Focus sur Villiers l..

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Focus sur Villiers l..
FOCUS SUR VILLIERS LE BEL
« Nous n’avons pas de souci majeur de voisinage et
Villiers le Bel est une ville où il fait bon vivre.»
Villers le bel, banlieue au nord de Paris, a été il y a quelques années le témoin d’émeutes et
de guérilla. La communauté juive et la synagogue de cette localité ont connu des moments
de frayeurs et d’angoisses. Le Président de la communauté nous raconte la vie juive au sein
de cette banlieue troublée.
Marc Mazouz, vous êtes le Président de la de la communauté de Villiers-le-Bel. Quel est
votre parcours ? Quelles ont été vos motivations pour devenir Président ?
Marc Mazouz: La communauté existe depuis les années 1960. Elle a été érigée par nos
coreligionnaires débarquant d’Egypte et depuis, la communauté s’est ’étoffée avec la présence de
toutes les tendances sépharades.
J’ai commencé à fréquenter la synagogue de Villiers le Bel dans les années 90, sans en être un
fidèle assidu. A l’époque, le rabbin Vicky Bellahsen – aujourd’hui directeur du service des
communautés au Consistoire de Paris NDLR – était le rabbin officiel de notre synagogue, avec le
HakhamMenir garant de la mémoire de nos livres sacrés et grand sage de cette époque. C’est à
leur contact que l’envie de de fréquenter plus sérieusement la communauté a commencé à
germer.
Le rabbin Nissim Sultan a ensuite pris la succession du rabbin Bellahsen pendant environ 10 ans.
Depuis bientôt 7 ans, c’est le rabbin Mikael Cohen qui est à la tête de notre communauté.
L’ensemble de la kehila et moi-même entretenons d’excellentes relations avec le rabbin et nous
bénéficions d’une bonne entente et d’une forte complicité qui nous amènent à gérer ensemble la
communauté avec beaucoup de facilités.
Etant Responsable de développement commercial, la communauté m’avait tout naturellement
demandé de m’occuper des ventes lors des Chabat, des fêtes… J’ai aussi pu organiser des Chabat
communautaires, des réceptions de personnalitésou encore des fêtes annuelles pour les enfants
de la synagogue. Cette nouvelle responsabilité m’a encore plus poussé vers la fréquentation de la
communauté. J’ai ensuite été coopté pour être dans le conseil d’administration. Le Président de
l’époque, M. Gérard Youna, qui a su insuffler un nouvel élan, a souhaité que je lui succède. J’ai été
élu Président depuis bientôt 8 ans et depuis je m’efforce d’apporter toute mon énergie et de
donner au maximum de mon temps pour recevoir et accueillir les fidèles dans les meilleures
conditions possibles. Aujourd’hui, je commence à préparer la relève.
Comment s’organise la vie juive à la Synagogue de Villiers le Bel au quotidien et pour les
jours de fêtes ?
M.M :Les offices ont lieu tous les matins et on compte une centaine d’hommes le Chabat. Les
femmes sont tout aussi assidues et les jeunes sont particulièrement présents lors de Minha le
samedi après-midi.
Pour les grandes fêtes, c’est près de 500 personnes qui fréquentent notre synagogue.
Comment gardez-vous les jeunes dans votre communauté ?
M.M : Tout d’abord, nous comptons un jeune dans notre Bureau qui est en charge de de fédérer
la jeunesse. Un autre jeune donne des cours le mardi soir pour les jeunes papas qui rencontrent
un franc succès.
Pour les enfants, nous leur proposons un programme avot ou banim. Les enfants étudient
pendant 30 minutes avec leur père et se réunissent 30 autres minutes avec le rabbin. Nous leur
offrons ensuite des friandises et une collation en guise de seouda chlichit.
Pour sédoua chlichit nous recevons une vingtaine de jeunes qui viennent des villes avoisinantes.
Une table de ping-pong et d’autres jeux sportifs ont été mis à leur disposition dans la cour
extérieure de la synagogue.
Nous avons aussi créé depuis 10 ans un groupe local des EEIF, qui compte aujourd’hui environ
40 enfants chaque dimanche après-midi.
Quels sont les grands projets qui vous tiennent à cœur et comment compter-vous les
réaliser ?
M.M : Notre Hekhal ainsi que la Téba avaient 50 ans d’âge… il était grand temps de les changer !
Cela a été fait il y a quelques années. Nous avons monté un projet avec des charges bien précises
et un artiste peintre, fidèle de la synagogue, avait dessiné les plans. Le concepteur de ce projet
fut le grand architecte israélien, Avraham Fried, qui était venu spécialement à Villiers le Bel,
pour l’installation et la mise en place de tout ce projet. En ce qui concerne le financement, de
grands donateurs ont pris en charge une bonne partie des travaux, et deux familles ont réglé la
plus grande majorité du montant restant.
Aujourd’hui, je souhaite transformer la souca de la synagogue en cuisine pour ensuite pouvoir
mettre en place un atelier cuisine et faciliter la préparation de cérémonies. L’atelier cuisine
aiderait aussi considérablement à rapprocher les familles.
Ainsi que d’autres projets spécifiques pour la jeunesse, que je garde pour l’instant secret.
Villiers le Bel a été témoin de nombreux actes de violences ces dernières années. Quelles
relations la communauté juive entretient-elle avec les autres communautés religieuses
environnantes ?
M.M : En 2005, une fausse bombe avait été installée dans la synagogue, sans dégâts ni blessés.
Quelques années plus tard, quelques jeunes ont lancés des pierres contre la vitre de la
synagogue. Ces évènements, aussi graves soient-ils, ne sont que des faits isolés.
Nous n’avons pas de souci majeur de voisinage et Villiers le Bel est une ville où il fait bon vivre.
La communauté est encore largement présente dans le paysage local. D’ailleurs, nous avons une
relation privilégiée avec les autorités civiles et policières de la ville. Je pense sincèrement que
nous ne sommes pas en danger.
Une fois par an, nous rencontrons l’imam, le curé et le pasteur de Villiers le Bel. Un véritable
échange entre les religions est né.
Et pour conclure…
M.M : Villiers-le-Bel compte une communauté juive dynamique qui répond toujours présente
pour lors des grands rassemblements communautaires.
Aujourd’hui, la communauté a une réelle place dans la ville. Pour exemple, le 8 mai dernier, nous
avons inauguré pour la première fois une stèle à l’occasion 70ème anniversaire de la libération
par les troupes alliées des camps de concentration et d’extermination. en mémoire des victimes
de la déportation et de la Shoah.
Par ailleurs, la présence militaire dans nos locaux nous a permis de tisser de réels liens avec les
forces armées de notre pays. Nous les convions pour chacune de nos fêtes ce qui permet la
découverte de communautés différentes mais qui sont toutes deux prises pour cible par des
terroristes fanatiques.