1952 GRAND COLLÈGE DES RITES Suprême Conseil pour la
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1952 GRAND COLLÈGE DES RITES Suprême Conseil pour la
1952 GRAND COLLÈGE DES RITES Suprême Conseil pour la France et l'Union Française Bulletin des Ateliers Supérieurs MAI 1952 N° 37 (N°14 de la Reprise) NOTICE DOCUMENTAIRE DE G.-H. LUQUET GRANDE LOGE D'ANGLETERRE ET GRAND ORIENT DE FRANCE D'une lettre de la Grande Loge Unie d'Angleterre adressée récemment à la Grande Loge de l'Uruguay, j'extrais les passages suivants : « La Maçonnerie n'est pas un mouvement philosophique [...]. La vraie Maçonnerie est [...] un culte [...]. Ce doit être une religion monothéiste qui exige la croyance en Dieu comme être suprême — et ce doit être une religion ayant un livre sacré sur lequel l'initié puisse prêter serment à l'Ordre maçonnique (10) Aucun livre de la Loi Morale ne peut être substitué au Livre de la Religion... Il n'est au pouvoir d'aucun homme, ni groupe d'hommes, ni puissance, de changer ou d'introduire des compromis dans ces principes fondamentaux de la Maçonnerie, Landmarks .... Le credo est strict, étroit et absolument rigide à ce sujet depuis 1717 jusqu'à ce jour et on ne peut le changer sans cesser d'être Maçon. Dans ce domaine, la Maçonnerie Originelle et Vraie est dure et inflexible [...] Si une puissance maçonnique introduit des modifications ou des compromis, ou la tolérance dans les croyances fondamentales, cette Puissance, automatiquement, cesse d'être maçonnique comme ce fut le cas pour le Grand Orient de France en 1875. Depuis 1878, le Grand Orient de France n'est plus une Puissance Maçonnique et, de cette date à ce jour, elle n'est plus reconnue par les Puissances Maçonniques régulières du Monde. Le Grand Orient de France est simplement aujourd'hui, une Association Fraternelle qui continue à faire usage des signes et des mots maçonniques, mais ce n'est plus une Puissance Maçonnique. C'est grand dommage ! » (11) À en juger par ce texte, la Grande Loge Unie d'Angleterre paraît croire que son excommunication maçonnique du Grand Orient de France ne date que de 1878 et qu'elle a eu pour cause la modification apportée à l'Article premier de la Constitution du Grand Orient par son Assemblée Générale du 13 septembre 1877. Il y a là une erreur historique, d'ailleurs partagée par la généralité des Maçons du Grand Orient de France. La Grande Loge Unie d'Angleterre qui n'était pas encore la Grande Loge Unie d'Angleterre, a rompu ses relations maçonniques avec le Grand Orient de France, un siècle plus loin, et pour des raisons qui n'avaient rien à voir avec la tolérance en matière religieuse. Nous allons l'établir avec des documents et des dates (12). En 1765, pour ne pas remonter plus haut, la Grande Loge Unie d'Angleterre reconnaissait comme Puissance maçonnique autonome et régulière la Grande Loge de France fondée le 27 décembre 1735 et qui devait devenir le 26 juin 1773, le Grand Orient de France. Les relations entre les deux Grandes Loges furent réglées par un traité ou concordat conclu en 1766, entre le 1er janvier et le 8 mars (13). Ce concordat stipulait en substance que la Grande Loge d'Angleterre s'interdisait de constituer à l'avenir des Loges en France, et que réciproquement la Grande Loge de France s'interdisait de constituer des Loges en dehors de ses possessions (Dominions), pour ne pas entrer en concurrence (interfere) avec l'autorité de la Grande Loge d'Angleterre (14). Par la signature de ce concordat, la Grande Loge d'Angleterre reconnaissait implicitement, à supposer que ce fut nécessaire, la régularité et l'autonomie, de la Grande Loge de France. Mais ce traité, en fixant pour ainsi dire aux deux Puissances des frontières qu'elles s'engageaient mutuellement à ne point violer les séparait plutôt qu'il ne les unissait. Il supprimait entre elles une concurrence sinon actuelle, du moins éventuelle : chacune était maîtresse chez soi, mais