Les Belles
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Les Belles
Les B elles Histo ires l e c o n s e i l b y à tous les acteurs de ces belles histoires et les acteurs de celles de demain, qui participent à la co-construction d’un avenir durable. « Comme le disait Marc Aurèle : « L’obstacle est matière à l’action ». Raréfaction des ressources, changement climatique, prise en compte des populations, complexité technique, complexité juridique, nécessité de transparence, diversité des intervenants ; les contraintes qui pèsent aujourd’hui sur les projets de développement sont nombreuses et conduisent parfois leurs promoteurs à y renoncer. Être concepteur du long terme, comme le revendique le Groupe Egis, c’est pouvoir accompagner tous les acteurs du territoire, publics comme privés, en France et à l’international pour concourir à la concrétisation de leurs ambitions. Proposer des prestations de conseil, c’est offrir à nos clients de nouvelles perspectives et faire en sorte que leurs projets se réalisent dans les meilleures conditions. En France dans la Drôme, comme en République Démocratique du Congo ou dans la province de l’Equateur, nos collaborateurs sont à l’écoute de toutes les parties prenantes pour construire un écosystème performant et durable. Chacun de ces sujets constitue pour les femmes et les hommes d’Egis bien plus que de simples projets. Il s’agit dans tous les cas de véritables histoires humaines, dans lesquelles des liens se nouent sur la durée et des solutions se construisent dans la confiance mutuelle et l’engagement professionnel. Planification, programmation, concertation, formation, gouvernance ; près de 300 collaborateurs d’Egis travaillent au plus près de nos clients sur des métiers de conseil. Nous avons choisi de vous présenter ici quelques belles histoires qui vous donneront un aperçu des actions du groupe Egis dans ces domaines. Elles reflètent la diversité de nos interventions mais ont toutes en commun ce souci de l’écoute et d’adaptation permanente au contexte dans lequel nous intervenons, indispensable à la réussite de tout projet. « Bonne lecture… Nicolas Jachiet Président-directeur général SO M M AI RE #1 (p.10) #2 (p.18) #4 (p.32) Les murs ont la parole Un projet qui déménage gagnant-gagnant #3 (p.24) L’usager au coeur du projet Un aller pour Nouakchott #13 (p.94) Mieux transmettre #14 (p.102) Bus Tour #5 (p.38) #15 (p.110) Urgences administratives #16 (p.116) La rigueur à l’européenne #6 (p.46) #7 (p.54) #10 (p.74) demain, tous à la bougie ! Ville nouvelle # 8 (p.60) L’union fait la force Destination Breizh #11 (p.80) #9 (p.66) Nouvelle route de la Soie (p.122) egis et le conseil by egis Face cachée de la SNCF #12 (p.86) L’outil route universel valorisation du patrimoine histoire # 1 Les murs ont la parole Potentiel du patrimoine hospitalier francilien 10 N ous pourrions présenter les missions que nous effectuons de manière très factuelle. Par exemple, nous avons conduit un diagnostic sur l’état de 400 bâtiments hospitaliers sur 40 différents sites en îlede-France en seulement 4 mois pour l’Agence Régionale de Santé (ARS) ; un exploit organisationnel en soi. Cela reviendrait pourtant à réduire considérablement ce qui fait notre métier de consultant et d’expert. Nos missions ne se limitent pas à des performances techniques ou à des études bornées sur un objet sans prise en compte de ses enjeux, de son environnement ainsi que les conséquences possibles de son résultat. Le diagnostic n’est pas un simple état du bâti mais comporte d’importants éléments stratégiques et des retentissements sur le service rendu ainsi que sur les usagers du lieu. L’ARS île-de-France nous a sollicités pour une prestation de diagnostic du bâti hospitalier dans le cadre de la réorganisation de la carte sanitaire et de l’offre de soins sur le territoire francilien. Du fait de l’évolution des pratiques hospitalières, des manières de soigner, de la prise en compte de la satisfaction des usagers et du vieillissement des structures, il est primordial d’avoir une connaissance précise des bâtiments au niveau urbain (accessibilité, contraintes du terrain), fonctionnel (gestion des flux, aménagements intérieurs, adaptation aux pratiques professionnelles) et technique. 11 1 2 Typologies contrastées du Centre hospitalier André Grégoire à Montreuil (1) et du Centre hospitalier Robert Ballanger à Aulnay-sous-Bois (2) 12 La représentation de l’existant est un préalable à la préconisation d’actions et de projets ainsi qu’à la définition d’axes prioritaires. Nous avons fait le choix de mobiliser une équipe resserrée et pluridisciplinaire qui est intervenue sur toutes les étapes de la mission en vue de préserver la cohérence des analyses fournies et la réactivité de notre intervention. Nous avons su nous adapter à la méthode proposée par le client, tout en y apportant des compléments et en développant des outils internes (notamment l’application d’Egis’ scope qui permet de renseigner les données liées au diagnostic instantanément). Ce sont la forte mobilisation des protagonistes, la solidarité interne à l’équipe mais aussi le pilotage et l’organisation presque militaire qui ont permis de répondre à cette mission coup de poing de large ampleur de façon si efficace. Au-delà de l’organisation, de nos compétences et de l’aspect technique, nous avions la sensation d’être face à une responsabilité importante concernant l’orientation de décisions d’intérêt public des plus sensibles. En effet, nous sommes tous potentiellement usagers de l’hôpital. Il faut alors exiger la meilleure qualité de service tout en ayant conscience de l’obligation de gestion des dépenses et recettes de ces établissements publics. Egis a une forte sensibilité en ce qui concerne l’intérêt collectif et les services publics. C’est pourquoi nous devions endosser une certaine responsabilité quant à cet état des lieux. Nous avions le 13 devoir de vérité car, que ce soit pour la modernisation, le réaménagement, l’extension ou la transformation d’un établissement, nos analyses aboutir à des choix scellés dans le béton. Nous prenons ces enjeux très au sérieux car il en va de l’intérêt collectif. Au-delà d’une classification sommaire, le diagnostic que nous avons réalisé a nécessité de rentrer dans le détail afin d’identifier les véritables potentialités d’améliorations ou bien d’avoir un jugement réaliste sur une structure, même s’il devait être lourd de conséquences. Conscients des conclusions tirées de notre diagnostic et de leur poids sur les décisions concernant l’avenir de certains établissements, nous avons jugé au mieux de leur potentiel. L’ARS est donc désormais en mesure d’avoir une vision globale de tous ses sites sur la région parisienne mais peut en plus les comparer et analyser sur la base de critères similaires. 14 « & bertile cholley Philippe picard En quoi est-ce une belle histoire ? • Nous avons pu accompagner une structure publique dans un moment crucial de redéfinition de ses objectifs et des axes d’amélioration de son service en lui offrant une visibilité inédite sur ses bâtiments. • Grâce à une équipe resserrée et pluridisciplinaire, nous avons été en mesure de répondre à une mission d’envergure se déroulant sur un délai assez court pour la satisfaction du client. • Cette mission a eu un aspect sensible, dans la mesure où elle concernait des enjeux « vitaux ». Nous avons la satisfaction d’avoir agi dans un devoir de responsabilité et de vérité. Les points d’enseignement : • Il est difficile pour un organisme aussi important d’avoir une connaissance précise et une vue détaillée de son patrimoine. • Le patrimoine immobilier détermine en grande partie l’offre de soins médicaux ; il n’est pas qu’un simple « contenant ». Son état, son aménagement et ses fonctions sont parties prenantes de la qualité du service rendu. • Avant tout projet de modernisation, de réaménagement ou d’innovation, il est absolument nécessaire de faire réaliser un diagnostic de l’existant qui servira de base à des réflexions d’optimisation postérieures. « 15 gestion des mutations histoire # 2 Un projet qui déménage Gestion et optimisation de l’espace de travail 18 L ’ aménagement intérieur d’une usine est pensé et réalisé en fonction des besoins précis de la production afin d’en optimiser les étapes, les déplacements ou les gestes des ouvriers. Cette organisation, qui tient compte des besoins d’efficacité du process, paraît d’une évidence inouïe. Reconnue dans le monde industriel, cette approche n’est pas encore appliquée de façon systématique dans le secteur tertiaire. Or, ce n’est pas parce que les personnes travaillent aujourd’hui majoritairement dans des bureaux qu’ils ont les mêmes façons de le faire et qu’ils peuvent très bien s’adapter à un aménagement standardisé. Bien au contraire, ce sont les espaces qui doivent se créer en fonction des besoins des salariés. Bien sûr, les paradigmes évoluent rapidement, oscillant entre bureaux individuels, généralisation de l’open space et développement des espaces favorisant les échanges entre collaborateurs. Il est parfois difficile d’harmoniser les contraintes de long terme de la construction avec l’évolution des méthodes de travail et des façons d’optimiser les espaces. Nous sommes de plus devenus des êtres multitâches et nos besoins évoluent très rapidement selon notre activité (proximité plus ou moins nécessaire avec les collègues, structure du bureau plus ou moins adaptée, etc.). Pourtant, c’est ce défi que nous avons dû relever à l’occasion de la construction du nouveau siège social de Clarins à Paris. 19 20 Le regroupement de 7 sites différents dans un nouveau siège social est déjà un moment exceptionnel dans la vie de cette entreprise familiale et en constitue un symbole marquant ; l’occasion était donc opportune pour repenser le cadre de travail de tous les collaborateurs. Egis a, entre autres, été chargé de la programmation et du space planning de ce bâtiment comportant des bureaux, des espaces de restauration et une école d’esthétique. Nous avons mené de nombreux entretiens qui nous ont permis de comprendre les particularités de cette entreprise et les façons de travailler de ses collaborateurs. L’enjeu était donc de saisir au mieux les méthodes de travail des différents services afin d’élaborer une charte d’aménagement adaptée. Cette charte définit les besoins spécifiques liés à l’activité de l’entreprise (nombre et dimension des bureaux, des salles de réunion, des espaces de rencontres, des espaces support, etc.). Cette étape a été cruciale car elle impacte le quotidien de l’entreprise, les conditions de travail de chaque salarié et donc leur efficacité. Conscients que la réflexion sur l’implantation des postes ne pouvait se faire sans concertation ni échange avec les utilisateurs finaux, nous avons mis en place des groupes de travail sur des thématiques variées, comme « Travailler autrement », « Communication et collaboration » ou encore « Les services ». 