Les explorations en ophtalmologie
Transcription
Les explorations en ophtalmologie
ASSOCIATION DE PERFECTIONNEMENT OPHTALMOLOGIQUE DE PARIS 33 ème SYMPOSIUM ANNUEL FMC N° d’agrément : 100 099 Les explorations en ophtalmologie Quand, pourquoi, comment ? Directeur scientif ique : Professeur A. BRON Conférenciers : Dr JL. BOURGES, Pr A. BRON , Dr SY. COHEN, Pr A. GAUDRIC, Dr Y. LACHKAR, Pr D. MILÉA Coordonnateurs : Pr C. CREUZOT-GARCHER , Dr Y. LACHKAR, Dr A. SALVANET Vendredi 13 et Samedi 14 janvier 2012 Hôtel « The Westin » - 3 rue de Castiglione - 75001 Paris www.sympoapodep.fr ASSOCIATION DE PERFECTIONNEMENT OPHTALMOLOGIQUE DE PARIS 33 ème SYMPOSIUM ANNUEL FMC N° d’agrément : 100 099 Les explorations en ophtalmologie Quand, pourquoi, comment ? Directeur scientif ique : Professeur A. BRON Conférenciers : Dr JL. BOURGES, Pr A. BRON , Dr SY. COHEN, Pr A. GAUDRIC, Dr Y. LACHKAR, Pr D. MILÉA Coordonnateurs : Pr C. CREUZOT-GARCHER , Dr Y. LACHKAR, Dr A. SALVANET Vendredi 13 et Samedi 14 janvier 2012 Hôtel « The Westin » - 3 rue de Castiglione - 75001 Paris www.sympoapodep.fr APODEP 2012 1 ondée en 1974 l’Association de Perfectionnement Ophtalmologique de Paris (APODEP) a pour objectif de tenir les praticiens informés de l’évolution des outils diagnostiques et thérapeutiques utilisés en ophtalmologie. Association de for mation médicale continue, régie par la loi de 1901 (JO du 18/05/1974), elle est agréée par la Direction régionale de la formation professionnelle (N° 11940630194). Les responsables de son fonctionnement : membres du bureau et du conseil scientif ique ainsi que les conférenciers sont tous bénévoles. Les dépenses nécessitées par l’organisation des réunions et des symposia sont couvertes, à prix coûtant, par les participants. F Le bureau est composé de six médecins ophtalmologistes : Président fondateur : Dr C. Zenatti, Présidente d’honneur : Dr D. Per rin, Président : Dr Y. Lachkar, Trésorière : Dr A. Salvanet, Secrétaire Général : Pr C. Creuzot-Garcher, Secrétaire : Pr P. Massin Il est assisté d’un Conseil scientif ique qui réunit des ophtalmologistes universitaires et libéraux, les : Dr I. Badelon , Pr A. Bron, Pr J. Colin, Pr C. Creuzot-Garcher, Dr Y. Lachkar, Pr P. Massin, Dr S. Morax, Pr J.P Renard, Dr A. Salvanet, Dr C. Vignal 2 APODEP 2012 Avant-propos Chers Confrères Vous avez souhaité que le thème du 33ème symposium de l’APODEP soit consacré aux explorations en ophtalmologie. Il s’agit d’un vaste sujet englobant la quasi-totalité des sous-spécialités de l’ophtalmologie. La technologie avance vite et il est difficile de suivre de front l’ensemble des examens complémentaires les plus souvent demandés. Quand demander un examen ? C’est une question que nous nous posons souvent. Va-t-on trop loin ou pas assez ? Cet examen est-il vraiment nécessaire ? Pourquoi demander cet examen complémentaire ? Quel est le principe de l’exploration réalisée et que doit-on attendre du résultat de cette exploration. Que vais-je en tirer pour progresser dans le diagnostic ou le traitement du patient ? Comment ? Il est bien évidemment important de connaître le déroulé de l’examen demandé pour le proposer à nos patients, savoir lire le résultat pour avoir un œil critique sur le compte rendu donné. De nombreuses questions que nous nous posons au quotidien et auxquelles nous tâcherons de répondre pendant ces deux journées. Notre collègue Alain Bron a bien voulu assurer la direction scientifique de ce symposium et a convaincu ses collègues Jean-Louis Bourges, Salomon-Yves Cohen, Alain Gaudric, et Dan Miléa de nous faire part de leur grande expérience sur les explorations et leurs difficultés. Je les remercie vivement d’avoir accepté cette lourde tâche. Nous espérons, Chères « Apodepiennes » et Chers « Apodepiens », que vous retrouverez en 2012, l’ambiance studieuse et amicale qui agrémente les réunions de notre association. Yves Lachkar Président de l’APODEP APODEP 2012 3 Sommaire Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Programme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Résumé des conférences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 PHOTOGRAPHIES ET EXPLORATIONSVASCULAIRES DE LA RÉTINE 1 Rétinographies monochromatiques et clichés en auto-fluorescence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Qu'y a-t-il d'irremplaçable dans l'angiographie à la fluorescéine ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Que reste-t-il des indications de l’ICG ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Comment examiner le fond d'œil d'un diabétique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . OCT : DE LA MACHINE À L’INTERPRÉTATION 5 OCT Spectral Domain : le choix d'une machine pour la pathologie maculaire . . . . . . . . . . . 6 Séquence d’imagerie pour le diagnostic et le suivi thérapeutique de la DMLA exsudative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Quelle est la place de l'imagerie dans la décision de chirurgie maculaire ? . . . . . . . . . . . . . . . 8 Quels signes OCT peuvent prédire une mauvaise acuité visuelle ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 14 16 18 20 22 24 26 NEURO-OPHTALMOLOGIE I 9 Scanner ou IRM : que faut-il préférer ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 10 Est-ce un anévrysme ? Comment l'explorer ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 11 Pourquoi faire un OCT en Neuro-Ophtalmologie ? Sept bonnes raisons pour utiliser l'OCT en Neuro-Ophtalmologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 CORNÉE I 12 Cornée et biométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 13 Topographie d’élévation et aberromètres, usages courants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 14 Pourquoi faire un OCT de cornée ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 PÉRIMÉTRIE 15-16 Périmétrie : les machines. Comment optimiser son installation ? Interpréter le champ visuel blanc/blanc : trucs et astuces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 17 Les champs visuels bleu/jaune et à doublage de fréquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 18 Stratégie de surveillance des champs visuels, les logiciels de progression . . . . . . . . . . . . . . . 46 4 APODEP 2012 NEURO-OPHTALMOLOGIE II 19 Champ visuel en neuro-ophtalmologie : Goldmann ou Humphrey ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 20 Quand l'électrophysiologie nous aide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 21 Imagerie cérébrale fonctionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 CORNÉE II 22-23 Microscopie confocale cornéenne et imagerie clinique de l’endothélium . . . . . . . . . . . . . . . . 55 ANALYSEURS DE LA PAPILLE ET DES FIBRES OPTIQUES 24 Analyse des fibres par polarimétrie : le GDx . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Tomographie confocale : le Heidelberg Retinal Tomograph ou HRT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 OCT des fibres optiques et du complexe cellulaire ganglionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Stratégie de surveillance avec les analyseurs de papille et de fibres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 58 60 62 64 Conférence du Dr J.A. Bernard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 Il y a 50 ans, la naissance mouvementée de l’angiographie de la rétine à la fluorescéine ! AUTRES EXPLORATIONS DU GLAUCOME 29 Pourquoi et comment faire une imagerie du segment antérieur dans les glaucomes ? . . . . 70 30 Holter tensionnel, apnée du sommeil, IRM, doppler : quand pourquoi ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 31 Gonioscopie dynamique je n’y arrive toujours pas, que faire …? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 AVENIR OU GADGET ? 32 Estimer la biomécanique de la cornée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 33 Les lentilles d'examen de la rétine : les incontournables et les gadgets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 34 Imagerie rétinienne non courante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Liste des conférenciers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Liste des paticipants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 APODEP 2012 5 6 APODEP 2012 Programme APODEP 2012 7 Vendredi 13 janvier 8 h 00 8 h 50 8 h 55 Accueil - remise des badges Ouverture du Symposium Introduction Y. Lachkar A. Bron Modérateur : S Y. Cohen 1ère Session : Photographies et explorations vasculaires de la rétine 9 h 05 9 h 20 9 h 40 9 h 55 10 h 10 10 h 30 Rétinographies monochromatiques : l'autofluorescence peut-elle remplacer l'injection de colorant ? Qu'y a t’il d'irremplaçable dans l'angiographie à la fluorescéine ? Que reste t’il des indications de l'ICG ? Comment examiner le fond d'œil d'un diabétique ? Questions et discussion Pause 2ème Session : OCT : de la machine à l’interprétation 11 h 00 11 h 20 11 h 30 11 h 45 12 h 00 12 h 10 12h35 OCT : de la théorie au choix de la machine Quelle séquence d'imagerie pour le diagnostic des néovaisseaux de la DMLA ? Suivi du traitement des néovaisseaux ou quand faut-il demander plus qu'un OCT ? Quelle est la place de l'imagerie dans la décision de chirurgie maculaire ? Quels signes OCT peuvent prédire une mauvaise acuité visuelle ? Questions et discussion Pause déjeuner FMC S Y. Cohen A. Gaudric S Y. Cohen A. Gaudric FMC A. Gaudric S Y. Cohen S Y. Cohen A. Gaudric A. Gaudric Modérateur : D. Miléa FMC 3ème Session : Neuro-ophtalmologie I 14 h 05 14 h 25 14 h 40 Scanner ou IRM : que faut-il préférer ? Est-ce un anévrysme ? Comment explorer ? Pourquoi faire un OCT en neuro-ophtalmologie ? FMC 4ème Session : Cornée I 14 h 50 15 h 05 15 h 20 15 h 35 15 h 55 Cornée et biométrie Topographie d'élévation et aberromètres : usages courants Pourquoi faire un OCT de la cornée ? Questions et discussion Pause 8 J L. Bourges J L. Bourges J L. Bourges FMC 5ème Session : Périmétrie 16 h 25 16 h 40 16 h 50 17 h 00 17 h 15 17 h 45 D. Miléa D. Miléa D. Miléa Perimétrie : les machines. Comment optimiser son installation ? Interpréter le champ visuel blanc/blanc : trucs et astuces Les champs visuels bleu/jaune et à doublage de fréquence Stratégie de surveillance des champs visuels, les logiciels de progression Questions et discussion Fin de la première journée APODEP 2012 Y. Lachkar Y. Lachkar A. Bron A. Bron Samedi 14 janvier Modérateur : A. Gaudric 6ème Session : Neuro-ophtalmologie II 9 h 00 9 h 15 9 h 25 FMC Champ visuel en neuro-ophtalmologie : Goldmann ou champ visuel automatisé ? Quand l'électrophysiologie nous aide Imagerie fonctionnelle et nouvelles imageries cérébrales D. Miléa D. Miléa D. Miléa 7ème Session : Cornée II 9 h 40 9 h 55 10 h 10 10 h 40 FMC Microscopie confocale cornéenne Imagerie clinique de l'endothélium Questions et discussion Pause J L. Bourges J L. Bourges 8ème Session : Analyseurs de la papille et des fibres optiques FMC 11 h 00 11 h 10 11 h 20 11 h 40 11 h 55 12 h 35 Analyse des fibres par polarimétrie : le GDx Tomographie confocale : le Heidelberg Retinal Tomograph ou HRT OCT des fibres optiques et du complexe cellulaire ganglionnaire Stratégie de surveillance avec les analyseurs de papille et des fibres Questions et discussion Pause déjeuner A. Bron A. Bron Y. Lachkar Y. Lachkar 13 h 45 Conférence du Dr J.A. Bernard Il y a 50 ans, la naissance mouvementée de l’angiographie de la rétine à la fluorescéine ! Modérateur : J L. Bourges 9ème Session : Autres explorations du glaucome 14 h 00 14 h 15 14 h 30 14 h 40 Pourquoi et comment faire une imagerie du segment antérieur dans les glaucomes ? Holter tensionnel, apnée du sommeil, IRM, Doppler : quand ? pourquoi ? Gonioscopie dynamique : je n'y arrive toujours pas …que faire ? Questions et discussion 10ème Session : Avenir ou gadget ? FMC A. Bron Y. Lachkar Y. Lachkar FMC 15 h 15 15 h 25 15 h 35 15 h 45 15 h 55 Estimer la biomécanique de la cornée Maladies neurodégénératives et mouvements oculaires Les verres d'examen de la rétine : les incontournables et les gadgets Imagerie rétinienne non courante Questions et discussion 16 h 10 Cas cliniques discutés J L. Bourges/A. Bron/A. Gaudric/Y. Lachkar/D. Miléa Conclusion du symposium et remerciements A. Bron et Y. Lachkar 17 h 00 J L. Bourges D. Miléa A. Gaudric A. Gaudric Fin du symposium Cocktail de clôture APODEP 2012 9 10 APODEP 2012 Résumé des conférences APODEP 2012 11 1 Rétinographies monochromatiques et clichés en auto-fluorescence S Y. Cohen I. INTRODUCTION En matière d’imagerie ophtalmologique de la rétine, les habitudes diffèrent considérablement d’un pays à l’autre. Ainsi, dans les pays anglo-saxons, la règle est d’effectuer des rétinographies en couleurs. En France, sous l’impulsion de l’équipe de Créteil, les rétinographies en lumière monochromatique, verte, rouge et bleue, ont été proposées en complément de tout examen angiographique. II. CLICHÉS EN LUMIÈRE MONOCHROMATIQUE : AVANTAGE DES DIFFÉRENTES LONGUEURS D’ONDE 1. Lumière verte Les clichés en lumière verte permettent d’observer le fond d’œil avec le meilleur contraste. En particulier, les vaisseaux rétiniens se dégagent très bien sur le fond formé par l’épithélium pigmentaire. Les anomalies vasculaires seront donc analysées au mieux sur ce cliché, quelles soient congénitales ou acquises. C’est le cliché de référence pour l’analyse des occlusions vasculaires, ou l’examen du patient diabétique, permettant de visualiser facilement les exsudats, les hémorragies, et les micro-anévrismes. En revanche, la lumière verte étant arrêtée par l’épithélium pigmentaire, toutes les structures rétro-épithéliales seront mal analysées. C’est en particulier le cas des naevi choroïdiens et autres tumeurs pigmentées choroïdiennes. 2. Lumière rouge Les rétinographies en lumière rouge permettent à l’inverse d’analyseraumieux les structures rétro-épithéliales. En effet, la lumière rouge passe à travers l’épithélium pigmentaire et donnera une image excellente des tumeurs pigmentées choroïdiennes, permettant au mieux d’analyser leur structure et leur limite. Les clichés en lumière 12 rouge permettent également d’analyser au mieux les anomalies de l’épithélium pigmentaire et en particulier les plages d’atrophie, les hypo ou hyperpigmentations associées à la maculopathie liée à l’âge. L’évolution des plages atrophiques peut être documentée sur ces simples rétinographies. 3. Lumière bleue Les rétinographies en lumière bleue, permettent au mieux d’analyser les anomalies de la jonction vitréo-rétinienne et les anomalies du pigment jaune. Le pigment jaune apparaît très sombre sur les rétinographies en lumière bleue. Les déformations du pigment jaune dans le cadre des membranes épi-rétiniennes sont par exemples très bien analysées. Les membranes épi-rétiniennes ellesmêmes sont bien perçues sur ces clichés. Le cliché en lumière bleue est donc un élément important de référence avant la chirurgie des membranes épi-rétiniennes. III. CLICHÉS ENAUTO-FLUORESCENCE 1. Généralités Les clichés en auto-fluorescence sont venus depuis peu compléter l’arsenal de l’imagerie non invasive du fond d’œil. Si ces clichés étaient pratiqués dans les années 1970, ils nécessitaient une technique très complexe avec des résultats incertains. L’utilisation de l’angiographie numérisée et les logiciels d’amélioration des images permettent aujourd’hui d’obtenir d’excellents clichés en auto-fluorescence. La condition nécessaire est cependant d’avoir sur le rétinographe des filtres spécifiques pour l’auto-fluorescence qui améliorent considérablement la qualité des images. Une alternative est d’obtenir ces clichés grâce au SLO. 2. Intérêt clinique Différentes pathologies rétiniennes bénéficient fortement de l’utilisation des clichés en auto-fluorescence. APODEP 2012 Dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge, l’analyse des lésions atrophiques est très bien obtenue. Les plages atrophiques étant hypo auto-fluorescentes et fréquemment associées à des lésions hyper auto-fluorescentes correspondant aux zones dans lesquelles l’atrophie va se développer. Dans les hérédo-dégénérescences rétiniennes, l’analyse des clichés en auto-fluorescence permet parfois d’obtenir un diagnostic facile, en particulier dans le cadre de la maladie de Best ou de la maladie de Stargardt. D’autres maladies du fond d’œil donnent lieu à des lésionshyperauto-fluorescentes.C’estlecasdesostéomes choroïdiens. Enfin, les drusen papillaires sont très bien analysées sur ces clichés. Notes 3. Conclusion Au total les clichés en lumière monochromatique et en auto-fluorescence ont l’avantage majeur de leur innocuité. Ils sont en règle de réalisation facile et permettent d’aboutir à une approche diagnostique. Ils permettent de remplacer l’injection de colorant dans différentes situations : exploration des hérédo-dégénéresences maculaires et en particulier de la maladie de Stargardt ou de la maladie de Best. Ils donnent même des renseignements plus précieux que ceux de l’angiographie à la fluorescéine dans l’analyse des maculopathies atrophiques (et en particulier de la maculopathie liée à l’âge) ou de l’analyse des drusen de la tête du nerf optique. Références Delori FC, Gragoudas ES. Examination of the ocular fundus with monochromatic light. Ann Ophthalmol 1976;8:703-9. Ducrey NM, Delori FC, Gragoudas ES. Monochromatic ophthalmoscopy and fundusphotography. II. The pathological fundus. Arch Ophthalmol. 1979;97:288-93. Massin P, Allouch C, Haouchine B, Metge F, Paques M, Tangui L, Erginay A, Gaudric A. Optical coherence tomography of idiopathic macular epiretinal membranes before and after surgery. Am J Ophthalmol 2000;130:732-9. Lois N, Halfyard AS, Bird AC, Holder GE, Fitzke FW. Fundus autofluorescence in Stargardt macular dystrophy-fundus flavimaculatus.Am J Ophthalmol 2004;138:55-63. Schmitz-Valckenberg S, Fleckenstein M, GöbelAP, HohmanTC, Holz FG. Optical coherence tomography and autofluorescence findings in areas with geographic atrophy due to age-related macular degeneration. Invest Ophthalmol Vis Sci 2011;52:1-6. APODEP 2012 13 2 Qu'y a-t-il d'irremplaçable dans l'angiographie à la fluorescéine ? A. Gaudric I. INTRODUCTION L'angiographieàlafluorescéineaétéuneavancéemajeure dans l'examen de la rétine et le diagnostic des maladies rétiniennes. Depuis son invention il y a 50 ans beaucoup d'innovationsontvulejourdontcertainessontdevenuesd'utilisation courante comme l'autofluorescence et l'OCT. II. AVANTAGES ET LIMITES DE L'ANGIOGRAPHIE À LA FLUORESCÉINE 1. L'angiographie permet : - - de voir le remplissage et la morphologie de la choriocapillaire et des vaisseaux rétiniens normaux et anormaux, de révéler les retards de perfusion de façon qualitative, de révéler les ruptures des barrières hémato-rétiniennes internes (endothélium vasculaire des vaisseaux rétiniens) et externe (épithélium pigmentaire de la rétine), de révéler les espaces de diffusion anormaux du colorant (décollement de l'épithélium pigmentaire, décollementséreuxrétinien,œdèmemaculairecystoïde). III. INDICATIONS INCONTOURNABLES DE L'ANGIOGRAPHIE À LA FLUORESCÉINE En général l'angiographie à la fluorescéine est indiquée lorsqu'il est important d'affirmer une obstruction vasculaire, une prolifération néovasculaire ou une altération de la barrière hémato-rétinienne. - Dans la rétinopathie diabétique : Si le diagnostic et la classification de la RD (rétinopathie diabétique) se fait habituellement sur les photos couleurs, et si l'OCT apporte le complément d'information nécessaire pour caractériser un éventuel œdème maculaire, l'angiographie devient nécessaire en vue du traitement de l'œdème par le laser. Par contre le suivi du traitementreposeessentiellementsurl'OCT.L'angiographie peut être également utile en cas de doute entre une RDNP (rétinopathie diabétique non proliférante) sévère et une RDP (rétinopathie diabétique proliférante) débutante en vue de commencer une PPR (panphotocoagulation rétinienne). - 2. L'angiographie ne permet pas : - - 14 de voir la structure du tissu rétinien transparent, de voir la jonction rétino-vitréenne, de voir des cavités intra rétiniennes (fovéoschisis, kystes fovéolaires de traction vitréo-fovéolaire), qui ne sont pas dues à une rupture de la barrière hématorétinienne, d'apprécier la morphologie des photorécepteurs. APODEP 2012 Dans les occlusions veineuses rétiniennes : • Le diagnostic d'occlusion de la veine centrale de la rétine est en général évident dès l'examen du fond d'œil. L'OCT montre le degré d'œdème maculaire. L'angiographie apporte peu au diagnostic. Lorsqu'il s'agit de caractériser une forme ischémique à haut risque néovasculaire, les données de l'angiographie peuvent être trompeuses. Si les hémorragies sont trop denses elles peuvent masquer le lit capillaire. Si l'angiographie met en évidence une non perfusion périphérique elle peut être interprétée à tort • • comme un risque de GNV (glaucome néovasculaire). Dans les formes douteuses on fera néanmoins une angiographie qui sera interprétée avec précaution. Dans le cas particulier de l'occlusion d'une veinule maculaire, où le diagnostic repose beaucoup sur la topographie des anomalies capillaires, l'angiographie apporte des éléments diagnostiques. Dans les OBVR (occlusion de branche veineuse de la rétine), l'angiographie est souvent utile pour mettre en évidence des territoires de non perfusion en moyenne périphérie qui peuvent justifier une photocoagulation sectorielle. Notes - Dans d'autres vasculopathies rétiniennes (angiomatoses, télangiectasies, etc..) l'angiographie peut aider au diagnostic et est surtout utile pour guider le laser. - Dans les uvéites postérieures, les vascularites rétiniennes, les taches blanches inflammatoires du fond d'œil, l'angiographie à la fluorescéine est nécessaire à un diagnostic précis, mais doit être souvent complétée par une angiographie au vert d'indocyanine (ICG). A noter que les clichés en autofluorescence, et les images d'OCT en face sont également très informatives dans ces cas. - Devant une neuropathie optique ischémique antérieure aiguë (NOIAA), l'angiographie est essentielle pour le diagnostic des formes avec ischémie choroïdienne qui orientent vers une maladie de Horton. - Le diagnostic des différentes formes de choroïdite séreuse centrale peut en général être fait par l'association de l'OCT et des clichés en autofluorescence. Mais le traitement par laser thermique du point de fuite nécessite l'angiographie à la fluorescéine pour le localiser, tandis que l'angiographie à l'ICG sera utile pour guider une éventuelle PDT (photothérapie dynamique). - L'angiographie à la fluorescéine reste l'examen de référence pour le diagnostic des NVC (néovaisseaux choroïdiens)delaDMLAetd'autresétiologies.Cependant elle a en grande partie cédé sa place à l'OCT dans la surveillance du traitement. - Enfin, on ne se privera pas de l'angiographie à la fluorescéine dans tous les cas inhabituels ou de diagnostic difficile, où la confrontation de différents examens d'imagerie permettra finalement un diagnostic précis. APODEP 2012 15 3 Que reste-t-il des indications de l’ICG ? S Y. Cohen I. INTRODUCTION L’angiographie au vert d’indocyanine (ICG) a été développée dans les années 1970 dans le but d’analyser les tumeurs choroïdiennes et de différencier les mélanomes des hémangiomes choroïdiens. La technique était cependant très lourde et les résultats difficiles à analyser. L’apparition de l’angiographie infra-rouge numérisée a considérablement modifié la situation. L’angiographie au vert d’indocyanine a donc connu une deuxième vie dans les années 1990 lorsque, grâce à ces appareillages, il était possible d’obtenir des temps tardifs de bonne qualité, obtenus 30 minutes après injection de vert d’indocyanine. La technique permettait alors de visualiser les limites exactes de la néo-vascularisation choroïdienne occulte, compliquant la dégénérescence maculaire liée à l’âge et donc de photocoaguler les membranes extra ou juxta-fovéolaires, avec une bonne précision. La possibilité de rendre accessible au traitement un certain nombre de lésions inaccessibles auparavant, explique le succès de l’angiographie au vert d’indocyanine avec de nombreuses études publiées à la fin des années 1990 sur l’intérêt de la technique pour le diagnostic et le traitement de différentes maladies. II. ICG ET DMLA L’intérêt de l’angiographie au vert d’indocyanine dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge exsudative est aujourd’hui moins évident puisque ces traitements sont non spécifiques. En effet, les injections intra-vitréennes d’anti-VEGF ne nécessitent pas une reconnaissance précise des limites de la membrane néo-vasculaire. L’angiographieauvertd’indocyanineestdoncaujourd’hui un examen de deuxième intention dans l’exploration des dégénérescences maculaires liées à l’âge ; elle est effectuée après l’angiographie à la fluorescéine et l’OCT, 16 dans les cas de doute résiduel. En particulier, lorsque la séquence angiographique en fluorescéine évoque l’existence d’une vasculopathie polypoïdale choroïdienne associée, l’examen est indispensable, car ses résultats peuvent conduire à un changement d’attitude thérapeutique. L’ICG est parfois également réalisée en cas de résistance au traitement anti-VEGF, à la recherche d’une vasculopathie polypoïdale passée initialement inaperçue. III. INDICATIONS RÉSIDUELLES DE L’ICG 1. Tumeurs choroïdiennes L’angiographie au vert d’indocyanine reste aujourd’hui fondamentale pour l’exploration des hémangiomes choroïdiens. L’examen donne une signature à ces lésions d’hémangiome avec une hyperfluorescence massive obtenue assez précocement et une hypofluorescence relative tardive (phénomène de wash out). Les données de l’angiographie au vert d’indocyanine permettent également de préciser les limites de la tumeur et donc d’adapter les paramètres du traitement. Dans les autres tumeurs choroïdiennes, l’angiographie au vert d’indocyanine est moins utile. Cependant, la mise en évidence d’une vascularisation propre au sein de tumeurs choroïdiennes est très en faveur d’un mélanome choroïdien. 2. Choriorétinopathie séreuse centrale Dans la choriorétinopathie séreuse centrale, différents signes ont été décrits : dilatation des veines choroïdiennes, hyperperméabilité vasculaire choroïdienne. L’examen est donc utile en cas de doute diagnostique. De plus, lorsqu’un traitement par thérapie photodynamique à la verteporfine est envisagé, l’angiographie au vert d’indocyanine permet au mieux de visualiser les APODEP 2012 zonesdedilatationdesvaisseauxchoroïdienssurlesquelles le traitement laser pourra être focalisé. 