elles restaient étrangères l'une à l'autre. Au début de 1708, la Grande Loge de France, désireuse de relations plus fraternelles avec la Grande Loge d'Angleterre, sollicita de celle-ci l'établissement d'une correspondance. Cette demande fut accueillie « avec plaisir (with pleasure) » par la Grande Loge d'Angleterre (15). L'établissement d'une correspondance entre les deux Grandes Loges en 1768 prouve qu'à cette date la Grande Loge d'Angleterre continuait à reconnaître la Grande Loge de France comme régulière et autonome. Mais, à ce qu'il semble, lorsque celle-ci fut remplacée, le 5 Mars 1773, par la Grande Loge Nationale de France, devenue le 20 juin de la même année le Grand Orient de France, la Grande Loge d'Angleterre eut d'abord des doutes sur la régularité de la succession de ces corps représentatifs de la Maçonnerie française à la précédente Grande Loge de France (16). Par suite, sa correspondance avec la Grande Loge de France ayant pris fin en même temps que cette Grande Loge elle-même, elle ne la renoua pas avec la Grande Loge nationale. Celle-ci elle-même considérait cette correspondance comme interrompue, car dans sa circulaire du 26 juin 1773 (p. 4), elle annonce l'intention d' « ouvrir une correspondance réglée tant avec les différents Orients du Royaume qu'avec les Orients étrangers ». Le 17 Décembre 1773, le Grand Orient adressa officiellement à la Grande Loge d'Angleterre une demande de correspondance, en y joignant le « corps complet de ses opérations depuis que le duc de Chartres en a accepté la Grande Maîtrise » (5 avril 1772), c'est-à-dire sans doute un exemplaire de la circulaire du 26 juin 1773, destiné selon toute vraisemblance à dissiper les doutes de la Grande Loge d'Angleterre sur sa régularité (17). Cinq mois plus tard, le 20 Mai 1774, la Grande Loge d'Angleterre, par une lettre officielle signée de son Député Grand Maître Rowland Holt et de son Grand Secrétaire Ja Hezeltine, déclarait se faire un plaisir d'accepter l'obligeante invitation du Grand Orient de France à une correspondance mutuelle. Toutefois, la même lettre exprimait le désir de savoir si le Grand Orient considérait comme toujours valable le concordat de 1766 (18). Le Grand Orient nomma, pour étudier cette question, une commission, dite commission pour les affaires regardant les Grands Orients étrangers (19) Les travaux de cette commission aboutirent à un projet de traité appelé, un peu ambitieusement, traité d'union ou d'alliance, car en fait, d'après les textes, on n'aperçoit pas de différence entre cette union et une simple « correspondance » (20). Ce projet, en six articles, fut adressé officiellement par le Grand Orient à la Grande Loge d'Angleterre le 13 juin 1775. Il ne fut jamais examiné officiellement par la Grande Loge d'Angleterre; il fut étudié officieusement par le marquis de Vignoles, Grand Maître provincial de cette Grande Loge, chargé par elle de ses relations avec les Orients étrangers. Les pourparlers, qui finalement ne devaient pas aboutir, furent laborieux et traînèrent en longueur, d'abord par suite de malentendus, qui semblent sincères et qui entraînèrent, le 12 Août 1774, la démission plus ou moins spontanée du baron de Toussaint comme Secrétaire général du Grand Orient de France (21), ensuite à cause de difficultés protocolaires et de questions de prestige soulevées par les deux Puissances maçonniques. Dans une lettre du 5 Septembre 1775 (22), Vignoles déclarait que, selon toute vraisemblance, la Grande Loge d'Angleterre, malgré son vif désir de voir aboutir le projet d'union, n'accepterait pas le texte proposé par le Grand Orient de France, et suggérait des modifications que celui-ci, de son côté, jugeait inadmissibles (23). Enfin, dans une lettre du 4 juin 1776, Vignoles exposait « l'avis immuable » de la Grande Loge d'Angleterre (24). Les exigences respectives des deux Puissances qui amenaient les négociations à un point mort s'opposaient