L`Agence régionale de santé d`Ile-de-France a
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L`Agence régionale de santé d`Ile-de-France a
L’Agence régionale de santé d’Ile-de-France a signalé, au cours du mois de juin 2013, trois cas de personnes ayant déclaré une infection à méningocoque C. Cela concerne uniquement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). On est loin d’un débordement épidémique mais la vigilance est de rigueur. Interview du docteur Michel Ohayon, directeur du centre de santé sexuelle Le 190 à Paris *** SIS : Qu’est-ce qu’une infection à méningocoque C. Dr Ohayon : Une infection à méningocoque C est une méningite, la méningite cérébrospinale pour reprendre un terme ancien qui a fait frémir des générations entières. Il s’agit d’une infection du liquide qui baigne le système nerveux, une maladie extrêmement grave notamment lorsqu’elle est due à un méningocoque. Le pronostic peut être fatal dans environ 10 à 15 % des cas. SIS : Quels sont les modes de transmission ? Dr Ohayon : Beaucoup de gens sont porteurs du méningocoque au niveau de la gorge. Dans la population générale, selon les régions et les moments, on considère que de 5 à 10 % des individus sont porteurs de ce microbe. C’est à partir du portage du méningocoque dans la gorge que chez un pourcentage très faible des personnes (en général chez des enfants ou chez des jeunes adultes de moins de 25 ans), le microbe va arriver, probablement en se servant du sang comme intermédiaire, au système nerveux et provoquer la méningite. C’est une maladie rare mais quand elle survient elle peut être à l’origine de cas regroupés. Quand on utilise le terme d’épidémie, on a toujours l’impression qu’il va y avoir 200 000 personnes touchées. Pour la méningite, ce n’est pas du tout ça. Cependant quand il y a 5 ou 6 personnes contaminées au même endroit, c’est déjà une épidémie car il s’agit d’une maladie extrêmement grave. SIS : Lors d’événements festifs, dans des lieux de convivialité, il y a donc lieu d’être prudent… Dr Ohayon : Il convient en effet d’être prudent. A New-York, à l’automne dernier, un peu plus de 20 cas de méningites à méningocoque C ont été groupés dans une même population, les hommes homosexuels qui fréquentent des lieux dits de convivialité ou de rassemblement. Le principe est simple : plus il y a de monde dans un endroit, plus il peut y avoir échange de méningocoque et donc plus il peut y avoir de gens qui vont être porteurs du microbe au niveau de la gorge. Par conséquent plus il y a de gens qui vont être porteurs du microbe au niveau de la gorge, plus potentiellement on peut voir arriver des cas de méningite. SIS : Quels sont les symptômes qui peuvent alerter ? Dr Ohayon : Les symptômes qui alertent sont très violents. Il y a de la fièvre. Ce n’est pas très rare la fièvre, mais dans le cas d’une méningite elle est extrêmement forte. Il y a aussi des maux de tête. Ce ne sont pas des maux de tête du genre migraine ou gueule de bois du matin. Ce sont des maux de tête très puissants. Il est quasiment impossible de rester debout. La lumière comme le bruit sont insupportables. Enfin les vomissements sont à la fois fréquents, très importants et immédiats. Ces signes représentent une urgence médicale absolue. Un médecin doit au moins donner son avis sur ce qui se passe. SIS : Au 190, vous constatez que 20 à 25 % de vos patients, surtout homosexuels, sont porteurs de méningocoque dans la gorge contre quelques pour-cent en population générale. Comment expliquez-vous ce phénomène ? Dr Ohayon : Ce constat nous le faisons depuis déjà trois ans et nous transmettons depuis lors ces informations aux autorités de santé publique. Dans le cadre des pratiques de dépistage mises en place au 190, dirigées essentiellement vers les gays ayant de nombreux partenaires, nous avions pris l’habitude de faire des dépistages systématiques au niveau de la gorge pour trouver des IST pouvant servir de porte d’entrée au VIH, lors d’une fellation par exemple. On a constaté qu’entre 20 et 25 % des gens étaient porteurs du méningocoque. Cette réalité était connue, elle avait déjà été décrite il y a une trentaine d’années. Le phénomène a été décrit dans les casernes - qui ne sont pourtant pas des lieux de convivialité homosexuelle… et dans toutes les structures où des gens se retrouvent en promiscuité. Alors pourquoi retrouvet-on un tel niveau chez des gens qui ont de nombreux partenaires ? Eh bien parce qu’ils vont s’embrasser, parce qu’ils vont fréquenter des lieux où beaucoup de gens sont réunis dans un tout petit espace. Comme la transmission du portage dans la gorge se fait par la projection de gouttelettes de salive porteuses du germe, tout cela diffuse très vite. En particulier si les endroits sont un peu confinés, peu aérés et où il y a très peu de distance entre les individus. Je pense que c’est l’explication principale de ce phénomène. SIS : Contre le méningocoque C, il existe un vaccin. Fin juin, le Haut Conseil de la Santé Publique a recommandé d’élargir la vaccination aux gays de plus de 25 ans pendant la période estivale. Approuvez-vous cette recommandation ? Dr Ohayon : Je l’approuve totalement avec une petite précision. Depuis assez peu de temps la vaccination contre le méningocoque est recommandée chez tous les adultes jusqu’à 24 ans. Une recommandation motivée par le fait que la méningite touche essentiellement des adultes jeunes. Or, dans les trois cas groupés repérés à Paris au mois de juin, au moins une personne a très largement dépassé les 25 ans. Ce constat laisse imaginer que la barrière de l’âge pourrait être franchie potentiellement dans le cas où surviendrait une épidémie. Alors je ne suis pas sûr que tous les gays qui vont se marier le mois prochain, fidèles dans leur couple, doivent absolument se vacciner. La recommandation concerne plutôt les gens qui fréquentent les sex-clubs, les saunas, les endroits de sexe collectif. Avec aussi les grands rassemblements, aussi bien l’Europride à Marseille que la plage à Mykonos avec tout ce qu’il peut y avoir comme petits à côtés. Cette recommandation est valable au moins pour l’été à cause de ces périodes de rassemblements, histoire de voir ce qui va se passer. Nous, au 190, compte tenu de l’importance du portage des méningocoques et ses conséquences, nous proposons depuis très longtemps que cette question soit étudiée sérieusement. Cette analyse permettrait d’élaborer une stratégie simple, universelle, et qui permettrait de contenir des risques qui sont pour l’instant embryonnaires. SIS : Au bout de combien de temps est-on protégé contre l’infection après la vaccination ? Dr Ohayon : Une dizaine de jours. Après la vaccination, les anticorps apparaissent à des taux efficaces. Concernant la durée de protection, pour l’instant, les recommandations n’invitent pas à faire des rappels. Avoir été vacciné une fois permet déjà d’avoir largement une immunité tout à fait convenable. Interview réalisée par Alain Miguet pour Sida Info Service/SIS Association – Juillet 2013 Si vous voulez plus d’informations sur l’infection à méningocoque C, appelez Sida Info Service au 0 800 840 800 et en cas de doutes, ou de symptômes, consultez votre médecin traitant. Info plus : - Les recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique (Recommandations de vaccination contre le méningocoque C, notamment chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes)