Dermatoses d`origine nutritionnelle et apport de la diététique en
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Dermatoses d`origine nutritionnelle et apport de la diététique en
Close window to return to IVIS Encyclopédie de la Nutrition Clinique Canine Pascale Pibot Vincent Biourge Responsable des Responsable des Éditions Scientifiques, Programmes de Recherche Communication, en Nutrition, Centre de Groupe Royal Canin Recherche Royal Canin Denise Elliott Directrice de Communication Scientifique, Royal Canin USA Ce livre est reproduit sur le site d'IVIS avec l'autorisation de Royal Canin. IVIS remercie Royal Canin pour son soutien. Dermatologie Pascal PRELAUD DVM, Dip ECVD Richard HARVEY DVM, PhD, Dip ECVD Dermatoses d’origine nutritionnelle et apport de la diététique en dermatologie 1 - Facteurs de risque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 Questions fréquemment posées à propos de l’influence de la nutrition sur la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Exemples de rations ménagères adaptées à un régime d’éviction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 Informations nutritionnelles Royal Canin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 61 Dermatologie Dermatoses d’origine nutritionnelle et apport de la diététique en dermatologie Pascal PRÉLAUD DVM, Dip ECVD Diplômé de l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse en 1984, Pascal Prélaud fonde en 1987 un laboratoire de biologie vétérinaire à Paris (le CERI), qu’il dirige encore actuellement. Ce laboratoire fut pionnier dans le domaine des tests allergologiques en Europe. Pascal travaille en clientèle référée de dermatologie vétérinaire depuis 1987. Il exerce actuellement en Région Parisienne. Membre de l’International Task Force on Canine Atopic Dermatitis, il est l’auteur de nombreux articles scientifiques et conférences portant essentiellement sur les dermatites allergiques du chien et du chat. Auteur de deux ouvrages d’allergologie vétérinaire (1991, 1999) et d’un ouvrage d’endocrinologie (2002) traduits en plusieurs langues, Pascal Prélaud est coéditeur avec le Dr Éric Guaguère du Guide de Dermatologie Féline (2000). Richard HARVEY DVM, PhD, Dip ECVD Après avoir obtenu son Doctorat vétérinaire à l’Université de Bristol en 1978, Richard Harvey travaille d’abord en clientèle mixte pendant 10 ans, puis en clientèle canine et féline. Dans le cadre d’une association de vétérinaires à Coventry, il s’oriente vers la dermatologie, à l’intérieur de sa clientèle et à travers des cas référés. Richard est Diplomate du Collège Européen de Dermatologie Vétérinaire depuis 1993 ; il a obtenu un PhD en 2000, grâce à son travail sur les staphylocoques et la peau du chien. Richard a publié une trentaine d’articles scientifiques et coécrit trois livres. Le plus récent porte sur les affections de l’oreille chez le chien et le chat. Richard est également rédacteur en chef pour la revue Waltham Focus. L a peau est un organe important tant par sa surface (1 m2 pour un chien de 35 kg) que par ses rôles (social, homéostasie du milieu intérieur, réponse immunitaire…). En constant renouvellement, elle mobilise une grande partie des macro- et micronutriments apportés par l’alimentation. Un déséquilibre d’apport en acides aminés, acides gras, vitamines ou oligo-éléments perturbe les fonctions de barrière (Tableau 1) et de protection immunitaire assurées par la peau : le chien devient plus sensible aux infections, il développe plus facilement des réactions allergiques. La peau et le pelage sont donc le premier reflet de la santé du chien et de la qualité de son alimentation : les dermatoses d’origine nutritionnelle sont très variées et fréquentes chez le chien (Tableau 2). En dermatologie canine, la nutrition tient une place privilégiée, non seulement comme élément essentiel de la prévention des maladies cutanées, mais aussi comme outil thérapeutique des dermatites allergiques, kératoséborrhéiques et métaboliques. 62 Les risques de développement de dermatoses d’origine nutritionnelle sont liés à la qualité de l’alimentation, mais aussi à des facteurs propres à l’animal tenant au stade physiologique, au type de pelage ou à la prédisposition à certaines maladies métaboliques ou allergiques. Spécificités raciales De nombreuses prédispositions raciales existant en dermatologie canine peuvent avoir un lien direct avec la nutrition (Tableau 3). Les deux principaux groupes de dermatoses nutritionnelles (dermatoses répondant à l’administration de zinc ou de vitamine A) représentent les causes majeures de troubles de la kératinisation chez les races prédisposées (ex: races nordiques à propos du zinc). Les hypersensibilités alimentaires sont plus probables chez des chiens de races souffrant de malassimilations ainsi que chez les chiens atopiques. TABLEAU 1 - NUTRIMENTS POUVANT INFLUENCER LA FONCTION DE BARRIÈRE CUTANÉE Acides gras polyinsaturés (ou AGPI) (ex: acide linoléique) Ils font partie des lipides produits par les glandes sébacées qui forment le film hydrolipidique de surface Protéines Un apport suffisant en tous les acides aminés indispensables est nécessaire pour la maturation des kératinocytes Vitamine A Indispensable à la différenciation des kératinocytes et donc à la formation de la couche cornée Biotine Indispensable au métabolisme des AGPI Vitamine C Joue un rôle clé dans la formation des lipides du film de la couche cornée Zinc Une supplémentation en zinc permet de diminuer les pertes hydriques et un déficit provoque des troubles de la cornéogénèse Nicotinamide Augmente les concentrations en céramides et en acides gras libres dans la couche cornée Vitamines hydrosolubles Participent au métabolisme des AGPI Vitamine E Excrétée par les glandes sébacées, elle permet de limiter l’oxydation des acides gras TABLEAU 2 - QUAND PENSER ALIMENTATION EN DERMATOLOGIE ? - Pelage terne - Squamosis étendu - Hyperkératoses localisées ou périorificielles - Prurit - Urticaire récidivant - Otite chronique - Pyodermite récidivante TABLEAU 3 - PRÉDISPOSITIONS RACIALES AUX DERMATOSES D’ORIGINE NUTRITIONNELLE Carences d’apport ou d’assimilation Dermatose répondant au zinc Races nordiques, chiens de grandes races Dermatose répondant à la vitamine A Cocker Spaniel Hypersensibilité alimentaire Prédisposition ou sur-représentation Labrador retriever Prédisposition liée à un état atopique American Staffordshire Bull terrier, Beagle, Berger allemand, Boxer, Bouledogues, Dalmatien, Fox terrier, Bull terrier, Jack Russel terrier, Labrador Retriever, Lhassa apso, Pékinois, Shar-Peï, Setter anglais, Shih Tzu, West Highland White Terrier Prédisposition liée à des malassimilations Berger allemand, Setter irlandais, Shar-Peï, Soft Coated Wheaten terrier 63 Dermatologie 1 - Facteurs de risque 1 - Facteurs de risque 1 - Facteurs de risque Robe FIGURE L’influence des nutriments sur la couleur de la robe est aujourd’hui bien connue. La pigmentation du pelage dépend de la présence et de la distribution des grains de pigment de phéomélanine (jaune rouge) et d’eumélanine (noire) dans le cortex et/ou la médulla des poils et le long de la tige pilaire. La synthèse de ces pigments dépend des apports en acides aminés aromatiques (phénylalanine [Phe]- et tyrosine [Tyr]) et de l’acti1 - SYNTHÈSE DES MÉLANINES vité des tyrosinases (enzyme cuprique) (Figure 1). À PARTIR DE LA PHÉNYLALANINE Phénylalanine Tyrosine Les chiens albinos souffrent d’une déficience génétique en tyrosinase qui explique le déficit en mélanine. Dopa Tyrosinase Des défauts d’apport chez des animaux ayant un pelage sombre ou noir peuvent provoquer un roussissement du poil (Biourge & coll, 2002). Cela a été initialement démontré chez le chat ; dans cette espèce, un léger défaut d’apport en acides aminés aromatiques peut provoquer l’apparition de troubles neurologiques (neuropathie sensorielle) (Dickinson & coll, 2004) et l’éclaircissement du pelage chez des chats roux, ou le roussissement du pelage chez les chats noirs (Yu & coll, 2001). Chez les chiens de grande taille ayant un pelage noir, le roussissement est aussi une anomalie pigmentaire fréquente. Des travaux réalisés sur des chiots Terre-Neuve et sur des chiots Labradors noirs (Busch-Kschiewan & coll, 2004) montrent que Eumélanine Phéomélanine dans l’espèce canine aussi, les niveaux de Phe et de Tyr nécessaires pour garantir une pigmentation optimale du pelage sont plus de 2 fois supérieurs aux besoins minima pour assurer une croissance optimale du chiot. Ils montrent aussi qu’une supplémentation en tyrosine des aliments permet d’augmenter l’intensité de la coloration du pelage FIGURE 2 - INFLUENCE DU NIVEAU DE TYROSINE (Figure 2). Les recommandations nutritionnelles basées sur l’étude de la DANS L’ALIMENTATION SUR L’INTENSITÉ DE LA COULEUR CHEZ LES CHIENS NOIRS croissance (NRC, AAFCO) ne permettent donc pas d’estimer les besoins engendrés par certaines fonctions métaboliques très exigeantes telles que la production de mélanine. Dopaquinone Cuivre Âge et stade physiologique L’âge ou le stade physiologique peuvent influencer de manière non négligeable les relations entre l’homéostasie cutanée, la qualité du pelage et l’alimentation. © Royal Canin Dermatologie Chez les chiens à pelage dense (ex: Spitz de Poméranie, Shih Tzu…), la quantité de poils est telle que l’entretien et le renouvellement de la peau et du pelage représente 30 à 35% des besoins quotidiens en protéines (Mundt & Stafforst, 1987). Il est possible que les animaux possédant un tel pelage, long, avec un sous-poil dense, aient des besoins nutritifs supérieurs aux chiens à poils ras. Ces chiens ont consommé pendant 6 mois le même aliment, ne variant que par le niveau de tyrosine et de phénylalanine (Tyr + Phe). De gauche à droite, le niveau (Tyr + Phe) équivaut à 3,2 fois, 2,6 fois et 1,9 fois le besoin estimé par l'AAFCO pour la croissance. L’effet du régime est visible : la couleur noire est bien marquée à gauche alors qu'à droite, les poils qui repoussent dans la zone rasée ont une couleur rougeâtre. Chez le chiot, l’immaturité du système immunitaire et la plus grande perméabilité intestinale peuvent en partie, comme chez l’homme (Chehade & Mayer, 2005), expliquer la prévalence des hypersensibilités alimentaires chez le jeune chien (Day, 1999; Prélaud, 1999). Ces phénomènes peuvent être observés plus souvent lors du sevrage. Des symptômes de carence nutritionnelle apparaissent plus volontiers lorsque les chiens ont des exigences nutritionnelles supérieures aux simples besoins d’entretien: lors de maladie chronique, pendant la gestation, la lactation et la croissance, notamment chez les chiens de grandes races. En dermatologie, ce sont surtout des carences en protéines, en acides gras essentiels et en zinc, pouvant entraîner des troubles de la kératinisation, qui sont observées à ces occasions. Chez le chien âgé, une malassimilation se caractérise surtout par des défauts d’apport en acides gras polyinsaturés. 64 Chez le chien, ce phénomène est surtout décrit chez le Berger allemand souffrant d'insuffisance pancréatique exocrine (Biourge & Fontaine, 2004; Wiberg & coll, 1998) et le Soft Coated Wheaten terrier souffrant d’entéropathie exsudative (Vaden & coll, 2000), qui développent fréquemment des hypersensibilités digestives avec des manifestations cutanées (prurit, pyodermite récidivante). Les troubles digestifs chroniques ou une antibiothérapie prolongée peuvent en outre provoquer une carence en vitamines B, et secondairement en acides gras polyinsaturés (AGPI). Équilibre alimentaire Des apports nutritionnels inadaptés peuvent générer des déséquilibres aux conséquences dermatologiques spectaculaires. Les plus fréquentes sont celles dues aux aliments génériques pauvres en matières grasses et à l’abus des compléments minéraux, un excès de calcium inhibant l’absorption du zinc (Tableau 4). À la naissance, la peau est très souple et le nombre de follicules pileux est réduit. À cause de la finesse de la peau et du pelage, le chiot est très exposé aux agressions cutanées, d’ordre parasitaire ou infectieux. Pendant la croissance, le derme s’épaissit, les glandes sébacées augmentent de taille et les follicules pileux se multiplient: ils augmentent de 50 % chez le Caniche nain entre 10 et 28 semaines (Credille & coll, 2002). La composition des lipides cutanés se modifie également (Dunstan & coll, 2002). TABLEAU 4 - PRINCIPAUX DÉSÉQUILIBRES ALIMENTAIRES AYANT DES CONSÉQUENCES SUR LA QUALITÉ DE LA PEAU ET DU PELAGE Type d’alimentation Alimentation générique bas de gamme Particularités Conséquences nutritionnelles Conséquences dermatologiques Protéines peu digestibles Carence protéique Xérose cutanée État kératoséborrhéique Faible niveau de matières grasses Apport énergétique insuffisant Carence en acides gras essentiels (AGE) - Excès de matières minérales (calcium et phytates) Carence en zinc (Zn) “Generic dog food disease” Carence en acides gras polyinsaturés (AGPI) Carence en AGE Xérose cutanée État kératoséborrhéique Carence en oligo-éléments Carence en Zn, vitamine E, vitamines hydrosolubles - Apport protéique limité Carence en acides aminés soufrés Pelage terne, cassant Carence en AGPI Carence en AGE Xérose cutanée État kératoséborrhéique Excès de calcium Carence en Zn “Generic dog food disease” Ration ménagère non-supplémentée Régime végétarien Distribution abusive de compléments minéraux 65 Dermatologie Toute maladie perturbant l’assimilation des nutriments peut avoir des conséquences directes et indirectes sur la qualité du pelage, et favoriser le développement de maladies cutanées. Les malassimilations sont associées fréquemment à un aspect terne et sec du pelage, voire à des infections bactériennes récidivantes. Un défaut de digestion des protéines peut être à l’origine d’une rupture de tolérance immunitaire comme cela est clairement démontré chez l’homme et dans des modèles murins. 