Mille saveurs ! Apprendre l`histoire au resto
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Mille saveurs ! Apprendre l`histoire au resto
PAYS : France DIFFUSION : (35000) PAGE(S) : 8 JOURNALISTE : Jean-Bernard Ma SURFACE : 22 % PERIODICITE : Quotidien 9 octobre 2015 - N°604 Mille saveurs ! Jean-Bernard Magescas Apprendre l’histoire au resto IL YA DESRESTAURANTS dans lesquels on sait que quelque chose s’est passé ; «A La Sole normande, Bourvil anourri Fernandel », «Ici Kery Jamesa signé son contrat avec Universal », «Dans ce restaurant, Tino Rossi a rencontré Vincent Scotto », «Ici Rohff a expliqué la vraie histoire de la bagarre entre Booba et Dam16 ». Cegenre de choses. Mais des lieux comme Lucas Carton, le Grand Véfour ou la Tour d’Argent, des lieux dans lesquels tant de chosesse sont passées, tant de plats ont été créés, des lieux auxquels tant d’histoires sont liées, il y en a très peu. Et surtout, surtout, des lieux chargés d’histoire dans lesquels on continue de becter au top, ça, il n’y en apas beaucoup. (1/2) VRANKEN-POMMERY MONOPOLE Jene suispas impressionnable, mais quand je me suis présenté au Lucas Carton pour y déjeuner, j’avais plein de chosesen tête. Jeme suis même demandé si jene faisais pas une bêtise en y allant. Plein de souvenirs trottaient dans ma tête, autant de raisons d’être déçu, de regretter de m’y attabler encore une fois, plein de motifs pour prendre la fuite aussi vite qu’un DRH devant des salariés en colère. Mais non, je vous le dis comme je le pense, au Lucas Carton la cuisine continue de seconjuguer au présent. C’estgrâce à un jeune chef, plus jeune que moi en tout cas, un obsédé Page 2 Tous droits de reproduction réservés PAYS : France DIFFUSION : (35000) PAGE(S) : 8 JOURNALISTE : Jean-Bernard Ma SURFACE : 22 % PERIODICITE : Quotidien 9 octobre 2015 - N°604 du produit, de la mer en particulier, Julien Dumas. Alors là, bien sûr ! Il senomme Dumas. Quel blaze pour un cuisinier ! Parce que le père Dumas, Alexandre, c’était un sérieux de la fourchette, un maniaque de l’assiette, un fondu de la casserole ; un gars àqui on ne pouvait pas la faire àl’envers. Jen’ai pas demandé au jeune Julien s’il est de la famille. Il n’a pas l’air, de famille. Jecrois qu’Alexandre donnait plutôt dans le genre colosse, Depardieustyle, et le Julien Dumas, c’est plutôt le genre Petit Prince, blondinet bouclé avec le regard un peu embué. Embué, certes, mais vif ! Jepense qu’il est courageux aussi, façon petit Prince Vaillant, car reprendre lesmanches des sauteuses d’Alain Senderens, l’un des plus grands maîtres de la gastronomie française, un gars qui a écrit certaines des plus belles pagesde notre histoire du palais et du goût, se poser dans les cuisines qu’il a occupées de si belle et fracassante manière, ça doit pas être facile. (2/2) VRANKEN-POMMERY MONOPOLE Même moi, ça m’impressionne. Le lieu en impose, c’est beau, luxueux mais sansemphase, du luxe contenu. Le service est parfait. Aimable, discret mais efficace, et souriant. J’ai pris un menu «accord metsvins ». Jene fais pas ça souvent, mais c’est en ce lieu même qu’Alain Senderens fut le premier àle proposer. J’ai bien fait, ça a été top. Avec mon cabillaud cuit àla perfection et mon pigeon de concours, entre autres délices. Julien Dumas a sus’imposer ici ; je lui souhaite d’imprimer sa marque en ce lieu magique. Il en ale talent, il a l’opiniâtreté, les produits sont parfaits, l’élégance est présente à chaque plat, l’originalité est réelle et sans affectation. En un mot comme en cent, patronnes, patrons, dirigeantes, dirigeants, fines gueules et fines gueules, allez-y, votre table est déjà dressée. Lucas Carton, 9, Place de la Madeleine, Paris VIII e. él. 2 22 . PHOTOS Page 3 : JCLATTES, DR Tous droits de reproduction réservés