e - Université de Rennes 1 - Institut d`études judiciaires de Rennes

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e - Université de Rennes 1 - Institut d`études judiciaires de Rennes
Predictive Policing: Using Technology to Reduce Crime
By Zach Friend, M.P.P.1
FBI Law Enforcement Bulletin, 4/09/13
1) Nationwide law enforcement agencies face the problem of doing more with less. Departments slash
budgets and implement furloughs, while management struggles to meet the public safety needs of the
community. The Santa Cruz, California, Police Department handles the same issues with increasing
property crimes and service calls and diminishing staff. Unable to hire more officers, the department
searched for a nontraditional solution.
2) In late 2010 researchers published a paper that the department believed might hold the answer. They
proposed that it was possible to predict certain crimes, much like scientists forecast earthquake
aftershocks. An “aftercrime” often follows an initial crime. The time and location of previous criminal
activity helps to determine future offenses. These researchers developed an algorithm (mathematical
procedure) that calculates future crime locations.1
3) The Santa Cruz Police Department has 94 sworn officers and serves a population of 60,000. A
university, amusement park, and beach push the seasonal population to 150,000. Department
personnel contacted a Santa Clara University professor to apply the algorithm, hoping that leveraging
technology would improve their efforts. The police chief indicated that the department could not hire
more officers. He felt that the program could allocate dwindling resources more efficiently.
4) Santa Cruz police envisioned deploying officers by shift to the most targeted locations in the city.
The predictive policing model helped to alert officers to targeted locations in real time, a significant
improvement over traditional tactics.
5) The algorithm is a culmination of anthropological and criminological behavior research. It uses
complex mathematics to estimate crime and predict future hot spots. Researchers based these studies
on information that officers inherently know. For example, when people are victims, the chance that
they or their neighbors will be victimized again increases. Offenders criminalize familiar areas. There
are detectable patterns associated with the times and locations of their crimes.
6) Using an earthquake aftershock algorithm, the system employs verified crime data to predict future
offenses in 500-square-foot locations. The program uses historical information combined with current
data to determine patterns. The system needs between 1,200 and 2,000 data points, including
burglaries, batteries, assaults, or other crimes, for the most accuracy. Santa Cruz, averaging between
400 and 600 burglaries per year, used 5 years of data.
7) Throughout the experiment the Santa Cruz Police Department focused on burglaries— vehicular,
residential, and commercial—and motor vehicle thefts.2 The system works on gang violence, batteries,
aggravated assaults, drug crimes, and bike thefts. It functions on all property crimes and violent crimes
that have enough data points and are not crimes of passion, such as domestic violence. Homicides
generally do not provide enough data points to produce accurate predictions.
8) As with any new program, questions and concerns arise. People resist change. The Santa Cruz
Police Department worked with officers to develop maps and solicit feedback before implementation
of the program. The department emphasized that the program does not replace officer intuition but
supplements it.
1
Zach Friend is a crime analyst with the Santa Cruz, California, Police Department
Predictive Policing: Using Technology to Reduce Crime
VOCABULARY
law enforcement agencies
§1
to slash: réduire radicalement
to implement: mettre en vigueur
furlough: congé, chômage technique
to struggle: se débattre
to meet needs: répondre à des besoins
to handle: gérer
staff: personnel
to hire: engager
§2
In late: à la fin de...
researcher: chercheurs
to hold an answer: détenir une réponse
to forecast: prévoir
earthquake aftershock : réplique de tremblement de terre
offense: infraction
location : lieu, emplacement
§3
sworn: assermenté
to apply: appliquer
to leverage technology: tirer partie de la technologie
to improve: améliorer
to allocate: attribuer
dwindling: décroissant, en baisse
§4
to envision: imaginer, prévoir
shift: poste de travail (to work in shifts: se relayer)
targeted: ciblé
§5
behavior: comportement
hot spots: point névralgique
to increase: augmenter
offender: délinquant, contrevenant, agresseur
pattern: modèle (pattern of behaviour: type de comportement)
§6
square:carré
current: actuel
burglary: cambriolage
battery: voie de fait
assault: agression voie de fait
accuracy: précision
to average: atteindre une moyenne (de)
PTO
§7
throughout: tout au long de
theft: vol
aggravated assault: voie de fait avec circonstances aggravantes
homicide: homicide
§8
to arise: survenir, se faire jour
map: carte
to solicit feedback: demander un retour
implementation: mise en œuvre
to emphasize: metter en évidence, souligner
to replace: remplacer
to supplement: compléter
Police prédictive : la prédiction des banalités
Le Monde, 27 juin 2015
1) Depuis 2011, l'enthousiasme autour de Predpol, le logiciel de police prédictive américain,
électrise la terre entière. Son algorithme secret, toujours comparé aux précogs de Minority
Report, c'est-à-dire à une forme de perception extra-sensorielle, semble tenir plus de la magie
que de la science, comme si les mathématiques étaient miraculeuses. La société, elle, affiche
partout des résultats là où sa technologie est déployée - à savoir si l'on en croit le site de
Predpol, une petite dizaine de villes américaines pour l'instant, Los Angeles et Atlanta étant
les plus importantes - : une baisse de la criminalité de 10 à 30% selon le type de crimes.
2) Si des discours critiques existent, ils se situent plus à un niveau d'analyse politique que
technique. Comme le soulignait récemment le sociologue Bilel Boubouzid sur Rue89 :
"PredPol, pour moi, c’est un algorithme de droite. Il permet de réduire les dépenses publiques,
les effectifs dans la police, de faire des économies. En plus, il s’appuie sur l’idée qu’on agit
auprès des plus pauvres. Or quand on organise l’action sociale auprès d’une minorité, et
seulement d’une minorité, c’est une conception libérale. Les sociologues qui critiquent
PredPol ont une approche d’État social solidariste, alors que la protection des victimes via
PredPol correspond à une approche plus libérale.”
3) Pourtant, on trouve peu d'études critiques sur les résultats mêmes de Predpol. Notamment
parce que si la société communique beaucoup, elle livre bien peu de données. Comme si son
algorithme secret devait être parfait parce que secret. D'où l'idée d'Ismaël Benslimane, qui [a
décidé] de s'attaquer aux résultats mêmes de Predpol. [...] Bien sûr, le chercheur grenoblois
n'a pas eu accès aux données de Predpol. Mais il a utilisé des données accessibles
comparables et la rare littérature grise publiée par les scientifiques de Predpol pour construire
un modèle similaire et l'interroger avec d'autres types d'algorithmes. Dans son remarquable et
très accessible article [...] Ismaël Benslimane dresse une très convaincante critique des limites
de Predpol, en soulignant que l'algorithme de la société américaine prédit surtout de bien
piètres banalités. A l'heure où se profile un PredPol à la française, comme le révélait il y a peu
Mediapart, voilà l'occasion de nous intéresser concrètement aux limites de ces outils.
4) Dans son article, après avoir souligné les limites de la communication scientifique de la
société américaine, Ismaël Benslimane rappelle les biais inhérents à la mesure de la
criminalité. Tout d'abord, ne sont comptés que les crimes et délits constatés. Il suffit donc d'un
changement dans les procédures d'enregistrement pour faire varier les chiffres. Or, Predpol est
aussi et d'abord un outil d'enregistrement et de classification des délits. Ce qui pose la
question des types de délits enregistrés et de ceux utilisés pour l'évaluation et la prédiction,
ainsi bien sûr que leur géolocalisation. Si Predpol est efficace là où il est déployé, que sait-on
de l'augmentation de la criminalité dans les quartiers où il n'est pas présent ? Comme le
montrent plusieurs études sur les caméras de surveillance [...], Predpol ne risque-t-il pas avant
tout de déplacer la criminalité ?