UFC Que Choisir 37

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UFC Que Choisir 37
Distribution du crédit à la consommation en magasin : les établissements discrédités
Enquête menée en Indre-et-Loire du 21 janvier au 4 février 2012
En fait, nous avons voulu voir si un an après son début d'application (mai 2011), la Loi Lagarde
était bien appliquée.
Petit rappel : La Loi Lagarde (enrichie notamment par les propositions de l'UFC Que Choisir) a
apporté des progrès importants dans l'encadrement de la distribution du crédit
avec notamment :
- l'obligation de proposer une alternative au crédit renouvelable, à partir d'un montant de crédit
de 1 000 € ;
- l'obligation de vérifier la solvabilité de l'emprunteur à partir de 1 000 € ;
- la consultation obligatoire du FCIP (fichier qui recense les incidents de remboursement de
crédit) avant d'accorder un crédit ;
- l'obligation d'appeler "crédit renouvelable" par ce seul nom et non plus "réserve d'argent" ou
"compte disponible", par exemple, afin que le consommateur comprenne bien qu'il se trouve
face à un crédit.
C'est pourquoi notre équipe d'enquêteurs s'est rendue sur le terrain, à Tours, dans
l'agglomération tourangelle et dans le département, pour vérifier le type de crédit proposé par
les vendeurs, évaluer le degré d'information sur le crédit communiqué aux consommateurs et
s'assurer que la vérification de solvabilité était bien effectuée par les vendeurs.
* L'abus de crédit à la consommation est dangereux pour la santé ; avec le crédit revolving, vous
avez un revolver sur la tempe… Tels pourraient être les slogans de l'association de défense des
consommateurs l'UFC Que Choisir. A Tours, les ménages qui ont déposé des dossiers
d'endettement à la Banque de France (c'est-à-dire 2 226 en 2011 contre 2 042 en 2010 (+ 9%))
ont en moyenne 4,69 crédits différents sur le dos. Le crédit à la consommation est présent dans
82 % des dossiers de surendettement. 53 % des crédits à la consommation étant délivrés par les
grandes enseignes pour l'équipement du foyer ou des travaux d'aménagement, l'association
nationale de consommateurs UFC Que Choisir a demandé à l'agence d'Indre-et-Loire de mener
son enquête dans 21 grandes enseignes de Tours, de l'agglomération et du département
(Auchan, Carrefour, But, Leclerc, Fly, Galeries Lafayette, Décathlon, Castorama…).
Premier constat : un bon point pour Leclerc, un carton jaune pour Auchan. "Les entretiens entre
le vendeur et le client durent variablement de 5 à 30 minutes. Il semblerait que Leclerc accorde
plus de temps à ses clients. Quant à Auchan, il n'est accordé que quelques minutes. Pour obtenir
des crédits de 1 200 € à 3 000 €, c'est court !". D'autres font du zèle comme Conforama, Darty ou
Géant Casino où un contrat de travail, un avis d'imposition et parfois même un justificatif de
domicile sont demandés !
L'enquête révèle aussi que, contrairement à ce que préconise la loi Lagarde, les clients ne sont
informés sur le délai de rétractation de 14 jours que dans "13,3 % des cas" ou encore qu'une
alternative au crédit renouvelable n'est proposée que dans "85 % des cas". Elle dénonce le
manque d'information et la non-vérification de la solvabilité des clients dans "80 % des cas". Les
cartes de fidélité couplées aux cartes de crédit renouvelable sont aussi visées.
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En conséquence, l'UFC Que-Choisir a écrit aux parlementaires et saisi la Direction
Départementale de la Protection des Populations d'Indre-et-Loire (DGCCRF)"pour que la loi
Lagarde soit respectée dans les lieux de vente de notre département". Applicable depuis mai
2011, la réforme du crédit à la consommation est là pour endiguer le phénomène de
l'endettement en passant par une meilleure information des emprunteurs.
En menant cette enquête, l'association UFC Que Choisir a souhaité vérifier que les vendeurs des
grandes enseignes n'accordent pas des crédits à la consommation à tout-va. "Il y a du mieux. En
2009, les enquêteurs de l'association avaient constaté qu'aucune enseigne ne vérifiait la
solvabilité des clients. Le fait est que la loi Lagarde y serait pour beaucoup, de même qu'une
forte baisse des crédits à la consommation ces deux dernières années. En 5 ans, la délivrance de
crédits à la consommation a chuté de 20 %, selon l'Association Française des Sociétés
Financières.
"Le crédit renouvelable est en régression mais les crédits souscrits sur le Internet prennent le
relais. Et là, nous assistons à de nouvelles arnaques". Nous pensons notamment à BNP Paribas
qui a mis en place le crédit Tercéo ou à Sofinco qui vous propose d'emprunter plus que ce que
vous avez demandé ! "La Commission européenne a contrôlé 562 sites en France et 70 % d'entreeux se sont fait épingler".
En d'autres termes, les crédits à la consommation (surtout ceux souscrits sur Internet) sont à
consommer avec une extrême modération.
Nos actions et nos demandes
Alors que le surendettement continue sa hausse exponentielle en France, que plus de 4 crédits
renouvelables sont présents en moyenne dans les dossiers de surendettement, comment
admettre que les lieux de vente continuent cette distribution irresponsable de crédits et que la
loi Lagarde ne soit trop souvent qu'un tigre de papier ?
Refusant que la fabrique de malendettement continue de tourner à plein régime et décidée à
promouvoir un endettement des ménages socialement et économiquement tolérable, l'UFC Que
Choisir 37 :
- a saisi la Direction de la Répression des Fraudes (DDPP) pour que la loi Lagarde soit respectée
dans les lieux de vente de notre département.
- a sollicité les Parlementaires d'Indre-et-Loire pour leur demander d'intervenir en vue d'obtenir
l'interdiction de la vente de crédits renouvelables sur le lieu de vente, la déliaison totale entre
cartes de fidélité et cartes de crédit renouvelable, la vérification de la solvabilité du client, dès
le 1er euro emprunté, corroborée par des pièces justificatives à partir de 1 000 € empruntés.
Enfin, une question écrite a été adressé directement à l'attention du Ministre de l'Économie, des
Finances et de l'Industrie.
De plus, l'UFC Que Choisir alerte les consommateurs à propos du crédit sur Internet. Sur la toile,
les offres de crédit à la consommation ressemblent aujourd'hui à un vaste no man's land où
toutes les pratiques sont permises.
Il y a du travail et le consommateur a encore, malgré tout, le "crédit revolving" sur la tempe !
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