"La création d`entreprises est très importante pour
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"La création d`entreprises est très importante pour
20 mai 2015 "La création d’entreprises est très importante pour lutter contre le chômage", L. Schweitzer, Initiative France, à l’AEF Par Isabelle Moreau "Je crois que la création d’entreprises est très importante pour lutter contre le chômage et faciliter la reconversion des gens", confie Louis Schweitzer, président d’Initiative France, à la veille de la tenue de l’assemblée générale et de la célébration du 30e anniversaire du réseau, organisée en partenariat avec l’AEF. Rappelant qu’Initiative France a financé en 2014 un peu plus de 16 000 entreprises, ce qui correspond à 6,1 % des entreprises créées en France, hors autoentreprises, Louis Schweitzer détaille les actions menées par le réseau pour aider les créateurs d’entreprise et revient sur le partenariat noué fin 2014 avec Pôle emploi. L’ancien président de la Halde souhaite également développer la création d’entreprises dans les territoires fragiles et les zones sensibles, en créant notamment des antennes dans les quartiers. AEF : Initiative France fête ses 30 ans demain, jeudi 21 mai 2015. Quel est concrètement l’impact de votre réseau en termes de création d’emplois en France ? Louis Schweitzer : Initiative France a financé en 2014 un peu plus de 16 000 entreprises, ce qui correspond à 6,1 % des entreprises créées en France, hors autoentreprises. Cela confirme son impact majeur sur la création d’entreprises dans le pays et sur le développement économique des territoires. Depuis 30 ans, nous avons créé au total 200 000 entreprises. Notre métier, c’est d’aider des gens qui ne sont pas tous nécessairement destinés à créer une entreprise et de faire en sorte qu’ils y arrivent, et que leur entreprise réussisse en les finançant et en les accompagnant. AEF : Vous aidez les futurs entrepreneurs au moment de la création de leur entreprise via notamment l’attribution de prêts d’honneur. Quel est le taux de pérennité des entreprises créées à 3 ans ? Louis Schweitzer : Le taux de pérennité des entreprises à 3 ans est de 87 % pour les entreprises soutenues par Initiative France. Cela s’explique par le renforcement des fonds propres grâce au prêt d’honneur, par la préparation approfondie du projet et par l’impact de l’accompagnement après la création. Le prêt d’honneur, d’un montant moyen de 8 900 euros, produit un effet de levier sur les banques, qui font confiance aux entreprises soutenues par le réseau puisque pour un euro de prêt d’honneur, 7,20 euros d’emprunts bancaires ont été mobilisés. En 2014, 1,2 milliard d’euros ont été investis dans ces entreprises. AEF : Obtenir des fonds pour créer son entreprise est vital pour un futur entrepreneur, mais se faire accompagner est tout aussi important. Comment les plates-formes d’Initiative France implantées sur l’ensemble du territoire accompagnent-elles la création d’entreprises ? Louis Schweitzer : Aujourd’hui, deux tiers de ceux qui créent leur entreprise font de la création et un tiers de la reprise. 50 000 personnes sont reçues par an, ce qui donne lieu à 16 000 projets soutenus par Initiative France. Nous accompagnons les personnes pour préparer et construire leur projet qui sera validé par un comité d’agrément. Le prêt d’honneur, gratuit et sans garanties, vient donc au terme d’un processus de validation d’un projet. Il est transformé par l’entrepreneur en fonds propres, ce qui lui permet de trouver un prêt bancaire. Et dans un quart des cas, nous désignons un parrain pour accompagner l’entrepreneur. Toutes nos prestations sont gratuites et nous nous appuyons sur un réseau de plus de 15 400 bénévoles, ce qui est une ressource humaine extraordinaire. AEF : Poursuivez-vous l’effort quand l’entreprise est amenée à grandir ? Louis Schweitzer : Même si au bout d’un certain temps les banques prennent le relais pour financer ces entreprises, il arrive que les entreprises aient un potentiel de croissance immédiat au début de leur vie et aient besoin d’un financement complémentaire. J’ai en tête une entreprise qui crée des maisons passives et pour qui la demande est venue tout de suite. Elle devait recruter et faire des investissements. C’est