3. Maladies inflammatoires de la choriorétine Les affections inflammatoires de la choriorétine associées à des taches blanches (choroïdites multifocales, syndrome des taches blanches évanescentes, épithéliopathie en plaques) bénéficient fortement de l’apport de l’angiographie au vert d’indocyanine. En effet, l’examen peut permettre de différencier une poussée inflammatoire d’une complication néo-vasculaire. Ces poussées inflammatoires se caractérisent par des taches sombres, observées aux temps tardifs de l’examen, en particulier autour de la papille. La disparition de ces taches est un signe d’une bonne efficacité thérapeutique. Ainsi, le suivi de ces affections, lorsqu’un traitement corticoïdes est proposé, s’en trouve facilité. D’autres affections inflammatoires donnent une image typique en indocyanine. Dans la maladie de Harada, le retard circulatoire choroïdien peut être important au diagnostic. Dans la maladie de Horton, un retard circulatoire choroïdien est également observé. par thérapie photodynamique, les affections inflammatoiresdelachoriorétineassociéesàdestachesblanches. Les indications dans la dégénérescence maculaire liées à l’âge se limitent à l’exploration de la vasculopathie polypoïdale choroïdienne. Dans cette dernière indication, l’ICG reste l’examen clef permettant le diagnostic et le traitement de la maladie. Références Arevalo JF, Shields CL, Shields JA, et al. Circumscribed choroidal hemangioma: characteristicfeatureswithindocyaninegreenvideoangiography.Ophthalmology2000;107:344-350. Bouchenaki N, Herbort CP. The contribution of indocyanine green angiography to the appraisal and management of Vogt-Koyanagi-Harada disease. Ophthalmology 2001;108:54-64. Cohen SY, Dubois L, Quentel G, Gaudric A. Is indocyanine green angiography still relevant? Retina 2011;31:209-21. Flower RW, Hochheimer BF. A clinical technique and apparatus for simultaneous angiography of the separate retinal and choroidal circulations. Invest Ophthalmol Vis Sci 1973;12:248-61. MartinetV, Ducos de Lahitte G,Terrada C, et al.[Multiple evanescent white dot syndrome and acute idiopathic blind spot enlargement: angiographic and electrophysiologic findings]. J Fr Ophtalmol. 2008;31:265-72. Maruko I, Iida T, Saito M, Nagayama D. Combined cases of polypoidal choroidal vasculopathy and typical age-related macular degeneration. Graefes Arch Clin Exp Ophthalmol 2010;248:361-8. Park D, Schatz H, McDonald HR, Johnson RN. Indocyanine green angiography of acute multifocal posterior placoid pigment epitheliopathy. Ophthalmology 1995;102:1877-83. Prünte C, Flammer J. Choroidal capillary and venous congestion in central serous chorioretinopathy. Am J Ophthalmol 1996;121:26-34. IV. CONCLUSION La réalisation de l’angiographie au vert d’indocyanine est moins fréquente que dans les années 1990, d’une part en raison de la diminution de ses indications, mais également de l’apport d’autres techniques non invasives, plus faciles de réalisation, en particulier l’OCT. Cependant, l’examen reste fondamental pour l’exploration de différentes affections choriorétiniennes, en particulier les hémangiomes choroïdiens, les choriorétinopathies séreuses chroniques nécessitant un traitement Quentel G, Coscas G. [Infrared fluorescein angiography using indocyanine green]. Bull Soc Ophtalmol Fr. 1984;84:559-63. Slakter JS, Yannuzzi LA, Sorenson JA, Guyer DR, Ho AC, Orlock DA. A pilot study of indocyanine green videoangiography-guided laser photocoagulation of occult choroidal neovascularization in age-related macular degeneration. Arch Ophthalmol 1994;112:465-2. Slakter JS, Giovannini A, Yannuzzi LA, et al. Indocyanine green angiography of multifocal choroiditis. Ophthalmology 1997;104:1813-9. Spaide RF,Yannuzzi LA, Slakter JS, et al. Indocyanine green videoangiography of idiopathic polypoidal choroidal vasculopathy. Retina 1995;15:100-10. Yannuzzi LA, Slakter JS, Sorenson JA, et al. Digital indocyanine green videoangiography and choroidal neovascularization. Retina.1992;12:191-223. Yannuzzi LA, Slakter JS, Gross NE, et al. Indocyanine green angiography-guided photodynamic therapy for treatment of chronic central serous chorioretinopathy: a pilot study. Retina 2003;23:288-98. APODEP 2012 17 4 Comment examiner le fond d'œil d'un diabétique ? A. Gaudric I. INTRODUCTION La procédure d'examen dépend de l'objectif de l'examen : dépistage ou diagnostic de sévérité de la rétinopathie diabétique (RD) avec prise de décision thérapeutique. papille. Il a été montré que l'examen des photos numériques, lues avec un grandissement suffisant, était plus sensible que l'examen du fond d'œil. Si l'examen est programmé à la demande d'un médecin généraliste ou d'un diabétologue, la démarche sera identique. I. LES CIRCONSTANCES DE L'EXAMEN 1. Le dépistage L'examen en vue du dépistage de la rétinopathie diabétique peut être réalisé dans différentes circonstances : - Malade diabétique, venant consulter pour changement de verres, n'ayant jamais eu d'examen du fond d'œil, - Malade diabétique, adressé par le médecin généraliste, le diabétologue, le service hospitalier de diabétologie, pour dépistage d'une éventuelle RD, - Malade diabétique examiné dans le cadre d'une consultation de dépistage de la RD, dans un service hospitalier, ou un centre de santé. 3. L'examen du fond d'œil d'un patient présentant une RD - Malade connu et suivi pour une RD, - Malade en cours de traitement pour une RD. II. L'EXAMEN DE DÉPISTAGE Si l'examen de dépistage n'est pas programmé, l'examen du fond d'œil, pupilles dilatées à la lampe à fente, à l'aide d'une lentille non contact, offrant un relief et un grandissement suffisant (type Super Field NC, Volk®) est la première étape. Il est souhaitable d'avoir également des photos couleur du fond d'œil d'au moins 45°, avec au minimum l'une centrée sur la macula et l'autre sur la 18 Le dépistage dans le cadre d'un centre de santé ou d'un service hospitalier, reposera d'abord sur la photo du fond d'œil examinée ensuite à distance en différé par un centre de lecture. III. L'EXAMEN DE LA RÉTINOPATHIE DIABÉTIQUE L'examen a pour but de déterminer le degré de gravité (classification) de la RD et de proposer un éventuel traitement. L'examen du fond d'œil, aussi précieux soit il ne peut suffire. Des photos couleurs du fond d'œil doivent permettre la classification de la RD selon une échelle de gravité. Quand il existe des signes indirects d'œdème maculaire (exsudats lipidiques, micro anévrismes, hémorragies rétiniennes maculaires, et une baisse d'AV) un œdème maculaire peut être suspecté. Dans ces cas, un OCT permettra de documenter l'existence ou non d'un œdème et de contribuer à sa classification. Une angiographie à la fluorescéine a surtout son indication lorsqu'un traitement de l'œdème maculaire est envisagé. L'angiographie à la fluorescéine a aussi son indication en cas de doute sur la présence d'une néovascularisationprérétinienne,envuededéciderunephotocoagulation panrétinienne. APODEP 2012 IV. L'EXAMEN LORS DU SUIVI DUTRAITEMENT Notes Le suivi du traitement de l'œdème maculaire repose, outre l'acuité visuelle, essentiellement sur l'OCT. Pour le suivi de la PPR l'angiographie à la fluorescéine se révèle modérément utile, car les résidus de néovaisseaux peuvent continuer à laisser diffuser le colorant alors qu'ils ne présentent pratiquement plus de menace hémorragique. Références Haute autorité de santé. Rapport Rétinographie Juillet 2007. Interprétation des photographies du fond d’œil, suite à une rétinographie avec ou sans mydriase. Haute autorité de santé. Dépistage de la rétinopathie diabétique par lecture différée de photographies du fond d’œil » - Décembre 2010-Mars 2011. Massin P, Erginay A. Classification et aspects cliniques. In : P Massin, A Erginay. Rétinopathie diabétique, 2è Ed. Elsevier, Masson, 2010: 51-74. APODEP 2012 19 5 OCT Spectral Domain : le choix d'une machine pour la pathologie maculaire A. Gaudric Il existe sur le marché plusieurs machines OCT qui produisent toutes des images satisfaisantes pour le diagnostic. Il existe néanmoins des différences notables selon les appareils en termes d'utilisation, et de rendu des examens. • - OCT seul ou combiné à l'angiographie La première décision consiste à chosir entre une machine faisant seulement l'OCT ou combinée à l'angiographie et à l'autofluorescence. Les deux ont leurs avantages et inconvénients. • Avantages : ne pas déplacer le patient, avoir la possibilité de corréler précisément une lésion sur l'OCT et sur l'image du fond d'œil. • Inconvénients : immobilise la réalisation des OCT lorsqu'une angiographie est pratiquée. Ne permet pas les photos couleurs. La corrélation exacte OCT fond d'œil est peu utilisée en pratique. • - Possibilité de scans de haute résolution • A coté de la cartographie, dont on peut extraire chaque ligne, certains OCT proposent des coupes additionnelles,uniquesougroupées(raster)avecunesommation de 4 ou de 20 passages qui augmentent l'impression de précision. - OCT combiné à une photo couleur • Présente l'avantage de donner une information assez complète en une seule machine, mais pas d'autofluorescence de plus en plus utilisée. - Visualisation du fond d'œil pendant l'OCT • La visualisation par SLO (scanning laser ophtalmoscope) procure une meilleure image qu'une vidéo infrarouge ou une diode. - OCT combiné à la micropérimétrie • Un OCT a développé la possibilité de coupler une micropérimétrie sur l'image SLO du fond d'œil servant à acquérir l'image OCT. Cette fonction est surtout utile en recherche clinique. - Densité des scans contribuant à la cartographie • Quelles que soient les différences de vitesse affichées nombre de points par ligne et le nombre de ligne constituant la cartographie de 6x6 mm. Un bon compromis est représenté par 128 lignes de 512 points ce qui représente une densité de 65 000 points pour 36 mm2, un espacement de deux lignes horizontales de 47 µ et un espacement des points de 11µ sur une ligne horizontale. Cette densité n'a pas un avantage particulier en termes de mesure de l'épaisseur maculaire moyenne, puisque celle du Stratus était déjà très fiable, mais elle donne une qualité bien supérieure au rendu des surfaces. Certains OCT, en raison de leur stratégie d'acquisition ne permettent pas en pratique d'utiliser plus de 49 lignes horizontales. - Utilisation d'un eye tracking La plupart des OCT reconstituent la corrélation image OCT-image du fond d'œil lors du traitement de l'image (processus de registration ou co-localisation ou recalage). Un appareil effectue ce recalage à l'acquisition par un processus actif d'eye tracking. L'avantage est une excellente corrélation pour un suivi dans le temps entre le FO et l'OCT, ou pour corréler une lésion OCT à un détail du FO. La limite est que le processus d'eye tracking reste insuffisamment rapide pour annuler toutes les saccades oculaires, et qu'il n'annule pas les mouvements de torsion de l'œil. L'inconvénient est le ralentissement de l'acquisition des cartographies. tout les OCT SD doivent faire un compromis entre le 20 APODEP 2012 - Segmentation Certains appareils sont plus à même que d'autres d'extraire de l'acquisition une image du modelé de la surface de la limitante interne ou de l'épithélium pigmentaire, en segmentant le volume obtenu à l'acquisition. Cela ouvre la voie à la représentation frontale, "en face" de la surface rétinienne et d l'épithélium pigmentaire. Notes - Images en face Certains appareils ont développé particulièrement la possibilité de visualiser des images de la macula dans un plan frontal à divers niveaux d'épaisseur. Les images frontales de la limitante interne permettent une bonne appréciation des forces de traction tangentielle qui s'exercent sur la macula dans tous les processus de traction vitréomaculaire ou de membrane épimaculaire. Les images frontales de l'épithélium pigmentaire permettent de voir le relief des drusen, des néovaisseaux choroïdiens ou les contours de l'atrophie géographique. - Ergonomie L'ergonomie de la machine, sa rapidité du traitement de l'image, la facilité des manœuvres d'archivage et d'impression sont aussi à prendre ne compte et ne sont souvent découvertes qu'après un usage prolongé. Il est bon de se renseigner auprès d'utilisateurs déjà entraînés. En résumé : la plupart des appareils du marché sont construits sur la même base technologique et ont une résolution identique. Une nouvelle génération d'OCT n'apparaitra que dans deux à trois ans. La partie logicielle explique essentiellement les différences qui peuvent exister entre les machines. Le choix dépend des conditions d'exercice, du rapport qualité prix du degré de spécialisation en rétine, en tenant compte des paramètres exposés ci-dessus. APODEP 2012 21 6 Séquence d’imagerie pour le diagnostic et le suivi thérapeutique de la DMLA exsudative S Y. Cohen I. INTRODUCTION L’imagerie est indispensable au diagnostic formel de DMLA exsudative, même si la constatation d’hémorragies et d’exsudats chez un patient âgé présentant des drusen permet d’évoquer fortement le diagnostic de complication néovasculaire. L’imagerie pour le diagnostic, mais aussi le suivi thérapeutique a fortement changé ces dernières années. II. DIAGNOSTIC - Devant toute suspicion de néo-vascularisation choroïdienne compliquant la dégénérescence maculaire liée à l’âge, il est de règle d’effectuer deux examens d’une part un OCT Spectral Domain et d’autre part une angiographie à la fluorescéine. - L’OCT confirme en règle générale l’existence d’une exsudation maculaire, caractérisée par un œdème intra rétinien, un décollement séreux rétinien et parfois un décollement de l’épithélium pigmentaire. La visualisation directe des néo-vaisseaux est cependant rare. Mais il est possible aujourd’hui, avec l’expérience, de différencier une néo-vascularisation occulte, une néo-vascularisation visible, ou une anastomose rétinochoroïdienne. - Malgré les progrès de l’OCT, il est cependant de règle d’effectuer également une angiographie à la fluorescéine (sauf contre-indication formelle à cet examen). - En effet, un certain nombre de lésions peuvent simuler en OCT une néo-vascularisation choroïdienne de la DMLA. C’est, en particulier, le cas des dépôts de matériel sous-rétinien qui surviennent dans le cadre de la dystrophie pseudo-vitelliforme de l’adulte, des drusen cuticulaires avec matériel, ou encore des dystrophies réticulées. Certaines choriorétinopathies séreuses centrales peuvent également donner des images de diagnostic difficile. Dans toutes ces affections correspondant 22 au diagnostic différentiel de la néo-vascularisation choroïdienne, les injections intra-vitréennes ne sont pas indiquées et sont inefficaces. - L’angiographieàlafluorescéinedevientdoncaujourd’hui un examen de confirmation diagnostique après OCT, permettant de classer les néo-vaisseaux en visibles, occultes, ou anastomose rétinochoroïdienne. Cette classification demeure utile. En effet, les anastomoses rétinochoroïdiennes sont réputées comme plus difficiles à traiter avec une évolution plus souvent chronique et récidivante. Les décollements de l’épithélium pigmentaire vascularisés exposent à un risque plus important de déchirure de l’épithélium pigmentaire spontanée ou sous l’effet des injections intra-vitréennes. - Il est donc important aujourd’hui d’effectuer OCT + angiographie à la fluorescéine à la recherche d’une classificationinitialedutypedesnéo-vaisseaux.L’angiographie infra-rouge au vert d’indocyanine n’est, le plus souvent, effectuée qu’en cas de doute sur une vasculopathie polypoïdale associée, ou d’aspect inhabituel. III. SUIVI THÉRAPEUTIQUE - Les thérapeutiques précédentes de la DMLA exsudative nécessitaient le recours fréquent à l’angiographie à la fluorescéine, pour l’appréciation de l’efficacité thérapeutique et la recherche de reliquats ou de récidives néovasculaires. Les anti-VEGF ont bouleversé l’efficacité thérapeutique, mais aussi les modalités du suivi thérapeutique. - Le suivi habituel des patients traités par injection intravitréenne d’anti-VEGF dans le cadre de la dégénérescence maculaire exsudative repose habituellement sur la mesure de l’acuité visuelle (au mieux sur une échelle normalisée de type ETDRS), un OCT (au mieux Spectral Domain) et un examen du fond d’œil, souvent matérialisé par une rétinographie en couleurs et/ou en lumière monochromatique. APODEP 2012 - Les règles de retraitement des néo-vaisseaux sont habituellement une baisse d’acuité visuelle significative (4 à 5 lettres sur l’échelle ETDRS), l’apparition d’une nouvelle hémorragie ou la réapparition de phénomènes exsudatifs à l’OCT. - L’association de ces différents éléments permet donc en règle de prendre une décision thérapeutique dans le cadre d’une stratégie de type PRN (c'est-à-dire de traitement à la demande en fonction de l’évolution clinique). - Il existe cependant des cas de discordance entre les données de l’acuité visuelle et l’OCT. Dans ces cas-là, ou en cas d’évolution inhabituelle, la réalisation d’une angiographie à la fluorescéine demeure utile. - Les données de l’OCT et de l’aspect du fond d’œil peuvent aussi, à un moment donné, amener à stopper les indications d’anti-VEGF, devant une situation très satisfaisante durable, ou à l’inverse, devant une lésion cicatricielle fibreuse ou atrophique. Notes IV. CONCLUSION Le diagnostic de DMLA exsudative est obtenu par la confrontation des données de l’OCT et de l’angiographie à la fluorescéine, permettant aussi la classification en formes cliniques d’évolution ou de pronostic différent. Le suivi thérapeutique, après injection d’anti-VEGF, repose davantage sur les données de l’OCT, associées aux données de l’acuité visuelle et du fond d’œil. Une angiographie complémentaire peut s’avérer utile en cas d’évolution inhabituelle ou de discordance anatomofonctionnelle. Références Cohen SY, Creuzot-Garcher C, Darmon J, Desmettre T, Korobelnik JF, Levrat F, Quentel G, Paliès S, Sanchez A, de Gendre AS, Schluep H, Weber M, Delcourt C. Types of choroidal neovascularisation in newly diagnosed exudative age-related macular degeneration. Br J Ophthalmol 2007;91:1173-6. Cohen SY, Korobelnik JF, Tadayoni R, Coscas G, Creuzot-Garcher C, Devin F, Gaudric A, Mauget-Faysse M, Sahel JA, Souied E, Weber M, Soubrane G. [Monitoring anti-VEGF drugs for treatment of exudative AMD]. J Fr Ophtalmol 2007;30:330-4. Fung AE, Lalwani GA, Rosenfeld PJ, Dubovy SR, Michels S, Feuer WJ, Puliafito CA, Davis JL, Flynn HW Jr, Esquiabro M.An optical coherence tomography-guided, variable dosing regimen with intravitreal ranibizumab (Lucentis) for neovascular age-related macular degeneration. Am J Ophthalmol 2007;143:566-83. Gaudric A, Cohen SY. When should anti-vascular endothelial growth factor treatment be stopped in age-related macular degeneration? Am J Ophthalmol 2010;149:4-6. APODEP 2012 23 7 Quelle est la place de l'imagerie dans la décision de chirurgie maculaire ? A. Gaudric Il ne faut pas surestimer la place de l'imagerie dans la décision de chirurgie maculaire car une fois le diagnostic établi, la décision repose en grande partie sur l'évaluation du dommage visuel, plus que sur les caractéristiques d'imagerie. I. L'OCT EST LA PRINCIPALE SOURCE DU DIAGNOSTIC DESAFFECTIONS CHIRURGICALES DE LA MACULA • - Les syndromes de traction vitréo-maculaires (STVM) • Autrefois seulement diagnostiqués sur l'examen biomicroscopique ou échographique devant une baisse visuelle, ils sont maintenant découverts à l'OCT y compris sur des yeux asymptomatiques. Il faut donc mettre en regard l'image OCT et le retentissement fonctionnel avant d'avancer vers une décision chirurgicale. - Les trous maculaires L'OCT est l'examen incontournable pour affirmer la présence d'un trou de pleine épaisseur. L'OCT va aussi moduler l'indication chirurgicale. Si le trou est très petit (<250µ) il conserve une chance de fermeture spontanée et il est acceptable de se donner un délai d'un mois à 6 semaines avant d'opérer. Si le trou a un diamètre inférieurà400µonpeutproposerd'opérersanspositionnement post opératoire face vers le sol, et sans pelage de la membranelimitanteinterne(MLI).Siletrouaundiamètre supérieur à 400µ positionnement et pelage de la MLI augmentent le taux de succès. - 24 les deux premiers bénéficiant de la chirurgie. La décision opératoire ne dépend pas seulement de l'affirmation du diagnostic mais surtout du degré de gêne visuelle. Celui-ci peut être variable est n'est corrélé que faiblement avec le degré d'épaississement maculaire. Les membranes épirétiniennes (MER) • Le diagnostic biomicroscopique est très facile devant un reflet brillant du fond d'œil et des plis rétiniens superficiels. Mais il faut reconnaître qu'en cas de cataracte, de mauvaise dilatation, de fond d'œil pâle, l'OCT apporte des images faciles à interpréter : épaississement maculaire par contraction d'une membrane bien visible à la surface de la MLI sur les coupes OCT. • Par ailleurs l'OCT résout le problème du diagnostic différentiel entre trou de pleine épaisseur, pseudotrou maculaire et trou maculaire lamellaire, seuls - Le fovéoschisis du myope fort • C'est une cause de baisse d'acuité visuelle découv e r t e e x c l u s i v e m e n t à l ' O C T, l ' e x a m e n biomicroscopique ne décelant que des formes évoluées. La distension de la rétine, dans son épaisseur,auseindustaphylomepeutêtreimpressionnante. La décision chirurgicale est là encore fondée sur l'importance de la menace visuelle. II. L'IMAGE OCT EST-ELLE UTILEAU GESTE CHIRURGICAL ? En général, non. En effet les instruments opératoires et les colorants permettent de mieux visualiser les structures à disséquer et offrent toute latitude pour enlever cortex vitréen ou membranes quelle que soit leur configuration OCT. APODEP 2012 Notes APODEP 2012 25 8 Quels signes OCT peuvent prédire une mauvaise acuité visuelle ? A. Gaudric I. INTRODUCTION Une des toutes premières ambitions de l'OCT, outre sa capacité à produire des images en coupes de la rétine, a été de tenter d'établir une corrélation entre l'épaississement maculaire et l'acuité visuelle (AV) dans les cas d'œdème maculaire. Les premières publications ont montré une telle corrélation. On comprend d'ailleurs intuitivement qu'il est surement moins bon pour la vision d'avoir une épaisseur maculaire centrale à 600µ qu'à peine supérieure à la normale à 290µ. Malheureusement de nombreuses autres publications ont progressivement montré que, si l'on excepte les valeurs d'épaississement extrême, pour les valeurs comprises par exemple entre 350 et 450µ qui sont des épaississements très courants dans les œdèmes maculaires, la dispersion des valeurs d'AV était grande et qu'il n'était pas possible de prédire pour un individu donné quelle est son AV en fonction de son épaisseur maculaire. I. LE PROBLÈME DE LA MESURE DESVARIATIONS D'ÉPAISSEUR DE LA MACULA (d'après Bénédicte Dupas et Pascale Massin) Quelle est la mesure la plus reproductible pour l'œdème maculaire diabétique (OMD)? La mesure de l'épaisseur maculaire dans les 1000 µm centraux (Central Macular Thickness ou CMT) semble préférable à la mesure du point central (Central Point Thickness ou CPT). Quand peut-on affirmer avec certitude que le changement d'épaisseur maculaire observé est bien réel et non lié à une erreur de mesure ? La reproductibilité de la mesure de la CMT diminue lorsque l'épaisseur maculaire augmente. Avec l'OCT 3, un changement d'épaisseur de plus de 11% correspon- 26 daità un changementréel.Avec les OCTSpectralDomain, ce chiffre a donc notablement diminué compte tenu de leur excellente reproductibilité de mesure. Quelle est la meilleure méthode pour exprimer un changement d'épaisseur maculaire ? Différents systèmes d'évaluation des mesures de l'épaisseur maculaire dans l'OMD ont été étudiés. Il existe globalement 3 façons d'exprimer un changement : la variation absolue d'épaisseur rétinienne, la variation relative d'épaisseur rétinienne et la variation relative d'épaississement rétinien (l'épaississement étant calculé comme l'excédent d'épaisseur par rapport à une valeur normale de référence). Tout dépend en fait de l'épaisseur rétinienne initiale : un changement de 50µm n'a pas la même signification si l'épaisseur rétinienne de départ est de 250 µm ou si elle est de 500 µm. Chan et Duker ont proposé de standardiser les changements d'épaississement maculaire en les exprimant par un pourcentage (25), selon la formule suivante : [changement actuel ]/[changement potentiel], soit [épaisseur pré-traitement - épaisseur post traitement]/[épaisseur initiale-épaisseur normale]. Bien qu'assez intuitive, cette méthode a l'inconvénient de nécessiter le recours à un calcul potentiellement peu réalisable en pratique clinique. De plus, les valeurs d'épaisseur maculaire normales varient en fonction du sexe, donc certains patients pourraient se retrouver avec des changements de plus de 100% si on n'applique le même chiffre d'épaisseur normale pour tous. Enfin, pour les faibles épaississements rétiniens, cette mesure devient peu fiable. Prenons l'exemple d'un patient ayant une épaisseur maculaire basale de 230 µm. Si lors de la visite ultérieure, l'épaisseur est mesurée à 210 µm, ce changement peut être lié à une erreur de reproductibilité de mesure et non à un réel changement. Si l'épaisseur rétinienne "normale" est fixée à 200 µm, ce patient sera étiqueté comme ayant eu un changement d'épaississement rétinien chiffré à APODEP 2012 plus de 60%, alors qu'en fait le changement réel aura été minime. Pour le DRCRnet , il convient donc d'utiliser les changements d'épaisseur maculaire, en suivant les recommandations suivantes: en cas d'épaisseur maculairemodérée(<300 µm),lechangementrelatifd'épaisseur maculaire est instable -de faibles variations d'épaisseur se traduisent par de grandes variations relatives d'épaisseur maculaire, cf supra- ce qui incite à utiliser le changement absolu; en revanche, lorsque l'épaisseur maculaire est élevée, il est préférable d'exprimer les résultats en changement relatif. Enfin, Ferris et al. ont récemment proposé une méthode de transformation logarithmique des données OCT utilisable en recherche clinique. Les auteurs ont utilisé le Stratus OCT3 eteffectuent leurtransformation on prenant le log 10 du ratio [CMT/200], le 0 représentant l'épaisseur rétinienne normale. Cette méthode offre plusieurs avantages. Tout d'abord, elle permet de normaliser les valeurs d'épaisseur maculaire, puisque lorsque les chiffres d'épaisseur sont importants, les valeurs ne suivent plus une distribution normale. Par ailleurs, elle permet d'affirmer que le changement observé est bien réel et non lié à la reproductibilité de la mesure, puisqu'un changementd'unelignesurl'échelle logarithmique correspond à deux fois l'erreur de mesure, quel que soit l'appareil utilisé. Un changement d'une ligne sur l'échelle logOCT correspond à un changement d'épaisseur d'environ 20%, un changement de 2 lignes correspond à un changement d'épaisseur d'environ 36%, et un changement de 3 lignes correspond à un changement d'environ 50%. De plus, cette échelle logarithmique est similaire à l'échelle LogMAR pour l'acuité visuelle. Enfin, chaque changement d'une ligne sur l'échelle logOCT correspond à un changement d'épaisseur maculaire proportionnel (un changement de 3 lignes correspondant à un doublement d'épaisseur maculaire, quelle que soit l'épaisseur de base). Cette méthode semble donc très intéressante pour une utilisation en pratique clinique. La corrélation entre les deux variables est en général présente, mais modeste. Ce constat signifie que des variables autres que l'épaisseur maculaire interviennent dans la détermination de l'AV. III. CORRÉLATION DE L'AVAVEC D'AUTRES PARAMÈTRES OCT 1. Photorécepteurs L'attention s'est donc focalisée sur d'autres paramètres qui pourraient avoir une incidence sur l'AV et notamment l'intégrité des éléments qui constituent le signal des photorécepteurs en OCT, c'est à dire, la ligne de jonction segment interne/segment externe (SE/SI), la ligne de l'extrémité des segments externes des cônes, l'épaisseur de la couche nucléaire externe. Bien que plusieurs publications concordent pour désigner l'altération du signal des photorécepteurs comme principale cause de baisse visuelle dans les épaississements (œdèmes) maculaires de diverses étiologies, ces études portent sur de petites séries et ne sont pas dénuées de biais méthodologiques (qualité du signal des photorécepteurs en cas d'œdème important, artefacts dus aux exsudats ou aux hémorragies, analyse d'une seule ligne de coupe, etc…) 2. Capillaires Enfin il ne faut pas oublier le rôle d'autres facteurs dans la perte visuelle. Dans les œdèmes maculaires d'origine "vasculaire" la qualité de la perfusion de la maille capillaire périfovéolaire joue un rôle évident, mais n'est pas réellement quantifiable. 