Toxicomanie et - Association des intervenants en dépendance du
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Toxicomanie et - Association des intervenants en dépendance du
revue sur l'alcoolisme et la toxicomanie L’intervenant ’ Octobre 2000, vol. 17, n . . . o 1 Réflexion d’un intervenant Inceste et toxicomanie : un mariage de raison Le suicide chez les jeunes ou « pour une tentative de vie » 4,00 $ Association des intervenants en toxicomanie du Québec inc. Sommaire 3 Mot de la présidente 4 Réflexion d’un intervenant Denis Duchesne 5 Inceste et toxicomanie : un mariage de raison 8 12 au 18 novembre 2000 Semaine de prévention de la toxicomanie 15 au 17 novembre 2000 Addictions 2000 : From Legacy to Promise Toronto, Ontario 24 novembre 2000 Quand le plaisir fait souffrir : introduction à la gestion expérientielle Longueuil, Québec Le suicide chez les jeunes ou « pour une tentative de vie » 24 novembre 2000 Intervenir en santé mentale et toxicomanie : troubles de la personnalité borderline Sainte-Foy, Québec Prévention des toxicomanies Francine Hamel 15 2000 29 octobre au 1er novembre 2000 XXVIIIe colloque de l'AITQ L’empowerment en toxicomanie : autonomie et pouvoir d’agir Sainte-Foy, Québec Daniel Boisvert Martine Bovay 13 Calendrier Info Livres 8 décembre 2000 Intervention de milieu et toxicomanie Longueuil, Québec 26 janvier 2001 L’évaluation d’activités en toxicomanie Longueuil, Québec 31 janvier au 2 février 2001 Premier congrès international francophone sur l’agression sexuelle Québec, Québec 9 février 2001 Quand le plaisir fait souffrir : introduction à la gestion expérientielle Sainte-Foy, Québec 16 février 2001 Mise à jour sur les substances psychotropes Longueuil, Québec L’intervenant 23 au 25 février 2001 Le dopage sportif chez les jeunes au Canada Montréal, Québec Octobre 2000, vol. 17, no 1 . A t 29 octobre au 1er novembre 2000 (450) 646-3271 Matériel rédactionnel Responsabilité de l’éditeur Vous désirez publier dans nos pages? N’hésitez pas à nous faire parvenir tout article abordant la problématique des toxicomanies. Vos textes peuvent traiter des initiatives pratiques de groupes dans la communauté, du rôle des intervenants pour améliorer les services à la clientèle, d’études ou d’analyses de programmes, etc. L’éditeur ne se tient pas responsable des opinions émises dans cette publication. Les auteurs ont l’entière responsabilité de leur texte. Les écrits sont publiés tels que soumis, qu’ils rencontrent ou non les orientations de l’AITQ, en autant qu’ils soient pertinents et d’actualité. Abonnement L’intervenant s’adresse aux professionnels et aux personnes intéressées au domaine de la toxicomanie. Vous pouvez obtenir un abonnement à L’intervenant au coût de 15 $ par an (20 $ à l’extérieur du Canada). Parutions : janvier, avril, juillet et octobre. 2 4 Dates de tombée Pour l’envoi de matériel rédactionnel : 1er mars, 1er juin, 1er septembre et 1er décembre. Reproduction Toute reproduction totale ou partielle d’articles, de photos ou de graphiques est interdite à moins d’une entente écrite avec l’éditeur. MOT DE LA Toxicomanie et violence : élargir notre vision PRÉSIDENTE L’automne, saison rafraîchissante par ses vents de « nordet » et ses couleurs flamboyantes, nous invite à renouveler nos « couleurs intérieures » après une période de repos bien mérité. Le travail a repris. De nouveaux projets sont mis en marche, de nouveaux dossiers sont à l’étude. Parmi ceux-là, la Semaine de prévention de la toxicomanie avec son double thème : pour les jeunes « Parler, c’est grandir » et pour les adultes « Soyez avec vos ados ». Dans chacun des milieux de travail et dans les foyers l’occasion sera bonne pour développer la confiance mutuelle, confiance absolument nécessaire pour aborder et traiter des problématiques aussi lourdes que l’inceste et le suicide. Dans la présente revue, on traite d’ailleurs de ces deux problématiques étroitement liées à la toxicomanie. Ce colloque sera une occasion de ressourcement pour chacun et chacune de nous tant du point de vue personnel que professionnel. Les échanges et le partage d’expertises sont toujours stimulants. Ils produisent leurs « effets » au coeur de notre action quotidienne auprès des personnes que nous voulons aider. Le rendez-vous de fin d’octobre sera aussi des plus intéressants dans l’ambiance particulière de la Vieille Capitale. Une petite pause pour soi, un temps de réflexion sur nos « agirs ». Il me fera grand plaisir, à titre de présidente de l’AITQ, de vous accueillir dans les prochains jours. Bel automne et à bientôt! L’intervenant Notre prochain colloque du 29 octobre au 1er novembre, sur l’empowerment en toxicomanie, saura nous interpeller à deux niveaux : l’autonomie et le pouvoir d’agir, paramètres majeurs et clés de toute réhabilitation. Lucie Laniel Présidente 2000-2001 . D’ADMINISTRATION Sylvie Beaupré, PAP - SAQ Pierrette Cliche, CRC Expansion-Femmes Éditeur Revue trimestrielle. Association des intervenants en toxicomanie du Québec inc. 505, rue Sainte-Hélène, 2e étage Longueuil QC J4K 3R5 Mois de parution : janvier, avril, juillet, octobre. Envois de publications canadiennes : contrat de vente Daniel Desrosiers, Centre de réhabilitation Corps, Âme et Esprit Directrice Carmen Trottier no 0531839. Abonnement et secrétariat ISSN 0823-213X (450) 646-3271 [email protected] Dépôt légal Impression Québec et du Canada Imprimerie GG inc. Indexée dans REPÈRE Octobre 2000, vol. 17, no 1 CONSEIL Claude Gagné, Conseil régional FTQ Lucie Laniel, Résidence Le Portail Georges Le Cheminant, Pavillons du Nouveau Point de Vue Lynda Poirier, Centre Casa Carole Taillon, SCC - Administration régionale Bibliothèque nationale du 3 5 Réflexion d’un intervenant DENIS DUCHESNE Psychologue « Je suis ici pour m’exprimer » Émile Zola naître qu’il n’y a pas de drogué heureux, de drogué vraiment autonome, de drogué en situation de réel pouvoir. Exprimer « que » je suis, exprimer « qui » je suis. Exprimer cet être complexe cherchant à devenir complet. Cet être en continuelles interactions avec lui-même, les autres, son environnement visible et invisible. Cet être qui, pour trouver équilibre et santé, doit exercer quotidiennement son pouvoir de penser, de ressentir, d’agir. Cet être qui doit passer de la « toute-puissance fusionnelle » de son enfance à l’autonomie adulte choisie et assumée. En court : « Ce demi-dieu qui n’a plus sa mémoire qui est devenu gueux à coups de désespoir ». D’abord, il faut savoir distinguer entre DÉSIR et BESOIN. Il y a plusieurs raisons individuelles pour consommer de façon abusive mais le désir de s’éclater ou de se guérir par la drogue ne correspond en rien à des besoins fondamentaux et naturels. Ce désir n’allant pas dans le sens des forces de la vie, bien que très puissant, ne peut entrer qu’en contradiction avec les besoins de l’individu, donc avec son équilibre. Le désir qui n’est pas mis au service du besoin ne peut être qu’une force « à vide » ou « avide » parce que jamais canalisée, orientée, satisfaite. Si je mange pour me nourrir, je cesse cette activité quand ma faim est rassasiée. Si je mange pour une autre chose, le signal de satiété n’est pas reconnu ni respecté. Pour comprendre le jeu de l’existence, nous devons observer ce que « je suis » perçoit ou pense, ressent ou désire, fait ou réalise, au contact avec le réel. Le virtuel n’étant qu’un scénario parmi tant d’autres. L’imaginaire n’étant que le réel revu et corrigé. Et nous pouvons figurer ces différents acteurs, ces différents « je suis » que nous sommes, par de petits bonshommes ayant une tête, un coeur, des pieds et des mains, représentant ainsi la trinité de l’Homme : la pensée, l’amour, la volonté. Être en équilibre, en santé, serait d’en harmoniser le fonctionnement, en continuité et complémentarité. Ceci étant dit, si nous considérons le toxicomane, il ne peut être que très efficace : ayant un désir profond de ce qu’il veut (son « stock »), une idée précise de ce que ça lui prend pour l’obtenir (« pusher » et argent ), une action qui réponde au désir et à l’idée. Pour lui, son mode d’action, son pouvoir d’agir, est très satisfaisant. Il est comblé. En effet, l’acte de consommer est un tout intégré et souhaité : le désir, la pensée et l’action allant dans le même sens et se renforçant mutuellement. Mais alors, si le modèle de mise en action de consommer est « efficace » en soi, pourquoi le résultat est-il si désastreux? Car, force est de recon- Enfin, il faut savoir distinguer une ACTION EFFICIENTE, d’une action, même efficace, de COMPULSION, d’assuétude. La compulsion est tout le contraire d’une autonomie, d’une liberté. Elle est un acte qui ne vise qu’à réaliser le désir, même au détriment du besoin; elle est une action qui échappe à tout jugement, à tout contrôle. En somme, parce que la consommation abusive est commandée par un désir profond, orientée par une pensée magique, aboutie à une compulsion et à une assuétude, elle peut paraître « efficace » mais conduit au désastre. Elle est l’expression d’un pouvoir « aveugle » de l’objet du désir sur moi. Par ailleurs, si mon action répond à un besoin humain naturel (voir Maslow et autres), selon une pensée claire, elle ne peut qu’être « efficiente ». Elle est l’expression