1 - Facteurs de risque Maladies intercurrentes 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle Dermatologie 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle Les dermatoses d’origine nutritionnelle peuvent être spécifiques (carence identifiée en un nutriment ou un groupe de nutriments particuliers) ou non-spécifiques: liées à une sous-alimentation générale, à une digestibilité insuffisante de l’aliment, ou à un problème d’absorption lié au chien lui-même. Carences spécifiques Les carences nutritionnelles spécifiques sont aujourd’hui exceptionnelles. Elles peuvent cependant être observées chez des chiens nourris avec une alimentation industrielle de mauvaise qualité ou une alimentation ménagère déséquilibrée. > Carences vitaminiques • Vitamine A Le rétinol, vitamine liposoluble, est indispensable à la différenciation des cellules épithéliales. Par conséquent, lors de carence d’apport on observe un trouble généralisé de la kératinisation, avec squamosis. Dans le seul cas décrit dans la littérature chez le chien, ces troubles sont associés à des déficits visuels et à des troubles digestifs (Scott & coll, 2001). • Vitamine E La vitamine E est un terme générique recouvrant deux classes de molécules liposolubles: les tocophérols (α, β‚ γ, δ) et les tocotriénols (α, β‚ γ, δ). Chacune de ces 8 formes différentes a une activité biologique particulière. L’α-tocophérol est la forme la plus répandue de la vitamine E dans les aliments et dans les organismes animaux: c’est la forme qui possède l’activité biologique antioxydante la plus importante au sein des membranes cellulaires (Figure 3). FIGURE 3 - ISOMÈRES DE TOCOPHÉROLS α-tocophérol β-tocophérol γ-tocophérol δ-tocophérol Activité antioxydante dans les produits alimentaires (huiles et graisses): gamma(γ)>delta(δ)>>>>bêta(β)>alpha(α) Activité biologique antioxydante dans l’organisme : alpha(α)>>>bêta(β)>>gamma(γ)>delta(δ) La vitamine E naturelle se compose de 8 isomères : α-tocophérol β-tocophérol γ-tocophérol δ-tocophérol α-tocotriénol β-tocotriénol γ-tocotriénol δ-tocotriénol Seul l’alpha-tocophérol est synthétisé. Les carences en vitamine E sont rares et surtout dues à des aliments dont les matières grasses sont mal stabilisées (Scott & Sheffey, 1987). La vitamine E est en effet un antioxydant naturel: lorsqu’un processus d’oxydation est en cours, la vitamine E est consommée. Une carence expérimentale chez le chien provoque l’apparition d’une séborrhée sèche, d’une alopécie diffuse, d’une érythrodermie, d’une pyodermite secondaire ainsi que d’anomalies du système immunitaire. • Vitamines du groupe B Les vitamines du groupe B sont hydrosolubles et jouent un rôle de coenzyme pour des enzymes cellulaires spécifiques impliquées dans le métabolisme énergétique et les synthèses tissulaires. Elles sont fournies par l’alimentation et la flore digestive. Les carences sont exceptionnelles. Un aliment industriel correctement formulé et conservé dans de bonnes conditions contient ces vitamines en quantité suffisante et une supplémentation est inutile. Les manifestations dermatologiques de telles carences varient suivant la vitamine en cause: - carence en riboflavine (vitamine B2), sensible à la lumière: xérose cutanée localisée à la zone périorbitale et à l’abdomen. - carence en niacine (nicotinamide ou vitamine PP), susceptible d’apparaître avec une alimentation pauvre en nutriments d’origine animale: dermatite prurigineuse de l’abdomen et des membres postérieurs. - carence en biotine (vitamine B8 ou H), essentiellement décrite chez les animaux nourris avec des 66 Les vitamines du groupe B interviennent dans le métabolisme des acides gras essentiels. Un défaut d’apport en vitamines du groupe B ou un défaut de synthèse par la flore digestive (à cause d’une diarrhée chronique ou d’une antibiothérapie) peuvent générer une carence en AGPI. > Carences en oligo-éléments Les oligo-éléments sont des substances minérales qui agissent à très faible concentration dans l'organisme. Les oligo-éléments les plus directement liés à la beauté du pelage sont: le fer, le zinc et le cuivre. • Zinc Les carences d’apport en zinc sont surtout provoquées par des aliments riches en phytates qui chélatent le zinc. Il s’agit le plus souvent d’aliments de mauvaise qualité riches en céréales entières, contenant beaucoup de son. Cette carence d’apport s’observe aussi lors de supplémentation excessive de calcium ou dans des races présentant un trouble de l’assimilation du zinc. Le zinc étant le cofacteur de très nombreux métabolismes, une carence provoque des troubles immunitaires et de la kératinisation: des épaississements squamo-croûteux adhérents périorificiels s’observent au niveau cutané. Le diagnostic différentiel n’est pas toujours aisé. Il est donc important de confirmer le diagnostic clinique par un examen histopathologique: tous les troubles liés à un déficit d’apport en zinc se caractérisent par une importante parakératose épidermique et folliculaire. Contrairement aux autres dermatoses liées à un dysmétabolisme du zinc (Tableau 5), la carence simple peut être contrôlée par le seul rééquilibrage de la ration alimentaire et le contrôle des surinfections. Dans les classifications antérieures, cette carence est appelée generic dog food disease ou dermatose répondant au zinc de type II (fréquente chez les chiots de grandes races) (Figure 4). TABLEAU 5 - CLASSIFICATION DES DERMATOSES AMÉLIORÉES PAR LE ZINC (Roudebush & Wedekind, 2002) Apports nutritionnels anormaux - Carence primitive en zinc - Carence secondaire en zinc - Carence en acides gras polyinsaturés Anomalie d’origine génétique - Acrodermatite létale Malabsorption du zinc • Cuivre Si une carence en iode peut théoriquement perturber la synthèse des hormones thyroïdiennes, ces phénomènes sont extrêmement rares chez le chien et surtout sans conséquence clinique. Les besoins quotidiens en iode pour un Beagle sont de l’ordre de 140 µg. Une diminution de la thyroxinémie totale n’est observée qu’en dessous de 20 à 50 µg/jour, mais sans baisse de la thyroxinémie libre, ni apparition de signes d’hypothyroïdie (Feldman & Nelson, 2004). La quantité d’oligo-éléments apportée dans l'aliment ne correspond pas à la quantité réellement disponible pour l'organisme. Leur niveau d'absorption dépend de la forme chimique sous laquelle ils sont apportés et de leur environnement alimentaire. Il existe en effet des interactions entre les différents éléments. Par exemple, l'absorption du zinc, du cuivre et de l'iode entre en compétition avec celle du calcium. Le pourcentage d'absorption des oligo-éléments est souvent inférieur à 30%. Figure 4 - Hyperkératose du coude due à une alimentation carencée en zinc chez un Fox Terrier. © P. Prélaud • Iode © P. Prélaud Le cuivre entre dans la composition de nombreuses enzymes ou protéines porteuses. Une carence est observée essentiellement chez les chiots nourris avec une alimentation ménagère non complémentée ou bien trop riche en zinc, calcium ou fer. La carence entraîne des modifications du pelage: décoloration débutant au niveau de la face, pelage clairsemé avec des poils ternes et secs (Figure 5) (Zentek & Meyer 19991). Figure 5 - Leucotrichie (dépigmentation pilaire) due à une malnutrition chez un chiot Scottish Terrier. 67 Dermatologie 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle blancs d’œuf en excès. Le blanc d'oeuf contient de l’avidine, molécule qui complexe la biotine et empêche son absorption intestinale: érythème, alopécie de la face et de la zone périorbitale, squamosis généralisé, leucotrichie, pelage terne et cassant. 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle Dermatologie Si les oligo-éléments sont apportés sous forme organique chélatée avec des acides aminés, leur absorption est nettement améliorée. Ils sont donc mieux utilisés par l'organisme. Par exemple, en présence d'un excès de calcium dans la ration qui inhibe l’absorption du zinc, les pertes fécales de zinc augmentent. En revanche, avec la forme chélatée, l'assimilation n'est pas modifiée (Figure 6) (Lowe & Wiseman, 1998). Légalement, un oligo-élément chélaté est constitué d’un ion métallique lié à un à trois acides aminés. Le total pèse moins de 1500 Daltons. Le rendement normal d’absorption des oligo-éléments varie de 5 à 30 %. Si les oligo-éléments sont chélatés, le rendement peut être supérieur à 60 %. FIGURE 6 - INFLUENCE DE LA FORME D’APPORT DU ZINC SUR LA CROISSANCE DU POIL (D’après Lowe & coll, 1998) Vitesse de pousse du poil (mg/jour/cm2) zinc chélaté + calcium Fixation de zinc dans le poil (µg/10 cm2/25 jours) oxyde de zinc + calcium zinc chélaté oxyde de zinc 0 5 10 15 20 25 Le zinc chélaté se fixe mieux au niveau du poil que le zinc sous forme minérale (oxyde de zinc) et la vitesse de pousse du poil est significativement plus rapide. Lorsqu’on apporte du calcium en excès dans la ration, antagoniste du zinc, la fixation dans le poil diminue pour l’oxyde de zinc, alors qu’elle reste identique si le zinc est apporté sous forme chélatée. > Carence en acides gras essentiels (AGE) Les acides gras essentiels sont appelés ainsi parce qu’ils ne sont pas synthétisés par l’organisme. Comme cela est le cas pour la plupart des vitamines, ils doivent être apportés par l’alimentation. Ce sont principalement des précurseurs de deux familles d’AGPI, les acides gras oméga-6 et les acides gras oméga-3. - L’acide linoléique, précurseur des acides gras de la famille des oméga-6, est abondant dans la plupart des huiles végétales. Il représente plus de 70% des acides gras dans l’huile d’onagre, et plus de 50% des huiles de tournesol, de blé, de maïs et de soja. - L’acide alpha-linolénique, précurseur des acides gras de la famille des oméga-3, existe dans les légumes verts, les fruits, les graminées et le plancton, mais se trouve surtout sous forme concentrée dans les huiles de plantes oléagineuses, comme le soja et le lin. Les huiles de poissons des mers froides sont très riches en deux acides gras à longue chaîne dérivés de l’acide alpha-linolénique: l’acide eicosapentaénoïque (EPA), et l’acide docosahexaénoïque (DHA). Ces deux acides gras participent à la fluidité des membranes cellulaires. Les AGPI remplissent 4 fonctions principales: - incorporation dans la structure de la membrane cellulaire, ce qui lui permet d’être flexible et perméable, - production d’éicosanoïdes (leucotriènes, prostaglandines), - maintien de la perméabilité de la barrière cutanée (surtout les oméga-6), - métabolisme et transport du cholestérol. Les carences en AGE s’observent uniquement chez des animaux souffrant de malassimilation ou nourris longtemps avec une alimentation de mauvaise qualité ou des aliments chauffés de manière excessive. Xérose, pelage terne et état kératoséborrhéique sont les principaux signes cutanés visibles. La réponse à une supplémentation en AGPI est rapide. 