là qu’Initiative France est intervenue. Nous développons depuis quelques années les aides aux entreprises dans leurs cinq premières années d’existence. En 2014, nous avons aidé 800 entreprises, contre 500 il y a 4 ans. Mais si nous souhaitons davantage aider les entreprises à grandir, nous n’avons pas vocation à aider celles en difficulté. AEF : Vous avez signé fin 2014 un partenariat avec Pôle emploi. Pensez-vous qu’orienter et accompagner les demandeurs d’emploi vers la création d’entreprise peut être un levier important pour inverser la courbe du chômage ? Louis Schweitzer : Je rappelle tout d’abord que deux tiers des créateurs d’entreprises soutenus par Initiative France sont demandeurs d’emploi lors de la création ou de la reprise d’entreprise. Nous apportons une double réponse. Nous répondons à la personne qui crée son emploi, mais en plus cette personne crée d’autres emplois. Pour la seule année 2014, les plus de 16 000 entreprises soutenues par le réseau ont permis la création de 38 500 emplois, soit 2,4 emplois par entreprise. C’est une création d’emplois nette très importante. Si nous avons signé un partenariat avec Pôle emploi, c’est parce que la notoriété d’Initiative France est faible auprès du grand public. Nous avons besoin de "prescripteurs" pour conseiller aux demandeurs d’emploi qui ont le potentiel et la capacité de créer une entreprise de venir chez nous. Or, comme tous les demandeurs d’emploi sont inscrits à Pôle emploi, il faut que cette orientation par les antennes locales soit faite de manière systématique avec les 228 plates-formes locales du réseau. Que cela devienne un réflexe pour les conseillers de Pôle emploi. Je crois que la création d’entreprises est très importante pour lutter contre le chômage et faciliter la reconversion des gens. AEF : Vous souhaitez mettre tout particulièrement l’accent sur la création d’entreprises dans les territoires fragiles et les quartiers. Comment allez-vous mobiliser le réseau ? Et avec quels partenaires ? Louis Schweitzer : Il nous faut changer d’attitude. Dans certaines régions, il faut aller davantage vers les gens, notamment dans les quartiers et les zones sensibles, et travailler avec les autres réseaux. Pour ces publics, il faut sans doute accentuer l’effort d’accompagnement car les futurs créateurs sont moins informés sur le métier d’entrepreneur. Il nous faut apprendre à parler à un public un peu différent de celui auquel nous sommes habitués. Quand j’étais président de la Halde (1), je rencontrais des jeunes issus de ces quartiers qui me disaient ne pas avoir le réseau ou les codes de communication pour créer leur propre entreprise. Or ce réseau, nous pouvons le leur offrir, tout comme nous pouvons les aider à acquérir les codes pour rencontrer leur banquier ou devenir franchisé d’une enseigne. De notre côté, il faudra faire l’effort de bien discerner le fond du projet au-delà de la forme. Pour toucher ces publics, nous devons créer des antennes dans les quartiers et des antennes mobiles sur les territoires. Nous sommes déjà présents dans les zones rurales, mais nous devons développer notre présence dans le pays car les TPE sont des entreprises qui maintiennent la vie locale. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle notre premier partenaire, ce sont les collectivités locales. Mais nous travaillons aussi avec la Caisse des dépôts qui est un financeur majeur de notre réseau, ainsi qu’avec les chambres de commerce et d’industrie, la BNP, AG2R la Mondiale, etc. AEF : La réforme territoriale en cours - et la nouvelle répartition des compétences qu’elle va entraîner - va-t-elle changer la donne pour Initiative France ? Louis Schweitzer : La réforme territoriale en cours va exiger un gros effort d’adaptation car nous avions comme interlocuteurs les départements, les communes, les communautés de communes et moins les régions qui sont certes proches des grosses PME, mais plus éloignées des TPE. Nous avons des structures régionales qu’il faudra renforcer face à la nouvelle organisation. Nous allons en effet devoir développer la capacité de relais avec les régions pour nos structures sur le territoire. Nous avons d’ailleurs déjà commencé à y réfléchir. (1) Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité.