LE CHOMAGE EN FRANCE Le point sur …

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LE CHOMAGE EN FRANCE Le point sur …
Octobre 2015
Le point sur …
LE CHOMAGE EN FRANCE
1. Comment le chômage est-il calculé
en France ?
puisqu’une personne, n’ayant pas droit à une aide
financière, pourrait ne pas trouver son intérêt à s’inscrire
sur les listes de demandeurs d’emploi (exemple d’un
jeune de moins de 25 ans, sortant des études et n’ayant
pas travaillé auparavant).
Pour mesurer le chômage, deux méthodes existent
actuellement. La première, effectuée par la DARES et Pôle
Emploi, consiste à publier mensuellement le nombre de demandeurs
d’emploi inscrits. La deuxième, réalisée
par l’INSEE, reprend la notion du
chômage au sens du Bureau International du Trésor (BIT). Elle permet ainsi de
de la population en âge de
comparer la situation entre les pays,
trimestriellement.
travailler occupe un emploi
64,2 %
Si les résultats selon la méthode diffèrent, les tendances à la hausse ou à la
baisse sont plutôt similaires. Cependant,
cette analogie n’est pas systématique.
Au premier trimestre 2015, le taux de
chômage reculait (passant de 10,1 % à
10 %), alors que le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi
était à son plus haut niveau.
en France en 2014.
Les deux méthodes fournissent des
données détaillées, selon le sexe, la
tranche d’âge. En revanche, celle
effectuée par la DARES et Pôle Emploi
est la seule à distinguer les demandeurs d’emploi selon
plusieurs catégories (A, B et C) et à publier l’ancienneté
3. Existe-t-il une autre méthode afin de
d’inscription.
représenter le chômage ?
2. Ces deux méthodes donnent-elles
des résultats similaires ?
Non. Le nombre de personnes au chômage au sens du BIT
était de 2,9 millions de personnes au deuxième trimestre
2015, soit un taux de chômage de 10 %. A l’inverse, le
nombre de demandeurs d’emploi inscrits en juin de cette
même année était de 5,4 millions.
Deux raisons principales expliquent la différence de
résultats entre ces deux méthodes. D’une part, Pôle
Emploi et la DARES comptabilisent parmi les demandeurs
d’emploi les personnes ayant exercé une activité réduite
mais tenues néanmoins de faire des actes positifs de
recherche d’emploi (catégories B et C). Ces deux catégories représentent en juin 2015 1,9 million de demandeurs
d’emploi. D’autre part, le chômage au sens du BIT ne
comptabilise que les personnes souhaitant travailler,
disponibles rapidement, et ayant recherché activement
un emploi. Les autres, considérées comme inactives, ne
sont pas prises en compte. Elles représentent pourtant
1,5 million de personnes au deuxième trimestre 2015.
Afin d’inclure les personnes inactives dans le calcul du
chômage, la prise en compte du taux d’emploi peut être
préférable. Dès lors, il ne s’agit plus de comptabiliser le
nombre de chômeurs, mais la part des personnes en âge
de travailler et occupant un emploi. En 2014, ce taux était
de 64,2 % en France. Il s’agit d’un taux faible, comparativement aux situations en Allemagne, Japon et Etats-Unis
(voir figure 1). Il s’explique à la fois par un taux de chômage élevé et un taux d’activité faible.
Fig. 1 : Taux d’emploi des 15-64 ans en 2014 (en %)
64,2
73,8
72,7
68,1
Données OCDE
Un chômeur au sens du BIT n’est donc pas forcément
inscrit à Pôle Emploi. Le cas inverse existe également
Direction des Affaires Economiques
[email protected] - 01 47 62 73 30
1
4. Parmi quelles classes d’âge le taux
d’emploi est-il faible en France ?
Le taux d’emploi tient compte des personnes âgées de 15
à 64 ans. Parmi les classes d’âge des moins de 25 ans et
des plus de 55 ans, de sérieux écarts sont constatés entre
la France et l’Allemagne.
Pour les personnes de 15 à 24 ans, le taux est de 28,1 %
pour les Français, contre 46,1 % pour les Allemands. Ces
derniers sont en effet trois fois plus nombreux à suivre la
voie de l’apprentissage, ce qui facilite leur insertion dans
la vie active. A ce propos, la CGPME a prôné en mai 20151
l’instauration d’un crédit d’impôt apprentissage universel, applicable dans toutes les entreprises, et d’une formation sécurité dans les CFA. Ces mesures pourraient
permettre d’inverser la tendance à la baisse du nombre
d’apprentis en France (- 38 000 entre 2012 et 2014).