68 La faible digestibilité des protéines ou le traitement qui leur est appliqué pourraient favoriser le développement d’une hypersensibilité alimentaire (Cave & Marks, 2004). FIGURE 7 - STRUCTURE D’UNE MOLÉCULE DE KÉRATINE (D’après Credille, 2002) Terminaison aminée Hélice alpha Terminaison carbone N C Charnières Disque Le mot kératine vient du grec “keratos” qui signifie corne. Il existe plusieurs types de kératine qui partagent toutes la même structure hélicoïdale de base. à l’intérieur de la molécule, des charnières leur permettent d’être flexibles et de s’associer entre elles pour former des filaments résistants. FIGURES 8A À D - ÉRYTHÈME NÉCROLYTIQUE MIGRANT > Carences spécifiques en acides aminés © P. Prélaud 8A- Lésions podales hyperkératosiques et ulcérées © P. Prélaud Ces acides aminés sont indispensables à la synthèse des mélanines responsables de la pigmentation des poils: phéomélanine (rouge, brun) et eumélanine (noire). Une carence d’apport provoque un éclaircissement du pelage ou un roussissement des poils noirs (voir plus haut). 8B- Lésions ulcérées et croûteuses périorificielles © P. Prélaud • Acides aminés aromatiques : tyrosine, tryptophane 8C- Vue rapprochée des lésions de la figure 8B : larges ulcères sur le chanfrein et croûtes très adhérentes • Acides aminés soufrés : méthionine, cystine Méthionine et cystine sont indispensables à la pousse du poil, puisqu'ils participent à l’élaboration de la kératine (Figure 7). Ces acides aminés abondants dans les sources de protéines d’origine animale font rarement défaut dans l’alimentation du chien, à l’exception des régimes végétariens non complémentés. Le chien est toutefois moins sensible que le chat à de telles carences. Maladies métaboliques L’érythème nécrolytique migrant (ou dermatite nécrolytique superficielle, syndrome hépatocutané) est une dermatose grave due à une carence sévère en acides aminés. L’origine réside dans une affection hépatique chronique (tumeur, cirrhose, insuffisance fonctionnelle induite par l’administration de phénobarbital [March & coll, 2004]), ou plus rarement une tumeur pancréatique (glucagonome). Il s’agit le plus souvent d’une polycarence en acides aminés, en acides gras essentiels et en zinc (Campbell & Lichtensteiger, 2000; Scott & coll, 2001; Outerbridge & coll, 2002; Turek, 2003). Il n’existe pas de prédisposition de race ou de sexe. Les animaux atteints sont généralement âgés. Sur le plan dermatologique, les lésions mucocutanées se localisent en régions périorificielles et podales. Elles se caractérisent par un érythème associé à une hyperkératose importante et douloureuse (Figures 8 A à D). Le diagnostic repose sur la réalisation de biopsies cutanées et l’identification de la cause de la polycarence (prise prolongée de phénobarbital, bilan biochimique, échographie hépatique et pancréatique, biopsies). Si la cause ne peut pas être traitée, le pronostic est sombre. © P. Prélaud > Érythème nécrolytique migrant 8D- Érosions périanales 69 Dermatologie Les aliments de mauvaise qualité ou trop cuits se modifient à la suite de réactions de Maillard et leur digestibilité diminue. La pousse du poil et le renouvellement de la peau mobilisant près de 30 % des apports protéiques, une telle carence entraîne des troubles de la kératinisation et une alopécie diffuse avec un pelage terne et sec. Des carences protéiques sont également rencontrées chez des chiens présentant une maladie chronique débilitante ou chez les chiennes en fin de gestation ou en lactation, si l’apport alimentaire n’est pas adapté. 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle > Carence globale en protéines 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle SYMPTOMATIQUE ET NUTRITIONNEL DE L’ÉRYTHÈME NÉCROLYTIQUE MIGRANT Apport en acides aminés Fromage blanc, jaune d’œuf (1/10 kg/jour) Perfusions lentes de solutés d’acides aminés à 10 % tous les 7 jours Apport en acides gras polyinsaturés Jaune d’œuf Acides gras oméga-3 (huiles de poisson, colza) Une nutrition adaptée permet toutefois d’améliorer rapidement l’état de ces animaux, voire dans certains cas d’obtenir une guérison ou une très longue rémission. Le traitement passe par des perfusions de solutions d’acides aminés (Tableau 6) ou l’administration de jaune d’œuf, et une supplémentation en acides gras essentiels et en zinc, aux mêmes posologies que lors de dermatose répondant à l’administration de zinc (Tableau 7). Le gluconate de zinc est préférable au complexe zinc-méthionine, car moins hépatotoxique. Ces mesures nutritionnelles sont associées un arrêt des prises d’antiépileptiques, une antibiothérapie et l’administration d’antalgiques (morphiniques), notamment lorsque les lésions podales gênent la locomotion. > Acrodermatite létale du Bull Terrier Apport en zinc Gluconate de zinc 10 mg/kg/jour, éviter le zinc-méthionine Fractionnement des repas Traitement des complications infectieuses Antibiothérapie empirique (ex : céfalexine) Antalgiques Morphiniques injectables ou en patch L’acrodermatite létale du Bull Terrier est une génodermatose rare autosomique récessive. Il s’agit probablement d’un dysmétabolisme du zinc, sans trouble de l’absorption. Les animaux présentent un mauvais état général dès le plus jeune âge (dès 2 semaines), ainsi que des lésions érythémateuses et kératoséborrhéiques au niveau de l’extrémité des membres (Figure 9) et de la face. Les doigts sont épaissis. Il existe des symptômes généraux graves: broncho-pneumonie, déformations osseuses, cataracte, gastro-entérite. Cette maladie s’accompagne d’un déficit immunitaire sévère et est fatale dans tous les cas. Le diagnostic repose sur des données anamnestiques et une confirmation histopathologique. La supplémentation en zinc est inefficace. > Dermatoses améliorées par le zinc La dermatose améliorée par le zinc, dite de type I, n’est pas une maladie métabolique à proprement parler, mais est due à un défaut d’absorption intestinale du zinc. Elle est essentiellement observée chez des chiens de races nordiques, mais des chiens de nombreuses autres races peuvent être affectés aussi: Beauceron, Berger allemand, Boston Terrier, Bull-Terrier, Dogue allemand… © E. Bensignor Les lésions sont localisées aux zones périorificielles et aux doigts: érythème, squamosis en début d’évolution évoluant ensuite vers des squames et des croûtes très adhérentes (Figures 10 et 11). Le prurit est présent lors de surinfection. Un syndrome fébrile est parfois associé. Le diagnostic doit être confirmé par un examen histopathologique. Le diagnostic différentiel est parfois difficile; il implique d’envisager une éventuelle leishmaniose en zone d’endémie, une gale sarcoptique, un pemphigus foliacé ou une dermatophytie (White & coll, 2001). Une supplémentation en zinc est généralement suffisante et une amélioration clinique survient en moins d’un mois. En cas d’échec, l’association d’une corticothérapie à faible dose pendant 3 semaines permet d’obtenir une amélioration rapide des signes cliniques (ex: prednisolone: 0,1 à 0,2 mg/kg/j) par voie orale pendant 3 semaines. Le traitement doit généralement être poursuivi à vie (White & coll, 2001). Figure 9 - Érythème, squames et ulcères des extrémités chez un chiot Bull Terrier souffrant d'acrodermatite létale. TABLEAU 7 - POSOLOGIE DE DIFFÉRENTS SELS DE ZINC UTILISÉS DANS LE TRAITEMENT DES DERMATOSES AMÉLIORÉES PAR LE ZINC Zinc (posologie en poids d'élément zinc) © P. Prélaud © P. Prélaud Dermatologie TABLEAU 6 - TRAITEMENT Figure 10A - Hyperkératose des coussinets chez un Sibérian Husky présentant une dermatose améliorée par le zinc ; noter la fissuration d'un des coussinets. 70 Figure 10B - Hyperkératose (squames croûtes très adhérentes) périoculaire chez un Sibérian Husky présentant une dermatose améliorée par le zinc. Posologie Prises quotidiennes Zinc méthionine 4 mg/kg/j 1 Gluconate de zinc 5 mg/kg/j 1à2 Sulfate de zinc 10 mg/kg/j 1à2 Hypersensibilités alimentaires © P. Prélaud Sous le terme d’“hypersensibilité alimentaire” sont regroupées toutes les dermatoses provoquées par l’ingestion d’un aliment qui, chez un individu sain, ne provoque pas de réaction néfaste. Ces hypersensibilités, autrefois appelées intolérances, peuvent être d’origine non-immunologique ou immunologique (Johanson & coll, 2001). Dans ce dernier cas, il s’agit d’allergie alimentaire. Les manifestations cliniques sont très variées : digestives, respiratoires, cutanées, rénales, ou générales (Figure 12). Figure 11B - Squames croûtes adhérentes péribuccales chez un Basset Hound alimenté avec un aliment générique (Generic Dog Food Disease). Figure 11C - Hyperkératose localisée scrotale d'une dermatose répondant à l'administration de zinc. © P. Prélaud Figure 11A - Squames croûtes adhérentes chez un Fox Terrier présentant une Generic Dog Food Disease. Figure 11D - Dermatose répondant à l'administration de zinc : biopsie cutanée de lésions squamocroûteuses (X 400, HE) : noter l'hyperkératose parakératosique importante (persistance des noyaux dans les cornéocytes). FIGURE 12 - CLASSIFICATION DES RÉACTIONS D’HYPERSENSIBILITÉ DÉFINIE PAR L’EUROPEAN ACADEMY OF ALLERGY AND CLINICAL IMMUNOLOGY (EAACI) Hypersensibilité Hypersensibilité non allergique (mécanisme immunologique exclu) Hypersensibilité allergique (mécanisme immunologique défini ou fortement suspecté) Médiation par les IgE Atopie Pas de médiation par les IgE Pas d’atopie Piqûre d’insecte Cellule T ; ex.: dermatite de contact, maladie cardiaque Helminthes Eosinophile ; ex. : gastroentéropathie Médicaments Médiation par les IgE ; ex. : alvéolite allergique Autres Autres 71 Dermatologie 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle © P. Prélaud © P. Prélaud Les dermatoses dues à une carence d’apport en zinc (alimentation riche en phytates ou en calcium, pauvre en acides gras essentiels) présentent de nombreux points communs : aspect histologique identique, hyperkératose des jonctions cutanéomuqueuses et des coussinets. Le traitement repose sur le rééquilibrage de la ration alimentaire et l’administration de zinc pendant 3 à 4 semaines (Tableau 7). 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle Dermatologie > Étiologie • Hypersensibilité non immunologique Les réactions non allergiques sont très variées. Certains aliments peuvent être à l’origine d’un urticaire ou aggraver une dermatite atopique lorsqu’ils sont riches en: - histamine: tomate, épinards, viande de bœuf, foie de porc, crustacés frais, thon, saucisson sec, fromages - en composés histamino-libérateurs: chocolat, fraises, poisson, viande de porc, ovomucoïde de l’œuf - en tryptamine: chocolat, fromages cuits (Prélaud, 1999). • Allergies digestives Les conditions de développement d’une réaction allergique tiennent à la nature des antigènes alimentaires, à leur présentation au système immunitaire digestif et à des facteurs génétiques. Rupture de la tolérance immunitaire La réponse immunitaire aux antigènes ingérés est généralement une réaction de tolérance immunitaire: la réponse immunitaire est inhibée lorsque les antigènes sont présents en faibles concentrations. Lorsque la concentration en antigènes est élevée, des phénomènes d’anergie ou de délétion se mettent même en place (Chehade & Mayer, 2005). Cette tolérance immunitaire est un phénomène actif qui dépend de plusieurs facteurs liés à l’individu et à l’antigène (Tableau 8). Une réaction d’hypersensibilité peut être déclenchée par les facteurs suivants: augmentation de la perméabilité intestinale, troubles digestifs chroniques, forte teneur en antigènes insolubles, individu prédisposé à faire des réactions d’hypersensibilité. Trophallergènes Les aliments le plus souvent incriminés dans les études sur les hypersensibilités alimentaires chez le chien sont des viandes (bœuf, poulet, agneau), l’œuf, les produits laitiers et le soja, mais toute protéine d’origine alimentaire est potentiellement allergisante. La nature même des allergènes incriminés dans ces allergies est bien connue chez l’homme, chez lequel on a défini des allergènes majeurs et leurs particularités structurales (Breiteneder & Mills, 2005). Chez le chien, les connaissances sont très partielles. La grande majorité des allergènes identifiés chez le chien sont des protides de fort poids moléculaire, de 40 à 70 kD. Les principaux allergènes de la viande de bœuf et du lait de vache pour le chien pourraient être les chaînes lourdes des immunoglobulines G (Martin & coll, 2004). Il existerait donc des sensibilisations croisées entre lait de vache et viande de bœuf chez le chien. L’allergie à la caséine du lait de vache est aussi démontrée dans des modèles d’animaux présentant des allergies alimentaires spontanées (Jackson & Hammerberg, 2002). Enfin, certaines enzymes musculaires communes à de nombreuses espèces de mammifères pourraient expliquer des réactions croisées entre la viande d’agneau et la viande de bœuf chez le chien. C’est le cas des phosphoglucomutases (Martin & coll, 2004). TABLEAU 8 - FACTEURS IMPLIQUÉS DANS LA TOLÉRANCE IMMUNE PER OS (Chehade & Mayer, 2005) Dose de l’antigène Forte dose : délétion ou anergie lymphocytaire Faible dose : activation des cellules T régulatrices Forme de l’antigène Les antigènes solubles sont plus tolérogènes que les antigènes particulaires Génétique de l’hôte Flore commensale Âge de l’hôte Les nouveau-nés présentent des réactions immunitaires plus fortes. 