Le Neveu de Rameau de Diderot et La Fable des Abeilles de

Transcription

Le Neveu de Rameau de Diderot et La Fable des Abeilles de
Le Neveu de Rameau de Diderot
et
La Fable des Abeilles de Mandeville
RESTITUER
NR, pp. 37-8; DPV, XII, pp.111-112; Folio, p. 63-64 :«Je les aidois à restituer1, moi, et une
foule d'autres qu'ils emploioient comme moi».
Cfr. B. Mandeville, La fable des Abeilles, ou les fripons devenus honnêtes gens, traduit
de l’anglois sur la sixième édition, Londres, Aux Dépens de la Compagnie, 1740, t. I, pp.
104.105:
Lorsque un Ministre d'Etat avare, engraissé des dépouilles de la Nation, chargé d'immenses trésors qu'il a
acquis en se privant du nécessaire, et en pillant les Peuples; lors, dis-je, qu'il meurt, chaque bon Membre de
la Société doit être rempli de joie, en comtemplant la prodigalité excessive de son Fils. L'Héritier restitue au
Public ce que son Père avoit pris. Aussi y auroit-il une barbarie extrême à le dépouiller, en lui faisant
restituer les larcins dont son héritage est rempli. Il est indigne de ruiner un Homme qui est déjà en bon train
pour cela, plutôt qu'il ne veut […] Ne donne-t-il pas à une Courtisane laide, et qui lui est inutile, une pension
aussi forte qu'à la plus belle Duchesse? N'est-il pas encore plus extravagant dans les choses dont il fait
quelque usage? […] laissez-le seulement faire, et dans peu d'années vous le verrez ruïné sans que vous
vous en soïez mêlé. Dès-que la Nation a ratrapé ce qui lui appartient, il ne faut pas disputer sur la manière
dont on a repris le butin.2
Le luxe des femmes publiques
Le luxe de la Deschamps et de la Guimard (NR, p. 38; DPV, XII, pp.111-112; Folio,
p.63).
In A Search into the Nature of Society, un saggio ben conosciuto da Diderot3, si legge:
1
Oltre le tre occorrenze di «restituer» delle pp. 37-38 di NR (DPV, XII, pp. 111-112; Folio, p. 63-64), cfr. l'uso
fattone nella Satire contre le luxe: «C'est par ce moyen qu'on nous restitue goutte à goutte ce sang dont nous
sommes épuisés» (Salons, III, p. 124). In significato analogo è impiegato anche il verbo «reverser» (Salons, III,
p. 121; v. infra).
2
MANDEVILLE 1740, I, pp. 104-105 (corsivi miei). Per il testo inglese, cfr. MANDEVILLE 1988, I, pp. 103-104:
«When a Covetous Statesman is gone, who spent his whole Life in fat'ning himself with the Spoils of the
Nation, and had by pinching and plundering heap'd up an immense Treasure, it ought to fill every good Member
of the Society with Joy, to hehold theuncommon Profuseness of his Son. This is refunding to the Publick what
was robb'd from it.Resuming of Grants is a barbarous way of stripping, and it is ignoble to ruin a Man faster
than he does it himself, when he sets about it in such good earnest. Does he not […] give as large an Allowance
to an ill-favour'd Whore as would keep a Dutchess, tho' he never lies with her? Is he not still more extravagant
in those things he makes use of? Therefore let him alone, or praise him […] and in a few Years he'll suffer
himself to be stript his own way. As long as the Nation has its own back again, we ought not to quarrel with the
manner in which the Plunder is repay'd» (corsivo mio).
3
La conoscenza del Search da parte dell'ultimo Diderot è mostrata da come il philosophe affronta: 1) la
«comparaison» fra società «selvaggia» e società «civile»; 2) la discussione sulle ripercussioni che il commercio
Il est certain que moins un Homme a des désirs, et que plus il est content de ce qu'il possède, moins il sera
incommode à lui-même; que plus il est actif à suppléer par lui-même à ses besoins, et que moins il exige d'
être servi, plus un tel homme sera aimé, et moins il incommodera sa Famille […] Mais jugeons sainement
des choses. De quel profit peuvent être ces qualités, ou quel bien terrestre peuvent-elles procurer?
Comment veut-on qu'elles avancent l'opulence, la gloire, et la grandeur mondaine des Nations? C'est le
Courtisan sensuel et voluptueux, qui ne met point de bornes à son luxe. C'est la Femme Volage, la
Coquette, et la Débauchée, qui inventent toutes les semaines de nouvelles modes […] Ce sont ceux-là qui
sont la proie et la vraie nourriture de la Société, ce Leviathan monstrueux.4
Ancora più chiara ed esplicita è la formulazione che si legge nel Remark (T):
J'ai déjà eu occasion de montrer que les Femmes les plus abandonnées contribuant à la consommation du
superflu et du nécessaire de la vie, sont très-utiles dans la Société. Elles aident par leur luxe à entretenir le
laborieux Ouvrier, qui chargé d'une famille nombreuse cherche à lui procurer le nécessaire par des moïens
honnêtes. - " Il faut malgré cette utilité bannir toutes les Débauchées, dit cependant un Grand Homme; et
lorsque les Prostituées ne souilleront plus cette Terre, le Tout-puissant versera sur nous des bienfaits
infinement plus considérables, que les avantages que nous retirons aujourd'hui de ces indignes créatures".