3.Architecture neuronale Dans les épaississements maculaires "mécaniques" (membranes épirétiniennes, traction vitréo-maculaire, foveoschisis du myope fort) l'altération de l'architecture neuronale etdescellules de Müllerjoueprobablement aussi un rôle dans l'altération visuelle, ne serait ce que par les métamorphopsies. 4. Décollement séreux maculaire II. CORRÉLATION ÉPAISSEUR MACULAIRE-AV Bien que l'objectif de ramener l'épaisseur maculaire à un niveau proche de la normale en cas d'œdème maculaire soit souhaitable, la plupart des essais cliniques récents montrent que l'amplitude de la diminution de l'épaississement maculaire sous l'effet d'un traitement est plus importante que l'amplitude d'amélioration de l'AV. L'existence d'un décollement séreux rétinien (DSR) maculaire est communément considérée comme cause de baisse d'AV, et une indication à traiter ou retraiter en cas de néovaisseaux choroïdiens ou d'œdème maculaire. On n'a cependant pas pu montrer, en cas d'œdème maculaire diabétique, que la présence d'un DSR aggravait le pronostic visuel. Dans la DMLA la présence d'un DSR apparaît comme un marqueur de l'activité des néovaisseaux choroïdiens, mais la corrélation avec l'AV n'est pas établie. Dans d'autres circonstances telles que la APODEP 2012 27 CRSC un DSR même important peut être compatible avec une bonne AV. 5. Néovascularisation choroïdienne maculaire La prolifération sous-rétinienne de néovaisseaux choroïdiens (NVC) est à l'évidence une cause de mauvaise vision. Mais là encore ce constat mérite d'être nuancé. LesNVCoccultes(sousépithéliaux)peuventêtreévidents en OCT mais compatibles avec une bonne vision lorsque les photorécepteurs restent au contact d'un épithélium pigmentaire, certes soulevé, mais fonctionnel. A l'inverse les NVC visibles (préépithéliaux) ont un retentissement visuel plus immédiat. 6.Atrophie rétinienne Enfin la macula peut être amincie, atrophique au niveau de toutes ses couches cellulaires, par dystrophie progressive, ou à l'issue d'un long passé d'œdème maculaire. Références 1.Alasil T, Keane PA, Updike JF, et al. Relationship between optical coherence tomography retinal parameters and visual acuity in diabetic macular edema. Ophthalmology 2010;117:2379-86. 2.Deak GG, Bolz M, Ritter M, et al. A systematic correlation between morphology and functional alterations in diabetic macular edema. Invest Ophthalmol Vis Sci 2010;51:6710-4. 3.El-Ashry M, Hegde V, James P, Pagliarini S. Analysis of macular thickness in British population using optical coherence tomography (OCT): an emphasis on interocular symmetry. Curr Eye Res 2008;33:693-9. 4.Forooghian F, Stetson PF, Meyer SA, et al. Relationship between photoreceptor outer segment length and visual acuity in diabetic macular edema. Retina 2010;30:63-70. 5.Forte R, Cennamo GL, Finelli ML, de Crecchio G. Comparison of time domain Stratus OCT and spectral domain SLO/OCT for assessment of macular thickness and volume. Eye (Lond) 2009;23:2071-8. 6.Gaucher D, Sebah C, Erginay A, et al. Optical coherence tomography features during the evolution of serous retinal detachment in patients with diabetic macular edema. Am J Ophthalmol 2008;145:289-96. 7.Grover S, Murthy RK, Brar VS, Chalam KV. Normative data for macular thickness by high-definition spectral-domain optical coherence tomography (spectralis). Am J Ophthalmol 2009;148:266-71. 8.Kakinoki M, Sawada O, Sawada T, et al. Comparison of macular thickness between Cirrus HD-OCT and Stratus OCT. Ophthalmic Surg Lasers Imaging 2009;40:135-40. 9.Lammer J, Scholda C, Prunte C, et al. Retinal thickness and volume measurements in diabetic macular edema: a comparison of four optical coherence tomography systems. Retina 2011;31:48-55. 10.Maheshwary AS, Oster SF,Yuson RM, et al. The association between percent disruption of the photoreceptor inner segment-outer segment junction and visual acuity in diabetic macular edema. Am J Ophthalmol 2010;150:63-67. 11.MinnellaAM, Savastano MC, Zinzanella G, et al. Spectral-Domain Optical Coherence Tomography in Irvine-Gass Syndrome. Retina 2011. 12.Ota M,TsujikawaA, MurakamiT, et al.Association between integrity of foveal photoreceptor layer and visual acuity in branch retinal vein occlusion. Br J Ophthalmol 2007;91:1644-9. 13.Parravano M, Oddone F, Boccassini B, et al. Reproducibility of macular thickness measurements using Cirrus SD-OCT in neovascular age-related macular degeneration. Invest Ophthalmol Vis Sci 2010;51:4788-91. 14.Sayanagi K, Sharma S, Kaiser PK. Comparison of retinal thickness measurements between three-dimensional and radial scans on spectral-domain optical coherence tomography. Am J Ophthalmol 2009;148:431-8. 15.Yeung L, LimaVC, Garcia P, et al. Correlation between spectral domain optical coherence tomography findings and fluorescein angiography patterns in diabetic macular edema. Ophthalmology 2009;116:1158-67. 28 APODEP 2012 Notes 9 Scanner ou IRM : que faut-il préférer ? D. Miléa I. LATOMODENSITOMÉTRIE (SCANNER À RAYONS X) Le scanner (cérébral et/ou orbitaire) reste encore très utile pour mettre en évidence des lésions qui affectent les tissus osseux, ou qui contiennent du calcium, en raison de leur absorption importante des rayons X : méningiome, notamment touchant le cadre orbitaire ou encore des lésions osseuses primitives (1). Les détails des tissus mous peuvent être mis en évidence après l’injection d’un produit de contraste iodé qui vient s’accumuler dans une lésion de nature inflammatoire, infectieuse ou néoplasique. En pathologie d’urgence, le scanner possède une grande résolution pour identifier à la phase aiguë des saignements aigus, ainsi que des fractures osseuses. Il garde donc sa position prioritaire dans la pathologie traumatique, en particulier lorsqu’un patient est confus, agité, ou lorsque l’identification urgente d’une hémorragie ou d’une anomalie osseuse est impérative. Le scanner reste un excellent examen pour explorer l’orbite, notamment lorsque l’on recherche une compression du nerf optique à l’apex orbitaire, comme lors d’une orbitopathie dysthyroïdienne (2). Il complète une IRM négative pour rechercher une réduction de calibre du canal optique due à une lésion osseuse très focale comme une dysplasie fibreuse ou un méningiome débutant et il est alors réalisé en haute résolution, avec des coupes millimétriques centrées sur les apex orbitaires, sans injection de produit de contraste. Les avantages de l’imagerie par scanner incluent l’acquisition rapide d’images, sa large disponibilité et une excellente résolution spatiale. Les inconvénients de l’imagerie par scanner incluent l’utilisation de radiations ionisantes, les effets secondaires liés à l’utilisation du produit de contraste iodé, et la mauvaise résolution pour les tissus mous adjacents à l’os, ainsi que pour la fosse postérieure. Ces inconvénients rendent le scanner moins utile lorsque des imageries itératives sont nécessaires, lorsque l’on image des lésions du tronc cérébral ou de la base du crâne, ou encore lorsque des plans de coupe non axiaux (coronal ou sagittal) sont utiles, ou chez les patients présentant des antécédents d’allergie aux produits de contraste iodé ou de néphropathie. II. L’IMAGERIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE L’imagerieparrésonancemagnétique(IRM)estaujourd’hui la technique d’imagerie de choix pour mettre en évidence des lésions cérébrales. Elle est particulièrement indiquée en situation d'urgence, en raison de l'excellente visualisation de la fosse postérieure et des structures vasculaires intracérébrales (3). Les appareils modernes d’IRM permettent d’obtenir des plans de coupe axiaux, coronaux, sagittaux. L’injection de Gadolinium, agent paramagnétique qui traverse les barrières hémato encéphaliques rompues, permet d’identifier certaines tumeurs de composition ou de localisation difficilement repérable par un simple scanner (4). Les images obtenues en IRM sont pondérées selon différentes séquences, les plus habituelles étant les séquences en T1 et T2. Des séquences spéciales ont été développées pour la mise en évidence de certaines structures, notamment au sein de l’orbite : les techniques de suppression du signal de la graisse (STIR, short tau inversion recovery). Les séquences FLAIR (fluide-attenuated inversion recovery) permettent d’analyser les modifications de la substance blanche périventriculaire, lors d’une sclérose en plaques. Les images en tenseur de diffusion DWI (diffusion weighted imaging) sont parfois les seules qui permettent l’identification des infarctus cérébraux à la phase aiguë (5). Des séquences particulières,d’angio-IRMpermettentl’étudedesfluxvasculaires et donc la détection des anévrysmes ou des fistules APODEP 2012 29 vasculaires, sans que l’injection de produit de contraste soit un impératif absolu (du moins pour les vaisseaux extra-crâniens). La disponibilité encore insuffisante des appareils IRM sur le territoire Français constitue le principal facteur limitant de cette technique. III. EN CONCLUSION 1. Scanner cérébral et orbitaire,indications encore actuelles : - 30 traumatisme facial et orbitaire, si suspicion de fracture, suspicion d’hémorragie méningée (rupture anévrysmale), recherche d'arguments pour un méningiome (calcifications), exophtalmie, en attendant une IRM, si impossibilité de réaliser une IRM en urgence. APODEP 2012 Notes 10 Est-ce un anévrysme ? Comment l'explorer ? D. Miléa Les anévrysmes sont des ectasies artérielles intracérébrales acquises, localisées le plus souvent au niveau des bifurcations des artères intra-crâniennes. Leur gravité potentielleprovientdeleurrisquederupture,quiprovoque une hémorragie méningée dont la mortalité-morbidité est évaluée à environ 70%. Seulement 10% des anévrysmes sont symptomatiques avant leur rupture. Les symptômes provoqués par des anévrysmes ont souvent une expression neuro-ophtalmologique, en fonction de leur siège et de la proximité des structures avoisinantes : céphalées, paralysies oculomotrices,hémianopsielatéralehomonyme,baissevisuelle unilatérale, syndrome de Claude Bernard Horner douloureux, syndrome de Terson, etc (1). La plupart des anévrysmes dont l'expression est neuroophtalmologique sont situés à la jonction entre la carotide interne et l'artère communicante postérieure. Il est très fréquent qu'un anévrysme situé à cet endroit provoque une atteinte de la troisième paire crânienne, avec un dysfonctionnement pupillaire fréquent (2). Lorsque les anévrysmes affectent la partie antérieure du système carotidien, il résulte une atteinte plus lentement compressive des voies visuelles, responsables d'une baisse visuelle ou d'une altération du champ visuel. Lorsque l'on suspecte un anévrysme, il est impératif de réaliser une imagerie neuro-vasculaire adéquate. Les techniques modernes de visualisation des anévrysmes font appel à des angio-scanners qui sont bien plus disponibles en pratique quotidienne et peuvent avoir une résolution spatiale supérieure aux angio-IRM (3). Dans les cas litigieux, seule l'artériographie cérébrale conventionnelle permet d'affirmer ou infirmer leur existence. Notes Références 1. Biousse V, Mendicino ME, Simon DJ, Newman NJ. The ophthalmology of intracranial vascular abnormalities. Am J Ophthalmol 1998;125:527-44. 2. Br uce BB, Biousse V, Newman NJ. Third ner ve palsies. Semin Neurol 2007;27:257-68. 3. Mathew MR, Teasdale E, McFadzean RM. Multidetector computed tomographic angiography in isolated third nerve palsy. Ophthalmology 2008;115:1411-5. APODEP 2012 31 11 Pourquoi faire un OCT en Neuro-Ophtalmologie ? Sept bonnes raisons pour utiliser l'OCT en Neuro-Ophtalmologie D. Miléa I. POUR NE PAS PASSER À COTÉ D'UNE MACULOPATHIE SUBTILE OU INFRACLINIQUE II. POUR IDENTIFIER UN ŒDÈME PAPILLAIRE QUI PEUT PASSER INAPERÇU La survenue d’un scotome central en présence d’un fond d’œil ophtalmoscopiquement « normal » est trop souvent interprétée comme une "neuropathie optique rétrobulbaire", alors que le principal diagnostic différentiel, celui de "maculopathie occulte" ou "infraclinique" n'a pas encore été écarté (1). Il n'est pas toujours aisé de faire la différence entre une atteinte maculaire infraclinique et une neuropathie optique débutante. Dans ce contexte, l’OCT maculaire garde une place diagnostique privilégiée, par la facilité d’identification de lésions maculaires subtiles. La méconnaissance d'une lésion maculaire infraclinique peut avoir des conséquences importantes.Ainsi, prendre à tort une choriorétinopathie séreuse centrale (CRSC) pour une névrite optique rétrobulbaire, peut conduire à un traitement par corticothérapie générale, délétère pour la pathologie maculaire sous-jacente. De même, il peut être inutile, voire dangereux d'effectuer un bilan de neuropathie optique bilatérale chez un patient ayant en réalité des scotomes centraux en rapport avec une maculopathie cliniquement occulte, ou une dystrophie des cônes1. Dans ce contexte, l'OCT, de réalisation simple, permet d'éviter la réalisation d'examens plus invasifs et inutiles (IRM, ponction lombaire, voire angiographies, etc...). En cas de neuropathie optique atypique et si la présentation clinique reste compatible avec une maculopathie infraclinique, la réalisation d'un OCT maculaire peut rétablir un diagnostic approprié. 32 Le dogme prétendant que lors des névrites optiques inflammatoires, il existe un œdème papillaire dans seulement 30% des cas (papillite) a été détrôné par l'OCT des fibres péripapillaires. Une participation antérieure inflammatoire est beaucoup plus fréquente, si l'on analyse de la tête du nerf optique par OCT. En pratique, le bilan d'une baisse visuelle par atteinte centrale qui s'accompagne de douleurs à la mobilisation du globe, peut être facilité par un OCT péripapillaire, en faisant suspecter une papillite. Chez un sujet jeune, une papillite isolée a des grandes chances d'être d'origine inflammatoire, ce qui sera confirmé par une IRM cérébrale et orbitaire, réalisée dans un second temps. L'OCT constitue un marqueur biologique reconnu dans la sclérose en plaques, par la mise en évidence d'une atteinte axonale plus globale, au-delà de la rétine (2). A l'avenir, l'OCT pourra représenter une mesure objective d'une réponse à un traitement, par l'évaluation de la mort axonale, facilement mesurable dans la rétine. III. POUR IDENTIFIER UN PSEUDOŒDÈME PAPILLAIRE LORS D'UNE SUSPICION D'UNE NEUROPATHIE OPTIQUE HÉRÉDITAIRE DE LEBER L’OCT peut détecter la présence d'un épaississement de la couche des fibres axonales à la phase aiguë ou encore chez des patients asymptomatiques porteurs d’une mutation de la neuropathie optique héréditaire de Leber. En pratique, si l'on suspecte une neuropathie optique héréditaire de Leber, il peut être utile de réaliser sur le champ un OCT péripapillaire chez le patient et chez des ascendants dans la lignée maternelle des patients affectés, en attendant le long délai d'obtention des résultats des mutations de l'ADN mitochondrial. APODEP 2012 IV. POUR DÉPISTER DESANOMALIES RÉTINIENNES QUIACCOMPAGNENT OU FONT DÉCOMPENSER UNE PATHOLOGIE CONGÉNITALE DE LA PAPILLE Les anomalies papillaires congénitales sont diagnostiquées par l’ophtalmoscopie, mais le retentissement rétinienparamaculaireestfacilitéparl’OCT(parexemple un décollement séreux rétinien associé à une fossette colobomateuse). V. POUR DÉTECTER PRÉCOCEMENT L'INSTALLATION D'UNEATROPHIE OPTIQUE Une perte axonale rétinienne secondaire à une neuropathie optique (compressive, héréditaire, toxique, etc) peut être mise en évidence précocement par l’OCT, même si les autres signes cliniques restent très subtils (3). VI. POUR LA QUANTIFICATION ET LE SUIVI D'UN ŒDÈME PAPILLAIREVRAI mais aussi les processus qui les affectent (atrophie, œdème, prolifération gliale). Aujourd'hui, la diminution dans le temps à l'OCT de l'épaisseur d'un œdème papillaire n'est pas forcément synonyme d’ "amélioration", car il peut s'agir en réalité d'une atrophie axonale (4). VII. PRÉDIRE EN PRÉ-OPÉRATOIRE LA RÉCUPÉRATIONVISUELLE POSSIBLE APRÈS L'ABLATION D'UNETUMEUR NEURO-CHIRURGICALE COMPRIMANT LE NERF OPTIQUE OU LESVOIES VISUELLESANTÉRIEURES Il est aujourd'hui admis que les chances de récupération visuelle après chirurgie d'un macro-adénome hypophysaire sont d'autant plus grandes qu'il n'existe pas de diminution de l'épaisseur des fibres axonales intrarétiniennes, lors du bilan pré-opératoire (5). Références 1. Brockhurst RJ, Sandberg MA. Optical coherence tomography findings in occult macular dystrophy. Am J Ophthalmol 2007;143:516-8. Le rôle de l’OCT n’est pas encore clairement défini dans le suivi des œdèmes papillaires (ischémiques, inflammatoires ou encore d’hypertension intra-crânienne), mais les nouvelles générations d’appareils devraient permettre d’identifier à l’avenir non seulement les structures en présence (vaisseaux, fibres, tissu glial, etc), 2. Sergott RC, Frohman E, Glanzman R, Al-Sabbagh A. The role of optical coherence tomography in multiple sclerosis: expert panel consensus. J Neurol Sci 2007;263:3-14. 3. Savino PJ. Evaluation of the retinal nerve fiber layer: descriptive or predictive? J Neuroophthalmol 2009;29:245-9. 4. Skau M, Milea D, Sander B, Wegener M, Jensen R. OCT for optic disc evaluation in idiopathic intracranial hypertension. Graefes Arch Clin Exp Ophthalmol 2010;249:723-30. 5. Jacob M, Raverot G, Jouanneau E, Borson-Chazot F, Perrin G, Rabilloud M, Tilikete C, Bernard M,VighettoA. Predicting visual outcome after treatment of pituitary adenomas with optical coherence tomography. Am J Ophthalmol 2009;147:64-70. APODEP 2012 33 12 Cornée et biométrie J L. Bourges Les formules classiques de biométrie ont été proposées par Sanders, Retzlaff et Kraff (SRK) en 1980 et 1981 (1,2). Ces formules sont : - SRK I : Puissance = Cste A – (0.9xKm) – (2.5xLA) - SRK II : Puissance = Cste B – (0.9xKm) – (2.5xLA), la constante B tient compte du chirurgien. S’y sont ajoutés des facteurs correctifs « normaux » avec les formules Hoffer Q, Holladay 1 et 2 ou Haigis, permettantd’intégrerlapersonnalisationdelaCsteA(régressions, chirurgien), la réfraction du patient, la position prédictive de l’implant. Toutes ces formules assument que la Km est fiable, régulière et stable, sur une cornée asphérique prolate avec un indice réfractif (IR) cornéen apexien (1.3375) identique sur l’aire cornéenne totale. Il existe donc un risque d'erreur biométrique lié à la Km. Il est particulièrement marqué après chirurgie réfractive cornéenne ou lorsqu’il existe un astigmatisme irrégulier (kératocône, kératoplastie lamellaire antérieure ou transfixiante). I. APRÈS CHIRURGIE RÉFRACTIVE Il faut préférer la méthode de « l’histoire réfractive » qui nécessite de connaître la kératométrie antérieure, la réfraction initiale et la réfraction post-opératoire réfractiveavantcataracte(ousoustrairelavaleurdelamyopisation d’indice). La réfraction non-contact doit être corrigée au « vertex » pour rapporter au plan cornéen la réfraction distante. La méthode de «la lentille de contact » reste possible si l’on ne connaît pas la kératométrie antérieure et/ou la réfraction initiale. Il faut cependant évaluer la part de la myopie d’indice et utiliser une lentille de contact rigide. Après LASIK et PKR, les données topographiques spéculaires ne sont pas valides. 34 Après kératotomies radiaires, il faut tenir compte de l’instabilité nycthémérale de l’IR cornéen. Enfin, il faut s’assurer d’utiliser des valeurs stables de kératométrie. II. SUR UNASTIGMATISME FORTEMENT IRRÉGULIER (KÉRATOCÔNE, GREFFE DE CORNÉE) Le calcul d’implant tient compte de la myopie axile fréquemmentassociéeens’aidantd’uneEchoB(problème de fixation) mais sans spécificité particulière, hormis l’aléa de calcul additionnel. La myopie cornéenne est surtout le fait des kératocônes centraux car l’ectasie induit un défocus myopique. Elle est réduite si le kératocône fait l’objet d’un traitement cornéen. Il faut aussi gérer l’évolutivité de la maladie partant du principe que la progression augmente l’irrégularité et qu’une fois l’implantposé, un geste cornéen restepossible voire peut être nécessaire. Le cross-linking du collagène cornéen change les valeurs kératométriques. Il n’existe pas de donnée fiable sur la formule qu’il convient d’utiliser pour la biométrie en présence d’un kératocône ou d’un astigmatisme irrégulier important (3). Thebpatiphat prônait l’utilisation de SRK II sur 9 patients (12 yeux) colligeant 3 stades différents de kératocônes (4). Il semblerait logique d’utiliser la formule SRK-T en raison de l’association myopique anatomique fréquente mais rien ne confirme cela aujourd’hui. L’association de cette formule avec l’utilisation des kératométries corrigées Equivalent K Readings (EKR) dans les 4,5 mm centraux semble assez reproductible dans notre expérience. APODEP 2012 III. CONCLUSION Notes Lorsque la cornée est pathologique, le choix de la kératométrie est déterminant, le choix de la formule l’est moins. Le choix de l’implant est une occasion réfractive à exploiter mais engendre un aléa dont le patient doit être conscient. Références 1. Sanders D, Retzlaff J, Kraff M, Kratz R, Gills J, Levine R, Colvard M, Weisel J, Loyd T. Comparison of the accuracy of the Binkhorst, Colenbrander, and SRK implant power prediction formulas. J Am Intraocul Implant Soc 1981;7:337-40. 2. Sanders DR, Kraff MC. Improvement of intraocular lens power calculation using empirical data. J Am Intraocul Implant Soc 1980;6:263-7. 3. Bourges J, Rousseau A. Cataract Surgery on irregular astigmatism of Keratoconus. In: Goggin M, editor. Astigmatism. Rijeka: Intech, 2011. 4. Thebpatiphat N, Hammersmith KM, Rapuano CJ, Ayres BD, Cohen EJ. Cataract surgery in keratoconus. Eye Contact Lens 2007;33:244-6. APODEP 2012 35 13 Topographie d’élévation et aberromètres, usages courants J L. Bourges I. LESTOPOGRAPHES D’ÉLÉVATION Leur but est de reconstituer la cornée en 3D. Ils repèrent la face antérieure cornéenne et la face postérieure sur toute l’aire cornéenne grâce à l’analyse des contrastes. Deux méthodes sont utilisées : - la triangulation de points obtenus sur les images de fentes lumineuses balayant la cornée pour l’Orbscan® (OII ; Baush + Lomb), - le procédé d’imagerie Scheimpflug utilisé par le Pentacam® (PO ; Oculus), qui permet d’obtenir une image nette et précise avec suffisamment de profondeur de champ pour imager un relief tel que la cornée. La position dans l’espace de chaque face est matérialisée par des points qui sont placés dans une matrice à trois dimensions. Ainsi, pour un point de la face antérieure correspond un point de la face postérieure. La pachymétrie est obtenue partant du principe simple que : face antérieure –face postérieure = épaisseur cornéenne. La topographie d’élévation renseigne à la fois sur les courbures de la cornée et la « forme » de la cornée. 1. Les cartes d’élévation Les principales cartes de base (quad map) fournies par ces topographes sont : - la carte sagittale de courbure de la cornée obtenue par acquisition spéculaire traditionnelle (OII) ou reconstruite avec les données tridimensionnelles (PO), - les cartes d’élévation antérieure et postérieure. Elles indiquent la position des points de la surface considérée par rapport à la forme géométrique pure qui s’emboiteraitlemieuxdanslaformedelacornéeexplorée. Le choix de cette forme de référence est souvent porté sur une sphère. Le rayon de cette sphère le mieux adapté à la cornée explorée est indiqué sur la carte (Best Fit Sphere). La correspondance de cette sphère est optimisée avec la surface cornéenne explorée en déplaçant l’axe de cette sphère (mode « float »). L’interprétation 36 d’une carte topographique d’élévation considère donc que : • une valeur nulle correspond à un point localisé au niveau de la forme de référence (couleur verte), une • valeur positive correspond à un point localisé en avant de la forme de référence, donc plus « élevé » (couleurs chaudes), • une valeur négative correspond à un point localisé en arrière de la forme de référence, donc moins « élevé » (couleurs froides). 2. Autres cartes Les topographes d’élévations peuvent fournir des cartes calculées. Ainsi dispose-t-on pour la cornée en tous points de la pachymétrie et de sa progression centrifuge, du pouvoir réfractif total réel et des kératométries corrigées (Equivalent K Readings), des aberrations optiques purement cornéennes et d’outils de comparaison des examens réalisés dans le temps. 3. Usages courants principaux La topographie d’élévation est devenue incontournable en chirurgie réfractive où elle permet le dépistage du kératocône fruste et sa discrimination avec des cornées normales fines ou à apex décentré. Elle aide à la vérification de la congruence du cylindre (manifeste/objectif) dans les procédures « plano » et au suivi du traitement (centrage, évolution). En chirurgie de la cataracte, il est parfois utile de corriger la simple kératométrie antérieure avec une topographie d’élévation notamment lorsqu’est envisagé la pose d’implant torique ou une intervention derrière une cornée irrégulière (kératocône, greffe de cornée). Bien évidemment, ces topographies trouvent un intérêt tout particulier dans le kératocône pour son diagnostic, l’établissement de sa stratégie thérapeutique et maintenant la chirurgie réfractive thérapeutique après cross-linking éventuel. APODEP 2012 Enfin, elle aide à quantifier l’impact optique d’un ptérygion,d’unekératoplastie,oud’unastigmatismecongénital. II. LESABERROMÈTRES 1. Les principes L’acquisition mesure toutes les aberrations optiques cumulées de l’œil, incluant les aberrations « naturelles » (pupille, cristallin, aberrations physiologiques). La qualité de la mesure dépend donc de la clarté des milieux, du diamètre pupillaire et de l’accommodation. Les aberromètres analysent le front d’onde lumineuse sortant de l’œil selon des méthodes variables : principe de Hartmann-Shack, reflet rétinien par skiascopie dynamique, Ray-tracing, etc…. Schématiquement, le front d’onde traduit la progression frontale des ondes lumineuses qui traversent des milieux optiquement actifs (avec propriétés réfractives). Quand la réfraction d’un œil n’est pas homogène partout, un front d’ondes lumineuses qui entre simultanément en tout point dans l’œil, ne ressortira pas partout au même moment : il se produira un retard du front d’onde. Cela peut être analysé. Les déformations complexes du front d’onde sont « simplifiées » mathématiquement et catégorisées en déformations de base (Low Order Aberrations) ou plus précises (High OrderAberrations). 