72 Contrairement à l’homme, il n’existe pas de réactions croisées entre des pollens et des aliments (exception faite d’un cas de réaction croisée entre la tomate et le pollen de Cryptomeria japonicum) (Fujimura & coll, 2002). > Facteurs prédisposants Tous les éléments concourant à la rupture de la tolérance immunitaire peuvent favoriser le développement d’une hypersensibilité alimentaire. • Maldigestion La grande majorité des protéines alimentaires, qui sont des antigènes ou des allergènes potentiels, sont lysées par les sucs gastrique et intestinal, si bien que seuls des acides aminés ou de petits pep- Une augmentation de la perméabilité intestinale, en augmentant très largement la quantité d’antigènes présentés au système immunitaire, peut rompre l’état de tolérance et induire des réactions immunologiques délétères. La réaction inflammatoire augmentant la perméabilité intestinale, un cercle vicieux d’entretien du phénomène se met en place. © P. Prélaud • Vaccinations Figure 13B - Lésions d'urticaire chronique sur l'abdomen d'un chien présentant une hypersensibilité alimentaire. Les vaccinations provoquent une augmentation de la synthèse d’IgE chez le chien (Hogen-Esch & coll, 2002). Toutefois, cette exacerbation de la synthèse d’IgE de trophallergènes dans des modèles expérimentaux d’allergie alimentaire ne s’accompagne pas de l’apparition de symptômes. Figure 13C Angiœdème facial dû à une allergie vaccinale chez un chiot Bouledogue français. Par définition, un état atopique prédispose au développement de réactions allergiques, qu’il s’agisse d’aéroallergènes ou de trophallergènes (Prélaud & Olivry, 1998). © P. Prélaud • Atopie > Symptômes Les symptômes cutanés d’une hypersensibilité alimentaire sont extrêmement variables et parfois peu spécifiques. Le tableau clinique peut être celui d’une dermatite atopique, d’un prurit généralisé ou localisé, de troubles étendus de la kératinisation et évolué sur un mode aigu (rash cutané, urticaire) ou chronique (Figures 13 A à C). • Urticaire et angiœdème Les causes les plus fréquentes d’urticaire chez le chien sont des allergies médicamenteuses (vaccins, anti-inflammatoires, anti-infectieux, allergènes…) ou des réactions à des piqûres d’arthropodes (Tableau 9). L’identification d’une cause alimentaire est moins fréquente. Dans ce cas, il peut s’agir de phénomènes immunologiques (réaction d’allergie immédiate) ou de l’ingestion d’aliment riches en amines vasoactives ou à l’origine de réactions anaphylactoïdes (dégranulation mastocytaire sans intervention des IgE). Les réactions allergiques aux vaccins ont des points communs avec les allergies alimentaires, dans la mesure où, dans la majorité des cas, l’allergie est due à des résidus de sérum de veau fœtal des cultures cellulaires (IgG bovines) ou à des additifs protéiques (caséine, gélatines) (Ohmori & coll, 2005). Par conséquent, il est possible que ces réactions vaccinales puissent être dues à des sensibilisations alimentaires à ces mêmes protéines puisque certaines des réactions allergiques vaccinales sont observées lors de primovaccination, donc théoriquement sans sensibilisation préalable au vaccin. • Dermatite atopique et dermatite “atopique-like” La dermatite atopique est une dermatite prurigineuse chronique de la face et des extrémités, caractérisée par une prédisposition génétique à développer des réactions d’hypersensibilité à des allergènes environnementaux. L’allergie à des aéroallergènes n’est toutefois pas mise en évidence dans 20 à 25% des cas de dermatite atopique vus en clientèle référée ou universitaire. TABLEAU 9 - PRINCIPALES CAUSES D’URTICAIRE DÉCRITES ET SUSPECTÉES CHEZ LE CHIEN Alimentation Médicaments : pénicilline, ampicilline, tétracycline, céfalexine, vitamine K, oxopirvédine, vaccins, diéthylcarbamazine, amitraz, doxorubicine Agents de contraste radiologique Antisérums Extraits allergéniques Piqûres d’arthropodes : abeilles, guêpes, moustiques, chenilles, fourmis, araignées, puces Plantes Parasites intestinaux Chaleur, Froid Dermographisme Aéroallergènes 73 Dermatologie 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle • Troubles de la perméabilité intestinale Figure 13A - Lésions d'urticaire uniquement visibles après la tonte chez un Yorkshire terrier. © P. Prélaud tides sont normalement assimilés par la muqueuse de l’intestin grêle. Si la digestion est défectueuse, la quantité d’antigènes présentés au système immunitaire digestif et leur poids moléculaire sont beaucoup plus importants, ce qui favorise la rupture de la tolérance. Cela explique qu’une maladie inflammatoire chronique intestinale ou une insuffisance pancréatique exocrine favorisent le développement d’une hypersensibilité alimentaire. © P. Prélaud © P. Prélaud © P. Prélaud © P. Prélaud Figure 15B - Érythème, papules et excoriations au niveau des ars chez un Bouledogue français présentant une forme classique de dermatite atopique. © P. Prélaud © P. Prélaud Figure 14B - Érythème des faces internes des conques auriculaires signant l'existence d'une otite externe chez un Labrador atpique. Figure 15C - Forme grave de dermatite atopique chez un Cairn terrier : importante lichénification et hyperpigmentation abdominale et inguinale. Figure 14C - Érythème péribuccal chez un chien atopique. Par conséquent, le diagnostic de cette entité peut reposer sur des critères tirés de l’anamnèse et des signes cliniques, comparables à ceux proposés en médecine humaine (Prélaud & coll, 1998) (Tableau 10). Chez environ 30 % des animaux atopiques, l’état est significativement amélioré par un régime d’éviction. Les hypersensibilités alimentaires peuvent donc être considérées comme des facteurs majeurs dans l’étiologie de la dermatite atopique canine (Chesney, 2001 & 2002). Par conséquent, face à tous les signes d’appel de la dermatite atopique canine, il est nécessaire d’envisager l’existence d’une hypersensibilité alimentaire en présence des signes cliniques suivants (Prélaud, 2004) : - otite externe bilatérale, - cheilite bilatérale, - pododermatite bilatérale, - dermatite à Malassezia localisée ou étendue, - dermatite érythémateuse ou lichénifiée des grands plis, - hyperhidrose. © P. Prélaud Quelle que soit la forme clinique, bénigne, classique ou grave (Tableau 11), la mise en place d’un régime d’éviction hypoallergénique et hyperdigestible, est incontournable. © P. Prélaud Dermatologie 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle Figure 15A - Érythème abdominal et du pli du grasset chez un Fox terrier atopique (forme classique de dermatite atopique). Figure 14A - Érythème et alopécie périoculaires chez un chien atopique présentant une hypersensibilité alimentaire. Ce phénomène aussi décrit chez l’homme a amené l’European Academy of Allergy and Clinical Immunology (EAACI) à proposer le terme de “syndrome de dermatite atopique”, englobant ainsi tous les cas de dermatite atopique quelle que soit la cause prédominante, avec ou sans allergie démontrée. En médecine canine le terme de “dermatite atopique-like” vient d’être proposé par l’International Task Force on Canine Atopic Dermatitis (ITFCAD) pour désigner les cas de dermatite atopique sans allergie démontrée. Toutes ces variations de définition sont à l’origine de confusions et de controverses. Si l’on ne tient pas compte des résultats d’explorations allergologiques, comme c’est le cas en médecine humaine, il est impossible de différencier une dermatite atopique due à des aéroallergènes d’une dermatite atopique due à des trophallergènes (Hillier & Griffin, 2001 ; Jackson & coll, 2005) (Figures 14 à 16). Figure 14D - Érythème interdigité chez un chien atopique. 74 TABLEAU 10 - CRITÈRES DE DIAGNOSTIC DE LA DERMATITE ATOPIQUE CANINE Figure 15D - Forme grave de dermatite atopique, avec lésions très étendues d'alopécie, érythème et lichénification chez un Caniche (complication de dermatite à Malassezia). L’observation de plus de 3 critères dans la liste qui suit permet d’effectuer le diagnostic avec une sensibilité de 80 % et une spécificité de 80% : - Âge aux premiers symptômes: entre 6 mois et 3 ans - Prurit corticosensible - Otite externe bilatérale - Pododermatite antérieure érythémateuse - Cheilite bilatérale ET CONSÉQUENCES THÉRAPEUTIQUES Particularités cliniques Bénigne Localisation lésionnelle restreinte (ex : otite, pododermatite, anite…). Prurit modéré. Classique Localisations multiples. Prurit nécessitant un traitement par voie générale. Grave Localisation très étendue des lésions, surinfections. Prurit important. Bases thérapeutiques communes - Traitement antiparasitaire externe complet et continu - Acides gras essentiels s'ils apportent une amélioration - Régime hypoallergénique ou à défaut hyperdigestible Particularités thérapeutiques Soins locaux souvent suffisants : émollients et anti-inflammatoires (corticoïdes ou tacrolimus) - Mise en place précoce de la vaccination anti-allergènes - Contrôle des surinfections - Corticothérapie de courte durée - Ciclosporine A - Importance des soins locaux (tonte et shampooings antiseptiques et émollients) - Traitements anti-infectieux longs - Corticothérapie le plus souvent contre-indiquée - Vaccination anti-allergènes - Ciclosporine A © P. Prélaud Forme clinique Figure 16A - Otite externe chronique récidivante chez un Caniche atopique. • Prurit localisé ou généralisé © P. Prélaud © P. Prélaud • Pyodermite superficielle récidivante Figure 17B - Même chien que sur la figure 17A après un mois de régime d'éviction. Figure 18 - Furonculose pyotraumatique chez un Retriever ; noter autour du hot spot la présence de papules et de furoncles, visibles uniquement après la tonte. © P. Prélaud Les pyodermites superficielles récidivantes représentent la seconde expression clinique des hypersensibilités alimentaires après le syndrome dermatite atopique. Il n’existe pas de prédisposition d’âge ou de race. Les lésions (papules, pustules, croûtes, collerettes épidermiques ) sont généralement d’abord observées dans les régions de prédilection: abdomen, région inguinale (Figures 19 A & B). Elles peuvent s’étendre à l’ensemble du corps. La réponse à une antibiothérapie est toujours bonne, mais la récidive apparaît rapidement après l’arrêt du traitement anti-infectieux. Figure 17A - Prurit localisé à l'extrémité des membres entraînant une alopécie et un érythème chez un Colley présentant une hypersensibilité alimentaire. Figure 19A - Lésions papuleuses d’une pyodermite superficielle récidivante chez un Berger allemand. © P. Prélaud Parmi les causes de dermatite pyotraumatique récidivante figurent les hypersensibilités alimentaires. Toutefois, cette hypothèse diagnostique doit être envisagée après contrôle de l’infection, parfois profonde (Figure 18) et l’élimination des hypothèses les plus fréquentes: démodécie (surtout chez le Labrador retriever et le Rottweiler), dermatite par allergie aux piqûres de puces (DAPP), défauts d’hygiène chez les chiens à sous-poil dense. Figure 16B - Lichénification périmamelonnaire, forme mineure de dermatite atopique chez un Bouledogue français. © P. Prélaud • Dermatite pyotraumatique (“hot spot”) © P. Prélaud Une hypersensibilité alimentaire peut aussi se manifester sous la forme d’un prurit localisé, le plus souvent bilatéral. Les lésions consistent généralement en un érythème associé à une alopécie auto-induite (Figures 17 A & B). Figure 19B - Lésions papuleuses d’une pyodermite superficielle chez un Bouledogue français atopique. 75 Dermatologie 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle TABLEAU 11 - DIFFÉRENTES FORMES CLINIQUES DE DERMATITE ATOPIQUE 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle Dermatologie Le diagnostic repose sur l’identification des lésions et un examen cytologique qui met en évidence la présence de polynucléaires neutrophiles avec quelques images de phagocytose de cocci. Le diagnostic différentiel est celui de toutes les pyodermites superficielles récidivantes et comprend a minima l’exclusion d’une ectoparasitose ou d’une autre dermatite allergique (DAPP, dermatite atopique). Lorsque toutes les causes de récidives sont écartées (Tableau 12), un régime d’éviction doit être mis en place. TABLEAU 12 - PRINCIPALES CAUSES DE RÉCIDIVE D’UNE PYODERMITE Défauts anatomiques - plis, humidité excessive Dermatoses préexistantes - ectoparasitoses, troubles de la kératinisation, dermatites allergiques - endocrinopathies Causes iatrogènes - Corticothérapie - Traitement topique irritant - Antibiothérapie inadaptée ou trop courte Immunodéficit > Diagnostic Le diagnostic d’une hypersensibilité alimentaire repose sur l’élimination des autres causes de prurit (infectieuses et parasitaires notamment) et la mise en place d’un régime d’éviction. Il est tentant d’avoir recours à des dosages d’IgE spécifiques de trophallergènes pour objectiver une allergie alimentaire ou pour éliminer certains aliments de la ration. Une telle approche est à l’heure actuelle totalement injustifiée. Le peu d’études publiées montre le manque de fiabilité des tests allergologiques dans cette indication (Jeffers & coll, 1991; Kunkle & Horner, 1992; Hillier, 1994; Ermel & coll, 1997; Mueller & Tsohalis, 1998; Jackson & Hammerberg, 2002; Foster & coll, 2003; Jackson & coll, 2003; Wilhelm & Favrot, 2005). En fait, cette approche ne peut se justifier que dans des cas d’allergie immédiate pure, comme cela est le cas en médecine humaine. Ainsi, chez l’Homme, le résultat positif d’une mesure d’IgE spécifiques vis-à-vis de l’arachide, de l’œuf ou du lait de vache possède une excellente valeur prédictive chez un patient présentant des réactions anaphylactiques. En revanche, dans le cadre de l’exploration d’une dermatite atopique, la valeur de ces examens est aussi médiocre qu’en médecine canine (Sampson, 2004). > Pratique des régimes d’éviction TABLEAU 13 - EXEMPLES D’INGRÉDIENTS UTILISABLES COMME SOURCES DE PROTÉINES ET DE GLUCIDES DANS UN RÉGIME MÉNAGER Protéines Glucides Cheval Riz Poisson blanc Maïs Canard Tapioca (manioc) Poulet Pommes de terre Agneau Patates douces Lapin Bananes 76 Le principe d’un régime d’éviction repose sur l’administration d’une ration contenant des protéines que l’animal n’a jamais ingérées auparavant. Il est indispensable de mettre en place un régime d’éviction dès lors qu’il peut être fait de façon rigoureuse. L’observance d’un tel régime est sa principale limite. • Recensement des habitudes alimentaires Un régime d’éviction est prescrit après une enquête minutieuse et un consentement éclairé du propriétaire. La phase de préparation du régime conditionne sa mise en œuvre ultérieure. Le recensement des aliments ingérés par un chien n’est pas simple, les sources alimentaires étant très variées. Le questionnaire, lors de la consultation, s’attache à la description de l’alimentation proprement dite et à la recherche de tous les extra et sources potentielles cachées de consommation alimentaire. Si nécessaire, il faut demander au propriétaire de tenir un journal dans lequel il note tous les aliments consommés durant une à deux semaines. Les compléments alimentaires et les médicaments qui peuvent contenir des facteurs d’appétence protéiques (ex: foie) doivent aussi être pris en compte. Sources protéiques L’idéal est d’utiliser des sources de protéines et de glucides jamais ingérées auparavant par le chien. C’est ainsi que le cheval, le canard ou les poissons blancs (le thon, riche en histamine, est à éviter) sont des ingrédients qui reviennent souvent. Les hydrolysats protéiques dont le faible poids moléculaire assure une faible immunogénicité et une grande digestibilité peuvent être utilisés quelle que soit leur origine. (Les hydrolysats disponibles sont en général obtenus à partir de viandes de volaille ou de protéines de soja). Préparations ménagères Une préparation ménagère doit être basée sur la limitation des sources de protéines et de glucides (Tableau 13). L’intérêt des préparations ménagères réside dans le contrôle des matières premières utilisées. Pour les chiens habitués aux préparations de ce type, leur appétence est souvent meilleure que celle des aliments industriels secs. L’utilisation de rations ménagères est limitée par la praticabilité d’une telle préparation, notamment pour les chiens de grande taille. Elles sont de plus en plus rarement préparées pour les chiens de compagnie; même sur une période de 1 à 2 mois, leur mise en place peut s’avérer très difficile. Le déséquilibre de ces rations peut être aisément compensé si le régime doit être poursuivi plus de deux mois ou s’il est prescrit à un chiot. Toutefois, les contraintes supplémentaires imposées aux propriétaires peuvent devenir des facteurs limitant la bonne observance du régime (Tableaux 14 & 15). Aliments industriels Il existe une multitude d’aliments industriels affichant une indication “hypoallergénique” ou “pour dermatites allergiques”. Trois catégories peuvent être schématiquement distinguées. - Les aliments dont les protéines proviennent majoritairement de sources sélectionnées: ils ne peuvent pas être considérés comme recevables pour un régime d’éviction, les sources de protéines étant très variées. TABLEAU 14 - AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS THÉORIQUES DES ALIMENTS INDUSTRIELS ET MÉNAGERS Rations ménagères Aliments industriels Avantages Implication du propriétaire Praticabilité Pas d'additif Équilibre nutritionnel Contrôle des sources de protéines Grande diversité de sources protéiques Digestibilité (hydrolysats) Efficacité Faible allergénicité (hydrolysats) Appétence Appétence Inconvénients Préparation lourde Souvent trop riche en protéines Nécessité d’équilibrer la ration pour un chiot Pas de contrôle sur les sources protéiques Présence d’additifs ? Grande variété d’aliments proposés 77 Dermatologie 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle • Choix des aliments 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle Dermatologie L’utilisation des hydrolysats protéiques soulève de nombreuses questions tant en médecine humaine qu’en médecine vétérinaire. Seules des études de cohortes en médecine humaine permettent d’apporter des éléments de réponse. - Un aliment fortement hydrolysé est-il en pratique plus efficace qu’un aliment hydrolysé classique ? Cela n’est pas démontré, ni en médecine vétérinaire, ni en médecine humaine (Osborne & Sinn, 2003). - Un hydrolysat est-il plus efficace qu’un régime ménager chez le chien ? Aucune étude ne permet de dégager un avantage en faveur de l’un ou de l’autre type de régime. - Est-il intéressant d’utiliser un aliment hydrolysé chez un patient à risque avant l’apparition de symptômes ? Ceci n’est démontré que chez le nourrisson lorsque l’alimentation au sein n’est pas possible (Osborne & Sinn, 2003). - Les aliments dont les protéines proviennent exclusivement de sources sélectionnées: ceux-ci sont plus recevables, mais ils peuvent contenir un grand nombre de sources cachées de trophallergènes. Ce sont les seuls qui ont fait l’objet d’études contrôlées et les résultats sont parfois décevants (Vroom, 1994; Leistra & coll, 2001; Leistra & Willemse, 2002). - Les aliments formulés à partir d’hydrolysats protéiques sont en principe moins allergéniques que des préparations non hydrolysées. En effet, l’hydrolyse a pour but de fractionner les protéines en petits peptides de faible poids moléculaire. Ces régimes à base d’hydrolysats sont donc en pratique les plus à même de constituer un régime d’éviction industriel (Biourge & coll, 2004; Loeffler & coll, 2004). En effet l’hydrolyse diminue le poids moléculaire et l’antigénicité intrinsèque de l’aliment, mais elle le rend aussi plus digestible. Ces deux propriétés agissent en synergie pour offrir une moindre stimulation du système immunitaire digestif. L’avantage majeur des aliments industriels hypoallergéniques est leur facilité d’emploi. Toutefois, celleci ne doit pas amener le propriétaire à négliger les contraintes d’un tel régime. La prescription d’un régime industriel s’accompagne d’une mise en garde à propos des possibilités de consommation alimentaire autres que la ration de base. • Traitements concomitants Lorsqu’un régime d’éviction est mis en place, l’état du chien peut nécessiter le recours à des traitements concomitants qui sont, dans la plupart des cas, des anti-infectieux ou des corticoïdes. La prescription de médicaments aromatisés doit être évitée. L’efficacité du régime est interprétée 6 semaines après l’arrêt de la prise des médicaments. Si les médicaments doivent être administrés per os avec un aliment, toute source de protéine potentielle doit être proscrite: beurre, fromage, crème glacée, viande... Le miel est préférable. TABLEAU 15 - EXEMPLES DE PRISES ALIMENTAIRES POSSIBLES, MAIS PROSCRITES, EN DEHORS DE LA NOURRITURE HABITUELLE DU CHIEN Sources alimentaires éventuelles Occasions particulières Jouets Petit-déjeuner Os de cuir Apéritif Poubelle Fin de repas Dentifrice Plateau télévision Médicaments aromatisés Friandise utilisée pour les prises de médicaments Compléments vitaminés ou oligo-éléments Nourriture de voisins bien intentionnés Aliments des congénères Restes de table Fèces de chien ou chat (à la maison ou en promenade) 78 Plusieurs animaux ensemble Si plusieurs animaux sont présents dans la maison, il faut, soit interdire l'accès aux gamelles des autres animaux, soit leur donner également le régime d'éviction. Chiot Équilibrer une ration ménagère pour un animal en croissance demande des aménagements particuliers (voir exemples de rations ménagères à la fin). Chien âgé Chez un chien âgé, la durée assez courte du régime d’éviction ne doit pas poser de problème s’il s’agit d’un aliment industriel ou d’une ration ménagère équilibrée (voir exemples de rations ménagères à la fin). Par contre, l’utilisation des aliments standards peut être problématique: par exemple, une viande aussi maigre que la viande de cheval peut provoquer un amaigrissement. Il est aussi important de ne pas changer brutalement les habitudes du chien. Chien difficile Pour les chiens difficiles, il est possible que 2 à 3 jours soient nécessaires pour obtenir la consommation normale de l’aliment. S’il faut “amorcer” la prise d’aliment avec un supplément appétent, il est essentiel, après 4 semaines d’essai, de choisir un supplément de nature différente pendant encore 4 semaines (ex: jus de viande de bœuf, puis poisson…). Maladies associées Lors de maladie associée, il est préférable d’avoir recours à un aliment industriel à base d’hydrolysat et de suivre attentivement l’évolution de la maladie (ex: fructosaminémie après 15 jours de régime chez un chien diabétique). • Suivi du régime L’observance du régime est parfois difficile et des visites d’information et de remotivation sont souvent nécessaires. Tous les membres de la famille doivent être informés des interdits alimentaires qui peuvent nuire à une bonne interprétation du régime (Tableau 15). Afin de surveiller l’observance du régime, un suivi régulier est nécessaire. Il permet de repérer les effets secondaires potentiels du régime d’éviction: refus de l’aliment et troubles digestifs. Un jeûne de deux jours est tolérable. En cas d’échec, un nouveau régime doit être mis en place. Pour limiter la survenue de troubles digestifs, une transition alimentaire progressive sur une période d’au moins 4 jours avec la ration précédente est recommandée. Selon les aliments, une prise ou une perte de poids peut survenir. Il faut en informer le propriétaire pour qu’il surveille l’évolution du poids de son chien et adapte les quantités distribuées en conséquence. © Hermeline/Doxicat • Durée du régime Il existe aujourd’hui un consensus sur une durée de 6 à 8, au mieux de 10 à 12 semaines. Au-delà, la poursuite du régime est inutile si aucune amélioration n’est constatée. • Interprétation des résultats L’appréciation de l’amélioration clinique est simple lorsqu’elle est spectaculaire, plus difficile lorsqu’elle est partielle. Des clichés photographiques et des scores lésionnels (CADESI simplifié: Tableau 17) ou de prurit (Tableau 16) peuvent s’avérer très utiles. Lorsqu’un régime d’éviction s’impose chez un chiot, il faut veiller à ce qu’il réponde bien aux besoins particuliers de la croissance. 