Nicolas Machiavel, Le Prince, ch25:la fortune

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Écrit par J.B
Jeudi, 20 Novembre 2008 14:38 -
Fiche de lecture (Julien Bernard)
"Combien dans les choses humaines la
fortune a de pouvoir
et comment on peut y résister"
Le Prince¸ chapitre 25
Nicolas Machiavel
Présentation
générale/Résumé
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Écrit par J.B
Cet article du Prince
comporte une unité qui
permet de le lire
indépendamment du reste
de l’ouvrage. Il a une forme
dissertative. Machiavel
construit d’abord sa
problématique. Il remarque
le caractère imprévisible et
inéluctable de la fortune et
demande alors si on doit
cesser de vouloir influer
sur le cours des choses et
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Écrit par J.B
si on doit s’en remettre
exclusivement à la fortune.
Après avoir répondu de
manière générale à cette
problématique, Machiavel
l’applique au cas particulier
du prince et expose
comment celui-ci doit se
comporter pour que
l’exercice de son pouvoir
dépende le moins possible
de la fortune.
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Écrit par J.B
Comprendre la
problématique de
Machiavel nécessite
principalement de
comprendre la notion
même de fortune qui
devient centrale dans la
réflexion politique à la
Renaissance. La fortune
c’est le caractère
imprévisible des
circonstances dans
lesquelles se jouent les
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Écrit par J.B
actions humaines,
circonstances qui peuvent
être responsables de la
réussite ou de l’échec de
ces actions. C’est un terme
proche du terme actuel de
« chance » ou de « sort ».
Nous sommes chanceux
ou malchanceux en
fonction de la façon dont la
fortune s’est présentée à
nous. Le terme est, dans
un premier sens moins
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Écrit par J.B
précis que ceux de «
hasard », « destin » ou «
providence » en tant qu’il
ne prend pas parti sur le
fait que la réalité est
parfaitement
prédéterminée ou non, et
si elle l’est par l’intention
d’une divinité. La seule
chose qui importe dans le
concept de fortune c'est
que les choses dont il est
question sont imprévisibles
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Écrit par J.B
pour nous (en non
nécessairement de soi).
Mais le terme est aussi
plus précis en tant qu’il ne
concerne pas n’importe
quel événement mais
exclusivement ceux qui
concernent la conduite des
actions humaines . Dans
l’Italie de Machiavel, si
agitée et si instable
politiquement, on
comprend que l’importance
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Écrit par J.B
de la fortune dans la
détermination des actions
humaines ait attiré
l’intention des penseurs
politiques. Mais le concept
est également présent en
France chez Montaigne et,
à défaut du terme de «
fortune », on trouvait déjà
chez les penseurs antiques
le thème des accidents
imprévisibles qui peuvent
faire basculer le cours des
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Écrit par J.B
actions humaines. On peut
penser ici, par exemple, à
la notion grecque de
kairos. Le thème est sans
doute plus prégnant
encore dans la philosophie
chinoise(1).
Quoi qu’il en soit, une fois
le concept de fortune
assimilé, la problématique
de Machiavel coule de
source. Puisque la fortune
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Écrit par J.B
est imprévisible et qu’elle
peut déterminer l’action
humaine, à quoi bon faire
l’effort de vouloir anticiper
et de prévoir notre action ?
Pourquoi ne pas nous en
remettre à cette fortune si
elle doit de toute façon
avoir le dernier mot? On
reconnait dans ce
raisonnement une
adaptation du sophisme
paresseux à la notion de
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Écrit par J.B
fortune (le sophisme
paresseux étant
initialement conçu (chez
les stoiciens??) à partir de
la notion de destin).
Machiavel avancera deux
arguments pour montrer,
qu’en dépit de l’influence
de la fortune, il ne faut pas
cesser d’agir.
Premièrement, ce n’est
pas parce que la fortune a
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Écrit par J.B
une influence sur le cours
des actions humaines que
cette action détermine
complètement ce cours.
Mieux, on peut diminuer la
part qui revient à la fortune
en anticipant sur les
mauvais coups du sort.
L’analogie entre la fortune
et la crue d’un fleuve nous
le montre bien. On ne peut
décider ni prévoir quand la
crue va s’abattre. Mais elle
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Écrit par J.B
n’aura pas la même
influence sur nous si on a
préparé des digues et des
barrages.
Deuxièmement, puisque la
fortune est changeante et
qu’elle ne favorise pas
toujours les mêmes
caractères à réussir, il faut
apprendre à être aussi
changeant qu’elle et à
s’adapter aux
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Écrit par J.B
circonstances. Car ce qui a
telle conséquence dans
telle circonstance peut
avoir une conséquence
contraire dans une
situation contraire.
Par exemple, dans le cas
de la conduite d’un pays, il
y a des époques où il est
bon d’être impétueux
comme l’a été le pape
Jules II en son temps qui a
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Écrit par J.B
su impétueusement
s’emparer de Bologne
parce qu’il n’avait su ne
pas attendre que les
choses se fassent d’une
manière réglée, selon les
protocoles officiels. Mais,
dans d’autres situations,
une telle conduite l’aurait
conduit à sa perte et la
circonspection aurait été
requise. Le prince ne
pourra se soustraire à
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Écrit par J.B
l’influence de la fortune
que s’il sait changer de
caractère pour s’adapter
aux temps changeants.
Mais apprendre à avoir des
mœurs changeantes est
cependant difficile. D’une
part parce que notre
naturel nous porte
généralement d’un seul
des deux cotés, et d’autre
part parce que nous avons
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Écrit par J.B
de la difficulté à
abandonner une conduite
de vie qui s’est montrée
longtemps fructueuse au
moment où la fortune
change. C’est pourtant
bien ce qu’on se doit faire
si on veut éviter d’être le
jouet de la fortune. Pour
conclure, si le prince ne
veut pas avoir à s’en
remettre à la fortune, il doit
1) savoir se prémunir
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Écrit par J.B
contre les éventuels coups
du sort et 2) savoir adapter
son caractère à la
circonstance. Machiavel ne
met pas pour autant sur un
plan parfaitement égal le
prince circonspect et le
prince rude. Toute chose
étant égale par ailleurs, le
prince rude s’en sortira
toujours mieux car, dit-il, «
la fortune est femme » et
elle sera toujours mieux
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Écrit par J.B
domptée quand elle sera
traitée avec rudesse.
Notes
1: Je tiens cette idée d'une
discussion avec Vanessa
Kopec.
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Écrit par J.B
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