Congrès de l`AFAR: 20 ans déjà
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Congrès de l`AFAR: 20 ans déjà
Industrie Affaires réglementaires Congrès de l’AFAR 20 ans déjà ! Face aux enjeux de santé, les affaires réglementaires ne sont plus uniquement techniques et scientifiques. Elles sont devenues un outil stratégique qui implique de nouveaux défis au regard des normes en place. Q uelque 150 personnes, intervenants, représentants des autorités de santé et de l’industrie pharmaceutique, ont assisté le mois dernier au congrès de l’Association française des affaires réglementaires (AFAR) qui a essentiellement porté sur le rôle stratégique actuel et futur des acteurs du secteur. Après un bref tracé historique de l’AFAR et un rappel des présidents qui se sont succédé au fil des années – Roger Ratouis, Françoise Mareschi et Chantal Moreau –, Brigitte Corneau, présidente en titre, a rappelé le rôle essentiel des affaires réglementaires dans l’industrie pharmaceutique. Qu’il s’agisse de la réglementation qui encadre toutes les phases du développement, la mise en place d’essais cliniques, les obligations liées à l’enregistrement des médicaments et des dispositifs médicaux ou encore l’accompagnement de l’innovation. Les PRG au cœur des débats Eric Abadie, conseiller scientifique auprès du directeur général de l’AFSSAPS, président du CHMP à l’agence européenne du médicament à Londres, a souligné que « dans un système européen, si ce n’est plus global, les avis scientifiques auprès de l’EMEA remplacent peu ou prou les avis scientifiques nationaux ». Il a également 94 PHARMACEUTIQUES - AVRIL 2009 noté le tort porté aux régulateurs ins- un suivi rigoureux tout au long de la titutionnels et aux affaires réglemen- vie du produit, afin de minimiser le taires à la suite des affaires qui ont risque lors de la mise sur le marché défrayé la chronique dans le monde d’une nouvelle molécule. » Au bout de la pharma (Vioxx® ou de la route, la clé du succès sérivastatine). Des insufsera le fruit d’une bonne fisances qui ont toutecollaboration entre fois permis de mettre les intervenants Harmoniser les tous en place des plans de et d’une commugestion de risque et nication précoce, PGR entre AR des réglementations a encore souligné centrales préventives. Une apPa t r i c i a M a i l l è proche nouvelle pour re. Car si les AR et locales les industriels qui ont centrales ont bien la le devoir de s’interroger connaissance du prosur les risques connus et duit et du dossier, les AR potentiels et de les minimiser au locales ont celles des souhaits maximum. Ainsi, chez Servier, le pre- des agences nationales et des organismier Plan de gestion de risque (PGR) mes de remboursement (étude posta vu le jour en 2003. Patricia Maillère, AMM de la Haute autorité de santé). directeur général des affaires pharmaceutiques mondiales du premier grou- Approche scientifique intégrée pe français indépendant, a évoqué les La mission des premières est bien rapports des AR corporate/filiale et celle de support réglementaire du insisté sur la nécessité d’un travail très produit pendant son développement en amont : « Les PGR constituent en proximité des équipes en charge l’exemple typique de la nécessité d’un de ce dernier. Les secondes possèdent travail pluridisciplinaire en harmonie une connaissance de la mise en œuvre entre AR centrales et AR locales », a pratique des mesures, avec les conséfait savoir cette dernière, en indiquant quences pratiques qu’elle suppose sur que les unes comme les autres, au- le travail des chefs de produits et des delà de leurs spécificités, ont des rôles visiteurs médicaux. Autant dire que bien précis dans le partage des tâches. personne ne doit ignorer ou sous-esti« La première ébauche d’un PGR est mer le travail de l’autre. Jacques Morepossible dès le passage en phase III, nas, pharmacien général de santé pupoursuit-elle. Elle se continue par blique, direction de l’inspection et des DR « LES AFFAIRES RÉGLEMENTAIRES JOUENT UN RÔLE ESSENTIEL DANS L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE », SOULIGNE BRIGITTE CORNEAU, PRÉSIDENTE DE L’AFAR. établissements à l’AFSSAPS, a présenté la « gestion des enregistrements au regard de la qualité » et expliqué aux congressistes l’impact des documents ICH sur les pratiques des industriels. Une longue histoire de concepts et de théories qui a commencé à Bruxelles en mai 2003. Les recommandations ont été ainsi conçues avec l’objectif de « développer un système qualité pharmaceutique harmonisé applicable tout au long du cycle de vie du produit, basé sur une approche intégrant la gestion du risque qualité et la science, a précisé ce dernier. Et, audelà, de délivrer un message clé : l’approche scientifique n’est plus isolée et s’intègre tout au long de la vie du produit. » Charge aux AR de veiller au bon respect des normes dans l’entreprise. Accompagner l’innovation Un autre point important a été abordé lors de ce congrès, celui de l’accompagnement de l’innovation au sein de l’AFSSAPS. Stéphane Paliès, référent innovation pour le compte de l’agence, a souligné les raisons pour lesquelles cet accompagnement n’est pas dans la mission explicite de l’AFSSAPS. Pourtant, la prise en compte de l’innovation dans son fonctionnement quotidien est vue par l’AFSSAPS comme un enjeu majeur de sa mission de service public. En L’AFAR en bref Fondée en 1989 par 14 responsables des affaires réglementaires de grands laboratoires, sous la houlette de son premier président, Roger Ratouis, directeur des enregistrements internationaux de Roussel-Uclaf, l’AFAR rassemble aujourd’hui près de 600 membres. Cette association, régie par la loi de 1901, a été créée afin de répondre aux enjeux de mutation qui se faisaient jour dans l’industrie pharmaceutique. Avec pour objectif majeur, comme le précise le président fondateur, « de faire des affaires réglementaires une discipline autonome et un métier à part entière au sein de l’organisation interne de toutes les entreprises du domaine de la santé ». L’AFAR, souligne l’actuelle présidente, Brigitte Corneau, « décline cette réflexion lors de différentes manifestations – soirées thématiques, stages de formation, compte-rendu de groupes de travail ». Au cours de ces vingt années, plusieurs médias ont été développé afin de rendre compte des sujets traités et d’informer ses membres. Le site Internet, la gazette de l’AFAR (publication trimestrielle historique) ou les cahiers de l’AFAR, sont autant de supports facilitant les échanges et permettant la mise à disposition des travaux des différents groupes et des congrès. Le site Internet1 propose aux professionnels des affaires réglementaires et aux étudiants, toute l’actualité en matière réglementaire ainsi que des offres de stage et une bourse à l’emploi. effet, l’agence a mis en place au cours du temps des structures adaptées pour accueillir l’innovation thérapeutique – notamment un groupe de travail entretenant des rencontres régulières avec des acteurs de l’innovation – et ne pas la bloquer, tout en assurant à chaque étape la balance bénéfice / risque. La cellule innovation a, depuis juillet 2008, reçu de nombreuses demandes (100 depuis juillet 2008), principalement en provenance des PME et des « Académiques ». « On note un vrai besoin d’orientation à des stades très précoces et lors du passage à l’homme (dossier pré-clinique/ qualité). Puis lors du développement (avis scientifiques : design étude, critères évaluation, production, etc.). Les laboratoires connaissent bien les démarches, mais les académiques ont souvent une faible connaissance des textes réglementaires ou des guidelines. Notre rôle est de les aider dans leurs démarches », a notamment indiqué Stéphane Paliès. La France bien placée Le Pr. Philippe Lechat, directeur de l’Evaluation des médicaments et des produits biologiques (DEMEB) à l’AFSSAPS, a conclu la première séance en évoquant les défis actuels et à venir de l’agence. A moyens humains constants, cette dernière a dû faire face à 30 % d’augmentation des dépôts de dossiers d’AMM (nouvelles demandes et variations) en 2008 : 1 808 dossiers de nouvelles demandes déposés dont 754 de nationales, 19 000 variations déposées l’an dernier (vs 14 000 en 2007). Concernant les procédures européennes, le Pr. Lechat a insisté sur l’importance pour un pays d’être rapporteur ou co-rapporteur des procédures centralisées. Car la mission nationale de sécurité sanitaire commence par les décisions européennes à l’heure actuelle. La France est ainsi le deuxième pays rapporteur derrière le Royaume-Uni (32 vs 44) et devant la Suède et l’Allemagne. « Dans le système actuel du CHMP, c’est le meilleur moyen d’influer sur les décisions », conclut-il. ■ Brigitte Postel (1) Voir : www.afar.asso.fr 95 AVRIL 2009 - PHARMACEUTIQUES