SOCIETE ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU GERS

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SOCIETE ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU GERS
SOCIETE ARCHEOLOGIQUE
ET HISTORIQUE
DU GERS
La Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers a tenu sa séance
mensuelle le mercredi 7 mars 2007, à 14 h 30, à son siège, 13 place Saluste du Bartas, sous la
présidence de Georges Courtès.
Le président a annoncé une réunion de la section de Vic, le vendredi 16 mars sur le thème
Confréries et mutualité à Vic-Fezensac depuis le XV° siècle et la réunion à Barran le samedi 31 mars
pour un Hommage au chanoine Monlezun, historien de la Gascogne.
Le président donne la parole à Hubert Delpont, pour un exposé intitulé : Maximilien
Théodore Chrétin et l'empereur romain Tétricus à Nérac
Ce personnage nait à Paris en 1797. Il reçoit une excellente formation en dessin chez Charles Pradier.
Sous l'Empire, il s'engage dans l'armée, au 5ème Dragon qui vient stationner à Auch. Il est remarqué
par Pierre Sentetz, érudit, archéologue et collectionneur qui le fait recruter comme professeur à
l'Ecole de dessin de la ville en 1818. Il est révoqué l'année suivante pour « libertinage ». Suivant une
troupe de comédiens, il échoue à Nérac (Lot-et-Garonne) où il devient professeur de dessin et
archéologue. En 1832, à la Garenne, au bord de la Baïse, un homme employé par un Atelier de
charité découvre des vestiges. La municipalité charge Chrétin de conduire les fouilles. Il prétend
avoir découvert un énorme temple de Jupiter et un palais antique. A Bordeaux, l'archéologue
Jouannet est plus réservé et penche pour une villa gallo-romaine. Chrétin annonce la découverte
d'inscriptions latines et de monnaies mentionnant Tétricus I et Tétricus, originaires de Bordeaux,
éphémères empereurs de la période d'anarchie du III° siècle après J-C,. Il y aurait un médaillon
représentant les empereurs et une inscription citant l'impératrice Divae Claudiae Nerae Pivesuviae.
L'archéologue toulousain Dumège est enthousiaste et publie un long article. Pour Chrétin, la ville de
Nérac aurait appartenu soit à l'empereur Néron, soit à une certaine Néra épouse d'un Tétricus. Un
bas relief relatant ce fait est acheté par le musée de Toulouse. Quelques sceptiques comme Jouannet
de Bordeaux ou Ladrix magistrat à Agen se manifestent. A Paris, Sylvestre de Sacy rend un verdict
formel en 1834: les inscriptions de Nérac sont fausses. Le sous préfet de Nérac, le jeune baron
Haussman est alerté et la ville porte plainte. Lors du procès, Chrétin finit par avouer que si les
vestiges d'une villa gallo-romaine sont vrais1, les belles sculptures et inscriptions sont toutes
fausses. Il est emprisonné mais finit par se retrouver libre et on voit sur les barricades parisiennes
lors de la révolution de 1848. Chrétin, faussaire maladroit en quête de gloire, fut à l'origine d'un grand
scandale archéologique.
Le président remercie l'orateur pour nous avoir fait partager la biographie rocambolesque de
ce personnage qui trouva sa vocation à Auch mais finit tristement chez nos voisins lot-et-garonnais.
Jacques Lapart, secrétaire de la Société
1 sur ces vestiges d'une grande villa gallo-romaine voir la dernière mises au point avec texte et photo dans Brieuc
Fages, Le Lot-et-Garonne-47, carte archéologique de la Gaule, Académie des Inscriptions et Belles Lettres et
ministère de la Culture, Paris, 1995, p.257-260

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