Sélection TV du 20 au 26 août 2016 Eyes Wide Shut Le Corbeau

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Sélection TV du 20 au 26 août 2016 Eyes Wide Shut Le Corbeau
Sélection TV du 20 au 26 août 2016
Eyes Wide Shut
Film long métrage de Stanley Kubrick (USA, 1999)
Le 21.8.2016 à 20h55 sur
Durée: 155 minutes
L'été précédent, Alice a failli se laisser
séduire par un bel inconnu. Cet aveu
souriant foudroie Bill, son mari. Le
règlement de comptes pointe. Grande scène
où Kubrick se délecte à montrer comment
chaque phrase défait le couple. C'est aussi
le déclic : le temps d'une nuit, Bill a
l'occasion d'assouvir ses fantasmes, mais
va se confronter à ses peurs enfouies. Ainsi
dans la scène d'orgie, point d'orgue de son
errance, Bill n'agit pas, il subit, maladroit,
comme
dans
un
mauvais
rêve.
C'est ce qui a captivé Kubrick dans la nouvelle
de Schnitzler (fidèlement adaptée) : la
confusion mentale de cet homme aux certitudes si lisses, empêtré dans ses élans inachevés. Dans les décors
plus vrais que vrais d'un New York de studio, le cinéaste invente un monde peuplé d'êtres grotesques ou
insaisissables, et sa maîtrise formelle est décisive : c'est de la mise en scène, et d'elle seule, que naît
l'impression de vertige. Sur le couple, son intimité, ses non-dits, Kubrick n'avait pas de vérités saisissantes à
révéler. La morale de l'histoire, telle que Bill et Alice se la confectionnent, est modeste. Et presque superflue au
regard des abîmes que Bill a côtoyés, marionnette manipulée par Kubrick avec une précision diabolique.
(Télérama)
Le Corbeau
Film long métrage de Henri-Georges Clouzot (France, 1943)
Le 21.8.2016 à 23h40 sur
Durée: 93 minutes
Il pleut des lettres anonymes sur Saint-Robin, « un petit village ici ou ailleurs », et, comme le dit le
narquois Dr Vorzet : « Quand ces saloperies se déclarent, on ne sait pas où elles s'arrêtent... » Tourné en
1943 à la Continental, dirigée par l'occupant allemand, ce deuxième film de Clouzot fut honni de tous.
Cette foire délétère à la délation ne pouvait que déplaire aux résistants et fut condamnée à la Libération.
Très loin de célébrer le travail, la famille et la patrie, elle n'avait pas été non plus du goût de Vichy.
Clouzot, trop misanthrope pour être propagandiste, ne fait qu'explorer la noirceur de l'âme humaine, noir encrier,
noir corbillard, avec quelques zones de lumière. Comme dans la grande scène expressionniste où le
balancement d'une ampoule illustre la notion relative et alternative du bien et du mal. Les lettres anonymes lui
servent d'alibi pour traiter d'avortement, de drogue et d'adultère, avec une liberté incroyable pour l'époque.
Et quels sont les seuls personnages sauvés, dans ce chef-d'oeuvre de méchanceté ? Une infirme aux moeurs
légères (Ginette Leclerc, vulgaire à coeur) et un type fâché avec la vie (Pierre Fresnay, superbe), qu'elle réussit à
ébranler en le traitant de « bourgeois ». Pour Clouzot, la pire insulte qui soit. (Télérama)
L'Incompris
Film long métrage de Stanley Kubrick (USA, 1999)
Le 22.8.2016 à 20h55 sur
Durée: 100 minutes
Consul d'Angleterre à Florence, père de deux enfants, John Edward Duncombe perd sa femme. Il
annonce ce décès à son fils aîné, lui demandant de garder le secret et de faire croire à son frère que leur
mère est en voyage. Au lieu d'écouter sagement son père, Andrea regarde les avions par la fenêtre.
Duncombe le croit indifférent et insensible. Mais Andrea est le roi de l'intériorisation...
A la sortie du film, Luigi Comencini est en disgrâce. La critique descend en flammes ce mélodrame, qu'elle trouve
creux et sentimentaliste. Les principaux reproches s'adressent à son traitement trop lisse de l'image et à
l'exploitation facile du pouvoir émotif de l'enfance. Quel mal y a-t-il ? Le cinéaste ne s'attarde dans les couloirs
luxueux de la demeure consulaire que pour dénoncer la froideur clinquante d'un palais du malheur, où l'émotion
n'a pas droit de cité. Jamais il ne transforme le jeune héros en guimauve geignarde. Au contraire, il encense sa
force intuitive : Andrea sait que sa mère est morte, avant de l'entendre de la bouche de son géniteur. En
témoignent ces fleurs éparses dans un escalier mortuaire.
L'adulte est réduit ici à une ridicule marionnette, fière de son costume social, comme beaucoup des personnages
« mûrs » de Comencini, dont toute la filmographie tournera ensuite autour du thème de l'enfance.