2. Lexique des aberrations Les aberrations de bas degré (LOA) désignent les amétropies par élévation, bascule, défocalisation myopique ou hypermétropique et astigmatismes. Les aberrations de haut degré (HOA) désignent les amétropies plus fines et plus complexes, asymétriques, telles que la virgule (« coma », variation de part et d’autre d’un diamètre), le trèfle (« trifoil », variation de part et d’autre de trois hémi-méridiens) à quatre feuilles (« quadrifoil », varia- tion de part et d’autre de quatre hémi-méridiens), les aberrations sphériques (variation entre le centre et la périphérie). Ces déclinaisons dans l’analyse des aberrations optiques sont classiquement calculées par des transformations mathématiques (transformée de Fourier ou catégorisation en polynômes de Zernike). 3. Usages courants principaux Les aberromètres sont surtout utilisés en chirurgie réfractive pour le (re)traitement réfractif personnalisé. Les aberrationsmesuréessontcommuniquéesaulaserréfractif qui peu donc traiter des anomalies plus fines que les simples amétropies sphéro-cylindriques. Ces dispositifs permettent aussi l’évaluation qualitativedesrésultatsobtenus.Ilspermettenteneffetd’explorer la qualité de vision, dans un but diagnostic, d’expertise ou de recherche clinique. Ils peuvent en effet calculer et représenter la vision d’une source lumineuse ponctuelle, telle qu’elle est réellement perçue par un patient dont l’œil présente des aberrations optiques. Cette fonction, qui représente la diffusion optique d’un point, est appelée Point Spread Function (PSF). 4. Conclusion La topographie d’élévation est un examen d’exploration anatomique tandis que l’aberrométrie est un examen d’exploration plutôt fonctionnelle. Références 1. Gatinel D. Topographie cornéenne. Paris : Elsevier Masson SAS, 2009. 2. Bourges JL, Alfonsi N, Laliberte JF, Chagnon M, Renard G, Legeais JM, Brunette I. Average 3-dimensional models for the comparison of Orbscan II and Pentacam pachymetry maps in normal corneas. Ophthalmology 2009;116:2064-71. 3. Assouline M. La chirurgie réfractive. In: Saragoussi J, Colin J, Arné J, Montard M, editors. La chirurgie réfractive. Paris : Masson, 2001:166-81. APODEP 2012 37 14 Pourquoi faire un OCT de cornée ? J L. Bourges I. CLICHÉS POSSIBLES III. UTILITÉ PRATIQUE EN CORNÉE L’OCT de segment antérieur explore la cornée en réalisant des coupes optiques sagittales. Cela suppose une cornée suff isamment translucide pour cela. Les programmes de coupe explorent aussi le segment antérieur et donc les rapports de la cornée avec l’iris et la cristalloïde antérieure. L’OCT de cornée trouve sont utilité : - Dans le bilan lésionnel des kératopathies et quantifie de manière plus objective les éventuels facteurs pronostiques (axe, superficie, localisation, profondeur, implication de la chambre antérieure). Il permet de détenir un document utile au suivi évolutif. - Dans le bilan pré-thérapeutique où il met en évidence les couches impliquées et les couches saines, ce qui n’est pas toujours facile de faire au biomicroscope. - Dans le bilan postopératoire pour objectiver le résultat anatomique. Il permet d’effectuer une comparaison avant/après et d’explorer les possibles complications. II. FONCTIONNALITÉS Il est possible de générer des cartes de pachymétrie en interposant les coupes sagittales. Le dispositif permet d’évaluer la position de plans intracornéens, tels que desinterfacesdedécoupeLASIKparexemple.Lecompas de mesure peut être positionné de manière calibrée. Comme pour le segment postérieur, plusieurs versions sont disponibles. Une version « haute résolution » est proposée avec l’OCT Spectralis®. 1. Conclusion L’OCT de cornée est utile pour les bilans lésionnels (facteur de sévérité), pronostic (score de sévérité, préthérapeutique et le suivi post-opératoire. Références Baudouin C, Puech M, Baikoff G.Atlas d’imagerie du segment antérieur de l’œil en OCT. Clermont-Ferrand : Laboratoires Théa, 2001:166-81. Hay A, Rocher N, Renard G, Bourges JL. Le kératocône en images OCT haute résolution en domaine spectral. J Fr Ophtalmol 2011;34 (sous presse). 38 APODEP 2012 Notes APODEP 2012 39 15-16 Périmétrie : les machines. Comment optimiser son installation ? Y. Lachkar I. INTERPRÉTER LE CHAMPVISUEL BLANC/BLANC,TRUCS ETASTUCES - La périmétrie cinétique : un stimulus est déplacé d’une Le glaucome est une neuropathie optique qui retentit sur le champ visuel. La périmétrie qui doit être réalisée de façon automatisée revêt une importance capitale dans cette pathologie tant du point de vue diagnostique que pour le suivi de cette maladie chronique progressive. Malgré l’essor des analyseurs de nerf optique et des fibres visuelles il semble difficile de se passer d’un relevé du champ visuel tant pour le diagnostic que pour le suivi d’un glaucome primitif à angle ouvert (GPAO). Chaque cas doit cependant être analysé individuellement car dans certaines situations la réalisation d’un champ visuel systématique (tous les 6 mois par exemple) peut être inutile. On peut citer par exemple un patient hypertone bien équilibré par un traitement médical simple avec un champ visuel de départ normal où l’on va privilégier le suivi sur l’analyse du disque optique par rapport à celui du champ visuel en périmétrie automatisé blanc/blanc. Par contre en cas de neuropathie avancée le suivi du champ visuel sera à privilégier par rapport à l’analyse comparative du disque optique. L’autre difficulté est qu’il existe de nombreux appareils de champ visuel et différents programmes à adapter en fonction de la situation clinique de chaque patient. Il n’existe donc pas d’ « équation miracle » applicable à tous les patients pour le diagnostic et le suivi, ce d’autant que nous n’abordons ici que le GPAO. 1. Quel champ visuel ? Le champ de vision est défini par la zone qui est perçue par les deux yeux ouverts. En pratique clinique, chaque œil est testé indépendamment. Les deux principales méthodes pour tester le champ visuel sont : 40 zone non vue du champ visuel vers une zone vue le long d’un méridien. Ce procédé est répété avec le même stimulus le long des autres méridiens généralement espacés de 15°. La luminance et la taille du test sont changées afin de tester des aires de sensibilité lumineuse différentes - La périmétrie statique : la taille et la localisation du test restent constantes. La sensibilité rétinienne ou du seuil, à chaque localisation spécifique, est déterminée en faisant varier l’intensité du spot. La forme de l’îlot de vision est définie en répétant les mesures seuil à différentes localisations du champ de la vision Les tests réalisés avec les programmes de « dépistage » ne permettent pas de suivre un GPAO. Les tests de référence pour le glaucome sont les tests statiques en programme « seuil ». On utilise généralement une taille de spot III (0.43 degré). Le temps de présentation du test est fixe : assez long pour une sommation temporelle maximale et trop bref pour permettre une saccade de contrôle (Octopus 100 ms, Humphrey 200ms). - Périmètre Humphrey, programme 24-2 ou 30-2 ou Octopus 32 : mesure la sensibilité rétinienne de 54 à 76 points dans respectivement les 24 ou 30 degrés centraux. Les points sont testés suivants 3 degrés au dessus et en dessous du méridien horizontal et vertical afin de faciliter la détection de la “ marche nasale”. - Octopus Programme G1 : mesure la sensibilité rétinienne de 73 points ; 59 points dans les 26 degrés centraux (phase 1 et 2) pour le seuil complet et 14 points en périphérie entre les 30 et 60 degrés testés à des niveaux supra-luminaires SITA pour Humphrey- TOP pour Octopus sont des programmes plus récents, rapides, qui permettent de diminuerletempsd’examen.Ondistinguelesprogrammes APODEP 2012 SITA Standard et SITA Fast pour Humphrey et le programmeTop pour Octopus. Ces programmes rapides sont satisfaisants pour le diagnostic et le suivi du glaucome bien que le programme SITA Fast semble moins fiable. Dans les glaucomes avancés les programmes en taille V (Humphrey) et LVC (Octopus) seront à utiliser en complément des programmes maculaires : 10-2 pour Humphrey et dM pour Octopus. Compte tenu de la stratégie de détermination du seuil différente selon chaque programme il est capital pour le suivi d’un glaucome de poursuivre le suivi avec le même type d’appareil (généralement Octopus ou Humphrey) et de garder la même stratégie d’analyse sous peine de voir de « fausses aggravations » ou de « fausses améliorations » survenir. 2. La réalisation pratique Elle doit être réalisée par un médecin ou une orthoptiste. L’explication de la réalisation de l’examen est capitale. Afin d’optimiser l’installation il est possible de pouvoir réaliser ces examens grâce à un pilotage informatique qui permet de vérifier plusieurs examens réalisés en même temps en vérifiant la fixation de chaque patient. Il faut en effet que l’examen soit effectué sous contrôle permanent de quelqu’un de formé afin si besoin d’encourager le patient verbalement sans déranger ou arrêter la machine et reprendre l’examen si cela est nécessaire. La réfraction de près doit être corrigée. Les astigmatismes de plus de 1 dioptrie doivent également être corrigés avec des verres non diaphragmés pour éviter les effets de bords. En cas de réfraction sphérique supérieure à 6 dioptries une correction par lentilles doit être privilégiée. La taille de la pupille doit être au minimum de 3 mm. Le patient doit être correctement installé en vérifiant la position du dos, la mentonnière. Ainsi si le patient est positionné la tête inclinée vers le bas, un faux scotome supérieur peut apparaître. Les messages donnés au patient doivent être clairs en lui expliquant : - De fixer la lumière droit devant, - Puis que des points blancs vont arriver n’importe où sur la coupole et qu’il faudra appuyer sur le bouton à chaque fois qu’il en perçoit un, - Que ceux-ci peuvent être plus ou moins pâles, - Qu’il est normal de ne pas voir tous les points, - Qu’il y aura des bruits qui ne correspondent à aucun stimulus, - Qu’il faut bien fixer au centre sans « aller chercher les points », - Qu’il faut bien battre les paupières pendant l’examen au mieux juste après avoir appuyé sur le bouton. Si le patient à tendance à appuyer trop souvent, il faut lui expliquer d’être sûr d’en avoir vu un et le rassurer en lui précisant que s’il manque un point, l’appareil renverra un signal au même endroit pour être sûr qu’il ne l’a pas vu. Toutes ces explications sont décisives pour la réalisation optimale d’un champ visuel automatisé car il ne faut pas perdre de vue que les conditions de réalisation influencent le résultat et donc en partie des décisions diagnostiques ou des modifications thérapeutiques parfois importantes. 3. Interpréter le champ visuel blanc / blanc : trucs et astuces L’interprétation du champ visuel automatisé est parfois difficile et nécessite un examen systématique des différentes données. Les paramètres à vérifiersontles suivants. - Nom – prénom du patient. - Date de naissance. Elément important car le MD dépend de l’âge du patient en raison d’une perte de sensibilité du champ visuel avec l’âge. - La taille de la pupille. Une petite pupille peut induire une baisse généralisée des seuils. - La réfraction. En cas d’hypermétropie si le verre correcteur est mal placé un « effet de bord » peut apparaître. - Les critères de fiabilité. On peut classiquement tolérer 33 % de faux positifs, 33 % de faux négatifs et 20 % de perte de fixation. On regardera également le seuil fovéal. Si celui-ci est très bas alors que l’acuité visuelle est à 10/10 on suspectera un problème de fiabilité. Ceci peut être également le cas si après un examen rapide des chiffres il y a trop de points au-dessus du seuil fovéal. Ainsi un champ trop clair avec des « scotomes blancs » ou des seuils périphériques à 30 dB sont les meilleurs signes d’une « gâchette facile». Il est ainsi nécessaire de mesurer le seuil fovéal. - Le contrôle de la fixation. Les barres verticales vers le haut traduisent une déviation (supérieure à 10 degrés car la barre est complète) et un ptosis quand la barre part vers le bas. - La durée du test. Classiquement 5 minutes en Sita standard 24-2 , 8-10 minutes en seuil complet. Un examen trop long est rarement fiable. - Echelle de gris. Elle n’est à regarder que rapidement car elle n’est pas fiable et n’a qu’une valeur indicative bien que les patients n’ont tendance à regarder que cette représentation. Il faut se concentrer sur les chiffres. - La cartographie des sensibilités. - Les cartes de déviation : la déviation totale et individuelle en sachant que cette dernière est plus importante pour diagnostiquer l’extension des déficits focaux. Un abaissement significatif du MD provoqué par un APODEP 2012 41 - glaucome s’accompagne presque toujours d’un déficit localisé détectable. C’est un outil indispensable du suivi. Le PSD mesure la rugosité du champ visuel. Il est surtout utile en début d’évolution mais sa sensibilité aux artéfacts diminue son intérêt pour le suivi. Le Glaucoma Hemifield Test (GHT). Cinq groupes de points (clusters) sont individualisés. Ces clusters sont « scorés » à partir des diagrammes de déviation individuelle exprimés de façon statistique. Chaque cluster est alors comparé à son image en miroir par rapport à l’axe horizontal (correspondant à des faisceaux de fibres symétriques par rapport au raphé médian et donc ayant une probabilité faible d’être altérés simultanément). 4. Quels critères diagnostiques pour un déficit glaucomateux ? (en l’absence de pathologie neurologique ou rétinienne pouvant affecter le champ visuel) Le déficit du champ visuel est considéré comme significatif lorsque : - le Glaucoma Hemifield Test est anormal, confirmé à deux champs visuels consécutifs ou, - 3 points déficitaires avec un p< 5% dont au moins un avec un p < à 1% dans des localisations typiques de glaucome à deux champs visuels consécutifs, non contigus avec la tache aveugle, - CPSD < 5% si le champ visuel est normal confirmé sur deux tests consécutifs. 5. Comment classer les déficits ? Il existe de nombreuses méthodes pour classer les déficits du champ visuel dans le glaucome. - Score basé sur l’étendue des déficits et la proximité des déficits par rapport au point de fixation. Hodapp a proposé une classification en 3 stades considérant la valeur du MD, le nombre de points déficitaires et la présence de déficit à l’intérieur des 5° centraux. Ce type de classification nécessite une analyse précise du champ visuel qui peut prendre du temps. • Déficit précoce ° MD < - 6 dB ° moins de 19 points avec p < 5% et moins de 10 points testés avec p < 1% pas ° de déficit supérieur à 15 dB dans les 5 degrés centraux • Déficit modéré ° MD < - 12 dB ° moins de 38 points déficitaires avec p < 5% et moins de 20 points testés avec p < 1% pas ° de déficit absolu (O dB) dans les 5 degrés centraux ° pas plus d’un hémichamp ayant dans les 5 degrés centraux des points déficitaires supérieurs à 15dB 42 • Déficit avancé ° MD < - 12 dB ° plus de 37 points déficitaires avec p < 5% et/ou plus de 20 points avec p< 1% ° présence de déficit absolu (0 dB) dans les 5 degrés centraux présence de points dans les 5 degrés centraux avec ° des déficits supérieurs à 15 dB dans les deux hémichamps - Classification basée sur le nombre et la profondeur des déficits L’AGIS(AdvancedGlaucomaInterventionStudy)propose une classification où les déficits du champ visuel sont basés sur le nombre et la profondeur de déficits adjacents dans les hémichamps supérieur et inférieur ainsi que dans l’aire nasale calculée sur la déviation totale en analyse Statpac 2. Un score allant de 0 (pas de déficit) à 20 (tous les points testés sont déficitaires) est alors établi. Ce système est précis mais il est peut être trop élaboré pour une utilisation routinière. Il existe d’autres classifications basées sur les valeurs numériques - Il faut également souligner que les indices de périmétrieproposésparFlammersurlespérimètresOctopus sont disponibles sur d’autres périmètres (Humphrey). Les indices les plus intéressants sont la sensibilité moyenne (MS), ladéviation moyenne(MD), lavariance (LV), les déviations individuelles (PSD = pattern standard deviation), la fluctuation à court terme (SF= short-term fluctuation), la variance corrigée (CLV et CPSD = corrected pattern standard deviation). Différents indices peuvent être utilisés pour classer les déficits glaucomateux. Il faut cependant noter que la CLV est élevée dans les stades débutants de glaucome et que le degré d’élévation de la CLV ne varie pas lorsque le déficitdu champ visuelaugmente comme l’indique le MD. Un système classant les déficits glaucomateux a été proposé utilisant le CLV et le MD avec un index combinant les deux. Le CLV s’est montré plus sensible dans les stades de glaucomes débutants. Le MD s'est montré plus sensible pour la progression du champ visuel mais pas très intéressant pour les déficits précoces. Il peut être avantageux de combiner ces deux indices du champ visuel afin d’avoir une meilleure approche du déficit du champ visuel en cas de glaucome. - Stade basé sur les “ pistons ” Statpac Shin a développé un système pour la classification des champs visuels glaucomateux basé sur les valeurs numériques moyennes. Les champs visuels sont représentés sur des pistons sur les périmètres Humphrey et sont classés suivant le minimum, la limite inférieure et la moyenne. Les déficits du champ visuel peuvent être classés en 5 stades majeurs et 5 mineurs. Cette méthode APODEP 2012 objective permet de classer l’étendue du champ visuel mais n’indique pas son type. Cette classification se rapproche de celle de Bebie qui reclasse les points du meilleur au moins bon. Notes L’interprétation des champs visuels automatisés dans le glaucome est complexe et a fait l’objet de nombreux ouvrages. Elle nécessite une bonne connaissance des différents programmes et paramètres proposés. Le champ visuel reste cependant un examen complémentaire qui ne permet pas a lui seul d’établir un diagnostic de glaucome chronique à angle ouvert et l’interprétation doit toujours être réalisée en fonction du contexte clinique et notamment de la concordance des déficits retrouvés avec l’analyse clinique du nerf optique. 6. Messages - Le champ visuel doit être réalisé en périmétrie automatisée en programme « seuil » (éviter le programme « dépistage »). - L’examen doit être réalisé sous contrôle permanent par un professionnel avec des instructions claires et précises. - Une check- list de paramètres à vérifier doit être réalisée avant d’interpréter le résultat du champ visuel. - Le type de champ visuel et la stratégie doivent être choisis en fonction de chaque cas. - Le suivi doit être réalisé avec le même type d’appareil (Humphrey ou Octopus) avec la même stratégie à chaque examen si l’on veut analyser une progression. - Les résultats doivent être confrontés avec l’examen clinique ; interrogatoire, PIO, pachymétrie, gonioscopie, analyse du nerf optique etc. … Références Bebie H, Flammer J, Bebie Th. The cumulative defect curve: separation of local and diffuse components of visual field damage. Graefe’s Arch Clin Exp Ophthalmol 1989 ; 227 :9-12. European Glaucoma Society. Terminology and guidelines for glaucoma. Dogma Eds 2009. Flammer J.The concept of visual field indices. Graefe’sArch Clin Exp Ophthalmol 1986; 224:389-92. Heijl A, Bengtsson B. The effect of perimetric experience in patients with glaucoma. Arch Ophthalmol 1996; 114:19-22. Hodapp E, Parrish IIRK, Anderson DR. Clinical decision in glaucoma. St Louis: CV Mosby Comp, 1993; 52-61. ShinYS, Suzumura H, Furuno H et al Classification of glaucomatous visual field defect using teh Huphrey field analyser box-plots. In Mills RP, Hedds A (eds) Perimetry Update Kugler 1991 ;235-43 The Advanced Glaucoma Intervention Study Investigators: Advanced Glaucoma Intervention Study. Visual field test scoring and reliability. Ophthalmology 1994; 101:1445-55. APODEP 2012 43 17 Les champs visuels bleu/jaune et à doublage de fréquence A. Bron 3. Les cellules de la voie parvocellulaire I. POURQUOI La périmétrie statique automatisée assistée par ordinateur blanc/blanc est l’examen standard pour l’exploration de la neuropathie glaucomateuse aujourd’hui. Cette technique réunit beaucoup de qualité mais son point faible est sa faible sensibilité. En effet il a été démontré qu’il faut au moins 30% de perte des cellules ganglionnaires en périphérie et jusqu’à 50% au centre pour commencer à voir apparaître un scotome au champ visuel blanc/blanc. Dès lors les spécialistes du champ visuel ont essayé de bâtir des stratégies plus sensibles, c’est-à-dire capables de détecter les altérations glaucomateuses plus précocement que le champ visuel blanc/blanc. L’on va dès lors gagner en sensibilité (identification théoriquement plus précoce des déficits du champ visuel), mais l’on va créer des faux positifs dus à la faible spécificité, sources de faux diagnostics, de temps passé et d’angoisse générée pour les patients. Ces techniques reposent sur des bases anatomiques et physiologiques encore discutées aujourd’hui. 4. Les cellules de la voie magnocellulaire Elles se projettent dans la partie ventrale du corps genouillé latéral (couches 1 à 2) et elles codent pour la perception des mouvements, la vision binoculaire et une résolutionspatialebasseavecunesensibilitéauxcontrastes élevée. Elles sont peu nombreuses (10% environ) et comportent plusieurs sous-populations. Les cellules et les champs récepteurs sont plus grands et elles sont explorées par plusieurs types de périmètries FDT, Matrix (Carl Zeiss Meditec® et HEP (Heidelberg®). II. COMMENT 1. Rappels 1. La périmétrie bleu/jaune Les cellules ganglionnaires au nombre de un million environ possèdent des différences fonctionnelles et structurelles.Ainsi l’on distingue classiquement la voie parvocellulaire, la voie magnocellulaire et la voie koniocellulaire. Elle utilise un stimulus violet sur un fond jaune, le but étant de stimuler électivement les cônes bleus (stimulus violet) en éteignant les autres populations de cônes (fond jaune). Le stimulus est à 440 nm, d’une durée de 200ms et d’une taille V de Goldmann. Les tests 30-2, 24-2 et 10-2 sont disponibles et une version SITA est disponible. La variabilité est plus grande et les déficits plus étendus qu’avec la périmétrie blanc/blanc. 2. Les cellules de la voie koniocellulaire Elles se projettent dans la partie ventrale du corps genouillé latéral et elles codent pour le canal bleu/jaune ; leur faible nombre et leur destruction précoce dans les glaucomes en font une cible idéale pour dépister les altérations fonctionnelles précoces des glaucomes. La périmétrie bleu/jaune (SWAP enAnglais) explore cette voie plus spécifiquement. 44 Elles se projettent dans la partie dorsale du corps genouillé latéral (couches 3 à 6) et elles codent pour la perception des couleurs, la vision fine, la reconnaissance des formes et une sensibilité aux contrastes basse avec une résolution spatiale élevée. Les cellules et les champs récepteurs sont plus petits et elles sont explorées par le champ visuel blanc/blanc. Elles sont de loin les plus nombreuses et particulièrement dans la rétine centrale. Les cinq trucs du bleu/jaune - Ne remplace pas le blanc/blanc - Plus difficile à réaliser que le champ visuel blanc/blanc - Très influencé par l’opalescence cristallinienne ; en pratique après 50 à 60 ans peu d’intérêt APODEP 2012 - Principale indication : l’hypertonie du sujet jeune pour dépister un glaucome prépérimétrique Autre indication : papille et fibres optiques suspectes, blanc/blanc normal (dissociation structure fonction). 4. La périmétrie à illusion en forme de cercle (FDF) Tout nouveau sur le marché, ce dispositif compact permet en plus de l’exploration classique blanc/blanc une exploration de la voie magnocellulaire. Il est aussi possible de superposer les champs visuels à la structure (HRT). 2. La périmétrie à fréquence doublée (FDT) Elle explore une sous-population de la voie magnocellulaire, les cellules My (environ 15 à 20% des cellules de cette voie). Ces cellules ganglionnaires seraient touchées plus précocement, mais cela reste discuté. Le FDT a été la première machine commercialisée de ce type et plus récemment le Matrix. Le principe décrit par Kelly en 1966 repose sur la perception double de barres blanches et noires lorsqu’elles sont présentées à une fréquence spatiale basse et une fréquence temporelle élevée. Pour le FDT 16 champs de 10 degrés de côté sont explorés avec un champ visuel central de 5 degrés. Un programme de dépistage très rapide (moins d'une minute) et un programme de seuil sont disponibles (deux à trois minutes). La sensibilité atteint 90% avec une spécificité fixée à 95% ; elle est un peu moins bonne pour les glaucomes très débutants. Les cinq trucs du FDT - Ne remplace pas le blanc/blanc - Beaucoup plus facile que le champ visuel blanc/blanc ; 50 secondes en mode dépistage et 3 minutes en mode seuil (très apprécié des enfants !), et on utilise ses propres lunettes ! De plus, pas très cher à l’achat - Peu influencé par l’opalescence cristallinienne ; en pratique intérêt chez le sujet d’âge mûr - Principale indication : l’hypertonie du sujet après 50 ans pour dépister un glaucome prépérimétrique et glaucome équivoque. 3. La périmétrie à fréquence doublée (Matrix) Cette machine mise sur le marché plus récemment est basée sur le même principe que le FDT avec des améliorations sensibles. - Contrôle de la fixation par écran vidéo - Programmes plus nombreux - Points explorés plus nombreux similaires à la périmétrie blanc blanc - Devrait permettre de documenter la progression de façon plus fiable. III. QUAND Ces examens ne sont pas à demander en routine. Ils sont utiles pour dépister un déficit campimétrique avant l’atteinte du champ visuel blanc/blanc (glaucome prépérimétrique). 