Toxicomanie et - Association des intervenants en dépendance du

Transcription

Toxicomanie et - Association des intervenants en dépendance du
revue sur l'alcoolisme
et la toxicomanie
L’intervenant
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Octobre 2000, vol. 17, n
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Réflexion d’un intervenant
Inceste et toxicomanie :
un mariage de raison
Le suicide chez les jeunes ou
« pour une tentative de vie »
4,00 $
Association des intervenants en
toxicomanie du Québec inc.
Sommaire
3
Mot de la présidente
4
Réflexion d’un intervenant
Denis Duchesne
5
Inceste et toxicomanie :
un mariage de raison
8
12 au 18 novembre 2000
Semaine de prévention de la toxicomanie
15 au 17 novembre 2000
Addictions 2000 : From Legacy to Promise
Toronto, Ontario
24 novembre 2000
Quand le plaisir fait souffrir :
introduction à la gestion expérientielle
Longueuil, Québec
Le suicide chez les jeunes ou
« pour une tentative de vie »
24 novembre 2000
Intervenir en santé mentale et toxicomanie :
troubles de la personnalité borderline
Sainte-Foy, Québec
Prévention des toxicomanies
Francine Hamel
15
2000
29 octobre au 1er novembre 2000
XXVIIIe colloque de l'AITQ
L’empowerment en toxicomanie :
autonomie et pouvoir d’agir
Sainte-Foy, Québec
Daniel Boisvert
Martine Bovay
13
Calendrier
Info Livres
8 décembre 2000
Intervention de milieu et toxicomanie
Longueuil, Québec
26 janvier 2001
L’évaluation d’activités en toxicomanie
Longueuil, Québec
31 janvier au 2 février 2001
Premier congrès international francophone
sur l’agression sexuelle
Québec, Québec
9 février 2001
Quand le plaisir fait souffrir :
introduction à la gestion expérientielle
Sainte-Foy, Québec
16 février 2001
Mise à jour sur les substances psychotropes
Longueuil, Québec
L’intervenant
23 au 25 février 2001
Le dopage sportif chez les jeunes au Canada
Montréal, Québec
Octobre 2000, vol. 17, no 1
.
A
t
29 octobre au 1er novembre 2000
(450) 646-3271
Matériel rédactionnel
Responsabilité de l’éditeur
Vous désirez publier dans nos pages? N’hésitez pas à nous faire
parvenir tout article abordant la problématique des toxicomanies. Vos textes peuvent traiter des initiatives pratiques de
groupes dans la communauté, du rôle des intervenants pour
améliorer les services à la clientèle, d’études ou d’analyses de programmes, etc.
L’éditeur ne se tient pas responsable des opinions émises dans
cette publication. Les auteurs ont l’entière responsabilité de leur
texte. Les écrits sont publiés tels que soumis, qu’ils rencontrent
ou non les orientations de l’AITQ, en autant qu’ils soient pertinents et d’actualité.
Abonnement
L’intervenant s’adresse aux professionnels et aux personnes
intéressées au domaine de la toxicomanie. Vous pouvez obtenir
un abonnement à L’intervenant au coût de 15 $ par an (20 $ à l’extérieur du Canada). Parutions : janvier, avril, juillet et octobre.
2
4
Dates de tombée
Pour l’envoi de matériel rédactionnel : 1er mars, 1er juin, 1er septembre et 1er décembre.
Reproduction
Toute reproduction totale ou partielle d’articles, de photos ou
de graphiques est interdite à moins d’une entente écrite avec
l’éditeur.
MOT
DE
LA
Toxicomanie et violence :
élargir notre vision
PRÉSIDENTE
L’automne, saison rafraîchissante par ses vents de
« nordet » et ses couleurs
flamboyantes, nous invite
à renouveler nos « couleurs
intérieures » après une période de repos bien mérité.
Le travail a repris. De nouveaux projets sont mis en
marche, de nouveaux dossiers sont à l’étude.
Parmi ceux-là, la Semaine de prévention de la toxicomanie avec son double thème : pour les jeunes
« Parler, c’est grandir » et pour les adultes « Soyez
avec vos ados ».
Dans chacun des milieux de travail et dans les
foyers l’occasion sera bonne pour développer la
confiance mutuelle, confiance absolument nécessaire pour aborder et traiter des problématiques
aussi lourdes que l’inceste et le suicide. Dans la
présente revue, on traite d’ailleurs de ces deux problématiques étroitement liées à la toxicomanie.
Ce colloque sera une occasion de ressourcement
pour chacun et chacune de nous tant du point de
vue personnel que professionnel. Les échanges et
le partage d’expertises sont toujours stimulants.
Ils produisent leurs « effets » au coeur de notre
action quotidienne auprès des personnes que
nous voulons aider.
Le rendez-vous de fin d’octobre sera aussi des plus
intéressants dans l’ambiance particulière de la
Vieille Capitale. Une petite pause pour soi, un
temps de réflexion sur nos « agirs ».
Il me fera grand plaisir, à titre de présidente de
l’AITQ, de vous accueillir dans les prochains jours.
Bel automne et à bientôt!
L’intervenant
Notre prochain colloque du 29 octobre au 1er
novembre, sur l’empowerment en toxicomanie,
saura nous interpeller à deux niveaux : l’autonomie et le pouvoir d’agir, paramètres majeurs
et clés de toute réhabilitation.
Lucie Laniel
Présidente 2000-2001
.
D’ADMINISTRATION
Sylvie Beaupré, PAP - SAQ
Pierrette Cliche, CRC Expansion-Femmes
Éditeur
Revue trimestrielle.
Association des intervenants
en toxicomanie du Québec inc.
505, rue Sainte-Hélène, 2e étage
Longueuil QC J4K 3R5
Mois de parution : janvier,
avril, juillet, octobre.
Envois de publications
canadiennes : contrat de vente
Daniel Desrosiers, Centre de réhabilitation Corps, Âme et Esprit
Directrice
Carmen Trottier
no 0531839.
Abonnement et secrétariat
ISSN 0823-213X
(450) 646-3271
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Dépôt légal
Impression
Québec et du Canada
Imprimerie GG inc.
Indexée dans REPÈRE
Octobre 2000, vol. 17, no 1
CONSEIL
Claude Gagné, Conseil régional FTQ
Lucie Laniel, Résidence Le Portail
Georges Le Cheminant, Pavillons du Nouveau Point de Vue
Lynda Poirier, Centre Casa
Carole Taillon, SCC - Administration régionale
Bibliothèque nationale du
3
5
Réflexion d’un
intervenant
DENIS DUCHESNE
Psychologue
« Je suis ici pour m’exprimer »
Émile Zola
naître qu’il n’y a pas de drogué heureux, de drogué vraiment autonome,
de drogué en situation de réel pouvoir.
Exprimer « que » je suis, exprimer « qui » je suis. Exprimer cet être complexe cherchant à devenir complet. Cet être en continuelles interactions
avec lui-même, les autres, son environnement visible et invisible. Cet
être qui, pour trouver équilibre et santé, doit exercer quotidiennement
son pouvoir de penser, de ressentir, d’agir. Cet être qui doit passer de la
« toute-puissance fusionnelle » de son enfance à l’autonomie adulte
choisie et assumée. En court : « Ce demi-dieu qui n’a plus sa mémoire
qui est devenu gueux à coups de désespoir ».
D’abord, il faut savoir distinguer entre DÉSIR et BESOIN. Il y a
plusieurs raisons individuelles pour consommer de façon abusive mais
le désir de s’éclater ou de se guérir par la drogue ne correspond en rien
à des besoins fondamentaux et naturels. Ce désir n’allant pas dans le
sens des forces de la vie, bien que très puissant, ne peut entrer qu’en
contradiction avec les besoins de l’individu, donc avec son équilibre.
Le désir qui n’est pas mis au service du besoin ne peut être qu’une force
« à vide » ou « avide » parce que jamais canalisée, orientée, satisfaite. Si
je mange pour me nourrir, je cesse cette activité quand ma faim est rassasiée. Si je mange pour une autre chose, le signal de satiété n’est pas
reconnu ni respecté.
Pour comprendre le jeu de l’existence, nous devons observer ce que « je
suis » perçoit ou pense, ressent ou désire, fait ou réalise, au contact avec
le réel. Le virtuel n’étant qu’un scénario parmi tant d’autres.
L’imaginaire n’étant que le réel revu et corrigé. Et nous pouvons figurer
ces différents acteurs, ces différents « je suis » que nous sommes, par de
petits bonshommes ayant une tête, un coeur, des pieds et des mains,
représentant ainsi la trinité de l’Homme : la pensée, l’amour, la volonté.
Être en équilibre, en santé, serait d’en harmoniser le fonctionnement, en
continuité et complémentarité.
Ceci étant dit, si nous considérons le toxicomane, il ne peut être que très
efficace : ayant un désir profond de ce qu’il veut (son « stock »), une idée
précise de ce que ça lui prend pour l’obtenir (« pusher » et argent ), une
action qui réponde au désir et à l’idée. Pour lui, son mode d’action, son
pouvoir d’agir, est très satisfaisant. Il est comblé. En effet, l’acte de consommer est un tout intégré et souhaité : le désir, la pensée et l’action
allant dans le même sens et se renforçant mutuellement.
