838 € * 698 € correspond à la moitié du revenu médian, 838 € à 60 % du revenu médian. Source : Caf 2002 1- Ce chiffre résulte d’estimations réalisées par l’Insee Bretagne ; il n’est pas comparable aux chiffres publiés par le CERC (conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale) dans son rapport sur les enfants pauvres en France, qui sont obtenus par une méthode différente. Dossier d’Octant n° 47 - 53 Minimum social ne signifie pas toujours bas revenus ciaux, 22 % disposent de plus de 863 euros par mois et par UC. Les allocataires de minima sociaux représentent 40 % des allocataires à bas revenus et certains ont des revenus supérieurs au seuil (à 60 %) : parmi les 68 250 titulaires de minima so- Bas revenus 50 % (89 014) Bas revenus 60 % (133 155) 34 393 45 398 9 748 14 480 43 616 Minima sociaux (68 244) Les 15 000 allocataires de minima sociaux au-dessus du seuil sont principalement des allocataires de l’AAH (90 %). Ainsi, 42 % des allocataires de l’AAH se trouvent au-dessus du seuil de bas revenus (65 % si l’on considère le seuil à 50 % de la médiane) contre seulement 5 % des allocataires du RMI ou de l’API. C’est souvent le versement de prestations supplémentaires (en particulier l’aide au logement) qui permet à ces allocataires de dépasser le seuil. 4Pour les allocataires de l’AAH, la forte proportion de per- Les 225 allocataires de l’API concernés cumulent pour la plupart aide au logement et prestations familiales. tivité du conjoint qui fournissent des ressources complémentaires au minimum versé. Les allocataires de l’AAH ou du RMI ont quant à eux des caractéristiques assez proches : la moitié cumule minimum social et aide au logement, un quart bénéficie en plus de prestations familiales. Ceux qui perçoivent uniquement un minimum social disposent généralement de revenus hors prestations, dont la nature varie selon les cas : Cette situation plus favorable concerne essentiellement les allocataires appartenant à une famille avec enfants, qui peuvent ainsi bénéficier d’autres prestations. Les personnes isolées représentent environ 85 % des allocataires de minima sociaux à bas revenus et 62 % des allocataires dont le Ruc se situe au-dessus du seuil. sonnes ayant un taux d’incapacité supérieur à 80 % laisse supposer le cumul avec une aide complémentaire à la tierce personne (ACTP) versée par les conseils généraux, ou bien des pensions d’accident du travail ou d’anciens combattants. 4Pour les allocataires du RMI, c’est l’intéressement ou l’ac- Cumul de prestations pour les allocataires de minima sociaux situés au-dessus du seuil de bas revenus RMI AAH API 1 21 24 26 5 12 23 Minima seul Minima + aide au logement 1 Minima + prestations familiales 3 82 47 Source : Caf 2002 54 - Dossier d’Octant n° 47 55 Minima + prestations familiales + aide au logement Cinq grandes classes d’allocataires à bas revenus La diversité des situations vécues par les allocataires à bas revenus incite à considérer des formes de pauvreté plutôt qu’un type de pauvreté unique. Les méthodes statistiques de classification sont couramment utilisées pour découper des populations en grou1 pes homogènes . La typologie réalisée permet de dégager cinq grands profils d’allocataires à bas revenus. D’un profil à l’autre, la pauvreté prend des expressions différentes : plus ou moins intense, plus ou moins familiale, plus ou moins durable. Les deux classes suivantes regroupent essentiellement des personnes qui vivent seules. Les premières disposent de revenus d’activité ou de substituts, les secondes bénéficient de minima sociaux : au sein de chaque classe, les revenus sont hétérogènes suivant le montant des ressources propres et la nature des minima perçus. Dans la dernière classe, la faiblesse des revenus (liée à la monoactivité ou à l’absence d’activité) est renforcée par la présence d’enfants, ce qui mène à des situations de grande difficulté. Les familles des deux premiers profils recouvrent plus de la moitié de la population à bas revenus. Les revenus y sont plus élevés et surtout plus homogènes que dans les autres catégories. 1- Une Analyse des Correspondances Multiples (ACM) basée sur les variables liées au type de famille, à l’activité, aux prestations versées et à l’intensité de la pauvreté a été menée, suivie d’une classification ascendante hiérarchique. Distribution du revenu mensuel par UC dans la population à bas revenus 950 850 750 650 550 450 350 250 Ensemble er 1 décile Profil 1 Profil 2 er 1 quartile Profil 3 Médiane e Profil 4 3 quartile Profil 5 e 9 décile Lecture : Dans les familles à la frontière de la pauvreté (profil1), les trois quarts des personnes disposent de plus de 760 euros par mois et par UC. Au sein du profil 3 (personnes seules ne percevant qu’une aide au logement), ils ne sont que 25 % à dépasser ce niveau de revenu. Au sein du profil 5 (familles en grande difficulté), 90 % des personnes vivent avec 200 euros de moins (560 euros) par mois et par UC. Source : Caf 2002 Répartition par profils des allocataires à bas revenus (en %) Principales caractéristiques Profil 1 Profil 2 Profil 3 Profil 4 Profil 5 Familles à la frontière de la pauvreté Familles en difficulté Personnes seules, percevant uniquement une prestation logement Personnes seules, bénéficiaires de l’AAH ou du RMI Familles en grande difficulté Part des allocataires à bas revenus Part de la population à bas revenus 19,3 14,9 20,2 28,2 17,4 29,8 21,8 10,8 12,8 24,8 Source : Caf 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 55 Population à bas revenus Persistance de la pauvreté En dehors de son intensité, un autre aspect de la pauvreté peut être envisagé : celui de sa durée. Une exploitation longitudinale des fichiers d’allocataires des Caf a permis d’isoler, parmi les allocataires présents en 2002, ceux qui l’étaient en continu pendant cinq ans (de 1999 à 2003). Les allocataires restés sous le seuil de bas revenus durant ces cinq années constituent ce que l’on appellera par la suite le noyau dur de la pauvreté. Les travaux menés ici doivent être considérés comme exploratoires et leurs résultats interprétés avec précaution : peu d’études reposant sur des sources Caf ont abordé cet aspect temporel de la pauvreté. On notera notamment que : • les revenus utilisés dans cette approche n’ont pas fait l’objet d’une actualisation et prennent donc en compte les ressources hors prestations de l’année antérieure page 50) ; (voir • les calculs réalisés ne tiennent pas compte des phénomènes de troncature (allocataires entrés dans le fichier avant décembre 1999 ou sortis après décembre 2003), qui empêchent la mesure exacte des durées de pauvreté. Répartition des allocataires à bas revenus (en %) Allocataires pendant 5 ans 2,8 55,4 1,3 1,3 16,2 5,8 6,3 10,9 Allocataires en 2002 2,3 52,4 1,4 2,4 15,6 12,3 5,0 8,6 Type de famille Couple avec enfant(s) sans travail Couple avec enfant(s) avec travail Couple sans enfant sans travail Couple sans enfant avec travail Personne isolée sans travail Personne isolée avec travail Famille monoparentale sans travail Famille monoparentale avec travail Âge Moins de 25 ans De 25 à 39 ans De 40 à 49 ans 50 ans et plus 1,7 50,8 35,2 12,3 8,5 52,1 28,1 11,3 Prestations perçues Aide au logement Minimum social Prestations familiales 55,1 22,7 69,8 50,3 18,3 62,7 Lieu de résidence Pôles urbains Couronnes périurbaines Communes multipolarisées Rural 46,3 24,0 5,3 24,4 48,6 22,3 5,1 24,0 Source : Caf 1999-2003 Dossier d’Octant n° 47 - 61 Population à bas revenus Les allocataires présents pendant cinq ans Plus de la moitié de la population de référence au 31 décembre 2002 a bénéficié de prestations versées par les Caf bretonnes de 1999 à 2003. Cette sous-population présente en continu dans les fichiers Caf (194 000 allocataires) ne présente pas de caractéristiques très particulières, comparée à l’ensemble de la population de référence. Il s’agit cependant plus souvent de familles avec enfants disposant de revenus du travail, ce qui explique qu’ils soient plus âgés et qu’ils perçoivent plus fréquemment des prestations familiales. Pauvreté durable ou transitoire L’analyse sur cinq ans des revenus de ces allocataires met en évidence deux grands parcours de pauvreté. • En dehors d’une période de pauvreté continue, une partie de la population connaît une période plus favorable, avec des revenus supérieurs au seuil de bas revenus et approchant même le revenu médian. •A l’inverse, la pauvreté discontinue correspond souvent à des situations d’oscillations autour de seuil, et donc à des revenus faibles sur les cinq années. Lecture : 44 % des allocataires à bas revenus sont restés 5 ans sous le seuil de bas revenus (de 1999 à 2003). Source : Caf 1999-2003 Revenu moyen sur 5 ans selon le nombre d’années sous le seuil de bas revenus Ruc moyen (en % de la médiane) 94,8 73,1 64,9 58,3 52,4 41,1 0 1 2 3 4 5 Source : Caf 1999-2003 51 000 allocataires ont des bas revenus sur toute la période ; le quart des allocataires présents pendant cinq ans ont eu chaque année un Ruc inférieur à 60 % de la médiane. Ce noyau dur de la pauvreté couvre 123 000 personnes et représente plus du tiers des allocataires à bas revenus en 2002. connaissent rarement une évolution importante de leur niveau de vie. La pauvreté est un phénomène généralement durable : parmi eux presque 60 % sont restés sous le seuil au moins quatre ans ; 30 % n’ont connu qu’une année ou deux sous le seuil1. A partir de trois années de présence sous le seuil, le Ruc moyen sur cinq ans est inférieur au seuil de bas revenus. Il ne le dépasse que légèrement pour les allocataires qui ont des bas reve2 nus pendant deux ans . Le caractère continu ou discontinu de la pauvreté influe peu sur le niveau de revenu moyen calculé sur cinq ans. Cependant, les situations peuvent être très différentes : les personnes pauvres pendant plusieurs années consécutives dépassent largement le seuil lorsqu’ils sortent de la pauvreté ; en revanche, celles qui connaissent la pauvreté de manière discontinue demeurent toujours autour du seuil. Les résultats sont éloquents quand la pauvreté a duré trois