d’un pouvoir « conscient » de moi sur ma vie. Elle est autonomie et réel pouvoir d’agir. Octobre 2000, vol. 17, no 1 . L’intervenant Par ailleurs, si nous voulons exercer notre pouvoir de changer quoi que ce soit, d’abord et uniquement en nous, nous devons respecter certaines règles : avoir un besoin certain de quelque chose, une idée claire de sa nature et des moyens pour y accéder, une action centrée sur la réalisation de ce besoin, de cette idée. Car, dans la chimie de la réussite, le besoin nous donne l’énergie, la pensée nous donne le plan et l’action nous permet l’accomplissement. D’autre part, il faut distinguer entre une PENSÉE CLAIRE et une PENSÉE MAGIQUE, cette dernière étant davantage une anti-pensée. Une pensée gérée par le désir ne peut évaluer de façon réaliste une situation, ses causes, sa nature et ses conséquences. Elle ne peut collaborer avec la mémoire, le jugement, la projection dans le futur. La pensée magique ne cherche qu’à donner raison à l’individu, qu’à ne pas l’inquiéter, qu’à le confirmer dans sa toute-puissance infantile. Association des intervenants en toxicomanie du Québec inc. 505, rue Sainte-Hélène, 2e étage Longueuil (Québec) J4K 3R5 Téléphone : (450) 646-3271 Télécopieur : (450) 646-3275 Je désire recevoir de l’information sur l’Association des intervenants en toxicomanie du Québec inc. (AITQ). Je désire m’abonner à la revue L’intervenant; je joins un chèque au montant de 15 $ pour 4 numéros (20 $ à l’extérieur du Canada). Veuillez prendre note de mon changement d’adresse à compter du : __________________ Ancienne adresse : Nom : Adresse : App. : Ville : Code postal : Téléphone : Télécopieur : Courriel : 4 4 Je désire recevoir de l’information sur les formations. Inceste et toxicomanie : un mariage de raison DANIEL BOISVERT Psychoéducateur Première partie Y a-t-il un réel lien? Le présent article parle de l’interrelation entre le développement d’une toxicomanie et l’inceste subi. Il s’agit d’un bref résumé d’une recension des écrits rédigée par l’auteur dans le cadre de sa maîtrise en psychoéducation. C’est le premier d’une série de trois articles portant sur la double problématique. Dans notre pratique comme cliniciens auprès d’une clientèle toxicomane*, nous avons souvent rencontré des femmes ayant été victimes d’inceste. Tellement souvent, en fait, que nous en sommes venus à nous interroger sérieusement sur la relation possible entre ces deux facteurs. Nous venions de faire une constatation que bien d’autres avant nous avaient faite. Avant d’aller plus loin, et pour une compréhension plus uniforme, nous croyons incontournable d’exposer dès maintenant les définitions retenues des concepts sur lesquels nous nous sommes penchés. Par ailleurs, certaines études établissent un lien entre l’inceste et la toxicomanie (Hamel et al., 1989). En effet, le rapport entre l’inceste et la toxicomanie a été mentionné dans la littérature clinique, anecdotique et les études de cas comme étant une situation fréquemment rencontrée dans les récits de vie des femmes toxicomanes (Armstrong, 1978; Forward & Buck, 1978; Hornik, 1977). Par contre, le sujet semble n’avoir reçu que peu d’attention de la part des chercheurs, et cela, en dépit de la fréquence à laquelle les cliniciens rapportent des histoires d'inceste parmi leur clientèle féminine alcoolique. Bien que peu documentée, la démonstration de l’interrelation inceste-toxicomanie semble incontestée par les auteurs s’étant penchés sur la question. Les chercheurs de l’Université Queen’s ont démontré que les prostituées et les toxicomanes étaient, parmi les jeunes Canadiennes interviewées, les plus susceptibles d’avoir eu des relations sexuelles précoces en contexte d’abus (A.J.C. King & coll., 1988). À Domrémy Trois-Rivières, de sept à huit femmes sur dix venues en traitement ont connu de graves difficultés dans leur ____________________ * Le terme toxicomane désigne toute personne aux prises avec une dépendance à une substance psychoactive. Octobre 2000, vol. 17, no 1 Pour ce qui est de la terminologie de la toxicomanie, elle comprend l’abus et/ou la dépendance. L’abus est défini comme : « un mode d’utilisation inadéquat d’une substance conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance clinique significative, caractérisé par la présence d’au moins une des manifestations sui- En résumé, le terme toxicomanie, dans le présent article, détermine tant l’abus que la dépendance, et le terme inceste désigne tant la conception légale que la définition clinique. Bien entendu, il existe d’autres définitions plus ou moins analogues à celles précédemment exposées, mais c’est par souci de simplicité et de compréhension que nous nous en tiendrons à ces dernières. . La définition légale se veut restrictive tant par rapport aux activités sexuelles que par rapport aux personnes impliquées, et ne correspond pas aux définitions cliniques généralement utilisées (Hamel et al., 1989). Le Comité de protection de la jeunesse, dans une étude publiée en 1982, venait bonifier la définition légale par « toute activité à caractère sexuel impliquant un enfant et un adulte qui, avec cet enfant, a un lien de responsabilité ou de figure parentale » (Marois, Messier et Perreault, 1982). Je retiendrai donc cette définition bonifiée pour ma réflexion théorique. Pour sa part, la dépendance se définit comme suit : « Un mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance cliniquement significative, caractérisé par la présence de trois (ou plus) manifestations, à un moment quelconque d’une période continue de 12 mois : 1) la tolérance; 2) des symptômes de sevrage; 3) la substance souvent prise en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévu; 4) un désir persistant ou des efforts infructueux pour diminuer ou contrôler l’utilisation de la substance; 5) un temps considérable consacré aux activités nécessaires pour obtenir la substance, utiliser le produit ou récupérer de ses effets; 6) l’abandon ou la réduction significative des loisirs, des activités sociales et professionnelles à cause de l’utilisation de la substance; 7) l’utilisation continue de la substance bien que la personne sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la substance » (Nadeau & Biron, 1998). L’intervenant Tout d’abord, la définition légale de l’inceste telle qu’inscrite actuellement au code criminel se lit comme suit : Article 155 : (1) (inceste) Commet un inceste quiconque, sachant qu’une autre personne est, par liens de sang, son père ou sa mère, son enfant, son frère, sa sœur, son grand-père, sa grand-mère, son petit-fils ou sa petite fille, selon le cas, a des rapports sexuels avec cette personne. (2) (peine) Quiconque commet un inceste est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de quatorze ans. (3) (Contrainte) Nul ne doit être déclaré coupable d’une infraction au présent article si, au moment où les rapports sexuels ont lieu, il a agi par contrainte, violence ou crainte émanant de la personne avec qui il a eu ces rapports sexuels. (4) (Définition de « frère » et « sœur ») Au présent article, « frère» et « sœur » s’entendent notamment d’un demi-frère et d’une demi-sœur. vantes au cours d’une période de 12 mois : 1) utilisation répétée d’une substance conduisant à l’incapacité de remplir des obligations fondamentales, au travail, à l’école ou à la maison; 2) utilisation répétée d’une substance dans des situations où cela peut être physiquement dangereux; 3) problèmes judiciaires répétés liés à l’utilisation d’une substance; 4) utilisation de la substance, malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de la substance » (Nadeau & Biron, 1998). 5 5 SUITE enfance et leur adolescence (violence, viol, inceste) (Bernard, 1995). Des données récentes révèlent que 47 % des femmes suivant un traitement pour une dépendance à l’alcool ont subi au moins un traumatisme sexuel ou des expériences de violence ou les deux (Lecavalier, 1991; Mondanaro, 1992). Selon Boisvert (1999), 34,72 % des femmes âgées de dix-huit ans et plus ayant consulté pour un problème d’alcoolisme et/ou de toxicomanie en AbitibiTémiscamingue entre le 1er janvier 1999 et le 30 juin 1999 avaient été victimes d’inceste. des victimes d’inceste rapportent avoir des flash-back de l’inceste quand elles font l’amour (Hunter, 1990). Il m’apparaît donc très réaliste de croire que la substance psychoactive est utilisée pour permettre à ces femmes d’être fonctionnelles. Par contre, il est aussi évident que la solution pathologique à prime abord efficace (toxicomanie) devienne rapidement le problème qui les amènera à consulter. Il faut comprendre que le développement d’une toxicomanie vise à s’éloigner de soi et de la blessure interne laissée par l’agression. À l’inceste s’ajoute un autre facteur, celui du tabou social et familial. À ce sujet, Yeary (1982) note la force du tabou relié à l’inceste et soutient que l’expérience incestueuse est objet de déni autant et sinon plus que l’expérience d’une dépendance à un produit chimique. Tenant compte de cette information, il est possible de penser que les données précédemment exposées puissent même être plus importantes que la statistique ne nous le laisse croire, et cela, même en contexte d’intervention. Par conséquent, « suite à une expérience incestueuse, la victime peut développer une certaine peur et une anxiété importante qui risquent de se manifester dans de nombreuses sphères de sa vie. L’anxiété et la peur peuvent se traduire par des difficultés de fonctionnement, de l’isolement, des cauchemars, des insomnies, des maux de tête, des nausées, des problèmes d’ordre sexuel, un début ou une augmentation de la toxicomanie » (Demers, 1987). À ce propos, Berthiaume (1991) mentionne que certaines femmes développeront une dépendance aux médicaments. Toujours d’après Yeary (1982), « il y a un taux élevé d’abus d’alcool (consommation abusive d’alcool), d’alcoolisme (dépendance à l’alcool) et d’autres toxicomanies parmi les personnes ayant vécu l’inceste; ce phénomène peut être observé sous deux formes : 1- Parmi les cas d’inceste rapportés, les hommes qui ont perpétré l’expérience incestueuse ont un haut taux d’abus d’alcool ou d’alcoolisme; la fréquence de l’alcoolisme chez le père d’un sujet d’inceste varie selon les études, entre 20 et 50 %. Octobre 2000, vol. 17, no 1 . L’intervenant 2- Parmi les femmes qui sont en traitement pour une dépendance chimique, il y a une fréquence significativement élevée d’expériences incestueuses lorsqu’elles étaient adolescentes ou plus jeunes ». 