Carl Friedrich GAUSS - Université Paris-Sud
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Carl Friedrich GAUSS - Université Paris-Sud
4ème portrait : Paul Lesage ou « former des ingénieurs à l’université » Ancien étudiant de la faculté des sciences d’Orsay devenu enseignant-chercheur, Paul Lesage a été directeur de ce qui allait devenir « Polytech Paris-Sud ». Quel est votre parcours, en quelques mots ? J’ai eu l’opportunité de réaliser la totalité de mon cursus universitaire à Orsay où j’ai également pu développer une activité de recherche centrée sur les performances des horloges atomiques et des étalons de fréquence. Maître de conférences, puis professeur à l’Université Paris-Sud, j’ai orienté ma démarche pédagogique vers l’électronique au sens large ; l’automatique et le traitement du signal en particulier. J’ai assumé, pendant plusieurs années, la responsabilité de la maîtrise EEA (électronique, électrotechnique et automatique) avant de rejoindre la formation d’ingénieurs FIUPSO (Formation d’Ingénieurs de l’Université Paris-Sud Orsay) – ancêtre de « Polytech Paris-Sud » – dont j’ai été le dernier directeur avant l’émergence de la structure actuelle, à laquelle j’ai également contribué en tant que responsable du département électronique. J’ai terminé ma carrière au printemps 2011. Vous êtes parmi les initiateurs de l’école d’ingénieurs nommée aujourd’hui « Polytech Paris-Sud (PPS) ». Pouvez-vous retracer l’histoire de cette formation ? Depuis le début des années 1970, la Faculté des Sciences d’Orsay, puis l’Université Paris-Sud, ont souhaité apporter des solutions pertinentes à plusieurs préoccupations scientifiques manifestées par l’industrie et adaptées au marché de l’emploi. Partant d’un diplôme local (le Génie Industriel), une structure nouvelle fut élaborée (la FIUPSO), s’appuyant sur le concept d’école d’ingénieurs implantée en milieu universitaire. Valorisant son remarquable potentiel scientifique, Orsay fût le second établissement de l’hexagone à tenter cette expérience et à proposer cette formation dans la filière électronique aux étudiants possédant le niveau BAC+2. La première promotion n’était constituée que de seulement 6 élèves ! On réalise le chemin accompli, lorsque l’on contemple les quelque 200 élèves rejoignant l’école à chaque rentrée. La pédagogie mise en place à cette époque s’appuyait très fortement sur plusieurs enseignements dispensés par la maîtrise EEA. Elle était complétée par la formation générale de l’ingénieur, construite autour des disciplines de l’économie et des sciences de gestion. Par ailleurs, des stages en milieu industriel familiarisaient l’élève avec son futur environnement professionnel. Délivré à l’issue des trois années d’études, le diplôme fut reconnu par la Commission du Titre d’Ingénieur dès 1983. Comment avez-vous perçu son évolution ? En trente ans, outre l’élévation significative du nombre d’élèves, la pédagogie a connu d’importants amendements, tant au niveau des spécialités développées, que des statuts proposés aux candidats. La mise en place d’un cycle préparatoire intégré à l’université est venue compléter de façon très judicieuse l’offre de formation et connaît un vif succès auprès des bacheliers. Plusieurs évolutions marquantes caractérisent cette période. Au niveau académique, il s’est révélé possible de faire Quarante portraits d’étudiants d’hier pour étudiants d’aujourd’hui participer les industriels à notre pédagogie en les impliquant dans certaines activités : conférences sur des sujets scientifiques ou d’intérêt général, cours dispensés sur des thèmes porteurs, interventions d’anciens élèves devenus chefs de projets… L’ouverture internationale a été initiée dès 1986, grâce à divers programmes spécifiques développés à l’école, que ce soit en Europe ou au Canada. Cette activité a également permis de proposer à nos élèves plusieurs enseignements spécialisés dispensés à Orsay par des professeurs invités. La vie associative a connu également des évolutions, renforçant la cohésion des promotions et favorisant l’esprit d’équipe. Certaines de ces activités associatives furent largement développées en partenariat avec le corps professoral, par la mise en œuvre de concepts comparables aux projets tutorés actuels. Par