essentiellement à deux égards. Tandis que dans l'article premier de son projet de traité, le Grand Orient prétendait, en vertu de l'égalité, « base de l'Ordre », traiter sur un pied d'égalité avec la Grande Loge d'Angleterre, celle-ci exigeait d'être reconnue expressément par lui comme sa Loge-mère, « titre dû à son ancienneté » et qui ne lui était refusé par aucune des Grandes Loges nationales des autres Etats. Elle spécifiait d'ailleurs qu'il ne s'agissait là que d'une dépendance purement morale, n'entraînant aucune subordination du Grand Orient à la Grande Loge d'Angleterre, aucune restriction à sa souveraineté dans son domaine territorial. Au sujet de l'article 2, les deux Grandes Loges étaient d'accord sur un point : chacune s'interdisait de constituer des Loges sur le territoire des Etats politiques relevant de la juridiction de l'autre. Mais pour les Etats où n'existerait pas de Grande Loge établie ou reconnue par l'une des deux. Grandes Loges, le Grand Orient désirait que chacune fût laissée libre, quitte à ne pas faire usage de ce droit, d'accorder des Constitutions aux Loges qui lui en feraient la demande. Selon la Grande Loge d'Angleterre, au contraire, chacune des deux Grandes Loges devait s'interdire de constituer des Loges dans un Etal étranger à son domaine territorial, pour éviter le risque qu'il y eut dans un même Etat des Loges relevant les unes de la Grande Loge d'Angleterre, les autres du Grand Orient de France. Mais le traité envisagé ne devait jamais être signé ; bien plus, la correspondance entre les deux Puissances, dont la Grande Loge d'Angleterre subordonnait le rétablissement à ce traité, ne devait pas être reprise. En effet, en même temps que le marquis de Vignoles, dans sa lettre du 4 juin 1776, exposait les exigences de la Grande Loge d'Angleterre en ce qui concernait directement les termes du traité, il laissait clairement entendre que celui-ci deviendrait impossible au cas où le Grand Orient accepterait de s'unir avec les Directoires écossais dérivés de la Stricte observance. Or cette union, qu'il envisageait comme simplement éventuelle, était déjà, au moment où il écrivait, devenue une réalité. Le Grand Orient, dans son assemblée extraordinaire du 31 Mai I776, avait ratifié le traité par lequel les Directoires écossais de Bordeaux, Lyon et Strasbourg étaient agrégés au Grand Orient (25). Nul doute que, lorsque la Grande Loge d'Angleterre apprit cette agrégation, elle abandonna toute idée de relations maçonniques avec le Grand Orient de France. La rupture des pourparlers pour la reprise d'une correspondance, que la Grande Loge d'Angleterre déclarait pourtant désirer vivement, n'avait aucun motif religieux ; elle tenait seulement à ce que les Directoires écossais pratiquaient des grades supérieurs aux trois grades de Saint Jean, les seuls que reconnut la Grande Loge d'Angleterre. Le Grand Orient était donc coupable, aux yeux de la Grande Loge d'Angleterre, de s'agréger des corps maçonniques qu'elle jugeait irréguliers. Ce grief de la Grande Loge d'Angleterre fut encore, accru lorsque le Grand Orient, non content de reconnaître de Hauts Grades, en pratiqua lui-même. En 1786, il institua son Rite Français ou moderne, qui superposait aux trois grade Rite anglais ou ancien les quatre Ordres ou grades supérieurs d'Elu, Ecossais, Chevalier d'Orient et Rose-Croix. Aussi est-ce sans succès qu'il essaya à diverses reprises, notamment en 1851, d'obtenir de la Grande Loge d'Angleterre, devenue en 1815 Grande Loge Unie d'Angleterre, une reprise de correspondance. Le refus de cette Grande Loge était toujours fondé sur ce que le Grand Orient pratiquait de Hauts Grades (26). Pourtant, à aucun moment il n'avait été aussi proche de cette Grande Loge au point de vue religieux, puisque, par décision de l'Assemblée générale du 10 Août 1849, il avait inscrit en tête de l'article 1 de sa Constitution la déclaration suivante : « La