1. Principales indications - Chez les patients à risque de développer un glaucome Chez les patients hypertones oculaires En dépistage de masse pour le FDT. 2. Autres indications - Chez les enfants un FDT est plus facile à réaliser qu’un champ visuel blanc/blanc Dans les pathologies non glaucomateuses où l’atteinte de la voie magnocellulaire est suspectée (dyslexie par exemple). 3. Mauvaises indications - Un champ visuel bleu/jaune sera fortement influencé par une cataracte même débutante ou une myopie moyenne. Références Delgado MF, Nguyen NT, Cox TA et al. Automated perimetry: a report by the American Academy of Ophthalmology. Ophthalmology 2002;109:2362-74. Kerrigan-Baumrind LA, Quigley HA, Pease ME, Kerrigan DF, Mitchell RS. Number of ganglion cells in glaucoma eyes compared with threshold visual field tests in the same persons. Invest Ophthalmol Vis Sci 2000 ; 41 : 741-8. Landers JA, Goldberg I, Graham SL. Detection of early visual field loss in glaucoma using frequency-doubling perimetry and short-wavelength automated perimetry. Arch Ophthalmol 2003;121:1705-10. Leeprechanon N, GiangiacomoA, Fontana H, Hoffman D, Caprioli J. Frequency doubling perimetry : comparison with standard automated perimetry to detect glaucoma. Am J Ophthalmol 2007;143:263-271. Medeiros FA, Sample PA,Weinreb RN. Frequency doubling technology perimetry abnormalities as predictors of glaucomatous visual field loss.Am J Ophthalmol 2004;137:863-71. Quinn LM, Gardiner SK, Wheeler DT, Newkirk M, Johnson CA. Frequency doubling technology perimetry in normal children. Am J Ophthalmol 2006;142:983-9. Van der Schoot J, Reus NJ, Colen TP, Lemij HG. The ability of short-wavelength automated perimetry to predict conversion to glaucoma. Ophthalmology 2010;117:30-4. APODEP 2012 45 18 Stratégie de surveillance des champs visuels, les logiciels de progression A. Bron La progression du champ visuel peut être définie comme une dégradation de la sensibilité rétinienne qui est reproductible, qui s’affranchit de la variabilité de l’examen et qui reflète la dégradation vraie rattachée à la maladie glaucomateuse. I. POURQUOI Le glaucome est la maladie du changement. Il est possible aujourd’hui d’évaluer relativement facilement les altérations liées au glaucome à un instant donné. La structure est analysée par l’étude de la papille et des fibres optiques et la fonction est principalement étudiée par le champ visuel. Mais apprécier l’évolution du glaucome dans le temps est bien plus délicat (1). Ce suivi permet d'évaluer l'efficacité du traitement et de l’intensifier s'il est jugé insuffisant, c’est donc dire l’importance de documenter correctement et de la façon la plus fiable possible la progression pour éviter au patient une escalade thérapeutique avec des conséquences parfois lourdes. Le champ visuel n’est donc qu’une partie des paramètresquipermettentdesuivreunglaucome,soninterprétation ne peut pas être séparée de l’analyse de la papille et des fibres visuelles. Mais la dissociation entre la structure et la fonction sont bien documentées, l’étude de la progression de l’une ou de l’autre ne mesure pas les mêmes paramètres (3), il est donc utile et nécessaire de les confronter. 1. Pourquoi la progression est-elle si difficile à mettre en évidence ? a. La variabilité De nombreux facteurs influent sur le résultat du champ visuel. Il ne faut pas oublier que le champ visuel est un examen psychométrique qui fait appel au patient luimême, à son temps de réponse. Ces phénomènes sont complexes et comprennent l'effet de fatigue, l'effet d'ap- 46 prentissage, avec des paramètres organiques comme la taille de la pupille, la réfraction utilisée et le degré d'opalescence du cristallin (5). Cette fluctuation intervient au cours du même examen : c'est ce qu'on appelle la fluctuation à court terme. Entre plusieurs examens, elle est également variable et correspond aux fluctuations à long terme. C'est donc dire si un résultat pris seul et non confirmé peut conduire à de fausses interprétations (6). Par exemple, dans l'OHTS, plus de 85 % des changements du champ visuel n'ont pas été confirmés dans les champs visuels suivants (7). En pratique, il faut disposer de plusieurs champs visuels pour affirmer un changement réellement en rapport avec la maladie glaucomateuse (8). b. La topographie La variabilité augmente avec l'excentricité des points testés. c. Le stade de la maladie Plus la maladie est avancée, plus la variabilité est importante (9). Il a été bien montré par exemple que le nombre de faux négatifs était augmenté dans les stades avancés des glaucomes au niveau des zones scotomateuses. II. COMMENT L’usage a consacré le terme de progression qui emprunté à l’Anglais signifie en fait une dégradation. Observer la progression d’un patient donné pour un glaucome donné passe donc par deux étapes : - Documenter la progression - Déterminer le taux de progression, c’est-à-dire la rapidité à laquelle le champ visuel se dégrade (2) Il n'y a pas de méthode établie et si la périmétrie automatique est actuellement considérée comme un standard, il n'en va pas de même des méthodes utilisées pour la progression du champ visuel. Il y a plusieurs méthodes APODEP 2012 très différentes, ce qui indique qu'aucune n'est réellement satisfaisante en pratique, et il est utile d’en utiliser plusieurs à la fois. 1. Le jugement clinique Il s'agit d'une observation éminemment subjective de comparaison des champs visuels. Elle a l'avantage d'être rapide, non coûteuse, et peut s'adapter aux différents appareils sur le marché. Par contre, sa subjectivité en fait son principal défaut. En effet, le jugement est établi sur différents paramètres du champ visuel comme les indices ou bien les échelles de gris qui sont très trompeuses. C’est vraisemblablement la plus utilisée en pratique, mais c’est également la moins fiable. 2. Les scores Toutes les grandes études cliniques publiées ces dernières années ont utilisé leur propre système de classification. Il est très différent d'une étude à l'autre et pas forcément superposable (9). Ils ne sont pas utilisés en clinique courante. 3. Les analyses de tendance (trend analysis) Les analyses de tendance utilisent les différents indices fournis par le champ visuel et les comparent dans le temps aux champs visuels initiaux. Il s’agit d’une régression linéaire qui est fournie dans la plupart des logiciels accompagnant les périmètres sur le marché. La perte moyenne de la sensibilité rétinienne (moyenne de tous les points testés le plus souvent appelée MD pour mean defect) est la plus utilisée. Une variante plus récente est l’utilisation du VFI (Visual Field Index) qui est en gros similaire au MD, mais s’exprime en pourcentage résiduel de la sensibilité rétinienne (12). - Avantages : • Elle prend en compte toute l’information des champs visuels réalisés pendant le suivi Sa • compréhension est simple et intuitive • Bonne spécificité - Inconvénients : • Sensible à la cataracte • La progression n’est pas toujours linéaire ; ainsi la régression linéaire correspondrait à 75 % des évolutions de patients glaucomateux (13) • Elle nécessite au moins 6 à 8 champs visuels ce qui ne permet pas de traquer une progression précocement • Sensibilité moyenne Une méthode plus fine est la régression linéaire effectuée sur chacun des points et non plus sur le MD (point wise linear regression analysis (14)). Ce type d'examen est disponible dans le programme Progressor (15) ou dans le programme Peridata. 4. Les analyses d'événements (event analysis) Elles sont basées sur un modèle statistique où un changement dans le champ visuel est significatif s'il intervient dans les classiques 5 %. En bref, un champ visuel donné est comparé par rapport aux deux champs visuels initiaux. Chaque point est comparé par rapport à un groupe de glaucomes qui ne progressent pas. Si la différence se situe au delà de la variabilité inter test (sorte de bruit de fond), alors cette différence est statistiquement significative. Ce programme est disponible sur le programme Deltade l'Octopus ou surleGlaucomaChange Probability (GCP) qui est disponible dans Statpac2 pour la machine Humphrey. Plus récemment chacun des deux constructeurs a livré une suite plus sophistiquée, GPA pour Carl Zeiss Meditec ® (http://www.meditec.zeiss.com/) et PeriTrend et Eye Suite pour Octopus Haag-Streit ® (http://www.haag-streit.com/). - Avantages : • L'avantage théorique de cette méthode est qu'elle nécessite moins de champs visuels, deux à trois pour confirmer le changement Elle détecterait une progression plus rapidement • • Bonne sensibilité. - Inconvénients : • Elle fait appel à des notions statistiques par forcément intuitives ! • Le comparateur essentiel est le champ visuel initial. Or il n’est pas toujours fiable à cause de l’effet d’apprentissage. Généralement on en utilise plutôt deux pour augmenter cette fiabilité • Spécificité moyenne 5. Quelques conseils pour évaluer la progression sur les champs visuels - - APODEP 2012 Bien posséder ses fondamentaux de lecture et d’interprétation d’un champ visuel quel que soit le constructeur (16). Réduire la variabilité en augmentant la fiabilité des examens par des méthodes simples comme la mise en confiance du patient, les bonnes explications données et la présence permanente d'une personne qualifiée pendant l'examen. Faire plus de champs visuels pour un nouveau patient afin d’avoir une bonne base de comparaison pour l’avenir et afin de traquer une progression plus fine (8). Préférerdesstratégiespluscourtescommeleprogramme SITA, car la durée d'examen moins longue permet une meilleure fiabilité des données (17). Bien lire les notices des constructeurs, aller sur leur site où l’on trouve des explications très bien faites et pratiques. 47 - Enfin, il faut comparer les données du champ visuel aux données de la papille et de l'histoire clinique. On traite un patient et non pas un champ visuel ! IV. QUAND - Chaque fois que l’on veut évaluer la stabilité ou la progression d’un patient suivi pour un glaucome Chaque fois que l’on veut évaluer la stabilité ou la conversion d’un hypertone oculaire vers un glaucome Ne s’applique pas aux neuropathies optiques non glaucomateuses. Références 1. Chang RT, Budenz DL. Diagnosing glaucoma progression. Int Ophthalmol Clin 2008;48:13-28. 2. Caprioli J. The importance of rates in glaucoma. Am J Ophthalmol 2008;145:191-2. 3. Hood DC, Kardon RH.A framework for comparing structural and functional measures of glaucomatous damage. Prog Retin Eye Res 2007;26:688-710. 4. Katz J, Gilbert D, Quigley HA, Sommer A. Estimating progression of visual field loss in glaucoma. Ophthalmology 1997;104:1017-25. 5. Spry PG, Johnson CA. Identification of progressive glaucomatous visual field loss. Surv Ophthalmol 2002;47:158-73. 6. Lee AC, Sample PA, Blumenthal EZ, Berry C, Zangwill L, Weinreb RN. Infrequent confirmation of visual field progression. Ophthalmology 2002;109:1059-65. 7. Keltner JL, Johnson CA, Quigg JM, Cello KE, Kass MA, Gordon MO. Confirmation of visual field abnormalities in the Ocular Hypertension Treatment Study. Ocular Hypertension Treatment Study Group. Arch Ophthalmol 2000;118:1187-94. 8. Chauhan BC, Garway-Heath DF, Goni FJ, et al. Practical recommendations for measuring rates of visual field change in glaucoma. Br J Ophthalmol 2008;92:569-73. 9. Giangiacomo A, Garway-Heath D, Caprioli J. Diagnosing glaucoma progression: current practice and promising technologies. Curr Opin Ophthalmol 2006;17:153-62. 10. Katz J. Scoring systems for measuring progression of visual field loss in clinical trials of glaucoma treatment. Ophthalmology 1999;106:391-5. 11. Anderson DR, Chauhan B, Johnson C, Katz J, Patella VM, Drance SM. Criteria for progression of glaucoma in clinical management and in outcome studies.Am J Ophthalmol 2000;130:827-9. 12. Bengtsson B, Heijl A. A Visual Field Index for Calculation of Glaucoma Rate of Progression. Am J Ophthalmol 2007. 13. Kwon YH, Kim CS, Zimmerman MB, Alward WL, Hayreh SS. Rate of visual field loss and long-term visual outcome in primary open-angle glaucoma. Am J Ophthalmol 2001;132:47-56. 14. Gardiner SK, Crabb DP. Examination of different pointwise linear regression methods for determining visual field progression. Invest Ophthalmol Vis Sci 2002;43:1400-7. 15. Fitzke FW, Hitchings RA, Poinoosawmy D, McNaught AI, Crabb DP. Analysis of visual field progression in glaucoma. Br J Ophthalmol 1996;80:40-8. 16. Nordmann J. Périmétrie automatique. Edit Chauvin Bausch & Lomb, Montpellier. 2001;150 p. 17. Tan JC, Franks WA, Hitchings RA. Interpreting glaucoma progression by white-onwhite perimetry. Graefes Arch Clin Exp Ophthalmol 2002;240:585-92. 48 APODEP 2012 Notes Notes APODEP 2012 49 19 Champ visuel en neuro-ophtalmologie : Goldmann ou Humphrey ? D. Miléa L'étude des champs visuels en neuro-ophtalmologie a pour but de localiser une lésion sur la voie optique : préchiasmatique, chiasmatique ou rétro-chiasmatique. Un deuxième but est de surveiller une lésion connue, en évaluantl'aggravation d'undéficitcampimétrique, parfois plus sensible qu'une neuro-imagerie inadéquate. Le vieux débat : périmétrie cinétique (par ex Humphrey) vs périmétrie statique (par ex Goldmann) est aujourd'hui probablement désuet, pour plusieurs raisons : - le choix de la stratégie dépend de l'état de coopération du patient, - la stratégie choisie dépend également de la disponibilité des appareils, - il existe des nouveaux dispositifs qui permettent le couplage des deux techniques. I. CIRCONSTANCES QUI FONT FAVORISER LA RÉALISATION D'UN CHAMP VISUEL DE GOLDMANN - Nécessité absolue d'explorer la périphérie du champ visuel (recherche d'un scotome de Traquair, par exemple), Nécessité de réaliser un examen rapide, si patient peu coopérant. Globalement, la périmétrie automatisée tend à remplacer la périmétrie cinétique et certaines études affirment même sa supériorité en neuro-ophtalmologie (1). III. LESAVANTAGES DE LA PÉRIMÉTRIE STATIQUE SONT LES SUIVANTS - Caractère standardisé de l’exploration, indépendant de l'opérateur, - existence des indices "fiabilité", - quantification précise des déficits, - possibilité de réaliser des études quantitatives, - étude fine du champ visuel central, qui est le plus souvent affecté lors d'une neuropathie optique, - moyen fiable de surveillance des altérations campimétriques rencontrées dans les hypertensions intracrâniennes (idiopathiques ou non). De nouvelles techniques, comme la périmétrie pupillaire ou la périmétrie bleu/jaune pourront avoir un nouvel essor en neuro-ophtalmologie, pendant les années à venir (2,3). Références II. INCONVÉNIENTS DU CHAMPVISUEL DE GOLDMANN - 50 Exploration très opérateur-dépendante, Exploration non reproductible, Exploration imparfaite du champ visuel central. 1. Szatmary G, BiousseV, Newman NJ. Can Swedish interactive thresholding algorithm fast perimetry be used as an alternative to goldmann perimetry in neuro-ophthalmic practice? Arch Ophthalmol 2002;120:1162-73. 2. Corallo G, Cicinelli S, Papadia M, Bandini F, Uccelli A, Calabria G. Conventional perimetry, short-wavelength automated perimetry, frequency-doubling technology, and visual evoked potentials in the assessment of patients with multiple sclerosis. Eur J Ophthalmol 2005;15:730-8. 3. Hong S, Narkiewicz J, Kardon RH. Comparison of pupil perimetry and visual perimetry in normal eyes: decibel sensitivity and variability. Invest Ophthalmol Vis Sci 2001;42:957-65. APODEP 2012 Notes APODEP 2012 51 20 Quand l'électrophysiologie nous aide D. Miléa Les explorations électrophysiologiques visuelles (potentiels évoqués visuels, électrorétinogramme global, multifocal, électro-oculogramme), sont des explorations fonctionnelles qui ont comme mission d'évaluer la fonction visuelle, en complément d'un examen clinique préalable rigoureux. I. QUELQUES GRANDS PRINCIPES QUI DOIVENT ÊTRE RESPECTÉS LORS DE LA PRESCRIPTION ET L'INTERPRÉTATION DESEXAMENSD'ÉLECTROPHYSIOLOGIE 1. EOG L’EOG renseigne sur le fonctionnement global de l’épithélium pigmentaire (EP), mais sous réserve d'un fonctionnement normal de la rétine. La réalisation d'un ERG est indispensable avant toute interprétation de l’EOG (1). Les anomalies retrouvées à l’EOG sont le plus souvent associées à des anomalies de l’ERG (à l'exception de la maladie de Best, ou seul l'EOG est anormal). L’EOG peut être plus précocement atteint que l’ERG. 2. ERG ERG global : évaluation globale de la fonction rétinienne, donc pas d'évaluation topographique précise. Les indications de l'ERG global sont nombreuses, à la recherche d'une atteinte rétinienne : - en neuro-ophtalmopédiatrie, à la recherche d'une atteinte rétinienne, - recherche d'une rétinopathie pigmentaire infraclinique, - recherche d'autres pathologies rétiniennes atteignant spécifiquement les bâtonnets • amaurose congénitale de Leber • dystrophie des cônes, dystrophie cone-rod ou rodcone - bilan d’une baisse d’acuité visuelle inexpliquée. 52 L'ERG pattern est un moyen pour explorer le fonctionnement des cônes maculaires et des cellules ganglionnaires en rapport avec ces photorécepteurs, (onde P1). L'ERG multifocal explore spécifiquement la région rétinienne centrale et peut révéler des anomalies maculaires en cas d’ERG global normal. Indications : intoxication rétinienne aux anti-paludéens de synthèse au stade pré-clinique, maladie de Stargardt au stade où l’ERG Ganzfeld est encore normal, toutes les pathologies maculaires dans lesquelles le fond de l'œil ou l’ERG global peuvent être dans les limites de la normale. 3. PEV Les potentiels évoqués visuels (PEV) représentent les enregistrements des réponses électriques engendrées au niveau du cortex occipital (principalement au niveau de l'aire visuelle primaire) (2). Ils explorent essentiellement l’aire rétinienne maculaire et les voies de conduction visuelles qui lui sont associées. Il existe deux types de PEV, selon la stimulation visuelle utilisée : - des flashes (PEV flashes), constituent une étude globale, pas très fine, de l’ensemble des voies de conduction, - des damiers alternants (PEV damiers), étudient les réponses engendrées par des tailles différentes des stimuli visuels et qui permettent d'explorer la zone ou la projection périmaculaire (taille du détail stimulant de 60 minutes d’arc), la zone maculaire (30 min d'arc) et la zone fovéolaire (15 min d'arc). Lors de l’interprétation des résultats, la principale onde analysée est l’onde positive P1 pour les PEV flashes (temps de culmination vers 60 ms) et l'onde P100 pour les PEV damiers (temps de culmination vers 100 ms). Toutes les réponses sont analysées en fonction des normes du laboratoire. Les principaux paramètres analysés sont les temps de culmination et les amplitudes des ondes. APODEP 2012 L’analyse des PEV ne permet pas de distinguer une atteinte rétinienne centrale d’une atteinte du nerf optique. Pour cette raison,les PEV doivent toujours être associés à la réalisation d’une exploration de la rétine (électrorétinogramme). Les PEV ne permettent pas d’identifier la cause du ralentissement de la conduction au sein des voies visuelles, même si l’allongement des latences est plus souvent évocateur d’une atteinte démyélinisante. Notes Indications des PEV : - évaluation de la fonction visuelle des enfants ayant un retard psychomoteur, - évaluation de la fonction d’un nerf optique lors d’une suspicion de sclérose en plaques, - suspicion d’une atteinte visuelle fonctionnelle, nonorganique, - baisse d’acuité visuelle inexpliquée. Références 1. Brown M, Marmor M, Vaegan, Zrenner E, Brigell M, Bach M. ISCEV Standard for Clinical Electro-oculography (EOG) 2006. Doc Ophthalmol 2006;113:205-12. 2. Holder GE, Gale RP, Acheson JF, Robson AG. Electrodiagnostic assessment in optic nerve disease. Curr Opin Neurol 2009;22:3-10. 3. Ingster-Moati I,Tepenier L. Bases des Explorations. ElectrophysiologiquesVisuelles Cliniques, 2008. APODEP 2012 53 21 Imagerie cérébrale fonctionnelle D. Miléa L’imagerie cérébrale fonctionnelle (tomographie par émission de positons, IRM fonctionnelle) repose sur l’idée que les fonctions motrice, sensitive, sensorielle ou cognitive peuvent être assignées à une ou plusieurs régions anatomiques corticales distinctes, souvent activées en réseaux. L’utilisation de l’IRM fonctionnelle a été possible après la découverte du contraste lié à la déoxyhémoglobine, permettant des applications dans le domaine des neurosciences, mais aussi en clinique, notamment en neurochirurgie. L’IRM fonctionnelle a permis ces dernières années une caractérisation précise de la rétinotopie corticale au niveau du cortex visuel (1), à la fois chez le sujet sain (2), mais aussi après des lésions des voies visuelles afférentes,enexpliquantenpartielesphénomènesdeplasticité cérébrale qui surviennent après une baisse visuelle. Des pathologies ophtalmologiques commencent à être étudiées en imagerie fonctionnelle, montrant que cette plasticité ne s'opère pas pour toutes les pathologies (3). L'IRM fonctionnelle a permis par ailleurs l’identification des structures cérébrales impliquées dans le contrôle cortical de l’oculomotricité. L'imagerie cérébrale fonctionnelle peut être couplée à des nouvelles techniques de tractographie, qui mettent en évidence les connections axonales entre les différents réseaux cérébraux impliqués dans la vision. En conclusion,l’imagerie fonctionnelle permet d’aller au-delà de l'étude de la structure, en étudiant le cerveau « en fonction ». Références 1. Warnking J, Dojat M, Guerin-Dugue A, Delon-Martin C, Olympieff S, Richard N, Chehikian A, Segebarth C. fMRI retinotopic mapping--step by step. Neuroimage 2002;17:1665-83. 2. Sayres R, Grill-Spector K. Relating retinotopic and object-selective responses in human lateral occipital cortex. J Neurophysiol 2008;100:249-67. 3. Duncan RO, Sample PA, Weinreb RN, Bowd C, Zangwill LM. Retinotopic organization of primary visual cortex in glaucoma: Comparing fMRI measurements of cortical function with visual field loss. Prog Retin Eye Res 2007;26:38-56. 54 APODEP 2012 Notes 22-23 Microscopie confocale cornéenne et imagerie clinique de l’endothélium J L. Bourges I. MICROSCOPIE CONFOCALE CORNÉENNE Son principe repose sur le balayage laser du tissu cornéen. Il s’agit d’un laser de classe 1, l’exploration « in vivo » est donc permise. Le signal émis est alors collimaté pour la profondeur voulue et seul un plan de coupe est donc exploré. L’avantage d’utiliser un laser de longueur d’onde élevée (rouge) est qu’il est possible d’obtenir des images à travers des tissus opaques à la lumière (taies cornéennes par exemple). Le niveau de résolution de l’appareil est histologique. Il permet d’explorer toutes les couches cellulaires, d’évaluer la matrice cornéenne et de mesurer l’épaisseur cornéenne. Le dispositif est contact. Il est donc un peu invasif et nécessite une anesthésie topique ainsi qu’une certaine collaboration du patient. La réalisation de l’examen est chronophage. Elle demande une courbe d’apprentissage. L’acquisition n’est pas toujours réalisable du fait de ces inconvénients. II. EXPLORATION ÉPITHÉLIALE ET DE LA COUCHE DE BOWMAN Les dystrophies épithéliales sont particulièrement bien explorées. Il est possible par exemple de faire le diagnostic de certitude de la dystrophie de Cogan. Ce n’était plus possible depuis l’avènement de la photokératectomie thérapeutique et la disparition subséquente des échantillons de couche de Bowman pathologiques. Les dystrophies de Reis-Bückler peuvent être finement caractérisées. III. EXPLORATION DU STROMA ET DE LA MATRICE CORNÉENNE Les lamelles de collagène normal sont mal examinées par cette technique et elles sont vues le plus souvent lorsqu’elles sont pathologiques ou œdémateuses. En revanche, les nerfs, kératocytes, cellules stromales résidentes ou inf iltrantes ainsi que les vaisseaux sont parfaitement explorés. Il est possible de quantifier la cellularité stromale kératocytaire ou d’évaluer l’activation de ces cellules en fonction du signal qu’elles montrent. IV. EXPLORATION DE L'ENDOTHÉLIUM 1. Exploration clinique de la physiologie endothéliale Un endothélium adulte normal possède environ 700 000 cellules en nombre absolu. La densité cellulaire endothéliale varie entre 2000 et 2500 cellules/mm². Elle augmente de 10% en périphérie et évolue avec le temps. Le seuil de décompensation œdémateuse est de 800 cellules/mm². L’exploration clinique débute par l’exploration de la physiologie endothéliale avec l’interrogatoire du patient et le relevé des fluctuations nycthémérales de l’acuité visuelle. L’examen biomicroscopiquerecherche deszones œdémateuses, débutantes en stroma postérieur et dans l’aire centrale. Une hypoxie endothéliale peut entraîner une « Blebbing » transitoire. La mesure et le suivi pachymétrique central, qui dépend de l’hydratation stromale, est un bon moyen indirect de quantifier la fonction endothéliale. Elle peut être ultrasonore ou topographique, avec une meilleure valeur pronostique démontrée (1). 2. Exploration clinique de la morphologie endothéliale L’exploration morphologique la plus facile est réalisée par la biomicroscopie à un grossissement x 40, en inclinant la fente lumineuse à 30° et en focalisant l’observation sur la zone endothéliale de réflexion spéculaire, juste à côté du reflet épithélial éblouissant. Cet examen estime la densité cellulaire endothéliale (DES en c/mm²) dans APODEP 2012 55 des plages grossières allant de « <800 » à « autour de 1000 », « entre 1000 et 1800 » ou « >1800 ». Il permet en outre d’observer l’aspect cellulaire (pleiomorphisme, polymégètisme, gouttes/vésicules/cordes, dépôts, décollement).Aucune chirurgie de la cataracte ne devrait être encore pratiquée sans que le chirurgien n’ait au moins évalué l’endothélium de son patient avec cette technique simple. Figure 1 : Aspect cellulaire endothélial normal de la cornée droite de l’auteur, avec DES autour de 2000c/mm². 3. Exploration paraclinique endothéliale Elle peut être réalisée à l’aide d’un microscope spéculaire contact (grand champ, micro-invasif) ou non (petit champ, non invasif). Le microscope confocal permet aussi l’exploration cellulaire endothéliale (figure 1). Ces dispositifs permettent le comptage cellulaire endothélial, l’évaluation de la densité cellulaire (cellules/mm²) et le calcul du coefficient de variation (%). Ils documentent l’aspect morphologie cellulaire. Ils permettent l’évaluation objective de l’évolution endothéliale sur plusieurs années chez un sujet pathologique. De plus, la microscopie confocale permet d’explorer les jonctions intercellulaires endothéliales et d’examiner l’aspect de la membrane de Descemet. V. CONCLUSION L’examen clinique peut explorer très convenablement un endothélium cornéen. La microscopie spéculaire ou confocale permet de documenter la morphologie endothéliale et sa densité. Enfin, la microscopie confocale peut aussi explorer in vivo la cornée de manière quasihistologique (2). 56 Références 1. Brunette I, Sherknies D, Terry MA, Chagnon M, Bourges JL, Meunier J. 3-D characterization of the corneal shape in Fuchs dystrophy and pseudophakic keratopathy. Invest Ophthalmol Vis Sci 2011;52:206-14. 