79 Dermatologie 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle • Cas particuliers 2 - Dermatoses d’origine nutritionnelle Dermatologie L’observation d’une amélioration significative est insuffisante pour permettre d’incriminer l’alimentation dans la genèse de la dermatite prurigineuse. En effet, un certain nombre de chiens ne présentent pas de récidives lorsqu’ils ingèrent à nouveau l’aliment initial. Par conséquent, un test de provocation est indispensable pour pouvoir interpréter correctement les effets d’un régime d’éviction. Lors d’absence d’amélioration, avant de conclure définitivement à une absence d’hypersensibilité alimentaire, il est nécessaire de s’assurer que l’observance a été correcte et les déviations mineures. • Provocation Deux options sont possibles: soit le régime alimentaire précédent est redistribué tel quel, soit une nouvelle source protéique est introduite toutes les 1 à 2 semaines. Cette dernière option permet d’identifier les aliments responsables de l’hypersensibilité. TABLEAU 16 - EXEMPLE DE NOTATION DU PRURIT Note Description 0 Absence de prurit 1 Prurit discret, non décrit spontanément par le propriétaire, moins d’1 heure par jour 2 Prurit modéré, décrit spontanément par le propriétaire, 1 à 3 heures par jour 3 Prurit important, 3 à 6 heures par jour 4 Prurit très important, permanent, observé en consultation, troubles du sommeil TABLEAU 17 - CADESI* SIMPLIFIÉ Signes cliniques: Erythème Lichénification Excoriations Alopécie spontanée Total Zones du corps Face Zone périoculaire Zone périlabiale Pavillons auriculaires Face interne gauche Face interne droite Cou Face ventrale Gauche Aisselle Droite Gauche Région inguinale Droite 80 Abdomen - Membres antérieurs Gauche (pli du coude) Droit (pli du coude) Pieds antérieurs Gauche Droit Membres postérieurs Gauche (pli du jarret) Droit (pli du jarret) Pieds postérieurs Gauche Droit * Évaluation de l'étendue et de la sévérité des lésions de dermatite atopique (CADESI), adaptée du “SCORing Atopic Dermatitis” (SCORAD). Pelage terne, xérose cutanée (Figure 20) Le lustre du pelage est lié à la composition du sébum, cette cire naturelle sécrétée par les glandes sébacées et stockée au niveau des follicules pileux. Le sébum a aussi pour rôle d’éviter le feutrage des poils en éliminant le relief des écailles. Le sébum rend la kératine des poils plus élastique et plus souple. Les lipides entrant dans la composition du sébum sont spécifiques de l’espèce et de la race (Dunstan & coll, 2000), mais la production et la qualité du sébum sont également influencées par l’alimentation. Certains nutriments indispensables, distribués en quantités supérieures aux strictes quantités minimales recommandées, permettent une amélioration significative de la beauté du pelage chez le chien. C’est notamment le cas des AGPI d’origine végétale (oméga-6) et du zinc. Ainsi une supplémentation conjointe de zinc et d’acide linoléique permet une amélioration du brillant du pelage alliée à une réduction des squames (Marsh & coll, 2000). © P. Prélaud La sensibilité à l’oxydation des sources d’AGPI impose de surveiller étroitement leur résistance à l’oxydation, et d’augmenter les quantités de vitamine E dans l’alimentation. Mue excessive Les mues vécues comme excessives par les propriétaires de chiens peuvent être physiologiques, qu’elles soient continues ou saisonnières. L’intensité de ces mues dépend de nombreux facteurs: le potentiel génétique, les équilibres hormonaux, la photopériode et la nutrition. Figure 20 - Squamosis abondant, signant une importante xérose cutanée chez un Labrador atopique. De nombreux nutriments sont utilisés pour stimuler la pousse du poil, parmi lesquels notamment la biotine (Fromageot & Zaghroun, 1990) et le paprika. L’addition de paprika (Capsicum tetragonum) à l’aliment augmente l’intensité des couleurs du pelage et stimule la croissance des poils, particulièrement durant la mue (Greer, 1981). © P. Prélaud Lorsqu’une mue excessive motive une consultation vétérinaire, il faut tenter d’identifier les causes potentiellement pathologiques des anomalies du cycle pilaire: - endocrinopathie - environnement inadapté - carence relative en AGPI, biotine, tyrosine, tryptophane, cystine, vitamine E, vitamine A, choline ou acide folique. Figure 21 - Lésions dépigmentées d’un vitiligo chez un Shar Peï. Toutefois, aucune étude à ce jour n’a montré qu’il était possible chez un chien ayant une alimentation équilibrée de contrôler sa mue par des mesures nutritionnelles ou pharmacologiques. Pelage noir à reflets roux Chez les chiens à pelage noir, il est possible de prévenir le roussissement du pelage par l’enrichissement de la ration en tyrosine. Le temps de réponse varie selon le cycle du poil. Si la majorité des poils sont en phase télogène, ils sont plus rapidement remplacés. Les poils qui roussissent au moment de la mue demeurent roux, même avec une supplémentation en acides aminés aromatiques. Vitiligo Le vitiligo est caractérisé par des lésions dépigmentées siégeant préférentiellement au niveau des muqueuses et des jonctions cutanéomuqueuses (Figure 21). La dépigmentation est due à une absence de mélanocytes. Les causes du vitiligo sont extrêmement variées et peu de traitements efficaces sont connus à l’heure actuelle. Chez l’Homme la L-phénylalanine est régulièrement utilisée (Antoniou & Katsambas, 1992; Camacho & Mazuecos, 2002) et donnerait de bons résultats chez le chien (Guaguère, communication personnelle). 81 Dermatologie 3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie 3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie 3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie Les nutritionnistes ont étudié les nutriments permettant d’améliorer la cicatrisation des plaies, afin de proposer des compléments nutritifs en période pré- et post-chirurgicale. De très nombreuses préparations entérales sous forme liquide existent en médecine humaine. Les propriétés recherchées sont une stimulation de la re-épithélialisation et du système immunitaire pour limiter l’infection. Elles sont utilisables chez le chien adulte, mais pas chez le chiot car insuffisamment concentrées en protéines. Les chiens souffrant d’un déficit en protéines (ex: lors d’un jeûne dû à une hospitalisation) présentent un retard à la cicatrisation. Il est primordial de veiller à l’équilibre de la balance azotée pour faciliter la régénération tissulaire, avec une attention particulière vis-à-vis des teneurs en glutamine et en arginine dans l’aliment. La production d’acide nitrique à partir de l’arginine stimule l’expression du facteur de la croissance vasculaire endothéliale. Un déficit en zinc est associé avec un retard de cicatrisation: le zinc est indispensable à la réplication et à la prolifération cellulaire. Le fer et la vitamine C, sont impliqués dans le mécanisme d’hydroxylation de la proline, acide aminé majeur dans la structure du collagène. Une carence en fer nuit à la qualité du tissu cicatriciel. Les acides gras oméga-3 agissent positivement sur la réaction inflammatoire au lieu de la cicatrisation. Un supplément de vitamine E aide à protéger les AGPI de l’oxydation. Le rôle positif du curcumin, de l’aloé véra et de la bromélaïne a été mis en évidence dans le processus de cicatrisation (Fray & coll, 2004). Idéalement, l’administration de tels nutriments doit se faire 8 semaines avant l’intervention chirurgicale, délai nécessaire à l’action effective des AGPI au niveau de la peau. Le traitement doit se poursuivre ensuite au moins 4 semaines après l’opération, à moduler selon l’intensité de la cicatrisation requise. Dermatite atopique FIGURE 22 - STRUCTURE SCHÉMATIQUE D’UNE JONCTION INTERCELLULAIRE La dermatite atopique canine, comme la dermatite atopique humaine, est une maladie multifactorielle dans laquelle la nutrition peut être utilisée à trois niveaux: - rétablissement de la fonction de barrière cutanée : les chiens atopiques présentent des troubles importants de cette fonction avec notamment des défauts du ciment intercellulaire formé par les céramides (Figure 22) (Inman & coll, 2001). Cela provoque des pertes hydriques, une pénétration transcutanée accrue d’antigènes et une augmentation de l’adhérence des staphylocoques à la surface des cornéocytes. © Waltham Centre for Pet Nutrition Dermatologie Cicatrisation cutanée À l’image du ciment liant les briques entre elles, les céramides assurent la cohésion des cellules de la peau. 82 1 - Brique 2 - Ciment 3 - Cellule de la peau 4 - Céramides (lipides cutanés) - diminution de l’inflammation: par l’utilisation de nutriments agissant sur la réponse inflammatoire (acides gras polyinsaturés oméga-3 à longue chaîne: EPA et DHA) ou immunitaire (probiotiques) (Baillon & coll, 2004). - prévention ou contrôle des hypersensibilités alimentaires: en ayant recours à des aliments hyperdigestibles et/ou hypoallergéniques. Des études in vitro (cultures de kératinocytes) menées par le Centre de Recherche Waltham ont montré que certains nutriments (en particulier : nicotinamide, acide pantothénique, histidine, inositol et choline) améliorent la structure et les fonctions de la peau. D’autres (pyridoxine et proline) stimulent la synthèse de céramides (Figure 23) (Watson & coll, 2003). Les études in vivo ont confirmé cette approche. Après 9 semaines de supplémentation avec un complément composé de nicotinamide, d’acide pantothénique, d’histidine, d’inositol et de choline, les pertes hydriques cutanées sont significativement diminuées chez le chien atopique. La diminution de la perte hydrique, et donc de la xérose cutanée, peut avoir pour conséquence positive une diminution de la pénétration allergénique, mais aussi une limitation des colonisations bactériennes et fongiques, à l’origine de poussées de dermatite atopique. FIGURE 23 - MESURE DE LA SYNTHÈSE DES LIPIDES CUTANÉS (D’après Watson, 2003) Monocouche de kératinocytes Incubation avec le(s) supplément(s) testés + marqueur radioactif (C14-Sérine pour les céramides et C 1’ acétate pour les stérols et les acides gras) Détermination de la synthèse lipidique par mesure de la radioactivité des cellules normales comparées aux cellules supplémentées Extraction du composé lipidique Les résultats montrent que les substances testées influencent positivement les cellules cutanées et augmentent la fonction de barrière cutanée > Acides gras polyinsaturés (AGPI) Lors de dermatite prurigineuse d’origine allergique, il est possible d’utiliser des AGPI, oméga-3 et oméga-6 afin de limiter l’inflammation cutanée, de restaurer l’intégrité du film hydrolipidique de surface et donc de limiter la pénétration transcutanée des allergènes et les infections bactériennes et fongiques. Diverses études montrent que l’utilisation de compléments riches en AGPI permet de réduire l’inflammation cutanée, mais sans obtenir un effet patent sur le prurit. Ils permettent en outre de diminuer la posologie d’une corticothérapie au long cours lorsque celle-ci est nécessaire (Saevik & coll, 2004). L’efficacité d’une telle approche thérapeutique lors de dermatite atopique canine serait meilleure en début de maladie (Abba & coll, 2005). En médecine humaine, l’utilisation à titre préventif des AGPI est envisagée chez les mères d’enfants atopiques. Une alimentation maternelle riche en AGPI oméga-3 et oméga-6 permettrait d’influer sur la réponse immunitaire des enfants nourris au sein, favorisant une réponse de type Th1 (Das, 2004). Une telle approche n’a pas été utilisée chez le chien, mais elle pourrait être tentée, notamment chez des chiens de races à risque comme le Shar Peï ou le West Highland White terrier. > Curcumin L’addition de curcumin pourrait aussi, par des mécanismes plus ciblés sur la réponse immunitaire (inhibition de l’activation mastocytaire, inhibition de la synthèse de lipoxygénase et cycloxygénase, d’immunoglobulines…), être profitable aux chiens souffrant de dermatite atopique (Cuendet & Pezzuto, 2000). La présence d’huile de bourrache dans l’alimentation donne des résultats intéressants dans diverses manifestations allergiques (Quoc & Pascaud, 1996). L’huile de bourrache, très utilisée en diététique humaine ainsi qu’en cosmétologie, est la seule huile à contenir plus de 20 % d’acide gamma-linolénique (GLA). L’efficacité de l’huile de bourrache est encore améliorée lorsqu’elle est utilisée en association avec des huiles de poisson, riches en EPA et DHA (Sture & Lloyd, 1995). Ces acides gras oméga 3 à très longue chaîne agissent dans le même sens que l’acide gammalinolénique, mais par des voies métaboliques différentes : ils inhibent la synthèse de l’acide arachidonique et de ses dérivés, responsables des manifestations inflammatoires. 