Le nouvel Economiste
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Le nouvel Economiste JOURNAL D’ANALYSE & D’OPINION PARAISSANT LE VENDREDI 38E ANNÉE - N°1699 BIG BLUE FUSION-ACQUISITION Dansleluxe,lavaleuressentielled’unemarque sesitue hors-bilan,P.deChampfleury p.6 31 JANVIER 2014 - 2,50 € DÉJEUNER AVEC... Les options d’IBM devant la montée en puissance du ‘Cloud’ p.35 Adrian Joffe, l’homme de ‘Comme des garçons” p.33 “Un Airbus de...” LES ARTICLES DE LA SEMAINE L’immobilier de luxe s’envole p.33 à Manhattan La peur des djihadistes alimente la contre-révolution dans p.34 le monde arabe La reprise de la croissance mondiale entre les mains de quelques-uns p.35 En attendant les réformes, les Cubains redécouvrent la liberté d’expression p.37 Le modèle industriel européen d’Airbus est-il duplicable ? EDOUARD LAUGIER L’annonce d’un sévère plan de restructuration chez Airbus ne doit pas masquer le formidable succès de l’avionneur européen. Cette réorganisation concerne essentiellement les branches “défense” et “espace”, le vaisseau amiral du groupe, l’aéronautique civile, ne connaît pas la crise. Ses réussites commerciales hissent ce modèle d’entreprise atypique au rang de référence. Fruit du politique et de l’industrie, de la coopération entre plusieurs nations, - surtout franco-allemande, ce groupe démontre que l’union du pouvoir et des affaires fait la force. Tout n’a pas été facile. Euphémisme. Etats différents, entreprises différentes, nationalités, managements et cultures différentes... Pourtant cette réussite est-elle si exemplaire, au sens d’un exemple capable de reproduction et de clonage ? A l’heure du renouveau des grandes politiques industrielles où les Etats semblent vouloir reprendre la main, cette “recette” peut-elle alors se décliner à d’autres activités? Energie, transports, automobile, armement, technologies de l’information... Pas évident, pourtant si nécessaire. ANALYSES MARCHÉS FINANCIERS La crise est derrière nous, mais bonjour les séquelles p.4 CHINE Un pays d’émigration ? p.4 DOSSIERS ÉVÉNEMENTIEL LIEUX DE CONGRÈS ET SÉMINAIRES Séminaire hors les murs p.11 CRÉATION D’ENTREPRISE AFFACTURAGE Assurance crédit p.15 FRANCHISE Le bon franchiseur p.18 PORTAGE SALARIAL Benchmark européen p.23 RESSOURCES HUMAINES INCENTIVE MOTIVATION Après un plan social ou une restructuration p.27 ÉCONOMIE SOCIALE COMITÉ D’ENTREPRISE Les attributions économiques et stratégiques du CE Partis Le revers de la médaille p.30 La dédiabolisation du Front national trouve ses limites OPINIONS MICHÈLE COTTA MONDIALISATION Mirages, ‘eldorados’ et ‘jihad’ p.42 BRÈCHES Julie et Valérie p.42 SAMEDI ART DE VIVRE & STYLE DE VIE M 02191 - 1699 - F: 2,50 E Le secteur bancaire chinois sujet pour le moins à questions Y a-t-il encore une politique économique de gauche et une de droite ? p.6 www.lenouveleconomiste.fr [email protected] 3’:HIKMLJ=VUWZUU:?b@g@t@t@a"; l’euro, les arguments de Marine Le Pen n’ont pas changé depuis 2008. La présidente du Front national plaide pour une dissolution concertée de la zone euro, immédiatement accompagnée de mesures protectionnistes nationales, droits de douane, ou quotas d’importations et, sans doute, d’une dévaluation. Elle condamne les mesures d’austérité, telles qu’elles ont été imposées par le FMI, la BCE et la Commission européenne, à la Grèce, au Portugal et à l’Espagne, et telles que, dit-elle, les a choisies la France... page.4 Politique de l’Offre J OSH N OBLE , J AMIL A NDERLINI , SAM FLEMING, FT ANNONCES LEGALES P. 38 - Tél. 01 75 444 104 depuis 2008, ne remet en cause l’engagement profond des dirigeants français, qu’ils appartiennent au Parti socialiste ou à l’UMP, autour de la construction européenne et de son approfondissement. Cela ne remonte pas seulement à Maastricht, en 1992 : pour les plus anciens d’entre eux, la croyance à l’Europe remonte à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, pour d’autres, elle remonte aux années 80. En tout cas, elle culmine avec la création d’une monnaie unique, entre 2000 et 2002, l’euro. Contre les partisans de l’Europe et de Finance Shadow banking Et au milieu coulait le Milieu ART Le business en modèle Le Front national en tête aux élections européennes de juin prochain ? Un récent sondage fait apparaître, en effet, le parti de Marine Le Pen comme devançant l’UMP et le Parti socialiste pour le scrutin de 2014. Même si un sondage, selon la formule convenue, n’est qu’une photographie de l’instant présent, il n’est pas surprenant que le Front national s’installe au premier plan dans la campagne qui commence. Seul, ou presque, mouvement politique à s’op- poser en France à l’Europe de Bruxelles, pour demander à cor et à cri que la France sorte de la zone euro, pour en faire son principal argument de vente, il est assez naturel que le FN fasse le plein de tous ceux qui en France rendent l’Europe responsable de tous les maux. Car s’il y a un point commun entre la majorité socialiste et l’opposition, centriste ou gaulliste, en ces temps où tout les oppose pourtant, c’est bien la conviction européenne. Rien de ce qui s’est passé en Europe depuis le début de la crise, c’est-à dire L’un des plus grands risques qu’encourt l’économie mondiale cette année est l’énorme croissance du financement mal réglementé qui s’effectue en dehors du secteur bancaire formel en Chine, et la possibilité d’un mouvement de panique autour de ces produits financiers parallèles et des sociétés qui les gèrent. Les inquiétudes à propos du secteur financier parallèle chinois s’étendent bien au-delà de la Chine. Paul Tucker, un ancien gouverneur-adjoint de la Banque d’Angleterre, admettait cette semaine que les institutions mondiales de régulation des marchés ont du mal à suivre le rythme du changement du secteur non bancaire, “en constant mouvement”. Il a mis en garde contre une “vigueur défaillante” de la surveillance des marchés. Page.38 En Chine,... Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Cherchez la différence JEAN-MICHEL LAMY Un rêve passe. A 91% le Conseil national de l’UMP vote “Ricardo” alors que l’Elysée vient de voter à 100 % “Jean-Baptiste Say”. Ce sont les deux économistes “vedette” de la politique de l’offre, celle qui privilégie la relance par la production. L’étendue des déficits a eu raison de Keynes et de sa relance par le budget. Après avoir adoré la dépense, la société politique française semble enfin réaliser que la production précède la distribution. Mais alors, y a-t-il encore une politique économique de gauche et une de droite ? Les intéressés font tout pour nous en convaincre. La conversion de François Hollande à ce nouveau réalisme économique a déjà changé la donne. La rhétorique des “cadeaux aux entreprises” est Page.5 maintenant réservée... 