exemple, pendant 10 ans, la participation de l’école à la Coupe Nationale de Robotique suscita auprès des élèves une motivation remarquable, très appréciée des spécialistes du secteur du transport. Cette évolution a rendu possible la formation des cadres de la nation dont le milieu professionnel manifeste constamment le besoin. Les résultats obtenus démontrent que les ingénieurs ainsi modelés possèdent un niveau de connaissances leur permettant de débuter leur carrière sous des auspices très favorables. Elle met également en lumière le travail efficace des personnels enseignants, secondés par des équipes administratives et techniques dévouées, que j’ai eu la chance de diriger pendant plusieurs années et auxquelles je dois rendre hommage. PPS est une structure de formation à la fois « initiale » et aussi « par apprentissage », comment conseilleriez-vous un jeune d’aujourd’hui hésitant entre ces deux voies ? Un étudiant sensibilisé au métier d’ingénieur peut valablement se questionner sur ce choix possible au sein de « Polytech Paris-Sud ». Des éléments peuvent le guider dans sa réflexion. La voie « par apprentissage » est caractérisée par la présence de multiples périodes de formation en entreprise, développant de manière approfondie les enseignements pratiques, ainsi que la connaissance significative de l’entreprise. Dans le cadre de son contrat d’apprentissage, chaque élève bénéficie d’un tuteur pédagogique spécifique, pendant toute la durée de sa formation. Reconnu par la Commission du Titre d’Ingénieur, le diplôme obtenu présente un taux de réussite très élevé. La voie « initiale », quant à elle, offre davantage de liberté à l’élève, au niveau du choix des options. La formation théorique est plus développée que dans la voie « par apprentissage ». Elle permet notamment de suivre, pendant la dernière année de cursus, les enseignements de différents Masters de recherche, ouvrant ainsi la voie de la recherche (doctorat) en milieu industriel ou dans les laboratoires des organismes d’Etat. Le choix de la voie de formation dépend de la personnalité du candidat, de son autonomie, de sa capacité à intégrer des concepts théoriques, ainsi que de son intérêt pour l’expérimentation. Son projet personnel, ainsi que le secteur envisagé d’activité, sont également des indicateurs essentiels. Quels conseils dispenseriez-vous à un étudiant en sciences et techniques d’aujourd’hui ? Il me paraît important que l’étudiant se fixe plusieurs objectifs académiques et sache définir un projet personnel. Pour cela, il est hautement souhaitable qu’il puisse se documenter valablement, en ayant accès à plusieurs catégories d’informations : le choix de la filière de formation. Bien analyser les objectifs de chaque filière. Regarder les débouchés offerts (secteurs d’activité, temps moyen pour trouver un emploi, salaire moyen d’embauche). Etudier l’attractivité de la formation (évaluations faites par les étudiants, taux de réussite aux examens, rencontre avec les élèves en cours de formation). les métiers en sortie de formation. Se documenter sur les entreprises recrutant les diplômés, auprès des services d’orientation et de documentation (possibilités d’intégration, évolution dans la société, salaires). Profiter des journées portes ouvertes ou des visites d’usines proposées. Discuter avec d’anciens élèves ayant suivi le même cursus. le projet personnel. Sans doute le point le plus important. Tenir compte de la personnalité de l’élève et de ses aptitudes à mener à leur terme, des études supérieures. A t’il un goût prononcé pour les aspects théoriques, ou pour les applications pratiques ? Aime t’il travailler en groupe, ou est-il plutôt solitaire ? Voit-il une orientation vers l’industrie, plutôt que vers la recherche ? Enfin, a-t-il réfléchi à la prise de responsabilités associées à son projet personnel ? Manifeste-t-il un intérêt pour la connaissance du fonctionnement de l’entreprise ? À l’heure de la prise de décision, ne pas oublier que, pour réussir sa carrière professionnelle, il faut avant tout s’investir dans un métier qui attire, ce qui permet de s’impliquer pleinement dans les tâches à réaliser. (Entretien : [email protected] ) Quarante portraits d’étudiants d’hier pour étudiants d’aujourd’hui