ans, encore plus quand elle n’a duré que deux ans. Par ailleurs, la pauvreté est le plus souvent un phénomène qui dure plusieurs années de suite : 76 % des allocataires sous le La pauvreté transitoire reste exceptionnelle 1- Il faut noter que la durée réelle de la pauvreté est sous-estimée parce que le phénomène de troncature n’est pas pris en compte : la moitié des allocataires pauvres pendant un ou deux ans le sont en début ou fin de période, ce qui peut correspondre en réalité à la fin ou au début d’un cycle de pauvreté beaucoup plus long. Les allocataires qui se sont trouvés au moins une année sous le seuil de bas revenus (115 100) 2- Pour être correcte, l’analyse devrait là aussi tenir compte des biais liés à la troncature. Répartition des allocataires à bas revenus selon la durée de pauvreté (en %) Profil 1 Profil 2 Profil 3 Profil 4 Profil 5 Familles à la frontière de la pauvreté Familles en difficulté Personnes seules, sans minima Personnes seules, avec AAH et RMI Familles en grande difficulté Source : Caf 1999-2003 62 - Dossier d’Octant n° 47 1 an 11,1 4,7 3,3 1,9 5,6 2 ans 17,5 7,9 6,2 3,1 5,3 3 ans 18,3 10,6 9,2 4,7 5,9 4 ans 20,4 17,3 16,9 10,4 10,2 5 ans 32,7 59,5 64,4 79,9 73,0 Population à bas revenus seuil de bas revenus pendant deux ans, le sont de manière consécutive, et 63 % pour ceux qui ont connu la pauvreté pendant quatre ans. Pauvreté durable pour les personnes seules avec minima Le champ retenu ici se restreint aux 133 100 allocataires à bas revenus en 2002. Parmi eux, 60 % sont présents cinq ans de suite dans les fichiers Caf. Ce taux varie de 43 % (profil 3) à plus de 70 % (profils 1 et 2). Certains allocataires du profil 3 sont en effet de jeunes actifs sans charge de famille, qui sont plus mobiles et qui peuvent sortir des fichiers Caf lors de leur insertion dans la vie active. L’analyse des durées de pauvreté confirme que le degré de difficulté vécue varie selon les profils : pour certains le risque de pauvreté durable est plus élevé que pour d’autres. Ainsi les premier et quatrième profils correspondent aux configurations les plus extrêmes. Un tiers des familles à la frontière de la pauvreté sont pauvres sur toute la période, alors que le sont 80 % des personnes seules bénéficiant de l’AAH ou du RMI. De même, près de 30 % du profil 1 se sont trouvés seulement un ou deux ans sous le seuil de bas revenus, contre 5 % pour le profil 4. Au sein du noyau dur de la pauvreté, on trouve surtout des personnes isolées, vivant en pôle urbain et percevant en 2002 un minimum social. Plus de la moitié des allocataires durablement sous le seuil de bas revenus sont inactifs. La perception d’un minimum social selon le profil de pauvreté (en %) Profil 1 Profil 2 Profil 3 Profil 4 Profil 5 Familles à la frontière de la pauvreté Familles en difficulté Personnes seules, sans minima Personnes seules, avec AAH et RMI Familles en grande difficulté Allocataires ayant perçu un minimum social pendant 5 ans 1,4 12,2 87,1 39,2 Allocataires n’ayant jamais perçu de minimum social 78,8 59,0 70,9 23,8 Source : Caf 1999-2003 Analyse du noyau dur de la pauvreté (en %) Allocataire pauvre pendant 5 ans 6,0 13,4 4,5 1,9 0,8 0,1 38,7 5,3 16,2 13,1 Type de famille Couple avec enfant(s) sans revenu Couple avec enfant(s) avec 1 revenu Couple avec enfant(s) avec 2 revenus Couple sans enfant sans revenu Couple sans enfant avec 1 revenu Couple sans enfant avec 2 revenus Personne isolée sans revenu Personne isolée avec revenu Famille monoparentale sans revenu Famille monoparentale avec revenu Activité de l’allocataire Chômage Actif occupé Sans activité (hors retraité) Autre 18,9 30,4 45,0 5,7 Âge Moins de 25 ans De 25 à 39 ans De 40 à 49 ans 50 ans et plus 3,0 37,2 34,5 25,3 Niveau de vie Part moyenne des prestations dans le revenu Ruc médian (en euros) 62,8 569 Lieu de résidence Pôles urbains Couronnes périurbaines Communes multipolarisées Rural 59,5 12,9 4,2 23,4 Prestations perçues en 2002 Aide au logement seulement Minimum social + aide au logement Minimum social + prestations familiales Minimum social seulement Prestations familiales + aide au logement Prestations familiales seulement Minimum social + aide au logement + prestations familiales 19,6 13,7 3,2 19,9 21,7 6,9 15,0 Profil de pauvreté Profil 1 : familles à la frontière de la pauvreté Profil 2 : familles en difficulté Profil 3 : personnes seules sans minima Profil 4 : personnes seules avec minima Profil 5 : familles en grande difficulté 22,6 17,3 14,3 26,8 19,0 Source : Caf 1999-2003 Dossier d’Octant n° 47 - 63 Cartographie de la pauvreté urbaine En Bretagne, l’espace urbain concentre plus de 70 % de la population à bas revenus des Caisses d’allocations familiales. Cette partie propose donc une localisation de la pauvreté urbaine, en particulier dans les sept principales agglomérations bretonnes et leurs villes-centres. Trois modes de cartographie de la pauvreté sont proposés. Le premier donne le taux de pauvreté par commune dans les agglomérations. Le deuxième mesure la concentration de la pauvreté et représente, par quartier dans les villes-centres, le nombre d’habitants à bas revenus (population couverte par les allocataires à bas revenus). Le troisième concerne les profils de pauvreté rencontrés et représente, pour chacune des villes-centres, la spécificité des 1 Iris . Dans les représentations par quartier, le secret statistique est respecté en ne fournissant aucune information pour les iris de moins de 100 allocataires. Afin d’éviter les biais, les personnes non localisées ou domiciliées à une adresse administrative (services de tutelle, 2 CCAS) ne sont pas prises en compte . La carte des formes de pauvreté met en évidence les Iris spécifiques, pour lesquels la part d’un profil de pauvreté est plus de 1,5 fois supérieure à celle de la ville-centre (il peut y avoir deux profils dominants, dans ce cas le plus marqué vient en premier). La spécificité est dite forte (et repérée par un point) si la part du profil de pauvreté dominant est plus de 2 fois supérieure à celle de la ville-centre. Là encore, les personnes non localisées ou domiciliées à une adresse administrative ne sont pas prises en compte. Rappelons les cinq grands types de pauvreté distingués en troisième partie (page 55) : 1. les familles à la frontière de la pauvreté, 2. les familles en difficulté, 3. les personnes seules sans minima, 4. les personnes seules avec minima, 5. les familles en grande difficulté. 1- Iris 2000 : découpage du territoire urbain qui comprend entre 1 800 et 4 000 habitants 2- A Saint-Brieuc, elles représentent 4 % de la population à bas revenus, à Brest 6 %, à Quimper 9,7 %, à Rennes 2,4 %, à Saint-Malo 0,2 %, à Lorient 3,7 % et 6,2% à Vannes. Dossier d’Octant n° 47 - 65 Communauté d’agglomération Briochine (Cabri) Taux de pauvreté dans les communes de plus de 10 000 habitants Allocataires à bas revenus Saint-Brieuc Ploufragan Plérin Autres communes Cabri Population à bas revenus 4 390 600 490 1 081 6 561 9 348 1 596 1 114 3 169 15 227 Répartition de la population à bas revenus (%) Taux de pauvreté* (%) 61,4 10,5 7,3 20,8 100,0 25,5 17,3 10,5 9,4 16,9 * Part de la population à bas revenus dans la population de moins de 65 ans estimée au 1 er janvier 2002 Source : Caf 2002, Insee 2002 Taux de pauvreté des communes de la Cabri En % 15 12 10 Pordic Plérin secret statistique Saint-Brieuc Langueux Ploufragan Plédran © IGN - Insee 2004 Trégueux Source : CAF 2002 66 - Dossier d’Octant n° 47 Répartition de la population à bas revenus à Saint-Brieuc par iris Concentration de la pauvreté dans les quartiers de l'Europe, la Ville Oger et le Plateau L'Europe Le point du jour Le Plateau Sainte-Thérèse 1 000 700 400 250 La Ville Oger © IGN - Insee 2004 Robien Nombre de personnes secret statistique Source : CAF 2002 Formes de pauvreté à Saint-Brieuc Pas de profil dominant 1 3 3 et 4 4 Forte spécificité © IGN - Insee 2004 Profils dominants par iris iris peu peuplé Source : CAF 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 67 Communauté urbaine de Brest (Brest Métropole Océane) Taux de pauvreté dans les communes de plus de 10 000 habitants Brest Le Relecq-Kerhuon Plougastel-Daoulas Plouzané Guipavas Autres communes Brest Métropole Océane Allocataires à bas revenus Population à bas revenus 11 497 367 307 270 268 344 13 053 24 425 827 741 766 682 894 28 335 Répartition de la population à bas revenus (%) Taux de pauvreté* (%) 86,2 2,9 2,6 2,7 2,4 3,2 100,0 19,8 8,9 7,1 6,9 6,1 6,1 15,8 * Part de la population à bas revenus dans la population de moins de 65 ans estimée au 1 er janvier 2002 Source : Caf 2002, Insee 2002 Taux de pauvreté des communes de Brest Métropole Océanne En % 15 10 7 5 Gouesnou Guipavas Bohars Guilers Brest Le RelecqKerhuon Plougastel-Daoulas © IGN - Insee 2004 Plouzané Source : CAF 2002 68 - Dossier d’Octant n° 47 Répartition de la population à bas revenus à Brest par iris Concentration de la pauvreté dans les quartiers de Pontanezen, Kerourien/Valy-Hir et Keredern Nombre de personnes 1 000 700 400 250 secret statistique Pontanezen Kerourien/Valy-Hir © IGN - Insee 2004 Keredern Source : CAF 2002 Formes de pauvreté à Brest Profils dominants par iris Pas de profil dominant 1 2 3 3 et 4 4 4 et 3 5 Forte spécificité © IGN - Insee 2004 iris peu peuplé Source : CAF 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 69 Communauté d’agglomération de Quimper (Quimper Communauté) Taux de pauvreté dans les communes de plus de 10 000 habitants Allocataires à bas revenus Quimper Autres communes Quimper Communauté 4 656 611 5 267 Population à bas revenus Répartition de la population à bas revenus (%) 9 360 1 564 10 924 Taux de pauvreté* (%) 85,7 14,3 100,0 17,7 8,7 15,4 * Part de la population à bas revenus dans la population de moins de 65 ans estimée au 1 er janvier 2002 Source : Caf 2002, Insee 2002 Taux de pauvreté des communes de Quimper Communauté Plogonnec Guengat Plonéis Ergué-Gabéric Quimper En % 15 10 9 8 Plomelin © IGN - Insee 2004 Pluguffan Source : CAF 2002 70 - Dossier d’Octant n° 47 Répartition de la population à bas revenus à Quimper