Mais alors, si le modèle de mise en action de consommer est « efficace »
en soi, pourquoi le résultat est-il si désastreux? Car, force est de recon-
Enfin, il faut savoir distinguer une ACTION EFFICIENTE, d’une
action, même efficace, de COMPULSION, d’assuétude. La compulsion
est tout le contraire d’une autonomie, d’une liberté. Elle est un acte qui
ne vise qu’à réaliser le désir, même au détriment du besoin; elle est une
action qui échappe à tout jugement, à tout contrôle.
En somme, parce que la consommation abusive est commandée par un
désir profond, orientée par une pensée magique, aboutie à une compulsion et à une assuétude, elle peut paraître « efficace » mais conduit
au désastre. Elle est l’expression d’un pouvoir « aveugle » de l’objet du
désir sur moi.
Par ailleurs, si mon action répond à un besoin humain naturel (voir
Maslow et autres), selon une pensée claire, elle ne peut qu’être « efficiente ». Elle est l’expression d’un pouvoir « conscient » de moi sur ma
vie. Elle est autonomie et réel pouvoir d’agir.
Octobre 2000, vol. 17, no 1
.
L’intervenant
Par ailleurs, si nous voulons exercer notre pouvoir de changer quoi que
ce soit, d’abord et uniquement en nous, nous devons respecter certaines règles : avoir un besoin certain de quelque chose, une idée claire
de sa nature et des moyens pour y accéder, une action centrée sur la
réalisation de ce besoin, de cette idée. Car, dans la chimie de la réussite,
le besoin nous donne l’énergie, la pensée nous donne le plan et l’action
nous permet l’accomplissement.
D’autre part, il faut distinguer entre une PENSÉE CLAIRE et une
PENSÉE MAGIQUE, cette dernière étant davantage une anti-pensée.
Une pensée gérée par le désir ne peut évaluer de façon réaliste une situation, ses causes, sa nature et ses conséquences. Elle ne peut collaborer
avec la mémoire, le jugement, la projection dans le futur. La pensée
magique ne cherche qu’à donner raison à l’individu, qu’à ne pas l’inquiéter, qu’à le confirmer dans sa toute-puissance infantile.
Association des intervenants en
toxicomanie du Québec inc.
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Inceste et toxicomanie :
un mariage de raison
DANIEL BOISVERT
Psychoéducateur
Première partie
Y a-t-il un réel lien?
Le présent article parle de l’interrelation entre le développement d’une toxicomanie et l’inceste subi. Il s’agit d’un bref résumé d’une recension des écrits
rédigée par l’auteur dans le cadre de sa maîtrise en psychoéducation. C’est le
premier d’une série de trois articles portant sur la double problématique.
Dans notre pratique comme cliniciens auprès d’une clientèle toxicomane*, nous avons souvent rencontré des femmes ayant été victimes d’inceste. Tellement souvent, en fait, que nous en sommes
venus à nous interroger sérieusement sur la relation possible entre
ces deux facteurs. Nous venions de faire une constatation que bien
d’autres avant nous avaient faite.
Avant d’aller plus loin, et pour une compréhension plus uniforme,
nous croyons incontournable d’exposer dès maintenant les définitions retenues des concepts sur lesquels nous nous sommes
penchés.
Par ailleurs, certaines études établissent un lien entre l’inceste et la
toxicomanie (Hamel et al., 1989). En effet, le rapport entre l’inceste
et la toxicomanie a été mentionné dans la littérature clinique, anecdotique et les études de cas comme étant une situation fréquemment rencontrée dans les récits de vie des femmes toxicomanes
(Armstrong, 1978; Forward & Buck, 1978; Hornik, 1977).
Par contre, le sujet semble n’avoir reçu que peu d’attention de la
part des chercheurs, et cela, en dépit de la fréquence à laquelle les
cliniciens rapportent des histoires d'inceste parmi leur clientèle
féminine alcoolique.
Bien que peu documentée, la démonstration de l’interrelation
inceste-toxicomanie semble incontestée par les auteurs s’étant
penchés sur la question. Les chercheurs de l’Université Queen’s ont
démontré que les prostituées et les toxicomanes étaient, parmi les
jeunes Canadiennes interviewées, les plus susceptibles d’avoir eu
des relations sexuelles précoces en contexte d’abus (A.J.C. King &
coll., 1988). À Domrémy Trois-Rivières, de sept à huit femmes sur
dix venues en traitement ont connu de graves difficultés dans leur
____________________
* Le terme toxicomane désigne toute personne aux prises avec une dépendance à une
substance psychoactive.
Octobre 2000, vol. 17, no 1
Pour ce qui est de la terminologie de la toxicomanie, elle comprend
l’abus et/ou la dépendance. L’abus est défini comme : « un mode
d’utilisation inadéquat d’une substance conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance clinique significative,
caractérisé par la présence d’au moins une des manifestations sui-
En résumé, le terme toxicomanie, dans le présent article, détermine
tant l’abus que la dépendance, et le terme inceste désigne tant la
conception légale que la définition clinique. Bien entendu, il existe
d’autres définitions plus ou moins analogues à celles précédemment exposées, mais c’est par souci de simplicité et de compréhension que nous nous en tiendrons à ces dernières.
.
La définition légale se veut restrictive tant par rapport aux activités
sexuelles que par rapport aux personnes impliquées, et ne correspond pas aux définitions cliniques généralement utilisées (Hamel
et al., 1989). Le Comité de protection de la jeunesse, dans une étude
publiée en 1982, venait bonifier la définition légale par « toute
activité à caractère sexuel impliquant un enfant et un adulte qui,
avec cet enfant, a un lien de responsabilité ou de figure parentale »
(Marois, Messier et Perreault, 1982). Je retiendrai donc cette définition bonifiée pour ma réflexion théorique.
Pour sa part, la dépendance se définit comme suit : « Un mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération du
fonctionnement ou à une souffrance cliniquement significative,
caractérisé par la présence de trois (ou plus) manifestations, à un
moment quelconque d’une période continue de 12 mois : 1) la
tolérance; 2) des symptômes de sevrage; 3) la substance souvent
prise en quantité plus importante ou pendant une période plus
prolongée que prévu; 4) un désir persistant ou des efforts
infructueux pour diminuer ou contrôler l’utilisation de la substance; 5) un temps considérable consacré aux activités nécessaires
pour obtenir la substance, utiliser le produit ou récupérer de ses
effets; 6) l’abandon ou la réduction significative des loisirs, des
activités sociales et professionnelles à cause de l’utilisation de la
substance; 7) l’utilisation continue de la substance bien que la personne sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la
substance » (Nadeau & Biron, 1998).
L’intervenant
Tout d’abord, la définition légale de l’inceste telle qu’inscrite
actuellement au code criminel se lit comme suit :
Article 155 :
(1) (inceste)
Commet un inceste quiconque, sachant qu’une
autre personne est, par liens de sang, son père
ou sa mère, son enfant, son frère, sa sœur, son
grand-père, sa grand-mère, son petit-fils ou sa
petite fille, selon le cas, a des rapports sexuels
avec cette personne.
(2) (peine)
Quiconque commet un inceste est coupable
d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de quatorze ans.
(3) (Contrainte) Nul ne doit être déclaré coupable d’une infraction au présent article si, au moment où les rapports sexuels ont lieu, il a agi par contrainte,
violence ou crainte émanant de la personne avec
qui il a eu ces rapports sexuels.
(4) (Définition de « frère » et « sœur »)
Au présent article, « frère» et « sœur » s’entendent notamment d’un demi-frère et d’une
demi-sœur.
vantes au cours d’une période de 12 mois : 1) utilisation répétée
d’une substance conduisant à l’incapacité de remplir des obligations fondamentales, au travail, à l’école ou à la maison; 2) utilisation répétée d’une substance dans des situations où cela peut être
physiquement dangereux; 3) problèmes judiciaires répétés liés à l’utilisation d’une substance; 4) utilisation de la substance, malgré des
problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents,
causés ou exacerbés par les effets de la substance » (Nadeau &
Biron, 1998).
5
5
SUITE
enfance et leur adolescence (violence, viol, inceste) (Bernard, 1995).
Des données récentes révèlent que 47 % des femmes suivant un
traitement pour une dépendance à l’alcool ont subi au moins un
traumatisme sexuel ou des expériences de violence ou les deux
(Lecavalier, 1991; Mondanaro, 1992). Selon Boisvert (1999), 34,72 %
des femmes âgées de dix-huit ans et plus ayant consulté pour un
problème d’alcoolisme et/ou de toxicomanie en AbitibiTémiscamingue entre le 1er janvier 1999 et le 30 juin 1999 avaient
été victimes d’inceste.
des victimes d’inceste rapportent avoir des flash-back de l’inceste
quand elles font l’amour (Hunter, 1990). Il m’apparaît donc très
réaliste de croire que la substance psychoactive est utilisée pour
permettre à ces femmes d’être fonctionnelles. Par contre, il est aussi
évident que la solution pathologique à prime abord efficace (toxicomanie) devienne rapidement le problème qui les amènera à consulter. Il faut comprendre que le développement d’une toxicomanie
vise à s’éloigner de soi et de la blessure interne laissée par l’agression.