Je ne nie point le fait , peut-être cet Auteur a-t-il raison; mais je puis démontrer que, soit qu'il y ait des
Débauchées, soit qu'il n'y en ait point, il seroit impossible de rémédier à la perte que le commerce souffriroit,
si toutes les Femmes qui vivent dans l'heureux état du mariage, se conduisoient comme les Gens le
souhaiteroient 5.
Si un voleur vole l'autre, le diable s'en rit
Il rinvio interno del testo appena citato («J'ai déjà eu occasion de montrer») ci riporta
soprattutto al Remark (G), in cui Mandeville sembra fornire una illustrazione del proverbio
popolare citato da Lui: «si un voleur vole l'autre, le diable s'en rit» (NR, p. ; DPV, p. 111;
Folio, p. 63):
Les Fripons et les Voleurs dérobent pour avoir de quoi vivre, soit que ce qu'ils gagnent honnêtement ne
suffise pas à leur entretien, soit qu'ils aïent une extrême aversion pour le travail, soit enfin qu'ils n'aïent pas
de quoi satisfaire leurs voluptés. Le Cuisinier qui leur donne à manger, sait d'où vient cet argent, et prend
toujours à bon compte. Peu s'en faut qu'il ne soit aussi fripon que ceux qui ont détroussé les autres.
Cependant cet indigent Aubergiste, en plumant ces Pigeonneaux qui plument les autres, fait bien ses
delle Indie ha avuto sull'Europa. Su Diderot-Mandeville, cfr. MANDEVILLE 1988, II, p. 435 e p. 447 (dove è
citato TEXTE 1895, p. 135).
4
MANDEVILLE 1740, II, pp. 191-192. Il testo inglese suona: «It is certain that the fewer Desires a Man has
and the less he covets, the more easy he is to himself; the more active he is to supply his own Wants, and the
less he requires to be waited upon, the more he will be beloved and the less trouble he is in a Family […] But let
us be Just, what benefit can these things be of, or what earthly Good can they do, to promote the Wealth, the
Glory and wordly Greatness of Nations? It is the sensual Courtier that sets no Limits to his Luxury; the Fickle
Strumpet that invents new Fashions every Week […]: It is these that are the Prey and proper Food of a full
grown Leviathan» (MANDEVILLE 1988, I, p. 355; corsivo mio).
5
MANDEVILLE 1740, I, p. 291. Il testo inglese suona: «I have shewn already that the worst of Women and
most profligate of the Sex did contribute to the Consumption of Superfluities, as well as the necessaries of Life ,
and consequently were Beneficial to many peaceble Drudges, that work hard to maintain their Families, and
have no worse design than an honest Livelihood. - Let them be banished notwithstanding, says a good man:
When every Strumpet is gone, and the land wholly freed from Lewdness, God Amighty will pour such Blessings
upon it as will vastly exceed the profits that are now got by Harlots. - This perhaps would be true ; but I can
make it evident, that with or without Prostitutes, nothing could make amends for the Detriment Trade would
sustain, if all those of that Sex, who enjoy the happy State of Matrimony, should act and behave themselves as
a sober wise Man could wish them» (MANDEVILLE 1988, I, p. 225).
affaires, amasse de l'argent, avec quoi il paie ce qu'il doit […] Un Voleur de grand chemin revient chargé d'un
riche butin, charmé des attraits d'une Nymphe il lui donne dix livres sterlings pour se niper. Y a-t-il un
Marchand assez consciencieux, pour refuser de lui vendre une pièce de Satin, quoiqu'il sache qui elle est? 6
Tours de bâton
L'accordo da parte di Diderot con Mandeville sembra spingersi sino a riecheggiare
formule e modi con cui l'autore inglese presenta il tema dei «knaves turned honest».
Alcuni versi del Fable suonano:
These were call'd Knaves, but bar the Name,
The grave Industrious were the same:
All Trades and Places knew some Cheat,
No Calling was without Deceit. 7
[tr. it., p. 23: Costoro venivano chiamati furfanti / ma, eccetto che per il nome,/ da essi
non differivano quelli che lavoravano veramente./ Mestieri e impieghi avevano tutti i loro
imbrogli, / non c’era professione che non avesse i suoi trucchi.]