par iris Concentration de la pauvreté dans les quartiers de Rue de Vendée/Bd de Bretagne et Place d'Écosse/Rue du Limousin Place d'Écosse/ Rue du Limousin Kermoisan Nombre de personnes Coz Maner/Kernoter 1 000 700 400 250 © IGN - Insee 2004 Rue de Vendée/ Bd de Bretagne Source : CAF 2002 Formes de pauvreté à Quimper Profils dominants par iris Pas de profil dominant 2 3 3 et 1 3 et 4 Forte spécificité © IGN - Insee 2004 1 1 et 2 iris peu peuplé Source : CAF 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 71 Communauté d’agglomération de Rennes (Rennes Métropole) Taux de pauvreté dans les communes de plus de 10 000 habitants Rennes Bruz Cesson-Sévigné Autres communes Rennes Métropole Allocataires à bas revenus Population à bas revenus 14 322 333 299 3 077 18 031 29 910 727 604 7 623 38 864 Répartition de la population à bas revenus (%) Taux de pauvreté* (%) 77,0 1,9 1,6 19,5 100,0 16,6 5,8 4,8 6,1 11,8 * Part de la population à bas revenus dans la population de moins de 65 ans estimée au 1 er janvier 2002 Source : Caf 2002, Insee 2002 Taux de pauvreté des communes de Rennes Métropole En % 15 10 7 5 secret statistique Rennes CessonSévigné Le Rheu Saint-Jacques de la Lande NoyalChatillonsur-Seiche Chartresde-Bretagne Bruz Vern-surSeiche © IGN - Insee 2004 Mordelles Source : CAF 2002 72 - Dossier d’Octant n° 47 Répartition de la population à bas revenus à Rennes par iris Concentration de la pauvreté dans les quartiers de Saint-Benoit, Brno et Cimetière du Nord Nombre de personnes Cimetière du Nord 1 000 700 400 250 Le Gast Est Brno secret statistique Cleunay Est Le Landrel Est/ Les Hautes Ourmes Canada Saint-Benoit © IGN - Insee 2004 Villejean Sud-Ouest Source : CAF 2002 Formes de pauvreté à Rennes Profils dominants par iris Pas de profil dominant 1 1 et 2 2 3 3 et 4 4 5 Forte spécificité © IGN - Insee 2004 iris peu peuplé Source : CAF 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 73 Communauté d’agglomération de Saint-Malo Taux de pauvreté dans les communes de plus de 10 000 habitants Allocataires à bas revenus Saint-Malo Autres communes CA Saint-Malo Répartition de la population à bas revenus (%) Population à bas revenus 3 622 833 4 455 8 405 2 308 10 713 Taux de pauvreté* (%) 78,5 21,5 100,0 21,1 12,2 18,2 * Part de la population à bas revenus dans la population de moins de 65 ans estimée au 1 er janvier 2002 Source : Caf 2002 - Insee 2002 Taux de pauvreté des communes de l'agglomération de Saint-Malo Cancale Saint-Coulomb Saint-Malo Saint-Méloir des Ondes Hirel Saint-Père La Fresnais 15 13 10 Plerguer © IGN - Insee 2004 En % secret statistique Source : CAF 2002 74 - Dossier d’Octant n° 47 Répartition de la population à bas revenus à Saint-Malo par iris Concentration de la pauvreté dans le quartier de La Découverte Nombre de personnes 1 000 700 400 250 secret statistique © IGN - Insee 2004 La Découverte La Madeleine - La Hulotais Source : CAF 2002 Formes de pauvreté à Saint-Malo Profils dominants par iris Pas de profil dominant 1 3 et 4 4 © IGN - Insee 2004 iris peu peuplé Source : CAF 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 75 Communauté d’agglomération du pays de Lorient (Cap l’Orient) Taux de pauvreté dans les communes de plus de 10 000 habitants Allocataires à bas revenus Population à bas revenus 5 399 1 656 816 559 2 609 11 039 11 852 4 276 1 827 1 328 6 431 25 714 Lorient Lanester Hennebont Plœmeur Autres communes Cap l’Orient Répartition de la population à bas revenus (%) Taux de pauvreté* (%) 46,1 16,6 7,1 5,2 25,0 100,0 24,9 23,6 16,2 8,5 11,2 17,1 * Part de la population à bas revenus dans la population de moins de 65 ans estimée au 1 er janvier 2002 Source : Caf 2002 - Insee 2002 Taux de pauvreté des communes de Cap l'Orient Hennebont Lanester Lorient En % 15 12 10 © IGN - Insee 2004 Plœmeur secret statistique Source : CAF 2002 76 - Dossier d’Octant n° 47 Répartition de la population à bas revenus à Lorient par iris Concentration de la pauvreté dans les quartiers de Parc du Scorff et Kervenanec sud Parc du Scorff Kervenanec Nord Nombre de personnes 1 000 700 400 250 secret statistique © IGN - Insee 2004 Kervenanec Sud Source : CAF 2002 Formes de pauvreté à Lorient Profils dominants par iris 1 3 3 et 4 4 Forte spécificité © IGN - Insee 2004 Pas de profil dominant iris peu peuplé Source : CAF 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 77 Communauté d’agglomération de Vannes Taux de pauvreté dans les communes de plus de 10 000 habitants Allocataires à bas revenus Vannes Autres communes CA Vannes Répartition de la population à bas revenus (%) Population à bas revenus 3 726 1 948 5 674 8 224 5 036 13 260 Taux de pauvreté* (%) 62,0 38,0 100,0 18,6 9,0 13,2 * Part de la population à bas revenus dans la population de moins de 65 ans estimée au 1 er janvier 2002 Source : Caf 2002 - Insee 2002 Taux de pauvreté des communes de l'agglomération de Vannes En % 15 10 9 8 secret statistique Elven Plescop Saint-Avé Ploeren Vannes Theix © IGN - Insee 2004 Séné Source : CAF 2002 78 - Dossier d’Octant n° 47 Répartition de la population à bas revenus à Vannes par iris Concentration de la pauvreté dans les quartiers de Kercado et Ménimur Ménimur 1 © IGN - Insee 2004 Nombre de personnes Kercado 1 000 700 400 250 secret statistique Source : CAF 2002 Formes de pauvreté à Vannes Profils dominants par iris Pas de profil dominant 1 2 3 3 et 4 4 4 et 3 Forte spécificité © IGN - Insee 2004 iris peu peuplé Source : CAF 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 79 Méthode pour identifier la population à bas revenus La source Caf reste aujourd’hui la source administrative la plus utilisée pour appréhender la pauvreté au niveau local. La connaissance du revenu disponible des allocataires permet d’identifier au sein de la population couverte par les Caf une po- pulation à bas revenus, que l’on peut dénombrer, caractériser, localiser. La notion de revenu dans les fichiers Caf connaît cependant certaines limites, propres aux données fiscales, qui peuvent biaiser la mesure de la pauvreté. Cette étude tente de remédier à la dernière d’entre elles en introduisant une méthode actualisée d’identification de la population à bas revenus. Nous en détaillons ici les principes et les enseignements. Les limites de la notion de revenu Dans les fichiers Caf au 31 décembre 2002, les ressources des foyers allocataires sont assimilées au revenu mensuel disponible avant impôt, calculé à partir des ressources fiscales déclarées au titre de l’année 20011 et des prestations servies en 2002. Ramenées au nombre d’unités de consommation du foyer, elles fournissent le revenu par unité de consommation (Ruc) de chaque personne cou- 1- Excepté pour les allocataires du RMI ou de l’API, soumis à une obligation de déclaration trimestrielle des ressources 82 - Dossier d’Octant n° 47 verte. Cette définition entraîne certaines limites dans la notion de revenu, liées aux éléments entrant dans sa composition et au décalage temporel qui les sépare. Ressources prises en compte et mode de calcul Prestations. Les prestations comptabilisées dans le revenu disponible des allocataires sont celles qui sont versées mensuel- lement au titre du mois de décembre 2002. Certaines aides versées ponctuellement (allocation de rentrée scolaire, aide à la famille pour l’emploi d’une assistante maternelle agréée…) ne sont donc pas retenues. Revenus. Afin de mieux appréhender les ressources réelles des personnes, certaines études tiennent compte des revenus non monétaires (en particulier le fait d’être propriétaire de son logement ou logé gratuitement) ou des revenus non soumis à imposition (rentes d’accidents du travail, revenus d’assistante ma- Méthodologie des bas revenus ternelle, etc.). L’introduction d’un tel correctif était impossible dans le cadre de cette étude. Revenus non déterminés. Le Ruc ne peut être calculé lorsque l’allocataire n’a pas transmis à la Caf sa déclaration annuelle de revenus 2001. Cette restriction n’introduit pas de biais majeur dans la quantification des bas revenus. D’une part elle concerne peu d’allocataires (3 % de la population de référence en 2002), d’autre part ces allocataires font rarement partie de la population à bas revenus : la grande majorité d’entre eux ne déclarent pas leurs revenus parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent prétendre à une prestation servie sous critères de ressources. Conversion revenu annuel - revenu mensuel. Dans le calcul du Ruc, le revenu brut mensuel des allocataires est reconstitué théoriquement, en divisant par 12 le montant des ressources déclarées au titre de l’année 2001. De ce fait certains Ruc peuvent être minorés comme dans l’exemple suivant : un allocataire repreer nant un emploi le 1 septembre 2001 aura déclaré un revenu égal à son salaire mensuel multiplié par 4, mais dans le calcul du Ruc son revenu brut mensuel sera évalué au douzième de cette somme, soit trois fois moins que son revenu réel. Décalage entre revenu déclaré et prestations Les droits aux prestations des allocataires et leurs caractéristiques sociodémographiques correspondent à leur situation de décembre 2002. Excepté pour les allocataires du RMI et de l’API, le Ruc n’est en revanche pas un revenu mensuel 2002, puisqu’il est calculé à partir des ressources déclarées en 2001. Ce décalage entre l’actualité des ressources et la date d’observation peut biaiser la mesure de la pauvreté : en particulier de jeunes actifs peuvent être considérés comme pauvres car leurs ressources en 2001 sont quasi nulles (ils sont encore étudiants ou n’ont travaillé que quelques mois), alors que leur revenu 2002 est en réalité situé au dessus du seuil. C’est pourquoi cette étude propose l’introduction d’un Ruc actualisé, plus proche de la situation monétaire réelle vécue par les allocataires à la fin de l’année 2002. Actualisation du revenu La méthode de calcul du Ruc actualisé consiste à remplacer les ressources déclarées au fisc au titre de l’année 2001 par celles déclarées pour l’année 2002. Le plus souvent ces dernières peuvent être connues ; dans le cas contraire elles font