Franc-Maçonnerie, institution éminemment philanthropique, philosophique et progressive, a pour base l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme » (27). Les révisions de la Constitution de 1849 en 1854 et 1862 n'apportèrent aucune modification à ce texte. Déjà celle de 1865 en atténuait le caractère dogmatique par l'addition du paragraphe suivant : « Elle [la Franc-Maçonnerie] regarde la liberté de conscience comme un droit propre à chaque individu et n'exclut personne pour sa croyance. » Enfin toute exigence religieuse fut expressément rejetée par l'Assemblée générale du 13 septembre 1877qui, sur le rapport du F... Desmons, pasteur en exercice de l'Eglise réformée, adopta pour l'article 1 de la Constitution la rédaction suivante : « La FrancMaçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l'étude de la morale universelle, des sciences et des arts et l'exercice de la bienfaisance. Elle a pour principe la liberté absolue de conscience et la solidarité humaine. Elle n'exclut personne pour ses croyances. Elle a pour devise : "Liberté, Egalité, Fraternité". » La correspondance entre les Grandes Loges de France et d'Angleterre, interrompue en 1771, n'avait jamais été reprise, alors que la Grande Loge de France était devenue en 1773 le Grand Orient de France et que la Grande Loge d'Angleterre était devenue en 1815 la Grande Loge Unie d'Angleterre. Cette correspondance ne pouvait donc pas être rompue eu 1877. Mais si la Grande Loge Unie d'Angleterre n'avait plus de correspondance officielle avec le Grand Orient en tant que corps, elle continuait à considérer les Maçons du Grand Orient pris individuellement comme des Maçons réguliers, et ils étaient reçus comme visiteurs dans les Loges anglaises. Après 1877, la Grande Loge Unie d'Angleterre prescrivit aux Loges de sa juridiction de ne plus admettre comme visiteurs que les Francs Maçons établissant qu'ils appartenaient à une Loge professant les anciens principes ou signant une déclaration pour attester leur croyance en Dieu. Le Grand Orient s'émut de cet ostracisme à l'égard des Frères de son obédience. Le 28 Novembre 1884, le F... Coulon, Président du Conseil de l'Ordre, adressa à la Grande Loge Unie d'Angleterre, au nom du Conseil de l'Ordre, une lettre où, dans l'espoir de dissiper ce qu'il croyait n'être qu'un malentendu, il exposait que la modification apportée en 1877 au texte de 18-19 de l'article 1 de la Constitution n'avait nullement une signification antireligieuse, et exprimait simplement l'esprit de tolérance du Grand Orient (28). En réponse à cette lettre, le F... Shadwell H. Clerke, Grand Secrétaire d'Angleterre, écrivit le 12 Janvier 1885, par mandement du Prince de Galles, Grand Maître et sur une décision unanime de la Grande Loge Unie d'Angleterre, une lettre dont voici le passage essentiel : « La Grande Loge d'Angleterre n'a jamais supposé que le Grand Orient ait voulu faire profession formelle d'athéisme ou de matérialisme ; mais la Grande Loge d'Angleterre soutient et a toujours soutenu que la croyance en Dieu est la première grande marque de toute vraie et authentique Maçonnerie, et qu'à défaut de cette croyance professée comme principe essentiel de son existence, aucune association n'est en droit de réclamer l'héritage des traditions et des pratiques de l'ancienne et pure Maçonnerie. L'abandon de cette Landmark, dans l'opinion de la Grande Loge d'Angleterre, supprime la pierre fondamentale de tout l'édifice maçonnique ; et c'est pourquoi elle a vu avec un sincère regret que le Grand Orient de France a effacé de sa Constitution, par la modification réalisée en 1877, l'affirmation de l'existence de Dieu, et est arrivée, bien malgré elle, mais à l'unanimité, à cette conclusion que les relations fraternelles ayant si heureusement existé entre les deux Puissances maçonniques, ne pouvaient continuer plus longtemps. » Concluons. La correspondance entre les deux puissances maçonniques avait