À l’inceste s’ajoute un autre facteur, celui du tabou social et familial. À ce sujet, Yeary (1982) note la force du tabou relié à l’inceste
et soutient que l’expérience incestueuse est objet de déni autant et
sinon plus que l’expérience d’une dépendance à un produit chimique. Tenant compte de cette information, il est possible de penser
que les données précédemment exposées puissent même être plus
importantes que la statistique ne nous le laisse croire, et cela, même
en contexte d’intervention.
Par conséquent, « suite à une expérience incestueuse, la victime
peut développer une certaine peur et une anxiété importante qui
risquent de se manifester dans de nombreuses sphères de sa vie.
L’anxiété et la peur peuvent se traduire par des difficultés de fonctionnement, de l’isolement, des cauchemars, des insomnies, des
maux de tête, des nausées, des problèmes d’ordre sexuel, un début
ou une augmentation de la toxicomanie » (Demers, 1987). À ce propos, Berthiaume (1991) mentionne que certaines femmes développeront une dépendance aux médicaments.
Toujours d’après Yeary (1982), « il y a un taux élevé d’abus d’alcool
(consommation abusive d’alcool), d’alcoolisme (dépendance à l’alcool) et d’autres toxicomanies parmi les personnes ayant vécu
l’inceste; ce phénomène peut être observé sous deux formes :
1- Parmi les cas d’inceste rapportés, les hommes qui ont perpétré
l’expérience incestueuse ont un haut taux d’abus d’alcool ou
d’alcoolisme; la fréquence de l’alcoolisme chez le père d’un sujet
d’inceste varie selon les études, entre 20 et 50 %.
Octobre 2000, vol. 17, no 1
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L’intervenant
2- Parmi les femmes qui sont en traitement pour une dépendance
chimique, il y a une fréquence significativement élevée d’expériences incestueuses lorsqu’elles étaient adolescentes ou plus
jeunes ».
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Ces données que Jody Yeary nous expose dans ses travaux nous
présentent donc deux façons de dégager le lien de cause à effet
entre l’inceste et la toxicomanie : les femmes développent-elles cette
dépendance pour fuir le traumatisme vécu ou s’agit-il plutôt de la
reproduction du comportement observé par la figure parentale qui
pose l’acte incestueux?
Or, de nombreux auteurs viennent nous éclairer sur la question et
l’unanimité ou presque semble pencher vers l’hypothèse d’une réaction post-traumatique. Bergeron, Cantin, Lecavalier & Richer
(1983) affirment que c’est souvent suite à une agression que les
femmes utilisent des produits psychoactifs, et ce, dans le but de
s’adapter tant bien que mal à la situation; le produit utilisé leur
permet soit de demeurer fonctionnelles, de s’engourdir ou de réagir
(mécanismes d’adaptation). En fait, le recours aux produits psychotropes survient souvent lorsque la personne a épuisé les autres
ressources dont elle dispose pour tenter de réagir ou de s’adapter à
ces événements. De plus, il est fort intéressant d’observer que ces
expériences demeurent des sujets difficiles à aborder lors des évaluations et même en cours de traitement. Pour sa part, Foucault
(1980) parle d’une fuite de soi : « fuite éperdue, dans l’agir, la
drogue, l’alcool, le sexe; fuite d’elle-même ».
« L’expérience de l’abus brouille les repères cognitifs usuels en ce
qui concerne l’amour et la sexualité. […] L’alcool ou la drogue sont
souvent utilisés pour parvenir à cet état d’engourdissement, nourrissant l’impression de ne pas être tout à fait présent dans le réel,
d’être en quelque sorte « comme un zombie : fonctionnel mais la
conscience anesthésiée » (Dorais, 1997). Selon Hunter, plus de 80 %
En parlant des victimes d’abus sexuel, Renaude Labrecque (1983)
écrivait dans L’infirmière canadienne que « Le rejet de leur propre
corps les entraîne souvent dans la prostitution et à l’utilisation de
drogues. » On fait souvent cette triple association dans la littérature sur le sujet. Toxicomanie, prostitution et abus vécu seraient-ils
un coquetel inévitable? En fait non. Je crois plutôt que nous
sommes en face de ce type de données parce que le milieu de la
prostitution est effectivement un milieu consommateur, mais je ne
crois pas qu’il soit possible de démontrer l’inverse. En effet, beaucoup de femmes vont développer une toxicomanie et ne feront
jamais de prostitution. Il en est de même pour les victimes d’inceste. D’ailleurs, il faut être très prudent quand l’on tente de démontrer un lien de causalité entre deux problématiques; voilà pourquoi
il est important de bien étoffer le sujet.
En conclusion, il semble y avoir un lien entre le développement
d’une toxicomanie et l’inceste vécu chez la femme. Par conséquent,
l’intervention ne devrait-elle pas démontrer elle aussi la présence de
ce lien? Il m’apparaît évident que la toxicomanie ne peut être traitée
sans que la source du problème ne soit prise en considération et, du
même coup, fasse partie intégrante du traitement. L’importance
d’une approche intégrée et la nécessité d’investir tant au niveau de
la formation des intervenants que de la recherche sur le sujet sera
donc exposée dans mon troisième article. Quant au deuxième article, il traite de la double problématique sous l’angle du choc posttraumatique. Entre autres, « Inceste et toxicomanie : un mariage de
raison, des survivantes », fait le parallèle avec les vétérans du
Vietnam.
NDLR Monsieur Boisvert est agent de relations humaines au Centre Normand et
superviseur clinique à l’Accueil Harvey-Bibeau.
Documents de références
ARMSTRONG, L. (1978). Kiss daddy goodnight. New York : Hawthorn Books.
BERGERON, E., CANTIN, H., LEBLOND, S., LECAVALIER, M., RICHER,
G. (1983). Rapport sur la toxicomanie féminine. Domrémy Montréal.
BERNARD, Anne (1995). « Femmes et toxicomanie ». Domrémy Montréal.
BERTHIAUME, Nicole (1991). « Profil des problèmes sociaux de l’AbitibiTémiscamingue », Rouyn-Noranda : C.R.D.A.T.
BOISVERT, D. (1999). « Agression sexuelle et toxicomanie ». Amos : Centre
Normand (non publié).
Centre de documentation juridique du Québec (1989). CODE CRIMINEL
SUITE
Toxicomanie
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FOUCAULT, P. (1980a). « Conséquences psychologiques d’un inceste,
partie 1 », in Revue québécoise de psychologie. Vol.1, no 1, p. 37-50.
FORWARD, S. & BUCK, C. (1978).
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HAMEL, Hélène; BALTHAZARD,
Carole; BOUFFARD, Anita; CÔTÉ,
Nicole; COUTURE, Marie; LASSONDE,
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maîtrise ès sciences en service social,
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(1982). « L’inceste : une histoire à trois
et plus… apprendre à les aider… »,
Gouvernement du Québec, Ministère de
la Justice, Comité de la protection de la
jeunesse, cahier 3, études et recherches.
MONDANARO, J. (1992). Chemically
Dependent Women – Assessment and
Treatment. Lexington Books.
Octobre 2000, vol. 17, no 1
Formations à venir :
Hiver 2001
L’évaluation d’activités en toxicomanie, 26 janvier à Longueuil.
Quand le plaisir fait souffrir : intro à la gestion expérientielle, 9 février à Québec.
Mise à jour sur les substances psychotropes, 16 février à Longueuil.
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l’Université Laval.
YEARY, Jody (1982). « Incest and chemical dependency », in Journal of psychoactive drugs. Vol. 14, p. 133-135.
7
5
Le suicide chez
les jeunes ou « pour
une tentative de vie »
MARTINE BOVAY
Octobre 2000, vol. 17, no 1
.
L’intervenant
Le suicide est devenu la première cause de mortalité chez les jeunes
de 15 à 25 ans, après les accidents de la route. Il tue en moyenne,
par année, 130 de ces jeunes2 (avec des tentatives 50 à 60 fois plus
nombreuses)3, dont une dizaine dans le canton de Vaud (Suisse);
c’est plus que la route (100 décès environ) et plus que la drogue
(95).
8
8
Ce sujet dérange et fait peur. C’est sans doute pour cette raison que
la connaissance que nous en avons est partielle, entachée de fausses croyances et de mythes :
➤ [il ne faut pas prendre au sérieux toutes les menaces suicidaires.
Faux : 60 à 80 % des personnes qui se suicident en ont parlé
avant;
➤ le suicide est manipulatoire. Faux : le but n’est pas d’attirer l’attention et l’affection d’autrui mais de s’autodétruire à un
moment précis où la vie est insoutenable. Il y a des facteurs sociaux, familiaux et individuels;
➤ le suicide arrive précipitamment. Faux : sont apparus auparavant, le plus souvent, des indices, des avertissements, des signes
précurseurs ou des appels de détresse;
➤ le suicide est un choix absolu. Faux : le suicide présente presque
toujours de l’indécision ou de l’ambivalence jusqu’au dernier
moment;
➤ le suicide est un processus irréversible. Faux : le désir suicidaire
constitue souvent un état de crise de courte durée;
➤ le suicide se produit seulement dans certaines classes sociales.