2. Fayol N, LabbéA, Dupont-Monod S, Dupas B, Baudouin C.Apport de la microscopie confocale in vivo et de la tomographie en cohérence optique de chambre antérieure pour l'étude des pathologies endothéliales cornéennes. J Fr Ophtalmol 2007;30:348-56. APODEP 2012 Notes APODEP 2012 57 24 Analyse des fibres par polarimétrie : le GDx A. Bron I. POURQUOI Le fonctionnement du GDx est basé sur le même support anatomique que les photographies des fibres optiques ; les structures tubulaires des axones des cellules ganglionnaires difractent la lumière incidente et ce d’autant plus que l’épaisseur des fibres est importante (aspect blanc et peigné des fibres optiques en lumière bleue). Le GDx utilise une lumière polarisée à partir d’une source laser à balayage émettant à 780 nm. Le champ scanné est de l’ordre de 20 degrés sur 20 degrés et les images digitalisées en 256 sur 256 pixels. La biréfringence de ces microtubules modifie la lumière polarisée entraînant une retardation du faisceau réfléchi. Cette retardation est proportionnelle à la quantité des structures biréfringentes et donc à l’épaisseur des fibres. Cependant d’autres structures oculaires possèdent des propriétés de biréfringence comme la cornée, le cristallin, la macula. La version initiale de la machine établissait une correction fixe de 60 nm sur l’axe de 15 degrés en nasal mais en fait cette variation est différente d’un sujet à l’autre. C’est pourquoi plusieurs versions ont été proposées et la version actuelle est le GDx pro ou encore ECC pour enhanced corneal compensation. II. COMMENT Le logiciel fournit plusieurs paramètres sur la hauteur des fibres optiques dans les différents quadrants, des valeurs maximum et différents rapports. Le plus célèbre est le « The Number » ou encore NFI qui signifie nerve fiber index. Il sépare les sujets en trois catégories ; de 0 à 30 le sujet est jugé normal, de 30 à 70 le sujet est à risque de glaucome et au delà de 70 il se situe dans la zone du glaucome. Ce nombre « magique » est basé sur un système d’intelligence artificielle et de manière analogue au SITA pour le champ visuel personne ne sait 58 exactement comment il est calculé sinon le fabricant ! Des représentations en couleur affichent la répartition des fibres avec le bleu pour l’épaisseur la plus fine et le rouge pour l’épaisseur la plus élevée comme dans les OCT. Des cartes de probabilité sont également disponibles qui comme pour le champ visuel donnent la probabilité pour que le déficit observé ne soit pas dû au hasard. Les trois diagrammes inférieurs montrent l’épaisseur des fibres en continu sur 360 degrés œil par œil et de façon comparée comme sur l’OCT. Les résultats sont comparés à une base de données de 1200 sujets sains. Le logiciel de progression GPA (guided progression analysis) permet d’évaluer le changement dans le temps et la progression de la structure par le GDx. a. Reproductibilité Une étude récente concerne la version actuelle à compensation cornéenne variable ; il n’y a pas de courbe d’apprentissage pour différents opérateurs et la reproductibilité pour trois opérateurs varie de 1 à 4 microns seulement soit une variation maximum de l’ordre de 4%. b. Précision La résolution est inférieure à 15 microns. La sensibilité et la spécificité du GDx-FCC (compensation cornéenne fixe) étaient assez basses. Avec les nouvelles versions, les performances se sont améliorées. Pour une spécificité fixée à 90% la sensibilité peut atteindre 67% voire plus suivant les publications. La corrélation avec les indices de champ visuel est appréciée différemment suivant les auteurs. c. Avantages - APODEP 2012 Acquisition rapide des images, Bonne corrélation entre les photographies de fibres optiques, - Pas de contact, pas de dilatation pupillaire, pas de compensation optique, Pas de plan de référence. Notes d. Inconvénients - Donne des informations uniquement sur les fibres optiques et pas sur la papille, - Machine entièrement dédiée à l’analyse des fibres optiques, ne permettant pas d’amortir l’investissement sur la cornée ou la rétine, - Problème de cotation. III. QUAND - Pour le diagnostic et le suivi des neuropathies optiques glaucomateuses, Pour le diagnostic des hypertonies oculaires (intégrité de la structure), Pour le diagnostic des neuropathies optiques non glaucomateuses, Rôle discuté dans le dépistage de masse. Références Anton A, Zangwill L, Emdadi A, Weinreb RN. Nerve fiber layer measurements with scanning laser polarimetry in ocular hypertension. Arch Ophthalmol 1997;115:331-4. Bowd C, Zangwill LM, Weinreb RN. Association between scanning laser polarimetry measurements using variable corneal polarization compensation and visual field sensitivity in glaucomatous eyes. Arch Ophthalmol 2003;121:961-6. Colen TP, Tang NE, Mulder PG, Lemij HG. Sensitivity and specificity of new GDx parameters. J Glaucoma 2004;13:28-33. Medeiros FA, Zangwill LM, Bowd C, Mohammadi K, Weinreb RN. Comparison of scanning laser polarimetry using variable corneal compensation and retinal nerve fiber layer photography for detection of glaucoma. Arch Ophthalmol 2004;122:698-704. Reus NJ, Lemij HG. Diagnostic accuracy of the GDxVCC for glaucoma. Ophthalmology 2004;111:1860-5. Reus NJ, Lemij HG. The relationship between standard automated perimetry and GDx VCC measurements. Invest Ophthalmol Vis Sci 2004;45:840-5. APODEP 2012 59 25 Tomographie confocale : le Heidelberg Retinal Tomograph ou HRT A. Bron I. POURQUOI D’un examen à l’autre ces données sont comparées ce qui autorise un suivi chiffré. Le HRT pour Heidelberg Retinal Tomograph est un ophtalmoscope à balayage laser qui permet grâce à la confocalité, la reconstitution d’images sur des plans différents. Développé dès 1980, le HRT II a succédé au HRT I qui était d’un maniement plus difficile. La version actuelle est le HRT III qui capture trois séries de scans successifs grâce à un laser diode à 670 nm. Les images obtenues basées sur la réflectance des structures balayées par le faisceau laser sont alignées et recombinées automatiquement pour donner une image moyenne qui sera analysée ensuite. Sur un champ de 15 degrés, 16 à 64 images de profondeur croissante (de 0.5 à 4 mm) sont acquises avec une résolution de 384 sur 384 pixels. Un plan de référence est automatiquement calculé par la machine à 50 microns en arrière du plan rétinien dans le secteur temporal de 350 à 356 degrés, ce secteur n’étant pas touché dans les glaucomes sauf au stade terminal. Ce qui est situé au-dessus de ce plan de référence constitue l’anneau neurorétinien, ce qui se trouve en dessous forme l’excavation. Le contour du disque est placé de façon semi-automatique par l’investigateur et sert de comparaison pour les examens ultérieurs II. COMMENT Les possibilités d’analyse sont nombreuses et il est possible d’afficher sur le compte-rendu plusieurs paramètres. 1. Les données chiffrées Appelées encore données stéréométriques elles concernent les surfaces et les volumes du disque optique, de l’anneau neuro-rétinien, de l’excavation et différents rapports. La hauteur des fibres est également calculée en moyenne et par secteur. 60 2. Les données topographiques Elles concernent le tracé de l’excavation suivant l’axe vertical et horizontal, et le tracé des fibres optiques. L’acquisition initiale peut être affichée avec son image correspondant en pseudo-couleurs. 3. Les analyses d’expert Il en existe plusieurs mais les plus usitées sont les suivantes : - L’analyse du Moorfields Hospital permet d’afficher une classification par rapport à une population témoin. La papille est considérée globalement et en six secteurs, ce qui permet en un coup d’œil de définir l’aspect normal (coché vert), glaucomateux (coché rouge) ou douteux (coché jaune). Il faut cependant être prudent dans les conclusions de cette analyse car une erreur de tracé du contour de la papille (confusion avec une zone d’atrophie) par exemple, fausse les résultats. - Le GPS ou glaucoma probablity score. Il donne une probabilité en pourcentage que la papille soit glaucomateuse. L’avantage est que cet algorithme fonctionne indépendamment du tracé manuel du bord du disque optique. L’inconvénient est qu’il pénalise les papilles de grande taille avec grande excavation mais pas forcément glaucomateuses. - Les analyses de progression C’est la principale indication du HRT que de pouvoir apprécier l’évolutivité d’un glaucome. Plusieurs analyses ont été décrites mais l’analyse de Chauhan est la plus courante, c’est leTCA pour topographic change analysis. Comme pour le champ visuel elle comprend une analyse de tendance (trend analysis) et une analyse d’événements (event analysis). APODEP 2012 4. Reproductibilité 7. Inconvénients Elle varie de 3 à 12% suivant les études. Différents paramètres comme la taille de la pupille, une cataracte, le rythme cardiaque, le niveau de la pression intra-oculaire (PIO) peuvent affecter les résultats. En gros la variabilité des mesures exprimée par l’écart type peut atteindre 20 µ pour les sujets sains et un peu plus pour les glaucomateux. - Le prix élevé, L’absence de cotation spécifique en France, Le traçage manuel du contour du disque optique dont dépendent les calculs ultérieurs, Le plan de référence qui peut cependant être modifié par l’investigateur, La résolution faible pour imager la papille. III. QUAND 5. Précision La sensibilité de la technique pour séparer les sujets glaucomateux des sujets sains varie de 63 à 88% et la spécificité de 73 à 96% dans le meilleur des cas. Elle est influencée par la taille du disque optique (les grands disques comportant plus de faux positifs que les petits disques) et le stade du glaucome, les stades précoces étant plus difficilement identifiés que les stades d’état, ce qui limite l’intérêt de cette machine pour le dépistage. En ce qui concerne la possibilité de détecter une progression Chauhan a décrit une spécificité et une sensibilité élevées de l’ordre de 90%. - Pour le diagnostic et le suivi des neuropathies optiques glaucomateuses, Pour le diagnostic des hypertonies oculaires (intégrité de la structure). Références Bowd C, Zangwill LM, Medeiros FA, et al. Confocal scanning laser ophthalmoscopy classifiers and stereophotograph evaluation for prediction of visual field abnormalities in glaucoma-suspect eyes. Invest Ophthalmol Vis Sci 2004;45:2255-62. Burgoyne CF, Mercante DE, Thompson HW. Change detection in regional and volumetric disc parameters using longitudinal confocal scanning laser tomography. Ophthalmology 2002;109:455-66. Chauhan BC, Blanchard JW, Hamilton DC, LeBlanc RP. Technique for detecting serial topographic changes in the optic disc and peripapillary retina using scanning laser tomography. Invest Ophthalmol Vis Sci 2000;41:775-82. 6. Avantages - Quantification de la qualité d’acquisition Pas de contact, pas de dilatation pupillaire Possibilité d’évaluer la progression par différents algorithmes C’est la plus ancienne des trois techniques d’analyse de la structure (HRT, GDx et OCT) avec le plus grand suivi et le plus grand nombre de publications Possibilité d’ajouter des modules comme le module cornéen par exemple Chauhan BC, McCormick TA, Nicolela MT, LeBlanc RP. Optic disc and visual field changes in a prospective longitudinal study of patients with glaucoma: comparison of scanning laser tomography with conventional perimetry and optic disc photography. Arch Ophthalmol 2001;119:1492-9. Ford BA,Artes PH, McCormickTA, Nicolela MT, LeBlanc RP, Chauhan BC. Comparison of data analysis tools for detection of glaucoma with the Heidelberg Retina Tomograph. Ophthalmology 2003;110:1145-50. Wollstein G, Garway-Heath DF, Fontana L, Hitchings RA. Identifying early glaucomatous changes. Comparison between expert clinical assessment of optic disc photographs and confocal scanning ophthalmoscopy. Ophthalmology 2000;107:2272-7. APODEP 2012 61 26 OCT des fibres optiques et du complexe cellulaire ganglionnaire Y. Lachkar La tomographie à cohérence optique (OCT) a connu un essor très important ces dernières années. Les techniques continuent d’évoluer rapidement et la capacité de résolution des OCT permet d’analyser les fibres optiques de façon de plus en plus fiable. Ils sont ainsi de sérieux candidats à l’analyse de la neuropathie glaucomateuse aussi bien pour le diagnostic que pour le suivi de la maladie. 1. Principes Les OCT de première génération sont appelés « time domain ». Ils étudient le temps de trajet de faisceaux lumineux c’est-à-dire la différence de temps de réflexion de flux de lumière suivant des miroirs réfléchissants et tournants. La reproductibilité des mesures obtenues est ainsi limitée par les microsaccades oculaires. Le nombre de scans réalisés avec les dernières versions de ces appareils en « time domain » est de 512 en 1, 28 seconde soit 400 scans par seconde. La résolution axiale obtenue est de l’ordre de 10 microns. Les OCT de dernière génération sont en domaine spectral. Ils étudient les fréquences des rayons réfractés. Il y a ainsi une décomposition du signal qui est recomposésuivantunmodèlemathématiqueappelé«transformée de Fourrier ». Le nombre de scans réalisés avec ces appareils en «spectral domain » est de 1024 en 0,04 seconde soit 25600 scans par seconde. Le nombre de scans peut être augmenté et certains appareils présentent des vitesses de balayage allant jusqu’à 53 000 scans/ sec. La résolution axiale obtenue est de l’ordre de 5 microns. Des nouveaux OCT sont en cours d’évaluation avec des nombres de scans encore plus élevés (de 70000 à 250 000 scans /sec) ce qui permet d’augmenter la résolution et de limiter les artéfacts liés aux microsaccades oculaires. 62 Il existe également un système appelé « eye tracking » quipermetdecompenserlesmouvementsdel’œilpendant l’examen avec certaines machines ce qui facilite également le repositionnement automatique des scans lors du suivi. La sommation d’images permet également d’améliorer la qualité des analyses : plusieurs images acquises sur un même plan de coupe sont ainsi « moyennées » et une image reconstruite est proposée. Cette technique peut être à l’origine d’une surestimation de l’épaisseur des différentes couches et est surtout utilisée pour l’analyse de la macula. Certaines machines utilisent la technologie du Scanning Laser Ophtalmoscope (SLO), d’autres une caméra infrarouge. Toutes ces évolutions ont pu se faire en parallèle à l’augmentation de la puissance et de capacités de stockage des ordinateurs. UnseulOCTentimedomainétaitcommercialisé(Stratus). Il y a ainsi maintenant au moins 8 OCT en domaine spectral sur le marché témoignant du dynamisme et de l’évolution constante des ces machines. 2. Trois types d’analyse sont envisageables pour le glaucome a. L’analyse du nerf optique comme cela est fait avec d’autresappareilscommel’HeidelbergRetinaTomograph. On peut ainsi étudier de nombreux paramètres : taille du disque (diamètre et aire), rapports cup/ disc (horizontaux et verticaux), analyse de l’anneau neurorétinien. Cependant les résultats obtenus avec différentes machines ne sont pas interchangeables et il n’existe pas de bases de données normatives suivant l’âge, la réfraction, l’ethnie comme cela est fait pour l’analyse des fibres. Cette analyse (module papille) n’est en fait plus utilisée car l’analyse des fibres est plus pertinente. APODEP 2012 b. L’analyse des fibres optiques dite RNFL (Retinal Nerve Fiber Layer). L’analyse peut être comparée avec une base de données normative permettant ainsi d’obtenir une probabilité d’atteinte de l’épaisseur de la couche des fibres nerveuses rétiniennes. Les OCT de première génération retrouvaient une reproductibilité des images acceptable car les études présentées analysaient essentiellement la reproductibilité sur des nerfs optiques normaux ou avec des glaucomes débutants. La sensibilité et la spécificité des OCT en time domain vs les OCT en domaine spectral sont comparables pour différencier les nerfs optiques normaux des nerfs optiques de patients atteints de glaucome débutants ou modérés. Dans les stades précoces l’OCT en domaine spectral a cependant un meilleur pouvoir discriminant que l’OCT en time domain. Il faut cependant s’assurer de la base de données de référence utilisée pour le diagnostic car toutes les machines n’ont pas de bases de données suivant l’âge, l’ethnie et la réfraction. De plus il est également important d’analyser la qualité des images obtenues (force du signal) car l’interprétation va dépendre de cette qualité d’image recueillie. La dilatation pupillaire peut modifier la qualité du signal. Une fois l’image obtenue le cercle d’analyse doit être correctement centré. Sur les appareils de dernière génération il existe un placement automatique du cercle péripapillairepouranalyserlacouche desfibresnerveuses rétiniennes ce qui permet d’améliorer la reproductibilité. Une moyenne de 3 mesures peut être également réalisée. Il faut également garder à l’esprit que les mesures d’épaisseur de fibres analysent également les cellules gliales et les vaisseaux et donc une composante non neuronale tissulaire. Cependant ces cellules gliales que l’on pensait être de simples cellules de soutien jouent en fait un rôle beaucoup plus important dans la connexion neuronale et la transmission de l’information. c. L’analyse de l’épaisseur maculaire. La diminution de l’épaisseur maculaire peut être un outil d’évaluation du glaucome. Unediminutiondel’épaisseurmaculaireavaitétémesurée avec l’OCT en time domain TD (Stratus) dans les glaucomes. Cependant cette diminution ne touche pas la totalité de la macula et une étude précise était difficilement réalisable avec les OCT TD. Il est maintenant possible avec des OCT SD d’analyser le complexe cellu- laire ganglionnaire (ganglion cell complex ou GCC) qui comprend la couche des fibres nerveuses : NFL (Nerve Fiber Layer) représentant les axones, la couche des cellules ganglionnaires (Ganglion Cell Layer) représentant les corps cellulaires et la couche plexiforme interne (ou Inner Plexiform Layer) représentant les dendrites. Le GCC devient plus fin en cas de glaucome débutant et il est possible de l’analyser en comparaison avec des bases de données. L’OCT en domaine spectral est un outil d’évaluation intéressant de la neuropathie optique glaucomateuse. La rapidité d’acquisition et la résolution obtenue avec ces machines permettent d’en faire des examens très prometteurs pour analyser l’évolution de l’épaisseur des fibres optiques. L’analyse du complexe cellulaire ganglionnaire peut être un outil d’évaluation de l’atteinte glaucomateuse notamment en cas de glaucome prépérimétrique (c'està-dire avant la dégradation du champ visuel). 3. Messages - L’analyse des fibres et du complexe ganglionnaire est à privilégier par rapport à l’analyse de la papille en OCT, le résultat donné est statistique par rapport à une base de données suivant l’âge, la réfraction et l’ethnie, le diagnostic de glaucome ne peut être donné sur le résultat d’un OCT, les résultats donnés par un type d’OCT ne peuvent comparés avec ceux donnés par une autre machine (autre type d’OCT) notamment pour analyser une progression. Références González-García AO, Vizzeri G, Bowd C, Medeiros FA, Zangwill LM, Weinreb RN. Reproducibility of RTVue retinal nerve fiber layer thickness and optic disc measurements and agreement with Stratus optical coherence tomography measurements. Am J Ophthalmol 2009 ;147:1067-74. Guedes V, Schuman JS, Hertzmark E, Wollstein G, et al. Optical coherence tomography measurement of macular and nerve fiber layer thickness in normal and glaucomatous human eyes. Ophthalmology 2003;110:177-89. Lederer DE, Schuman JS, Hertzmark E, et al. Analysis of macular volume in normal and glaucomatous eyes using optical coherence tomography.Am J Ophthalmol 2003;135:83843. Leung CK, Chan WM, Yung WH. Comparison of macular and peripapillary measurements detection of glaucoma an optical coherence tomography study. Ophthalmology 2005; 112: 391-400. Park SB, Sung KR, Yong Kang et al . Comparison of glaucoma diagnostic capabilities of Cirrus HD and Stratus optical coherence tomography. Arch Ophthalmol 2009;127: 1603-9. Tan O, Chopra V, Tzu-Hui Lu et al . Detection of macular ganglion cell loss in glaucoma by Fourier-Domain optical coherence tomography. Ophthalmology 2009;116:2305-14. Vizzeri G,Weinreb RN, Gonzalez-GarciaAO, Bowd C, Medeiros FA, Sample PA, Zangwill LM. Agreement between spectral-domain and time-domain OCT for measuring RNFL thickness. Br J Ophthalmol 2009;93:775-81. APODEP 2012 63 27 Stratégie de surveillance avec les analyseurs de papille et de fibres Y. Lachkar I. INTRODUCTION Le glaucome est une neuropathie optique progressive et nous avons la chance d’avoir un accès direct à l’analysedelatêtedunerfoptiqueetdesfibresquileconstituent. Lors du diagnostic d’un glaucome l’ophtalmologiste à 4 rôles essentiels : - Établir le diagnostic de la forme clinique de glaucome dont le patient est atteint, - Analyser les facteurs de risque de progression de la maladie. Les grandes études cliniques multicentriques nous ont beaucoup aidés ces dernières années à mieux appréhender certains de ces facteurs de risque de progression, - Quantifier la perte par rapport à une base de données de patients selon l’âge, l’ethnie, la réfraction, - Établir un taux de progression de la maladie. En effet certaines formes de glaucome évoluent plus ou moins vite que d’autres. En fonction de ces éléments une stratégie thérapeutique doit être établie en évaluant les bénéfices et risques des traitements en fonction de la probabilité d’évolution vers la cécité afin d’éviter à des patients d’en arriver au stade de traitement palliatif ou à d’autres de cumuler des effets secondaires inutiles. De nombreux facteurs de risque sont soit mal connus (antécédents familiaux) soit subjectifs ou fluctuants comme le relevé de la pression intra-oculaire, l’analyse du champ visuel, l’évaluation de l’adhérence ou la persistance thérapeutique. De plus les fibres optiques se dégradant avant le champ visuel il semble donc logique et capital de s’intéresser à l’analyse de la papille et des fibres. Trois grands analyseurs sont actuellement disponibles - L’Heidelberg Retina Tomograph qui analyse essentiellement la papille, - Le GDX ou analyse des fibres optiques en polarimétrie, 64 La Tomographie à Cohérence optique ou OCT qui analyse les fibres. II. POURQUOI EST-CE DIFFICILE D’ANALYSER UNE PROGRESSION ? D’un premier abord on pourrait penser que le problème peut être résolu très simplement dans la mesure où l’analyse est réalisée de façon précise et informatisée avec des procédés de plus en plus sophistiqués et qu’il n’existe pas de fluctuations nycthémérales comme pour la pression intra-oculaire ou une part de subjectivité ou de fatigue comme avec le relevé du champ visuel. La réalité est en faite plus complexe car - La qualité des images peut influencer le résultat, - Les micro-saccades oculaires peuvent entraîner des fluctuations de mesures, - L’analyse des mesures suivant le centrage de l’image et l’analyse dans les trois dimensions est délicate, - Les techniques ne sont pas interchangeables, - Les modifications qui doivent être quantifiées sont minimes. De nombreuses études de reproductibilité ont ainsi été conduites avec l’ensemble des appareils en réalisant des images le même jour avec le même opérateur (études dite « intra observer ») ou avec des opérateurs différents (études dite « inter observer »). Un coefficient de variation peut être ainsi calculé. Des études statistiques permettent de calculer également d’autres paramètres (coefficient de corrélation intra classe). De nombreux paramètres étant calculés ces coefficients de reproductibilitépeuventêtreévaluéspourchacundesparamètres. De très nombreuses études ont été publiées sur la reproductibilité des mesures selon le type d’appareil et les secteurs d’analyse papillaires. De plus avec certains appareils comme le HRT un plan de référence est utilisé qui peut affecter la reproductibilité des mesures. APODEP 2012 III. ANALYSE D’ÉVÉNEMENT OU ANALYSE DETENDANCE ? 1. Analyse d’événement La problématique est que ces mesures de reproductibilité sont des mesures statistiques essentiellement réalisées sur des nerfs optiques sains ou peu excavés et qu’il est illusoire de penser (sauf si la différence est très importante) qu’en examinant un patient et en calculant une seule fois une différence supérieure au coefficient de reproductibilité on puisse en déduire une modification certaine du nombre de fibres. Il existe en effet une dispersion des mesures et chaque nerf optique est unique. Certaines études ont de plus montré que pour des nerfs optiques plus excavés la reproductibilité était moins bonne et plus fluctuante. De plus il faut également s’assurer que le centrage a été correctement réalisé que la qualité d’image est comparable et que les mesures ont été réalisées sur le même appareil. Une analyse de changement topographique réalisée sur des « super pixel » peut être obtenue (Topographic Change Analysis ou TCA). Ces deux types d’analyse ; analyse de tendance dite « trend analysis » ) et analyse topographique de changement (TCA) sont actuellement utilisées pour diagnostiquer une progression. L’analyse est réalisée de façon globale (G) ou dans certains quadrants (temporal supérieur ou temporal inférieur par exemple). 