été interrompue en 1776 pour des raisons étrangères à la religion. Le motif tiré de la religion par la Grande Loge Unie d'Angleterre depuis 1877 n'a été qu'une raison supplémentaire non pour cesser une correspondance qui n'existait plus depuis un siècle, mais pour en ajourner sine die la reprise. NOTES DE LUQUET (10) Cette phrase s'adresse, au moins implicitement, à la décision prise par le Conseil de l'Ordre du Grand Orient dans sa séance plénière du 3 Avril 1933, d'ajouter à la Constitution du Grand Orient, comme Livre de la Loi, les Constitutions de 1723, dont la rédaction par Anderson avait été approuvés par la Grande Loge d'Angleterre d'alors. Si la Grande Loge unie d'Angleterre exige maintenant comme Livre de la Loi la Bible (qu'elle permet d'ailleurs de remplacer à l'occasion par le Coran ou les Védas), il est permis de rappeler que ce n'est pas avant 1760 que la Grande Loge d'Angleterre, fondée en 1717, a placé la Bible sur l'autel et en a fait une des trois Grandes Lumières, avec l'Equerre et le Compas. (11) La présente copie reproduit fidèlement de la publication de la Grande Loge de l'Uruguay l'accentuation de certains passages par des italiques ou des capitales. N'ayant pas vu l'original de la lettre de la Grande Loge d'Angleterre, je ne peux affirmer qu'elle s'y trouve effectivement. Même si c'était une addition de la Grande Loge de l'Uruguay, elle ne fait qu'attirer l'attention sur ces passages et ne modifie en rien le sens du texte. — Je ne garantis pas non plus que la date inexacte 1878 (au lieu de 1877), répétée deux fois, se trouve dans l'original. (12) Je m'appuie principalement sur des documents publiés par N. Choumitzky, Relations entre la Franc-Maçonnerie française et la Franc-Maçonnerie anglaise, brochure in-8° s.l.n.d. (Paris 1927). Ils seront désignés ici par la lettre D (Document) suivie du numéro du document dans l'ordre chronologique. (13) Lettre officielle du marquis de Vignoles, au nom de la Grande Loge d'Angleterre au Grand Orient de France, du 28 Juin 1775 (D 16) ; Réflexions du F... Guillotin du 2 Octobre 1775 (D 19). (14) Lettre officielle, en anglais, signée du Député Grand Maître Rowland Holt et du Grand Secrétaire Ja Hezeltine de la Grande Loge d'Angleterre, au baron de Toussaint, Garde des Sceaux et archives de la Grande Loge de France, du 20 Mai 1774 (D 10). (15) La demande de correspondance fut adressée à la Grande Loge d'Angleterre par Chaillon de Jonville, Substitut général du Grand Maître de France, dans une lettre que nous n'avons pas, mais qui est du début de 1768. C'est la date donnée pour cette demande par Preston, Illustrations of Masonry, édition de 1786, p. 292, dans Thory, Acta Latomorum [...] (1815), t. I, p. 92, qui donne le texte de Preston et une traduction française peu exacte. En outre, il attribue à cette demande la date du 24 Avril 1768, certainement fausse, car la réponse à cette demande est du 15 Mars 1768. La Grande Loge d'Angleterre notifia son acceptation d'abord à Chaillon de Jonville, dans une lettre que nous n'avons pas, puis par une lettre de son Député Grand Maître John Salter à La Chaussée, Garde des Sceaux et archives de la Grande Loge de France, du 15 Mars 1768 (D 1, fac-similé). D'après cette même lettre, dont Preston, sans la citer, reproduit presque textuellement les termes, les documents échangés entre les deux Grandes Loges et qui constituaient la « correspondance » étaient un exemplaire des Règlements ou Constitutions de chacune d'elle, un tableau de ses Loges et une formule de constitution de Loge; cette dernière pièce est désignée dans le texte anglais par l'expression : a form of a deputation, que Thory (l. c.) et Daruty, Recherches sur le Rite écossais ancien accepté (1879, p. 100, note 53), ne paraissent pas avoir comprise. Le texte de la lettre de John Salter prouve que la Grande Loge de France avec laquelle la Grande Loge d'Angleterre acceptait d'entrer en correspondance