l’objet d’une imputation. Dans 89 % des cas, les allocataires présents dans les fichiers Caf en 2002 continuent à percevoir des prestations l’année suivante. Ils figurent alors dans les fichiers Caf de décembre 2003, avec un montant de ressources déclarées pour l’année 2002. La plupart du temps ce montant est connu et permet de reconstituer un Ruc 2002 ; il est indéterminé une fois sur dix, lorsque les allocataires n’ont pas transmis leur déclaration annuelle de revenus à la Caf. Ces allocataires qui bénéficient de prestations sans conditions de ressources sont très rarement en situation de pauvreté : on peut donc les exclure de la population à bas revenus, sans chercher à calculer pour eux un Ruc actualisé. Calcul du Ruc actualisé (hors allocataires du RMI ou de l’API) Catégorie* Ruc actualisé 1 2 3 Ruc 2002 Inconnu mais supérieur au seuil de pauvreté Ruc 2001* (1 + 0,0297) 4 Inconnu mais supérieur au seuil de pauvreté Type d’allocataire Dans fichiers Caf au 31.12.2003, revenus connus Dans fichiers Caf au 31.12.2003, revenus inconnus Hors fichiers Caf au 31.12.2003 (mutation ou perte de prestations familiales) Hors fichiers Caf au 31.12.2003 (sans enfants, perte de prestations familiales) * La catégorie 1 représente 80 % des allocataires, la catégorie 2 : 9 % et les catégories 3 et 4, 5,5 % chacune. Source : Caf 2002, Caf 2003 Dossier d’Octant n° 47 - 83 Méthodologie des bas revenus Dans 11 % des cas, les allocataires sont absents des fichiers Caf en 2003 (catégories 3 et 4). Dans le cadre de cette étude, il est impossible de déterminer les causes d’interruption des droits (augmentation du revenu, mobilité, mise en couple, accession à la propriété, décès…). La méthode d’imputation proposée ici distingue trois configurations : • • 2,5 % des allocataires ont quitté la région et dépendent en 2003 d’une Caf non bretonne. Le maintien des droits au sein du régime favorise l’hypothèse d’invariance du niveau de vie : on considère qu’entre 2001 et 2002 le Ruc a évolué comme le revenu disponible par habitant des ménages français (+ 2,97 %). 3 % des allocataires ont des enfants et ne perçoivent plus de prestations Caf en 2003. La plupart d’entre eux bénéficient en 2002 de prestations familiales pour la dernière année (exemple : familles de deux enfants dont l’aîné va avoir 20 ans). Ceci incite à faire là aussi l’hypothèse la plus simple, à savoir considérer que le niveau de vie est resté le même. • 5,5 % des allocataires sont sans enfants et ne perçoivent plus de prestations Caf en 2003 (catégorie 4). Ils bénéficient en 2002 d’aides au logement uniquement, et sont très majoritai- rement de jeunes actifs disposant en 2001 de peu de revenus. Ces caractéristiques laissent à penser que ces allocataires n’ont plus de droits en cours car leurs ressources en 2002 dépassent le plafond des prestations, et que leurs ressources 2001 correspondent à des revenus partiels (stage, début d’activité). L’hypothèse d’invariance des revenus n’est pas valide ici, et il est vraisemblable d’exclure ces alloca- taires du champ des bas revenus. permettrait en particulier de faire des hypothèses moins radicales sur l’évolution des revenus. Pour être correct, un tel travail devrait tenir compte du profil spécifique des allocataires aux revenus manquants et enrichir les données Caf de variables auxiliaires (motifs d’interruption des droits, type d’activité, durée de chômage…), ce qui le rend assez complexe. L’objectif ici n’est donc pas d’obtenir une mesure exacte de la pauvreté, mais de proposer une première prise en compte du biais lié au décalage des ressources, pour limiter son impact dans l’analyse des formes de pauvreté. La méthode d’imputation retenue est grossière et aurait besoin d’être affinée. Une modélisation Actualisation du seuil de bas revenus Jusqu’à présent, les seuils retenus pour mesurer la pauvreté étaient des seuils 2001 : les revenus actualisés étant des revenus 2002, les seuils à utiliser désormais sont des seuils 2002. Seuil de bas revenus 2001 et 2002 Le seuil de bas revenus est actualisé par l’évolution du revenu disponible par habitant, par conséquent il augmente lui aussi de 2,97 % entre 2001 et 2002 : pour les allocataires de la catégorie 3, le positionnement par rapport au seuil de bas revenus reste le même, qu’on travaille sur les revenus 2001 ou les revenus 2002. (en euros, par mois et par UC) 50 % du revenu médian 60 % du revenu médian Source : Cnaf 84 - Dossier d’Octant n° 47 2001 698,22 837,86 2002 718,97 862,76 Là encore, l’estimation de la pauvreté est sensible au seuil choisi : avec un seuil à 60 % du revenu médian, 44 000 alloca- taires (118 000 personnes) supplémentaires sont comptabilisés au sein des bas revenus. Afin d’approcher au mieux la diversité des situations vécues, c’est ce dernier seuil qui sert à délimiter le champ de la pauvreté. Méthodologie des bas revenus Impact sur la mesure de la pauvreté Une combinaison d’entrées et de sorties de pauvreté Moins d’allocataires à bas revenus L’estimation de la pauvreté diminue légèrement avec l’actualisation des revenus : le nombre d’allocataires à bas revenus passe de 149 000 à 133 000, et la population à bas revenus de 340 000 à 318 000. Le taux de pauvreté régional s’en trouve modifié et perd 0,9 point (13,2 % au lieu de 14,1 %). En tenant compte d’une situation de revenu plus récente (2002 au lieu de 2001), davantage d’allocataires dépassent donc le seuil de bas revenu. Cette situation résulte en partie de la méthode d’imputation présentée plus haut, qui exclut du champ des bas revenus certains allocataires aux revenus indéterminés : pour la catégorie 2 cela Population à bas revenus en Bretagne au 31 décembre 2002 (seuil à 60 %) Part de population à bas revenus* sans actualisation 14,1 avec actualisation 13,2 Côtes-d’Armor Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan 15,0 13,9 13,1 14,8 14,2 13,1 12,1 13,9 Pôles urbains Couronnes périurbaines Communes multipolarisées Rural 17,3 6,4 12,0 13,6 16,0 8,9 11,5 12,8 Saint-Brieuc Lorient Saint-Malo Brest Vannes Quimper Rennes 27,7 26,2 22,7 21,2 20,7 19,3 18,5 25,5 24,9 21,1 19,8 18,5 17,7 16,6 Bretagne * Part de la population à bas revenus dans la population de moins de 65 ans estimée au 01.01.2002 (en %). Source : Caf 2002 , Caf 2003 - Insee estimations de population 2002 Dossier d’Octant n° 47 - 85 Méthodologie des bas revenus n’a pas d’incidence (aucun d’entre eux n’est pauvre en 2001), mais 53 % des allocataires de la catégorie 4 sortent ainsi arbitrairement de pauvreté. Rappelons cependant que la plupart de ces sorties sont réelles, car ces allocataires ont très probablement des revenus 2002 situés au- dessus du seuil. Le nombre d’allocataires à bas revenus diminue aussi chez ceux dont les revenus sont connus (catégorie 1) : les entrées dans le champ des bas revenus sont en effet moins nombreuses que les sorties. Les entrées et sorties de pauvreté se font à la frontière du seuil L’actualisation des revenus a été réalisée pour se rapprocher de la situation monétaire réelle vécue par les allocataires en 2002, et mieux juger des formes de pauvreté. Elle permet aussi une première approche de la dynamique des bas revenus. Parmi les 269 000 allocataires dont les revenus sont connus en 2001 et en 2002, 15 700 ont des bas revenus en 2002 alors que leur revenu 2001 était au dessus du seuil ; inversement, 21 300 sont au dessus du seuil de bas revenus en 2002, alors qu’en 2001 ils étaient en dessous. Ces mouvements concernent le plus souvent des allocataires dont les revenus sont proches du seuil. Dans plus de la moitié des cas, les Rucs des deux années restent compris entre 45 % et 75 % du revenu médian : une légère variation des ressources peut alors les faire basculer d’un côté ou de l’autre de la pauvreté. Surtout des allocataires qui travaillent L’emploi joue un rôle déterminant dans ces transitions. Les allocataires en « entrée - sortie » travaillent beaucoup plus souvent que l’ensemble des allocataires pauvres (62 % contre 39 %). Évolution de revenu des allocataires en entrée ou sortie de pauvreté (catégorie 1) Allocataires entrants Allocataires sortants Variation Variation dans l’intervalle (%) médiane [seuil à 50 % - seuil à 70 %] [seuil à 45 % - seuil à 75 %] du Ruc - 230 euros 40 54 + 296 euros 35 54 Source : Caf 2002, Caf 2003 86 - Dossier d’Octant n° 47 Plus de la moitié des entrants sont des couples avec enfants, où l’un au moins des deux parents travaille. L’entrée dans la pauvreté est alors vraisemblablement liée à une diminution des revenus d’activité (baisse de salaire, passage à temps partiel, perte d’emploi…). On retrouve chez les allocataires sortants les mêmes profils (40 % de couples avec enfants et en activité), mais aussi de jeunes actifs occupés (23 %) : entre 2001 et 2002, ces jeunes ont pu trouver un premier emploi, ou un poste mieux rémunéré. Cette surreprésentation des personnes en emploi se retrouve aussi chez les allocataires de l’AAH : 28 % des entrants et 37 % des sortants exercent une activité, contre 9,5 % pour l’ensemble des bénéficiaires de la prestation. Méthodologie des bas revenus La pauvreté des jeunes est à relativiser Des constatations faites plus haut, il ressort que l’actualisation des ressources a un impact qui dépend du type d’allocataire. C’est surtout chez les jeunes actifs vivant seuls que le nombre d’allocataires à bas revenus diminue : le mode d’imputation retenu accentue le phénomène, mais il subsiste même si l’on se restreint aux champ des revenus 2002 observables. La baisse du taux de pauvreté est plus marquée dans les espaces où vivent de jeunes actifs : elle est de 7,2 % dans les pôles ur- bains (2,5 points de plus que dans le périurbain), et concerne davantage les départements d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan. Cette révision à la baisse du nombre d’allocataires à bas revenus met bien en évidence le problème de la surestimation de la pauvreté à partir des méthodes usuelles. Elle reste néanmoins trop radicale : les nouveaux chiffres qui apparaissent ici ne sont donc pas à prendre en tant que tels, mais