2. GDX IV. HRT, GDX OCT Le GDX analyse les fibres par polarimétrie grâce a leur propriété de biréfringence Il est également possible avec la dernière version du GDX d’analyser une progression grâce à un logiciel (GPA). En effet la mesure simple de l’épaisseur des fibres suivant une analyse d’événement se heurte au même problème qu’avec les autres analyseurs. Il faut également vérifier - La qualité de l’examen qui doit être supérieur à > 7, - Le diamètre de l’ellipse d’analyse qui doit être identique ce qui implique que l’examen doit être réalisé au même endroit, - Les facteurs modifiant la compensation individuelle de la biréfringence comme l’existence d’une dystrophie de cornée, d’une cataracte, d’une chirurgie du cristallin ou de l’existence d’une DMLA. 1. HRT 3. OCT Le HRT a été pionnier dans l’analyse de la progression de la neuropathie optique glaucomateuse en développant des logiciels indépendant du plan de référence et des outils de normalisation des paramètres. On utilise ainsi les différents paramètres stéréométriques (rim area, rim volume, cup volume etc ) afin de les « normaliser » pour pouvoir les comparer Un des problèmes actuels est celui de l’utilisation de ces OCT pour le suivi des glaucomes. En effet il est fréquent avec les OCT en Time Domain utilisés pour un suivi longitudinal (notamment en cas de glaucome plus avancé) d’obtenir des mesures de fibres fluctuantes ce qui rend difficile une analyse dite d’événement pour détecter une diminution éventuelle de l’épaisseur de la couche des fibres. Il n’est pas possible de diagnostiquer un changement en comparant l’épaisseur de la courbe des fibres avec la précédente en fonction du coefficient de reproductibilité annoncé dans une publication. Des logiciels sont disponibles (comme le GPA : Guided Progression Analysis) ou en cours d’évaluation pour analyser non plus un changement d’un examen à l’autre (analyse dite d’événement) mais plusieurs examens dans le temps pour réaliser une analyse de tendance. Ce point est capital car le glaucome est une neuropathie optique évolutive et les décisions thérapeutiques sont essentiellement dictées par l’évolutivité de la maladie. La résolution étant meilleure avec les OCT en SD ceuxci sont de meilleurs candidats à l’analyse de l’évolution de l’épaisseur de la couche des fibres nerveuses. Ainsi la comparaison des mesures obtenues entre l’OCT en time domain (TD) et l’OCT en domaine spectral (SD) 2. Analyse de tendance Ainsi comme pour l’analyse des champs visuels on a besoin compte tenu de ces fluctuations de répéter les mesures pour évaluer non plus l’événement mais une tendance sur plusieurs examens. Valeur dernier examen patient – valeur de l’examen de base du patient Paramètre normalisé = Valeur sujet normal - valeur glaucome avancé Cette « normalisation » permet d’obtenir une même échelle de changement pour chaque paramètre. La valeur normalisée est égale à 0 et varie de -1 à + 1. Lorsqu’elle se positive il y a une amélioration. On peut diagnostiquer une progression si la valeur est négative : –0,1 à –0,2 sur deux examens le diagnostic de progression est suspect, sur 3 examens la progression est probable. Plus on se rapproche de –1 plus la probabilité de progression est grande. Cependant il n’y a pas d’analyse statistique du taux de progression. APODEP 2012 65 montre ainsi des mesures de fibres différentes (plus épaisses) avec les OCT en Time Domain. On ne peut ainsi pas comparer des mesures réalisées avec des OCT en TD et des mesures réalisées avec des OCT en SD notamment si la marque de l’appareil est différente. Si l’on utilise des appareils de la même marque la différence est de l’ordre de 5 à 7 microns mais il faut s’assurer que la force du signal est équivalente sinon des différences importantes peuvent apparaître. L’analyse de la progression est capitale car le glaucome est une neuropathie optique évolutive et les décisions thérapeutiques sont essentiellement dictées par l’évolutivité de la maladie. Cette analyse de progression impose un suivi et une répétition des examens qui nécessite de nombreuses explications. 4. Messages - Pour diagnostiquer une progression l’analyse doit être réalisée sur la même machine avec la même technique d’acquisition à chaque examen, Deux examens sont insuffisants pour diagnostiquer une progression avec les analyseurs de fibres, La fréquence de répétition des examens n’est actuellement pas codifiée car impose la prise en compte de nombreux facteurs de risques de progression. Références Cheung CY, Yiu CK, Weinreb RN, Lin D, Li H, Yung AY, Pang CP, Lam DS, Leung CK. Effects of scan circle displacement in optical coherence tomography retinal nerve fibre layer thickness measurement: a RNFL modelling study. Eye (Lond). 2009;23:1436-41. DeLeón Ortega JE, Sakata LM, Kakati B, McGwin G Jr, Monheit BE, Arthur SN, Girkin CA, Effect of glaucomatous damage on repeatability of confocal scanning laser ophthalmoscope, scanning laser polarimetry, and optical coherence tomography. Invest Ophthalmol Vis Sci 2007;48:1156-63. González-García AO, Vizzeri G, Bowd C, Medeiros FA, Zangwill LM, Weinreb RN. Reproducibility of RTVue retinal nerve fiber layer thickness and optic disc measurements and agreement with Stratus optical coherence tomography measurements. Am J Ophthalmol 2009 ;147:1067-74. Jampel HD, Vitale S, DingY, Quigley H, Friedman D, Congdon N, Zeimer R. Test-retest variability in structural and functional parameters of glaucoma damage in the glaucoma imaging longitudinal study. J Glaucoma 2006;15:152-57. Leung CK, Cheung CY, Weinreb RN, et al. Retinal nerve fiber layer imaging with spectral-domain optical coherence tomography: a variability and diagnostic performance study. Ophthalmology 2009;116:1257-63. Leung CK, Cheung CY, Weinreb RN, Qiu K, Liu S, Li H, Xu G, Fan N, Pang CP, Tse KK, Lam DS. Evaluation of retinal nerve fiber layer progression in glaucoma: a study on optical coherence tomography guided progression analysis. Invest Ophthalmol Vis Sci 2010;51:217-22. Miglior S, Albé E, Guareschi M, Rossetti L, Orzalesi N. Intraobserver and interobserver reproducibility in the evaluation of optic disc stereometric parameters by Heidelberg Retina Tomograph. Ophthalmology 2002;109:1072-7. Park SB, Sung KR, Yong Kang et al . Comparison of glaucoma diagnostic capabilities of Cirrus HD and Stratus optical coherence tomography. Arch Ophthalmol 2009;127: 1603-9. Strouthidis NG, White ET, Owen VM, Ho TA, Garway-Heath DF. Improving the repeatability of Heidelberg retina tomograph and Heidelberg retina tomograph II rim area measurements.Br J Ophthalmol 2005;89:1433-7. Vizzeri G,Weinreb RN, Gonzalez-GarciaAO, Bowd C, Medeiros FA, Sample PA, Zangwill LM. Agreement between spectral-domain and time-domain OCT for measuring RNFL thickness.Br J Ophthalmol 2009;93:775-81. 66 APODEP 2012 Notes Notes APODEP 2012 67 28 Il y a 50 ans, la naissance mouvementée de l’angiographie de la rétine à la fluorescéine ! JA. Bernard La légendaire invention de l’angiographie rétinienne à la fluorescéine par David ALVIS et Harold NOVOTNY se fit dans des circonstances surprenantes qui méritent d’être relatées 50 ans après ! I. LA FLUORESCÉINEA ÉTÉ UTILISÉE EN OPHTALMOLOGIE BIENAVANT L’ANGIOGRAPHIE Paul Ehrlich dès 1882, puis Seidel, Franceschetti, Goldmann, utilisèrent le colorant par différentes voies, mais essentiellement pour observer le segment antérieur de l’œil. La première avancée se f it à l’initiative d’Edward Maumenee, chef de service à Stanford de 1948 à 1955. Le diagnostic différentiel entre hémangiomes et mélanomes de la choroïde était alors délicat et Maumenee eu déjà l’intuition d’utiliser la fluorescéine. À la même période, Swan et Bailley, de l’université d’Oregon, travaillaient à développer un système de cinématographie du fond d’œil. Ils adaptèrent un rétinographe à un microscope et purent obtenir des vues en couleurs du fond d’œil. Les bases de l’angiographie à la fluorescéine étaient jetées : il était possible de mettre le colorant en évidence dans les vaisseaux et des caméras étaient adaptables à la nouvelle technologie. II. IL FALLUT QUE L’IDÉE DE L’UTILISATION DE FILTRES D’ARRÊT GERME DANS UN LABORATOIRE DE PNEUMOLOGIE ! Harold Novotny était étudiant en avant-dernière année de médecine à l’Université d’Indiana. Il avait auparavant fait des études en pharmacie, ce qui lui fut très utile 68 dans la suite des événements. Il rencontra le Pr John Hickam, un éminent pneumologue. Or, Hickam avait fait l’acquisition du modèle le plus récent de caméra Zeiss : il pensait que la circulation rétinienne pouvait être un moyen utile pour étudier la saturation du sang en oxygène. Une des missions de Novotny était d’apprendre à utiliser cette caméra. Tandis que Novotny se familiarisait avec la caméra d’Hickam, un autre étudiant en médecine rejoignit le laboratoire : David Alvis, dont le père ophtalmologiste l’avait familiarisé avec la fluorescéine. Ils songèrent ainsi à la possibilité de photographier ce colorant dans les vaisseaux rétiniens. Novotny en savait assez en pharmacologie pour réaliser qu’il était tout d’abord indispensable de préciser les propriétés spectrales du colorant. Ce fut là l’origine de leur idée géniale qui ouvra la voie à l’angiographie en fluorescence. Ils prirent l’initiative de prélever un échantillon du sang d’Alvis, qui avait préalablement reçu une injection de fluorescéine et d’en analyser les courbes d’absorption et d’émission grâce à un spectromètre. Ils apprirent ainsi que l’absorption maximale du colorant se faisait à 490 nm et que l’émission de fluorescence se faisait à 520 nm. Ils recherchèrentalorslesfiltresbarrièreadaptés.C’estprobablement le hasard qui a fait que les filtres du commerce, Kodak Wratten 47 et 58, présentaient précisément leurs pics dans le bleu et le vert. Pour la première tentative d’angiographie chez l’homme, Alvis fut choisi car Novotny était le plus familiarisé des deux avec la caméra dans laquelle il avait placé les filtres. Ce fut peut-être fortuit, mais le coup d’essai fut un succès. Ce jour de novembre 1959 fut le véritable jour de la naissance de l’angiographie, mais « l’état civil scientifique » a retenu une date plus tardive, celle de la première publication dans une grande revue. APODEP 2012 III. LA PUBLICATION DE LA DÉCOUVERTE. COMMENT SURMONTER UN REFUS ? Hickam reconnut immédiatement les potentialités de l’angiographie de la rétine à la fluorescéine : Novotny et Alvis furent vivement encouragés à publier cette nouvelle technique. Le manuscrit terminé fut envoyé à l’American Journal of Ophthalmology. C’était un article princeps remarquable : il décrivait la technique, pratiquement celle encore utilisée de nos jours, montrait les temps artériels et veineux, avec le flux laminaire et révélait de nombreux détails sémiologiques sur les maculopathies, comme des néo-vaisseaux, des fuites, un œdème diffus. Il fut refusé ! Fort heureusement, le Pr Hickam croyait en la valeur de cette technique, et il avait comme ami le rédacteur en chef de la revue Circulation où l’article fut rapidement accepté. Il fut publié dans le numéro de juillet 1961 qui fut retenu pour la date officielle, il y a donc 50 ans, de la naissance de cet examen qui a révolutionné notre savoir rétinien. IV. COMMENT L’ANGIOGRAPHIE S’EST-ELLE RÉPANDUE ÀTRAVERS LE MONDE ? L’ÉCOLE DE MIAMI Celui-ci était à la recherche d’une place académique (en France, on dirait qu’il concourrait) et il s’attela à ce nouveau procédé. Mais personne d’autre ne paraissait intéressé par cette technique. Deux années passèrent, puis J. Lawton Smith et Edward Norton convainquirent Noble David de déménager à Miami, dans le tout nouveau « Bascom Palmer Eye Institute », et d’apporter avec lui ses connaissances sur l’angiographie. Peu de temps après, Johnny Justice rejoignit à son tour Miami, avec la position de chef-photographe dont les images de grande qualité convainquirent Ed Norton et son jeune assistant d’alors, J Donald Gass, de l’énorme potentiel de l’angiographie. V. ÉPILOGUE À la fin du cycle de son internat, Novotny choisit la psychiatrie et réalisa une très belle carrière à la « Stanford University School of Medicine ». Quant à Alvis, il a pratiqué l’ophtalmologie générale à Indianapolis. Sur le mur de son bureau est accrochée une épreuve fanée de la première angiographie à la fluorescéine de l’histoire de la Médecine, celle faite sur son propre œil ! Mais lui-même n’a, dans sa pratique, jamais réalisé d’angiographie sur un patient ! Références Le Pr Hickham avait fait partie de la faculté de la Duke University, à Durham, Caroline du Nord, et y revint pour donner une conférence sur cette nouvelle technique. Il indiqua avec précision toutes les recettes permettant de réussir la procédure au Dr Noble David, neurologue. Nghiêm-Buffet S., Pérol J., Michée S., Cohen S.-Y., Fajnkuchen F., Delahaye-Mazza C., Guiberteau B., Quentel G. Rétinographies, clichés en autofluorescence et angiographies : technique et interpréation. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Ophtalmologie, 21-045A-10, 2011. Marmor MF, Ravin JG FluoresceinAngiography, Insight and Serendipity a Half Century Ago. Arch Ophthalmol 2011;129,7:943-948 Yannuzzi L.A., The Retinal Atlas, 2010, Elsevier, p X-XIII APODEP 2012 69 29 Pourquoi et comment faire une imagerie du segment antérieur dans les glaucomes ? A. Bron I. POURQUOI L’examen à la lampe à fente et la gonioscopie fournissent des renseignements multiples et la plupart du temps largement suffisants pour le diagnostic et le suivi des patientshypertonesoculairesouglaucomateux.Cependant ils sont tous les deux peu quantitatifs et la gonioscopie demeure difficile à réaliser d’une part et à interpréter d’autre part. L’imagerie du segment antérieur a suivi avec pas mal de retard l’imagerie du segment postérieur et aujourd’hui plusieurs techniques et machines sont à notre disposition. Elles donnent en peu de temps et avec beaucoup de facilité pour certaines d’entre elles des données qualitatives et quantitatives très utiles pour le diagnosticetlesuividespatientsglaucomateux.Cependant malgré tous leurs raffinements et leurs améliorations successives, ces machines ne remplacentpas et ne dispensent pas des étapes indispensables que sont l’examen à la lampe à fente et la gonioscopie. II. COMMENT Actuellement trois techniques principales dominent le marché, l’OCT, les ultrasons et le principe Scheimpflug. 1. L’OCT La tomographie en cohérence optique (OCT) s’est affirmée en quelques années comme quasiment indispensable dans le diagnostic et le suivi des pathologies du segment postérieur de l’œil. La plupart des OCT spectral domain de segment postérieur proposent également un module de segment antérieur. Cependant les OCT dédiés au segment antérieur donnent de bien plus amples renseignements et surtout autorisent des mesures biométriques précises du segment antérieur. Le chef de file de ces machines est le Visante de Carl Zeiss Meditec®, certes un time domain OCT avec une résolution moins bonne qu’un Spectral Domain, 70 mais qui permet des mesures précises depuis la pachymétriejusqu’àplusieursparamètresdel’angleiridocornéen et son degré d’ouverture ou de fermeture. C’est Georges Baikoff qui en Europe a joué le rôle de pionnier en ce domaine en investiguant les possibilités de cette machine pour la chirurgie réfractive ; mesure de la profondeur de la chambre antérieure, biométrie beaucoup plus fine de la chambre antérieure pour étudier notamment les implants de chambre antérieure réfractifs mais aussi les chirurgies cornéennes comme le LASIK par exemple. Ensuite les versions ultérieures ont intégré des modules d’analyse de l’angle iridocornéen. Comme l’OCT de segment postérieur on peut dire en simplifiant que le principe physique de l’OCT antérieur est similaire à celui de l’échographie. Une onde incidente se réfléchit sur les tissus, et en fonction de leurs caractéristiques une onde réfléchie est renvoyée. La différence entre les deux permet à partir d’algorithmes savants d’établir les cartographies auxquelles nous sommes maintenant habitués. La différence essentielle est que l’échographie classique utilise des longueurs d’onde métriques alors que l’OCT de segment antérieur fonctionne dans l’infra rouge à 1310 nm. Pour l’examinateur la manipulation est simple après un temps d’apprentissage assez court. L’acquisition est possible suivant deux types de résolution. Les images une fois acquises et stockées dans le disque dur de la machine, un logiciel permet d’établir des mesures de distance et d’angles. Ces images sont facilement exportables sous forme compressée. 2. Les ultrasons Il en existe en fait deux grands types, les sondes à fréquence élevée et à part l’UBM. L’avantage de ces techniques est qu’elles s’affranchissent du feuillet postérieur de l’iris. Elles renseignent donc sur les éléments postérieurs à l’iris et particulièrement les procès ciliaires. Les inconvénients sont une moins bonne définition que l’OCT (50 contre 10 microns APODEP 2012 environ) et surtout la mise en œuvre pour l’examinateur et l’examen pour le patient sont moins faciles que l’OCT. Néanmoins ces dispositifs donnent des renseignements précieux sur tout ce qui est postérieur à l’iris, notamment les tumeurs de l’uvée antérieure et la position des procès ciliaires. Notes 3. Le Pentacam® Cette machine utilise déjà un procédé ancien qui a été utilisé pour évaluer l’opalescence cristallinienne, la photographie Scheimpflug. Le principe est celui d’une caméra tournante qui permet de reconstituer un segment antérieur sur 360 degrés. L’intérêt est de pouvoir calculer des volumes. L’inconvénient est la visualisation moyenne de l’angle iridocornéen régulièrement surexposé. C’est une machine qui est surtout utilisée pour la chirurgie cornéenne et réfractive. III. QUAND - Chaque fois qu’une gonioscopie pose problème, Très utile dans les fermetures de l’angle et particulièrement les iris plateau, Pour surveiller l’évolution des bulles de filtration après chirurgie filtrante, Trèsutilepour l’éducation et l’information des patients, Très utile pour la compréhension et l’enseignement aux médecins, Machines non adaptées au dépistage, Machines non adaptées au suivi dans le temps. Références Baudouin C, Puech M, Baikoff G. Atlas d’imagerie du segment antérieur en OCT. Laboratoires Théa, 2010. Baudouin C, Labbé A, Puech M. La nouvelle imagerie du segment antérieur. Rapport des Sociétés d’Ophtalmologie de France, 2009. Doors M, BerendschotTT, de Brabander J, Webers CA, Nuijts RM.Value of optical coherence tomography for anterior segment surgery. J Cataract Refract Surg 2010;36 :1213-29. APODEP 2012 71 30 Holter tensionnel, apnée du sommeil, IRM, doppler : quand pourquoi ? Y. Lachkar L’hypertension intraoculaire (HTIO) est le facteur de risque majeur de glaucome. D’autres facteurs sont impliqués dans la physiopathologie des glaucomes notamment vasculaires qui amènent le clinicien à rechercher ceux-ci. Par ailleurs le glaucomeestuneneuropathieoptiqueetilestparfoisimportant d’éliminer d’autres causes de neuropathie pouvant avoir des implications thérapeutiques importantes. Il en existe essentiellement deux : la sténose carotidienneet la tumeur cérébrale. La prescription d’examens complémentaires sortant du cadredubilanoculairedoitêtreréaliséedefaçonraisonnée après un bilan ophtalmologique complet axé sur le glaucome c'est-à-dire comprenant au minimum : - Examen au biomicroscope et gonioscopie, Fond œil dilaté (si l’angle est ouvert ou ré ouvert) avec analyse clinique du nerf optique en corrélant l’excavation papillaire à la taille du disque optique, Pression intra-oculaire et pachymétrie, Relevé d’un champ visuel automatisé interprétable. Dans le bilan d’un glaucome il est important de rechercher : - Migraine, vasospasme, syndrome de Raynaud plus fréquemment retrouvés dans les glaucomes à pression normale (GPN), - Hyper ou hypotension artérielle. L’incidence de l’hypertension artérielle est plus élevée chez les patients glaucomateux avec HTO, alors qu’elle semble identique chez les patients normaux ou ayant un glaucome à pression normale. Par contre, l’hypotension artérielle semble accélérer les déficits périmétriques et l’excavation papillaire dans le GPN. La prescription d’un Holter tensionnel à la recherche d’épisodes d’hypotension artérielle doit être réalisée en collaboration avec le médecin généraliste ou le cardiologue et de 72 façon raisonnée en gardant à l’esprit la nécessité de déboucher sur des implications thérapeutiques. Il sera surtoutprescriten cas de menace surla fonction visuelle chez un patient présentant un glaucome ayant une pression intra-oculaire suffisamment abaissée par un traitement (souvent par laser ou chirurgie). - Apnée du sommeil. Quoique le syndrome d’apnée du sommeil (SAS) ne soit pas un facteur vasculaire, il mérite d’être cité comme étant un facteur d’aggravation dans le glaucome. Contrairement aux syndromes vasospastiquesquisurviennentsurtoutchezdesfemmes ayant un indice de masse corporelle (IMC) plutôt faible, l’apnée du sommeil est plus fréquente chez les hommes à IMC élevé, et se manifeste par des céphalées matinales, une somnolence pendant la journée, et une histoire de ronflements nocturnes et de gêne respiratoire. Plusieurs auteurs ont montré, grâce à des enregistrementspolysomnographiqueschezdespatients glaucomateux, que le SAS peut aggraver, voire contribuer à être un facteur causal d’un glaucome chez certains patients. Le mécanisme physiopathologique serait une perturbation de la perfusion du nerf optique secondaire aux apnées répétitives, ou encore une hypertension artérielle et une artériosclérose consécutives au SAS. De plus, comme les patients glaucomateux, les patients souffrant du SAS ont un taux d’endothéline -1 plus élevé dans le sang. Tout commelaprescriptionduHoltertensionnellarecherche de SAS relève du bon sens clinique débouchant sur des implications thérapeutiques. D’autres relations entre facteurs vasculaires et glaucome sont également bien connues - Plus grande fréquence des occlusions veineuses, - Présence d’hémorragies papillaires, - Plus grande prévalence de micro infarctus cérébraux ou des ischémies myocardique silencieuses dans les GPN. APODEP 2012 Il est également important de rechercher une sténose carotidienne notamment en cas de forme unilatérale ou très asymétrique. Un doppler des vaisseaux du cou pourra alors être demandé. Notes L’IRM à la recherche notamment d’une tumeur cérébrale sera prescrite - En cas symptomatologie unilatérale ou très asymétrique, - En cas de respect de la ligne médiane au champ visuel ou d’hémianopsie bitemporale, - En cas de baisse d’acuité inexpliquée. En effet le glaucome ne s’accompagne d’une baisse d’acuité visuelle qu’à un stade très tardif de la maladie et en l’absence de troubles des milieux ou d’anomalie maculaire il faudra évoquer une cause neuro-ophtalmologique en cas de baisse d’acuité visuelle, - Si le champ visuel n’est pas en rapport avec l’analyse du nerf optique sous réserve que le champ visuel soit fiable et interprétables - Si à l’analyse clinique du nerf optique la pâleur est plus importante que l’excavation - Enfin en cas de signes neurologiques. Messages - - - Il est important de ne pas passer à côté de pathologies pouvant avoir des implications thérapeutiques importantesdanslebiland’unglaucome(sténosecarotidienne, tumeur cérébrale), La prescription d’examens complémentaires doit être réalisée de façon raisonnée après le bilan clinique ophtalmologique incluant : fond d’œil, gonioscopie et pachymétrie, Il est inutile de prescrire des examens « extra-oculaire » de façon systématique dans le bilan d’un glaucome, La recherche et la prise en charge des facteurs vasculaires est importante et repose sur l’interrogatoire et la collaboration avec le médecin généraliste. Références Doyle A, Bensaid A, Lachkar Y. Central corneal thickness and vascular risk factors in normal tension glaucoma. Acta Ophthalmol. Scand. 2005; 83:191-5. Drance S, Anderson DR, Schulzer M, et al. Risk factors for progression of visual field abnormalities in normal-tension glaucoma. Am J Ophthalmol 2001; 131: 699-708. Leighton DA, Phillips CI. Systemic blodd pressure in open-angle, low tension glaucoma, and the normal eye. Br J Ophthalmol 1972; 56: 447-53. Lyons-Wait Va, Anderson SF, Townsend JC, et al. Ocular and systemic findings and their corelation with hemodynamically significant carotid artery stenosis: a retrospective study. Optom Vis Sci 2002; 79: 353-62. Mojon DS, Hess CW, Goldblum D, et al. Normal-tension glaucoma is associated with sleep-apnea syndrom. Ophthalmologica 2002; 216 : 180-4. APODEP 2012 73 31 Gonioscopie dynamique je n’y arrive toujours pas, que faire …? Y. Lachkar La gonioscopie est l’étude de l’angle iridocornéen. Elle ne doit pas être considérée comme un examen complémentaire et doit fait partie intégrante de l'examen clinique ophtalmologique de tout patient suspect ou atteint de glaucome. L’examen simple de la profondeur de la chambre antérieure peut-être utile en dépistage mais est insuffisant dans le bilan d’un glaucome. La gonioscopie permet de différencier les angles ouverts des angles étroits ou fermés mais permet également de faire le diagnostic de certaines formes de glaucome secondaire comme les glaucomes pigmentaire ou exfoliatif dont la prise en charge thérapeutique est différente d’un glaucome primitif à angle ouvert. On examine le plus souvent l'angle iridocornéen à la lampe à fente, en position assise, avec un verre de contact c’est la gonioscopie indirecte. Bien que le verre de Goldmann soit le plus souvent utilisé, il convient de connaître la technique de gonioscopie dynamique avec indentation car une des parois de l'angle, l'iris, est mobile, et doit donc être examinée de façon anatomique. Le but de la gonioscopie est de déterminer la topographie de l’angle de la chambre antérieure de l’œil. Elle est basée sur la reconnaissance des structures de l’angle et doit être toujours considérée suivant : - Le niveau d’insertion de l’iris qui peut être très antérieur comme dans certaines formes d’iris plateau ou très postérieur en cas de récession traumatique, - La forme de la périphérie de l’iris : convexe, plane ou concave, - L’estimation de l’ouverture de l’angle en degrés, - La présence et l’intensité de la pigmentation trabéculaire, - L’existence de zones d’apposition irido-trabéculaire ou de synéchies. 1. Les principales lentilles de gonioscopie indirecte sont ou Sussman qui seuls permettent une réelle gonioscopie dynamique avec indentation. a. Verre de Goldmann Il existe des verres de Goldmann à un miroir (verre de gonioscopie) ou à 3 miroirs dont l’un d’eux est le miroir de gonioscopie. C'est un verre en matière plastique dont le miroir est incliné de 62° sur la face antérieure plane. Sa courbure postérieure est de 7,4 mm plus concave que la courbure cornéenne. Elle crée donc un vide que l'on doit remplir avec une solution visqueuse. Le diamètre du verre qui est pratiquement équivalent à celui de la cornée fait qu’il recouvre complètement celle-ci. Ainsi placé sur l’œil il n'exerce que peu ou pas pression. Un effet de succion peut cependant modifier légèrement l'angle iridocornéen. b. Verre de Posner Le verre de Posner est un verre à 4 miroirs, dont le rayon de courbure de 7,7 mm est équivalent à celui de la cornée. Il permet donc son l'application sans interposition de liquide visqueux. La taille du segment du verre rentrant en contact avec la cornée est plus petite qu’avec le verre de Goldmann (9mm). Il ne recouvre donc pas complètement celle-ci, expliquant également l'absence d'effet de succion. 