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CULTURE
30e Fête du Livre
Atiq Rahimi, en “ballade”
Atiq Rahimi, vous serez à la Fête du Livre de Bron pour la
troisième fois. Qu’est-ce qui vous attire
dans cette manifestation ?
J’aime ce rendez-vous et son organisation car c’est bien
une fête au sens premier, qui se tient dans l’hippodrome.
C’est un plaisir de retrouver le public comme les écrivains.
Vous savez, les échanges entre auteurs sont rares. La vie
nous éloigne. C’est une chance de pouvoir se réunir ainsi.
“La Ballade du Calame” raconte la difficulté pour l’auteur que
vous êtes d’écrire quelque chose d’intime sur l’exil.
Qu’est-ce qui vous a débloqué ?
Au fil de l’ouvrage, il y a en effet une double
errance : celle de l’exilé que je suis, déchiré
entre deux pays, et celle de l’écrivain, qui peine
à trouver une clé capable d’ouvrir la porte de ses
souvenirs, angoissé devant la page blanche. Ma
double identité franco-afghane a toujours suscité
de la curiosité. Et j’avais déjà essayé d’écrire à
ce sujet, notamment de faire un beau livre avec
des reproductions de tableaux et de photos. Mais
l’ouvrage n’a jamais été au rendez-vous. J’ai fini
par m’enfermer deux mois dans un studio, tout
en dessinant des callimorphies pour me concentrer. C’est
là que quelque chose a commencé à germer. J’avais trouvé
un langage.
© Frédéric Stucin
La 30e Fête du Livre de Bron réunira du 4 au 6 mars un
plateau exceptionnel d’auteurs, dont Atiq Rahimi, déjà
habitué de la manifestation et Prix Goncourt 2008 pour
“Syngué Sabour, pierre de patience”. D’origine afghane
et installé en France depuis une trentaine d’années,
l’écrivain publie “La Ballade du calame”, un touchant
récit autobiographique sur le thème de l’exil.
L’ouvrage est en effet écrit en français, votre langue d’adoption, mais
émaillé de callimorphies que vous suivez comme un fil d’Ariane.
Comment a jailli cette idée ?
Dans mon processus d’écriture, j’ai toujours
cherché un langage propre plutôt qu’une langue.
Né en Afghanistan, je sais que je ne pourrai jamais
écrire comme un Français. Mais en même temps, 30
ans d’exil m’ont éloigné de ma langue maternelle,
dont certaines tournures étonneraient les Afghans.
À l’image de ma double nationalité, c’est loin d’être
une faiblesse. Cette dualité structure ma pensée et
ma plume. J’ai choisi d’en faire ma force.
“J’ai toujours
cherché mon
propre
langage.”
En savoir + : La Ballade du Calame, Atiq Rahimi, éditions
L’Iconoclaste, 18€, 208 pages
Au sommaire de “Cap sur Bron”, l’émission en partenariat avec
TLM : “Drôle d’endroit pour des rencontres” ; La Fête du livre .
À découvrir sur TLM et sur www.ville-bron dans “Bron en images”.
LA 30e EN BREF
©jf_paga.jpg
Le samedi 5 mars à 19h30 à l’Espace Albert Camus, la
Fête du Livre donne carte blanche à Virginie Despentes
pour une lecture musicale qui rendra hommage à un
auteur qui a beaucoup marqué son parcours
d’écrivain : Louis Calaferte. En compagnie du
groupe de post-rock lyonnais Zëro, l’auteure lira
des passages du “Requiem des Innocents”.
> Espace Albert Camus, 1 rue Maryse-Bastié,
renseignements : 04 72 14 63 40. Tarif abonné
Espace Albert Camus : 10 €, tarifs à l’unité : 15 €.
Durée 1h15.
Autres rendez-vous
• Jeudi 3 mars à 19h à la Ferme du Vinatier (95 bd Pinel), visite singulière
de l’exposition Sens dessus dessous autour des “usages et représentations du vêtement à l’hôpital” en compagnie de l’écrivaine Jane Sautière,
suivie de la lecture d’un texte inédit qu’elle a écrit à partir de sa propre
visite et d’un dialogue autour de son livre “Dressing” (2013).
• Samedi 5 mars à 17h au cinéma Les Alizés, projection du
documentaire “Retour à Kotelnitch” d’Emmanuel Carrère, en
sa présence. Dans ce film sélectionné à la Mostra de Venise
2003 et qui préfigure la rédaction de son livre “Un roman
russe”. Animé par Christine Ferniot, journaliste à Télérama,
un débat suivra avec l’écrivain multiprimé (Prix Renaudot et
Fémina) qui sort le 11 février “Il est avantageux d’avoir où
aller”.
BRON Magazine - LE MENSUEL D’INFORMATION DE LA VILLE DE BRON - N°269 - FÉVRIER 2016
© ed alcock
Virginie Despentes et le groupe Zëro
en lecture musicale
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