1 Le concept Airbus Editorial Le concept Airbus appliqué à l’Europe ? L’impossible déclinaison à d’autres secteurs stratégiques du concept qui a fait d’Airbus Group un exceptionnel succès, et malheureusement un succès exceptionnel, est une illustration parfaite en parallèle de la difficulté à construire l’Europe elle-même.L’équation magique – une vision partagée, une impérieuse nécessité, un momentum parfait, et surtout la volonté de quelques-uns dotés d’un pouvoir de décision,doublé de celui de persuasion – suffit à expliquer en creux les difficultés des nations et des politiques à faire de même. Le momentum est là, l’impérieuse nécessité aussi, la vision partagée pas encore. Et on cherche toujours ces “quelques-uns”. EDOUARD LAUGIER Henri Nijdam Le momentum est là, l’impérieuse nécessité aussi, la vision partagée pas encore. Et on cherche toujours ces “quelques-uns” Transport ferroviaire, automobile, défense et armement, télécommunications et Internet, chantiers navals... en théorie, le champ des possibles est immense. Affaires publiques, Entreprises, Economie sociale Le journal des Pouvoirs d’aujourd’hui Politique, économique, social, administratif, judiciaire, intellectuel, spirituel, médiatique 38 bis,de Fer à Moulin - 75005 Paris Henri J.Nijdam,Président directeur de la publication [email protected] GaëlTchakaloff,Directrice déléguée [email protected] E-mail:[email protected] Abonnements:[email protected] 1an149€ht(152,13€ttc) Editorialistes Philippe Barret,Alain Bauer,Michèle Cotta,Philippe Delmas, Pierre Kosciusko-Morizet,Bertrand Jacquillat,Henry Lauret,Pascal Lorot,Paul Henri Moinet,Jean-Pierre Patat Rédaction-(015830xxxx)Rédacteursenchef:PatrickArnoux(83 61),CarolineCastets(8554),PhilippePlassart(8362),.Rédacteursenchefadjoint:Jean-MichelLamy(8789),Grandsreporters: EdouardLaugier(8553) Dossiers-Coordination : Marie-Line Lybrecht Créer de nouveaux “Airbus”, voilà donc l’initiative remise au goût du jour il y a quelques semaines par François Hollande. Lors de sa conférence de presse de rentrée, le président de la République a souhaité la création d’un “Airbus de l’énergie”. “La constitution de filières communes (...) une grande entreprise franco-allemande (…) une belle alliance (...)”, des décennies de coopération aéronautique sont hissées au rang de modèle de la conquête industrielle victorieuse. EADS, rebaptisé Airbus Group, engrange les succès commerciaux. En 2013, le constructeur aéronautique civil a enregistré 1 503 commandes, meilleure performance commerciale de l’histoire de l’aéronautique. Créé à la fin des années 60 pour concurrencer l’américain Boeing, l’avionneur fait mieux que son rival. L’an dernier, Boeing a enregistré 1 355 commandes. A la clé de ces performances pour Airbus : des milliards d’euros de chiffre d’affaires pour l’avionneur européen - en hausse en 2012 à 240 milliards de dollars et des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects sécurisés pour plusieurs années. Ce consortium multinationalité peut-il inspirer des montages réussis dans d’autres activités ? La création d’un nouveau champion européen - type “Airbus” - suppose que des Etats demandent à leurs fleurons de travailler ensemble jusqu’à se regrouper dans une entreprise unique. Que des entrepreneurs visionnaires, comme Jean-Luc Lagardère, surmontent avec maestria tous les écueils d’un management spécifique. Quel programme ! A l’échelle européenne, seul l’aéronautique et le spatial avec Arianespace et, dans une moindre mesure - avec les péripéties et retards que l’on connaît -, le projet européen de positionnement par satellite Galileo sortent du rang. Montages créés à l’initiative des Etats. Davantage de type intergouvernemental, en particulier franco-allemand, que du type communautaire. Quel qu’en soit le moteur, lancer de tels projets est une bonne piste pour se doter d’armes de guerre économique compétitive au niveau mondial. “Cela consiste à enfin admettre que nous avons besoin d’opérateurs européens à échelle planétaire à travers un concept fédérateur de champions nationaux capables de se projeter au niveau international”, résume Jean-Louis Levet, économiste spécialiste des questions industrielles et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet*. Pourtant, en matière de coopération industrielle à l’échelle européenne, les échecs sont plus nombreux que les succès... Publicité- (01 75444 xxx)JonathanGrain (111)-LaurentLachaud(112) Rédacteurgraphiqueweb (01 75444 xxx): AntoineWieczorek(116) Le nouvel Economiste est édité par Publications du Nouvel Economiste,S.A.au capital de 1844633euros.PrintFranceOffset(Administratif)3,ruedel’Atlas-75019Paris-Rotatives: 79, Route de Roissy 93290Tremblay-en-France Dépôt légal : janvier 1993. Numéro de commission paritaire : 0915 C 85258. ISSN : 0395-6458. Principal actionnaire : Financière Nouvel Economiste S.A. [Média capital (HJ Nijdam), Compagnie Européenne des Médias (J. Abergel), TripleA (P.Pelletier),Nortier]. 2 Répondre aux mutations géostratégiques Ce concept ne revient pas dans le discours par hasard : les Etats, à commencer par la Olivier Passet, Xerfi. “Se rapprocher au niveau européen signifie d’abord se rationaliser douloureusement. Ce n’est pas un projet extrêmement stimulant pour des industriels...” France, sont soumis à de rudes contraintes en termes de déficit de la balance extérieure, de montée en puissance des autres nations, de désindustrialisation... Selon les derniers chiffres de la société Trendeo qui mesure les annonces de création et de destruction d’emploi, la France compte 520 sites industriels de moins qu’en 2009. Le retour à bonne fortune passe donc par l’union des forces, la taille critique et la puissance. Nouer des alliances européennes pourrait être simplement une question de survie. Du point de vue de l’Europe, la compétitivité industrielle est aussi une priorité. D’ailleurs, le Conseil européen des chefs d’Etat, les 20 et 21 mars prochains, sera consacré, en partie, à la politique industrielle. Enjeu : l’importance capitale de l’industrie pour la création d’emplois et de croissance. En ligne de mire, un objectif ambitieux : atteindre 20 % du PIB européen à l’horizon 2020 alors que l’industrie a constamment reculé ces dernières années pour s’établir à 15,1 % en 2013. Seul hic, de taille, la politique industrielle fait peu consensus. Entre des économies fortement tournées vers les services comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas et d’autres Etats plus orientés vers l’effort industriel comme l’Allemagne ou la France, les antagonismes sont parfois puissants. “Soit nous considérons qu’à l’échelle européenne, chaque Etat définit sa stratégie industrielle au risque de se faire dépasser par plus puissant, soit nous considérons que l’Europe a vocation aussi à être une grande puissance industrielle et technologique”, estime JeanLouis Levet. Les industries des pays d’Europe doivent se mettre en ordre, ordre adapté aux mutations du monde. “Ensemble tout devient possible”, comme le scande un célèbre slogan politique. Ou pas. “Fabriquer de manière ad-hoc un acteur à contre-courant du marché peut être une façon de reprendre la main sur des technologies dont certains pays ont gagné le mono- pole, ajoute Olivier Passet, économiste et directeur des synthèses économiques chez Xerfi. La coopération industrielle sur le modèle d’Airbus est aussi une forme de protectionnisme déguisé mais admis qui répond à des enjeux géostratégiques majeurs.” A la recherche des nouveaux “Airbus” Dans quelles activités ce concept “Airbus” a-t-il le plus de sens ? Transition énergétique comme l’a mentionné François Hollande, transport ferroviaire, automobile, défense et armement, télécommunications et Internet, chantiers navals... en théorie, le champ des possibles est immense. Dans la pratique, tous les domaines d’activité peuvent-ils être concernés ? L’essentiel ? Partir des marchés nécessitant une approche d’envergure européenne pour lesquels les pays ne peuvent pas être compétitifs seuls. Pour Philippe Herzog, président de l’association Confrontations Europe et conseiller spécial du commissaire européen au marché intérieur et services Michel Barnier, “les grands opérateurs de demain se constitueront autour des industries du futur qui reposent sur la technologie et dont les coûts en recherche et développement sont massifs”. Nanotechnologies, biotechnologies, microbiologie, électronique ou encore gestion de l’information. Non pas des secteurs entiers mais plutôt des pans de domaines d’activité correspondant à de vastes marchés suscités par les nouveaux besoins de la société : mobilité durable, vieillissement