2. La technique d’examen :gonioscopie avec indentation Le verre est posé après instillation d’une goutte d’anesthésique sans interposer de produit visqueux. La paupière inférieure est légèrement abaissée, puis la partie supérieure du verre est mise en contact avec l’œil et avec une légère rotation du poignet la partie inférieure du verre est alors appliquée contre la cornée en prenant soin de ne pas appuyer sur l’œil pour éviter de fausser le repérage anatomique. Le verre de Goldmann de 1 à 4 miroirs, le verre CGA 1.4 de Lasag et les verres à 4 miroirs de Posner, Zeiss 74 APODEP 2012 On prendra également soin de ne pas utiliser une lumière trop forte afin de ne pas induire un myosis qui peut modifierlesstructuresangulaires.Ilestpréférabledecommencer par l'angle supérieur qui est plus étroit puis, de poursuivre l'examen de façon systématique quadrant par quadrant. Dans tous les cas il faut garder la face antérieure du verre verticale, c'est-à-dire perpendiculaire à l'axe d'observation afin de ne pas modifier artificiellement les rapports anatomiques. Une pression délicate, appliquée sur ce verre au centre de la cornée, permet à l’humeur aqueuse d’être refoulée du centre de la chambre antérieure à la périphérie. Cette indentation est généralement très bien supportée par le patient. Lorsque l’iris est en contact avec le trabéculum, l’angle peut être réouvert. Il s’agit alors d’une fermeture de l’angle par apposition irido-trabéculaire. Lorsque le bloc pupillaire est le mécanisme prédominant, l’iris devient alors plan ou concave en périphérie pendant l’indentation. Lorsque le cristallin entre dans le mécanisme de fermeture, l’indentation entraîne simplement des petits mouvements postérieurs de l’iris qui garde son profil convexe. S’il existe une adhérence entre l’iris et le trabéculum, cette portion de l’angle reste fermée et l’on diagnostique alors des synéchies antérieures périphériques En cas de configuration d’iris plateau, la concavité irienne ne peut être obtenue lors de l’indentation témoignant ainsi d’un déplacement antérieur du corps ciliaire. Un aspect en double bosse de l’iris est visible caractérisant cette configuration d’iris plateau. L’indentation peut également être réalisée dans un des quadrants pour dégager et examiner les structures angulaires situées à 180 degrés. Elle est surtout utile : - En cas de convexité de l'iris en permettant de visualiser les structures angulaires non visibles en position anatomique, - Lorsque les variations anatomiques rendent l'identification des différentes structures angulaires difficile, ce qui est en fait très fréquent notamment en cas de convexité de la racine de l’iris qui peut faire interpréter une pigmentation de l’anneau de Schwalbe comme un trabéculum pigmenté. La gonioscopie avec indentation doit être systématiquement réalisée lors du bilan d’un glaucome si l’angle est étroit. La dynamique de l’angle réalisée lors d’un examen par échographie UBM ou en OCT permet de diagnostiquer des angles étroits en mydriase lors de l’obscurité mais ne permet en cas d’angle étroit de faire la différence entre une apposition irido trabéculaire et des synéchies antérieures périphériques. Ce diagnostic différentiel nécessite en effet comme nous l’avons vu une indentation. Cette distinction est capitale pour décider ou pas de réaliser une iridotomie au laser ; En cas de synéchies antérieures périphériques étendues, l’iridotomie peut être dangereuse et décompenser la pression intra-oculaire. Le matériel irien reste dans l’œil et génère une inflammation et l’humeur aqueuse ne peut pas atteindre le trabéculum en raison de l’accolement irido-trabéculaire permanent. Un traitement laser (iridotomie ou iridoplastie) ne peut donc être envisagé que si l’angle est ré ouvrable en gonioscopie avec indentation. L’examen de l’angle iridocornéen par la gonioscopie est essentiel pour appréhender les différents types de sujets à risque. Il nécessite une technique rigoureuse et une connaissance parfaite de l’anatomie pour éviter de tomber dans de nombreux pièges. La technique de gonioscopie dynamique avec indentation est importante à connaître pour diagnostiquer et poser les indications des différents traitements lasers que l’on peut proposer dans la prise en charge des glaucomes 3. Messages - - L a gonioscopie dynamique avec indentation permet seule de différencier une apposition irido-trabéculaire de synéchies antérieures périphériques ; point capital pour poser l’indication d’une intervention laser, Ne pas faire des gonioscopies qu’en cas de doute (afin de pouvoir bien maitriser la gonioscopie des angles normaux). Références Site web : www.gonioscopy.org de W. Alward. APODEP 2012 75 32 Estimer la biomécanique de la cornée J L. Bourges I. DÉFINITION Cette évaluation se fait désormais par la mesure de l’hystérèse (ou hystérésie par anglicisme). C’est la propriété d'un système qui tend à demeurer dans un certain état quand la cause extérieure qui a produit le changement d'état a cessé. II. DISPOSITIF DE MESURE Un seul dispositif évalue aujourd’hui cette propriété au niveau de tissu cornéen, l’Ocular Response Analyzer (ORA®, Reichert). Il fournit deux valeurs le Corneal Hysteresis (CH) et le Corneal Resistance Factor (CRF). Le CH correspond à la pression d’un jet d’air comprimé que l’on doit appliquer à la cornée pour réaliser une aplanation cornéenne P1, à laquelle on soustrait la pression d’air P2 où l’on constate le retour à l’aplanation après une incurvation transitoire. Le CRF correspond à P1- (P2 x constante clinique). Une recherche sur Pubmed avec les paramètres [biomechanic*AND cornea* ocular response analyzer] retrouve 112 publications et 152 papiers internationaux à comité de lecture pour cette machine. L’estimation du CH et du CRF est utile pour la correction de la pression intra-oculaire (PIO) en fonction des propriétés cornéennes. Une diminution du CH semble liée à une évolution plus rapide du champs visuel chez les patients glaucomateux de manière indépendante 1. Il en serait de même pour le CRF et le glaucome à pression normale. 76 En revanche, il existe des limites à l’utilisation clinique pratique de ce dispositif. L’intérêt du dispositif reste encore limité en pratique de chirurgie réfractive. Certes, il identifie les populations à risque cornéen. Cependant, malgré des tendances d’interprétation chez les patients suspects de kératocône, où CH<CRF et CH et CRF sont peu reproductibles, il n’est toujours pas possible d’établir de valeurs seuil individuelles. Il n’est donc pas possible de discriminer un patient plus à risque qu’un autre avant chirurgie réfractive, même si des groupes de patients montrent des valeurs significativement différentes. III. CONCLUSION La biomécanique de la cornée est quantifiable. Elle contribue à la stratégie thérapeutique mais reste d’interprétation encore délicate et principalement utile en matière de glaucome plutôt qu’en chirurgie réfractive. Elle fait l’objet de travaux de recherche afin de développer de nouveaux indices utiles au dépistage précoce de conditions à risque particulier. Références De Moraes CG, Hill V, Tello C, Liebmann JM, Ritch R. Lower Corneal Hysteresis is AssociatedWith More Rapid GlaucomatousVisual Field Progression. J Glaucoma 2011. Grise-DulacA, SaadA,Abitbol O, et al.Assessment of Corneal Biomechanical Properties in Normal Tension Glaucoma and Comparison With Open-angle Glaucoma, Ocular Hypertension, and Normal Eyes. J Glaucoma 2011. Reichert.The Ocular ResponseAnalyzer From Reichert: Reichert Ophthalmic Instruments, 2011. APODEP 2012 Notes APODEP 2012 77 33 Les lentilles d'examen de la rétine : les incontournables et les gadgets A. Gaudric Le choix est d'abord entre verres avec et sans contact qui ont chacun leurs avantages et leurs inconvénients. I. LES LENTILLES NON CONTACT Super Pupil XL® Volk®, champ de 103 à 124 °, grandissement : x 0.45 Max Field 120® Ocular Instruments®, champ de 120 à 173°, grandissement : x 0,50 Permet l'examen du FO à travers une petite pupille A travers une pupille dilatée permet de voir au delà de l'équateur en faisant tourner l'œil. Inconvénients : minification des images, écrasement du relief. Super Field NC® Volk®, champ de 95 à 116 °, grandissement : x 0.75 Max Field Standard90® Ocular Instruments®, champ de 94 à 153°, grandissement : x 0,75 Permet un bon examen de tout le pole postérieur, et au delà en faisant tourner l'œil, Meilleure magnification et meilleur relief que Super Pupil®. Inconvénients : nécessite une dilatation suffisante, va difficilement au de là de l'équateur. 78 II. LES LENTILLESAVEC CONTACT Quadraspheric® Volk®, champ de 120 à 144 °, grandissement : x 0.51, spot laser x 1,97 Max Field Standard90® Ocular Instruments®, champ de 94 à 153°, grandissement : x 0,75 Permet de voir toute la rétine y compris au delà de l'équateur, et au delà en faisant tourner l'œil, Meilleuredéfinitionquelentillenoncontact(SuperPupil), Excellent pour l'examen des décollements de rétine, de la rétinopathie diabétique proliférante et de toutes les situations chirurgicales, Excellent pour la PPR, Indispensable pour voir la périphérie en cas de petite pupille et chez le pseudophake. Inconvénients : vision moins précise de l'extrême périphérie que le V3M. Minification des images. Mainster PRP 165 laser lens®Ocular Instruments®, champ 165-180°, grandissement x 0,5 spot laser x 1,96 Super Quad® Volk®, champ de 160 à 165 °, grandissement : x 0,5 spot laser x 2 Champ plus grand que les précédents, Bien adapté pour la PPR. Inconvénients : distorsions en périphérie, diamètre un peu grand pour certaines orbites. Area Centralis® Volk®, champ de 70 à 84°, grandissement : x 1,6 spot laser x 0,94 Ocular Mainster Focal/Grid laser lens ® Ocular Instruments®, champ 90-121° grandissement x 0,96, spot laser x 0,96 Excellente vision du pôle postérieur, avec bon relief, Bien adapté à la réalisation des traitements focaux et/ou en quinconce des œdèmes maculaires, APODEP 2012 Verre à 3 miroirs de Goldmann grandissement : x 1,06 Permet de voir le pôle postérieur avec une bonne magnification de l'image et un bon relief ainsi que la périphérie pré équatoriale, Permet l'utilisation du cône d'indentation d'Eisner pour indenter l'extrême périphérie. Inconvénients : petit champ de vision, nécessite une bonne dilatation, vision de la périphérie très pénalisée par les implants. Notes III. LA LAMPE À FENTE Tous ces systèmes optiques sont optimisés par l'utilisation de la lampe à fente Haag Streit BQ à variateur d'angle stéréoscopique, qui, selon la position augmente le champ de vision binoculaire en réduisant la stéréopsie, ou augmente au contraire la stéréopsie dans le champ de vision standard. IV. EN CONCLUSION Choix personnel restreint à Pour le diagnostic Lentilles non-contact Super-pupil ® et Super Field® Volk® Pour l'examen du DR,pour le laser,ou en cas d'examen impossible sans contact Quadraspheric® Volk® Mainster PRP 165 laser lens® Ocular Instruments® Area Centralis® Volk®, pour le traitement laser de la macula ou V3M si nécessaire Cette attitude qui privilégie les lentilles sans contact est aussi la conséquence de la disponibilité immédiate des photos du FO et surtout de l'OCT qui donnent des informationssurlamaculaplusprécisesquelabiomicroscopie. APODEP 2012 79 34 Imagerie rétinienne non courante A. Gaudric Les progrès en imagerie de la rétine passent par l'expérimentation de nombreux dispositifs qui malgré leurs performances ne sont pas rentrés dans l'utilisation courante. Ophtalmoscope laser à balayage grand champ,Optos® Donne en une seule prise de vue une image du fond d'œil sur 160°. Peut réaliser des images en couleur, en autofluorescence et en angiographie à la fluorescéine. Rétinographe en optique adaptative, rtx1 Imagineye® Permet d'acquérir des images de 4x4° (1,3 x 1,3 mm) dans la région maculaire avec une résolution qui montre la mosaïque des cônes rétiniens. Montre aussi les capillaires rétiniens, quand focalisé dans les couches internes de la rétine. Retinal Vessel Analyser Permet une mesure précise et automatisée du diamètre des vaisseaux rétiniens et de leurs variations durant le cycle cardiaque ainsi qu'en fonction de différents stimuli physiologiques. Retinal Fundus Imager Ce dispositif permet, par un traitement informatique d'images stroboscobiques du fond d'œil de visualiser sans colorant le réseau capillaire rétinien et le flux sanguin capillaire. 80 APODEP 2012 Notes Notes APODEP 2012 81 82 APODEP 2012 Liste des conférenciers Dr Jean-Louis BOURGES Service d’Ophtalmologie Hôpital Hôtel-Dieu 1 Place du Parvis Notre-Dame 75004 Paris Pr Alain GAUDRIC Service d’Ophtalmologie Hôpital Lariboisière 2 Rue Ambroise Paré 75010 Paris Pr Alain BRON Service d’Ophtalmologie C.H.U Hôpital Général 3 Rue du Faubourg Raines 21033 Dijon Dr Yves LACHKAR Service d’Ophtalmologie GH Paris Saint –Joseph 185 Rue Raymond Losserand 75014 Paris Dr Yves- Salomon COHEN Centre d’Ophtalmologie et d’imagerie 11 Rue Antoine Bourdelle 75015 Paris Pr Dan MILEA Service d’Ophtalmologie CHU 4 Rue Larrey 49933 Angers Cedex 9 APODEP 2012 83 84 APODEP 2012 Liste des participants liste arrêtée au 25 novembre 2011 DrABEIL Cécile SALBRIS Dr BESEME Chantal VALENCIENNES DrABGRALL Claire RENNES Dr BESSON Michèle TRAPPES DrALEXANDRE Sophie GENNEVILLIERS Dr BEVE Corinne AMIENS DrALLARD Jean-Marie CLERMONT-FERRAND Dr BEZIAT JEANROT Laurence CASTRES DrALLEMANN Brigitte LE GRAU DU ROI Dr BEZIAUD BURTIN Odile PARIS DrARTIGUE Jean ANGERS Dr BIBRAC Emma NEUFCHATEL EN BRAY DrAUDOUIN-BARTHELAT Claire AMBERT Dr BIGEREL Fabienne SELESTAT DrAUMONIER Bernard LORMONT Dr BIGERELAlain SELESTAT DrAUNIS-SAVIGNE Jacqueline SAUTRON Dr BIJAOUI COHEN Martine PARIS DrAVINEE Maryline AMIENS Dr BIRKEL LELOUP Patrice COURCOURONNES DrAZOUZI Olfa ROUEN Dr BITAN Patricia PARIS Dr BACQ Nicole TOULOUSE Dr BLAVIER Bénédicte CLAMART Dr BADRE Nicolas ST GIRONS Dr BODIN Christophe CHOLET Dr BAILLEAU Claire PLAISIR Dr BOHBOT Françoise SENLIS Dr BAR Elisabeth NOISIEL Dr BOIRON Maud CAEN Dr BARBE LOMBARD Marie Claire GRENOBLE Dr BONALD SOLERAgnès GRENADE Dr BARDENET-CHANELAnnick CALUIRE ET CUIRE Dr BONINAnnie LA BAULE Dr BARON Philippe PARIS Dr BOSSIS Monique SAINT JUNIEN Dr BARTIK Mary WATERLOO - BELGIQUE Dr BOUCAULT Brigitte PARIS Dr BATTAGLIA Giovanna PELISSANNE Dr BOULMIERAnne CHAMALIERES Dr BAUDET Jean-Marie BOURGES Dr BOURGES Jean-Louis PARIS Dr BEC Marie-christine SARLAT LA CANEDA Dr BOUSSEAU Patrick SAINT NAZAIRE Dr BECH Daniel AMBOISE Dr BOUVARD Martine AUBENAS Dr BELLOIR FURET Françoise MONTRON Dr BOUVIER Marie-France MAUREPAS Dr BEN KEMOUN Paule-Annick BAUGE Dr BOYER-BESSEYRE Sylvie RILLIEUX LA PAPE Dr BENSOUSSAN Catherine VILLEJUIF Dr BREYTON Monique MEYLAN Dr BERENGER Guy MARIGNANE Dr BRISSEAUX Jocelyne HOUILLES Dr BERNAL DESCOUR Fabienne GRENOBLE Dr BROCARD Brigitte CHARLEVILLE MEZIERES Dr BERNARD Jean-Antoine PARIS Pr BRONAlain DIJON Dr BERNEZ Philippe METZ Dr BRUNON GUYONNET Michèle VEAUCHE Dr BERNFELDAline PARIS Dr BUZZACHERA Nadine MIRAMAS Dr BERTHON MENNESSONArmelle L’ISLEADAM Dr CABARE-GINESTE Marie-Thérèse TOULOUSE Dr BERTRAND Françoise TOURS Dr CABAUSSEL François CASTRES Dr BERTRAND CUINGNET Hélène LILLE Dr CADIOUARZOUNI Dominique MARSEILLE Dr BERTRAND-GROUSSET Christine CANNES Dr CAILLAUDAnne RIOM APODEP 2012 85 Dr CALABRE Paul SORGUES Dr CORNELY Jean-Paul CHATEAUDUN Dr CALVET Bernadette MEYZIEU Dr COSPEREC Bernard BEAUCHAMP Dr CAMBIER-GAHYDE Marylène DENAIN Dr COTINAT Jacques PARIS Dr CANCIANI Dominique LE RHEU Dr COUDRYVERGNE Dominique DIJON Dr CARNIEL PERAMI Nadine PERPIGNAN Dr COULOMBAlain CONCARNEAU Dr CARREVéronique CESSON SEVIGNE Dr COURTELLEMONT Michel THOUARS Dr CARRE Marie-françoise TOURS Dr COUTROT Isabelle PONTA MOUSSON Dr CARSIN Marie Hélène CESSON SEVIGNE Pr CREUZOT-GARCHER Catherine DIJON Dr CARTIER Danielle PONT DE ROIDE Dr CROS-PERRAGUINAnne AMBOISE Dr CARTRY Guilhem PERPIGNAN Dr CUVILLIERSAnne-Françoise LORIENT Dr CASAL-VINCENT Michèle AIX EN PROVENCE Dr D’ALMEIDAAlain ANGERS Dr CAULAINCOURT Françoise PARIS Dr D’ALMEIDA POSNIC Pascale DINARD Dr CAYLAAnne Bel RODEZ Dr D’HOINE Gérard DUNKERQUE Dr CHALOUM Sylvie EZANVILLE Dr D’OLIER Elisabeth EVREUX Dr CHAMBENOIS Jean jacques MONTLUÇON Dr DALMAS Marie-France SAINT ETIENNE Dr CHAPPE DALMAU Christine LIBOURNE Dr DANIEL-LEVY Dominique PARIS Dr CHASSOT Pascal LA CHATRE Dr DARAUX-OURLIAC Françoise BLAGNAC Dr CHAUMERLIAC Claire ARGELES SUR MER Dr DARNIS Catherine VILLEMUR SURTARN Dr CHAUSY Françoise PARIS Dr DAUDET Sophie NEUILLY SUR SEINE Dr CHERCHILLEZ-FILLET Myriam CHAMALIERES Dr DAUPHIN MAZACZ Francine FORBACH Dr CHIBANEAmine PARIS Dr DE GREGORI Isabelle VIENNE Dr CHIC Francois CREIL Dr DE HOSTE Fabienne FONTAINEBLEAU Dr CHOBEAUX Marie-claude SEVRES Dr DE KORVIN Hélène COLMAR Dr CLEMENCEAU-ROUET Sophie CHALONNES SUR LOIRE Dr DE LA CHEISSERIEArmelle PESSAC Dr CLERGUÉ Françoise TOULOUSE Dr DE SAINT ETIENNE Florence LYON Dr CLUZEAU Gérard LONS LE SAULNIER Dr DE SAINT PIERRE Rozenn RENNES Dr COCOUAL Martine BRUZ Dr DETOFFOL Marie-Cécile SAINT PIERRE DESCORPS Dr CODET Jean-marc POITIERS Dr DEVILLELONGUE Béatrice TRAPPES Dr COHAT Hervé STLAURENTDELASALANQUE Dr DE CHARNACHE Bénédicte PARIS Dr COHEN Dominique PARIS Dr DECAY Bruno VIN EN BIGORRE Dr COHEN Danièle PARIS Dr DEHAN-LASSALLE Christiane CREYSSE Dr COHENYves PARIS Dr DELAIGUE Olivier TOURS Dr COIFFEY Marc QUIMPER Dr DELEMAZURE Barbara BELFORT Dr COLIN Jean-louis NOGENT SUR MARNE Dr DELESTRAS Claire GRENOBLE Dr COLOMBAIN Jean-Bernard CHARLEVILLE MEZIERES Dr DENNEBOUY Eliane CAEN Dr COMBESAnne Marie LE CERS Dr DENOYEL- NOEL Geneviève MIRAMAS Dr COMBESAnne Elisabeth AIX EN PROVENCE Dr DERRIAZ PERRET Brigitte SAINT GRATIEN Dr COMBES Catherine LEVESINET Dr DESBIES GHILONI Hélène PARIS Dr COMET MATEU Françoise MONTPELLIER Dr DESORMEAUXAnne ANGERS Dr CORBIC MALAVIALLE Corinne CONFLANS STE HONORINE Dr DEVAILLY Marie-Paule PONT SAINTE MAXENCE 86 APODEP 2012 Dr DEWAVRIN Eric LILLE Pr GAUDRICAlain Dr DHEYRIATVéronique OYONNAX Dr GAULTIER DE SAINT JORES Isabelle DINARD Dr DIBLING Michel STRASBOURG Dr GAVARINO Marie-Pierre MURET Dr DIEMER Christian LA ROCHELLE Dr GAYAnne PONTOISE Dr DRIGUEZThierry MEAUX Dr GBARSSIN Lindha EYSINES Dr DRUELLEAgnès GRENOBLE Dr GEFFRAULT-GRESSOT Nadine LA MEZIERE Dr DRUMARE-BOUVET Isabelle MARCQ EN BARŒUL Dr GERIN Marie NANCY Dr DUCO Nicole AUVRILLAC Dr GERVAIS Daniel CHATEAUROUX Dr DUFOURVincent BAYONNE Dr GIRARD Odile CHEVIGNY SAINT SAUVEUR Dr DUMAS Christian ISSOUDUN Dr GIRAUD Monique CARPENTRAS Dr DUNCOMBE-POULET Catherine CAEN Dr GLATT Patrick SAINTAVOLD Dr DUPAYRAT Caroline SAINT ETIENNE Dr GOBERT Frédéric LA ROCHELLE Dr DUREL Marie-Françoise GRANVILLE Dr GODIN Sylvie HEROUVILLE SAINT CLAIR Dr DURISAina ANGOULEME-ST MICHEL Dr GONTIER Brigitte BORDEAUX Dr ELAMALI Soumaya AMIENS Dr GOSSELIN SOSTENES Catherine PARIS Dr ENGUERAND Pascale SAINT OUEN L’AUMONE Dr GOURÉ Pierre-Jean TOULOUSE Dr EVEILLE Isabelle AUMALE Dr GOURRAUDAnne ROANNE Dr FALLOURD Christian PUILBOREAU Dr GRANÇON Françoise COUERON Dr FARCE Catherine EAUBONNE Dr GRANDIDIER Pierre JOEUF Dr FARGEIX Catherine FONTAINE SUR SAONE Dr GRELOTVéronique QUIMPER Dr FAST Mireille NICE Dr GUARYAntoinette NANTES Dr FAU Dominique BERGERAC Dr GUERRIER Jean-Francois ANGERS Dr FAVREUL Isabelle LES ULIS Dr GUFFOND Patrice EU Dr FERRAND Sylvie ALBERTVILLE Dr GUICHEBARON JeanYves LE HAVRE Dr FILLOZAT POPU Sylvaine MONTBAZON Dr GUIFFAULT Nathalie YVETOT Dr FLOCH BAILLET Danièle LANDIVISIAU Dr GUILLAUMAT Jacques SAINT NAZAIRE Dr FOUR Pascal ROMANS SUR ISERE Dr GUILLEMOT Odile CROIX Dr FOURNIER Florence FONTENAY SOUS BOIS Dr GUILLON Philippe VALENCE Dr FRANÇOIS Michel THONON LES BAINS Dr GUIN Philippe BIARRITZ Dr FRAVAL KERING Soalig DINAN Dr GULLEYves BOURGES Dr FRELET Michèle VESOUL Dr GUYOT-REYNAUD Marie-christine CLERMONT-FERRAND Dr GABAUD Martine SOTTEVILLE LES ROUEN Dr HAMMADOUCHE Hafida PLAISANCE DUTOUCH Dr GAILLARDValérie BLAGNAC Dr HANOT Jean-francois SAINT QUENTIN Dr GAIN-GUEGNON Mireille CHASSIEU Dr HARZEL Martine RENNES Dr GALLEY NOUZILLE Lysiane ALBI Dr HAUTH Jean Christophe STRASBOURG Dr GALLEZOT Micheline MACON Dr HEIDARI NEJAD Habib SAVIGNY SUR ORGE Dr GALLON Jean Claude CLERMONT FERRAND Dr HELION Danielle CHARTRES Dr GARAFFINIThierry OLIVET Dr HERONDART-HERPE Catherine SAUJON Dr GARRIGUESArnaud BORDEAUX Dr HERVE FEY Brigitte MIRAMAS Dr GAST Evelyne STRASBOUG Dr HEYMANNVincent BAR LE DUC APODEP 2012 PARIS 87 Dr HOLIKVéronique SAINTANDRÉ LEZ LILLE Dr LE BRETON Danièle LORIENT Dr HOLLAND Béatrice PARIS Dr LE CORVEC Marie- Paule PARIS Dr HOSTYN Patrick BORDEAUX Dr LE FEUVRIER Patricia FLERS Dr HOUIS Bernard ISTRES Dr LE GAC Laurence LA ROCHELLE Dr HUTTIN Elisabeth EPINAL Dr LE GALL Françoise CESSON SEVIGNE Dr IMBERT COSCHIERI Françoise MENTON Dr LE GUILLOU Gwenaelle VAUREAL Dr JACQUES-CARRELYvette NANCY Dr LE GUYADER Francis NANTES Dr JANKOWSKI Brigitte CHATELLERAULT Dr LE GUYADER Jacqueline VERTOU Dr JAOUEN Chantal CONDRIEU Dr LE ROY Marie-Claude CESSON SEVIGNE Dr JAQUOT LETELLIER Monique TOURS Dr LEBAS-GSCHWIND Brigitte GUERET Dr JEAN-LOUIS Bruno BOURG EN BRESSE Dr LEBERT Martine LA ROCHELLE Dr JEANTET Josette VILLEFRANCHE SUR SAONE Dr LECERF Dominique TOURS Dr JOLY Pascale NANTERRE Dr LECHANOINE Floscelle BAYEUX Dr JOUBAUD Elisabeth SAINT NAZAIRE Dr LEFEBVRE Francoise MELUN Dr JOUFFLINEAU François DIEPPE Dr LEFEBVRE Marie-Madeleine CAEN Dr JOULAIN Cécile NIORT Dr LEONARD Olivier BORDEAUX Dr JOUZIER Naura MANTES LA JOLIE Dr LEONETTI Catherine CARPENTRAS Dr JOYAUX Jean Christophe FORT DE FRANCE Dr LEPORT-DRUANT Marie LE MANS Dr KERYVIN Christophe DINARD Dr LERASLE-MALIVERT Françoise GISORS Dr KHALIFE Isabelle SAINT JULIEN LES METZ Dr LEROY-RATTIER Marie Paule LE MAISNIL Dr KOLOPP-HAMEL Marie-Odile METZ Dr LESIEUR CHABAILLE Géraldine BEAUVAIS Dr KOSTINE LAUR Hélène PERIGUEUX Dr LEVIEL MarieAnge ROYE Dr MADEC Sylvie AUDIERNE Dr KOUAMO-MARCANT Marie-Annick ARMENTIERES Dr KREBS Sybille ARLES Dr MADELAIN Jean LIMOGES Dr KROELY-MARGRAFF Chantal STRASBOURG Dr MAHIDDINE Maxime LAVAL Dr KUPPER Sophie ENGHIEN LES BAINS Dr MAITREPIERRE Evelyne PARIS Dr LABADIE NORMAND Isabelle BIARRITZ Dr MANDELBAUM Catherine LE HAVRE Dr LACASA Françoise SAINT CANNAT Dr MANGENEY Gérard LOCHES Dr LACAVE Guy GOURDON Dr MARBACH Denise CREIL Dr LACHEREZ François CARQUEFOU Dr MAROUNE Jacques SAINTES Dr LACHKARYves PARIS Dr MARTEL COLOMER Danielle MILLAU Dr LACOUTURE-BORE Michel BIARRITZ Dr MARTELAT Françoise CALUIRE ET CUIRE Dr LAMIRAND Bruno LYON Dr MARTINAGGI Marie-Thérèse PERPIGNAN Dr LANGANAY Isabelle CESSON SEVIGNE Dr MARTINEZ Marie-Gabrielle ROYAN Dr LANGLOIS Jean-Luc NOYAL-PONTIVY Dr MASELLA Jean-Jacques GRENOBLE Dr LARVORAnne-Yvonne SAINT RENAN Dr MATHIEU Laurent CORBEIL ESSONNES Dr LAVAUD Guy CORBEIL Dr MATHIS Martine BAGNOLS SUR CEZE Dr LAVERSIN Jean Luc SAINT OMER Dr MAUTUIT Claudie BERGERAC Dr LE BIHAN Jean-Marie LES ULIS Dr MEDA Christine TOULOUSE Dr LE BOURNOTAgnès MARSEILLE Dr MERCIER Philippe TROYES 88 APODEP 2012 Dr MESPLEDE Claire AMBARES Dr PEGOURIE Pierre RIVES SUR FUR Dr MESPLEDE Jean-François BEGLES Dr PELLOUX-FENECH Monique LA CHAPELLE DE GUINCHAY Dr MEUNIER Jean-Michel COMPIEGNE Dr PERDRIEUX Patrice NAY Dr MICHAUD Cécile MONTAUBAN Dr PERES Michel AIRE SUR L’ADOUR Dr MICHAUX Bénédicte SAINT MICHEL SUR ORGE Dr PERLOWSKA Miroslawa PARIS Pr MILEA Dan ANGERS Dr PERRAULT Maryvonne DOMONT Dr MILLET Jean-Yves GRENOBLE Dr PERRIN Dora PARIS Dr MILLET Pierre MONTFERRIER SUR LEZ Dr PERROT Dominique CHATEAUTHIERRY Dr MOCK Muriel PUTEAUX Dr PETIT Corinne SAINT CYR SUR LOIRE Dr MOGLIA Florence LATTES Dr PETIT Marie Christine DIJON Dr MOKHTARI Fayçal EVRY Dr PETRY Laurent SAINT DIE Dr MOKHTARI Omar SAINT DENIS Dr POIRIERVéronique AMIENS Dr MOLOT Eric PARIS Dr POTIRON Frédéric AUXERRE Dr MOREAU Brigitte ST MURY MONTEMOND Dr POULIQUEN Francoise BRIEC Dr MORISSE HAUTIÈRES Muriel LE HAVRE Dr PRIVEY Pierre VILLE FRANCHE SUR SAONE Dr MORVAN Mireille PAIMPOL Dr QUINIOU Sylvie MONTFORT SUR MEU Dr MOUSNIER Jean-Paul LA SOUTERRAINE Dr RAZEL Françoise TOURS Dr MUCHART Benjamin ANGERS Dr RENAUD Chantal COURNON D’AUVERGNE Dr MURIE BRETAGNE Gwenaelle ST GREGOIRE Dr REYMONDET Jean Marc AIX EN PROVENCE Dr MUTIN Pascale PACE Dr RIAD Hany FONTAINE LE COMTE Dr NADRIEU Sylvie MONTIGNY LE BRETONNEUX Dr RIBE Dominique LA GARDE Dr NOEL HOWA Isabelle ANGLET Dr RIBEAUDEAU-SAINDELLE Florence LE MANS Dr NOUARD Rachid MARSEILLE Dr RICHARD Françoise BOLLENE Dr NOUNOU Pascale TOURS Dr RICHE SALENGROVéronique CAMBRAI Dr OHLBAUM Brigitte CLAY-SOUILLY Dr RICHTER-HELIN Joëlle JARNY Dr OLIVER Marie Christine BERGERAC Dr RIGEADE Marie Claude MONTPELLIER Dr OLLIVIER Hélène SAINT GREGOIRE Dr RIGO-SCHWARTZ Noëlle NANCY Dr RIOU Bernard CHATILLON Dr OUBRAHAM-MEBROUKINE Hassiba MONTARGIS Dr PADOVINI Marc VAUX SOUSAUBIGNY Dr RIVES Muriel GAILLON Dr PAGE Bernard COSNE SUR LOIRE Dr ROCHE Christian ISSOIRE Dr PARLANTI-LAMOUREUXAndrée TOULON Dr ROCHE CHAPPARD Béatrice COURNON Dr PASCAL Danièle PARIS Dr ROLLAND Florence BRUXELLES - BELGIQUE Dr PASCAL Fabienne ROQUEMAURE Dr ROPARSYves-Michel BREST Dr PASQUESOONE Hervé LILLE Dr ROSSIGNOL Françoise PARIS Dr PASQUESOONE Caroline LILLE Dr ROTENBERG Patrick STRASBOURG Dr PASQUET Brigitte PONTAULT Dr ROTTIER Jean-Bernard LE MANS Dr PATAT-LAPORTE Francine TOURS Dr ROUAULT Catherine LA BAULE Dr PATILLON Jean-Claude DOLE Dr SAAD Bernard ANZIN Dr PATUREAU Régis ROYAN Dr SABADELAnne CLERMONT FERRAND Dr PEDEPRAT Pierre SAINT MAUR DES FOSSES Dr SAINTVAL Christian ŒYRELUY APODEP 2012 89 Dr SALNOTTHIMONGA Danielle FORT DE FRANCE DrTOURLAN Philippe VALREAS Dr SALVANETAnnie PARIS DrTOURNIER Christine SUCY EN BRIE Dr SATTLER Frédérique BRETIGNY SUR ORGE DrTOUSSAINT Isabelle ORANGE Dr SCHWARZBERG Liliane MULHOUSE DrTOUSSAINT Monique FORBACH Dr SEMIN Hugues METZ DrTROCHARDVéronique GAILLON Dr SENSEY Maryse VILLENEUVE D’ASCQ DrTRONCHE Martine THIERS Dr SENTEIN Danièle RENNES DrTRONCHE Claude CLERMONT-FERRAND Dr SICARD Claude ETAPLES DrTURPIN Sylvie SAINT PIERRE DES CORPS Dr SIFFRID Marie-Dominique SOULTZ SOUS FORETS Dr URIER Nicholas ANGERS Dr SIOHAN Luc DOUARNENEZ DrVAN DER DONK Margot SAINT-LOUIS - LA REUNION Dr SOBREPERE Catherine CARPENTRAS DrVAN GINNEKEN Marie Pierre PARIS Dr SOLIGNAC Philippe VINCENNES DrVANDOME Christine QUINT FONSEGRIVES Dr SOUDRYAÏM Nelly ISTRES DrVENET Bruno SAINT ETIENNE Dr SOUEDAN Stéphane MONTAUBAN DrVERLINDE Dominique ORANGE Dr STANISLAWCZYKAnna CHALLANS DrVESCHAMBRE Marie-Claude CLERMONT FERRAND Dr STEENE Claire RIOM DrVIANEY PASSOLS Elisabeth GRENOBLE Dr STEENS-DEWULF Patricia STE GENEVIEVE DES BOIS DrVIC-DUVAL Geneviève MONTPELLIER Dr SUEUR Robert FIRMINY DrVIGNAND Isabelle ISSOIRE Dr SZARC Catherine ASNIERES SUR SEINE DrVIGOUROUX Catherine LEVALLOIS PERRET DrTABURETYann BREST DrVINH MOREAU GAUDRYViviane MEYLAN DrTAILLEE François ANGERS DrVITIELLO Philippe RODEZ DrTAINE Daniel SAINT OMER DrVIVIER Cécile DAMIGNY DrTASSERY Sylvie LE HAVRE DrVOTRAN Kim GIF SURYVETTE DrTASTET Eliane MONT DE MARSAN DrVOILLOT Claude Gérard ORLEANS DrTERZIC Zoran HAGUENAU DrVOUNATSOS Jean-Paul BORDEAUX DrTESTEMALE Patrick CAEN DrVUILLEMIN Christine SAINT QUENTIN DrTHEIL-PILON Brigitte MILLY-LA-FORÊT DrWASERZTRUMViviane SAINT ETIENNE DrTHEVENOT Françoise TOULOUSE DrWASMER Pascale CANNES LA BOCCA DrTHIEBAUT Claudine NÎMES DrWATTENBERG Sandrine PARIS DrTHIENPONT Philippe LATESTE DE BUCH DrWEINACHTER Jean-Paul BAR LE DUC DrTHIERY Eric MONTBELIARD DrWENCKER-BRISSET Brigitte PARIS DrTHRONION Brigitte LA MADELEINE DrYESOU Christine TARBES DrTIENGOU Marie CAEN Dr ZINI Pascale TROYES DrTOUDIC Françoise LA BAULE Dr ZRIBI Chakib BESANÇON 90 APODEP 2012 Notes APODEP 2012 91 92 APODEP 2012 Secrétariat administratif : APODEP 2012 - JBH Santé 53, rue de Turbigo - 75003 Paris Tél. : 01 44 54 33 54 - Fax : 01 44 54 33 59 E-mail : [email protected] Siège social de l’association : APODEP – Centre d'Ophtalmologie du Trocadéro 45 rue Vineuse 75116 Paris Site Internet : www.sympoapodep.fr