21 Au-delà de la programmation, nous avons conduit cette mission sur le long terme ; nous avons commencé à y participer dès l’avant-projet détaillé du bâtiment et avons accompagné Clarins jusqu’à la mise en place du mobilier et à l’installation des salariés dans leur nouvel espace de travail. L’accompagnement à la conduite du changement a été primordial pour assurer une transition en douceur et le succès d’une opération aussi conséquente que le déménagement de plus de 600 employés. 22 « & valérie nahon forgette Lovisa Hagdahl En quoi est-ce une belle histoire ? • Nous avons pu accompagner Clarins tout au long du processus de création du nouveau siège social. C’était une belle aventure humaine. • L’organisation de différents groupes de travail a permis de mener une réflexion sur l’aménagement des espaces de travail en concertation, ce qui a contribué à préparer les collaborateurs au changement ; ceci a grandement contribué au succès de l’opération. Les points d’enseignement : • L’espace a des conséquences sur la qualité du travail, du bien-être et de la santé de ses occupants. C’est donc à lui de s’adapter aux besoins professionnels des personnes. • Le déménagement d’une entreprise, qui plus est, d’un siège social, est une étape importante dans la vie d’une organisation. Elle engendre des investissements importants et doit impacter au minimum le travail courant. C’est la raison pour laquelle les locaux doivent être définis en fonction des besoins de l’entreprise et les salariés accompagnés dans le changement afin que l’installation sur site ne génère pas des frustrations trop importantes ou une période trop longue d’appropriation des lieux. 23 « histoire # 3 Un aller pour Nouakchott Transfert des activités vers le nouvel aéroport international de Mauritanie 24 L es projets d’infrastructure les plus ambitieux sont trop souvent ternis lors de leur mise en service par l’absence d’anticipation des dimensions logistiques et opérationnelles. La prise en compte de ces questions dès la conception des projets de cette dimension constituent pourtant la clé de voûte des meilleurs édifices et l’assurance de leur succès. Or, outre les aspects techniques, l’exploitation concerne également l’ensemble de l’organisation humaine et de gouvernance qui permettra d’optimiser les investissements consentis. Le Ministère de l’Equipement et des Transports de Mauritanie, à travers une maîtrise d’ouvrage déléguée (Cellule d’Exécution du Nouvel Aéroport International de Nouakchott), a mis sur pieds un projet de conception et de construction d’un nouvel aéroport à Nouakchott. L’ambition de cet ouvrage est importante : d’une part, créer un grand aéroport (passer de 0,3 à 2 millions de passagers par an, doubler le nombre de pistes, être en mesure d’accueillir de plus gros appareils) et, d’autre part, améliorer la qualité de services offerts aux voyageurs et aux compagnies aériennes à travers des équipements modernes et des installations de haut niveau. L’enjeu était double : s’assurer que le transfert entre l’ancien et le nouvel aéroport se passe sans heurt et que, le jour de sa mise en service, l’ensemble des opérations n’engendre aucun dysfonctionnement. Les délais impartis initialement pour la préparation opérationnelle du transfert étaient assez courts ; il nous fallait alors hiérarchiser les actions et se concentrer sur les actions prioritaires. Les conséquences pouvaient être graves (défaut de sécurité par exemple) et coûteuses (retards ou annulations de vols). 25 L’image de l’exploitant de l’aéroport pouvait être considérablement ternie par une mise en service entachée. Dans les aéroports, comme pour d’autres infrastructures, les dysfonctionnements d’exploitation proviennent de zones grises où aucun partenaire n’est clairement responsabilisé. La toute première tâche que nous avons effectuée est l’identification exhaustive des utilisateurs réguliers de l’aéroport et de leur périmètre d’intervention. Répondre à la question « qui fait quoi ? » est un préalable indispensable avant d’engager des actions plus poussées d’exploitation et de réalisation du transfert vers le nouvel aéroport. Conduite par de nombreux entretiens et l’élaboration d’une matrice de responsabilités, cette tâche a permis de dessiner une répartition des rôles acceptée par tous pour le nouvel aéroport. À partir d’une distribution claire des responsabilités opérationnelles de chacun, nous avons pu construire un dispositif de pilotage de l’ORAT (Operational Readiness and Airport Transfer - processus mis en oeuvre pour assurer la mise en service d’une infrastructure aéroportuaire) à travers une gouvernance dédiée, ainsi que plusieurs outils méthodologiques, notamment la matrice des responsabilités opérationnelles, un planning détaillé et un journal des points ouverts permettant de hiérarchiser les différentes tâches en fonction de leur importance et de leur urgence. Ainsi, chaque partenaire de l’exploitation de l’aéroport connaissait son périmètre d’action, la liste des tâches à réaliser et les délais dont il disposait pour se préparer au transfert. Les dimensions de cette démarche sont multiples : depuis des aspects logistiques très concrets (comment et quand 26 27 déménager ?), jusqu’à des nouvelles politiques managériales (conduite du changement, stratégie opérationnelle, etc.), en passant par la calibration de l’ensemble des opérations (fournitures, effectifs, procédures, etc.). Nous inscrivons résolument notre action dans une démarche d’empowerement par une prise en main rigoureuse des nouvelles installations aéroportuaires par l’opérateur. Un ORAT réussi n’est possible qu’à travers une co-construction fluide du transfert, répondant aux contraintes de chaque utilisateur. Au-delà des questions techniques, la coordination des acteurs est primordiale. 28 « Clément MARQUIS En quoi est-ce une belle histoire ? • Notre équipe de consultants assiste au déroulement d’actions sensibles mais notre valeur ajoutée se trouve essentiellement sur l’apport d’outils et de méthodes de gestion de projet et la capacitation des acteurs locaux. • Nous avons travaillé en relation avec l’ensemble des acteurs de l’aéroport mais nous sommes fiers d’avoir permis à l’exploitant d’accroître sa maîtrise de l’aéroport au quotidien. Les points d’enseignement : • La composante opérationnelle d’un projet d’infrastructure nécessite la même implication et la même rigueur de suivi que la composante technique. • La dimension humaine est au centre d’un projet ORAT. Au-delà des formations, équipements et systèmes, l’organisation et la répartition des rôles sont au cœur de la réussite d’un ORAT. • Les plus petits dysfonctionnements organisationnels peuvent générer de graves incidents d’exploitation ; cela nécessite une très grande vigilance de la part des équipes. 29 « participation des populations histoire # 4 gagnant-gagnant Facilitation des négociations des clauses sociales des contrats de concession forestière (République Démocratique du Congo) 32 C ertaines missions nous marquent plus particulièrement du fait de leurs résultats, qui impliquent des progrès décisifs pour l’avenir d’un pays, d’une activité économique ou encore du bien-être d’une population. Nous avons eu la chance de pouvoir nous immiscer dans un moment décisif en République Démocratique du Congo : le processus de contractualisation des concessions d’exploitation forestière. La Banque Mondiale nous a demandé d’intervenir pour le compte du Ministère de l’Environnement afin de faciliter les négociations tripartites (État, communautés villageoises, exploitants) des clauses sociales de ces contrats, clauses cruciales pour la politique volontariste de développement socio-économique que mène actuellement l’État. La République Démocratique du Congo est le deuxième pays forestier au monde ; près de la moitié du territoire est recouvert de forêts, ce qui représente un patrimoine naturel immense, mais aussi un potentiel économique unique. Pour autant, l’exploitation sauvage et illégale est encore monnaie courante et cause d’importants dégâts pour les communautés locales, spoliées et peu compensées, mais aussi pour l’État qui ne reçoit que très peu de recettes fiscales. L’exploitation forestière ne profite parfois qu’à certaines personnes, malgré l’instauration d’un Code Forestier en 2002. Ces bénéfices unilatéraux engendrent des conflits locaux à cause de l’imprécision des accords et des situations d’instabilité pour tous les acteurs concernés. Les relations entre les populations et entreprises étaient alors largement conflictuelles et peu d’accords équitables aboutissaient. La contractualisation des concessions succède 33 à une coutume d’accord oral avec le chef des communautés villageoises avoisinantes et au paternalisme des exploitants envers la population lorsqu’ils établissaient des programmes d’aide au développement local. Les clauses sociales permettent de compenser les populations touchées par l’exploitation via des fonds reversés en vue de la constitution d’infrastructures sociales planifiées de façon participative. Les communautés locales ont en effet des droits coutumiers sur les zones forestières car elles en sont usagères et gardiennes. Le volume de ces contreparties est évalué en fonction de la surface exploitée mais aussi des essences de bois coupées. Nous avions alors en charge la conversion de 80 titres de concession forestière en contrats transparents et participatifs avec, à chaque fois, au moins autant de communautés locales que d’entreprises dont nous devions gagner la confiance. Le statut impartial que nous avions nous permettait de rendre notre action crédible. Nous avons cependant rencontré une certaine méfiance dans un premier temps ; beaucoup craignaient une intervention partisane du fait des enjeux économiques de tels engagements. Près de 440 réunions publiques ou de concertation se sont tenues en 3 ans et nous avons aussi formé les villageois sur le suivi des engagements et la gestion durable des services créés. L’implication de partenaires locaux a été importante et les compétences que nous avons réussi à transmettre à l’équipe de sociologues ont renforcé leur implication tout au long de cette mission de grande ampleur. Les entreprises, qui avaient déjà prévu de reverser une partie de leurs bénéfices sous forme de taxes, ont accepté de participer à la constitution d’un fonds d’investissement 34 35 local. Ce dernier, géré de façon transparente par un comité de gestion associatif, permet aujourd’hui de prévoir la réalisation de projets locaux (écoles, dispensaires, pistes, points d’eau, infrastructures légères) pour un total de 13 millions de dollar US répartis entre les accords signés. De plus, les deux tiers des coûts liés à ces projets sont réinjectés dans l’économie locale (réalisation, suivi, maintenance). Une réflexion est également menée pour monter des projets à échelle régionale entre des communautés bénéficiant de ces clauses sociales. Les entreprises exploitantes sont également gagnantes en raison de la paix sociale générée par ce processus transparent. Même les plus réticentes ont adhéré à notre appui. Enfin, cette expérience a bénéficié à nos sociologues nationaux ; plusieurs d’entre eux ont pu trouver un emploi au sein des entreprises forestières pour continuer le travail de l’intérieur. 