actif ou ville intelligente. “Les scientifiques évoquent la maîtrise des “technologies clés génériques”. Combinables entre elles, essentielles à la fabrication de produits à forte valeur ajoutée, elles diffusent dans de nombreux secteurs d’activité”, précise Philippe Herzog. Cette démarche repose notamment sur la constitution de portefeuilles de brevets. Fabriquer des moteurs, des batteries de nouvelle géné- “Soit nous considérons qu’à l’échelle européenne, chaque Etat définit sa stratégie industrielle au risque de se faire dépasser par plus puissant, soit nous considérons que l’Europe a vocation aussi à être une grande puissance industrielle et technologique” ration dans l’automobile ou le transport ferroviaire, imaginer des réseaux électriques intelligents - les smart grids -, dans l’énergie avec le défi que représente son stockage ou l’urbanisme, constituer en propre des plateformes d’intermédiation pour le traitement des données et de l’information... “Il ne faut plus raisonner en silos nationaux”, estime Olivier Passet. Un nouvel Airbus naîtra sur des territoires économiques nouveaux. Exemple ultime ? Un acteur capable d’articuler la ville de demain dans ses multiples dimensions : la gestion du réseau électrique et des modes de transport, le traitement des déchets ou de l’eau.... Les géants de l’Internet américains l’ont bien compris. Google dans l’automobile, IBM dans les smart grids : tout sauf un hasard. Ces compagnies dépensent et investissent des milliards de dollars, “ce que sont incapables de faire leurs homologues européens du fait de leur taille et leur puissance moindre”, soupire Philippe Herzog. Economiquement souhaitable, politiquement difficile Les obstacles ne manquent pas. Etats différents, entreprises différentes, nationalités et cultures différentes, règles de droits différentes. Sans compter un climat économique pesant et des conditions de marché peu favorables en Europe. Imaginer des géants na- Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Le modèle industriel européen d’Airbus est-il duplicable ? “Aujourd’hui, l’enjeu n’est plus intra-européen. Il ne s’agit plus de battre l’entreprise italienne, l’industriel allemand mais le géant chinois, russe ou américain. Les règles de la concurrence doivent s’adapter à ce nouvel objectif : faire de l’Europe une puissance technologique et industrielle” américain. Les règles de la concurrence doivent s’adapter à ce nouvel objectif : faire de l’Europe une puissance technologique et industrielle”, estime JeanLouis Levet. Au niveau micro-économique, les choix stratégiques divergents ne facilitent pas les choses. Dans le domaine de l’énergie par exemple, les deux pays disposent d’acteurs performants à tous les niveaux : des centres techniques et scientifiques, des laboratoires de recherche, des opérateurs industriels, des sous-traitants. Seul bémol, de taille, une vision non partagée du modèle de production d’énergie qui crée des tensions malgré une complémentarité évidente. “La coopération ne peut se faire sans la volonté des entreprises, conclut Olivier Passet, or beaucoup de marchés intérieurs européens sont en surcapacité. Du coup, se rapprocher au niveau européen signifie d’abord rationaliser douloureusement. Ce n’est pas extrêmement stimulant pour des industriels...” Les incantations du politique peinent à accrocher la réalité économique des entreprises. *Réindustrialisation, j’écris ton nom, Fondation Jean Jaurès, mars 2012. tionaux à fusionner entre égaux, comme ce fut le cas pour Airbus, est-il donc une chimère ? “Meilleure preuve de la difficulté de réaliser ces ambitions : nous n’avons pas réalisé d’autres Airbus depuis quarante ans”, constate Jean-Louis Levet. Les modes de la société post-industrielle, de la nouvelle économie tournée vers l’Internet ou de l’entreprise sans usine n’ont pas aidé à la prospective stratégique industrielle. Phénomènes plus structurels. Pour créer ces opérateurs européens de demain, il faut partir de l’existant, de champions nationaux comme Alstom, Siemens. Or ces entreprises sont dans une logique de concurrence. “Un petit équilibre de la terreur continentale qui fait que les grands rapprochements se font plutôt avec des groupes non européens”, rappelle Olivier Passet. L’Europe est une mosaïque de pays, de rivalités. Un nouvel Airbus ne pourrait voir le jour sans une coopération franco-allemande réussie, or elles ont toutes échoué. Dans les télécommunications, un rapprochement entre France Télécom et Deutsche Telekom a été évoqué. Idem dans le domaine du rail : échec. Alors que le ferroutage et le fret de marchandises s’imposerait au niveau continental. Dans le nucléaire, Siemens et Areva réunis dans Framatome ont dû se séparer... Et pourtant, la France et l’Allemagne ont un avenir commun comme l’a démontré le rapport “Beffa-Cromme” de mai 2013 : si les deux pays fusionnaient, le nouvel ensemble constituerait la première puissance exportatrice au monde, il compterait 147 millions d’habitants et produirait 5 900 milliards de dollars de richesse par an. Cela ferait de la France-Allemagne la troisième puissance mondiale, juste derrière les Etats-Unis et la Chine. “Economiquement c’est souhaitable, mais c’est aussi très difficile politiquement”, résume Philippe Herzog. Le droit de la concurrence européen n’aide pas. Les règles prohibent les ententes, interdisent les abus de positions dominantes, contrôlent les concentrations et surveillent les aides accordées par les Etats comme le lait sur le feu. La Commission européenne étudie une modernisation des règles existantes. Pour les autorités françaises, la politique de concurrence doit être une politique économique au service des consommateurs et de la compétitivité des entreprises européennes dans le cadre d’une économie mondialisée. “Aujourd’hui, l’enjeu n’est plus intraeuropéen. Il ne s’agit plus de battre l’entreprise italienne, l’industriel allemand mais le géant chinois, russe ou Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 3 POLITIQUE(S) La main invisible du marché Partis La crise est derrière nous, mais bonjour les séquelles Le revers de la médaille La dédiabolisation du Front National trouve ses limites Des niveaux d’endettement à leur plus haut historique, des taux de chômage insupportables et des économies moins compétitives MICHÈLE COTTA BERTRAND JACQUILLAT La pire des récessions survenues depuis 1929 est peut-être dernière nous. Mais les ravages qu’elle a provoqués ont laissé de profondes séquelles : des niveaux d’endettement à leur plus haut historique d’après-guerre, des taux de chômage insupportables et des économies moins compétitives, ce qui laisse peu de marges de manœuvre. Dans leur ouvrage remarquable de 2009, This time is different, Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff soulignaient déjà que les sorties de récession après des crises financières étaient beaucoup plus longues et plus poussives que les autres. Poursuivant leurs travaux, ils viennent de mettre au point un indice de sévérité des 100 crises passées parmi les plus graves des 200 dernières années, qui est la somme de deux indicateurs. Le premier c’est la baisse réelle du PIB par habitant entre son plus haut d’avant crise et son plus bas de crise. Il est de 11,3 % en moyenne durant les 100 crises passées. Le second est le nombre d’années qu’il faut pour que le PIB par habitant rejoigne son niveau d’avant crise : 8,4 ans en moyenne. Ce qui fait que l’indice de sévérité des 100 crises passées est en moyenne de 19,7. Son plus haut de 38 a été atteint aux EtatsUnis lors de la Grande Crise de 1929. Il est très élevé pour les pays périphériques de la zone euro durant la crise récente (36 en Grèce, 