Faux : toutes les classes socio-économiques sont touchées;
➤ les suicidants sont des malades mentaux. Faux : déprime,
malheur, désespoir ne sont pas des signes de maladie mentale.
Toute personne peut un jour ou l’autre être confrontée à ce
désir de mort;
➤ le suicide est héréditaire. Faux : on ne retrouve dans ce domaine
aucune preuve d’hérédité génétique;
➤ les suicidants sont des lâches ou des courageux. Faux : à ce
moment-là, la personne est dans un cul-de-sac. Elle n’a plus de
possibilité de choix;
➤ on guérit vite de la maladie du suicide. Faux : les êtres restent
fragiles pendant un certain laps de temps]4.
Nous n’allons pas parler des aspects historiques ou idéologiques
du suicide. C’est vrai qu’il y a eu et qu’il y aura toujours :
➤ des suicides romantiques comme celui de Kleist Heinrich,
écrivain allemand 1777-1811, qui, méconnu, se suicida avec son
amie;
➤ des suicides contestataires (celui de René Crevel, poète surréaliste français, 1900-1935);
➤ des suicides révolutionnaires (celui de Jan Palach, Prague,
1968);
➤ des suicides sacrificiels (celui de Mishima);
➤ des suicides héroïques (ceux des kamikazes);
➤ des suicides stoïques (celui d’Henri de Montherlant);
➤ des suicides médiatisés : de Bettelheim à Dalida, en passant par
Patrick Dewaere ou Romy Schneider, Christine Pascal, de ces
suicides qui nous ont touchés, émus, bouleversés; le suicide de
Kurt Cobain (Nirvana), ou plutôt la médiatisation de son suicide, semble avoir été agent déclencheur de toute une série de
suicides de jeunes5.
1
Les sociologues Durkheim6 et Pinguet7 (Tableau 1) ont analysé les
groupes-cibles, les facteurs sociaux et les types de morts volontaires. Les personnes intéressées peuvent s’y reporter.
Mais, aucun âge de la vie ne présente autant de traits curieux au
niveau de la psychologie évolutive et de la psychopathologie que
l’adolescence. C’est une période de crise pour les parents comme
pour les enfants. L’adolescence, c’est l’âge des questionnements :
qui suis-je? - que faire de mon corps? - que penser? - comment
aimer? L’adolescent est à la recherche de son identité tant corporelle qu’intellectuelle et affective. C’est aussi l’âge des questionnements pour tout adulte en âge d’être parent d’adolescent :
➤ en tant que personne : est-ce que je vaux encore la peine? Suisje sur le déclin?
➤ en tant que parent/éducateur : que faut-il tolérer? - à quelle
heure doit-il rentrer? - peut-il ramener un(e) ami(e)?
➤ en tant que membre d’un couple : qu’en reste-t-il? - pouvonsnous encore nous aimer? - suis-je encore séduisant(e)?
Si l’adolescent est en crise pour s’individuer et maturer, les parents
le sont aussi. C’est donc toute la famille ou le système jeunes/éducateurs qui doit revoir son rôle. Nous allons partir de l’interpellation qui nous est renvoyée par tous ces jeunes qui s’en vont sur les
chemins du « mal-être », de la « désespérance » jusqu’au point de
non-retour, du « ne plus être ».
À l’adolescence, les questions essentielles autour des verbes mourir
et vivre sont sur le même plan. Vivre pourquoi? Mourir, pourquoi
pas, si la vie ne vaut pas la peine d’être vécue! Mourir ne signifie ni
vieillir, ni souffrir mais plutôt changer de vie, recommencer :
mourir = renaître. Mourir, c’est se donner la possibilité de vivre
autrement. Il est bien évident alors que mourir ne signifie pas se
tuer mais fuir, faire disparaître le problème, la difficulté. C’est
l’opération classique de la pensée magique, un reste d’enfance,
ultime étape avant d’entrer dans l’univers des responsabilités. C’est
un mécanisme de défense très utilisé contre l’angoisse dépressive.
Si on se débarrasse de soi-même, on a l’impression qu’on résout
son problème.
Mourir peut signifier toucher l’autre, l’atteindre au travers de la
souffrance qu’on s’inflige à soi-même surtout lors du long travail
de séparation. L’adolescent se dit : « Je veux tuer mon corps. Je veux
____________________
1. Titre emprunté à la Fondation JEVI, Sherbrooke. Le suicide chez les jeunes, à nous
d’agir, Sherbrooke, 1989.
2. Chiffres donnés en janvier 2000.
3. Selon une étude réalisée en 1993 à Lausanne par l’Institut universitaire de médecine
sociale et préventive, entre 3 et 5 % d’adolescents de 15 à 19 ans feraient chaque
année une tentative de suicide. Le taux de récidive est de 60 %. Les jeunes qui font
une tentative de suicide n’en parlent pas forcément. Seuls 20 à 30 % d’entre eux
bénéficient d’une aide, tous les autres échappent au système de prise en charge.
4. Richard Martin, Marie-Carmen Plante, Pierre H. Tremblay. 17 ans... la vie derrière soi,
guide de l’intervenant, Centre de communication en santé mentale, Rivière-desPrairies, Québec, 1986.
5. « La manière que j’aurais aimé mourir c’est une balle dans la tête avec le même fusil
que Kirk (Kurt) Cobain, à 27 ans, mais il est trop tard maintenant. Adieu. » avait
écrit Steve Dallaire, un des 3 jeunes retrouvés morts, intoxiqués par du monoxyde
de carbone dans un garage de Vancouver en septembre 1995.
6. Durkheim Émile. Le suicide, Paris, P. U. F., 1960.
7. Pinguet Maurice. La mort volontaire au Japon, Paris, Gallimard, 1984.
SUITE
tuer tout ce que je n’arrive pas à comprendre autour de moi... » Il y
a ce désir d’imprimer sa trace dans la mémoire des survivants.
L’adolescent cherche à exister à travers sa disparition pour toujours
être dans la mémoire de ceux qui restent. Il y a un paradoxe entre le
fait de vouloir préserver les parents et cette abomination du geste
envers eux (que représente l’acte du suicide). L’individuation est
difficile du fait des parents, de la mère, par exemple, qui a de la
peine à se séparer de l’enfance de ses enfants. Dans ce cas, l’adolescent peut s’attacher dans ses pensées morbides à imaginer la souffrance de ses parents ou de l’amoureux rejetant. Ce travail de deuil
et de séparation n’est pas d’une élaboration facile. Dans la plupart
des cas, heureusement, les pensées suicidaires de l’adolescent normal, c’est-à-dire en crise, consistent à se survivre en imagination.
C’est différent dans les cas de crises dépressives.
La dépression chez l’adolescent a d’ailleurs été longtemps
méconnue. On considérait que l’enfant avait tout pour être
heureux et ne pas déprimer. 1 % des enfants « vivent » un état
dépressif. À l’adolescence, les symptômes classiques de la dépression (différente du coup de cafard) peuvent prendre un certain
nombre de masques : irritabilité, troubles du comportement, mauvaises fréquentations, fléchissement scolaire, isolement, enfermement, troubles somatiques, perturbations du sommeil, etc. Pour
l’adolescent normal, il s’agit d’apprivoiser l’idée de la mort, son
sens et sa valeur et en même temps de se donner des raisons personnelles de vivre. Lorsqu’il ne peut pas parler de ses émois, lorsque
toutes ces transformations en jeu sont trop désespérantes, le comportement ordalique8 permet au jeune de jouer avec les valeurs de
sa vie propre, avec ses raisons de vivre, avec son destin9. Ces quêtes
initiatiques - où la vie prend sa valeur au travers d’épreuves diverses et douloureuses, de résurrections, de métamorphoses, de jeux
avec la mort - aident à supporter le coût exorbitant de la séparation
quand l’environnement n’est pas « contenant » et facilitateur.
Les adolescents sont très fragiles par rapport aux incitations au suicide. Ils offriraient facilement leur vie pour une cause. Pour eux, la
valeur de la vie est relative. Mourir peut même être considéré
comme un droit, un signe de liberté : « On n’a pas demandé à
naître, qu’on nous laisse le droit/le choix de mourir ».
À l’adolescence, un certain nombre d’accidents sont des tentatives
de suicide cachées, des équivalents suicidaires. Certains parents
ont de la peine à voir et dénient la violence du malaise traversé par
leur enfant qui, enfermé dans le silence absolu de l’incompréhension, va être confronté à l’angoisse paranoïde, la peur d’éclater, de ne
pas pouvoir contenir la force de ses pulsions. Il ne formule pas
clairement son désarroi et son souhait d’abandonner les rêves de sa
vie. Il ne peut pas se l’exprimer, ni l’exprimer à ses parents. Il les disqualifie : « Ils sont trop occupés », « Ils s’en foutent », « Je ne veux
pas leur en parler » et en même temps, il les sollicite par l’acte luimême et ses conséquences. Parfois, c’est la prise de risque pour se
sentir réel, le passage à l’acte : chapardage, délit mineur, tous ces jeux
de rivalité considérés comme stupides par les adultes. Certaines
____________________
8. L’ordalie désigne le jugement de Dieu que l’on pratiquait au Moyen-Âge sous la
forme de diverses épreuves, notamment par le feu et par l’eau...