Aujourd'hui, L'Incompris reste sans doute la tragédie cinématographique qui a fait le plus pleurer depuis Le
Kid, de Chaplin. (Télérama)
Le Cercle rouge
Film long métrage de Jean-Pierre Melville (France, 1970)
Le 22.8.2016 à 21h00 sur
Durée: 140 minutes
Deux truands et un tireur d'élite devenu alcoolique organisent le casse d'une joaillerie parisienne. Ils
réussissent. Le commissaire Mattei, chargé de l’affaire, est un homme obstiné.La sombre fatalité, la
solitude et la mort selon Melville. Un polar dense, une authentique tragédie au climat intense servie par
des comédiens remarquables.
Melville donne à son avant-dernier film un titre et un sens issus d’une citation bouddhiste : « Quand les hommes,
même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre
des chemins divergents ; au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge ».
Deux truands se croisent : l'un, Corey, sort de la prison des Beaumettes à Marseille ; l'autre, Vogel, s'est évadé.
Considéré comme un ennemi public, il a faussé compagnie au commissaire Mattei lors d'un transfert MarseilleParis. Le flic consciencieux en fait désormais une affaire personnelle. Corey a dans la tête un fameux coup, le
casse d’une bijouterie, fourni par un de ses gardiens. C'est en roulant vers Paris qu'il sauve la mise à Vogel en le
sortant des griffes d’un contrôle routier. Dès lors, les deux hommes vont préparer le casse de la bijouterie de la
Place Vendôme avec la complicité de Jansen, un ex-policier radié pour alcoolisme, un tireur d'élite. Leur affaire
réussit parfaitement mais la difficulté est dans l'écoulement de la marchandise. Les bijoux représentent une
somme énorme, les receleurs se défilent, le coup est trop gros. Quand Corey conclut enfin un accord avec l'un
d'eux, il ignore que Mattei a déjà mis en place une stratégie impitoyable pour l'attirer dans un guet-apens... (RTS)
Les Jeux d'Hitler
Film documentaire de Jérôme Prieur (France, 2016) - SHS 32
Le 23.8.2016 à 20h55 sur
Durée: 85 minutes
Pendant les quinze jours qu'ont duré les Jeux
olympiques de Berlin, en 1936, l'Allemagne
nazie a tout fait pour présenter au monde
l'image d'un pays raffiné et pacifique.
Aujourd'hui, le triomphe de l'athlète noir Jesse
Owens, qui a remporté quatre médailles d'or,
semble consacrer la victoire du sport et de
l'idéal olympique sur la politique. Mais cette
histoire n'est qu'un arrangement avec la réalité.
Les Jeux de Berlin furent l'instrument décisif de
la prise de contrôle de la société par le parti
national-socialiste, offrant en même temps une
vitrine grandiose pour la reconnaissance
internationale de l'Allemagne nazie. (Télérama)
Un vrai Américain : Joe McCarthy
Film documentaire de Lutz Hachmeister (USA, 2011)
Le 24.8.2016 à 00h25 sur
Durée: 89 minutes
Comment un fils de paysan du Wisconsin est devenu le chantre de l'éradication du communisme au
début de la guerre froide et, à ce titre, l'un des hommes politiques les plus redoutés des Etats-Unis, avant
de sombrer dans l'oubli et l'alcool. L'ascension et la chute, tout aussi spectaculaire, de Joseph McCarthy
(1908-1957), sont le fil conducteur de ce « biopic » documentaire fouillé, riche en témoins de prestige —
dont l'ancien secrétaire d'Etat Henry Kissinger, plus langue de vipère que jamais...
Le film est très réussi dans sa description du « système » McCarthy : son utilisation efficace du mensonge (sur le
mode « plus c'est gros, plus ça passe ») et son habileté à se mettre les médias dans la poche. Jusqu'à ce que,
enivré de sa propre gloire, le sénateur du Wisconsin précipite lui-même sa déchéance en s'attaquant à deux
institutions beaucoup trop grosses pour lui : la CIA et l'armée.
On est beaucoup moins convaincu, en revanche, par le choix de raconter cette histoire très américaine par le
biais du docu-fiction. Les images d'archives sur le sujet ne manquent pourtant pas : McCarthy a été l'un des
hommes politiques les plus filmés de son temps, et les audiences du « sous-comité sénatorial d'enquête
permanent » qu'il présidait étaient suivies en direct à la télévision par des millions d'Américains. Les scènes
reconstituées avec des comédiens paraissent bien fades au regard de ces documents historiques en noir et
blanc, où l'on voit le « chasseur de rouges » harceler les présumés coupables, puis, quelques années plus tard,
se faire clouer le bec par un avocat au verbe cinglant. (Télérama)
L'Oreille des kids
Les arbres caducs
Le 24.8.2016 à 10h54 sur
Durée: 10 minutes
Baisers cachés
Téléfilm de Didier Bivel (France, 2016)
Le 24.8.2016 à 20h10 sur
Durée: 90 minutes
L’ignorance, les préjugés, le désarroi et la solitude, le rejet, la violence et le désespoir : telles sont les
épreuves que traversent bien des adolescents et adolescentes, confrontés à leur homosexualité.