25 en Irlande, 23 en Italie, 20 en Espagne), mais seulement de 13 en France. Toutefois, ce ne sont que des estimations car les PIB de ces pays n’ont pas encore rejoint leur niveau d’avant crise, sauf aux Etats-Unis (10,1) et en Allemagne (8). Aussi et selon ces deux professeurs d’Harvard, cette crise, beaucoup plus grave que celles connues par les générations précédentes, s’apparente aux crises du XIX ème siècle et du début du XX ème, et les mesures prises jusqu’à présent pour en sortir telles que l’austérité budgétaire ne seraient pas à la hauteur du défi. D’aucuns préconisent une forme de répression financière immédiate par la fiscalité ou progressive par l’inflation pour annuler, du moins partiellement, la dette, une sortie provisoire de l’euro pour certains pays, ou encore des investissements publics massifs. Avant la crise, les économistes s’attachaient à la grande modération, c’est-à-dire une croissance soutenue avec une inflation faible. Ils se focalisent maintenant sur la récession avec déflation et suggèrent une véritable sortie de crise par l’inflation. Mais quoi qu’il arrive, les blessures seront longues à cicatriser, en tous cas dans les pays développés, ne serait-ce que parce que les crises augmentent durablement l’aversion au risque des agents économiques, ce qui est préjudiciable à la croissance à long terme. Les crises augmentent durablement l’aversion au risque des agents économiques, ce qui est préjudiciable à la croissance à long terme. La Chine s’est éveillée Un pays d’émigration ? Officiellement, 9 343 000 Chinois vivent à l’étranger. On est loin de la réalité, que certaines études évaluent à 35 millions, ce qui est encore très certainement une sous-estimation PHILIPPE BARRET Le nombre de 9 343 000 Chinois vivant hors de Chine en 2013 cache une réalité qu’il est cependant difficile de connaître positivement. Pourquoi ? D’abord parce que beaucoup de Chinois qui ont émigré ont adopté la nationalité de leur pays d’accueil. Mais ils restent chinois ; ils ne s’assimilent pas, comme un émigré européen aux EtatsUnis, ou comme un Espagnol ou un Italien en France. Ensuite, parce que beaucoup de Chinois qui ont émigré, notamment dans les années 1970, venaient duVietnam ou du Cambodge : ils parlent chinois et se considèrent comme des Chinois. Enfin et surtout,un grand nombre de ces Chinois sont des clandestins. En France par exemple, les Chinois régulièrement recensés sont au nombre de 80 000. On pense en général qu’ils seraient plutôt 600 à 700 000. L’émigration chinoise est un phénomène relativement récent. Longtemps, l’émigration était interdite.Elle n’a commencé à être acceptée par le gouvernement et ne s’est en conséquence développée qu’au milieu du XIXe siècle, après la première guerre de l’opium. Ce sont surtout les provinces du Sud – le Fujian, le Guandong et Hainan – qui alimentent l’émigration. Et ces Chinois s’installent alors massivement enAsie du Sud-Est. On est plus sûrement renseigné sur la destination récente des Chinois qui émigrent.Les Etats-Unis sont le premier pays recherché par les migrants. En 2012,plus de 80 000 Chinois ont obtenu un visa de résident permanent. Et depuis 2011, la Chine a été le plus grand pourvoyeur d’étudiants étrangers aux Etats-Unis.Elle est,après le Mexique,la deuxième source de l’immigration dans ce pays. 4 Vient ensuite le Canada, qui attire, depuis quelques années, de plus en plus de Chinois, et notamment des étudiants, qui s’y trouvent au nombre de 80 600. Enfin l’Australie est le troisième pays recherché par les Chinois,qui y représentent 60% des détenteurs d’un titre de séjour permanent enregistrés ces dix dernières années. Ils sont d’ailleurs en train de dépasser ici le nombre des Britanniques. Au total,avec ses 1 300 millions d’habitants,l’émigration chinoise paraît nombreuse aux pays d’accueil,même si elle reste un phénomène marginal pour la Chine. Quantitativement marginal, mais non pas mineur pour l’acquisition de compétences scientifiques et techniques, ni pour les affaires. 28 000 Chinois au Cameroun, ce n’est rien pour la population chinoise ; c’est beaucoup pour l’influence politique de la Chine sur le continent africain et pour les entreprises qui s’y développent. Et face aux quelques dizaines de millions de Chinois à l’étranger, on ne compte que 590 000 étrangers présents en Chine. D’abord parce que beaucoup de Chinois qui ont émigré ont adopté la nationalité de leur pays d’accueil. Mais ils restent chinois ; ils ne s’assimilent pas (...) Enfin et surtout, un grand nombre sont des clandestins. En France par exemple, les Chinois régulièrement recensés sont au nombre de 80 000. On pense en général qu’ils seraient plutôt 600 à 700.000 Le Front national en tête aux élections européennes de juin prochain ? Un récent sondage fait apparaître,en effet,le parti de Marine Le Pen comme devançant l’UMP et le Parti socialiste pour le scrutin de 2014. Même si un sondage, selon la formule convenue,n’est qu’une photographie de l’instant présent, il n’est pas surprenant que le Front national s’installe au premier plan dans la campagne qui commence. Seul, ou presque, mouvement politique à s’opposer en France à l’Europe de Bruxelles, pour demander à cor et à cri que la France sorte de la zone euro, pour en faire son principal argument de vente, il est assez naturel que le FN fasse le plein de tous ceux qui en France rendent l’Europe responsable de tous les maux. Car s’il y a un point commun entre la majorité socialiste et l’opposition,centriste ou gaulliste,en ces temps où tout les oppose pourtant, c’est bien la conviction européenne. Rien de ce qui s’est passé en Europe depuis le début de la crise,c’està dire depuis 2008, ne remet en cause l’engagement profond des dirigeants français, qu’ils appartiennent au Parti socialiste ou à l’UMP, autour de la construction européenne et de son approfondissement. Cela ne remonte pas seulement à Maastricht,en 1992 : pour les plus anciens d’entre eux, la croyance à l’Europe remonte à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, pour d’autres,elle remonte aux années 80. En tout cas, elle culmine avec la création d’une monnaie unique, entre 2000 et 2002, l’euro. Contre les partisans de l’Europe et de l’euro, les arguments de Marine Le Pen n’ont pas changé depuis 2008. La présidente du Front national plaide pour une dissolution concertée de la zone euro,immédiatement accompagnée de mesures protectionnistes nationales,droits de douane,ou quotas d’importations et,sans doute,d’une dévaluation. Elle condamne les mesures d’austérité, telles qu’elles ont été imposées par le FMI,la BCE et la Commission européenne, à la Grèce, au Portugal et à l’Espagne, et telles que, dit-elle, les a choisies la France. Ces arguments, celui de la sortie de l’euro notamment, ont un large écho auprès de certains Français, et notamment dans les classes les plus populaires,mais personne n’en a jamais mesuré - comment le pourrait-on, puisque la chose ne s’est pas encore produite - les éventuels effets. Beaucoup de ceux qui avaient été hostiles dans ses débuts à la monnaie unique européenne, sont au contraire aujourd’hui persuadés que, s’il est difficile de rester dans la zone euro, il serait encore plus risqué d’en sortir, tant les conséquences économiques et politiques d’une telle décision sont imprévisibles. Les partisans de Marine Le Pen,ou ceux qui sont sensibles à sa démonstration,ne retiennent d’une éventuelle sortie de l’euro que l’indépendance monétaire de la France, et sa lutte contre une mondialisation dont ils ne ressentent que les effets négatifs sans jamais en mesurer les effets positifs. Dans une période de crise, ou même de sortie de crise, qui est encore, d’une