9. L’excellent tiré à part de Maryse Vaillant, Centre de Vaucresson. Suicide et tentatives
de suicide chez les adolescents, 10 p. (référence incomplète) et Maryse Vaillant. Les adolescents difficiles, CFEES, 1989.
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9
5
SUITE
prises de risques sont plus graves, pour sentir le risque et avec le
risque sentir la vie10 : la violence, la fugue ou la toxicomanie. Il faut
percevoir le sens de ces passages à l’acte : ce sont des pointes d’icebergs qui devraient nous permettre de réfléchir...
C’est difficile à l’adolescence d’expliquer un diagnostic par un comportement. Il faut replacer tout cela dans la réalité familiale et
l’histoire de l’adolescent en question. Nous devons penser, en tant
qu’éducateur, au besoin d’idéal de beaucoup de jeunes, à leur insatisfaction à vivre sans raison supérieure, sans but... La tentative de
suicide est un geste de désespoir et d’impuissance, complexe, paradoxal et... qui tue.
La plupart des adolescents n’ont pas conscience du caractère irréversible et concret de la mort, cette mort tabou dont on parle si peu.
« Car mourir ou non, là n’est pas la question. Pour les adolescents,
la mort n’est qu’un mot : l’évolution des sciences et des techniques
l’a tellement repoussée aux confins de la vie... La mort, c’est un truc
de vieux, une pathologie, et les jeunes croient à leur toute-puissance.
Et puis, cette mort, ils ne l’ont jamais vue, on la leur a soigneusement cachée en vissant subrepticement le cercueil des grands-parents décédés à l’hôpital avant de les laisser entrer dans la pièce, en
aseptisant jusqu’aux images de la Guerre du Golfe, pour qu’ils ne
risquent pas de dénicher quelque cadavre dans un coin de l’écran.
Une guerre propre, une mort propre, pourquoi ne pas flirter avec?11.
Avec la tentative de suicide, il y a eu une
escalade de souffrances et de signes avantcoureurs d’un trouble dépressif qu’il est bien
difficile de reconnaître.
drogue ou l’anorexie mentale offrent au jeune une solution à son
problème, le suicide quant à lui est précisément le signe d’une
absence de solution ».
Le suicide est souvent lié aux moments de crise dans notre vie. Pour
l’adolescent, ce sont les passages de l’enfance à l’adolescence et de
l’adolescence à l’âge adulte. En effet, le jeune passe par des transitions
importantes. L’adolescence est une voie qui n’est pas rectiligne. À ce
stade, on peut se retrouver chamboulé dans ses habitudes, son identité, sa manière de vivre. Le jeune peut devenir anxieux, perdre de sa
sécurité : tout devient imprévisible. Il doit faire le deuil de son état
d’enfant, le deuil de la relation qu’il avait avec ses parents. Chez beaucoup d’entre eux, cela se traduit par du cafard, un repli temporaire
sur soi...
Des événements peuvent venir précipiter cette crise : des problèmes
à l’école (nouveaux rythmes de travail, horaires, professeurs,
mesures de discipline, camarades), sexualité naissante, échecs per____________________
10.Jean-Pascal Assailly. Les jeunes et le risque : une approche psychologique de l’accident, Éditions Vigot, Paris, 1992, p. 154-160.
11.Suicides : ces jeunes qui veulent mourir, lu dans Le Point no 1007, du 4 janvier 1992.
12.Émile Nelligan. Soir d’hiver, dans Poésies complètes, Bibliothèque Québécoise,
Fides, 1989.
13.Fabienne Thibault. Le monde est stone, dans Starmania.
14.François Ladame. Les tentatives de suicide des adolescents, Éditions Masson, Paris, 1982.
Faculté de l’éducation permanente
Octobre 2000, vol. 17, no 1
.
L’intervenant
« Ah! comme la neige a neigé!
Mon âme est noire : Où vis-je, où vais-je?
Qu’est-ce que le spasme de vivre
A tout l’ennui que j’ai, que j’ai! »12.
10
4
Il en faut si peu à l’adolescent pour douter de
lui. Le suicidant s’enlise dans ses problèmes,
qu’ils soient :
➤ familiaux : place dans la famille, éclatement de la famille, carences affectives;
➤ personnels et/ou relationnels : fragilité
psychologique inhérente à ce moment de
la vie, tempérament;
➤ scolaires : échecs à répétition, résultats
scolaires faisant l’objet de pression voire
de, d’un, sur (ou sous) investissement de
la part de la famille;
➤ événementiels, de ces événements déclenchants qui sont vécus comme une
atteinte à l’image de soi : déception sentimentale, chagrin amoureux, échec à un
examen, blessure d’amour-propre...
Ce passage à l’acte se fait quand la souffrance
(généralement psychique) est trop grande et
que le suicidant pense que seule la mort
pourrait l’effacer : « Ne venez pas me secourir, venez plutôt m’abattre pour m’empêcher de souffrir »13.
Le psychiatre François Ladame14, un des spécialistes du suicide en Suisse, dit : « Si la
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sonnels, mésententes amoureuses... Ces événements ne sont pas la
cause, mais bien plutôt des facteurs déclenchants. C’est le point de
rupture, de cassure qui est délicat.
Vivre aujourd’hui...
Le suicide dans les années 90, sujet tabou relié à la mort, est tu, peu
médiatisé (heureusement peut-être; nos médias ronronnant déjà
trop à propos de politique nationale, internationale et de sujets fort
porteurs d’audience comme la drogue et/ou le sida).
On nous montre la violence vers l’autre, on nous cache la violence
vers soi. Et pourtant, elles sont légion, toutes ces violences rentrées
ou sournoises :
➤ l’évitement entre individus (devenu la règle en cas de conflits,
par peur du conflit tant dans les couples, qu’au sein de la
famille, entre partenaires sociaux ou à l’école);
➤ l’insupportable indifférence des autres;
➤ l’immersion dans un univers de désirs réalisables, car réalisés
par d’autres et apparemment avec la plus grande facilité.
Notre société déboussolée nous incite aux désirs, aux projets, aux
efforts à entreprendre. Mais cela signifie aussi des obstacles
douloureux, car nombreux. Les autres sont pour nous des repères
majeurs : comparaison, concurrence, élitisme, impatience.
➤ Pourquoi pas moi?
➤ Pourquoi pas mes proches?
➤ Pourquoi pas mes enfants?
On en vient même à oublier nos proches. On vit dans un monde de
solitude croissante, déserté par l’amour (c’est « le vieux pépé »
qu’on parque pendant les vacances) où les gens sont trop occupés à
obtenir le superflu et à masquer leurs émotions pour se préoccuper
de ceux qui leur sont, simplement, beaucoup plus proches.
Ce qui fait dire à P. Dumouchel : « Si la peste blanche du suicide
remplace dans les sociétés riches la famine et les épidémies
plus microbiennes qui accompagnent les misères matérielles,
c’est que l’indifférence tue sans voir »16. On vit au milieu de l’insupportable indifférence des autres.
À l’adolescence, on se pose de multiples questions sur le sens de la
vie. « Nous appartenons à une société bizarre qui a besoin de croire
« Les tentatives de suicides chez les adolescents ne sont pas le résultat d’un manque d’autonomie, mais d’un manque de dépendance »,
dit M.-H. Samy19. Certains facteurs de risques sont certes repérables : environnement familial troublé, plus grande fragilité
physique et mentale, propension à consommer des produits psychotropes... Mais il y a des limites à ce genre d’épidémiologie20.
Prenons l’exemple d’un foyer désuni. Il cache des situations très
diverses. C’est la façon dont le divorce se déroule qui peut constituer un facteur de risque, plus que la séparation elle-même. Ce ne
sont pas les difficultés relationnelles entre les parents dont se plaignent les jeunes, mais l’impossibilité de communiquer dans leur
famille, que leurs parents soient séparés ou pas! Il est intéressant de
connaître les facteurs de risques suicidaires, mais il ne faut pas les
prendre trop au sérieux. Une corrélation n’est pas une causalité.
Vous souvenez-vous de ce télescope du 17 avril 1989, où un
médecin parlait des signes qui devraient inquiéter les parents pour
déceler une dépression à l’adolescence?
➤ Baisse des résultats scolaires;
➤ moins d’attrait pour tout ce qui se vit en groupe;
➤ repli sur soi;
➤ mauvaise estime de soi;
➤ mauvaise relation avec son corps;
➤ perturbation du sommeil;
____________________
15.Lu dans Hanoï-Saïgon, Cosey, 1991.
16.Chef de service de l’unité de psychiatrie de l’Hôtel-Dieu, à Paris.
17.Mais on peut ne pas être sartrien!
18.Claude Thibeault. La prévention du suicide chez les jeunes... c’est d’abord une question de
vie, dans Santé mentale au Canada, vol. 40, no 3, septembre 1992, numéro spécial
Le suicide.