36 « frédéric bourdillat En quoi est-ce une belle histoire ? • Nous avons redonné du pouvoir à des communautés villageoises face aux entreprises exploitantes ou à l’État. • La société civile de défense des droits des usages coutumiers a adhéré à notre démarche alors qu’initialement nous étions identifiés comme ennemis aux intérêts des communautés. • L’ensemble des acteurs (État, population, entreprises) reconnaît aujourd’hui les avantages mutuels des accords. • L’accompagnement ne s’est pas arrêté à la signature des accords ; nous avons formé les agents du Ministère et leur avons fourni des outils et méthodes pour reproduire cette démarche dans d’autres situations. Les points d’enseignement : • Même s’il revient plus cher aux entreprises de contribuer au développement local via des taxes et fonds d’investissement, ce mécanisme gagnant-gagnant leur est bien plus profitable car il sécurise leur activité économique. • Il est primordial de préparer les acteurs locaux à la bonne compréhension des engagements de chacun (formation, concertation) afin de leur donner la capacité d’être par la suite autonomes et informés sur les décisions à prendre. • Les mises en relations, réunions d’informations et discussions entre acteurs permettent de débloquer des situations pensées comme inextricables du fait de la divergence d’intérêts. « 37 histoire # 5 L’usager au cœur du projet Stratégie de concertation et de communication 38 L e Grand Lyon a engagé des études pour réaliser le tronçon manquant du périphérique lyonnais, construit jusqu’ici aux trois quarts. Ce dernier tronçon a pour objectif de désengorger les voies de l’ouest lyonnais mais aussi de faciliter les relations entre les pôles économiques périphériques de l’agglomération, ce qui lui vaut l’appellation d’Anneau des Sciences. Dans le cadre de l’accompagnement global du projet confié à Egis, nous avons été missionnés sur l’ensemble du volet concertation. Lorsque la Commission Nationale du Débat Public a rendu son avis imposant la tenue d’un débat public, nous avons été en première ligne pour monter le dossier. Il s’agissait d’une première : jamais un débat public n’avait été porté auparavant par une Communauté Urbaine. Le défi était de taille ! Faire accoucher le maître d’ouvrage d’un projet complexe et être prêt pour le débat public. 39 Notre investissement fut total pour répondre aux enjeux de nouveauté, d’ampleur du projet, du nombre d’acteurs à mobiliser, de technicité mais aussi de portée politique. En effet, le Grand Lyon engageait sa crédibilité dans cette affaire et s’est largement investi dans le processus. Pour répondre à cette énorme pression, nous avons mis en place des méthodes de travail très efficaces, un pilotage fonctionnel et réactif. Au fil du projet, des liens forts se sont noués au sein de l’équipe mais également avec les autres prestataires et le client. Une fois le projet défini à la fois par des études techniques, des groupes de travail et par les 80 interviews des acteurs du territoire, il s’agissait de préparer le débat public : élaborer les supports et les argumentaires, préparer les synthèses des études, organiser les réunions, leur déroulé et les interventions, observer la presse et l’opinion publique mais aussi coacher personnellement les porteurs du projet et répondre aux questions posées par les participants du débat public. Nous étions invisibles par le grand public, mais étions un support essentiel pour les porteurs du projet, à savoir le Président et les représentants des directions du Grand Lyon, qui eux étaient en première ligne. Pendant les six mois du débat public, nous avons vécu littéralement tous ensemble ; l’intégralité de l’équipe a participé à chacune des réunions publiques. L’intensité du processus de cette mission en a fait une réelle aventure humaine. 3 800 personnes ont participé au débat et nous devions être sur le qui-vive pour apporter au Grand Lyon 40 41 tous les éléments de réponses, tant sur le fond que sur la forme, nécessaires au bon déroulement des échanges. Nous avons toujours veillé à apporter le recul nécessaire pour bien conseiller notre client et le guider tout en étant nous-mêmes dans l’épicentre du tourbillon. Le débat public a réellement dynamisé le projet ; il a permis de le reconcevoir complètement afin de le faire partager aux lyonnais. Cette mission, qui a duré deux ans, a été intense et particulièrement riche. Le vide ressenti à la fin du débat nous a fait comprendre l’ampleur de ce que nous venions tous de vivre. 42 « céline boivin & erick lucat En quoi est-ce une belle histoire ? • Nous avons accompagné notre client sur l’intégralité d’une expérience pionnière : jamais une communauté urbaine n’avait encore porté de débat public, et surtout pas sur un projet aussi complexe. • L’intervention de nos consultants a contribué à transformer le projet routier en réel projet de territoire. • L’exercice intense de ce débat public a dépassé les engagements professionnels usuels et a été une réelle aventure humaine pour toute notre équipe. Les points d’enseignement : • La préparation d’un débat public est aussi importante que le débat lui-même; elle permet de structurer le projet pour le rendre intelligible et compréhensible par le plus grand nombre sans lui ôter sa complexité technique. • La mise à l’épreuve d’un projet face au public nécessite un travail important. Dans des phases très amont, même s’il n’est pas possible de présenter les contours précis du projet, il existe des méthodes permettant de faire discuter autour de l’opportunité du projet. « 43 transition énergétique histoire # 6 demain, tous à la bougie ! Gestion territoriale de l’énergie au service des entreprises 46 L e département de la Drôme a lancé un appel d’offre pour accompagner ses entreprises à optimiser l’impact du coût de l’énergie sur leur rentabilité. Si le tissu économique de la Drôme est hétérogène, il est fortement marqué par des entreprises ancrées dans le territoire, très fortes consommatrices d’énergies, comme la papeterie ou la céramique. Or, à l’heure de la disette financière, le poids des coûts énergétiques sur les charges de ces entreprises pèse beaucoup trop pour pouvoir garantir leur compétitivité face à des concurrents du périmètre national mais aussi et, a fortiori, à l’étranger. Ceci fait peser le doute quant à leur capacité à rester sur le territoire drômois. Même si ces préoccupations ne sont pas nouvelles, la problématique des acteurs économiques est longtemps restée chose privée avant que les collectivités ne s’aperçoivent qu’il s’agit là du socle même du développement territorial et qu’il est essentiel que les acteurs du territoire agissent main dans la main pour trouver des solutions. Maîtriser les dépenses énergétiques des entreprises permet de sécuriser l’avenir économique des territoires. Lorsque cette mission nous a été confiée, notre enthousiasme a été à la hauteur des enjeux. Nous allions pouvoir explorer des terrains peu balisés. Nous avions conscience d’être au démarrage d’une nouvelle forme de réflexion, beaucoup moins segmentée et beaucoup plus systémique, entre aménagement territorial, développement économique, transition énergétique et gouvernance locale. 47 48 Nous avons constitué une équipe d’experts en énergies afin de dresser un bilan détaillé et précis de la situation et d’imaginer des solutions de mix énergétique, phasables, évolutives et adaptées à l’évolution des filières envisageables. Nous nous sommes également entourés de financiers, de juristes et d’une direction de mission particulièrement impliquée sur la mise en dynamique et la gouvernance territoriale. Ce mélange de techniques opérationnelles et de conseil a permis d’identifier des montages possibles, des partenariats potentiels, en allant jusqu’à initier les contacts de mise en œuvre. Persuadés que les éléments de réponse se situent au sein même du territoire, nous avons pensé qu’il était incontournable de mettre en relation les acteurs concernés par cette problématique (entreprises, région, communes, département). Nous nous sommes pleinement impliqués dans cette mise en réseau. Nous sommes parvenus à faire fructifier une envie, une dynamique, une confiance collective. Pour cela, nous avons quadrillé le territoire, vu chaque acteur individuellement afin de connaître ses attentes et contraintes spécifiques. Cette démarche a permis de déceler certaines incompréhensions de la part de protagonistes et de préciser certaines postures. A terme, les échanges s’en sont trouvés grandement facilités. 49 Les pistes identifiées à la fin de la phase d’étude technique sont porteuses de réalisations concrètes, grâce à une envie de réussir basée sur le pragmatisme que nous avons su communiquer. Notre approche nous a permis de comprendre les clés de blocage (financières), d’identifier les portes de sorties possibles (phasage des investissements) et de travailler sur les conditions techniques et financières de sécurisation du projet (les garanties de l’entreprise quant à son maintien sur le territoire, les analyses des potentiels d’approvisionnement énergétique). Tout porte à penser que cela aboutira à un véritable projet énergétique pour les entreprises et concourra à la réflexion émergente sur la structuration des filières d’économie circulaire sur le territoire. L’histoire continue… 50 « marlène gaugey En quoi est-ce une belle histoire ? • Notre intervention a permis de dégager des pistes d’action, de développement et de changement pour les entreprises concernées ainsi qu’à l’ensemble du territoire sur la question énergétique. • A la suite de ce premier travail, c’est à la fois une perspective de réduction de coûts pour l’entreprise qui se dégage, mais aussi une opportunité de structuration de filière économique qui s’ébauche. • Nous avons le sentiment d’avoir contribué à la création d’un dialogue et à l’émergence de nouvelles solutions qui pourraient lancer une dynamique pérenne. Les points d’enseignement : • Un regard extérieur est souvent utile pour identifier et explorer de nouvelles pistes de solutions • La contrainte financière impose plus que jamais le travail partenarial et la recherche de solutions pragmatiques et phasables. • Un projet ne peut réussir aujourd’hui que s’il correspond à une réelle volonté partagée des acteurs du territoire. Il est nécessaire de cultiver le dialogue entre ces partenaires, de plus en plus divers, afin de trouver les solutions les plus adéquates. « 51 aménagement des territoires histoire # 7 Ville nouvelle Zones économiques spéciales en République du Congo, vecteur de développement 54 L a réalisation de zones économiques spéciales (ZES) est une opération d’importance majeure pour un pays en développement puisqu’elle contribue à renforcer sa compétitivité économique en mettant en valeur ses atouts et ses éléments d’attractivité. Ce type de projet nécessite de nombreuses et très diverses études amont. Les conséquences attendues sur l’emploi et le développement du pays sont considérables. Cet outil économique est essentiel pour la République du Congo, car les hydrocarbures représentent 90% de ses exportations et son tissu industriel est encore embryonnaire. Pour que le Congo devienne un pays émergent, son économie doit se diversifier et attirer de nouvelles entreprises, notamment industrielles. Cette dépendance forte à un seul type d’exportation peut être dangereuse pour l’économie entière et créer des déséquilibres. La baisse des réserves exploitables est également un facteur d’inquiétude majeur. Les ZES sont ainsi devenues une priorité présidentielle et le vecteur majeur de développement du pays. C’est dans ce contexte tout particulier que nous avons réalisé une étude de faisabilité pour la création de ces zones, dont une près de Brazzaville. Notre travail consistait à recenser les exigences des investisseurs potentiels (en termes de sécurité, de télécommunications, de desserte ou encore de démarches administratives) mais aussi à concevoir un cadre législatif adapté créant le statut de ZES. La conception d’un plan d’aménagement de la zone économique de Brazzaville et d’une ville nouvelle pour ses employés ont constitué un apport majeur d’Egis. Au vu de l’ampleur du projet et du point de départ nul (terrain vierge), l’État a confié cette mission à un consortium, dont nous faisions partie. 