certaine façon, une prolongation de la crise, Marine Le Pen a su trouver les mots pour créer derrière elle un front du refus, surtout lorsqu’elle affirme devant son électorat que l’euro fort, tel qu’il est, est responsable de dizaines de fermetures d’entreprises en France. Rien d’anormal, donc, à ce que le Front national capitalise sur la fin de l’Europe à un moment où les autres partis dits de gouvernement, c’est-àdire pouvant être amenés à gouverner dans le cadre d’une alternance majorité-opposition, tentent de démontrer que mieux vaut l’Europe telle qu’elle est, telle qu’elle voudrait être avec plus de fédéralisme, que pas d’Europe du tout. Marine Le Pen a-t-elle annoncé elle-même il y a une quinzaine de jours qu’elle espérait atteindre les 500 listes municipales : c’est beaucoup moins que ce dont elle s’était enorgueillie il y a quelques mois. mars, quelques semaines avant le scrutin européen, le mouvement de Marine Le Pen est beaucoup moins à l’aise. Après avoir annoncé qu’il présenterait des candidats dans un maximum de communes,il a du mal aujourd’hui à recruter des volontaires. Dans le midi de la France, Nice, Marseille,plus à l’ouest autour des villes côtières, ou dans le Nord et le Pas-de-Calais, il n’a pas grande difficulté à constituer des listes.Ailleurs, la situation est plus complexe. Ainsi Marine Le Pen a-t-elle annoncé elle-même il y a une quinzaine de jours qu’elle espérait atteindre les 500 listes municipales : c’est beaucoup moins que ce dont elle s’était enorgueillie il y a quelques mois. 500 listes sur les 36 000 communes que compte la France,c’est plus que n’a déposé le FN en 2008, c’est plus qu’en 1995, mais c’est peu. Selon les calculs, le FN ne couvrirait que 16, 6 % des villes de plus de 3 500 habitants.Pour justifier cette discrétion du Front national dans le scrutin municipal de 2014,sa Présidente ne manque pas d’explications : pas assez de formation dans les rangs de ses militants, dans l’opposition au “système”depuis plus de trente ans,pas assez de cadres, en dehors de ceux qui forment l’entourage immédiat de Marine Le Pen, pas assez de professionnalisation d’un mouvement qui n’a jamais cherché véritablement à se structurer. Encore plus anti-système que le Front Une deuxième menace pèse sur le Front national, qui n’a rien à voir avec les élections, mais plutôt avec l’évolution des forces d’opposition en France. On l’a vu encore dimanche dernier à Paris : c’est une frange radicalisée,violente,antisémite qui a attaqué frontalement les forces de l’ordre à la suite de la manifestation baptisée “Anti-Hollande”.C’était un rassemblement hétéroclite, composé de la frange de catholiques de droite,qui s’est trouvée l’année dernière à la tête du mouvement anti-mariage gay, de partisans de Dieudonné, sans oublier des porteurs de croix gammée, ou de faux“bonnets rouges”désavoués par les vrais : le Front national n’y était pas officiellement présent . C’est le revers de la médaille de la “dédiabolisation”. Le FN de Marine Le Pen ne cesse de se réclamer des valeurs de la République. Ce qui libère,à son extrême droite,des militants de tout poil qui auraient pu, il y a quelques années, se reconnaître pleinement dans le FN mais qui lui reprochent, désormais, sa non-participation aux manifestations contre le mariage pour tous, sa faible implication dans le combat jusqu’auboutiste contre la Présidence et le gouvernement de la gauche. Candidate longtemps de l’antisystème,Marine Le Pen risque d’être doublée sur sa droite par de plus antisystème qu’elle. La dédiabolisation du FN, en partie réussie, montre ainsi ses limites. Recherche candidats désespérément Pour autant, le Front national est-il devenu le premier parti de France parce qu’il devance les autres partis sur le terrain européen ? Sûrement pas.Plusieurs facteurs le menacent.Aux municipales, par exemple, scrutin qui doit avoir lieu en Candidate longtemps de l’antisystème, Marine Le Pen risque d’être doublée sur sa droite par de plus antisystème qu’elle. Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Politique de l’Offre Cherchez la différence Y a-t-il encore une politique économique de gauche et une de droite ? JEAN-MICHEL LAMY Un rêve passe. A 91% le Conseil national de l’UMP vote “Ricardo” alors que l’Elysée vient de voter à 100 % “Jean-Baptiste Say”. Ce sont les deux économistes “vedette” de la politique de l’offre, celle qui privilégie la relance par la production.L’étendue des déficits a eu raison de Keynes et de sa relance par le budget. Après avoir adoré la dépense,la société politique française semble enfin réaliser que la production précède la distribution.Mais alors,y a-t-il encore une politique économique de gauche et une de droite ? Les intéressés font tout pour nous en convaincre. La nouvelle rhétorique La conversion de François Hollande à ce nouveau réalisme économique a déjà changé la donne. La rhétorique des “cadeaux aux entreprises” est maintenant réservée à la gauche de la gauche. C’est l’Elysée qui est à la manœuvre pour organiser l’empathie avec le monde entrepreneurial. Avec l’idée que le pays est à un moment clef.Pour basculer dans le vide ou pour … se ressaisir. La nécessité de procéder à des économies de dépenses publiques commence aussi à être prise en compte par les Français de façon très concrète. Selon les sondages la population comprend de mieux en mieux la relation entre impôts et coût de l’administration. Au point de préférer majoritairement une réduction du périmètre des services publics à la poursuite de la hausse des prélèvements. Une fenêtre d’opportunité, analysent les stratèges politiques. L’exercice budgétaire 2013 n’a pas lésiné, il est vrai, sur la pédagogie – même si c’était involontaire.Une chute brutale,jamais vue,des recettes fiscales de quelque 15 milliards d’euros par rapport aux prévisions a démontré la justesse de la courbe de Laffer sur le “trop d’impôt tue l’impôt”. En dix-huit mois d’échec, François Hollande a fait apprendre aux Français tout ce qu’ils refusaient d’entendre depuis des décennies sur la politique économique dite “néo-classique”. Ne nous illusionnons néanmoins pas trop, bien sûr. Il reste que les deux grands partis politiques du pays réorientent leur discours dans ce sens-là. L’UMP vient d’adopter en Conseil national, ce 25 janvier,un programme de mesures d’urgence qui a pour mot d’ordre“plus de liberté !”.Quant aux députés PS,ils s’apprêtent à voter début juin la confiance à un gouvernement qui proclame qu’en France le coût du travail est trop élevé. Et qui ajoute par la voix de Jean-Marc Ayrault : “Entre 2008 et 2012,la part de la dépense publique dans la richesse nationale a augmenté de quatre points en passant de 52,6 % à 56,6 %,pourtant cela n’a amélioré ni les services publics ni la vie des Français.” C’était sur le perron de l’Elysée à l’issue du premier Conseil stratégique de la dépense publique. Le marqueur de gauche Il faudra attendre l’après-municipales pour juger de la réalité des actes, mais les intentions sont claires. Elles ont été confirmées aux partenaires sociaux reçus en rang serré à Matignon pour discuter du Pacte de responsabilité,c’est-àdire des contreparties aux allègements de charges.Voilà le marqueur de “gauche”. Thierry Mandon, député PS de l’Essonne, explique “la” différence avec la droite : “Le libéralisme c’est très simple, vous enlevez des contraintes et des impôts aux entreprises, et tout doit être réglé naturellement.Nous,on considère que sans la négociation sociale rien ne sera réglé. C’est typiquement social-démocrate, c’est l’économie sociale de marché. Il y a à la fois la prise en compte de réalités et la volonté de rajouter un corpus social fort.” La convergence avec un