fournissent plutôt un encadrement de la pauvreté réelle. Flux d’entrées-sorties par profils Entrées Sorties Flux 8 408 1 073 1 504 2 703 1 282 723 11 093 792 10 958 4 372 3 398 709 dont catégories 1, 2 et 3 9 400 563 4 952 2 301 3 398 709 30 ans et moins Plus de 30 ans 3 640 12 053 15 264 16 058 7 740 13 583 - 11 624 - 4 005 - 4 100 - 1 530 Ensemble 15 693 31 322 21 323 - 15 629 - 5 630 totales Couple avec travail Couple sans travail Isolé avec travail Isolé sans travail Famille monoparentale avec travail Famille monoparentale sans travail - 2 685 281 - 9 454 - 1 669 - 2 116 14 dont catégories 1, 2 et 3 - 992 510 - 3 448 402 - 2 116 14 totaux Source : Caf 2002, Caf 2003 Dossier d’Octant n° 47 - 87 Glossaire Aire urbaine Une aire urbaine est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle urbain et de communes rurales ou d’unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci. habitants en 1990 ou 1999. Un Iris comprend entre 1 800 et 4 000 habitants. Médiane La médiane d’une variable numérique sépare la population en deux groupes de taille égale : la moitié des personnes se situe au-dessous de cette valeur, et l’autre moitié au-dessus. Communes multipolarisées Communes rurales et unités urbaines situées hors des aires urbaines, dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans plusieurs aires urbaines sans atteindre ce seuil avec une seule d’entre elles, et qui forment un ensemble d’un seul tenant. Commune rurale Commune non agglomérée de l’espace à dominante rurale. Couronne périurbaine La couronne périurbaine recouvre l’ensemble des communes de l’aire urbaine à l’exclusion de son pôle urbain. Dares Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques du Ministère de l’emploi, du travail et de la cohésion sociale. Décile Le premier décile d’une variable numérique est la valeur seuil telle que 10 % des personnes se situent en-dessous de cette valeur, et 90 % au-dessus. Le neuvième décile d’une variable numérique est la valeur seuil telle que 90 % des personnes se situent en-dessous de cette valeur, et 10 % au-dessus. Drees Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques du ministère de la Santé et de la Protection sociale. Espace à dominante rurale L’espace rural ou à dominante rurale regroupe les communes non prises en compte par le zonage en aire urbaine. Il comprend à la fois des petites unités urbaines et des communes rurales. En France, cet espace est très vaste, il représente 70 % de la superficie totale et les deux tiers des communes. Pôle urbain Unité urbaine offrant au moins 5 000 emplois et qui n’est pas située dans la couronne périurbaine d’un autre pôle urbain. Population à bas revenus Une personne connue des Caf (allocataire ou personne à charge) est dite « à bas revenus » lorsqu’elle vit dans un ménage dont le revenu par unité de consommation est inférieur au seuil de bas revenus. L'ensemble des personnes à bas revenus constitue la population à bas revenus. Population active La population active regroupe la population active occupée (appelée aussi population active ayant un emploi) et les chômeurs. Population couverte Il s'agit de la population constituée de l’ensemble des allocataires des Caf et de leurs éventuels conjoints, enfants ou autres personnes à charge Population de référence La population de référence des Caf constitue le champ de cette étude. Il s'agit de la population des allocataires Caf en excluant ceux dont les revenus sont mal appréhendés (étudiants, plus de 65 ans et bénéficaires de régimes spéciaux). Province Dans la diffusion des statistiques sur la pauvreté, sont distingués plusieurs ensembles géographiques français. Si on retire à la France métropolitaine les huit départements de la région Ile-de-France, on parle alors de France de province ou province. Quartile Le premier quartile d’une variable numérique est la valeur seuil telle que 25 % des personnes se situent en-dessous de cette valeur, et 75 % au-dessus. L’indice de dispersion ou rapport interdécile est le rapport entre le neuvième et le premier décile. Le troisième quartile d’une variable numérique est la valeur seuil telle que 75 % des personnes se situent en-dessous de cette valeur, et 25 % au-dessus. Iris 2000 Revenu brut mensuel Indice de dispersion Les Iris 2000 (Îlots Regroupés pour l’Information Statistique) constituent un découpage du territoire urbain, défini au recensement de la population de 1999. Il a été élaboré pour toutes les communes atteignant 10 000 88 - Dossier d’Octant n° 47 Il s'agit du revenu avant prestations, correspondant aux revenus déclarés aux services fiscaux par toutes les personnes du ménage (revenus d’activité, allocations chômage, pensions, retraites, autres revenus imposables). Glossaire Revenu mensuel disponible avant impôt Unité urbaine Le revenu disponible d'un ménage comprend le revenu brut mensuel du ménage et les transferts sociaux dont il peut bénéficier, avant imposition directe (impôt sur le revenu, taxe d'habitation). Revenu par Unité de Consommation. Le revenu disponible mensuel de chaque ménage est ramené au nombre d'unités de consommation du ménage. Une unité urbaine est une commune ou un ensemble de communes qui comporte sur son territoire une zone bâtie d'au moins 2 000 habitants et où aucune habitation n'est séparée de la plus proche de plus de 200 mètres (ces seuils résultent de recommandations adoptées au niveau international). Si l'unité urbaine s'étend sur plusieurs communes, l'ensemble de ces communes forme une agglomération multicommunale ou agglomération urbaine. Si elle s'étend sur une seule commune, elle est dénommée ville isolée. Seuil de bas revenus ZAU Ruc Utilisé pour une approche monétaire de la pauvreté à partir de fichiers de bénéficiaires de prestations sociales, le seuil de bas revenus est un seuil relatif déterminé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population. C’est un seuil national, issu de l’exploitation de l’enquête « Budget de famille » et actualisé annuellement par les données de la comptabilité nationale. L'Insee le fixe habituellement à 50 % du niveau de vie médian, mais un seuil à 60 % peut également être retenu. Taux de pauvreté Dans cette étude, le taux de pauvreté correspond à la proportion de personnes de moins de 65 ans sous le seuil de bas revenus (population à bas revenus des Caf / population totale de moins de 65 ans). Il mesure ainsi la présence de la pauvreté au sein d’une zone géographique donnée. Le Zonage en Aires Urbaines (ZAU) décline le territoire en quatre catégories. La première représente l'espace à dominante rurale qui comprend à la fois des petites unités urbaines et des communes rurales. Les trois autres constituent l'espace à dominante urbaine : ce sont les pôles urbains, les couronnes périurbaines et les communes multipolarisées. Zus Les Zones Urbaines Sensibles (Zus) sont des territoires infra-urbains définis par les pouvoirs publics pour être la cible prioritaire de la politique de la ville, en fonction des considérations locales liées aux difficultés que connaissent les habitants de ces territoires. La loi du 14 novembre 1996 de mise en oeuvre du pacte de relance de la politique de la ville distingue trois niveaux d'intervention : • les zones urbaines sensibles (Zus) ; Unité de consommation Système de pondération attribuant un coefficient à chaque membre d’un ménage, et permettant de comparer les niveaux de vie de ménages de tailles ou de compositions différentes. Avec cette pondération, le nombre de personnes est ramené à un nombre d'unités de consommation (UC) ou « d’équivalents adulte ». L'échelle d’équivalence retenue pour cette étude est l’échelle dite « OCDE modifiée » : • les zones de redynamisation urbaine (ZRU) ; • les zones franches urbaines (ZFU). Les trois niveaux d'intervention Zus, ZRU et ZFU, caractérisés par des dispositifs d'ordre fiscal et social d'importance croissante, visent à répondre à des degrés différents de difficultés rencontrées dans ces quartiers. • le premier adulte compte pour 1 UC, • les autres adultes et enfants à charge de 14 ans et plus comptent pour 0,5 UC, • les enfants à charge de moins de 14 ans comptent pour 0,3 UC, • ajout de 0,2 UC dans le cas d’une famille monoparentale. Dossier d’Octant n° 47 - 89 Les minimas sociaux Conditions d’accès, barèmes et effectifs De la création de la pension d’invalidité à l’instauration du revenu minimum d’insertion, de nombreux dispositifs ont été mis en place en France pour assurer des ressources minimales aux personnes en difficulté. Les premiers minima sociaux visaient à garantir des ressources suffisantes à certaines personnes ne pouvant, pour une raison ou pour une autre, bénéficier des prestations de la sé- Conditions d’attribution AAH Allocation aux adultes handicapé RMI Revenu minimum d’insertion API Allocation de parent isolé ASV Allocation supplémentaire du minimum vieillesse curité sociale. La mise en place de cette première génération de minima sociaux a commencé dans les années 30. Elle a pris fin au milieu des années 80, avec l’apparition de nouveaux minima visant à lutter contre le chômage et la précarité avec des objectifs d’insertion. Au 31 décembre 2002, il existe en France huit minima sociaux. Barèmes mensuels au 31.12.2002 Créée en 1975 pour les personnes handicapées sans ressources justifiant d’un taux d’incapacité de 80 % ou 50 % en cas d’incapacité reconnue par la Cotorep, âgées de 20 ans et plus (16 ans pour les enfants n’ouvrant plus droit aux allocations familiales). Plafond de ressources 6 997,74 € par an : célibataire 13 995,48 € par an : mariés + 3 498,87 € par enfant à charge Montant mensuel garanti 569,38 € Complément d’AAH : 91,10 € (versé sous certaines conditions). Créé en 1988, pour toute personne de 25 ans ou plus. La condition d’âge n’est pas exigée pour les personnes ayant au moins un enfant né ou à naître. Allocation dont le montant versé est différentiel – différence entre le plafond garanti et le montant des ressources du foyer allocataire prises en compte dans le calcul (base « ressources »). Plafond de ressources et