:
Si rivela ancora una volta essenziale la mediazione costituita dalla traduzione francese
in prosa:
On appelloit ces gens-là des Fripons: mais ceux dont l'industrie étoit plus respectée, quoique dans le
fond peu différens des premiers, recevoient un nom plus honorable. Les Artisans de chaque profession, tous
ceux qui exerçoient quelque emploi, ou quelque charge, avoient quelque espèce de FRIPONNERIE qui leur
étoit propre. C'étoient les subtilités de l'art, et les tours de bâton8.
Tours de bâton: è espressione che ritorna a più riprese9 nel testo francese a
caratterizzare i trucchi di mestiere, cioè quelle «dissonanze» (jarrings) locali che finiscono
per risultare ingredienti essenziali della «armonia» sociale («L'harmonie dans un concert
6
MANDEVILLE 1740, t. I, pp. 78-79 (corsivi miei). Il testo inglese suona: «Thieves and Pick-pockets steal for a
Livelihood, and either what they can get Honestly is not sufficient to keep them, or else they have an Aversion to
constant Working: they want to gratify their Senses, have Victuals, Strong Drink, Lewd Women, and to be Idle
when they please. The Victualler, who entertains them and takes their Money, knowing which way they come at
it, is very near as great a Villain as his Guests. But if he fleeces them well, minds his Business and is a prudent
Man, he may get Money and be punctual with them he deals with […] A Highwayman having met with a
considerable Booty, gives a poor common Harlot, he fancies, Ten Pounds to new-rig her from Top to Toe; is
there a spruce Mercer so conscientious that will refuse to sell her a Thread Sattin, tho' he knew who she was?»
(MANDEVILLE 1988, I, pp. 87-88; corsivi miei).
7
8
9
MANDEVILLE 1988, I, pp. 19-20.
MANDEVILLE 1740, I, p. 4.
Ecco due esempi in cui l'espressione ricorre in corsivo. Il primo è il seguente: «Leurs Rois étoient à tous
égards mal servis. Leurs propres MINISTRES les trompoient […] Ils avoient l'heureux talent de faire une trèsbelle dépense, quoique leurs appointemens fûssent très-chétifs; et encore se vantoient-ils d'être fort modestes.
Donnoient-ils trop d'étendue à leurs droits, ils appelloient cela leurs tours de bâton» (MANDEVILLE 1740, I, p.
8; per il testo inglese, MANDEVILLE 1988, I, p. 22). Il secondo esempio ricorre qualche pagina più avanti: «Si
une pauvre Abeille fût venue dix fois demander le juste païement d'une petite somme, et que quelque Commis
bien païé l'eût obligé, ou de faire présent d'un écu, ou de ne jamais recevoir son païement, on auroit ci-devant
appellé une pareille alternative, le tour de bâton du Commis» (MANDEVILLE 1740, I, p. 18; per il testo inglese,
MANDEVILLE 1988, I, p.31).
résulte d'une combinaison de sons qui sont directement opposés»)10. Il valore altamente
idiomatico dell'espressione risulta evidente dal fatto che ad essa non corrisponde un
termine unico nel testo inglese (gli equivalenti sono «cheat» e «trick»).
. Ora è forse un caso che questa espressione (con una piccola variante d'uso: tours du
bâton)11 sia impiegata da Lui per caratterizzare le «exceptions à la conscience générale» o
gli «idiotismes moraux»12 diffusi in tutte le condizioni, proprio nel passo in cui, illustrando i
meccanismi della restitution innescati dal consumo di lusso, esalta il «tutto torna»
dell'ordine sociale (NR, p. 38; DPV, XII, p.112; Folio, p. 63-64)?
Idiotismes moraux
La rassegna compiuta da Lui degli idiotismes moraux è da confrontare con la rassegna
deli inganni praticati nei vari mestieri, quale Mandeville offre nell’”alveare scontento”, cioè
nel componimento di apertura del Fable.
I mestieri passati in rassegna da Mandeville (tr. it., pp. 23-26) sono diversi:
a) avvocati
b) medici
c) preti
d) soldati
e) ministri
f) giudici
10
MANDEVILLE 1740, I, p. 11. Per il testo inglese, cfr. MANDEVILLE 1988, I, p. 24.
11
Sull'espressione, v. le osservazioni di J. Fabre in NR, p. 257, che cita fra l'altro una bella scena dell' Esope à
la cour di Boursault (acte IV, scène 5); DPV, XII, p. 112, n.123. Cfr. anche il «glossaire» in DIDEROT 1982, p.
227 e in DIDEROT 1984, p. 355.
12
Si può accostare agli «idiotismes moraux» quanto Lui dice più avanti (NR, p. 94; DPV, XII, p.177; Folio, p.
116) sulle «dissonances dans l'harmonie sociale qu'il faut sçavoir placer, préparer et sauver».