6 4 Ces données que Jody Yeary nous expose dans ses travaux nous présentent donc deux façons de dégager le lien de cause à effet entre l’inceste et la toxicomanie : les femmes développent-elles cette dépendance pour fuir le traumatisme vécu ou s’agit-il plutôt de la reproduction du comportement observé par la figure parentale qui pose l’acte incestueux? Or, de nombreux auteurs viennent nous éclairer sur la question et l’unanimité ou presque semble pencher vers l’hypothèse d’une réaction post-traumatique. Bergeron, Cantin, Lecavalier & Richer (1983) affirment que c’est souvent suite à une agression que les femmes utilisent des produits psychoactifs, et ce, dans le but de s’adapter tant bien que mal à la situation; le produit utilisé leur permet soit de demeurer fonctionnelles, de s’engourdir ou de réagir (mécanismes d’adaptation). En fait, le recours aux produits psychotropes survient souvent lorsque la personne a épuisé les autres ressources dont elle dispose pour tenter de réagir ou de s’adapter à ces événements. De plus, il est fort intéressant d’observer que ces expériences demeurent des sujets difficiles à aborder lors des évaluations et même en cours de traitement. Pour sa part, Foucault (1980) parle d’une fuite de soi : « fuite éperdue, dans l’agir, la drogue, l’alcool, le sexe; fuite d’elle-même ». « L’expérience de l’abus brouille les repères cognitifs usuels en ce qui concerne l’amour et la sexualité. […] L’alcool ou la drogue sont souvent utilisés pour parvenir à cet état d’engourdissement, nourrissant l’impression de ne pas être tout à fait présent dans le réel, d’être en quelque sorte « comme un zombie : fonctionnel mais la conscience anesthésiée » (Dorais, 1997). Selon Hunter, plus de 80 % En parlant des victimes d’abus sexuel, Renaude Labrecque (1983) écrivait dans L’infirmière canadienne que « Le rejet de leur propre corps les entraîne souvent dans la prostitution et à l’utilisation de drogues. » On fait souvent cette triple association dans la littérature sur le sujet. Toxicomanie, prostitution et abus vécu seraient-ils un coquetel inévitable? En fait non. Je crois plutôt que nous sommes en face de ce type de données parce que le milieu de la prostitution est effectivement un milieu consommateur, mais je ne crois pas qu’il soit possible de démontrer l’inverse. En effet, beaucoup de femmes vont développer une toxicomanie et ne feront jamais de prostitution. Il en est de même pour les victimes d’inceste. D’ailleurs, il faut être très prudent quand l’on tente de démontrer un lien de causalité entre deux problématiques; voilà pourquoi il est important de bien étoffer le sujet. En conclusion, il semble y avoir un lien entre le développement d’une toxicomanie et l’inceste vécu chez la femme. Par conséquent, l’intervention ne devrait-elle pas démontrer elle aussi la présence de ce lien? Il m’apparaît évident que la toxicomanie ne peut être traitée sans que la source du problème ne soit prise en considération et, du même coup, fasse partie intégrante du traitement. L’importance d’une approche intégrée et la nécessité d’investir tant au niveau de la formation des intervenants que de la recherche sur le sujet sera donc exposée dans mon troisième article. Quant au deuxième article, il traite de la double problématique sous l’angle du choc posttraumatique. Entre autres, « Inceste et toxicomanie : un mariage de raison, des survivantes », fait le parallèle avec les vétérans du Vietnam. NDLR Monsieur Boisvert est agent de relations humaines au Centre Normand et superviseur clinique à l’Accueil Harvey-Bibeau. Documents de références ARMSTRONG, L. (1978). Kiss daddy goodnight. New York : Hawthorn Books. BERGERON, E., CANTIN, H., LEBLOND, S., LECAVALIER, M., RICHER, G. (1983). Rapport sur la toxicomanie féminine. Domrémy Montréal. BERNARD, Anne (1995). « Femmes et toxicomanie ». Domrémy Montréal. BERTHIAUME, Nicole (1991). « Profil des problèmes sociaux de l’AbitibiTémiscamingue », Rouyn-Noranda : C.R.D.A.T. BOISVERT, D. (1999). « Agression sexuelle et toxicomanie ». Amos : Centre Normand (non publié). Centre de documentation juridique du Québec (1989). CODE CRIMINEL SUITE Toxicomanie Du certificat à la maîtrise CERTIFICAT DE TOXICOMANIE Prévention et intervention Pour développer vos compétences d’intervenants en toxicomanie, le Certificat permet l’acquisition de connaissances et d’habiletés de base aux plans théorique et pratique. Programme de 30 crédits, offert dans plusieurs régions du Québec, aux détenteurs d’un diplôme d’études collégiales ou l’équivalent. Hiver 2001 Activités en cours ou nouveaux groupes dans les villes suivantes: Sherbrooke, Longueuil, Québec, Trois-Rivières, Hull, Mont-Laurier, Amos, Rimouski. Informez-vous : 1 800 267-8337 ou ( 819) 564-5245 LES PROGRAMMES DE 2e CYCLE Microprogrammes, diplôme et maîtrisee Intervention dans le milieu Activités de formation visant l’acquisition de connaissances approfondies et une réflexion sur les pratiques professionnelles dans le but de permettre un transfert des connaissances. Accessibles aux praticiens en exercice et détenteurs d’un baccalauréat. 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Survivre à l’inceste. Collective Par et Pour Elle. HORNIK, E.L. (1977). The drinking women. New York : Association Press. HUNTER, M. (1990). Abused Boys. New York : Fawcett Colombine. KING A.J.C. et coll. (1988). « Les jeunes de la rue face au sida ». Ottawa : Centre fédéral sur le sida. KOVACH, Judith (1986). « Incest as a treatment issue for alcoholic women ». In Alcoholism Treatment Quaterly, vol. 3, no 1. LABRECQUE, Renaude (1983). « L’inceste » in L’infirmière canadienne, vol. 25, no 2, p. 26-28. LE CAVALIER, M. (1991). L’abus de drogues licites et de cocaïne chez les femmes en traitement : Différences et similitudes dans la stratégie d’approvisionnement et dans les conséquences qui s’y rattachent ainsi que les antécédents personnels. Mémoire de maîtrise ès sciences en service social, Université de Montréal. MAROIS, Michelle R., MESSIER, Camille et PERREAULT, Louise A. (1982). « L’inceste : une histoire à trois et plus… apprendre à les aider… », Gouvernement du Québec, Ministère de la Justice, Comité de la protection de la jeunesse, cahier 3, études et recherches. MONDANARO, J. (1992). Chemically Dependent Women – Assessment and Treatment. Lexington Books. Octobre 2000, vol. 17, no 1 Formations à venir : Hiver 2001 L’évaluation d’activités en toxicomanie, 26 janvier à Longueuil. Quand le plaisir fait souffrir : intro à la gestion expérientielle, 9 février à Québec. Mise à jour sur les substances psychotropes, 16 février à Longueuil. Inscription : AITQ : (450) 646-3271, sans frais 1 888-686-3271 DORAIS, Michel (1997). Ça arrive aussi aux garçons. Montréal : VLB Éditeur. . Activités de formation ponctuelles (une journée) sur des thèmes d’actualité en toxicomanie, créées à partir des besoins exprimés par les intervenants et donnant accès à une attestation universitaire UEC (unité d’éducation continue). Ouverts aux praticiens concernés par le sujet. Campus Longueuil et Québec. DEMERS, Andrée (1987). « Dossier adolescents 12-17 ans. Programme de consultation d’experts », Commission d’enquête sur les services de santé et les services sociaux. Québec. L’intervenant Activités offertes dans le cadre des microprogrammes, du diplôme ou de la maîtrise: Hiver 2001 : TXM-701: Toxicomanie et politiques publiques, à Longueuil TXM-702: Méthodes de recherche et d’analyse, à Longueuil et à Québec. TXM-713: Doubles problématiques et toxicomanie, à Québec. TXM-743: Séminaire en intervention individuelle, à Longueuil. Informez-vous : 1 877-670-4090 ou (450) 670-7685. et Lois Connexes. Montréal : Wilson et Lafleur Ltée. NADEAU, L., BIRON, C. (1998). Pour une meilleure compréhension de la toxicomanie. Québec : Les Presses de l’Université Laval. YEARY, Jody (1982). « Incest and chemical dependency », in Journal of psychoactive drugs. Vol. 14, p. 133-135. 