19.Samy, Ladame, Raimbault, Caglar. Adolescence et suicide, Éditions sociales françaises,
Paris, 1989.
20.Françoise Davidson et Marie Choquet. Le suicide chez l’adolescent, ESF, 1982.
L’épidémiologie est une discipline qui étudie les différents facteurs intervenant dans
l’apparition des maladies (infectieuses ou non) ou de phénomènes morbides déterminés (suicides) ainsi que leur fréquence, leur mode de distribution, leur évolution
et la mise en oeuvre des moyens nécessaires à leur prévention.
Octobre 2000, vol. 17, no 1
On court après des modèles insaisissables, on a perdu nos repères
(autres que ces notions de comparaison), les normes, les rites, le
sens de l’appartenance, de la continuité. Comment se forger une
identité, là, au milieu?
Un pseudo-enfant, face à des pseudoautorités, pour un pseudo-dialogue...
.
Ainsi vu, le suicide de l’adolescent n’est-il pas un avertissement,
dans la mesure où il est le refus de s’engager dans ce tourbillon? Il
faut rester au niveau des autres pour ne pas perdre leur estime, leur
amitié, leur respect même. On connaît l’autre avant tout par ce
qu’il a, ce qu’il fait, mais le connaissons-nous vraiment par ce qu’il
est? D’où l’importance de « travailler » le respect, l’estime de soi.
Nous devons donc nous interroger sur ces questions de sens à la vie,
comploter pour la vie, car la vie c’est pour la vie18. C’est savoir aussi
que les idées de mort sont habituelles pendant l’adolescence et ne
pas oublier que la mort se parle, que la souffrance s’exprime, que
la culpabilité se gère et s’élabore. Nous devons réapprendre à vivre
avec ces deux grandes inconnues que sont l’adolescence et la mort,
et rester très prudents dans nos tentatives d’explication. Chaque suicide reste une totale énigme pour les parents concernés, et souvent
aussi pour les accompagnants professionnels.
➤ Quel est le rôle de la famille aujourd’hui? (démission des
parents, éclatement de la famille, famille reconstituée, travail
des deux parents, course au fric et aux valeurs de cocarde.
Rousseau disait : « On a tout avec de l’argent hormis des
moeurs et des citoyens. »)
➤ Où s’en va l’éducation moderne?
➤ Quelles sont les valeurs qu’elle transmet?
➤ Qui sont ces enfants du savoir?
➤ Leur liberté grandissante, leur sexualité précoce avec une maturité psychologique qui ne suit pas toujours, ne s’agit-il pas de
leurres pour nos jeunes?
L’intervenant
« Qu’est-ce qui te fait croire que je n’ai pas d’enfant? », demande
Homer Junior. « Les adultes avec enfants ont une façon de vous
parler, de vous écouter. Je crois qu’ils sont constamment en train de
comparer, de se demander si l’on est en avance ou en retard sur leur
progéniture », répond Félicity15. La comparaison permanente,
involontaire, et la concurrence sont génératrices d’échecs, de souffrances et de ressentiments.
que la vie a un sens »17, dit Françoise Giroux (Si je mens). Mais notre
société n’offre plus de réponses acceptables. Elle offre la réussite à
tout prix, l’excellence, le culte du corps, la consommation de biens.
Ce ne sont pas là des valeurs, au sens noble du terme.
11
5
SUITE
➤ accidents à répétition...
Le lendemain, les médecins ont dû être surchargés de demandes de
rendez-vous de mères (et pères) inquiet(e)s!
Qui me pousse au bout de la vie
À poser des gestes
Qui me sortiraient du gris
Pour évoluer, grandir et vivre nos adolescents ont besoin :
➤ de crans d’arrêts (qui sont, de fait, rassurants);
➤ d’une autorité cadrante allant à l’encontre du pessimisme, de
l’inquiétude et du découragement;
➤ d’images parentales solides (et non l’effacement du père, la
mère toute-puissante);
➤ d’éducateurs cohérents, conséquents et attentifs à toutes les
formes de repliement sur soi...
Je n’arrête pas de chercher
Encore et encore
La fameuse mine d’or
Qui vit dans mes rêves
Je me dis que tout le temps
Il y aura toujours un vent changeant
Le fait que tout être humain joue au moins une fois dans sa vie avec
la pensée du suicide est un constat digne d’être médité : en tout état
de cause, l’idée que les candidats au suicide se brisent sur les mêmes
difficultés que celles contre lesquelles nous avons tous à lutter ne
saurait être négligée.
Nous devons aider nos jeunes à choisir de vivre (car « le suicide
n’est pas un choix véritable. Choisir de mourir, c’est choisir de ne
pas choisir : c’est ne plus être libre ») et à savoir vivre (car « la mort,
c’est un manque de savoir vivre »).
Nous devons les aider à réussir leur tentative de vie :
« Du bout de mes doigts
Je sens l’énergie
Tableau 1
L’intervenant
Pour prévenir le suicide, il est donc important de remplacer
une relation d’aide par une relation d’être (et d’êtres...)22.
____________________
21.Une chanson de Marjo : Amoureuse.
22.Bovay, Martine-D. Un modèle systémique d’intervention préventive dans Collectif :
L’usage des drogues et la toxicomanie, volume 2, Gaëtan Morin, Montréal, 1994.
Comment?
INDIVIDU
➤
➤
➤
➤
➤
Développer l’estime, l’affirmation, le respect de soi et des autres.
Mieux se connaître, apprendre à s’écouter et développer ses capacités à entendre ses propres signaux d’alarme.
Ne pas se donner trop de missions (impossibles...).
Se situer comme personne avec ses valeurs et ses choix.
Développer ses capacités de faire des projets et d’utiliser les ressources disponibles.
SUICIDE
➤
➤
➤
➤
➤
Savoir que le suicide est une agression majeure.
Regarder vers l’avenir plutôt que se tourner vers le passé.
Parler de tout depuis toujours (dont la vie, le plaisir mais aussi la mort, le suicide...).
Ouvrir des alternatives, des choix dans les projets de vie...
Éviter de se culpabiliser, « échanger », ne pas avoir peur...
ENVIRONNEMENT
➤
➤
➤
➤
➤
Favoriser une éducation familiale cohérente (mélange d’amour et de respect des limites).
Bannir la critique, le blâme, la disqualification (tant dans l’environnement familial que scolaire ou autre...).
Faire de l’école un lieu où l’enfant/l’adolescent est stimulé à développer ses compétences et ses intérêts.
Réfléchir à notre société d’élitisme, d’impatience, de comparaison, de concurrence, d’argent.
Viser sans cesse à réduire les inégalités en favorisant la communication, la solidarité...
.
Octobre 2000, vol. 17, no 1
Les jeunes qui se suicident ont envie d’en finir. C’est un acte de rupture avec cette vie-là, avec un paradoxe, l’espoir d’en vivre une autre.
C’est donc à la fois un acte de mort, mais aussi un acte qui contient des pulsions de vie...
Prévenir le suicide, c’est (re)construire une relation d’être et d’êtres...
Qui? Quoi? Où?
12
4
Amoureuse
Amoureuse de la vie
Je vais vivre ma vie
Comme je l’ai toujours pensé. » 21
COMMUNIQUÉS
Dossier méthadone - Le médecin du Québec (volume 35, numéro 5, mai
2000) publie plusieurs articles concernant la prescription de
méthadone dans une approche globale de soins ainsi que les
témoignages de Mario et de Lynda. On peut consulter ce document au
centre de documentation de l’AITQ ou se le procurer à la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec au (514) 878-1911 ou au
1-800-361-8499.
Famille-Atout - C’est un jeu de cartes qui peut se jouer à 3 personnes
ou plus, de 14 à 99 ans. Il permet de mieux se connaître en se devinant,
de confronter des opinions, de changer de point de vue, de discuter et
d’argumenter en s’amusant. La boîte de jeu contient plus de 300 cartes
permettant de poser les dilemmes et d’y répondre. On peut se la procurer auprès de Martine Bovay, Av. De Milan 14, CH-1007, Lausanne,
au coût de 50 $ plus frais de poste et de manutention.
Le syndrome d’alcoolisation foetale - Compte tenu des interrogations soulevées par cette question au sein de la communauté québécoise, le Comité permanent de lutte à la toxicomanie (CPLT) a décidé
de faire connaître sa position sur le sujet. Le document traite non
seulement du syndrome d’alcoolisation foetale, mais aussi des effets
de l’alcool sur le foetus. On peut obtenir un exemplaire de cette prise
de position en communiquant avec le CPLT au (514) 389-6336.
Prévention des
toxicomanies
FRANCINE HAMEL
Centre de réadaptation Domrémy Mauricie/Centre-du-Québec
Il existe dans nos sociétés, depuis quelques décennies, une volonté
manifeste d’investir du côté de la prévention. La prévention des
toxicomanies est une valeur à la hausse dans le discours des divers
intervenants qui affirment à l’unisson qu’il est impossible de venir
à bout des problèmes de toxicomanie uniquement en réprimant
l’offre de produits ou en augmentant les services de réadaptation.