n'était nullement, comme l'écrivent la généralité des auteurs, la Grande Loge dissidente, dite improprement des partisans de Lacorne (mort fin Mars 1762), mais la Grande Loge régulière, dont La Chaussée, Garde des Sceaux et archives, assuma en grande partie l'administration pendant la suspension des travaux (21 février 1767-21 juin 1771). D'après la même lettre, le Député Grand Maître de la Grande Loge d'Angleterre avait été sollicité par différents Maçons, notamment de Bordeaux, de nommer un Grand Maître provincial pour la France; mais il s'y était refusé, estimant « hautement inconvenant (highly improper) [en vertu du concordat de 1766] de connaître de (to take cognizance) Loges de la juridiction de la Grande Loge de France ». (16) La Grande Loge d'Angleterre aurait considéré la Grande Loge de France comme éteinte depuis la mort du comte de Clermont (16 juin 1771) « jusqu'au rétablissement de l'Ordre en France sous la Grande Maîtrise du duc de Chartres ». (Lettre officielle de la Grande Loge d'Angleterre, signée de Rowland Holt, Député Grand Maître, et de Ja Hezeltine, Grand Secrétaire, au baron de Toussaint, Secrétaire général du Grand Orient de France, du 20 Mai 1774 (D 10). Deux passages de lettres du baron de Toussaint au marquis de Vignoles du 28 Décembre 1773 (D 6) et du 7 Mai 1774 (D 9) donnent à penser que les scrupules de la Grande Loge de Londres sur la régularité du Grand Orient étaient dus à des accusations de Labady, qui à cette époque était passé à la Grande Loge reconstituée en face du Grand Orient. (17) Lettres du baron de Toussaint, Secrétaire général du Grand Orient de France, du 17 Décembre 1773, au marquis de Vignoles, Grand Maître provincial (D 2), à Ch. Dillon, Député Grand Maître (D 3), à lord Petre, Grand Maître (D 4) et à la Grande Loge d'Angleterre (D 5). (18) Lettre (D 10) cités ci-dessus (note 7). (19) Cette commission comprenait d'abord La Chaussée, Guillotin, Joubert de la Bourdinière et Savalette de Langes, nommés les 11, 14 et 16 Juillet 1774 ; le 16 Septembre 1774 y furent adjoints l'abbé Rozier, Daubertin, Le Roy et de Machy (Circulaire du Grand Orient de France du 18 Mars 1775 (Incipit ; Deux ans se sont écoulés), p. 41. Dans sa première réunion, le 18 Juillet 1774, elle nomma comme Secrétaire Savalette de Langes (Procès-verbal de cette séance, D 12). (20) Projet de traité du Grand Orient et lettres d'expédition, du 13 Juin 1775 (D 15). (21) Lettre du baron de Toussaint à Hezeltine, du 16 Août 1774 (D 13) ; Circulaire du Grand Orient du 24 Juin 1776 (Incipit : Ne jugez point nos travaux), p. 4. (22) Lettre de Vignoles du 5 septembre 1775 (D 18). Dans cette lettre, Vignoles fait allusion à un plan d'alliance entre les Grandes Loges de France et d'Angleterre proposé en 1772 par le F... Labady, alors Secrétaire général de la Grande Loge de France pour les provinces, dont il dit simplement que le projet d'alliance de 1775 est inacceptable pour les mêmes raisons. À titre documentaire, voici les précisions données en 1780 par Labady, dont le témoignage est extrêmement sujet à caution, sur le projet d'alliance de 1772 : « En février 1773, la S. G. L. [Souveraine Grande Loge de France] aurait pu constituer la moitié des Loges de Londres et celles de sa correspondance [de la Grande Loge de Londres), tant les Règlements de 1771 [de la Grande Loge de France] et la correspondance d'alors avaient acquis d'estime et de vénération pour la Maçonnerie française. Ces Loges offraient de verser moitié des quotités y fixées, et cette rétribution n'aurait pas été peu conséquente. Les désastres qui survinrent ensuite par l'érection de la Loge nationale S.D.G.O. [Soi-disant Grand Orient] ne permirent pas de mettre en délibération cette soumission des Loges d'Angleterre. » (Décret du 27 Novembre 1780 du Souverain Conseil Sublime Mère Loge des Excellents, ci-devant dite Ecossaise du Grand Globe français). (23) Réflexions du F... Guillotin sur