certain Ludwig Erhard, le chancelier d’outre-Rhin promoteur de“l’éco- nomie sociale de marché”, n’échappera à personne. N’oublions pas non plus que le traité de Lisbonne fait de ce concept un des objectifs principaux de l’Union européenne. Après tout, le combat pour la production fait partie de la gauche depuis Saint-Simon, rappelle tel ministre.Thierry Mandon souligne pour sa part que la gauche a toujours trois tâches quand elle revient au pouvoir. D’abord elle doit s’occuper des entreprises.Dans les années 80 c’était les nationalisations, aujourd’hui c’est le redressement productif. A chaque fois il faut s’occuper de l’offre du pays. Ensuite, il faut pousser le dialogue social. En 1980 c’était les lois Auroux, aujourd’hui ce sont les grandes négociations “contreparties” qui vont être lancées, branche par branche, sur les qualifications et les formations. Enfin, il faut reformuler le projet européen. Il y a eu Maastricht, aujourd’hui la réalité européenne n’est plus qu’une Europe de la compétition alors qu’il faut bâtir de la coopération.Trois invariants de la période “Mitterrand” dans lesquels François Hollande s’inscrit. L’histoire dira si la gauche idéologique actuelle accepte cet héritage “de gauche”. L’offre “de droite” L’opposition UMP avait tout prévu sauf un tel revirement du hollandisme, qui vient se greffer sur sa propre trajectoire économique. Qu’importe, la tendance sera au toujours plus. Le Conseil national a validé la sortie définitive des 35 heures,la dégressivité des indemnisations chômage, 130 milliards de réduction de dépenses publiques, des revenus de solidarité plafonnés à 75 % du SMIC… Pour la petite histoire l’UMP qui avait programmé 34 milliards d’euros de baisse du coût du travail (Hollande émarge à 30) parle maintenant de 65 milliards. Hervé Mariton,député UMP de la Drôme,explicite la différence avec la gauche : “La politique de l’offre“de droite” comporte de vraies réformes structurelles. Elle assume le fait que le curseur doit être suffisamment déplacé. C’est une différence de nature.” Jérôme Lavrilleux, candidat UMP aux Européennes : “Le plus significatif dans le projet, c’est remettre la valeur travail au cœur du disposi- Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Henri Guaino : “Une politique de l’offre qui n’est pas en même temps une politique de la demande n’a aucun sens. Il faut cesser de faire de la politique économique avec des étiquettes qui ne veulent pas dire grand-chose.” tif.” Interrogé sur la “différence”, Henri Guaino, député UMP desYvelines,met à sa façon tout le monde d’accord : “Une politique de l’offre qui n’est pas en même temps une politique de la demande n’a aucun sens. Il faut cesser de faire de la politique économique avec des étiquettes qui ne veulent pas dire grand-chose. Il y a des moments où il faut appuyer un peu plus sur la demande ou un peu plus sur l’offre. Opposer les deux de façon aussi caricaturale n’a aucun sens,cela n’a rien à voir avec la droite et la gauche.” Et d’ajouter : “Le projet économique voté par le Conseil national ne m’engage en rien. Comme il n’engage pas non plus Alain Juppé, nous serons au moins deux.” Le maire de Bordeaux juge en effet le projet trop libéral. La recomposition politique passera peut-être par l’économie. Alors que la gauche se recentre sur l’économie sociale de marché, l’UMP campe sur le “toujours plus” 5 Vu d’en haut Pierre de Champfleury, conseil en fusion-acquisition “Dans le luxe, la valeur essentielle d’une marque se situe hors bilan” ROMUALD MEIGNEUX / SIPA Ce spécialiste des opérations de haut de bilan dans le domaine du luxe rappelle ici les multiples particularismes du secteur pour mieux comprendre ce qui fait le succès d’une opération. Ou son échec. Fin connaisseur de l’industrie du luxe, Pierre de Champfleury en connaît non seulement les acteurs,des plus visibles aux plus discrets, mais aussi et surtout, les ressorts. A commencer par ceux que l’on ne voit pas et qui, en toute discrétion, supportent l’édifice. Ceux qui se situent “hors bilan” et constituent cette part d’immatériel,écrasante et impalpable,qui fait du luxe un secteur à part, plus éclaté et surtout plus complexe qu’il n’y paraît. Désormais spécialiste en fusions et acquisitions sur les différents métiers du luxe dans le monde, il sait tout cela : les liens d’interdépendance entre petites entreprises et grands groupes, l’impératif de renouvellement permanent,celui d’une cohérence sans faille mais aussi “les très grandes différences de conceptions, de points de vue, de manières de faire et de manières d’être” existant entre professionnels de cette industrie.Et surtout,cette dimension psychologique qui, bien plus que la technique financière, permet qu’un deal se fasse ou pas.Une compréhension intime du marché qu’il met à profit pour faciliter les rapprochements d’entreprises en tout genre, pour ne pas dire les alliances des contraires : petits et grands, artisans de l’ombre et marques stars.Sa valeur ajoutée ? Savoir “parler aux gens qui sont susceptibles d’acheter, comprendre ceux qui sont désireux de vendre et qui, bien souvent, ne savent pas comment procéder”. Explications. tout ce qui porte atteinte à l’image de la marque porte également atteinte à sa désirabilité et, par conséquent,remet directement en cause son fonds de commerce.Voilà pourquoi la cohérence est capitale dans ce secteur. Et voilàpourquoi la contrefaçon – autrement dit, la copie d’une marque à moindre coût et à moindre qualité - y est perçue comme un risque majeur. Tout cela, cet hyper-contrôle de l’image, des circuits, du discours comme de la qualité vise évidemment à valoriser l’immatériel.Sans lui,les marques de luxe ne pourraient justifier les tarifs extrêmement élevés qui sont les leurs. Des tarifs qui sont uniquement praticables parce qu’au-delà du prix de revient de leurs produits, elles travaillent toutes à entretenir cet aura en actionnant chacun des leviers à leur disposition. Ce qui implique un travail de fourmi dans une multitude de départements différents mais,au final,permet que l’orchestre sonne juste. “Il y a des moments dans la vie des marques où se dessinent des lignes de force qu’elles doivent savoir saisir pour se renouveler. C’est une capacité à capter l’air du temps.” “ Sa valeur ajoutée ? Savoir “parler aux gens qui sont susceptibles d’acheter, comprendre ceux qui sont désireux de vendre et qui,bien souvent,ne savent pas comment procéder”. “Tout ce qui porte atteinte à l’image de la marque porte également atteinte à sa désirabilité et, par conséquent, remet directement en cause son fonds de commerce. Voilà pourquoi la cohérence est capitale dans ce secteur.” PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLINE CASTETS J’ai créé une“boutique”de fusions et acquisitions dédiée à un seul métier : celui du luxe. Il ne s’agit ni d’un fonds, ni d’une banque – je ne suis pas un intermédiaire financier – mais d’une activité essentiellement de conseil qui aide les personnes qui souhaitent vendre ou acheter dans ce secteur et qui manquent de certains éléments pour le faire. Soit parce qu’elles ne sont pas versées dans le domaine financier,soit parce qu’elles ont du mal à comprendre ceux avec qui elles seront amenées à traiter. Il faut savoir qu’il existe souvent de très grandes différences de conceptions, de points de vue, de manières de faire et de manières d’être entre les professionnels qui collaborent à cette industrie du luxe en qualité de “fournisseurs” et ceux qui en incarnent les grands noms ; les entreprises les plus connues et les plus visibles de ce marché qui, la plupart du temps,sont aussi celles qui sont les plus à même de racheter les affaires de taille plus modeste. Peu