Concept
La prévention est une mesure d’anticipation qui requiert une connaissance pratique des séquences et des systèmes de causalité pertinents. L’évolution des problèmes ou des états de choses indésirables peut se répartir en trois étapes générales qui correspondent
à la prévention primaire, secondaire et tertiaire. La prévention primaire vise à limiter l’incidence, soit, empêcher qu’un problème
apparaisse au sein de la population en général. La prévention secondaire cherche à limiter la prévalence, c’est-à-dire empêcher
qu’un problème ne se propage ou dégénère chez un groupe d’individus à risque. Enfin, la prévention tertiaire est l’ensemble des
mesures visant à limiter les conséquences, c’est-à-dire empêcher
qu’un problème laisse des séquelles ou des incapacités permanentes au sein de la population des individus atteints.
Les étapes
Stratégies
L’information : on croit généralement qu’une meilleure connaissance favorise un changement d’attitudes qui peut conduire à une
diminution de l’usage des drogues. Cependant beaucoup d’études
« Les programmes axés sur la famille s’avèrent davantage liés à
l’amélioration des connaissances concernant les drogues, à
l’amélioration des compétences et des habiletés parentales, à l’instauration d’une discipline efficace et à une amélioration de la
communication qu’à une diminution de l’usage de drogues ». « En
raison d’un manque de recherches évaluatives portant sur les programmes axés sur la famille, leur degré d’efficacité ne peut être
démontré, bien que des changements dans les attitudes parentales
et les relations familiales semblent avoir un impact sur le comportement des enfants. Ils semblent plus efficaces lorsqu’ils
s’adressent à des populations spécifiques. » (Brochu et coll. 1997)
La réalisation de ces activités de prévention et de promotion de la
santé doit clairement reposer sur une approche de type communautaire, qui se développe au sein même des milieux de vie des individus. En effet, il apparaît de plus en plus évident que la prévention
des toxicomanies s’avère efficace si elle se développe et, par la suite,
s’enracine solidement dans les communautés. Pour améliorer l’efficacité préventive, peut-être faudrait-il chercher de nouveaux modèles de prévention et faire appel à d’autres types de sentiments
individuels et collectifs. S’appuyer sur plus de responsabilité individuelle face aux risques, permettre une plus grande liberté dans les
choix, aider à vivre au lieu d’exclure et de stigmatiser, donnant aux
personnes, aux familles, à la société, une maturité, une responsabilité
Octobre 2000, vol. 17, no 1
L’individu
La famille
.
On reconnaît quatre grandes stratégies de promotion et prévention
des toxicomanies : l’influence, le contrôle, le développement des
compétences et l’aménagement du milieu. Par influence on entend
des activités de sensibilisation allant de la diffusion d’information à
des efforts plus structurés de persuasion, visant à modifier les attitudes et la connaissance d’une personne, d’un groupe de décideurs
ou d’une communauté. Lorsque l’on parle de contrôle, on fait
référence à des mesures consistant à adapter, réviser ou appliquer
des lois ou des règlements en vue d’en réduire l’offre et la demande.
Le développement des compétences consiste en des activités visant
à accroître les habiletés des personnes et des communautés, afin de
les rendre plus aptes à faire face aux situations de la vie de tous les
jours et à se prendre en charge, comme habiliter les parents à mieux
réagir face à la consommation de leur enfant. L’aménagement du
milieu vise à modifier les milieux de vie (écoles, loisirs ou autres) de
façon à offrir des alternatives susceptibles de mieux répondre aux
besoins des individus et d’améliorer leur qualité de vie. Un relevé d’études américaines nous fournit des indications sur l’efficacité de
certains programmes (Brochu et coll. 1997). Nous aborderons
ceux qui concernent l’individu et la famille.
L’intervenant
L’action préventive comporte quatre parties ou éléments principaux : la définition du problème, par l’identification des besoins et
la clarification des valeurs; l’analyse du problème qui comporte la
compréhension des causes et l’identification des facteurs; la planification de l’action qui est l’énoncé des objectifs et le choix des
moyens; enfin, après l’action elle-même, l’évaluation des indicateurs de résultats qui avaient été fixés au préalable.
arrivent à la conclusion que cette forme de stratégie est inefficace.
Certains vont même jusqu’à prétendre que l’information, en attirant l’attention sur les produits, contribue à en faire la promotion.
Sans nier l’utilité de bien connaître et être informé adéquatement,
il semble cependant que cela ne conduit pas à modifier les comportements de façon significative. Les stratégies affectives : ces
programmes soutiennent que la consommation est reliée à une
faible estime de soi principalement. Ils visent donc à valoriser les
personnes, leur apprendre à gérer leur « stress » et prendre des décisions adéquates. Les recherches sur leur efficacité sont peu concluantes. On les considère peu efficaces généralement; par exemple on
émet l’hypothèse que la faible estime de soi puisse plutôt être la
conséquence de consommation de drogues. L’influence sociale :
on reconnaît l’efficacité de ces programmes qui visent à renforcer et
instrumenter les individus face aux pressions des pairs. Ils ont un
impact sur la consommation, ils permettent de mieux gérer l’anxiété et ils engendrent des modifications de comportements. Les
habiletés personnelles et sociales : ces programmes plus globaux
considèrent l’ensemble des facteurs « sociaux, environnementaux
et personnels » qui influencent la consommation de drogues. Les
principales habiletés ciblées sont : la prise de décision, la résolution
de problèmes, la résistance aux pressions médiatiques, la gestion de
l’anxiété, le développement de l’estime de soi, l’habileté à communiquer. On a démontré qu’ils contribuent à prévenir la consommation de tabac, d’alcool et de marijuana ou d’en réduire la consommation. Les stratégies de remplacement : ces programmes
jumelés à l’acquisition d’habiletés personnelles et sociales ont un
impact surtout auprès des clientèles à risque telles que les
décrocheurs et les contrevenants. Ils proposent aux jeunes des alternatives attrayantes à la consommation : centre de jour, recherche
d’emploi, activités diverses.
13
5
SUITE
et des possibilités de solidarité qui font actuellement défaut. Finalement, elle doit nécessairement s’inscrire dans un cadre plus global où des mesures sont mises en place pour contrer des éléments
propices à la toxicomanie : chômage, pauvreté, milieu désorganisé...
Toxicomanie : facteurs de risque chez les jeunes
INDIVIDUELS
•
•
•
•
•
•
•
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FAMILIAUX ET SOCIAUX
Tempérament
(facteurs constitutionnels)
Déficits cognitifs
Troubles de comportement
Échec scolaire
Sensibilité aux drogues
Stress
Dépression
Détresse
•
•
•
•
•
•
•
•
Problèmes de consommation
des parents
Psychopathologie parentale
Pratiques parentales
Attachement à la famille
Conflits familiaux
Difficultés interpersonnelles
Association avec pairs déviants
Environnement social tolérant
envers les drogues
BROCHU, S., MORISSETTE, P., LARKIN, J.-G., CHAYER, L. Conférence
Journées de formation et d’études de l’ANPASE, Aix Les Bains, oct. 1997.
LOW, K. Connaissances de base en matière de drogue, Ottawa : Groupe fédéralprovincial sur les problèmes liés à l’alcool, 1979, no 5.
TORJMAN, S. (1986). Prévention dans le domaine des drogues. Programme
de formation, Monographie 1 Les stratégies et concepts essentiels, Ottawa,
Comité national de planification, Fondation de la recherche sur la toxicomanie, Approvisionnement et Services Canada.
VUYLSTEEK, K. (1984). Toxicomanie et prévention primaire, dans Précis des
toxicomanies (J. Bergeret et J. Leblanc étds), Paris, Masson et P.U.M.
Source : Carbonneau, René, École de criminologie, Université de Montréal,
Colloque sur la prévention des toxicomanies expliquées, Montréal, mars 1999.
NDLR Article tiré de Info-toxico, avril 2000, vol. 12, no 1.
Références
BRISSON, P. (1990). Stratégies et objectifs d’intervention, Programme régional
en prévention de l’alcoolisme et des toxicomanies en promotion de la santé,
Montréal, DSC Saint-Luc et CSSSRMM.
L’intervenant
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Octobre 2000, vol. 17, no 1
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TITRE
Quantité
Prix
membre /non-membre
Vaincre les dépendances
______
19,95 $ 21,95 $
Digne d’amour :
méditations sur l’amour de
soi et des autres
______
Prévenir les toxicomanies
______
45,00 $ 48,15 $
Premier contact : traitement
de courte durée pour les
jeunes usagers d’alcool
et de drogue
______
27,95 $ 29,95 $
Répertoire des ressources
en toxicomanie au Québec
______
95,00 $ 145,00 $
Soigner les toxicomanes
______
49,00 $ 51,65 $
8,95 $
9,95 $
Pour un article, veuillez ajouter 5,00$ pour les frais de poste et de manutention. Si plus de deux articles, 2,50 $ / livre (maximum 12,50$).
