Télécharger l`Article en
Transcription
Télécharger l`Article en
Spécial immobilier DR Le Nouvel Observateur. – Comment Rennes Métropole a-t-elle traversé les années de flambée immobilière ? Guy Potin. – En 2000, nous avons constaté qu’il manquait des logements dans notre agglomération, car chaque année l’aire urbaine de Rennes attirait de nouveaux habitants. Notre agglomération est la troisième de France, derrière Toulouse et Montpellier, en termes de développement démographique. Comme dans le reste du pays, cette pression sur la demande a entraîné une hausse des prix de vente, qui ont doublé entre 2000 et 2007. Elle a aussi incité les nouveaux arrivants à s’installer plus loin du centre, hors de la métropole, pour trouver des biens à des prix accessibles. N. O. – Comment avez-vous réagi ? G. Potin. – Entre 2000 et 2005, nous construisions 2 200 logements par an. Nous avons décidé de passer à 4 500 logements par an entre 2005 et 2010. Mais cet objectif n’était pas seulement quantitatif, car nous avons veillé à produire des logements adaptés à la demande. Ainsi toutes les communes de Rennes Métropole imposent-elles dans les programmes dans le neuf de plus de 30 logements 25% de logements locatifs sociaux et 25% de logements intermédiaires (accession sociale), les 50% restants étant destinés au parc privé. N. O. – Comment la crise immobilière de l’année dernière peut-elle avoir un impact sur cette politique ? G. Potin. – Les opérations immobilières qui ont bénéficié du plan de relance du gouvernement et dont la vente a été favorisée par des mesures comme le doublement du PTZ, le Pass-Foncier ou le régime Scellier étaient déjà dans les tuyaux. Durant la crise, les promoteurs ont été très frileux, faute de financement, et ils ont déposé très peu de permis de construire. Nous risquons donc de voir les conséquences de cette crise sur le marché en 2011, avec un risque de pénurie de neuf dans l’agglomération. Propos recueillis par M. P. II ● LE NOUVEL OBSERVATEUR Les primo-accédants représentent 60% des acheteurs rennais Michel Ogier / Justouest.fr GUY POTIN Vice-président de Rennes Métropole chargé de l’habitat Pourtant, après un premier semestre noir, C’est pourquoi le marché de la deuxième coudès la rentrée de septembre 2009, les vendeurs ronne a encore du mal à repartir, car les primoont enfin accepté de baisser leurs prix, ce qui accédants peuvent trouver des biens dans leur a permis à l’activité de repartir un peu. budget plus près du centre-ville. Cependant, grâce à la prise de conscience « Essentiellement pour les petits budgets de moins de 100 000, puis moins de des propriétaires et aux acheteurs qui ont 150 000 euros », précise Annick Gosselin, retrouvé confiance, le marché semble repartir conseillère chez Guy Hoquet Gosselin. La cible doucement. Dans l’agglomération rennaise, principale de ces biens ? Des primo-accédants, « le montant moyen emprunté tourne depuis qui pouvaient à nouveau emprunter à des un an et demi autour de 120 000 euros », taux attrayants, et des investisseurs, « qui précise Patrick Leguerrier, directeur de négociaient pied à pied le prix d’achat », l’agence Meilleurtaux.com. Ce qui ne veut pas précise un agent immobilier. Sur l’année 2009, dire que seuls les petits biens se vendent, d’après la chambre régionale des notaires, le mais que les acquéreurs disposant de budgets prix des appartements anciens à Rennes a importants achètent désormais grâce à un plus gros apport. « Debaissé en moyenne de 8,4%, à 2 032 euros/m2. LES ASPIRANTS puis janvier, il n’est plus En Ille-et-Vilaine plus rare de vendre un bien largement, tous les types PROPRIÉTAIRES SONT entre 200 000 et de biens ont vu leur prix TRÈS EXIGEANTS ET 300 000 euros, précise diminuer : –8,7% pour BIEN PLUS AVERTIS Eric Robiolle, directeur les appartements an- QU’AUPARAVANT de l’Agence des Lices, ciens et –5,2% pour les mais, au-delà de cette appartements neufs. Le barre psychologique, il y prix des maisons a lui aussi reculé : de 4,7% a nettement moins d’acheteurs et le marché pour l’ancien et de 4% pour le neuf. coince toujours un peu. » Mais ces chiffres cachent de très fortes Seule différence avec les années d’avant la disparités. Ainsi, à Rennes, l’hypercentre crise : les aspirants propriétaires sont auhistorique a relativement bien résisté à la jourd’hui très exigeants et bien plus avertis crise, les baisses moyennes constatées par les qu’auparavant. Ils ont le choix et n’hésitent professionnels étant de l’ordre de 5%. En pas à visiter, à comparer et à faire le tour du revanche, les quartiers les plus excentrés, marché, notamment sur Internet, avant de se ceux qui concentrent des constructions datant décider. « Dès qu’un bien de qualité est des années 1960, avec de fortes charges, et présenté au bon prix, il peut se vendre en ceux dont le prix avait bondi durant l’embel- moins de quinze jours », affirme Gwenaël lie, ont connu de très fortes corrections. « En Faruel. Les biens surévalués restent sur le 2009, à Cleunay, les prix ont reculé de marché. « Les acheteurs intéressés attendent 12,1% ; la baisse a été de 10,5% à Villejean tout simplement qu’ils baissent, sans même et de 8,8% dans la zone sud », constate Gaël les visiter », constate un agent immobilier. Le Lay. « Seuls les prix bas attirent de Preuve que cette embellie immobilière est nouveau les acheteurs dans les secteurs les encore fragile et pourrait s’arrêter net si les moins recherchés. D’autant que, comme l’en- propriétaires se remettaient à vendre trop semble des prix a baissé, si les propriétaires ne cher ou si les taux de crédit augmentaient sont pas raisonnables, ils se retrouvent en beaucoup. Cela désolvabiliserait nombre de concurrence avec des biens plus modernes ou primo-accédants, qui représentent 60% des mieux placés », explique Erick Gosselin, acquéreurs rennais. directeur de l’agence Guy Hoquet Gosselin. MARIE PELLEFIGUE