allocation garantie Isolé 0 enfant : 405,62 € Isolé 1 enfant : 608,43 € Isolé 2 enfants : 730,12 € Couple 0 enfant : 608,43 € Couple 1 enfant : 730,12 € Couple 2 enfants : 851,81 € +162,25 € par enfant supplémentaire (à partir du troisième). Créée en 1976, pour les personnes assumant seules la charge d’enfant(s), y compris les femmes enceintes ; versée jusqu’au troisième anniversaire du dernier enfant ou pendant un an après l’isolement. Plafond de ressources et allocation garantie Femme enceinte : 512,81 € Isolé 1 enfant : 683,75 € +170, 94 € par enfant supplémentaire. Créée en 1956, elle a pour but de porter au montant du minimum vieillesse les revenus des personnes de 65 ans et plus (60 ans en cas d’inaptitude au travail) titulaires d’un ou plusieurs avantages de base attribués par les régimes obligatoires d’assurance vieillesse ou d’une allocation spéciale du Service d’allocation spéciale vieillesse (Sasv). Plafond de ressources Personne seule : 601,95 € Couple : 1 054,36 € 90 - Dossier d’Octant n° 47 Allocation garantie Personne seule : 335,41 € Couple : 553,75 € Nombre d’allocataires au 31.12.2002 (en milliers) Métropole 728,4 Bretagne 40,0 Métropole 950,7 Bretagne 29,8 Métropole 164,1 Bretagne 5,3 Métropole 605,0 Bretagne 32,5 Conditions d’attribution Nombre d’allocataires au 31.12.2002 (en milliers) Barèmes mensuels au 31.12.2002 Plafond de ressources (allocation comprise sans la majoration) Personne seule : 963,20 € Couple : 1 926,40 € (attribution avant le 1/1/97) ou 1 513,60 € (attribution depuis le 1/1/97) ASS Allocation de solidarité spécifique AV Allocation veuvage Créée en 1984 pour les chômeurs ayant épuisé leur droit à l’allocation unique dégressive, justifiant d’au moins cinq ans d’activité salariée au cours des dix années précédant la rupture du contrat qui a ouvert les droits à l’assurance chômage. Créée en 1980 pour assurer un minimum de ressources au conjoint survivant d’un assuré social, âgé de moins de 55 ans et ayant élevé un enfant pendant 9 ans avant son seizième anniversaire, ou élevant un enfant au moment du veuvage. ASI Allocation supplémentaire invalidité Allocation garantie * Dans la limite de ces plafonds de ressources, et si les ressources du demandeur sont inférieures ou égales à 550,40 € pour une personne seule et 1 513,60 € (attribution avant le 1/1/97) ou 1 100,80 € (attribution depuis le 1/1/97) pour un couple, l’allocation versée est de : 400,80 €/mois au taux normal (moins de 55 ans) 575,70 €/ mois au taux majoré (plus de 55 ans). * Sinon, l’allocation est différentielle. Elle est alors égale à la différence entre le plafond de ressources et les ressources du demandeur. Plafond : 649,32 € Allocation garantie : 503,24 € la première et la deuxième année et au-delà si maintien jusqu’à 55 ans. Métropole 359,2 Bretagne 12,4 Métropole 13,0 Bretagne 0,3 Métropole 105,6 Mêmes montants que l’allocation supplémentaire vieillesse. Bretagne 4,8 Plafond de ressources (allocation comprise) Personne seule : 872,10 € Couple : 1 744,20 € AI Allocation d’insertion Créée en 1984, elle est réservée depuis 1992 à des populations particulières (détenus libérés, apatrides, rapatriés, réfugiés ayant demandé l’asile en France). Allocation garantie * Dans la limite de ces plafonds de ressources, l’allocation versée est de 282,30 € par mois si les ressources du demandeur sont inférieures ou égales à 581,40 € pour une personne seule et de 1 453,50 € pour un couple. * Sinon, l’allocation devient différentielle. Elle est alors égale à la différence entre le plafond de ressources et les ressources du demandeur. Métropole 43,2 Bretagne 0,9 Sources : BDMS-DREES, Caf, MSA, Unédic, CNAVTS et autres caisses de retraites Dossier d’Octant n° 47 - 91 Les prestations servies par les Caf et MSA au 31 décembre 2002* Conditions d’attribution Barèmes Naissance - petite enfance Allocation pour jeune enfant Versement dès le premier enfant à partir du 5e mois de grossesse et jusqu’au troisième anniversaire de l’enfant. 157,09 € Prestation soumise à condition de ressources. Allocation parentale d’éducation A partir du deuxième enfant, si cessation ou réduction d’activité pour s’occuper d’un enfant de moins de 3 ans (ou 6 ans si 487,40 € taux plein naissance multiple). 322,28 € ou 243,72 € taux réduit Prestation non soumise à condition de ressources. Allocation de garde d’enfant à domicile Faire garder à domicile un ou plusieurs enfants de moins de 6 ans par une employée de maison. Prestation soumise à condition de ressources Enfant de moins de 3 ans : - Si Ressources < 34 744 € AGED = 75 % du montant des cotisations dans la limite de 1 548 € - Si Ressources > 34 744 € AGED = 50 % dans la limite de 1 032 € par trimestre. Enfant entre 3 et 6 ans ou droit à APE taux partiel : AGED = 50 % dans la limite de 516 € Aide à la famille pour l’emploi d’une assistante maternelle Faire garder un enfant de moins de 6 ans au domicile d’une assistante maternelle agréée. Aide correspondant à l’ensemble des cotisations sociales, versées par la CAF à l’URSSAF et assortie d’une majoration versée à la famille. Prestation non soumise à condition de ressources. Allocation adoption A partir du premier enfant adopté. Prestation soumise à condition de ressources De 131,55 € à 200,78 € (jusqu’aux 3 ans de l’enfant) De 65,78 € à 100,41 € (de 3 à 6 ans). Idem allocation pour jeune enfant. Entretien des enfants Allocations familiales A partir du deuxième enfant. Prestation non soumise à condition de ressources. 109,40 € pour 2 enfants 140,17 € par enfant en plus Enfant de plus de 11 ans Enfant de plus de 16 ans 30,77 € 54,70 € Complément familial A partir du troisième enfant , cette aide fait suite à l’allocation pour jeune enfant après le troisième anniversaire du dernier enfant. Prestation soumise à condition de ressources 142,39 € Allocation de rentrée scolaire Avoir un ou plusieurs enfants à charge âgés de 6 à 18 ans, scolarisés. Prestation soumise à condition de ressources 250,32 € Majoration pour âge (non due pour l’aîné d’une famille de 2 enfants) * Chiffres au 31.12.2002, avant contribution au remboursement de la dette sociale pour les prestations soumises 92 - Dossier d’Octant n° 47 Conditions d’attribution Barèmes Monoparentalité Allocation de parent isolé Vivre seul avec au moins un enfant (né ou à naître) et avoir des ressources faibles. 512,81 € femme enceinte 683,75 € isolée 1 enfant 170,94 € par enfant suppl. Allocation de soutien familial Prestation versée pour élever un enfant privé de l’un ou de ses deux parents. Prestation non soumise à condition de ressources. 76,92 € orphelin de père ou mère 102,56 € orphelin père et mère Revenu minimum d’insertion Avoir plus de 25 ans ou être enceinte ou avoir au moins un enfant à charge et avoir des ressources faibles. Isolé 0 enfant : 405,62 € Isolé 1 enfant : 608,43 € Isolé 2 enfants : 730,12 € Couple 0 enfant : 608,43 € Couple 1 enfant : 730,12 € Couple 2 enfants : 851,81 € +162,25 € par enfant supplémentaire (à partir du troisième). Aide à la famille pour l’emploi d’une assistante maternelle Faire garder un enfant de moins de 6 ans au domicile d’une assistante maternelle agréée. Aide correspondant à l’ensemble des cotisations sociales, versées par la CAF à l’URSSAF et assortie d’une majoration versée à la famille. Prestation non soumise à condition de ressources. Précarité De 131,55 € à 200,78 € (jusqu’aux 3 ans de l’enfant) De 65,78 € à 100,41 € (de 3 à 6 ans). Logement Allocation logement à caractère familial (ALF) Payer un loyer ou rembourser un prêt pour résidence principale. Montant calculé en tenant compte de nombre d’enfants, du lieu de résidence, du montant du loyer ou de la mensualité de remboursement du prêt (dans la limite d’un plafond), des ressources du foyer. Aide personnalisée au logement Idem ALF Idem ALF Allocation Idem ALF logement à caractère social Idem ALF Invalidité Allocation aux adultes handicapés Avoir au moins 20 ans (16 dans certaines conditions) et être atteint d’une incapacité permanente d’au moins 80 % ou comprise entre 50 et 80 % et être reconnu dans l’incapacité de travailler par la Cotorep. 569,38 € Complément AAH Si taux d’incapacité = 80 % et occupation d’un logement indépendant ouvrant droit à l’AL ou APL et AAH-taux plein ou réduite pour raison pension ou rente AT. 91,10 € Allocation d’éducation Spéciale Avoir un enfant de moins de 20 ans atteint d’une incapacité permanente d’au moins 80 % ou comprise entre 50 et 80 s’il fréquente un établissement spécialisé ou si son état exige le recours à un service d’éducation spéciale ou de soins à domicile. Prestation non soumise à condition de ressources. 109,40 € montant de base 191,45 € complément 1ère catégorie 331,62 € 2e catégorie 423,92 € 3e catégorie 596,80 € 4e catégorie 732,32 € 5e catégorie 1 025,72 € 6e catégorie Dossier d’Octant n° 47 - 93 Enquêtes d’opinion 1 Depuis plus de 20 ans, le Credoc renouvelle annuellement l’enquête Conditions de vie et aspirations des Français. Cette enquête comporte notamment diverses questions sur les prestations versées par les Caf, le chômage, le rôle des pouvoirs publics. Elle permet ainsi une approche des opinions vis-à-vis de la pauvreté. Les résultats montrent que les Français sont très préoccupés par les inégalités sociales, en particulier de revenus. Ils estiment que les politiques publiques peuvent et doivent réduire encore ces inégalités. Les perceptions ont néanmoins évolué sensiblement dans le temps, et reflètent des positions et sentiments complexes. Le milieu et la fin des années 1990 correspondent à une période où chômeurs, allocataires du RMI et pauvres en général suscitent plutôt la sympathie. Depuis le début des années 2000, le sentiment de solidarité se déplace au bénéfice d’autres catégories de population (personnes âgées, handicapées) et les prestations sociales sont davantage remises en cause. Une plus grande inquiétude pour les retraites au détriment du chômage et de la précarité L’évolution des réponses à la question : « Quelles prestations sociales augmenteriez-vous en priorité ? » synthétise bien l’évolution de l’opinion. Entre 1994 et 2004, le Credoc enregistre une évolution sensible des opinions en faveur des prestations vieillesse et de handicap, au détriment du RMI (- 3,8 %) et surtout du chômage (- 6,3 %). Globalement, il Si parmi les prestations sociales suivantes, l'on devait aujourd'hui,en augmenter une au détriment des autres, laquelle augmenteriez-vous en priorité ? (en %) apparaît que depuis quelques années le souci de justice sociale bénéficie plus aux victimes de handicaps objectifs. Ces moyennes cachent de véritables clivages au sein de la population et les réponses reflètent parfois des intérêts catégoriels : 52 % des plus de 70 ans (46 % de l’ensemble des retraités) souhaitent d’abord le relèvement des retraites contre 11 % des moins de 25 ans. A l’inverse 43 % des familles de trois enfants et plus souhaitent d’abord le relèvement des prestations familiales. En revanche, les plus aisés (22 %), les diplômes du supérieur (21 %), les cadres supérieurs (21 %) mais aussi les chômeurs et les moins de 25 ans souhaitent d’abord la revalorisation du RMI. Une perception suspicieuse du RMI Depuis 2000, une majorité des enquêtés pense que le RMI risque de constituer une désincitation à la recherche d’emploi, alors que seuls 29 % le pensaient en 1989, lors de la création de la prestation. En 2004, 67 % des personnes interrogées pensent que « si la plupart des chômeurs le voulaient vraiment, beaucoup pourraient retrouver un emploi ». Ce score est en hausse de 10 points par rapport à 1998. De même, 76 % « sont d’accord avec l’idée qu’il est parfois plus avantageux de percevoir des minima sociaux que de travailler avec un bas salaire » (+ 5 points par rapport à 1999). Au sujet du RMI, pensez-vous plutôt que : (en %) 30 Vieillesse, retraite Évolution 1999-2004 Score 2004 25 20 15 10 Prestations familiales 80 cela donne le coup de pouce nécéssaire pour s'en sortir cela risque d'inciter les gens à s'en contenter et à ne pas chercher de travail 70 60 RMI Remboursement maladie Invalidité ou handicap 5 Chômage Logement 0 50 40 30 -5 20 -10 Source : Credoc, enquête conditions de vie et aspirations des français - Cnaf 1- Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de vie 94 - Dossier d’Octant n° 47 1990 1992 1994 1996 1998 2000 Source : Credoc, enquête conditions de vie et aspirations des français - Cnaf 2002 2004 Les plus critiques à l’égard du RMI sont les non ou peu diplômés, les personnes âgées, les indépendants, les femmes au foyer, les habitants des petites communes. Les moins critiques sont les diplômés de l’enseignement supérieur, les habitants d’Ile-de-France, les cadres mais aussi les personnes à bas revenus. Logiquement, les Français pensent donc que le versement du RMI ne doit pas se faire sans contrepartie : 83 % estiment que « c’est normal de demander au bénéficiaire du RMI une contrepartie sous forme d’efforts en matière d’insertion ou de recherche d’emploi », contre 16 % dont l’opinion est qu’ « aucune contrepartie ne doit être demandée car c’est une allocation de secours versée aux personnes les plus en difficulté ». En dépit d’une légère inflexion en 2003 et 2004, les prestations chômage et le RMI font l’objet d’un jugement devenu majoritairement critique au moins du fait de leurs effets pervers possibles. Cette opinion critique ne se limite pas au dispositif de prestations et s’étend aux allocataires suspectés de « ne pas tout faire pour s’en sortir » ou de préférer le RMI à des emplois mal rémunérés. Inquiétudes vis-à-vis du chômage (en %) 80 Inquiets 70 Tous les chômeurs doivent être indemnisés 60 50 RMI = Coup de pouce pour s'en sortir 40 dont très inquiets 30 20 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2003 2002 2004 Source : Credoc, enquête conditions de vie et aspirations des français -Cnaf Une forte attente vis à vis des pouvoirs publics Une moindre compassion pour les chômeurs Ces résultats sont à rapprocher des inquiétudes formulées vis à vis du chômage : il semble que moins les Français ont peur du chômage, plus les chômeurs et allocataires du RMI sont critiqués et suspectés de profiter d’un système de solidarité. Actuellement, près de la moitié des chômeurs ne perçoivent aucune indemnité de chômage. Vous personnellement, pensez-vous que tous les chômeurs devraient être indemnisés ? (en %) Malgré ces constats, les inégalités économiques restent cel1 les que les Français considèrent comme les plus graves . La pauvreté reste d’abord attribuée à un «manque de chance» plutôt qu’à un manque d’efforts des individus. La conviction est forte qu’il est véritablement possible de lutter contre les inégalités sociales (73 % des opinions recueillies en juin 2004) et une forte attente s’exprime vis-à-vis des pouvoirs publics pour qu’ils y remédient. A défaut de retrouver l’élan de solidarité des années 1995, il est leur est toujours demandé d’en faire plus pour les plus pauvres de nos concitoyens. 80 Oui Non 70 60 Entre les deux raisons suivantes, quelle est celle qui, selon vous, explique le mieux que certaines personnes vivent dans la pauvreté ? (en %) 50 40 80 30 70 C'est plutôt parce qu'elles n'ont pas eu de chance 60 20 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 50 Source : Credoc, enquête conditions de vie et aspirations des français - Cnaf 40 30 C'est plutôt parce qu'elles n'ont pas fait d'efforts 20 10 1- Sondage SOFRES réalisé par téléphone les 2 et 3 juin 2004 pour la Fondation Jean Jaures auprès d’un échantillon national de 1000 personnes représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage) et stratification par région et catégorie d’agglomération. 0 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 Source : Sofres, sondage pour la Fondation Jean Jaurès (juin 2004) - Cnaf Dossier d’Octant n° 47 - 95 Estimez-vous que les pouvoirs publics font trop, font ce qu'ils doivent ou ne font pas assez pour les plus démunis ? (en %) 80 70 Ne font pas assez 60 50 Logiquement, cette demande d’intervention des pouvoirs publics vis-à-vis des malchanceux se traduit par une attente d’équité : 62 % des Français n’estiment pas souhaitable que le montant du RMI puisse varier d’un département à l’autre, 17 % opteraient pour des modalités régionales, 15 % départementales et 13 % communales. Toutefois, les critiques formulées à l’égard des pouvoirs pu1 blics varient selon les institutions considérées : 40 Font ce qu'ils doivent 30 • les acteurs de terrain (associations, services de santé, travailleurs sociaux) voient leur mobilisation reconnue ; 20 Ne sait pas 10 En font trop 0 1992 1994 1996 1998 2002 2000 2004 • les pouvoirs publics et organismes locaux font l’objet d’un jugement plutôt mitigé sur ce point ; • l’Etat, l’Union européenne et les chefs d’entreprise sont Source : Sofres, sondage pour la Fondation Jean Jaurès (juin 2004) - Cnaf jugés défaillants. Pour chacune des institutions ou acteurs suivant, les trouvez-vous suffisamment ou pas suffisamment mobilisés dans la lutte contre l'exclusion ? Chefs d'entreprise 100 % Pas suffisamment Instances de l'Union Européenne État 75 % Oragnismes HLM Conseils généraux Conseils régionaux 50 % Écoles Organisations syndicales Mairies 25 % Travailleurs et services sociaux Associations de chômeurs 0% 0% 25 % 50 % Suffisamment Source : CSA, sondage pour La Croix (mai 2004) - Cnaf 1- Sondage CSA / L’HUMANITÉ réalisé par téléphone les 23 et 24 juin 2004 auprès d’un échantillon national représentatif de 1004 personnes âgées de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage), après stratification par région et catégorie d’agglomération. 96 - Dossier d’Octant n° 47 75 % 100 % Hôpital, services médicaux Associations d'aide aux exclus (en %) Utilisation des fichiers statistiques des Caf pour l’étude des revenus Les Caf ont développé depuis plusieurs années un système d’information dont une partie est dédiée aux exploitations statistiques et aux études. La mise en place du système d’information des Caf s’est accompagnée du développement de fonction d’études dans chaque Caf. Le système d’information des Caf présente la particularité d’être structuré par une architecture nationale qui permet que les données de chaque Caf soient comparables avec celles des autres Caf. Les Caf élaborent tous les semestres un fichier connu sous le nom de FILEASC qui est fiabilisé pour l’utilisation dans le cadre d’études. • État-civil et activité de chaque membre du foyer (parents Depuis 1999, et à la suite d’un travail commun entre les Caf et l’Insee, les FILEASC contiennent une variable « revenu par unité de consommation » (Ruc) pour chaque allocataire, variable qui est utilisée dans de nombreuses études locales ou nationales sur les revenus et la pauvreté. • Mode de garde utilisé pour les jeunes enfants ; • Situations sociales particulières : tutelles, surendet- et enfants) ; • Adresse ; • Revenus hors prestations par nature (salaires, pensions, indemnisation chômage, maladie, etc.) ; • Montants et nature des prestations perçues ; • Statut d'occupation du logement et type de parc pour les allocataires d'aide au logement ; tement, handicap, etc. Actualisation Fichier anonymisé et enrichi En Bretagne, depuis plusieurs années, un extrait anonymisé du fichier statistique au 31 décembre de chaque année est fourni à la direction régionale de l’Insee par les cinq Caf de la région. Ce fichier présente la particularité d’être enrichi par chaque Caf d’un code « îlot » et d’un code « IRIS 2000 » et de permettre donc des analyses infracommunales. Les FILEASC au 31 décembre 2002 des Caf de Bretagne ont été principalement utilisés pour cette étude. Toutefois, et vraisemblablement pour la première fois dans le cadre d'une étude aussi large, ils ont été enrichis par les Caf bretonnes avec des données issues de leur système d’information. Cela a permis notamment une étude plus fine de l’activité des allocataires, le calcul d’un Ruc rétabli tenant compte des revenus effectivement perçus par les allocataires en 2002, ainsi qu’une approche sur cinq années consécutives (1999-2003) de la population allocataire pauvre. Règlementation L'utilisation des données