Pour les personnes de 55 à 64 ans, le taux d’emploi est de
47,1 % pour les Français contre 65,6 % pour les Allemands.
Cet écart s’explique en partie par un âge légal de départ à
la retraite plus tardif pour les seconds. En effet, l’âge légal
est de 65 ans en Allemagne contre 62 ans en France.
Enfin, le taux d’emploi des personnes âgées de 25 à 54 ans
en France n’est pas très éloigné de celui de l’Allemagne
(80,5 % contre 83,5 %). Il est même supérieur à celui des
Etats-Unis, qui est de 76,5 %. Par conséquent, le faible
taux d’emploi en France s’explique principalement par un
manque d’emplois parmi les jeunes et les séniors.
Or ce sont ces postes de dépenses qui permettent de
relancer la croissance à court et long termes.
6. Quelles perspectives pour le
chômage en 2015 ?
La population active française devrait augmenter en 2015.
Ainsi, fin décembre, ce seraient 107 000 personnes
supplémentaires se trouvant sur le marché de l’emploi.
Dès lors, afin de réduire le chômage, les créations nettes
d’emploi devront être supérieures à ce nombre.
Si l’INSEE table sur une stabilisation du chômage pour
2015, le taux de croissance nul au second trimestre risque
cependant de fragiliser un retour hypothétique de l’emploi.
Si les dirigeants d’entreprise se déclarent davantage
optimistes depuis le début de l’année, du fait notamment
d’une hausse de leur taux de marge, ils restent dans
l’attente. Le sentiment d’insécurité, dû à une instabilité
fiscale, en et particulier la crainte d’une remise en cause
du CICE, n’incitent pas, en effet, les entreprises à l’investissement et à la création de postes.
DEFINITIONS
- Population active : Population âgée de 15 à 64
ans, regroupant soit les personnes ayant un
emploi (population active occupée), soit les
chômeurs.
De ce fait, chaque travailleur français contribue à créer de
la richesse pour 2,5 personnes (en se comptabilisant soimême). En Allemagne, le rapport est d’un travailleur pour
2,1 personnes.
- Population inactive : Population n’exerçant
pas une activité rémunérée et qui n’en
cherche pas activement (étudiants, retraités,
chômeurs démotivés, etc…).
5. Quel est le coût du chômage ?
- Taux d’activité : Rapport entre le nombre
d’actifs (actifs occupés et chômeurs) et
l’ensemble de la population correspondante.
Le chômage engendre un coût important pour la société.
Pour l’Etat, il s’agit d’une baisse des recettes (cotisations
sociales, recettes fiscales) et une hausse des dépenses
(indemnisation des chômeurs). Pour les entreprises, un
chômage élevé contribue à un pouvoir d’achat moindre et
par conséquent à une baisse de la consommation. Or, la
production française est traditionnellement portée par la
consommation intérieure.
- Taux d’emploi : Rapport entre le nombre
d’individus ayant un emploi et l’ensemble de
la population correspondante.
En France, au premier trimestre 2015, le taux
d’activité pour la population âgée de 15 à 64
ans est de 71,3 % : 64,1 % occupent un emploi
(taux d’emploi) et 7,2 % sont au chômage. Le
taux de chômage (nombre de chômeurs
rapportés au taux d’activité) est donc de 10 %
(7,2 % / 71,3 %).
Ainsi, concernant le coût pour les administrations publiques, la protection sociale (pensions et allocations de
chômage, maladies, vieillesse, etc…) représentait 42,6 %
des dépenses en 2011. Cette part positionnait la France
en 6e place parmi 30 pays de l’OCDE 2 en ordre décroissant. A l’inverse, concernant l’enseignement et les affaires
économiques, le pays ne se situe qu’aux 23e et 25e places,
avec seulement 10,8 % et 6,3 % des dépenses engagées.
1 Les propositions de la
2
CGPME en faveur de l’apprentissage.
2
Panorama des administrations publiques 2013.
Direction des Affaires Économiques
[email protected] - 01 47 62 73 30