55 Il est important de préciser que notre projet de ZES ne prévoit pas d’en faire un territoire qui déroge au droit du travail ou une zone franche de tout impôt ; elle est conçue pour engendrer des retombées économiques sur l’ensemble du pays, fournir des ressources à l’Etat et non pas pour être un territoire extra-national. Les allégements fiscaux et aides financières ne sont pas les critères les plus importants dans le choix de localisation des entreprises. Celles-ci se fient beaucoup plus aux énergies disponibles, à l’accès aux infrastructures de la zone mais aussi à la sécurité et à la simplification des démarches. La création d’un guichet administratif unique pour toutes les procédures d’installation peut par exemple contribuer à attirer des entreprises. Le but est que l’État garde le contrôle de la zone tout en valorisant son territoire et ses ressources grâce à un cadre accueillant pour les investisseurs. 56 La connaissance précise du terrain et de la culture locale que nous avons acquise au cours de notre longue présence au Congo nous a permis de mener cette mission pionnière dans les meilleures conditions. Nous devions également anticiper la desserte des zones (infrastructures, axes de transport, électricité, eau, télécommunications, etc.) ainsi que leur dimensionnement. Afin d’éviter des infrastructures lourdes et longues à réaliser, nous avons opté pour une desserte s’appuyant sur les infrastructures existantes et les projets en cours, notamment les liaisons routières et ferroviaires entre Pointe Noire et le nord de Brazzaville. Puisqu’un parc d’activités ne se suffit pas à lui-même, nous avons également été en charge de dessiner la ville nouvelle associée. Cette ville ne devait pas être une simple cité dortoir, c’est pourquoi nous l’avons conçue avec des établissements publics, infrastructures culturelles et de loisirs ainsi que des 57 commerces. Le but étant d’attirer une population aux racines paysannes encore fraîches. Il fallait imaginer des logements ouverts, individuels ou petits collectifs de type cité jardin afin de permettre aux habitants d’utiliser des espaces partagés comme des jardins ouverts ou des potagers. L’État, et en particulier le Ministère des ZES et le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de la Délégation aux Grands Travaux, s’appuie actuellement sur cette étude pour la préparation et le pilotage de ce projet, bientôt mis en œuvre. 58 « Philippe Calvié En quoi est-ce une belle histoire ? • Nous avons participé à la définition d’un projet devant contribuer à faire de la République du Congo un pays émergent. • La prise en compte des modes de vie de la population qui sera employée dans ces zones économiques a été un enjeu lors de notre mission. Nous devions anticiper au mieux son adaptation à un nouveau cadre de vie. Les points d’enseignement : • Il n’est pas souhaitable de créer une zone économique ex nihilo, déconnectée des projets attenants : l’appui sur des dessertes existantes ou en cours de construction permet des économies d’investissements en infrastructures importantes et de réaliser rapidement le projet. • Le choix de localisation d’une entreprise ne dépend pas seulement des avantages financiers. La compétitivité d’un territoire se jauge à l’aune des services qu’il est capable de mettre à sa disposition : sécurité de l’approvisionnement énergétique et hydraulique, qualité des infrastructures ainsi qu’un environnement administratif simplifié. « 59 histoire # 8 Destination Breizh Avenir de l’aéroport de Lannion 60 L Le profil économique du Trégor, plus précisément de la ville de Lannion (Côtes d’Armor), doit être compris à travers le contexte de l’après-guerre. C’est dans le cadre de la coopération transatlantique sur les télécommunications satellitaires que Lannion a positionné son offre industrielle. À partir des années soixante, l’État implanta le Centre national d’études des télécommunications et le Centre de télécommunications par satellite (CNTS). Cette intense activité à haute valeur ajoutée généra une demande ciblée de transport aérien entre Lannion et l’agglomération parisienne. Une première ligne régulière militaire de transport de passagers ouvrit entre Lannion et Vélizy-Villacoublay en 1963 (fermée en 2001), suivie d’une seconde ligne entre Lannion et Paris-Orly, à partir de 1975, toujours ouverte. Les années 2000 ont constitué un tournant, marquant une moindre rentabilité de la ligne du fait de la réduction des effectifs mais aussi d’évolutions dans la politique de déplacements et d’achats de voyages des entreprises. La liaison est ainsi passée sous le régime d’obligation de service public LANNION (OSP). Ce régime permet de garantir MORLAIX ST BRIEUC un service aérien BREST minimum par finistère côtes d’armor une subvention au transporteur, QUIMPER qui coûte morbihan aujourd’hui cher LORIENT VANNES 61 DINARD ille & vilaine RENNES aux financeurs, qui sont l’État, le Conseil général des Côtes d’Armor, Lannion-Trégor Communauté (LTC), la Chambre de Commerce des Côtes d’Armor et d’autres intercommunalités voisines. Mais, aujourd’hui, LTC et ses partenaires se retrouvent dans une situation complexe, du fait de la combinaison de plusieurs évolutions majeures : • La mise en service de la LGV Bretagne – Pays de la Loire permettant un gain de temps de l’ordre de quarante minutes sur un déplacement Paris <> Bretagne à partir de 2017 ; • La crise des finances publiques. Gelée depuis 2011, la dotation globale de fonctionnement accordée par l’État aux collectivités locales est en baisse ; • La régulation du transport aérien au niveau européen, avec la conjugaison de la mise aux normes des aéroports pour 2016 (certification EASA) et le cadrage sévère par la Commission européenne des aides d’État accordées aux aéroports et aux compagnies aériennes. Si la liaison venait à fermer, il existe un risque que certaines entreprises – et, par effet de grappe, leurs sous-traitants décident de se relocaliser en dehors du Trégor en raison de la dégradation de la desserte du territoire ou, par effet boule de neige, sur la dynamique locale. La réflexion que nous avons menée avec LTC se situe dans une problématique plus large d’attractivité économique du territoire par la garantie d’une bonne accessibilité. 62 63 LTC doit aujourd’hui définir sa stratégie et ses priorités en matière de desserte et de transport en identifiant les facteurs de risques. C’est pourquoi elle nous a donné la possibilité de mener des études sur l’accessibilité à longue et moyenne distance du Trégor ainsi que sur l’avenir de l’aéroport de Lannion. La première étape de ce travail consiste à identifier les usages des aéroports, mais également des gares de la région (profil, fréquence, motifs, etc.). Cela nous a permis de connaître le marché du transport à longue distance (au-delà de 300 km), avant d’identifier en seconde étape plusieurs scénarios d’évolution de l’accessibilité du Trégor parmi lesquels l’amélioration de l’accès à l’Aéroport de Brest, à travers la mise en place d’une liaison routière. Parmi les pistes évoquées, la réduction de l’obligation de service public (avions de plus petite taille), la diversification de l’activité de l’aéroport (nouvelles lignes notamment), mais également sa fermeture ont été évoquées. Toujours est-il que cette future stratégie de transport, comme tout projet de territoire, doit être conçue de façon concertée avec d’autres acteurs du territoire, et notamment les aéroports de Morlaix et Saint-Brieuc qui se situent dans un rayon de 50 kilomètres de Lannion. 64 « Clément MARQUIS En quoi est-ce une belle histoire ? • Cette mission a permis d’accompagner une collectivité à réfléchir sur des sujets sensibles touchant à sa situation financière mais aussi aux politiques d’emplois, de développement économique et qui impactent le quotidien des habitants de la région. • Le contexte de tension financière des collectivités territoriales nous amène à réfléchir à des solutions alternatives et innovantes permettant d’allier politique volontariste et budget maîtrisé. Les points d’enseignement : • La stratégie d’amélioration de la desserte d’un territoire et de la modernisation de lignes de transport doit se définir avec la coopération de l’ensemble des acteurs concernés par cette problématique. • Les décisions d’ouverture ou de fermeture de lignes ont des répercussions sur les modes de transport alternatifs mais aussi sur l’activité économique de la région et son attractivité. • Il est absolument nécessaire de comprendre les motifs et besoins des déplacements pour jauger l’utilité d’une modification du réseau existant. « 65 histoire # 9 Nouvelle route de la Soie Un défi multimodal à l’échelle d’un continent 66 L e transport et la logistique jouent un rôle significatif dans nos économies globalisées. Vecteur principal de croissance, ce secteur bute encore contre les entraves douanières que l’expansion du commerce international n’a pas allégées. Il reste en effet d’importantes marges de progression pour faciliter le transport de marchandises de la frontière chinoise jusqu’à la Mer Noire. La compétitivité du maillage routier, ferroviaire et maritime de cette grande zone géographique issue de l’ancien bloc soviétique influence fortement le développement des territoires mêmes mais impacte également les importations et exportations européennes. Nous avons su nous positionner juste après le lancement du programme TRACECA (Transport Corridor Europe-CaucaseAsie) initié en 1993 par la Commission Européenne. Ce financement européen répond au besoin d’améliorer les axes de transport des pays voisins de l’Est de l’Union Européenne. Le but est d’en renforcer la compétitivité face à d’autres itinéraires, certes plus fiables, mais plus longs et à priori plus chers. Nous avons réalisé le projet LOGMOS (intitulé « processus logistiques et autoroutes de la mer ») qui a débuté en 2011 dans le cadre de ce programme UE. Les objectifs étaient ambitieux : développer des projetspilotes d’« autoroutes de la mer » sur la Mer Noire et la Mer Caspienne en partenariat avec les pays bénéficiaires voisins et les opérateurs privés de la région (compagnies maritimes, associations de transporteurs, entreprises logistiques, etc.). Il s’agissait également de prévoir le développement de centres logistiques pour créer des hubs porteurs. 