Nom : __________________________________________
Organisme :______________________________________
Adresse : ________________________________________
________________________________________________
Code postal : _______________________
Téléphone : (___)____________________
Paiement : ❑ chèque à l'ordre de l'AITQ
❑ mandat-poste à l’ordre de AITQ
Visa : __________________________ Exp. : ___________
Signature :_______________________________________
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Info Livres
Les héroïnes de Montréal
Marie Gagnon
Chacune des nouvelles de Marie Gagnon entraîne les lecteurs dans
un univers où la vie côtoie la mort à tout instant. Dans un style
incisif et concis, l’auteure nous rappelle la fragilité de ces êtres
humains aux prises avec la puissance de leurs passions.
Disponible chez VLB Éditeur au (514) 523-1182.
Vaincre les dépendances
Deepak Chopra
Le Dr Deepak Chopra se penche sur un des maux majeurs des
sociétés modernes, dont les conséquences sur la santé et le psychisme des individus sont incalculables : les dépendances.
Tabagisme, alcoolisme, addiction aux drogues, mais aussi au sexe,
à la télévision... Il porte un regard original sur ces comportements
dépendants. Il s’interroge sur leur motivation profonde.
Disponible à l’AITQ au coût de 21,95 $ (19,95 $ pour les membres).
De l’autonomie à la réduction des
dépendances
Reconstruire le sens de sa vie
Karen Casey
L’auteure examine avec sensibilité le défi de l’amour : l’amour que
nous donnons à nos amis, à notre famille, à nous-mêmes, à un
amant ou même à un étranger. Digne d’amour est une célébration de
la vie pour tous ceux qui ont lutté pour apprendre à donner et
accepter l’amour.
Disponible à l’AITQ au coût de 9,95 $ (8,95 $ pour les membres).
Le P.I.P. de Québec
Gino Bouffard
Sous forme de bande dessinée les auteurs désirent amener les gens
à une compréhension et à une sensibilisation de ce que vivent certaines personnes dans la dynamique prostitutionnelle. Le Projet
Intervention Prostitution Québec inc. détient une expertise permettant de cerner différentes causes amenant les jeunes à la prostitution ainsi que de constater chez plusieurs de ceux-ci des conséquences néfastes pour leur devenir.
Disponible au Projet Intervention Prostitution Québec inc. au
(418) 641-0168.
Prévenir les toxicomanies
Alain Morel et coll.
Manuel de travail méthodologique et conceptuel qui dresse un
inventaire critique des démarches et outils à mettre en oeuvre pour
édifier un véritable dispositif de prévention des abus de drogues et
toxicomanies. Au sommaire : prévention, histoire et actualité prévention, cultures et représentations - prévention, éthique et
société - prévention, risques et éducation, etc. La dangerosité des
différentes substances psychoactives, les risques liés aux modes
d’usage, facteurs de vulnérabilité et facteurs de protection, etc.
Stratégies et méthodes de prévention - prévention et familles prévention et milieu de travail, etc.
Disponible à l’AITQ au coût de 48,15 $ (45 $ pour les membres).
Premier contact : traitement de courte
durée pour les jeunes usagers d’alcool et
de drogue
Conçu pour renforcer la motivation et l’engagement des clients, ce
programme en consultations externes réunit des éléments de l’approche cognitivo-comportementale et de l’entrevue motivationnelle. Pour les jeunes ayant un problème de toxicomanie, il s’agit
d’une première étape qui insuffle la motivation de changer avant
même d’aborder des besoins plus spécifiques ou à long terme.
Disponible à l’AITQ au coût de 29,95 $ (27,95 $ pour les membres).
Octobre 2000, vol. 17, no 1
Digne d’amour : méditations sur l’amour
de soi et des autres
Marc Le Blanc, Jacques Dionne, Jean Proulx, Jacques C.
Grégoire et Pierrette Trudeau-Le Blanc
Chacun sait que l’adolescence est une période troublée et que le
passage de l’enfance à la vie adulte se fait rarement sans heurts. Il
arrive pourtant que certains jeunes vivent très difficilement cette
transition. D’autres révèlent des carences profondes qui évoluent
depuis l’enfance. L’expression de leur détresse dépend de nombreux
facteurs (familiaux, sociaux, psychologiques, etc.) et peut prendre
des formes très diverses. Pour être efficace, le soutien offert à ces
adolescents en difficulté doit s’adapter à leurs problèmes. C’est
exactement ce que proposent les auteurs du présent ouvrage : un
modèle, le modèle différentiel, qui prend en compte les besoins spécifiques des jeunes et requiert la collaboration active des parents.
Les auteurs proposent le rationnel pour l’appariement optimal des
besoins des adolescents en difficulté et des méthodes d’intervention. Il s’agit d’un ouvrage indispensable, tant pour l’enseignement
et la recherche que pour la pratique. Complet et très bien documenté, il allie théorie et pratique et a été conçu et écrit par les
meilleurs spécialistes dans le domaine.
Disponible chez Gaëtan Morin Éditeur au (514) 449-7886.
.
Luc Bégin, Ph. D.
Reconstruire le sens de sa vie soutient qu’il n’est pas nécessaire de
renoncer aux exigences de la science même en acceptant que la
science classique ne s’applique pas à la compréhension de la personnalité et des déficits auxquels elle peut donner lieu. L’auteur
propose au contraire de se doter d’une nouvelle science, qu’il a
appelée synthétique, dont il balise les principaux paramètres. Il
soumet un ensemble de paramètres, dans ce cadre, qui constituent
les contraintes minimales qui devraient présider à l’élaboration de
toute proposition d’intervention psychothérapique. Cet ouvrage
s’adresse particulièrement aux psychologues et aux conseilleurs
d’orientation, ainsi qu’aux professeurs et aux étudiants dans ces
domaines. Il intéressera également les intervenants en travail social.
Disponible au Production et Éditions ASMS au (514) 355-9718.
Intervenir autrement : un modèle différentiel pour les adolescents en difficulté
L’intervenant
Sylvie Rocque, Jacques Langevin, Caroline Drouin et Jocelyne
Faille
Vous êtes parent, enseignant, orthopédagogue, intervenant en éducation spécialisée et la finalité éducationnelle que vous poursuivez
tous est l’autonomie. Malheureusement, ce beau consensus disparaît lorsqu’on vous demande « qu’est-ce que l’autonomie? » Cet
ouvrage vous permettra de mieux identifier la nature de l’autonomie et d’y puiser des indices clairs pour soutenir une intervention qui favorise le développement de l’autonomie de la personne
qui présente des incapacités intellectuelles. En effet, la clarification
des concepts et les principes généraux d’élaboration d’un programme d’intervention sont autant d’éléments pouvant servir
avantageusement quiconque assiste un être humain dans son
développement. « De l’autonomie à la réduction des dépendances »
vous aide à relever les défis que soulèvent l’intégration et l’éducation des personnes qui présentent des incapacités intellectuelles.
Disponible au Production et Éditions ASMS inc. au (514) 355-9718.
Bon de commande, voir page 14
15
Association des intervenants en
toxicomanie du Québec inc.
Programme
de
formation continue
À LONGUEUIL
Quand le plaisir fait souffrir : introduction
à la gestion expérentielle
Date :
Formateur :
24 novembre 2000
André Therrien, psychosociologue
À QUÉBEC
Toxicomanie et santé mentale :
intervenir auprès des troubles de
personnalité borderline
Date :
Formateur :
24 novembre 2000
Maryse Paré, psychologue
Intervention de milieu et toxicomanie
Date :
Formateur :
8 décembre 2000
Gilles Marquis, intervenant,
consultant en toxicomanie et
directeur général de Points de Repère
Quand le plaisir fait souffrir :
introduction à la gestion expérentielle
Date :
Formateur :
9 février 2001
André Therrien, psychosociologue
L’évaluation de programmes
L’intervention auprès des proches
Date :
Formatrice :
Date :
Formatrice :
26 janvier 2001
Marie-Yolande Bujold, évaluatrice
30 mars 2001
Line Guay, c.o.
Mise à jour sur les substances psychotropes
Drogues de rue et toxicomanie
Date :
Formateur :
Date :
Formateur :
16 février 2001
Dr Jean-Marc Pépin, md.
La motivation au changement dans
l’intervention en toxicomanie
Date :
Formateur :
16 mars 2001
Yves Piché, psychologue
Éthique et relation d’aide en toxicomanie
Date :
Formateur :
20 avril 2001
Jean-François Malherbe, directeur de
la chaire d’éthique appliquée, U de S.
Toxicomanie et santé mentale :
intervenir auprès des troubles de
personnalité borderline
Date :
Formateur :
4 mai 2001
Maryse Paré, psychologue
Drogues de rue et toxicomanie
Date :
Formateur :
31 mai 2000
Gilles Marquis, intervenant en
toxicomanie et directeur général
de Point de Repères
27 avril 2001
Gilles Marquis, intervenant,
consultant en toxicomanie et
directeur général de Points
de Repère
Chercher l’équilibre entre la passion
folle et la tendresse infinie : un défi
pour la personne dépendante affective
Date :
Formatrice :
25 mai 2001
Danielle Champagne, sexologue
Pour recevoir un formulaire d’inscription :
(450) 646-3271 ou [email protected]
N. B. Toutes les personnes ayant suivi une formation durant l’année précédente
recevront les formulaires d’inscription dans les prochaines semaines.