Assurance emprunteur : «La faculté de résiliation annuelle est un
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Assurance emprunteur : «La faculté de résiliation annuelle est un
Assurance emprunteur : «La faculté de résiliation annuelle est un droit d’ordre public» (Maître Jérôme Da Ros) Par Jérôme Speroni Publié le 01 avril 2015, à 13h 54 sur http://www.argusdelassurance.com/institutions/assurance-emprunteur-la-faculte-de-resiliation-annuelle-est-un-droit-dordre-public-maitre-jerome-da-ros.91762 Maître Jérôme Da Ros a obtenu devant la cour d'appel de Bordeaux la résiliation annuelle de l'assurance emprunteur de son client (CA Bordeaux, 23 mars 2015). Après sa victoire, Maître Jérôme Da Ros revient pour L'Argus de l'assurance sur la décision de la cour d'appel de Bordeaux qui a reconnu la possibilité pour l'assuré de se prévaloir de la résiliation annuelle à échéance, telle que le prévoit l'article L. 113-12 du code des assurances, en matière d'assurance emprunteur. Vous avez obtenu une victoire pour l’assuré devant la Cour d’appel de Bordeaux en lui ouvrant la voie de la résiliation annuelle pour son assurance emprunteur, pouvez-vous nous expliquer le fondement juridique de la décision ? Pour les juges, la faculté de résiliation annuelle des contrats d’assurance prévue par le code des assurances est applicable à l’assurance emprunteur. La Cour constate d’une part que la faculté de résiliation annuelle est un droit d’ordre public et, d’autre part, que le code de la consommation ne contient pas de dérogation expresse à ce droit. Elle en conclut que l’assuré pouvait valablement résilier son contrat et y substituer un contrat moins onéreux. Le raisonnement suivi par la cour est clair et d’une grande rigueur juridique. Néanmoins, la décision devrait être frappée d’un pourvoi en cassation, pouvez-vous nous en expliquer les principales raisons ? Les conséquences de cet arrêt sont claires : désormais, toutes les assurances emprunteurs peuvent être résiliées à leur échéance annuelle. Un pourvoi est probable au regard des enjeux, notamment financiers, de cette jurisprudence. On sait en effet que la commission des banques représente plus de 50% du montant de la prime d’assurance payée par l’emprunteur, et qu’elle demeurait acquise pour toute la durée du prêt. Cette jurisprudence pourrait également contribuer à redistribuer les cartes d’un marché de près de 6 milliards d’euros entres les acteurs de ce secteur. D’autres offres d’assurance, notamment celles de mutuelles, tentent de se développer. Cette décision pourrait permettre de diminuer la concentration de ce secteur au bénéfice des consommateurs. Vous risqueriez-vous à un pronostic sur la future décision de la Cour de cassation, ou sur le ralliement ou non d’autres cours d’appel à celle de Bordeaux ? Les juridictions d’instance refusaient jusqu’alors aux emprunteurs le droit de résilier leur police d’assurance de prêt pour la remplacer par une autre. Cependant, aucune cour d’appel ne s’était encore prononcée sur cette question. Par ailleurs, certains juristes estimaient déjà que la faculté de résiliation annuelle du code des assurances s’appliquait à l’assurance emprunteur. Il est probable que d’autres juridictions adopteront un raisonnement similaire à celui des juges bordelais. Toutefois, il est impossible d’anticiper quelle position adopterait la Cour de cassation même si j’ignore quel fondement permettrait de priver les assurés d’un droit d’ordre public. Par ailleurs, la décision interpelle dans la mesure où elle s’ajoute aux récentes dispositions issues de la loi « Hamon » du 17 mars 2014 en matière de résiliation, pouvez-vous nous aider à y voir plus clair ? Dans l’affaire jugée par la cour d’appel de Bordeaux, les dispositions de loi Hamon n’étaient pas applicables. La question qui se pose donc est de savoir si cette jurisprudence a vocation à s’appliquer à des contrats régis par la loi Hamon. Pour ma part, je ne perçois pas de contradiction entre la loi Hamon et cette jurisprudence. En effet, il me semble difficile d’affirmer que la loi Hamon empêcherait l’exercice par les assurés de la faculté de résiliation annuelle du code des assurances. Une telle affirmation serait aberrante, car l’objectif de la loi Hamon n’était manifestement pas de déposséder les consommateurs de certains droits…