67 Au total, 13 pays ont été concernés : Arménie, Azerbaïdjan, Bulgarie, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Moldavie, Ouzbékistan, Roumanie, Tadjikistan, Turkménistan, Turquie et Ukraine. Notre étude devait s’articuler au mieux avec la politique européenne des réseaux et corridors transeuropéens. Outre notre longue expérience de ce programme TRACECA, les implantations d’Egis dans la région ont favorisé la mise en œuvre de ce projet. Nous avons alors établi un schéma directeur des transports qui correspond plus à une stratégie de cohérence globale de ce corridor central en mettant tout d’abord en lumière les points de blocage sur les routes existantes. En effet, la plupart des transporteurs routiers préfèrent prendre des trajets plus longs mais qui leur garantissent des temps d’attente prévisibles aux frontières et des tarifs douaniers fixes (pas forcément moindres). Cet axe commercial central exigerait aussi une meilleure régularité des liaisons maritimes ou encore des échanges facilités grâce à une simplification administrative, une langue commune ou des équipements électroniques modernes (dématérialisation) aux postes transfrontaliers. L’analyse des flux de transports entre ces pays a suscité de nombreux échanges lors des différentes rencontres entre les opérateurs privés et les acteurs institutionnels. Le défi était également posé par le nombre de pays bénéficiaires et d’intervenants autour de contextes politiques différents, d’intérêts variés et de degrés variables de maturation des projets. Il fallait essayer de faire travailler ensemble des personnes n’ayant a priori pas forcément les mêmes cultures (acteurs institutionnels ou commerciaux). 68 69 La participation active de toutes ces personnes a été décisive dans les prises de conscience des progrès à réaliser. Les nombreux séminaires régionaux et voyages d’études qui ont été organisés ont permis d’asseoir notre intervention d’accompagnement et de mieux légitimer la priorisation des États. Les opérateurs privés étaient aussi naturellement très intéressés par une telle démarche. La pédagogie et l’expertise en transport multimodal que nous avons apportées a réussi, grâce à une équipe expérimentée dans ces pays, à donner un nouveau souffle à ces ambitions régionales qui doivent aussi servir l’intérêt européen. Le schéma directeur que nous avons produit comporte de grands plans d’actions par régions déclinés en axes prioritaires et thématiques par pays. Il a été complété par une analyse des aides financières extérieures et potentielles de façon à élargir les marges de manœuvre nationales au-delà des budgets étatiques (parfois exsangues). Il tient désormais aux autorités concernées de réaliser les modifications nécessaires pour mettre en œuvre ces nouvelles stratégies. 70 « Marie Gaëlle Chabot En quoi est-ce une belle histoire ? • Notre intervention a permis de faire échanger 13 pays afin de réfléchir à une problématique de transport qui les concerne tous et qui ne peut être résolue que collectivement. • L’assistance et la mobilisation de toutes les compétences a donné la possibilité aux autorités publiques de mener elles-mêmes de grands projets collectifs (comme le « Silk Wind », projet ferroviaire à vocation transfrontalière initié par les Kazakhs durant notre projet). • Egis a été sollicité comme acteur de confiance par les décideurs européens pour donner son opinion quant aux futurs projets à financer en priorité en Ukraine. Les points d’enseignement : • Sur la durée d’un tel programme, les acteurs ne peuvent pas complètement s’extraire du contexte géopolitique. • Focaliser sur la seule solution « béton » ne suffit pas. Les points de blocage résident avant tout dans la facilitation des échanges commerciaux : dans les « soft measures » qui sont aussi la valeur ajoutée qu’Egis peut fournir. • Il est souvent utile de passer par un consultant, prestataire neutre, afin de faire dialoguer plusieurs acteurs concernés autour d’un sujet délicat ou à forts enjeux (commerciaux ou politiques). • Egis sait établir de nombreux contacts amont, y compris à haut niveau institutionnel. « 71 financements histoire # 10 L’union fait la force La mutualisation au service des grands projets de territoire 74 L ’ appel aux collectivités à participer à l’effort de réduction de la dette publique se traduit par une forte diminution de leurs marges de manœuvre financières. Cependant, les investissements demeurent indispensables pour le développement durable, social et économique des territoires. Dans les projets de création de nouvelles lignes de transports en commun, les véhicules représentent un des postes de dépenses parmi les plus importants. Une stratégie d’achat évoluée est un vrai déterminant. Notre travail se concentre alors sur la recherche de la meilleure offre pour répondre à la fois à l’intérêt collectif et à la bonne maîtrise de la dépense, dans un projet qui valorise l’attractivité et le dynamisme du territoire. Comment faire pour obtenir les meilleurs prix quand le marché n’est pas suffisamment concurrentiel ? Produire une offre est très coûteux et l’attrait des constructeurs dépend du volume demandé. La plupart des projets français sont trop petits pour faire jouer la concurrence internationale, mais suffisamment importants pour pouvoir prétendre à des négociations. L’agglomération Dijonnaise a sollicité notre assistance sur l’ensemble du projet de tramway. C’est au cours de cette démarche que nous avons jugé pertinent de préconiser le regroupement de projets similaires afin de densifier la commande pour susciter l’intérêt des constructeurs et gagner du poids dans les négociations. Pour cela, il fallait inventorier des agglomérations qui avaient des projets semblables à celui de Dijon ; ce fut le cas de Brest. 75 Une fois l’idée du groupement émise, première dans le monde du transport, encore fallait-il la promouvoir et la rendre accessible, pratique et opérationnelle. Nous avons proposé à ces agglomérations de travailler ensemble pour mener à bien un projet de contrat unique et les avons accompagnées sur le montage d’un groupement d’achat. Pour cela, nous sommes allés voir les élus et chargés de projet dans le but de leur expliquer les modalités du contrat, les convaincre et les rassurer quant aux bénéfices escomptés. Les réticences à s’engager dans un contrat aussi contraignant sont légitimes. Les demandes techniques ont dû être harmonisées, mais cela n’a pas empêché de mettre un peu de souplesse et d’atténuer les freins. Cela a permis à chacune des agglomérations de conserver une certaine marge de manœuvre dans l’identité propre du projet en termes de visuels et d’aménagement intérieur par exemple. La communication, l’entente et la confiance se sont révélées être des piliers essentiels de la démarche. Nous avons accompagné les agglomérations de Brest et de Dijon dans chaque étape, notamment lors de la rédaction de la consultation et du contrat, puis lors des négociations. Nous avons alors pu anticiper et sécuriser le projet grâce à l’association de nos compétences juridiques, techniques et organisationnelles. Quatre offres ont été reçues pour ce 76 77 marché. C’est un score important là où, habituellement, une agglomération isolée qui se lance dans un projet similaire n’en reçoit qu’une seule. C’est également grâce à la mutualisation de la demande et à la dimension du projet (52 rames en tout) qu’il a été possible d’obtenir des prix records et encore jamais vus. Le gain réalisé sur l’achat des rames de tramway a donné aux agglomérations plus de souplesse sur d’autres actions. Cette commande massive a aussi permis de remplir le carnet de commandes d’un constructeur français de façon conséquente et de participer au dynamisme de notre industrie. L’envergure attribuée à de tels projets par le choix de ce mode opératoire, qui créé de la synergie au sein du territoire, bénéficie finalement à toute notre économie. 78 « vincent de santis En quoi est-ce une belle histoire ? • Le groupement d’achats, dans le domaine des transports, représentait une démarche innovante. • Au-delà d’importantes économies, la mission a permis de sécuriser, d’accompagner et de porter le projet jusqu’à son inauguration en laissant suffisamment de marge de manœuvre à la collectivité pour poursuivre d’autres projets. • Développer ce genre de services est pour nous très important car il ne s’agit pas d’une simple prestation d’accompagnement mais un réel investissement qui permet aux collectivités d’économiser des sommes importantes et donc de pouvoir poursuivre leurs projets y compris dans des situations de tension financière comme celle que nous traversons. Les points d’enseignement : • Les groupements de commande ne nécessitent pas forcément une proximité géographique mais doivent en revanche disposer de trois conditions : similitude et entente sur le projet, accompagnement pluridisciplinaire et opportunité commerciale identique. • Les idées les plus simples sont pour la plupart du temps celles qui donnent les meilleurs résultats. « 79 histoire # 11 Face cachée de la SNCF Exploitation et maintenance des technicentres 80 L ’ exploitation et la maintenance des bâtiments sont des éléments essentiels à prendre en compte au plus tôt lors d’un investissement immobilier. En effet, on estime que le coût de maintenance représente près de 75% du coût global d’un bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie. De plus, ces services ont une portée considérable car ils concernent la sécurité des employés, l’éventuel public accueilli mais aussi le bon fonctionnement de l’activité de l’entreprise ou de l’infrastructure. C’est pour cela que de nombreuses normes encadrent ce domaine qui est de plus en plus externalisé. Les infrastructures passent alors des contrats multitechniques de prestations de maintenance (chauffage, climatisation, plomberie, électricité, petits travaux d’aménagement et de réparation, etc.). Ils sont utilisés pour tout type de bâtiment : usine, entrepôt, bureaux, commerces, data center, musées, établissements publics, universités, etc. La SNCF est propriétaire de nombreux bâtiments de tailles très variables sur le territoire français. Le bon fonctionnement de ce patrimoine immobilier est très important pour maintenir le service public (éviter les retards, les pannes, etc.) mais concerne également les conditions de travail, donc le travail des salariés. C’est dans cette optique que la jeune Direction de l’Immobilier de la SNCF nous a confié une mission d’assistance pour la mise en place et le suivi des contrats 81 multitechniques sur 11 régions territoriales à travers la France. Nous avons accompagné chaque Direction Territoriale de l’Immobilier (DTI) dans cette démarche en expliquant les objectifs poursuivis de notre mission et en amenant une compréhension globale de notre méthode. L’objectif était également de former les agents de secteurs, aux profils variés, sur les questions de gestion immobilière, d’exploitation et de maintenance mais également de gestion de contrat. Cet apport fut enrichissant des deux côtés car nous avons alors appris à travailler ensemble et à harmoniser nos méthodes de travail. Le contrat multitechnique est un contrat très ambitieux qui a généralement une durée de 5 ans. Notre expérience en la matière nous a permis d’aider les DTI dans l’analyse des offres reçues afin qu’elles puissent sélectionner l’opérateur le plus à même d’effectuer ces prestations. Mais notre mission d’assistance ne s’arrête pas lorsque le prestataire est sélectionné. Encore faut-il mettre le marché en place et s’assurer de l’effectivité de la prestation, c’est-à-dire contrôler que le panel de services effectués est bien identique à celui prévu dans le contrat. Pour cela, nous utilisons des indicateurs de performance et nous accompagnons également le maître d’ouvrage lors des visites de contrôle sur place. 82 83 Nous intervenons à chaque étape du processus : inventaire nécessaire à l’ouverture du marché, définition des stratégies, formation des agents, aide à l’analyse des offres, assistance à la rédaction du contrat comme à sa mise en place et, enfin, suivi du contrat. En plus de ces prestations, la SNCF bénéficie d’une base de données actualisée concernant son patrimoine immobilier ; ce qui est un outil majeur dans la détermination des axes de développement et de réaménagement. Notre intervention a donc permis à la SNCF d’anticiper ses besoins et de sécuriser ces contrats assez techniques afin d’en assurer un déroulement conforme à ses exigences. 84 « Pierre Degremont En quoi est-ce une belle histoire ? • Notre intervention participe au développement des Délégations Territoriales de l’Immobilier de la SNCF par la formation de ses agents mais aussi par l’état des lieux de son patrimoine immobilier. Cette Direction est encore récente, mais elle va jouer un rôle crucial dans les années à venir. • Les objectifs de la mission, commandée par la direction nationale de la SNCF, ont dû être explicités lors de nos interventions auprès des équipes locales qui ne saisissaient pas, a priori, notre rôle. Au fil des rencontres, le scepticisme s’est dissipé, laissant place à une véritable collaboration. Les points d’enseignement : • Le cahier des charges d’un appel d’offre de maintenance doit être très précis afin de garantir que le prestataire sélectionné soit en mesure de réaliser toutes les opérations nécessaires au bon fonctionnement d’un site. • La logistique est une mécanique qui ne peut laisser de place au hasard ; le moindre dysfonctionnement, comme le blocage d’un volet de porte, peut engendrer des conséquences de plus grande ampleur, comme le retard en cascade de trains. « 85 histoire # 12 L’outil route universel Le toolkit des infrastructures routières au service du public/privé 86 L a participation du secteur privé dans les financements d’infrastructures publiques n’est pas nouvelle. Le Partenariat Public-Privé (PPP) est en effet un outil largement utilisé pour le montage de projets à travers le monde et peut constituer une opportunité très intéressante pour des pays en développement qui connaissent une carence d’investissement public. Les maîtres d’ouvrage bénéficient également du savoir-faire technique du partenaire privé en matière de construction et d’exploitation. Son utilisation n’est cependant pas une solution miracle car la faisabilité d’un PPP dépend fortement de la viabilité financière du projet ; ainsi, les PPP ne sont pas forcément réalisables dans tous les secteurs. Ils sont basés sur un partage des risques entre privé et public, or les intérêts des partenaires ne sont pas toujours convergents. Ils nécessitent des cadres réglementaires, institutionnels et juridiques stables au niveau étatique et l’implantation d’un PPP est complexe (identification du projet, appels d’offres, sélection d’un partenaire, négociation et signature du contrat). La puissance publique a besoin de maîtriser les étapes de ce long processus et se fait généralement assister. Dans sa démarche d’appui financier et technique aux pays en développement, la Banque Mondiale met gracieusement à disposition des Toolkits, guides méthodologiques détaillés, afin de contribuer au renforcement des capacités des pays (stratégie d’empowerement) via le partage de connaissances, de conseils stratégiques et d’expertise. Sa conception du « développement ouvert » comprend un libre accès à ces 87 outils (documents open source disponibles sur le web) et une utilisation simple dans le but de réduire le fossé de connaissances disponibles entre pays. Dans cette optique, notre équipe a été sélectionnée pour actualiser le Toolkit pour les PPP dans le secteur des routes et autoroutes en 2008. Notre mission était, d’une part, de mettre à jour les informations (nouvelles méthodes, références et processus) mais aussi de les rendre accessibles et lisibles (amélioration du graphisme, simplification des informations, suppression des doublons, refonte des modèles financiers) afin d’en garantir un emploi aisé et universel. Le Toolkit comprend toutes les informations nécessaires à une autorité publique pour saisir le principe des PPP, développer une stratégie nationale appropriée (points de vigilance, conditions de réussite et de valeur ajoutée, adaptation du partenariat à son environnement, etc.) mais aussi pour conduire cette opération (étapes nécessaires, tâches à accomplir, conditions de mise en œuvre, préparation de lois et des contrats, suivi, modèles financiers, etc.). Il permet donc de diffuser les bonnes pratiques liées aux PPP et d’éviter des dommages importants causés par une méconnaissance de cet outil assez complexe. La demande est actuellement très forte de la part des pays en développement qui souhaitent notamment avoir des exemples et contre-exemples de cette pratique afin de mener au mieux leurs projets. Le Toolkit décrit des études de cas par le biais de contrats PPP à travers le monde. Ce projet a été financé par le PPIAF (Public-Private Infrastructure Advisory Facility), émanation de la Banque Mondiale mais a également été sponsorisé par Egis, ceci montrant l’intérêt suscité en interne au sein du groupe. 88 89 Le Toolkit a été présenté par nos équipes au siège de la Banque Mondiale à Washington et lors d’un workshop en Inde. Les workshops qui ont suivi (Europe de l’Est, Asie, Amérique du Sud) ont aussi permis des échanges de pratiques entre les pays. Une version Toolkit en russe est disponible sur le site du PPIAF. Il est utilisé par différents pays ou autorités publiques du fait de sa large diffusion. Cet outil ne remplace pas un accompagnement spécialisé comme l’Appui au « Project Management Unit » dans la gestion du « Project Development Facility » que nous menons actuellement au Vietnam, mais donne un vaste panel d’informations et d’indications aux décideurs afin qu’ils aient toutes les clés en main pour juger de la pertinence d’un projet PPP et assurer une mise en œuvre dans les meilleures conditions. 90 « Jean-Paul Labattu En quoi est-ce une belle histoire ? • Nous avons participé au partage libre de connaissances sur un sujet technique et vital pour le développement de certains pays. Notre expertise a ainsi été mise au service du plus grand nombre. • Le Toolkit permet aux autorités publiques d’appréhender les concepts de PPP et ainsi de mieux maîtriser leur développement économique et territorial. • Nous avons reçu des retours positifs d’utilisateurs des modèles financiers du Toolkit. Les points d’enseignement : • Outre l’appel au savoir-faire technique du privé, les PPP ont pour but de limiter les financements publics dans les grands projets d’infrastructures publics et d’éviter une croissance la dette. Or la réalité du terrain montre que de nombreux projets ne sont pas viables sans aide ou garantie de l’État, aide qui a généralement un impact indirect sur le service de la dette. • La réussite d’un PPP nécessite un cadre contrôlé et raisonné, et généralement la mise en place d’une assistance à la maîtrise d’ouvrage. « 91 Soutien à la formation professionnelle histoire # 13 Mieux transmettre La formation professionnelle, un enjeu fondamental pour l’avenir de la RDC 94 L a formation professionnelle est un enjeu essentiel en République Démocratique du Congo ; elle constitue un des leviers de développement socio-économique qui pourra permettre au pays de se relever suite aux années de conflits qu’il a connues. La situation s’est récemment améliorée mais repose encore sur un équilibre fragile ; l’éducation et la formation sont donc des facteurs importants de consolidation de la société. La qualification de la main d’œuvre est un moyen d’attirer les entreprises au sein du pays mais aussi d’en favoriser la création. Il est bien évidemment aisé, aujourd’hui, de trouver de la main d’œuvre dans le monde, la compétitivité des pays se joue donc sur leur niveau de formation. L’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP), seule entité publique de formation, existe depuis l’accession à l’indépendance de la RDC, soit 1964. Pour autant, l’offre de formation était jusqu’à présent mal adaptée aux besoins des entreprises. La demande de formation provenant des femmes et des hommes ayant la volonté de se qualifier est par ailleurs très forte et témoigne le succès des formations proposées. Dans un contexte de relance économique, les besoins des entreprises en main d’œuvre qualifiée justifient pleinement la stratégie de croissance de l’INPP et l’augmentation quantitative de son offre de formation ces dernières années. Ces récentes évolutions nécessitent une rénovation des infrastructures pédagogiques (bâtiments et équipements), notamment dans les centres provinciaux. Dans cette optique, nous appuyons l’INPP à mener à bien des projets de construction et d’équipement de nouveaux centres 95 96 provinciaux à Matadi et Bukavu. Deux nouveaux centres à Mbandaka et Goma devraient suivre prochainement. L’appui auprès de l’INPP couvre toutes les étapes depuis la conception du projet pédagogique, le dimensionnement du projet architectural, la définition des équipements, la passation des marchés et le recrutement du maître d’œuvre jusqu’au suivi des travaux, la réception des ouvrages et la mise en route des centres nouvellement construits. C’est grâce à un financement de l’Agence française de Développement que nous apportons notre appui aux équipes de l’INPP. L’objectif étant de renforcer leurs capacités afin qu’elles maîtrisent non seulement l’ensemble des processus de gestion du projet, mais également les démarches et outils d’amélioration de leur propre structure. De manière concrète, notre expertise porte sur de nombreux aspects : l’amélioration du système de pilotage et de gestion de l’INPP, la restructuration de l’offre de formation mais aussi le renforcement des liens entre l’INPP et son environnement (et notamment avec les entreprises qui en sont les principaux bailleurs. L’INPP collecte en effet directement une taxe professionnelle, qui représente 3% de la masse salariale des entreprises). Si l’INPP propose des formations variées en mécanique, électronique, électricité, bâtiments et ingénierie civile ou encore en informatique, couture, cuisine ou secrétariat, comptabilité, etc., les approches pédagogiques nécessitaient d’être revisitées afin de mieux répondre aux besoins des entreprises. Un travail d’accompagnement pour la modernisation des méthodes d’apprentissage fondées sur l’approche par compétences a été mené avec nos experts, les pédagogues et formateurs de l’INPP, mais aussi avec de très nombreux cadres d’entreprises. 97 La structure des formations a été réorganisée par métiers à l’aide de référentiels de compétences et des référentiels de formation définis en fonction des besoins des entreprises. Ainsi, les deux intervenants qui travaillent sur place à plein temps depuis 2013, et ce jusqu’en 2016, ont réussi à faire le lien entre les entreprises et l’INPP afin de générer une synergie et donc d’optimiser les formations. Des expertises ponctuelles viennent renforcer ce dispositif pour des appuis dans des domaines spécifiques : développement des référentiels, formation des formateurs, mais également gestion administrative et financière, procédures de passation des marchés, gestion des ressources humaines, etc. La méthode que nous avons employée est importante car il ne s’agit pas pour nous de réaliser un schéma de pilotage ou la réorganisation des formations à la place de l’INPP mais bien de le faire avec eux dans une démarche de coconstruction, tout en partageant les compétences et savoirs que nous avons acquis au fil de nos missions. Cela nous permet d’être certains que la dynamique que nous avons initiée ensemble perdurera même après notre départ. Ainsi, notre appui à la gestion opérationnelle, au suivi et à l’évaluation des activités de l’INPP ou encore l’appui aux fonctions supports est également guidé par un souci de partage et de transmission de compétences. Nous poursuivons donc notre mission avec le plus grand optimisme et sommes déjà fiers des progrès réalisés grâce à ce travail collectif. 98 « Tanguy de REBOUL En quoi est-ce une belle histoire ? • Nous partageons nos méthodes de pilotage et de gestion avec un établissement public qui a pour but d’améliorer les compétences et l’employabilité de la main d’œuvre congolaise. • Le rapprochement entre INPP et entreprises permet à la démarche de formation d’être plus en phase avec leurs besoins de main-d’œuvre. • Notre plus belle récompense, c’est quand un formateur nous a dit : « grâce au projet, j’ai enfin compris comment je devais préparer et animer une formation à l’INPP ! ». Les points d’enseignement : • La co-construction est un moyen d’apporter une réelle plus-value aux bénéficiaires et de ne pas seulement faire à leur place. • La collaboration des entreprises à la définition de l’offre de formation est un réel atout car cela leur assure une main-d’œuvre adaptée à leur activité. • Cette coopération est également gagnante pour l’établissement de formation qui facilite l’intégration des apprenants sur le marché du travail. « 99 Management de projets complexes histoire # 14 Bus Tour Péripéties d’un projet de transport en commun au pays de l’auto 102 L ’ intérêt de notre métier et l’enrichissement que nous en tirons provient du sentiment d’avoir pu être source de soutien et de confiance pour la collectivité. Parfois, l’accompagnement réalisé dépasse largement la demande initiale du maître d’ouvrage. C’est ce qui nous est arrivé pour le projet de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) du Pays de Montbéliard Agglomération. La création de lignes de transport à haut niveau de service est un projet éminent pour la valorisation du territoire et engendre des aménagements conséquents : voirie dédiée, billettique nouvelle, système d’informations en temps réel, renouvellement de la flotte de bus, investissements pour assurer une haute fréquence de passage, extension des horaires de fonctionnement, etc. Un tel projet de transport n’est donc pas neutre et marque le développement du territoire pour plusieurs décennies. Parce que les politiques publiques se conçoivent désormais sur le moyen et long terme, l’accompagnement se doit alors aussi d’être durable. On ne conduit pas tous les jours un projet de telle ampleur et les agglomérations ont parfois un manque de moyens internes pour cela. Il est donc de notre devoir d’endosser la responsabilité aux côtés du maître d’ouvrage et de créer la confiance nécessaire à la concrétisation d’un tel projet. 103 Pour cette mission, une partie de nos consultants a ainsi quasiment endossé le rôle de maître d’ouvrage dans le but de compléter au mieux les compétences déjà présentes et d’apporter les rotules nécessaires aux équipes internes. Notre action ne se limitait plus seulement à du conseil car nous agissions en partenariat intégré avec les services après avoir défini et construit ensemble les contours du projet. Notre action allant même jusqu’à intervenir au cœur de la logique de financement en facilitant les échanges avec la Caisse des Dépôts et la Banque Européenne d’Investissement. Le Pays de Montbéliard Agglomération a profité de notre longue expérience en matière de gouvernance de projet jusqu’à choisir le directeur de projet au sein de nos services ; celui-ci travaille depuis à temps plein sur place. Notre expertise en matière de transports collectifs nous a également permis de fournir aux élus des outils d’aide à la décision suffisamment simples pour viser des objectifs pertinents, expliquer le projet à la population, être en mesure de comprendre les attentes diverses des acteurs et prendre les arbitrages les plus judicieux. Nous nous sommes engagés au plus près de la collectivité, mais il était également important de conserver une capacité de prise de recul, d’adaptation du projet en fonction de l’évolution des contraintes et du contexte. Suite à l’enquête publique et au changement de l’équipe municipale, le projet de BHNS fut réorienté. 104 105 En ayant toujours recherché les meilleures solutions, il a fallu intégrer les transformations voulues tout en respectant certaines exigences, notamment celle du respect du budget initial. Alors qu’une seule ligne était prévue, nous en avons conçu quatre pour un meilleur maillage du territoire et une desserte des pôles d’activités plus cohérente. Pour conserver le budget de 100 millions d’euros, nous avons simplifié les aménagements qui n’étaient pas essentiels. La qualité du service offert est donc préservée et nous avons même pu nous permettre d’avoir un coût record de 2 millions d’euros du kilomètre (au lieu de 5 à 10 pour la moyenne française). La mise en service des premières lignes est prévue à l’horizon 2017 et, malgré tous les aléas rencontrés, nous sommes fiers d’avoir participé à la permanence de ce projet que nous avons accompagné, a ce jour depuis 4 ans. 106 « & Cécile marteret raphaël baizeau En quoi est-ce une belle histoire ? • Alors que le projet initial comprenait une seule ligne de BHNS, nous avons pu en concevoir quatre en conservant le même budget et la même qualité de service, en valorisant les enjeux stratégiques du projet. • Au travers de cette mission, nous avons vraiment le sentiment de travailler au service du développement d’un territoire qui nécessite de renforcer les liaisons entre ses différents pôles. • La présence de consultants d’Egis au sein même de l’équipe de maîtrise d’ouvrage permet une réelle consolidation et complémentarité des compétences. Les points d’enseignement : • Un accompagnement de long terme est source d’économies pour le territoire. • La co-construction d’un projet est d’autant meilleure que le partenariat est basé sur la confiance réciproque entre la collectivité et le prestataire. • Il est essentiel que les cadres contractuels permettent de répondre aux besoins initiaux du maître d’ouvrage mais aussi de laisser suffisamment de souplesse pour déployer l’inventivité, la créativité et les réorientations techniques ou politiques que nécessitent les évolutions inévitables des projets au long cours. « 107 ingénierie réglementaire histoire # 15 Urgences administratives Contractualisation d’urgence d’un marché d’évacuation sanitaire 110 L e Centre Hospitalier Territorial (CHT) de Nouméa a eu recours à nos services car il se trouvait dans une situation périlleuse suite à une succession de refus d’attribution d’un marché pour les évacuations médicales d’urgence par hélicoptère. Le système français d’appels d’offres et de marchés publics est conçu pour garantir une commande avertie, sécurisée et maîtrisée par les collectivités et établissements publics. Il peut cependant arriver que la possibilité de porter en justice des décisions administratives puisse totalement bloquer le bon renouvellement des marchés et mettre en défaut l’autorité publique. L’actuel opérateur a ainsi vu l’exercice de son service prolongé audelà du mandat initial, ce qui met aujourd’hui les deux contractants dans une situation délicate. L’évacuation médicale d’urgence par hélicoptère représente une activité très contraignante, puisque l’opérateur, qui est en fait une compagnie aérienne détenant toutes les autorisations nécessaires, doit assurer un service continu en toutes circonstances et ce dans les meilleures conditions de délai, de sécurité et de coût. Les règles et exigences applicables à ce genre de marché sont nombreuses, tout comme les conditions d’acceptabilité d’une candidature. Les hélicoptères doivent par exemple être mobilisables en dix minutes, la communication avec l’hôpital doit être continue et les machines utilisées tout comme les pilotes doivent présenter un niveau de service répondant aux normes de sécurité. 111 Si le CHT n’assure pas la bonne effectivité de ce marché, ce sont de lourdes conséquences humaines qui sont en jeu avec toutes les retombées que l’on peut attendre pour l’établissement hospitalier, sa direction et son personnel. Lors de la troisième tentative d’appel d’offre, le CHT de Nouméa a ainsi voulu être certain que son cahier des charges présentait un degré suffisant de précision afin d’en garantir la sécurité juridique et ainsi éviter les référés. Nous nous sommes alors engagés à l’assister lors de sa rédaction (détail des critères de jugement, de pondération des notes, etc.) mais également pour l’analyse des offres et la formulation des recommandations concernant le rejet de celles ne répondant pas aux exigences minimales du règlement de consultation. L’établissement souhaitait pouvoir s’appuyer sur un acteur neutre lui permettant d’attribuer ce marché public en dehors de toute pression externe. Nous avons alors défendu leurs intérêts comme s’ils étaient nôtres ; en retour, ils nous ont permis d’intervenir à leurs côtés dans les meilleures conditions de travail, sans entrave, et grâce à des relations directes et franches. Il était de notre devoir de mener ce travail en toute confiance et de pouvoir présenter la réalité des choses au CHT. Nous analysons actuellement les offres reçues tant au niveau juridique, opérationnel, financier que technique en vue de les présenter anonymement au conseil d’administration de l’hôpital et autres instances décisionnaires afin de garantir l’impartialité de la décision finale. 