des Caf pour les études peut difficilement se faire sans leur appui. Les fichiers statistiques sont issus d’applications dont la fonction première est la gestion d’un ensemble de prestations marqué par l'application d'un corps de règles de droit particulièrement complexe (les Caf estiment à plus de 15 000 le nombre de règles applicables à la gestion des prestations). La compréhension des données des fichiers nécessite donc une bonne connaissance de la réglementation des prestations (par exemple, pourquoi peut-on trouver des couples qui perçoivent une allocation de parent isolé). En revanche, cette complexité réglementaire fait des fichiers des Caf un cas assez unique de fichiers administratifs en terme de contenu : pour chaque allocataire l'information disponible est la suivante. L'actualisation des données détenues par les Caf est permanente. La situation de chaque allocataire est mise à jour au minimum une fois par an. Pour les allocataires du RMI et de l'API, l'actualisation est trimestrielle. Enfin tout élément ayant un impact sur les prestations (naissance d'un enfant, changement de situation familiale ou professionnelle, etc.) est traité soit automatiquement par le système soit à la suite de la déclaration par l'allocataire. En matière d'adresses, les Caf réalisent une recherche systématique sur les courriers re1 venus en « NPAI » . Les éléments contenus dans les fichiers reposent sur un système déclaratif. Ils font l'objet, lorsqu'ils ont un impact en 2 terme de droit, de vérifications et de contrôles qui visent à détecter les fraudes intentionnelles, les erreurs de déclaration et de traitement. Si certains cas de fraudes spectaculaires ont été largement médiatisés, ils restent exceptionnels et ne sauraient introduire de biais réels dans les calculs statistiques. Par ailleurs, il faut savoir que les campagnes de contrôle provoquent un nombre à peu près équivalent de décisions favorables à l'allocataire (ouverture de droit ou majoration de droit) et de décisions défavorables. La population allocataire étudiée ici est donc une de celle sur laquelle les Caf détiennent le plus d'éléments : elle perçoit des prestations liées à des niveaux de ressources, des situations familiales particulières (isolement, handicap, etc.). Elle est aussi une population particulièrement contrôlée compte tenu du montant des prestations perçues. 1- N’habite pas à l’adresse indiquée 2- Les Caf utilisent trois procédures de contrôle des déclarations des allocataires : le croisement des informations qu’elles détiennent avec celles d’autres fichiers administratifs (Services fiscaux, ANPE et ASSEDIC, …), des contrôles de vraisemblance et de cohérence ciblés, des contrôles approfondis de situations repérées comme problématiques. Dossier d’Octant n° 47 - 97 Limites Les données de revenus détenues par les Caf connaissent les mêmes limites que celles issues des traitements fiscaux : seuls les revenus imposables au titre de l'impôt sur le revenu des personnes physiques sont pris en compte et les vérifications étant effectuées à partir des fichiers fiscaux, le phénomène de sous-déclaration est ni plus, ni moins notoire qu'en terme d'impôts. Pour les études sur les revenus des populations pauvres, les Caf ont mis au point, en collaboration avec l’Insee, une variable « revenu par unité de consommation » dont la principale qualité est d'intégrer les prestations versées par les Caf, prestations qui représentent le plus souvent la majorité du revenu disponible des populations pauvres, mais dont la limite est de prendre en compte les revenus d'activité de l'année précédente (en application de la réglementation sur 1 les prestations) . Pour cette étude, ce biais a été réduit au maximum par l'utilisation d'un Ruc recalculé à partir des revenus de l'année 20022. Par ailleurs, le Ruc n'est le plus sou- 1- Sauf en ce qui concerne les allocataires de l’API et du RMI, voir préambule page 14 2- Voir page 83. 98 - Dossier d’Octant n° 47 vent pas calculable pour les allocataires qui ne perçoivent aucune prestation sous condition de ressources. Adresse La localisation infracommunale (par îlot et IRIS) a été réalisée par les Caf à partir des fichiers géographiques de l'Insee. Pour les villes qui ont été traitées dans cette étude, le taux d'ilotage a atteint au minimum 99 %. De plus, pour les besoins de cette étude, les Caf ont réalisé un traitement complémentaire après utilisation de leur application de traitement géographique infracommunal, traitement qui a permis de repérer et coder de manière spécifique les domiciliations dites administratives (CCAS, organismes de tutelles, etc.). Activité professionnelle des adultes Cette donnée est regroupée selon des modalités larges dans les FILEASC, pour cette étude, les Caf de Bretagne ont réalisé un traitement spécifique à partir de leur système d'information pour collecter une variable plus significative. Bibliographie Bretagne Revenus fiscaux des ménages en 2001 : disparité des quartiers au sein des grandes villes bretonnes / Robert le Verre ; Insee Bretagne. - Dans : Octant ; n° 99 (2004, oct.). - P. 9-19. Revenu minimum d’insertion : les bénéficiaires du RMI en Bretagne [2001] / Laurent Di Carlo, Andrée Joly-Picard, Cathy Ogier... [et al.] ; Insee Bretagne. - Dans : Le Flash d’Octant ; n° 76 (2002, sept.). - 4 p. Les minima sociaux versés par les [caisses de ] Mutualité sociale agricole de Bretagne / Association MSA de Bretagne. - Dans : Protection sociale agricole : observatoire économique social région Bretagne. - n° 2 (2001). - 4 p. Pauvreté-précarité : entre urbain et rural, deux visages de la pauvreté / William Roos ; Insee Lorraine. - Dans : Économie lorraine ; n° 5 (2004, avr.). - 4 p. Une approche de la précarité : données départementales 2001-2002 / Pierre Brossier, Geneviève Cazaux, Marc Tajan ... [et al.] ; ASSEDIC de Midi-Pyrénées ; Fédération des CAF de Midi-Pyrénées ; CRAM de Midi-Pyrénées... [et al.]. - Dans : Dossiers de l’Insee Midi-Pyrénées ; n° 120 (2004, avr.). - 74 p. Trois ménages ligériens sur cent touchent le RMI / Marie-Jo Moulin ; Insee Pays de la Loire. - Dans : Informations statistiques ; n° 28 (2002, août.). Système en ligne. Une approche de la pauvreté en Poitou-Charentes / Brigitte Gelein-Doukkali, Monique Pillot ; Insee, Poitou-Charentes. - Dans : Les Cahiers de Décimal ; n° 37 (2001, août.). 39 p. Régions Mesurer la pauvreté et la précarité en Bourgogne / Xavier Paraire. - Dans : Insee Bourgogne. Dimensions ; n° 113 (2004, oct.). - 4 p. La pauvreté monétaire : un phénomène urbain / Florent Maire ; Insee Franche-Comté. - Dans : L’essentiel ; n° 61 (2003, mars). - 6 p. Une mesure de la pauvreté en Ile-de-France en 2000 / Corinne Martinez. - Dans : Insee Ile-de-France : à la page ; n° 228 (2003, oct.). - 4 p. Les disparités sociales et territoriales / Insee Ile-de-France. Saint-Quentin-en-Yvelines : Insee, 2003. - (Ile-de-France regards sur ... ). - 40 p. Les bas revenus en Limousin : la pauvreté et ses contours / Frédéric Arnaud, Christian Brousse, Mathilde Pierre... [et al.]. - Dans : Focal Insee Limousin ; n° 11 (2004, déc.). 6 p. Les bénéficiaires des principales prestations sociales en Limousin : évolution 1996-2002 / Insee Limousin ; DRASS du Limousin. - Limoges : Insee, 2004. - 56 p. Pauvreté, précarité en Lorraine / Sous la dir. de William Roos ; avec la collab. de Denis Auffray, Françoise Cabessut, Anne Dousset ... [et al.] ; Insee Lorraine. - Dans : Économie lorraine : dossiers ; n° 18 (2004, avr.). - 176 p. 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Les travailleurs pauvres en France : facteurs individuels et familiaux / Christine Lagarenne et Nadine Legendre ; Insee. - Dans : Économie et statistique ; n° 335 (2000, mai). P. 3-25. Femmes, très exposées aux facteurs de pauvreté / Françoise Cabessut ; Insee Lorraine. - Dans : Économie lorraine ; n° 12 (2004, sept.). - 4 p. Mesurer la pauvreté aujourd’hui / Marc Fleurbaey, Nicolas Herpin, Michel Martinez ; Insee. - Dans : Économie et statistique ; n° 308-309-310 (1997, août-sept.-oct.). 259 p. Pauvreté-précarité en Lorraine : plus de 200 000 personnes de moins de 65 ans à bas revenus / Françoise Cabessut ; Insee Lorraine. - Dans : Économie lorraine ; n° 6 (2004, avr). - 4 p. Évolution des niveaux de vie de 1996 à 2001 / Nadine Legendre. - Dans : Insee première ; n° 947 (2004, janv.). 4 p. Dossier d’Octant n° 47 - 99 Bibliographie De 1996 à 2000, la pauvreté relative baisse puis se stabilise / Fabien Dell et Nadine Legendre. - Dans : Insee première ; n° 942 (2003, déc.). - 4 p. La participation à la vie sociale des allocataires de minima sociaux / Anne Belleville-Pla ; DREES. - Dans : Études et résultats ; n° 359 (2004, déc.). - 8 p. Le cadre de vie des ménages les plus pauvres / Cyril Rizk. Dans : Insee première ; n° 926 (2003, oct.). - 4 p. Les opinions des Français sur la pauvreté et l’exclusion au début de l’année 2004 / Katia Julienne et Murielle Monrose. ; DREES. - Dans : Études et résultats ; n° 357 (2004, déc.). - 12 p. La pauvreté chez les enfants / Fabien Dell, Nadine Legendre et Sophie Ponthieux. - Dans : Insee première ; n° 896 (2003, avr.). - 4 p. La pauvreté en termes de conditions de vie : quatre profils de ménages / Sophie Ponthieux ; Insee. - Dans : La société française : données sociales 2002-2003. - (2002, nov.). P. 417-426. Les conditions de logement des allocataires du RMI / Bertrand Lhommeau. - Dans : Insee première ; n° 685 (1999, déc.). - 4 p. 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L’allocation supplémentaire du minimum vieillesse : bénéficiaires au 31 décembre 2003 / Franz Kohler ; DREES. - Dans : Collection statistiques. Document de travail ; n° 73 (2005, janv.). - 63 p. Niveau de vie et pauvreté des enfants en Europe / Aude Lapinte ; DREES. - Dans : Collection études. Document de travail ; n° 28 (2002, fév.). - 100 p. 100 - Dossier d’Octant n° 47 Pauvreté et exclusion sociale dans l’UE après Laeken (parties 1 et 2) / D. Lan et A-C Guio ; EUROSTAT. - Dans : Statistiques en bref - Thème 3 : Populations et conditions sociales ; n° 8 et 9 (2003, mars).