Sensible, didactique, ce téléfilm pose les bonnes questions, place les situations avec justesse.
Nathan, 16 ans, commence sa classe de seconde dans un nouveau lycée de province. Il vit seul avec son père,
Stéphane, policier, un veuf chaleureux et attentif à leur vie de famille. Ils sont proches et complices. Un soir de
fête, Nathan est attiré par un garçon de sa classe, qui l‘entraîne à l’écart. Ils s’embrassent, mais ils sont surpris
par un intrus qui les photographie. Le lendemain, la photo, postée sur les réseaux sociaux, circule dans tout le
lycée. Seul apparaît le visage de Nathan. Il devient sujet de brimades et de moqueries. Puis de violence. Pour
protéger le garçon, dont il est tombé amoureux et que tous veulent « démasquer », il se tait. Certains
professeurs, conscients de l’épreuve que traverse Nathan, veulent organiser des discussions autour de
l’homosexualité et de l’homophobie qu’elle provoque. Craignant la réaction des parents, la direction, catégorique,
refuse que le sujet soit abordé en classe. Nathan s’enferme dans sa solitude, d’autant que son père, désemparé
par la nouvelle, s’éloigne de lui. Stéphane se croyait un père ouvert et large d’esprit, il se découvre prisonnier des
préjugés. Au bout d’un certain temps, il réagit, et décide d’épauler son fils.
La situation s’aggrave lorsque le compagnon de Nathan, honteux et vivant dans un milieu très homophobe,
décide d’en finir, suite aux méthodes musclées de son père auquel il a décidé de se confier. Après avoir nié. Mis
en quarantaine dans sa propre famille, le jeune homme disparaît... (RTS)
Infrarouge
Homosexualité : taboue jusqu’à quand ?
Le 24.8.2016 à 21h40 sur
Durée: 55 minutes
Des partenaires de même
sexe qui s’embrassent
dans la rue : la scène
pourrait être anodine, or
elle
demeure
encore
souvent
taboue.
L’homosexualité dérange.
Elle est encore souvent
stigmatisée et la question
est
particulièrement
sensible à l’adolescence.
Comment expliquer qu’au
21e siècle, alors que le
droit et les mentalités ont
évolué, les homosexuels
soient encore si nombreux
à devoir se cacher ? Pour
en débattre, la RTS vous
propose un téléfilm et un
débat. Baisers cachés,
dont l’acteur principal
Patrick Timsit sera l'invité,
évoque les préjugés, le
désarroi, le rejet et la violence. Des épreuves que traversent bien des adolescents et adolescentes, confrontés à
leur homosexualité. Infrarouge ouvrira ensuite le débat avec de nombreux témoignages et spécialistes du
dossier. Une soirée spéciale présentée par Romaine Morard qui fait son entrée comme présentatrice et
productrice à Infrarouge. (RTS)
Temps présent
Etats-Unis, le pays qui arme ses enfants
Le 25.8.2016 à 20h10 sur
Durée: 60 minutes
Il n’est pas rare qu’un petit Américain reçoive un pistolet
ou une carabine pour Noël. Ces armes s’achètent sans
problème dans les supermarchés. Or, les drames se
multiplient et frappent la jeunesse américaine. Malgré
l'émoi suscité, toutes les tentatives pour limiter la vente
et le port d'armes ont échoué.
Le puissant lobby des armes encourage les citoyens à
s'armer chaque jour davantage. Antony a offert une carabine
à sa fille pour ses trois ans. La petite Dalia prend des cours
de tir, comme beaucoup d’enfants aux Etats-Unis. « Je ne
vois pas où est le problème », dit le pharmacien.
Selon lui, ainsi que la très puissante « National Rifle Association » (NRA), qui se présente comme la plus
ancienne organisation de protection des droits civiques, apprendre aux enfants à se servir d’une arme permet
d’éviter les accidents.
Et pourtant, un enfant se blesse avec une arme à feu toutes les trente minutes. Chaque année, c’est plus de
18'000 enfants et adolescents qui sont tués par balle. Les fusillades, qui font la une des médias, tiennent une
place importante dans ce bilan, mais on ne compte plus les accidents domestiques occasionnés par les armes à
feu. Malgré ces données affolantes, l’opinion américaine reste convaincue que posséder une arme est un gage
de sécurité.
Face à la multiplication des accidents, des associations s’opposent au deuxième amendement qui garantit à tout
citoyen le droit de porter une arme pour assurer sa défense. Elles se mobilisent, multiplient les campagnes de
prévention, militent pour un meilleur contrôle des acheteurs. En vain.
En 2013, la réforme de Barack Obama sur le contrôle des armes a été censurée par le Congrès. Bilan : plus de
300 millions d'armes à feu circulent aujourd’hui aux Etats-Unis, soit une par habitant. Avec sept milliards de
chiffre d’affaires, le marché des armes à feu n’a jamais été aussi florissant. Et le deuxième amendement reste
intouchable. (RTS)