7 5 Le suicide chez les jeunes ou « pour une tentative de vie » MARTINE BOVAY Octobre 2000, vol. 17, no 1 . L’intervenant Le suicide est devenu la première cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 25 ans, après les accidents de la route. Il tue en moyenne, par année, 130 de ces jeunes2 (avec des tentatives 50 à 60 fois plus nombreuses)3, dont une dizaine dans le canton de Vaud (Suisse); c’est plus que la route (100 décès environ) et plus que la drogue (95). 8 8 Ce sujet dérange et fait peur. C’est sans doute pour cette raison que la connaissance que nous en avons est partielle, entachée de fausses croyances et de mythes : ➤ [il ne faut pas prendre au sérieux toutes les menaces suicidaires. Faux : 60 à 80 % des personnes qui se suicident en ont parlé avant; ➤ le suicide est manipulatoire. Faux : le but n’est pas d’attirer l’attention et l’affection d’autrui mais de s’autodétruire à un moment précis où la vie est insoutenable. Il y a des facteurs sociaux, familiaux et individuels; ➤ le suicide arrive précipitamment. Faux : sont apparus auparavant, le plus souvent, des indices, des avertissements, des signes précurseurs ou des appels de détresse; ➤ le suicide est un choix absolu. Faux : le suicide présente presque toujours de l’indécision ou de l’ambivalence jusqu’au dernier moment; ➤ le suicide est un processus irréversible. Faux : le désir suicidaire constitue souvent un état de crise de courte durée; ➤ le suicide se produit seulement dans certaines classes sociales. Faux : toutes les classes socio-économiques sont touchées; ➤ les suicidants sont des malades mentaux. Faux : déprime, malheur, désespoir ne sont pas des signes de maladie mentale. Toute personne peut un jour ou l’autre être confrontée à ce désir de mort; ➤ le suicide est héréditaire. Faux : on ne retrouve dans ce domaine aucune preuve d’hérédité génétique; ➤ les suicidants sont des lâches ou des courageux. Faux : à ce moment-là, la personne est dans un cul-de-sac. Elle n’a plus de possibilité de choix; ➤ on guérit vite de la maladie du suicide. Faux : les êtres restent fragiles pendant un certain laps de temps]4. Nous n’allons pas parler des aspects historiques ou idéologiques du suicide. C’est vrai qu’il y a eu et qu’il y aura toujours : ➤ des suicides romantiques comme celui de Kleist Heinrich, écrivain allemand 1777-1811, qui, méconnu, se suicida avec son amie; ➤ des suicides contestataires (celui de René Crevel, poète surréaliste français, 1900-1935); ➤ des suicides révolutionnaires (celui de Jan Palach, Prague, 1968); ➤ des suicides sacrificiels (celui de Mishima); ➤ des suicides héroïques (ceux des kamikazes); ➤ des suicides stoïques (celui d’Henri de Montherlant); ➤ des suicides médiatisés : de Bettelheim à Dalida, en passant par Patrick Dewaere ou Romy Schneider, Christine Pascal, de ces suicides qui nous ont touchés, émus, bouleversés; le suicide de Kurt Cobain (Nirvana), ou plutôt la médiatisation de son suicide, semble avoir été agent déclencheur de toute une série de suicides de jeunes5. 1 Les sociologues Durkheim6 et Pinguet7 (Tableau 1) ont analysé les groupes-cibles, les facteurs sociaux et les types de morts volontaires. Les personnes intéressées peuvent s’y reporter. Mais, aucun âge de la vie ne présente autant de traits curieux au niveau de la psychologie évolutive et de la psychopathologie que l’adolescence. C’est une période de crise pour les parents comme pour les enfants. L’adolescence, c’est l’âge des questionnements : qui suis-je? - que faire de mon corps? - que penser? - comment aimer? L’adolescent est à la recherche de son identité tant corporelle qu’intellectuelle et affective. C’est aussi l’âge des questionnements pour tout adulte en âge d’être parent d’adolescent : ➤ en tant que personne : est-ce que je vaux encore la peine? Suisje sur le déclin? ➤ en tant que parent/éducateur : que faut-il tolérer? - à quelle heure doit-il rentrer? - peut-il ramener un(e) ami(e)? ➤ en tant que membre d’un couple : qu’en reste-t-il? - pouvonsnous encore nous aimer? - suis-je encore séduisant(e)? Si l’adolescent est en crise pour s’individuer et maturer, les parents le sont aussi. C’est donc toute la famille ou le système jeunes/éducateurs qui doit revoir son rôle. Nous allons partir de l’interpellation qui nous est renvoyée par tous ces jeunes qui s’en vont sur les chemins du « mal-être », de la « désespérance » jusqu’au point de non-retour, du « ne plus être ». À l’adolescence, les questions essentielles autour des verbes mourir et vivre sont sur le même plan. Vivre pourquoi? Mourir, pourquoi pas, si la vie ne vaut pas la peine d’être vécue! Mourir ne signifie ni vieillir, ni souffrir mais plutôt changer de vie, recommencer : mourir = renaître. Mourir, c’est se donner la possibilité de vivre autrement. Il est bien évident alors que mourir ne signifie pas se tuer mais fuir, faire disparaître le problème, la difficulté. C’est l’opération classique de la pensée magique, un reste d’enfance, ultime étape avant d’entrer dans l’univers des responsabilités. C’est un mécanisme de défense très utilisé contre l’angoisse dépressive. Si on se débarrasse de soi-même, on a l’impression qu’on résout son problème. Mourir peut signifier toucher l’autre, l’atteindre au travers de la souffrance qu’on s’inflige à soi-même surtout lors du long travail de séparation. L’adolescent se dit : « Je veux tuer mon corps. Je veux ____________________ 1. Titre emprunté à la Fondation JEVI, Sherbrooke. Le suicide chez les jeunes, à nous d’agir, Sherbrooke, 1989. 2. Chiffres donnés en janvier 2000. 3. Selon une étude réalisée en 1993 à Lausanne par l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive, entre 3 et 5 % d’adolescents de 15 à 19 ans feraient chaque année une tentative de suicide. Le taux de récidive est de 60 %. Les jeunes qui font une tentative de suicide n’en parlent pas forcément. Seuls 20 à 30 % d’entre eux bénéficient d’une aide, tous les autres échappent au système de prise en charge. 4. Richard Martin, Marie-Carmen Plante, Pierre H. Tremblay. 17 ans... la vie derrière soi, guide de l’intervenant, Centre de communication en santé mentale, Rivière-desPrairies, Québec, 1986. 5. « La manière que j’aurais aimé mourir c’est une balle dans la tête avec le même fusil que Kirk (Kurt) Cobain, à 27 ans, mais il est trop tard maintenant. Adieu. » avait écrit Steve Dallaire, un des 3 jeunes retrouvés morts, intoxiqués par du monoxyde de carbone dans un garage de Vancouver en septembre 1995. 6. Durkheim Émile. Le suicide, Paris, P. U. F., 1960. 7. Pinguet Maurice. La mort volontaire au Japon, Paris, Gallimard, 1984. SUITE tuer tout ce que je n’arrive pas à comprendre autour de moi... » Il y a ce désir d’imprimer sa trace dans la mémoire des survivants. L’adolescent cherche à exister à travers sa disparition pour toujours être dans la mémoire de ceux qui restent. Il y a un paradoxe entre le fait de vouloir préserver les parents et cette abomination du geste envers eux (que représente l’acte du suicide). L’individuation est difficile du fait des parents, de la mère, par exemple, qui a de la peine à se séparer de l’enfance de ses enfants. Dans ce cas, l’adolescent peut s’attacher dans ses pensées morbides à imaginer la souffrance de ses parents ou de l’amoureux rejetant. Ce travail de deuil et de séparation n’est pas d’une élaboration facile. Dans la plupart des cas, heureusement, les pensées suicidaires de l’adolescent normal, c’est-à-dire en crise, consistent à se survivre en imagination. C’est différent dans les cas de crises dépressives. La dépression chez l’adolescent a d’ailleurs été longtemps méconnue. On considérait que l’enfant avait tout pour être heureux et ne pas déprimer. 1 % des enfants « vivent » un état dépressif. À l’adolescence, les symptômes classiques de la dépression (différente du coup de cafard) peuvent prendre un certain nombre de masques : irritabilité, troubles du comportement, mauvaises fréquentations, fléchissement scolaire, isolement, enfermement, troubles somatiques, perturbations du sommeil, etc. Pour l’adolescent normal, il s’agit d’apprivoiser l’idée de la mort, son sens et sa valeur et en même temps de se donner des raisons personnelles de vivre. Lorsqu’il ne peut pas parler de ses émois, lorsque toutes ces transformations en jeu sont trop désespérantes, le comportement ordalique8 permet au jeune de jouer avec les valeurs de sa vie propre, avec ses raisons de vivre, avec son destin9. Ces quêtes initiatiques - où la vie prend sa valeur au travers d’épreuves diverses et douloureuses, de résurrections, de métamorphoses, de jeux avec la mort - aident à supporter le coût exorbitant de la séparation quand l’environnement n’est pas « contenant » et facilitateur. Les adolescents sont très fragiles par rapport aux incitations au suicide. Ils offriraient facilement leur vie pour une cause. Pour eux, la valeur de la vie est relative. Mourir peut même être considéré comme un droit, un signe de liberté : « On n’a pas demandé à naître, qu’on nous laisse le droit/le choix de mourir ». À l’adolescence, un certain nombre d’accidents sont des tentatives de suicide cachées, des équivalents suicidaires. Certains parents ont de la peine à voir et dénient la violence du malaise traversé