112 113 L’opérateur sera donc sélectionné sur la base de critères équitables et objectifs et les refus de candidatures seront suffisamment justifiés. Le CHT pourra alors enfin établir un nouveau contrat en toute sérénité et garantir l’évacuation d’urgence de ses patients dans les meilleures conditions de sécurité et de coût de manière pérenne. En prime, notre assistance dans la rédaction du contrat avec l’apport de notre expertise dans le domaine, permettra au CHT de mettre en place une relation seine avec le futur opérateur avec un encadrement financier clair. 114 « Laurent Bazetoux En quoi est-ce une belle histoire ? • La confiance mutuelle qui s’est instaurée avec le CHT de Nouméa nous a permis de travailler de façon efficace et constructive sur ce dossier sensible. • Grâce à la rigueur du processus choisi, le CHT de Nouméa est maintenant en mesure de sélectionner son opérateur d’évacuation de façon impartiale et de bénéficier d’un service à la hauteur de ses attentes en toute sécurité. Les points d’enseignement : • La sécurisation d’un processus de contractualisation nécessite une traçabilité sans faille de l’ensemble de la procédure. • L’intervention d’un tiers, ni juge ni partie pour l’accompagnement à l’élaboration des pièces constitutives du marché, est souvent un moyen de s’assurer de sélectionner objectivement le meilleur opérateur et se prémunir de recours qui pourraient suivre par la suite dans un contexte de concurrence exacerbé entre les candidats. « 115 histoire # 16 La rigueur à l’européenne Mise en conformité des aéroports aux normes européennes 116 L ’ Agence Européenne de la Sécurité Aérienne (EASA) favorise la mise en place de pratiques communes au sein de l’ensemble des pays membres. Cette standardisation a pour but d’améliorer la sécurité de l’aviation civile, de réduire les impacts environnementaux et de garantir l’application des standards internationaux de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI). Pour ce faire, les compétences de l’Agence ont été étendues au domaine aéroportuaire et les différents textes, mis en consultation dès 2010, constituent depuis mars 2014 un nouveau référentiel réglementaire. C’est ainsi que de nombreuses exigences relatives tant aux opérations et à l’exploitation aéroportuaire qu’aux infrastructures elles-mêmes se sont appliquées à l’ensemble des aéroports européens dont le trafic excède 10 000 passagers par an et dont la piste mesure plus de 800 m de long. En France, ce sont environ 60 plateformes qui se voient soumises à cette nouvelle réglementation. Ces exigences couvrent l’intégralité de l’industrie aéroportuaire et incluent de nombreux aspects comme les procédures de sûreté, de sécurité ou d’assistance en escale, les caractéristiques des infrastructures, l’organisation et la formation du personnel, etc. Afin de laisser le temps aux aéroports de cerner les enjeux de cette mise en conformité, un échéancier progressif a été mis en place en France. Ainsi, les aéroports les plus importants (comptabilisant plus d’1,5 million de passagers par année) doivent avoir déterminé et soumis à la Direction 117 de la Sécurité de l’Aviation Civile leur stratégie de mise en conformité dès mars 2015. Les aéroports de plus petite taille devront faire de même dans les mois et années à venir. La réglementation française, bien que bâtie autour des standards internationaux de l’OACI, inclut des divergences sensibles avec les nouvelles obligations communautaires rendant la mise en conformité particulièrement complexe mais nécessaire. De celle-ci dépend en effet la conversion du certificat français en un nouveau certificat aéroportuaire européen permettant l’exploitation commerciale d’une plateforme. Cette décision communautaire est une petite révolution dans le monde aéroportuaire car elle renforce la responsabilité des exploitants. Ceux-ci deviennent désormais les garants de leur propre conformité ; ils doivent mener des audits internes et étudier eux-mêmes des pistes d’amélioration en cas de constat de divergence. Les procédures de certification ont ainsi été complètement renouvelées. La Direction de la Sécurité de l’Aviation Civile française est également mise à contribution car elle doit, à court terme, gérer la conversion des certificats et contrôler les procédures mises en place par les aéroports. L’harmonisation européenne a pour but de lisser les pratiques et les dispositifs de sécurité. Mais chaque plateforme aéroportuaire est unique et dispose des spécificités propres. 118 119 Ainsi, la mise en application concrète de la réglementation se faisant au cas par cas, elle est parfois complexe sur site. Nos consultants peuvent intervenir à tous les moments de la conversion et du maintien du certificat aéroportuaire. Après avoir fait un audit de la conformité d’un aéroport, nous l’aidons à construire sa base de certification et à déterminer les solutions adaptées à sa mise en conformité. Il peut s’agir de constituer un plan d’actions ou de réaliser des études de sécurité pour formaliser des demandes de dérogation. Dans ce cas, un aéroport doit en effet démontrer qu’il atteint un niveau de sécurité similaire à celui exigé par l’Union Européenne, conformément aux exigences essentielles (marquage CE) de la réglementation, au travers d’une solution particulière. Par exemple, nous avons accompagné l’Aéroport de la Réunion Roland Garros à proposer une solution alternative à la mise en place des Aires de Sécurité d’Extrémité de Piste (RESAs) qu’il lui est délicat d’implanter du fait de sa proximité directe avec l’océan. La maîtrise de cette nouvelle réglementation et de l’ensemble de ses thèmes (planification et conception des infrastructures, certification, opérations, etc.), est une étape indispensable de la certification. Grâce à notre expertise en ingénierie aéroportuaire et en assistance réglementaire, notre intervention sur ce sujet s’étend également aux formations que nous réalisons auprès des exploitants. 120 « Hervé Pfrimmer En quoi est-ce une belle histoire ? • Nous accompagnons les exploitants à s’approprier de nouvelles normes ayant des délais d’application courts. • L’accompagnement que nous avons réalisé à Pointeà-Pitre (étude d’impacts) leur a permis de participer aux consultations avec des argumentaires construits, mais aussi d’anticiper les conséquences de la nouvelle réglementation. • Le transfert de responsabilités aux exploitants ne s’est pas accompagné de transferts financiers ; nous les aidons alors à optimiser leurs processus de mise en comptabilité. Les points d’enseignement : • Le métier de consultant exige de se tenir constamment informé des évolutions réglementaires afin d’être en mesure d’accompagner les exploitants de façon réfléchie dès la publication des normes. • L’harmonisation en matière de sécurité est une ligne directrice générale, des adaptations à la marge sont toujours possibles ; mais il faut pour autant en démontrer précisément la pertinence. « 121 Egis est un groupe international d’ingénierie, de montage de projets et d’exploitation. En ingénierie et conseil, il intervient dans les domaines des transports, de la ville, du bâtiment, de l’industrie, de l’eau, de l’environnement et de l’énergie. Dans les domaines routiers et aéroportuaires, son offre s’élargit au développement de projets, à l’investissement en capital, au clé en main d’équipements et à l’exploitation. Le Conseil by Egis Gouvernance et politiques de développement en appui aux autorités nationales ou régionales et aux collectivités locales pour formaliser les politiques de développement adaptées aux enjeux de sociétés ; programmation et mise en œuvre de projets avec la maîtrise des coûts, le respect des délais, le suivi de multiples intervenants, l’acceptabilité de la population… autant d’expertises qu’Egis sait mobiliser et orchestrer pour garantir la bonne adaptation et les meilleures conditions de mise en œuvre de tous vos projets. Reconnu comme un acteur des politiques de développement durable, Egis s’appuie sur une compréhension globale des enjeux et conditions du développement économique et social, et intervient tant au niveau des définitions des programmes que de la structuration de leur environnement institutionnel et de leur gouvernance. Egis se positionne donc dans le conseil, la structuration et la formation des organisations publiques et privées, dans 122 leur mode de fonctionnement, leur aptitude à l’adaptation au changement, le développement et l’interfaçage de leurs missions par rapport aux autres acteurs économiques publics ou privés, leur communication et leurs ressources humaines. Depuis plus de 50 ans, Egis est reconnu auprès des bailleurs de fonds pour son activité de conseil et d’appui au développement local, économique, institutionnel, rural, social… En phase amont d’un projet, de sa faisabilité jusqu’au dossier de consultation, en passant par la programmation et la concertation, Egis accompagne les maîtres d’ouvrage, en réalisant des prestations spécifiques telles que des audits, des schémas directeurs, des études de valorisation… Egis en chiffres 12 000 collaborateurs, dont 300 dans le conseil 854 M€ de chiffre d’affaires en 2014, dont 50 M€ dans le conseil Le groupe est présent dans plus de 100 pays 40 implantations en France environ Egis, filiale à 75 % de la Caisse des Dépôts Egis, filiale à 25 % d’Iosis Partenaires (actionnariat des cadres partenaires et des salariés) 123 Crédits Photographies : p. 12 Centre hospitalier André Grégoire Montreuil et Centre hospitalier Robert Ballanger Aulnay-sous-Bois – p. 14 iStock – p. 20 Valode & Pistre / Augusto Da Silva – p. 22 Valode & Pistre / Julien Lanoo – p. 27 Egis / O. Baric – p. 28 Egis / J. Khoriaty – p. 29 Brice Lardereau – p. 35 Egis / F. Bourdillat – p. 36 Egis / F. Bourdillat – p. 39, 41 et 42 Métropole de Lyon / Jacques Léone – p. 43 Véronique Paul – p. 48 Emin Leydier – p. 50 Emin Leydier – p. 51 atelier VILLES & PAYSAGES / Nellia Bourguet – p. 56, 57 et 58 Egis / Exfolio (architecte : Ion Besteliu) – p. 63 Aéroport de Lannion – p. 65 Brice Lardereau – p. 69 Egis / Jean-Luc Poget – p. 70 Egis / André Merrien – p. 71 Christian Lauté – p. 77 SemTram – p. 78 Antoine Mercusot – page 79 Véronique Paul – p. 84 SNCF / Thierry Chaplais – p. 89 ASF / Le Doaré – p. 90 Fotolia / Philipus – p. 96 Egis / Tanguy de Reboul – p. 105 Alfred Peter – p. 106 Ateliers Alfred Peter – p. 107 Véronique Paul – p. 113 iStock – p. 114 Wikimedia Commons / Otourly – p. 115 Egis / Gaëlle Adaire – p. 119 Egis / Chalabala – p. 121 Egis / Camilo Perez-Perez Remerciements Un grand merci à tous les consultants ainsi qu’aux clients qui nous ont accordé leur confiance. Un merci tout particulier à Pascale Gibert, Jean-Charles Torrion, Stéphane Bernaux, Thibault Raisson, Pauline Jacquet et Nellia Bourguet. édité par Egis 702 027 376 RCS Versailles Siège social : 15 avenue du Centre 78286 Guyancourt Cedex Conçu et réalisé par Nellia Bourguet (atelier VILLES & PAYSAGES) Imprimé par l’Agence Chaumeil 70 bis rue Bossuet - 69006 Lyon 1 000 exemplaires papier recyclé Cocoon silk édition mars 2015 dépôt légal avril 2015 ISBN : 978-2-8760-2053-5 t not he end ...