83 Dermatologie 3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie > Renforcement de la fonction de la barrière cutanée 3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie TABLEAU 18 - POSOLOGIE DES RÉTINOÏDES CHEZ LE CHIEN Rétinoïdes Posologie Prises quotidiennes Vitamine A (rétinol) 1000 UI/kg/j 1 Acitrétine 1-2 mg/kg/j 1 Isotrétinoïne 1-2 mg/kg/j 1 > Troubles primaires de la kératinisation De nombreux troubles primaires de la kératinisation sont justifiables de l’utilisation d’AGPI ou de rétinoïdes. Ces derniers agissent en contrôlant la prolifération kératinocytaire, en diminuant la synthèse de sébum et en diminuant la réaction inflammatoire (inhibition de l’expression de chémokines). Ils sont beaucoup plus efficaces que la vitamine A tout en procurant moins d’effets secondaires. Toutefois leur utilisation n’est pas dénuée de risques et ils doivent être prescrits en informant le propriétaire et en prévoyant un suivi biologique (Tableau 18). • Dermatoses répondant à la vitamine A La vitamine A régule la croissance des cellules épidermiques, ainsi que la production de sébum. Elle permet de lutter contre la séborrhée et les pellicules qui se forment souvent après un épisode de prurit. Elle agit en synergie avec le zinc et les acides aminés soufrés. La dermatose répondant à la vitamine A est un trouble rare et discuté de la kératinisation décrit chez le seul Cocker. Elle se caractérise cliniquement par un pelage terne et des plaques squameuses épaisses et malodorantes (Figure 24). Le diagnostic repose sur un examen histopathologique qui révèle une hyperkératose orthokératosique folliculaire importante. Une supplémentation en vitamine A (1000 UI/kg/jour) permet d’obtenir une guérison, même si la réponse est assez lente. En cas d’échec ou de rémission partielle, le recours aux rétinoïdes de synthèse peut être envisagé. © P. Prélaud • Ichthyoses Figure 24 - Lésions squameuses adhérentes en plaques chez un Cocker présentant une dermatose améliorée par la vitamine A. Les ichthyoses sont des troubles génétiques de la kératinisation. Les chiens atteints présentent dès le plus jeune âge des épaississements squameux au niveau des coussinets et sur tout le corps (Figure 25). Certaines races sont prédisposées: Cavalier King Charles, Cocker, Retrievers, Soft Coated Wheaten terrier, West Highland White terrier, Jack Russel terrier et Rottweiler. L’examen histopathologique permet de poser le diagnostic. Le traitement repose sur l’utilisation conjointe de shampooings kératolytiques et d’AGPI ou de rétinoïdes de synthèse (Tableau 18). • Séborrhées idiopathiques Les séborrhées primaires stricto sensu apparaissent dès le plus jeune âge dans certaines races prédisposées (Cocker américain essentiellement). Il s’agit d’une anomalie génétique à l’origine d’un renouvellement accéléré de l’épiderme. Les lésions sont généralisées (squamosis gras), avec parfois des épaississements localisés importants (en face ventrale du cou, ou dans le pli du coude par exemple). Le diagnostic repose sur l’élimination de toutes causes de séborrhée grasse et la réalisation de biopsies cutanées. © P. Prélaud Dermatologie États kératoséborrhéiques Figure 25 - Lésions d’ichthyose périmamelonnaire chez un Cavalier King Charles. Le traitement associe un traitement anti-infectieux, des soins locaux (tonte et shampooings kératolytiques) et des rétinoïdes de synthèse. Ils sont administrés pendant 3 à 5 mois tous les jours puis, si le contrôle est satisfaisant, les prises sont espacées tous les 2 à 3 jours. > Dermatose répondant à l’administration de zinc Plusieurs sels de zinc sont disponibles pour le traitement des dermatoses améliorées par le zinc (Tableau 7). Le sulfate de zinc, très bon marché est parfois mal toléré (vomissements) et doit être administré avec le repas. Le gluconate de zinc est généralement mieux toléré (Guaguère & Bensignor, 2002). Le zinc-méthionine est probablement le mieux absorbé, mais il n’est plus disponible actuellement que sous la forme d’une préparation l’associant à la vitamine A, et son coût est élevé. La durée du traitement varie de 3 à 8 semaines selon les animaux et doit être le plus souvent prolongé à vie. 84 De nombreux troubles de la kératinisation peuvent accompagner des dermatoses inflammatoires d’origine allergique ou parasitaire. Ils ne sont pas justifiables d’un traitement par des rétinoïdes, le traitement de l’infection associée et/ou de la cause primaire permettant de les contrôler. Certains auteurs considèrent que les besoins nutritionnels sont accrus lors d’état kératoséborrhéique et qu’il est donc nécessaire de fournir une ration adaptée, enrichie en AGPI, vitamine E, zinc et oligo-éléments. Adénite sébacée granulomateuse Toutes les races peuvent être atteintes, mais il existe quelques prédispositions raciales nettes: Akita Inu, Caniche Royal, Samoyède et Lhassa Apso. Le diagnostic repose sur l’examen de biopsies multiples qui confirment la destruction des glandes sébacées. Le traitement fait appel à des soins locaux (shampooings kératomodulateurs) et à des traitements par voie générale: acides gras essentiels, corticothérapie, ciclosporine, rétinoïdes de synthèse (Tableau 19). Le pronostic est toujours réservé. Étant donné les effets secondaires potentiels (rétinoïdes, corticoïdes) ou le coût (ciclosporine A) des autres alternatives thérapeutiques, l’administration d’AGPI doit être tentée en première intention, associée à des shampooings kératomodulateurs. © P. Prélaud L’adénite sébacée granulomateuse est une maladie d’origine génétique caractérisée par une destruction des glandes sébacées. Elles disparaissent progressivement, ce qui provoque des troubles de la kératinisation au niveau du follicule pileux et donc une alopécie et la formation de manchons pilaires. Les lésions apparaissent progressivement et peuvent être localisées sur toutes les régions du corps (Figures 26 A & B). Figure 26A - Adénite sébacée granulomateuse chez un Akita Inu : alopécie irrégulière sur tout le tronc associée à un état kératoséborrhéique. Diverses maladies dysimmunitaires La vitamine E, par son action antioxydante, et les AGPI sont fréquemment utilisés seuls ou comme traitement adjuvant des dermatoses dysimmunitaires. Les AGPI sont utilisés pour leur action anti-inflammatoire ou immunomodulatrice dans le traitement des onychodystrophies lupoïdes avec d’excellents résultats dans un tiers des cas (Mueller & coll, 2003). Infections bactériennes récidivantes La nutrition peut jouer un rôle essentiel dans le contrôle des infections récidivantes soit en aidant au rétablissement de la barrière cutanée (nutriments de type “skin barrier”, AGPI), soit en aidant au contrôle de l’inflammation allergique (AGPI, aliments hypoallergéniques). © P. Prélaud La vitamine E (400 à 800 UI BID) est utilisée comme traitement adjuvant du lupus cutané (Scott & coll, 2001) et de la dermatomyosite (Hargis & Mundell, 1992). Utilisée seule, elle n’est efficace que dans un nombre très limité de cas. Figure 26B - Même chien que sur la Figure 26A, après deux mois de traitement associant acides gras polyinsaturés et shampooings kératomodulateurs. Vers une nutrition prophylactique En dermatologie canine, les interventions nutritionnelles sont encore aujourd’hui presque exclusivement vouées à des fonctions thérapeutiques. Or, en dermatologie humaine, notamment en allergodermatologie, la nutrition est surtout utilisée à titre préventif (Tableau 19). TABLEAU 19 - EXEMPLES DE RECOMMANDATIONS NUTRITIONNELLES POUR LIMITER LES RISQUES D’ALLERGIE ALIMENTAIRE CHEZ L’ENFANT (Sampson, 2004) • Allaitement au sein pendant 3 à 6 mois • Utilisation d’hydrolysats si l’allaitement au sein n’est pas possible • Éviter de manger de l’arachide et des fruits de mer pendant la grossesse et l’allaitement • Ne pas nourrir l’enfant avec des aliments à risque (arachide, noisettes, fruits de mer) avant l’âge de 3 ans 85 Dermatologie 3 - Thérapeutiques nutritionnelles en dermatologie • Séborrhées secondaires Conclusion > Aliments hypoallergéniques et hyperdigestibles À l’heure actuelle, les aliments hyperdigestibles ou hypoallergéniques sont utilisés en dermatologie à des fins thérapeutiques. En médecine humaine, ces aliments sont utilisés essentiellement dans la prévention des allergies alimentaires chez des enfants à risque, voire chez les mères allaitantes. Chez les enfants à risque ne pouvant pas être nourris au sein, l’utilisation d’hydrolysats permet de limiter significativement le risque de développement des manifestations cliniques de l’atopie (Osborn & Sinn, 2003). Une telle approche pourrait être intéressante en médecine canine, mais elle doit faire l’objet d’étude contrôlée. > Probiotiques Chez l’homme, il existe une corrélation entre l’utilisation d’antibiotiques dans l’enfance ou chez la mère durant la période anténatale et le développement d’une dermatite atopique. D’autre part, des études randomisées en double aveugle montrent que l’administration de probiotiques à des mères à risque limite la survenue de manifestations de dermatite atopique (forme extrinsèque) chez l’enfant (Flohr & coll, 2005). © Lenfant Dermatologie Une telle approche pourrait être intéressante et ce d’autant plus que l’identification des individus à risques, problématique chez l’homme (Osborn & Sinn, 2003), est beaucoup plus aisée chez le chien, tant certaines races ou lignées sont prédisposées à des dermatoses nutritionnelles ou dysimmunitaires (Scott & coll, 2001). Dans les races à risques sur le plan dermatologique, il serait intéressant de tenter de prévenir les phénomènes d’hypersensibilité en modifiant l’alimentation maternelle pendant la gestation, comme cela est fait chez l’Homme. Chez le chien, l’addition de probiotiques dans l’alimentation se heurte à des problèmes techniques (Weese & Arroyo, 2003). Toutefois, il est aujourd’hui possible de les inclure dans un aliment sec et d’observer leur effet sur la réponse immunitaire (Baillon & coll, 2004). Si les premières applications d’un tel aliment visent la sphère digestive, une utilisation à titre préventif ou curatif chez le chien atopique pourrait aussi être intéressante. > Acides gras polyinsaturés Les infections bactériennes récidivantes ont pour origine le plus souvent des dermatites allergiques (hypersensibilité alimentaire, dermatite atopique) ou des défauts de défense non spécifiques de la peau. Dans les deux cas une supplémentation en AGPI ou un cocktail “skin barrier” peut limiter les risques de rechute. Toutefois, il est indispensable de rechercher les causes de récidive d’une pyodermite, avant de conclure à une pyodermite récidivante idiopathique (Tableau 12). Chez l’Homme, une supplémentation en AGPI chez la mère pendant la gestation et la lactation permet de limiter les phénomènes d’hypersensibilité alimentaire chez l’enfant (Korotkova & coll, 2004). Une telle approche pourrait être intéressante chez des chiennes de races à risque comme le Shar Peï ou le West Highland White terrier. Conclusion L’alimentation joue un rôle primordial tant dans l’homéostasie cutanée que dans la prise en charge de nombreuses dermatoses inflammatoires. L’étude de la ration alimentaire fait donc partie intégrante du questionnaire dermatologique. La correction des déséquilibres alimentaires (à propos des apports en zinc et en acides gras essentiels notamment) est nécessaire à une bonne thérapeutique dermatologique. Il est important de lutter contre les idées reçues qui gênent quotidiennement la gestion des dermatites prurigineuses chroniques: la nocivité des aliments en fonction de leur origine, la valeur des dosages d’IgE d’allergènes alimentaires, l’absence de possibilité d’infestation par des puces ou la nocivité d’une corticothérapie de courte durée en font partie. 86 Questions fréquemment posées à propos de l’influence de l’alimentation sur la dermatologie Q R Quels sont les déficits nutritionnels le plus souvent incriminés en dermatologie ? Les nutriments impliqués dans des affections cutanées qui font le plus souvent défaut sont le zinc et les acides gras essentiels. Comment diagnostiquer une carence en zinc ? Il peut être tentant de mesurer le niveau de zinc dans le sang ou la teneur en zinc des poils, mais ces méthodes ne sont pas satisfaisantes. Le diagnostic repose donc sur l’examen histopathologique des lésions cutanées (hyperkératose parakératosique) et sur la réponse à la supplémentation ou la correction de la ration alimentaire. Que faire lorsqu’un Sibérian Husky montrant des signes de “dermatose améliorée par le zinc” ne répond pas à l’administration de zinc? Il faut d’abord changer de sel de zinc: par exemple prescrire du gluconate de zinc ou du zinc-méthionine à la place du sulfate du zinc. La prescription de corticoïdes à faible dose (prednisolone: 0,2 mg/kg/j) permet généralement d’améliorer de façon très significative l’absorption du zinc et de contrôler la dermatose. Quels aliments sont les plus allergisants ? Les données de la littérature ne permettent pas aujourd’hui d’identifier des sources protéiques plus allergisantes que d’autres. La connaissance de la nature même des allergènes alimentaires permettra peut-être dans un avenir proche de définir les aliments à risque. La viande blanche est-elle moins allergisante que la viande rouge ? Cette tradition colorée a la vie dure. La couleur de la viande ne préjuge en rien de son caractère potentiellement allergisant ou a contrario, hypoallergénique. En effet, l’origine et la couleur de la viande ne sont pas des éléments incriminés dans les études sur l’étiopathogénie des intolérances alimentaires chez le chien. En revanche, le risque croît avec la quantité de viande ingérée. Une viande bien rouge, comme la viande de cheval, est d’ailleurs très largement utilisée avec succès comme base des régimes d’éviction ménagers. Peut-on contrôler une dermatite atopique avec le seul recours à une supplémentation en AGPI ? Oui, mais si la réponse est insatisfaisante après deux mois de traitement, il faut envisager d’autres alternatives thérapeutiques. Un défaut d’apport alimentaire peutil générer un déficit immunitaire ? Seules des carences graves en protéines ou en acides gras peuvent être à l’origine d’un déficit immunitaire, mais cela n’est observé en pratique que lors de maladies débilitantes ou de troubles digestifs chroniques graves. 87 Dermatologie Questions fréquemment posées Le traitement de base des troubles de la kératinisation ou des dermatites allergiques passe par l’utilisation de nutriments susceptibles de renforcer le fonctionnement de la barrière cutanée, voire de jouer un rôle anti-inflammatoire. L’avenir s’ouvre aujourd’hui très largement sur la possibilité d’utiliser l’alimentation dans un but prophylactique (probiotiques, acides gras essentiels…) chez des animaux présentant des risques de maladies cutanées. Références Dermatologie Références Abba C, Mussa PP, Vercelli A et al. - Essential fatty acids supplementation in different-stage atopic dogs fed on a controlled diet. J Anim Physiol Anim Nutr (Berl) 2005; 89(3-6): 203-7. 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ANALYSE RATIONNEMENT INDICATIF La ration ainsi préparée contient 27% de matière sèche et 73% d’eau Valeur énergétique (énergie métabolisable) 1140 kcal/1000 g de ration préparée (soit 4250 kcal/1000 g de matière sèche) Poids du chien (kg)* Ration journalière** Poids du chien (kg)* Ration journalière** % matière sèche g/1000 kcal Protéines 43 102 2 190 45 1980 Matières grasses 16 37 4 320 50 2140 Glucides assimilables 29 68 6 440 55 2300 Fibres 3 7 10 640 60 2460 15 870 65 2610 20 1080 70 2760 25 1270 75 2910 30 1460 80 3050 35 1640 85 3190 40 1810 90 3330 Points clés - Contrôle des matières premières utilisées. • Utilisation d’une seule source de protéines, très digestibles, contre lesquelles le chien n’est pas sensibilisé (non consommées auparavant) • Utilisation d’une seule source de glucides, extrêmement digestible - Appétence: pour faciliter la stricte observation du régime *Le rationnement est proposé en fonction du poids de forme du chien. En cas d’obésité, le rationnement doit être prescrit en fonction du poids idéal et non pas du poids réel du chien. **Les quantités peuvent être adaptées à l’évolution du poids du chien mais aucun autre ingrédient ne doit être incorporé dans la ration et aucun supplément ne doit être distribué. 90 Exemple 2 COMPOSITION (pour 1000 g de ration) Canard, viande, cru . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 500 g Riz blanc cuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 480 g Cellulose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 g Huile de colza . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10 g Ajouter un complément minéral et vitaminique bien équilibré. RATIONNEMENT INDICATIF ANALYSE Valeur énergétique (énergie métabolisable) 1325 kcal/1000 g de ration préparée (soit 4480 kcal/1000 g de matière sèche) La ration ainsi préparée contient 30% de matière sèche et 70% d’eau Poids du chien (kg)* Ration journalière** Poids du chien (kg)* Ration journalière** % matière sèche g/1000 kcal 2 170 45 1700 Protéines 37 82 4 280 50 1840 Matières grasses 14 31 6 380 55 1980 Glucides assimilables 43 95 10 550 60 2120 Fibres 4 9 15 750 65 2250 20 930 70 2370 25 1100 75 2500 30 1260 80 2620 35 1410 85 2750 40 1560 90 2870 Contre-indications d’un tel régime Pour un chiot, un régime hypoallergénique industriel est préférable jusqu’à la fin de la croissance. Exemples de rations ménagères proposées par le Pr Patrick Nguyen (Unité de Nutrition et d’Endocrinologie; Département de Biologie et Pathologie, École nationale vétérinaire de Nantes) 91 Dermatologie Rations ménagères MÉNAGÈRES ADAPTÉES D’ÉVICTION © Lanceau Dermatologie Informations nutritionnelles Royal Canin La beauté du pelage dépend bien sûr de données génétiques, fruit de la sélection par les éleveurs, mais ses qualités naturelles ne peuvent s’extérioriser que si l’alimentation lui apporte les nutriments indispensables à sa croissance et à son renouvellement. Points clés à retenir à propos du : Rôle de la nutrition dans la prévention et le traitement des affections cutanées chez le chien 1er objectif : renforcer l’efficacité de la barrière cutanée 27 substances susceptibles d’avoir un effet bénéfique sur la fonction de barrière cutanée ont été passées au crible par le Centre de Recherche de Waltham. Les critères de sélection reposaient sur la limitation des pertes en eau par l’épiderme et la synthèse des lipides cutanés. Quatre vitamines du groupe B et un acide aminé agissant en synergie ont été retenus (Watson & coll, 2006). Les vitamines du groupe B sont des vitamines hydrosolubles, elles ne sont pas stockées dans l’organisme. En général, une alimentation équilibrée et la synthèse faite par les bactéries intestinales garantissent un apport suffisant. L’apport peut cependant 92 devenir marginal lors de pertes hydriques importantes ou de traitement antibiotique. - La niacine (ou nicotinamide) est synthétisée à partir du tryptophane. Elle est essentielle à la respiration cellulaire. En cas de carence, elle provoque une dermite prurigineuse de l’abdomen et des membres postérieurs chez le chien (on parle de pellagre chez l’homme). - L’acide pantothénique est impliqué comme co-enzyme dans de nombreuses synthèses, dont celles des acides gras. - Choline et inositol travaillent en tandem et jouent un rôle dans l’édification des membranes cellulaires. Combinée au phosphore, la choline forme les phospholipides. - L’histidine est indispensable à la croissance et à la maturation des cellules de l’épiderme, les kératinocytes. L’effet bénéfique de l’administration de ce complexe s’installe en deux mois environ, en raison du temps nécessaire au processus de différenciation des cellules de l’épiderme. 2e objectif : contrôler l’inflammation grâce aux acides gras essentiels Certains acides gras sont dits “essentiels” parce que l’organisme est incapable de les synthétiser. En cas de carence, la peau présente une desquamation importante et une altération de la fonction de barrière cutanée. Dermatologie Informations nutritionnelles Royal Canin L’action des acides gras essentiels est double : ils rééquilibrent la composition du film lipidique superficiel pour limiter les phénomènes de sécheresse cutanée (Fray & coll, 2004), et d’autre part, ils freinent la synthèse des médiateurs de l’inflammation. Les propriétés anti-inflammatoires des acides gras oméga 3 à longue chaîne (EPA/DHA) sont d’ailleurs largement utilisées en dermatologie humaine et vétérinaire (Byrne & coll, 2000). 3e objectif : garantir des niveaux d’apports vitaminiques en rapport avec les besoins importants liés au pelage La sensibilité à l’oxydation des sources d’acides gras polyinsaturés impose de surveiller étroitement leur résistance à l’oxydation, et d’augmenter les quantités de vitamine E dans l’alimentation. La vitamine A régule la croissance des cellules épidermiques, ainsi que la production de sébum. Elle permet de lutter contre la séborrhée et les pellicules qui se forment souvent après un épisode de prurit. Elle agit en synergie avec le zinc et les acides aminés soufrés. La vitamine H ou biotine est indispensable à l’intégrité cutanée. Une carence en biotine peut entraîner une chute de poils plus ou moins sévère. ACTION DES NUTRIMENTS AU NIVEAU CUTANÉ Lipides et acides gras Vitamine B Histidine Vitamine E Zinc Protéines Acides aminés Cuivre Vitamine A De nombreux nutriments sont indispensables à l’organe complexe que constituent la peau et le pelage. Ce schéma n’est qu’un bref résumé des nombreux éléments indispensables à une fonction cutanée normale. 93 Dermatologie Informations nutritionnelles Royal Canin Gros plan sur : © C. Chataignier L’HUILE DE BOURRACHE La bourrache (Borago officinalis), est une plante originaire d’Asie, mais cultivée aussi en Afrique du Nord et dans différents pays d’Europe, dont la France, l’Angleterre, l’Allemagne et les Pays-Bas. L’huile est obtenue par pressage des graines. L’huile de bourrache se caractérise par une grande richesse en un acide gras particulier de la famille oméga6 : l’acide gamma-linolénique ou GLA. La plupart des huiles végétales sont très riches en acide linoléique. Mais les seules huiles apportant une quantité intéressante de GLA sont : l’huile de bourrache, l’huile d’onagre et l’huile de pépins de cassis. Parmi celles-ci, c’est l’huile de bourrache qui en contient le plus. Le diagramme ci-dessous illustre les transformations successives que subit l’acide linoléique pour produire l’ensemble des acides gras de la famille oméga 6. Chaque étape de la transformation fait intervenir une enzyme spécifique. COMPARAISON DE LA TENEUR EN GLA POUR DIFFÉRENTES HUILES VÉGÉTALES Sources végétales Acide linoléique % Acide gamma-linolénique (GLA) % Bourrache 35 à 40 20 à 25 Pépins de cassis 45 à 50 15 à 20 Onagre 70 à 80 8 à 12 Soja 50 à 55 - Olive 8 à 10 - ÉTAPES DE LA SYNTHÈSE DES ACIDES GRAS POLYINSATURÉS DE LA SÉRIE OMÉGA 6 acide linoléique (C18:2) acide gamma-linolénique ou GLA (C18:3) acide dihomo-gamma-linolénique acide arachidonique (C20:4) H O C acide docosa-pentaénoïque ou DPA (C22:5) 94 Double liaison Dermatologie Informations nutritionnelles Royal Canin Enrichir l’aliment en GLA favorise l’incorporation de celui-ci dans les tissus : dans le foie, les globules rouges, les parois des vaisseaux… L’efficacité de cette incorporation dans les membranes des cellules est bien meilleure à celle obtenue à partir de la transformation de l’acide linoléique. L’apport alimentaire de GLA prévient donc le risque de carence chez des animaux à risque : les chiens d’âge mûr ou ceux souffrant de déficiences enzymatiques. L’huile de bourrache présente un intérêt potentiel dans tous les problèmes d’origine inflammatoire. C’est dans le domaine de la dermatologie que les effets bénéfiques de l’huile de bourrache ont été les mieux étudiés. La supplémentation en GLA favorise en effet l’augmenta- tion de la production d’hormones dont les effets anti-inflammatoires sont bien connus, les prostaglandines de type 1. Cette production se fait aux dépens de la synthèse d’autres prostaglandines, les prostaglandines de type 2, qui ont un effet pro-inflammatoire. ORIGINE DE L’ÉQUILIBRE ENTRE PROSTAGLANDINES DE TYPE 1 ET 2 acide gamma linolénique ou GLA transformation rapide acide dihomo-gamma-linolénique ou DGLA transformation rapide transformation lente prostaglandines de type 1 freinant l’inflammation prostaglandines de type 2 favorisant l’inflammation H O Freiner la transformation de l’acide arachidonique permet de limiter les effets négatifs de ses dérivés, les prostaglandines de type 2, et les phénomènes inflammatoires excessifs qui leur sont associés. C Les effets positifs sont particulièrement nets chez des chiens qui présentent un terrain allergique. Les résultats sont aussi prometteurs visà-vis des problèmes liés à la production excessive de sébum par la peau (séborrhée). L’huile de bourrache est aussi utilisée en cosmétologie : elle est incorporée dans les produits qui visent à régénérer la souplesse et l’élasticité de la peau. Elle est particulièrement indiquée lors de sécheresse de la peau. Fray TR, Watson AL, Croft JM et coll A combination of aloe vera, curcumin, vitamin C, and taurine increases canine fibroblast migration and decreases tritiated water diffusion across canine keratinocytes in vitro. J Nutr 2004;134 (8 Suppl): 2117S-2119S. Watson AL, Fray TR, Bailey J et coll - Dietary constituents are able to play a beneficial role in canine epidermal barrier function. Exp Dermatol. 2006;15 (1): 74-81. Références Byrne K Campbell KL, Davis C et coll - The effects of dietary n-3 vs n-6 fatty acids on ex-vivo LTB4 generation by canine neutrophils. Vet Dermatol 2000; 11: 123-131. 95