Le Soir (couverture)200309

Transcription

Le Soir (couverture)200309
Le Soir Vendredi 20 mars 2009
LES LIVRES P. 37 À 40
Parcours enchanté
dans la nouvelle génération
des écrivains du Mexique,
à l’honneur au Salon du livre
de Paris tout juste achevé.
33
laculture
© D. R.
Cinéma / Elle donne sa voix et ses traits à la Reine du « Chat botté »
Yolande telle qu’en elle-même
LA COMÉDIENNE belge a retrouvé
Jérôme Deschamps grâce à « La véritable
histoire du chat botté ».
ENTRETIEN
arfois Yolande Moreau
s’interroge. Et si elle avait
choisi une autre voie… Elle rêve parfois d’un métier qui
l’angoisse moins car, dit-elle,
« c’est très enrichissant mais il y
a aussi beaucoup de tensions ».
Pour l’instant, elle savoure le plaisir du cinéma. Sur le tournage de
La meute, un film d’horreur, où
elle incarne une tueuse. En parlant aussi du doublage de La véritable histoire du chat botté, coproduction entre France, Belgique
et Suisse réalisée par Pascal Hérold, Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff, qui sort le 1er avril.
Yolande Moreau aurait pu ouvrir
un petit resto car elle adore cuisiner. Cultiver la terre, car elle ado-
P
re la nature. En vivant dans la
campagne normande, elle profite
de la nature, cuisine et joue. C’est
son bonheur. Quand aux trois Césars qui ornent sa grange, ils décorent. Car comme nous le confie
l’artiste belge : « Je ne suis plus
toute jeune et ce genre de choses
ne me tourne pas la tête. Après le
premier César, j’ai dû me recentrer pour retrouver le sentiment
de n’avoir rien à perdre. On n’a
qu’une vie donc allons-y ! » Et
d’être admirative de la fantaisie
et de la liberté d’Agnès Varda, celle qui lui offrit ses premiers rôles
au cinéma.
Comment qualifier votre participation à un film d’animation ?
Immense plaisir car cela m’a per-
P.34 musique
mis de retrouver Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff avec
qui j’ai travaillé pendant douze
ans. Ils m’ont appris à faire confiance au travail et aux petits
riens qu’on emmagasine. J’aime
la manière dont ils racontent le
monde. Leur façon abstraite de le
faire en s’éloignant de la réalité
tout en y étant très fort. L’exercice
des Deschiens m’a amusé aussi
mais il y avait moins de possibilités d’échappatoire. Ici, je renouais avec la joie de l’improvisation et du tout est permis. Et
c’était l’occasion de faire autre
chose. L’approche de Jérôme est
très différente du doublage de
« Mia et le Migou », de JacquesRémy Girerd. Avec Girerd, on
était en studio. Pour « Le chat bot-
P.34 cinéma
té », les acteurs étaient filmés par
trois caméras. Ensuite, les animateurs ont reproduit la gestuelle.
Du coup, cela donne une liberté
plus grande.
Vous étiez proche de l’exercice
théâtral ?
Oui, de ce que j’aime au théâtre,
c’est-à-dire un théâtre sans barrière où on peut se lancer à fond.
C’est un exercice très ludique.
Et une liberté que vous n’avez
pas nécessairement au cinéma ?
Effectivement. Le côté bande dessinée permet de pousser les traits,
d’avoir une folie extérieure plus
grande. Pour « Le chat botté », il
y avait la voix mais aussi la gestuelle. Or, pour moi, la voix part
du corps. C’est la gestuelle qui
amène une façon de parler. Finalement, j’ai trouvé plus difficile
de faire uniquement une voix en
studio pour « Mia et le migou »
car là, on ne passait pas par l’humain.
La Reine du « Chat botté » est audelà du protocole, elle détourne
les étiquettes au profit de sa fantaisie. C’est votre portrait, non ?
Je ne sais pas. Peut-être cela a-t-il
surgi en improvisant mais c’est
sans le vouloir ! Jérôme Deschamps m’a dit en rigolant qu’ils
avaient pris ma tête. Cela m’amuse. Avec Jérôme et Macha, on est
dans la complicité, la confiance.
Donc je peux m’amuser sans trop
réfléchir à la globalité du projet.
« J’ai renoué avec la joie
de l’improvisation et du “tout
est permis”. Et c’était l’occasion
de faire autre chose »
Pourtant, en 1981, on vous découvrait dans votre one-womanshow, « Sale affaire, du sexe et
du crime » !
Oui, il y avait le sang et le meurtre mais c’était plus proche de ce
que j’ai fait avec Deschamps car
mon spectacle, c’est plus le côté misérable d’une vie racontée. Le
meurtre était complètement démystifié. En lisant le scénario de
La meute, je me suis amusée car
je le trouvais too much et très proche de la BD. En le faisant, je
m’amuse mais à certains moments, je trouve cela glauque. La
semaine dernière, le rôle me collait tellement à la peau, j’avais
un sentiment de malaise. Je ne
sais pas quel démon j’exorcise ! ■
Avec « Le chat botté », vous renouez aussi avec vos débuts : les
spectacles pour enfants ?
On revient sans arrêt à ses déPropos recueillis par
FABIENNE BRADFER
buts. Car on n’oublie pas ses rêves
d’adolescence. On fait ce métier
sous diverses formes pour cela. La véritable histoire du chat botté sort le
Là, je tourne un film d’horreur. 1er avril sur les écrans.
Un genre que je ne connais pas et
que je ne vais pas voir au ciné- 씰 P.35 L’ÉDITION 2009
ma : j’ai beaucoup trop peur !
DU CARTOON MOVIE
P.34 théâtre
P.36 télévision
Animal Collective a fait vi- Décès de l’actrice britannique Le grand jeu des mots et du Le Télévie 2009, c’est parti !
brer l’Ancienne Belgique, plei- Natasha Richardson, à New
monde, avec « L’abécédaire » Avec l’espoir d’atteindre les
ne à craquer. Rencontre.
York, après un accident.
(Pourveur), au Rideau.
100 millions depuis 1989.
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