par leur enfant qui, enfermé dans le silence absolu de l’incompréhension, va être confronté à l’angoisse paranoïde, la peur d’éclater, de ne pas pouvoir contenir la force de ses pulsions. Il ne formule pas clairement son désarroi et son souhait d’abandonner les rêves de sa vie. Il ne peut pas se l’exprimer, ni l’exprimer à ses parents. Il les disqualifie : « Ils sont trop occupés », « Ils s’en foutent », « Je ne veux pas leur en parler » et en même temps, il les sollicite par l’acte luimême et ses conséquences. Parfois, c’est la prise de risque pour se sentir réel, le passage à l’acte : chapardage, délit mineur, tous ces jeux de rivalité considérés comme stupides par les adultes. Certaines ____________________ 8. L’ordalie désigne le jugement de Dieu que l’on pratiquait au Moyen-Âge sous la forme de diverses épreuves, notamment par le feu et par l’eau... 9. L’excellent tiré à part de Maryse Vaillant, Centre de Vaucresson. Suicide et tentatives de suicide chez les adolescents, 10 p. (référence incomplète) et Maryse Vaillant. Les adolescents difficiles, CFEES, 1989. Faculté de l’éducation permanente La faculté d’évoluer L'indice de gravité d'une toxicomanie pour adolescents TXM2584 (1 crédit - 15 heures) TXM 2570-Y (1 crédit - 15 heures) Pour analyser, comprendre, mesurer des activités de prévention. Initiation à l'évaluation des adolescents à l'aide de l'instrument Indice de Gravité d'une Toxicomanie (IGT). Les samedi 11 et dimanche 12 novembre, de 9 h à 17 h 30 Professeure : Marthe Malard, directrice adjointe de l'Institut Social Lille Vauban - Université Catholique de Lille - France Les samedi 2 et dimanche 3 décembre de 9 h à 17 h 30 Professeure : Nicole Jutras, experte en indice IGT Octobre 2000, vol. 17, no 1 Bâtir et réussir un projet en toxicomanies . Offert dans le cadre du Certificat en toxicomanies L’intervenant Tout pour réussir vos interventions. Renseignements : (514) 343-2009 Cours ouverts aux étudiants libres 9 5 SUITE prises de risques sont plus graves, pour sentir le risque et avec le risque sentir la vie10 : la violence, la fugue ou la toxicomanie. Il faut percevoir le sens de ces passages à l’acte : ce sont des pointes d’icebergs qui devraient nous permettre de réfléchir... C’est difficile à l’adolescence d’expliquer un diagnostic par un comportement. Il faut replacer tout cela dans la réalité familiale et l’histoire de l’adolescent en question. Nous devons penser, en tant qu’éducateur, au besoin d’idéal de beaucoup de jeunes, à leur insatisfaction à vivre sans raison supérieure, sans but... La tentative de suicide est un geste de désespoir et d’impuissance, complexe, paradoxal et... qui tue. La plupart des adolescents n’ont pas conscience du caractère irréversible et concret de la mort, cette mort tabou dont on parle si peu. « Car mourir ou non, là n’est pas la question. Pour les adolescents, la mort n’est qu’un mot : l’évolution des sciences et des techniques l’a tellement repoussée aux confins de la vie... La mort, c’est un truc de vieux, une pathologie, et les jeunes croient à leur toute-puissance. Et puis, cette mort, ils ne l’ont jamais vue, on la leur a soigneusement cachée en vissant subrepticement le cercueil des grands-parents décédés à l’hôpital avant de les laisser entrer dans la pièce, en aseptisant jusqu’aux images de la Guerre du Golfe, pour qu’ils ne risquent pas de dénicher quelque cadavre dans un coin de l’écran. Une guerre propre, une mort propre, pourquoi ne pas flirter avec?11. Avec la tentative de suicide, il y a eu une escalade de souffrances et de signes avantcoureurs d’un trouble dépressif qu’il est bien difficile de reconnaître. drogue ou l’anorexie mentale offrent au jeune une solution à son problème, le suicide quant à lui est précisément le signe d’une absence de solution ». Le suicide est souvent lié aux moments de crise dans notre vie. Pour l’adolescent, ce sont les passages de l’enfance à l’adolescence et de l’adolescence à l’âge adulte. En effet, le jeune passe par des transitions importantes. L’adolescence est une voie qui n’est pas rectiligne. À ce stade, on peut se retrouver chamboulé dans ses habitudes, son identité, sa manière de vivre. Le jeune peut devenir anxieux, perdre de sa sécurité : tout devient imprévisible. Il doit faire le deuil de son état d’enfant, le deuil de la relation qu’il avait avec ses parents. Chez beaucoup d’entre eux, cela se traduit par du cafard, un repli temporaire sur soi... Des événements peuvent venir précipiter cette crise : des problèmes à l’école (nouveaux rythmes de travail, horaires, professeurs, mesures de discipline, camarades), sexualité naissante, échecs per____________________ 10.Jean-Pascal Assailly. Les jeunes et le risque : une approche psychologique de l’accident, Éditions Vigot, Paris, 1992, p. 154-160. 11.Suicides : ces jeunes qui veulent mourir, lu dans Le Point no 1007, du 4 janvier 1992. 12.Émile Nelligan. Soir d’hiver, dans Poésies complètes, Bibliothèque Québécoise, Fides, 1989. 13.Fabienne Thibault. Le monde est stone, dans Starmania. 14.François Ladame. Les tentatives de suicide des adolescents, Éditions Masson, Paris, 1982. Faculté de l’éducation permanente Octobre 2000, vol. 17, no 1 . L’intervenant « Ah! comme la neige a neigé! Mon âme est noire : Où vis-je, où vais-je? Qu’est-ce que le spasme de vivre A tout l’ennui que j’ai, que j’ai! »12. 10 4 Il en faut si peu à l’adolescent pour douter de lui. Le suicidant s’enlise dans ses problèmes, qu’ils soient : ➤ familiaux : place dans la famille, éclatement de la famille, carences affectives; ➤ personnels et/ou relationnels : fragilité psychologique inhérente à ce moment de la vie, tempérament; ➤ scolaires : échecs à répétition, résultats scolaires faisant l’objet de pression voire de, d’un, sur (ou sous) investissement de la part de la famille; ➤ événementiels, de ces événements déclenchants qui sont vécus comme une atteinte à l’image de soi : déception sentimentale, chagrin amoureux, échec à un examen, blessure d’amour-propre... Ce passage à l’acte se fait quand la souffrance (généralement psychique) est trop grande et que le suicidant pense que seule la mort pourrait l’effacer : « Ne venez pas me secourir, venez plutôt m’abattre pour m’empêcher de souffrir »13. Le psychiatre François Ladame14, un des spécialistes du suicide en Suisse, dit : « Si la Microprogramme et DESS Programmes interdisciplinaires de deuxième cycle d’intervention en toxicomanies Pour un transfert des connaissances scientifiques à la pratique d’intervention en toxicomanies Renseignements Faculté des études supérieures (514) 343-6111 poste 6957 Faculté de l’éducation permanente (514) 343-7482 1 800 363-8876 www.umontreal.ca SUITE sonnels, mésententes amoureuses... Ces événements ne sont pas la cause, mais bien plutôt des facteurs déclenchants. C’est le point de rupture, de cassure qui est délicat. Vivre aujourd’hui... Le suicide dans les années 90, sujet tabou relié à la mort, est tu, peu médiatisé (heureusement peut-être; nos médias ronronnant déjà trop à propos de politique nationale, internationale et de sujets fort porteurs d’audience comme la drogue et/ou le sida). On nous montre la violence vers l’autre, on nous cache la violence vers soi. Et pourtant, elles sont légion, toutes ces violences rentrées ou sournoises : ➤ l’évitement entre individus (devenu la règle en cas de conflits, par peur du conflit tant dans les couples, qu’au sein de la famille, entre partenaires sociaux ou à l’école); ➤ l’insupportable indifférence des autres; ➤ l’immersion dans un univers de désirs réalisables, car réalisés par d’autres et apparemment avec la plus grande facilité. Notre société déboussolée nous incite aux désirs, aux projets, aux efforts à entreprendre. Mais cela signifie aussi des obstacles douloureux, car nombreux. Les autres sont pour nous des repères majeurs : comparaison, concurrence, élitisme, impatience. ➤ Pourquoi pas moi? ➤ Pourquoi pas mes proches? ➤ Pourquoi pas mes enfants? On en vient même à oublier nos proches. On vit dans un monde de solitude croissante, déserté par l’amour (c’est « le vieux pépé » qu’on parque pendant les vacances) où les gens sont trop occupés à obtenir le superflu et à masquer leurs émotions pour se préoccuper de ceux qui leur sont, simplement, beaucoup plus proches. Ce qui fait dire à P. Dumouchel : « Si la peste blanche du suicide remplace dans les sociétés riches la famine et les épidémies plus microbiennes qui accompagnent les misères matérielles, c’est que l’indifférence tue sans voir »16. On vit au milieu de l’insupportable indifférence des autres. À l’adolescence, on se pose de multiples questions sur le sens de la vie. « Nous appartenons à une société bizarre qui a besoin de croire « Les tentatives de suicides chez les adolescents ne sont pas le résultat d’un manque d’autonomie, mais d’un manque de dépendance », dit M.-H. Samy19. Certains facteurs de risques sont certes repérables : environnement familial troublé, plus grande fragilité physique et mentale, propension à consommer des produits psychotropes... Mais il y a des limites à ce genre d’épidémiologie20. Prenons l’exemple d’un foyer désuni. Il cache des situations très diverses. C’est la façon dont le divorce se déroule qui peut constituer un facteur de risque, plus que la séparation elle-même. Ce ne sont pas les difficultés relationnelles entre les parents dont se plaignent les jeunes, mais l’impossibilité de communiquer dans leur famille, que leurs parents soient séparés ou pas! Il est intéressant de connaître les facteurs de risques suicidaires, mais il ne faut pas les prendre trop au sérieux. Une corrélation n’est pas une causalité. Vous souvenez-vous de ce télescope du 17 avril 1989, où un médecin parlait des signes qui devraient inquiéter les parents pour déceler une dépression à l’adolescence? ➤ Baisse des résultats scolaires; ➤ moins d’attrait pour tout ce qui se vit en groupe; ➤ repli sur soi; ➤ mauvaise estime de soi; ➤ mauvaise relation avec son corps; ➤ perturbation du sommeil; ____________________ 15.Lu dans Hanoï-Saïgon, Cosey, 1991. 16.Chef de service de l’unité de psychiatrie de l’Hôtel-Dieu, à Paris. 17.Mais on peut ne pas être sartrien! 18.Claude Thibeault. La prévention du suicide chez les jeunes... c’est d’abord une question de vie, dans Santé mentale au Canada, vol. 40, no 3, septembre 1992, numéro spécial Le suicide. 19.Samy, Ladame, Raimbault, Caglar. Adolescence et suicide, Éditions sociales françaises, Paris, 1989. 20.Françoise Davidson et Marie Choquet. Le suicide chez l’adolescent, ESF, 1982. L’épidémiologie est une discipline qui étudie les différents facteurs intervenant dans l’apparition des maladies (infectieuses ou non) ou de phénomènes morbides déterminés (suicides) ainsi que leur fréquence, leur mode de distribution, leur évolution et la mise en oeuvre des moyens nécessaires à leur prévention. Octobre 2000, vol. 17, no 1 On court après des modèles insaisissables, on a perdu nos repères (autres que ces notions de comparaison), les normes, les rites, le sens de l’appartenance, de la continuité. Comment se forger une identité, là, au milieu? Un pseudo-enfant, face à des pseudoautorités, pour un pseudo-dialogue... . Ainsi vu, le suicide de l’adolescent n’est-il pas un avertissement, dans la mesure où il est le refus de s’engager dans ce tourbillon? Il faut rester au niveau des autres pour ne pas perdre leur estime, leur amitié, leur respect même. On connaît l’autre avant tout par ce qu’il a, ce qu’il fait, mais le connaissons-nous vraiment par ce qu’il est? D’où l’importance de « travailler » le respect, l’estime de soi. Nous devons donc nous interroger sur ces questions de sens à la vie, comploter pour la vie, car la vie c’est pour la vie18. C’est savoir aussi que les idées de mort sont habituelles pendant l’adolescence et ne pas oublier que la mort se parle, que la souffrance s’exprime, que la culpabilité se gère et s’élabore. Nous devons réapprendre à vivre avec ces deux grandes inconnues que sont l’adolescence et la mort, et rester très prudents dans nos tentatives d’explication. Chaque suicide reste une totale énigme pour les parents concernés, et souvent aussi pour les accompagnants professionnels. ➤ Quel est le rôle de la famille aujourd’hui? (démission des parents, éclatement de la famille, famille reconstituée, travail des deux parents, course au fric et aux valeurs de cocarde. Rousseau disait : « On a tout avec de l’argent hormis des moeurs et des citoyens. ») ➤ Où s’en va l’éducation moderne? ➤ Quelles sont les valeurs qu’elle transmet? ➤ Qui sont ces enfants du savoir? ➤ Leur liberté grandissante, leur sexualité précoce avec une maturité psychologique qui ne suit pas toujours, ne s’agit-il pas de leurres pour nos jeunes? L’intervenant « Qu’est-ce qui te fait croire que je n’ai pas d’enfant? », demande Homer Junior. « Les adultes avec enfants ont une façon de vous parler, de vous écouter. Je crois qu’ils sont constamment en train de comparer, de se demander si l’on est en avance ou en retard sur leur progéniture », répond Félicity15. La comparaison permanente, involontaire, et la concurrence sont génératrices d’échecs, de souffrances et de ressentiments. que la vie a un sens »17, dit Françoise Giroux (Si je mens). Mais notre société n’offre plus de réponses acceptables. Elle offre la réussite à tout prix, l’excellence, le culte du corps, la consommation de biens. Ce ne sont pas là des valeurs, au sens noble du terme. 11 5 SUITE ➤ accidents à répétition... Le lendemain, les médecins ont dû être surchargés de demandes de rendez-vous de mères (et pères) inquiet(e)s! Qui me pousse au bout de la vie À poser des gestes Qui me sortiraient du gris Pour évoluer, grandir et vivre nos adolescents ont besoin : ➤ de crans d’arrêts (qui sont, de fait, rassurants); ➤ d’une autorité cadrante allant à l’encontre du pessimisme, de l’inquiétude et du découragement; ➤ d’images parentales solides (et non l’effacement du père, la mère toute-puissante); ➤ d’éducateurs cohérents, conséquents et attentifs à toutes les formes de repliement sur soi... Je n’arrête pas de chercher Encore et encore La fameuse mine d’or Qui vit dans mes rêves Je me dis que tout le temps Il y aura toujours un vent changeant Le fait que tout être humain joue au moins une fois dans sa vie avec la pensée du suicide est un constat digne d’être médité : en tout état de cause, l’idée que les candidats au suicide se brisent sur les mêmes difficultés que celles contre lesquelles nous avons tous à lutter ne saurait être négligée. Nous devons aider nos jeunes à choisir de vivre (car « le suicide n’est pas un choix véritable. Choisir de mourir, c’est choisir de ne pas choisir : c’est ne plus être libre ») et à savoir vivre (car « la mort, c’est un manque de savoir vivre »). Nous devons les aider à réussir leur tentative de vie : « Du bout de mes doigts Je sens l’énergie Tableau 1 L’intervenant Pour prévenir le suicide, il est donc important de remplacer une relation d’aide par une relation d’être (et d’êtres...)22. ____________________ 21.Une chanson de Marjo : Amoureuse. 22.Bovay, Martine-D. Un modèle systémique d’intervention préventive dans Collectif : L’usage des drogues et la toxicomanie, volume 2, Gaëtan Morin, Montréal, 1994. Comment? INDIVIDU ➤ ➤ ➤ ➤ ➤ Développer l’estime, l’affirmation, le respect de soi et des autres. Mieux se connaître, apprendre à s’écouter et développer ses capacités à entendre ses propres signaux d’alarme. Ne pas se donner trop de missions (impossibles...). Se situer comme personne avec ses valeurs et ses choix. Développer ses capacités de faire des projets et d’utiliser les ressources disponibles. SUICIDE ➤ ➤ ➤ ➤ ➤ Savoir que le suicide est une agression majeure. Regarder vers l’avenir plutôt que se tourner vers le passé. Parler de tout depuis toujours (dont la vie, le plaisir mais aussi la mort, le suicide...). Ouvrir des alternatives, des choix dans les projets de vie... Éviter de se culpabiliser, « échanger », ne pas avoir peur... ENVIRONNEMENT ➤ ➤ ➤ ➤ ➤ Favoriser une éducation familiale cohérente (mélange d’amour et de respect des limites). Bannir la critique, le blâme, la disqualification (tant dans l’environnement familial que scolaire ou autre...). Faire de l’école un lieu où l’enfant/l’adolescent est stimulé à développer ses compétences et ses intérêts. Réfléchir à notre société d’élitisme, d’impatience, de comparaison, de concurrence, d’argent. Viser sans cesse à réduire les inégalités en favorisant la communication, la solidarité... . Octobre 2000, vol. 17, no 1 Les jeunes qui se suicident ont envie d’en finir. C’est un acte de rupture avec cette vie-là, avec un paradoxe, l’espoir d’en vivre une autre. C’est donc à la fois un acte de mort, mais aussi un acte qui contient des pulsions de vie... Prévenir le suicide, c’est (re)construire une relation d’être et d’êtres... Qui? Quoi? Où? 12 4 Amoureuse Amoureuse de la vie Je vais vivre ma vie Comme je l’ai toujours pensé. » 21 COMMUNIQUÉS Dossier méthadone - Le médecin du Québec (volume 35, numéro 5, mai 2000) publie plusieurs articles concernant la prescription de méthadone dans une approche globale de soins ainsi que les témoignages de Mario et de Lynda. On peut consulter ce document au centre de documentation de l’AITQ ou se le procurer à la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec au (514) 878-1911 ou au 1-800-361-8499. Famille-Atout - C’est un jeu de cartes qui peut se jouer à 3 personnes ou plus, de 14 à 99 ans. Il permet de mieux se connaître en se devinant, de confronter des opinions, de changer de point de vue, de discuter et d’argumenter en s’amusant. La boîte de jeu contient plus de 300 cartes permettant de poser les dilemmes et d’y répondre. On peut se la procurer auprès de Martine Bovay, Av. De Milan 14, CH-1007, Lausanne, au coût de 50 $ plus frais de poste et de manutention. Le syndrome d’alcoolisation foetale - Compte tenu des interrogations soulevées par cette question au sein de la communauté québécoise, le Comité permanent de lutte à la toxicomanie (CPLT) a décidé de faire connaître sa position sur le sujet. Le document traite non seulement du syndrome d’alcoolisation foetale, mais aussi des effets de l’alcool sur le foetus. On peut obtenir un exemplaire de cette prise de position en communiquant avec le CPLT au (514) 389-6336. Prévention des toxicomanies FRANCINE HAMEL Centre de réadaptation Domrémy Mauricie/Centre-du-Québec Il existe dans nos sociétés, depuis quelques décennies, une volonté manifeste d’investir du côté de la prévention. La prévention des toxicomanies est une valeur à la hausse dans le discours des divers intervenants qui affirment à l’unisson qu’il est impossible de venir à bout des problèmes de toxicomanie uniquement en réprimant l’offre de produits ou en augmentant les services de réadaptation. Concept La prévention est une mesure d’anticipation qui requiert une connaissance pratique des séquences et des systèmes de causalité pertinents. L’évolution des problèmes ou des états de choses indésirables peut se répartir en trois étapes générales qui correspondent à la prévention primaire, secondaire et tertiaire. La prévention primaire vise à limiter l’incidence, soit, empêcher qu’un problème apparaisse au sein de la population en général. La prévention secondaire cherche à limiter la prévalence, c’est-à-dire empêcher qu’un problème ne se propage ou dégénère chez un groupe d’individus à risque. Enfin, la prévention tertiaire est l’ensemble des mesures visant à limiter les conséquences, c’est-à-dire empêcher qu’un problème laisse des séquelles ou des incapacités permanentes au sein de la population des individus atteints. Les étapes Stratégies L’information : on croit généralement qu’une meilleure connaissance favorise un changement d’attitudes qui peut conduire à une diminution de l’usage des drogues. Cependant beaucoup d’études « Les programmes axés sur la famille s’avèrent davantage liés à l’amélioration des connaissances concernant les drogues, à l’amélioration des compétences et des habiletés parentales, à l’instauration d’une discipline efficace et à une amélioration de la communication qu’à une diminution de l’usage de drogues ». « En raison d’un manque de recherches évaluatives portant sur les programmes axés sur la famille, leur degré d’efficacité ne peut être démontré, bien que des changements dans les attitudes parentales et les relations familiales semblent avoir un impact sur le comportement des enfants. Ils semblent plus efficaces lorsqu’ils s’adressent à des populations spécifiques. » (Brochu et coll. 1997) La réalisation de ces activités de prévention et de promotion de la santé doit clairement reposer sur une approche de type communautaire, qui se développe au sein même des milieux de vie des individus. En effet, il apparaît de plus en plus évident que la prévention des toxicomanies s’avère efficace si elle se développe et, par la suite, s’enracine solidement dans les communautés. Pour améliorer l’efficacité préventive, peut-être faudrait-il chercher de nouveaux modèles de prévention et faire appel à d’autres types de sentiments individuels et collectifs. S’appuyer sur plus de responsabilité individuelle face aux risques, permettre une plus grande liberté dans les choix, aider à vivre au lieu d’exclure et de stigmatiser, donnant aux personnes, aux familles, à la société, une maturité, une responsabilité Octobre 2000, vol. 17, no 1 L’individu La famille . On reconnaît quatre grandes stratégies de promotion et prévention des toxicomanies : l’influence, le contrôle, le développement des compétences et l’aménagement du milieu. Par influence on entend des activités de sensibilisation allant de la diffusion d’information à des efforts plus structurés de persuasion, visant à modifier les attitudes et la connaissance d’une personne, d’un groupe de décideurs ou d’une communauté. Lorsque l’on parle de contrôle, on fait référence à des mesures consistant à adapter, réviser ou appliquer des lois ou des règlements en vue d’en réduire l’offre et la demande. Le développement des compétences consiste en des activités visant à accroître les habiletés des personnes et des communautés, afin de les rendre plus aptes à faire face aux situations de la vie de tous les jours et à se prendre en charge, comme habiliter les parents à mieux réagir face à la consommation de leur enfant. L’aménagement du milieu vise à modifier les milieux de vie (écoles, loisirs ou autres) de façon à offrir des alternatives susceptibles de mieux répondre aux besoins des individus et d’améliorer leur qualité de vie. Un relevé d’études américaines nous fournit des indications sur l’efficacité de certains programmes (Brochu et coll. 1997). Nous aborderons ceux qui concernent l’individu et la famille. L’intervenant L’action préventive comporte quatre parties ou éléments principaux : la définition du problème, par l’identification des besoins et la clarification des valeurs; l’analyse du problème qui comporte la compréhension des causes et l’identification des facteurs; la planification de l’action qui est l’énoncé des objectifs et le choix des moyens; enfin, après l’action elle-même, l’évaluation des indicateurs de résultats qui avaient été fixés au préalable. arrivent à la conclusion que cette forme de stratégie est inefficace. Certains vont même jusqu’à prétendre que l’information, en attirant l’attention sur les produits, contribue à en faire la promotion. Sans nier l’utilité de bien connaître et être informé adéquatement, il semble cependant que cela ne conduit pas à modifier les comportements de façon significative. Les stratégies affectives : ces programmes soutiennent que la consommation est reliée à une faible estime de soi principalement. Ils visent donc à valoriser les personnes, leur apprendre à gérer leur « stress » et prendre des décisions adéquates. Les recherches sur leur efficacité sont peu concluantes. On les considère peu efficaces généralement; par exemple on émet l’hypothèse que la faible estime de soi puisse plutôt être la conséquence de consommation de drogues. L’influence sociale : on reconnaît l’efficacité de ces programmes qui visent à renforcer et instrumenter les individus face aux pressions des pairs. Ils ont un impact sur la consommation, ils permettent de mieux gérer l’anxiété et ils engendrent des modifications de comportements. Les habiletés personnelles et sociales : ces programmes plus globaux considèrent l’ensemble des facteurs « sociaux, environnementaux et personnels » qui influencent la consommation de drogues. Les principales habiletés ciblées sont : la prise de décision, la résolution de problèmes, la résistance aux pressions médiatiques, la gestion de l’anxiété, le développement de l’estime de soi, l’habileté à communiquer. On a démontré qu’ils contribuent à prévenir la consommation de tabac, d’alcool et de marijuana ou d’en réduire la consommation. Les stratégies de remplacement : ces programmes jumelés à l’acquisition d’habiletés personnelles et sociales ont un impact surtout auprès des clientèles à risque telles que les décrocheurs et les contrevenants. Ils proposent aux jeunes des alternatives attrayantes à la consommation : centre de jour, recherche d’emploi, activités diverses. 13 5 SUITE et des possibilités de solidarité qui font actuellement défaut. Finalement, elle doit nécessairement s’inscrire dans un cadre plus global où des mesures sont mises en place pour contrer des éléments propices à la toxicomanie : chômage, pauvreté, milieu désorganisé... Toxicomanie : facteurs de risque chez les jeunes INDIVIDUELS • • • • • • • • FAMILIAUX ET SOCIAUX Tempérament (facteurs constitutionnels) Déficits cognitifs Troubles de comportement Échec scolaire Sensibilité aux drogues Stress Dépression Détresse • • • • • • • • Problèmes de consommation des parents Psychopathologie parentale Pratiques parentales Attachement à la famille Conflits familiaux Difficultés interpersonnelles Association avec pairs déviants Environnement social tolérant envers les drogues BROCHU, S., MORISSETTE, P., LARKIN, J.-G., CHAYER, L. Conférence Journées de formation et d’études de l’ANPASE, Aix Les Bains, oct. 1997. LOW, K. Connaissances de base en matière de drogue, Ottawa : Groupe fédéralprovincial sur les problèmes liés à l’alcool, 1979, no 5. TORJMAN, S. (1986). Prévention dans le domaine des drogues. Programme de formation, Monographie 1 Les stratégies et concepts essentiels, Ottawa, Comité national de planification, Fondation de la recherche sur la toxicomanie, Approvisionnement et Services Canada. VUYLSTEEK, K. (1984). Toxicomanie et prévention primaire, dans Précis des toxicomanies (J. Bergeret et J. Leblanc étds), Paris, Masson et P.U.M. Source : Carbonneau, René, École de criminologie, Université de Montréal, Colloque sur la prévention des toxicomanies expliquées, Montréal, mars 1999. NDLR Article tiré de Info-toxico, avril 2000, vol. 12, no 1. Références BRISSON, P. (1990). Stratégies et objectifs d’intervention, Programme régional en prévention de l’alcoolisme et des toxicomanies en promotion de la santé, Montréal, DSC Saint-Luc et CSSSRMM. L’intervenant Info Livres – Bon de commande As to Faire parvenir votre bon de commande avec votre paiement à : AITQ - commande 505, rue Sainte-Hélène, 2e étage, Longueuil (Québec) J4K 3R5 Octobre 2000, vol. 17, no 1 . ✁ 14 4 TITRE Quantité Prix membre /non-membre Vaincre les dépendances ______ 19,95 $ 21,95 $ Digne d’amour : méditations sur l’amour de soi et des autres ______ Prévenir les toxicomanies ______ 45,00 $ 48,15 $ Premier contact : traitement de courte durée pour les jeunes usagers d’alcool et de drogue ______ 27,95 $ 29,95 $ Répertoire des ressources en toxicomanie au Québec ______ 95,00 $ 145,00 $ Soigner les toxicomanes ______ 49,00 $ 51,65 $ 8,95 $ 9,95 $ Pour un article, veuillez ajouter 5,00$ pour les frais de poste et de manutention. Si plus de deux articles, 2,50 $ / livre (maximum 12,50$). Nom : __________________________________________ Organisme :______________________________________ Adresse : ________________________________________ ________________________________________________ Code postal : _______________________ Téléphone : (___)____________________ Paiement : ❑ chèque à l'ordre de l'AITQ ❑ mandat-poste à l’ordre de AITQ Visa : __________________________ Exp. : ___________ Signature :_______________________________________ 13 Info Livres Les héroïnes de Montréal Marie Gagnon Chacune des nouvelles de Marie Gagnon entraîne les lecteurs dans un univers où la vie côtoie la mort à tout instant. Dans un style incisif et concis, l’auteure nous rappelle la fragilité de ces êtres humains aux prises avec la puissance de leurs passions. Disponible chez VLB Éditeur au (514) 523-1182. Vaincre les dépendances Deepak Chopra Le Dr Deepak Chopra se penche sur un des maux majeurs des sociétés modernes, dont les conséquences sur la santé et le psychisme des individus sont incalculables : les dépendances. Tabagisme, alcoolisme, addiction aux drogues, mais aussi au sexe, à la télévision... Il porte un regard original sur ces comportements dépendants. Il s’interroge sur leur motivation profonde. Disponible à l’AITQ au coût de 21,95 $ (19,95 $ pour les membres). De l’autonomie à la réduction des dépendances Reconstruire le sens de sa vie Karen Casey L’auteure examine avec sensibilité le défi de l’amour : l’amour que nous donnons à nos amis, à notre famille, à nous-mêmes, à un amant ou même à un étranger. Digne d’amour est une célébration de la vie pour tous ceux qui ont lutté pour apprendre à donner et accepter l’amour. Disponible à l’AITQ au coût de 9,95 $ (8,95 $ pour les membres). Le P.I.P. de Québec Gino Bouffard Sous forme de bande dessinée les auteurs désirent amener les gens à une compréhension et à une sensibilisation de ce que vivent certaines personnes dans la dynamique prostitutionnelle. Le Projet Intervention Prostitution Québec inc. détient une expertise permettant de cerner différentes causes amenant les jeunes à la prostitution ainsi que de constater chez plusieurs de ceux-ci des conséquences néfastes pour leur devenir. Disponible au Projet Intervention Prostitution Québec inc. au (418) 641-0168. Prévenir les toxicomanies Alain Morel et coll. Manuel de travail méthodologique et conceptuel qui dresse un inventaire critique des démarches et outils à mettre en oeuvre pour édifier un véritable dispositif de prévention des abus de drogues et toxicomanies. Au sommaire : prévention, histoire et actualité prévention, cultures et représentations - prévention, éthique et société - prévention, risques et éducation, etc. La dangerosité des différentes substances psychoactives, les risques liés aux modes d’usage, facteurs de vulnérabilité et facteurs de protection, etc. Stratégies et méthodes de prévention - prévention et familles prévention et milieu de travail, etc. Disponible à l’AITQ au coût de 48,15 $ (45 $ pour les membres). Premier contact : traitement de courte durée pour les jeunes usagers d’alcool et de drogue Conçu pour renforcer la motivation et l’engagement des clients, ce programme en consultations externes réunit des éléments de l’approche cognitivo-comportementale et de l’entrevue motivationnelle. Pour les jeunes ayant un problème de toxicomanie, il s’agit d’une première étape qui insuffle la motivation de changer avant même d’aborder des besoins plus spécifiques ou à long terme. Disponible à l’AITQ au coût de 29,95 $ (27,95 $ pour les membres). Octobre 2000, vol. 17, no 1 Digne d’amour : méditations sur l’amour de soi et des autres Marc Le Blanc, Jacques Dionne, Jean Proulx, Jacques C. Grégoire et Pierrette Trudeau-Le Blanc Chacun sait que l’adolescence est une période troublée et que le passage de l’enfance à la vie adulte se fait rarement sans heurts. Il arrive pourtant que certains jeunes vivent très difficilement cette transition. D’autres révèlent des carences profondes qui évoluent depuis l’enfance. L’expression de leur détresse dépend de nombreux facteurs (familiaux, sociaux, psychologiques, etc.) et peut prendre des formes très diverses. Pour être efficace, le soutien offert à ces adolescents en difficulté doit s’adapter à leurs problèmes. C’est exactement ce que proposent les auteurs du présent ouvrage : un modèle, le modèle différentiel, qui prend en compte les besoins spécifiques des jeunes et requiert la collaboration active des parents. Les auteurs proposent le rationnel pour l’appariement optimal des besoins des adolescents en difficulté et des méthodes d’intervention. Il s’agit d’un ouvrage indispensable, tant pour l’enseignement et la recherche que pour la pratique. Complet et très bien documenté, il allie théorie et pratique et a été conçu et écrit par les meilleurs spécialistes dans le domaine. Disponible chez Gaëtan Morin Éditeur au (514) 449-7886. . Luc Bégin, Ph. D. Reconstruire le sens de sa vie soutient qu’il n’est pas nécessaire de renoncer aux exigences de la science même en acceptant que la science classique ne s’applique pas à la compréhension de la personnalité et des déficits auxquels elle peut donner lieu. L’auteur propose au contraire de se doter d’une nouvelle science, qu’il a appelée synthétique, dont il balise les principaux paramètres. Il soumet un ensemble de paramètres, dans ce cadre, qui constituent les contraintes minimales qui devraient présider à l’élaboration de toute proposition d’intervention psychothérapique. Cet ouvrage s’adresse particulièrement aux psychologues et aux conseilleurs d’orientation, ainsi qu’aux professeurs et aux étudiants dans ces domaines. Il intéressera également les intervenants en travail social. Disponible au Production et Éditions ASMS au (514) 355-9718. Intervenir autrement : un modèle différentiel pour les adolescents en difficulté L’intervenant Sylvie Rocque, Jacques Langevin, Caroline Drouin et Jocelyne Faille Vous êtes parent, enseignant, orthopédagogue, intervenant en éducation spécialisée et la finalité éducationnelle que vous poursuivez tous est l’autonomie. Malheureusement, ce beau consensus disparaît lorsqu’on vous demande « qu’est-ce que l’autonomie? » Cet ouvrage vous permettra de mieux identifier la nature de l’autonomie et d’y puiser des indices clairs pour soutenir une intervention qui favorise le développement de l’autonomie de la personne qui présente des incapacités intellectuelles. En effet, la clarification des concepts et les principes généraux d’élaboration d’un programme d’intervention sont autant d’éléments pouvant servir avantageusement quiconque assiste un être humain dans son développement. « De l’autonomie à la réduction des dépendances » vous aide à relever les défis que soulèvent l’intégration et l’éducation des personnes qui présentent des incapacités intellectuelles. Disponible au Production et Éditions ASMS inc. au (514) 355-9718. Bon de commande, voir page 14 15 Association des intervenants en toxicomanie du Québec inc. Programme de formation continue À LONGUEUIL Quand le plaisir fait souffrir : introduction à la gestion expérentielle Date : Formateur : 24 novembre 2000 André Therrien, psychosociologue À QUÉBEC Toxicomanie et santé mentale : intervenir auprès des troubles de personnalité borderline Date : Formateur : 24 novembre 2000 Maryse Paré, psychologue Intervention de milieu et toxicomanie Date : Formateur : 8 décembre 2000 Gilles Marquis, intervenant, consultant en toxicomanie et directeur général de Points de Repère Quand le plaisir fait souffrir : introduction à la gestion expérentielle Date : Formateur : 9 février 2001 André Therrien, psychosociologue L’évaluation de programmes L’intervention auprès des proches Date : Formatrice : Date : Formatrice : 26 janvier 2001 Marie-Yolande Bujold, évaluatrice 30 mars 2001 Line Guay, c.o. Mise à jour sur les substances psychotropes Drogues de rue et toxicomanie Date : Formateur : Date : Formateur : 16 février 2001 Dr Jean-Marc Pépin, md. La motivation au changement dans l’intervention en toxicomanie Date : Formateur : 16 mars 2001 Yves Piché, psychologue Éthique et relation d’aide en toxicomanie Date : Formateur : 20 avril 2001 Jean-François Malherbe, directeur de la chaire d’éthique appliquée, U de S. Toxicomanie et santé mentale : intervenir auprès des troubles de personnalité borderline Date : Formateur : 4 mai 2001 Maryse Paré, psychologue Drogues de rue et toxicomanie Date : Formateur : 31 mai 2000 Gilles Marquis, intervenant en toxicomanie et directeur général de Point de Repères 27 avril 2001 Gilles Marquis, intervenant, consultant en toxicomanie et directeur général de Points de Repère Chercher l’équilibre entre la passion folle et la tendresse infinie : un défi pour la personne dépendante affective Date : Formatrice : 25 mai 2001 Danielle Champagne, sexologue Pour recevoir un formulaire d’inscription : (450) 646-3271 ou [email protected] N. B. Toutes les personnes ayant suivi une formation durant l’année précédente recevront les formulaires d’inscription dans les prochaines semaines.