les lettres écrites par le F... Marquis de Vignoles au F... de La Chaussée, du 3 Octobre 1775 (D 19) (24) Lettre de Vignoles [probablement à La Chaussée] du 4 Juin 1776 (D 21) (25) Le Grand Orient nomma le 4 Février 1775 une Commission pour examiner les propositions des Directoires écossais, composée des FF... de Méry d'Arcy, marquis d'Arcambal et Guillotin. Le 24 mai 1775, cette Commission devint la Commission pour le Traité d'union entre le Grand Orient et les Directoires écossais; elle comprenait les FF... Marquis d'Arcambal, de La Chaussée, de La Lande, Le Roy et Guillotin, auxquels fut ajouté le 5 Mai de la même année le F... Richard (Tableau général des Officiers du Grand Orient de France, s. d. [1776, après le 5 Juillet], p. 18. — « La publicité de cette opération [l'union avec les Directoires écossais], annoncée dès le commencement de 1775, agitée depuis dans plusieurs .assemblées générales du Grand Orient, et qui n'a été consommée que le 31 Mai 1776 à la grande pluralité des suffrages [...]». (Motifs du Traité d'union entré le Grand Orient et les Directoires écossais, Circulaire du Grand Orient (Incipit : Nous vous avons promis les détails), s. d. [1776, après le 31 Mai], p. 11). Le texte du traité est p. 13-15. (26) E. Rebold, Histoire des trois Grandes Loges I:...] (1864), p. 276 et note 3. (27) J'ai laissé de côté la dernière phrase : « Sa devise [de la Franc-Maçonnerie] a été de tout temps Liberté, Egalité, Fraternité », parce que, à ma connaissance, cet article 1 de la Constitution de 1849 est le premier document maçonnique où apparaît cette devise. Depuis l'introduction de la Franc-Maçonnerie en France jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, l'acclamation, à la Grande Loge de France, puis au Grand Orient de France, était un triple Vivat. Dans le Recueil précieux de la Maçonnerie adonhiramite, on lit, à la fin de l'ouverture des travaux au grade d'Apprenti (édition de 1787, p. 12) : « Le vénérable, ainsi que tous les frères, se lèvent, font le signe d'apprenti, puis les applaudissements [ce qu'on appelle aujourd'hui la batterie], et crient trois fois vivat. » Encore dans le Rituel du Grand Orient de 1880, l'acclamation était Vivat pour le Rite français, son équivalent Houzé pour le Rite écossais. Ajoutons à ce propos que si la triade « Liberté, Egalité, Fraternité » est devenue la devise de la République française, au point que le gouvernement de Vichy, en même temps qu'il substituait au titre de République française celui d'Etat français, remplaçait comme devise Liberté, Egalité, Fraternité par Travail, Famille, Patrie, la devise Liberté, Egalité, Fraternité, sans rien de plus ni de moins, ne date pas de la République de 1792, mais seulement de celle de 1848. Elle n'a été adoptée officiellement que le 8 Septembre 1848 (Moniteur universel, n° 256, du 12 Septembre 1848, p 2.391). Antérieurement à cette date, on ne rencontre, sur les papiers officiels ou sur les monnaies, que les deux mots Liberté, Egalité, soit seuls, soit suivis d'un troisième différent de Fraternité, par exemple Indivisibilité. Les assignats de cinq livres créés le 10 Brumaire an II (31 Octobre 1793) portent à l'angle supérieur droit l'inscription : Liberté. Egalité, Fraternité ou la mort. (28) Détail qui n'est pas dépourvu d'intérêt. À la suite de la modification en 1877 de l'article 1 de la Constitution du Grand Orient, le garant d'amitié du Grand Orient auprès de la Grande Loge d'Irlande s'était démis de cette fonction. Le F... de Saint-Jean, Président du Conseil de l'Ordre, lui adressa au nom de ce Conseil une lettre précisant la signification de la décision du Convent, en des termes que devait reprendre textuellement le F... Coulon dans sa lettre du 28 Novembre 1884 au Grand Maître d'Angleterre. La lettre du F... de Saint-Jean était écrite sur le papier habituel du Grand Orient, qui portait comme en-tête imprimé : A... L... D... G... A ... D... L...U...