de gens en ont conscience mais ces écarts de profils contribuent à faire du luxe un univers très complexe. est le fait qu’ils comportent une forte part d’immatériel. Cette part d’immatériel qui les différencie des autres secteurs,c’est la formule magique de la marque ; un mélange de création, de savoir-faire, de savoir-dire et de savoir-montrer. Pour qu’une marque fonctionne, elle doit se montrer performante dans ces quatre domaines ; maîtriser ces quatre facettes de son activité. Et pour cela, elle doit nécessairement faire appel à un grand nombre de sociétés différentes : des “fournisseurs” qui, encore une fois, sont généralement totalement inconnus du public mais qui,en raison de leur très haut niveau d’expertise, constituent un facteur clé de réussite pour leur client, un élément décisif à leur niveau d’excellence et à leur visibilité.Ce qui explique que ces sociétés à la fois modestes en taille et considérables en valeur ajoutée se retrouvent le plus souvent en jeu lors des opérations de fusions-acquisitions, lesquelles doivent prendre en compte l’ensemble de ces subtilités. Car encore une fois, il n’y a pas que les LVMH et les Richemont pour faire cette industrie du luxe.Il y a une multitude de sociétés inconnues sans lesquelles rien ne serait possible. La diversité des métiers L’impératif de cohérence Le secteur du luxe est d’autant plus complexe qu’il rassemble des métiers extrêmement divers couvrant bien d’autres domaines que ceux de la mode et de la parfumerie pour s’étendre à ceux des vins et spiritueux,de l’hôtellerie,de la décoration… Tous ces métiers représentent un nombre considérable de sociétés,certaines de très grande envergure,d’autres très modestes travaillant pour le compte d’entreprises extrêmement connues sans jamais apparaître au grand jour et pourtant, essentielles au bon fonctionnement de ces dernières.Cette diversité est à prendre en compte lorsqu’il est question de fusion-acquisition,activité qui revient à marier les genres.Il s’agit même d’un élément déterminant. Contrairement à certaines très belles marques à succès – comme Coca-Cola par exemple – qui, où qu’elles aillent, conservent un caractère monolithique,les métiers du luxe doivent savoir s’adapter aux pays, aux circuits de distribution, aux mentalités.Or savoir dire et savoir distribuer est particulièrement délicat dans le luxe : une très belle marque distribuée dans le mauvais point de vente peut très facilement voir son image impactée. Or la part d’immatériel Ce qui caractérise avant tout ces métiers du luxe 6 “Cette part d’immatériel, c’est la formule magique de la marque ; un mélange de création, de savoir-faire, de savoir-dire et de savoir-montrer.” L’air du temps Il y a des moments dans la vie des marques où se dessinent des lignes de force, des tendances de fond qu’elles doivent savoir saisir pour se renouveler. C’est une capacité à capter l’air du temps, la culture de la rue aussi bien que la culture artistique ; une compréhension de la société en marche et une aptitude à anticiper celle qui se profile dont ont fait preuve Chanel dans les années 20 etYves Saint Laurent dans les années 80. Ceux qui n’y sont pas parvenus ont décliné.Ce qui a été le cas d’une marque comme ElizabethArden qui,il y a quelques décennies,était l’équivalent de Dior en cosmétique et qui, parce qu’elle n’a pas compris que certaines présentations, certaines formulations devaient évoluer, est restée figée dans le temps.A l’inverse, Calvin Klein a connu, à partir de la fin des années 80, une série de succès planétaires sur ses parfums dus précisément au fait que chacun s’inscrivait dans un courant fort du moment. Obsession était tourné sur soi, c’était la fin des des grandes transgressions.Eternity,lancé quelques années plus tard, incarnait le retour du romantisme en mettant en scène le couple, les enfants, la famille, et CK One cassait les codes en inventant le parfum pour tous,androgyne,unisexe. Passer de l’un à l’autre de ces positionnements en quelques années était extrêmement délicat mais c’est ce qui a fait le succès de la marque. Chaque fois qu’elle sortait une nouveauté, elle tombait juste. Parce qu’à l’inverse d’Elizabeth Arden, Calvin Klein savait sentir l’air du temps et s’y inscrire.C’est cet impératif de remise en question permanente qui fait du luxe un métier si difficile et une industrie en perpétuel bouillonnement. La course à la taille et à la mondialisation Le marché du luxe a connu d’importants bouleversements au cours des trois dernières décennies pour plusieurs raisons.La première est que s’y est déroulée une véritable course à la taille qui a eu pour effet d’aboutir à la création de mastodontes tels que LVMH et Richemont. La seconde est qu’on y a assisté au réveil de marques endormies comme Chanel qui, il y a une trentaine d’années, se limitait à une unique boutique,rue Cambon,et un unique parfum, Numéro 5, et qui était une marque vieillissante, largement dépassée par Yves Saint Laurent.Puis est arrivé Karl Lagerfeld qui a secoué tout cela et, ce faisant, a sauvé la marque. Chanel a alors ouvert une première boutique aux Etats-Unis, suivant ainsi les traces d’une autre belle endormie, à savoirVuitton qui, peu avant, avait été secouée de sa torpeur par Henri Racamier,l’homme qui,dans les années 80, eut cette idée, nouvelle pour l’époque : ouvrir des Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 7 Vu d’en haut Fusions-acquisitions et Luxe Pierre de Champfleury, conseil en fusion-acquisition La maîtrise de l’amont Le double mouvement de course à la taille et de course à la mondialisation qui caractérise le marché du luxe depuis des années explique que, dans cet univers,les grands comme les petits aient besoin les uns des autres. D’où cette volonté permanente d’acheter et de se vendre.Le premier cas répondant généralement à une volonté de maîtriser l’amont,autrement dit,de sécuriser son approvisionnement lequel,sur ce secteur,est tout aussi crucial dans la chaîne de création de valeur que la maîtrise de l’aval, à savoir, du circuit de distribution – ce à quoi s’emploie LVMH lorsqu’il rachète Séphora. Prenons l’exemple de la maroquinerie.Il existe aujourd’hui une demande considérable pour des articles extrêmement chers fabriqués à partir de peaux très haut de gamme : de python,d’alligator,etc.Tous les grands groupes, que ce soit LVMH,Hermès ou encore Chanel,cherchent donc à contrôler leurs sources d’approvisionnement dans ce domaine. Hermès en rachetant une ferme de crocodiles, LVMH en prenant une grosse participation dans une autre en Australie et Chanel en faisant l’acquisition récente d’une petite société productrice de peaux d’agneaux de très belle qualité.Cette société était déjà son fournisseur mais en en faisant l’acquisition, Chanel sécurise sa source d’approvisionnement et s’offre la garantie de pouvoir la contrôler,quoi qu’il arrive. Le groupe a d’ailleurs créé une société – Paraffection – dans le but précis de racheter et regrouper ce type de métiers hautement qualifiés et qui a ainsi racheté une dizaine de petites marques, fabricants de fleurs, de plumes, de broderies… dont la plus connue est Lesage, brodeur historique qui, depuis 80 ans, fournit la haute-couture française, ce qui en fait une mine d’or et un élément indispensable pour toute grande marque de prêt-à-porter de luxe.Chanel le sait bien et c’est pour cela que le groupe l’a rachetée : pour l’enjeu stratégique que représente cette entreprise. De même qu’il y a quelque temps il a racheté une autre société située en Ecosse qui produisait des laines de très grande qualité et qui se trouvait en difficulté. Chanel en a fait l’acquisition pour pérenniser l’activité et, ce faisant, sécuriser sa propre source d’approvisionnement. La logique de concentration Autre cas de figure pouvant déboucher sur un rachat : le fait qu’il existe aujourd’hui dans le luxe beaucoup de marques nouvelles - Louboutin, Jimmy Choo, Dolce Gabbana… - qui ont atteint une grande notoriété en quelques années mais qui manquent d’ancienneté et qui, de fait, n’ont pas nécessairement les moyens de s’imposer dans le milieu si bien qu’elles peuvent être désireuses de s’adosser à plus gros qu’elles. La recherche d’une taille critique constitue donc un autre motif de rapprochement. Prenez un parfumeur de talent comme Frédéric Malle, dont les parfums valent environ trois fois le prix d’un parfum classique, et qui a eu l’idée de prendre les plus grands parfumeurs et de leur donner carte blanche sur une idée de parfum,sans contrainte marketing ni impératif de temps, afin qu’ils le développent en toute liberté pendant un an et demi. A l’arrivée, cela donne des produits tout à fait exceptionnels et une affaire très prometteuse qui, dans cinq ans, pourraitbiensusciterl’intérêtdeplusgrandesmarques. Ce qui s’est produit avec Jo Malone qui a démarré tout petit et a fini par être racheté par Estée Lauder. Cette logique de concentration se vérifie continuellement dans tous les domaines du luxe, pas uniquement dans la parfumerie,et elle répond à un besoin essentiel sur ce secteur : la créativité. L’innovation permanente Les grandes marques installées et pérennes ayant généralement perdu de leur capacité à se réinventer,elles rachètent des petits,plus agiles,plus intuitifs et donc,plus créatifs qu’elles pour assurer leur 8 propre renouvellement.Car la pierre angulaire de ce secteur, c’est la création. On peut savoir dire, savoir faire et savoir montrer, sans le bon concept de départ, cela ne prend pas. Quel que soit le secteur. Prenez la vodka. Absolut a connu un succès fou en raison de la mise en scène de son nom, de son étiquette. C’est ce qui lui a permis de détrôner Smirnoff alors que même que la qualité du produit ne lui était pas supérieure.PuisAbsolut a été détrônée par Grey Goose,vendue comme“la première vodka française” et qui, de ce fait, l’a remplacée en quelques années dans les bars newyorkais. Preuve que l’innovation est partout. Et c’est lorsqu’elle se manifeste qu’elle est susceptible d’attirer l’attention de plus grandes entreprises. Les fusions-acquisitions Ma valeur ajoutée dans ce secteur n’est pas celle d’un financier mais d’un expert. J’ai appris mon métier dans des grands groupes de luxe, lancé le premier parfum de Karl Lagerfeld, Chloé, il y a Dans le luxe, la valeur essentielle se situe hors bilan, et rès souvent les propriétaires des plus petites entreprises ont du mal à valoriser cet actif essentiel que constitue la marque. valeur essentielle d’une marque se situe hors bilan et très souvent les propriétaires des plus petites entreprises ont du mal à valoriser cet actif. Ils savent gérer une entreprise au quotidien et faire du chiffre d’affaires mais ce ne sont pas des financiers.Ce sont de grands artisans qui n’ont pas l’habitude de se mettre en avant, ce qui est pourtant un impératif lorsqu’on souhaite vendre. Faute de quoi, on finit par vendre l’entreprise, certes, mais pas à sa juste valeur.C’est pour éviter cela que ces dirigeants ont besoin qu’on les accompagne,qu’on les aide dans les négociations. Dans ce cas j’agis comme leur agent et je fais en sorte que la véritable valeur de leur entreprise soit reconnue par ROMUALD MEIGNEUX / SIPA boutiques en propre pour éviter de voir ses produits de luxe commercialisés dans les circuits de distribution classiques. C’est lui qui a ouvert la voie et inventé des boutiques au nom des marques pour un circuit de distribution exclusif offrant le triple avantage de rendre la marque visible, d’en maîtriser l’ensemble des codes - et donc d’en contrôler l’image - mais aussi de monétiser sa valeur, le fait de supprimer l’échelon distributeur permettant d’augmenter les marges. “Quel que soit le scénario de fusion-acquisition, il requiert plus que de la technicité. Une grande part d’immatériel est en jeu. Au point que, dans ce secteur, les deals se font à 80 % sur la psychologie et à 20 % sur la technique.” longtemps, dirigé les parfums YSL, ce qui m’a permis d’apprendre de l’intérieur comment fonctionnait cette industrie du luxe. Ma‘chance’ est de très bien connaître les deux univers qui la constituent. Celui des grandes marques, au sein duquel j’ai passé vingt ans, et celui des plus petites entreprises auquel j’ai également collaboré de nombreuses années.Certaines étaient des succès, d’autres avaient au contraire besoin d’être remaniées.Quoi qu’il en soit cela m’a permis d’acquérir une vraie compréhension des demandes, et des attentes respectives, et de savoir à la fois parler aux gens qui sont susceptibles d’acheter et très bien comprendre ceux qui sont désireux de vendre et qui,bien souvent,ne savent pas comment procéder. Il m’arrive également de prendre les devants et d’initier certaines opérations lorsqu’elles ont du sens pour les deux parties.. Quel que soit le scénario de fusion-acquisition, il nécessite une expertise particulière dans le sens où il requiert plus que de la technicité.Où,chaque affaire étant extrêmement chargée sur le plan émotionnel, une grande part d’immatériel est en jeu.Au point que, dans ce secteur, les deals se font à 80 % sur la psychologie et à 20 % sur la technique. Ce qui s’explique par le fait que, dans le luxe, la Ma ‘chance’ est de très bien connaître les deux univers qui la constituent. Celui des grandes marques, au sein duquel j’ai passé vingt ans, et celui des plus petites entreprises auquel j’ai également collaboré de nombreuses années l’acheteur qui,lui,cherche évidemment à acheter l’entreprise uniquement sur sa valeur financière. C’est à ce stade que j’interviens. Je fais en sorte que soient explorées toutes les problématiques, que soient bâtis des contrats bien précis,y compris en terme de management.Tout cela,la plupart des gens désireux de se vendre sur le marché du luxe ne savent pas le faire. Déperdition de talents Concernant l’avenir du secteur je pense qu’il va poursuivre cette tendance à la concentration à laquelle on a assisté ces dernières années et qu’il parviendra à évoluer favorablement, en dépit de la crise et du pessimisme ambiant. Je constate chaque jour qu’il existe dans ce pays des capacités d’innovation, de créativité, des savoir-faire et une inventivité formidables.On a ici un sens de l’esthétique et un sens du goût qui me rendent plutôt optimiste quant à la capacité de toute une génération de nouveaux talents à renouveler le secteur qui,c’est inévitable,se guinde et se sclérose un peu avec le temps. Encore une fois, la création passe par un renouvellement permanent. Or la France compte un nombre incroyable de talents gâchés, de gens brillants à qui l’on ne fait pas suffisamment confiance. Une nouvelle génération extrêmement inspirée que l’on ne laisse pas suffisamment s’exprimer et dont, selon moi, dépendra pourtant en grande partie l’avenir du luxe français. Bio express Le spécialiste Pierre de Champfleury découvre l’univers du luxe il y a plus de trente ans et ne le quitte plus. Son diplôme d’HEC et son MBA de Stanford en poche, il y fait ses premiers pas du côté cosmétiques – d’abord chez Elizabeth Arden puis chez Parfums Lagerfeld où, pendant dix ans, il apprend les différentes facettes du métier, de la fabrication à la distribution – avant de varier les plaisirs en passant, au cours des deux décennies suivantes, du monde des spiritueux à celui des griffes de luxe -Austin Nichols and Co, Yves Saint Laurent Parfums - ou encore des tissus haut de gamme où il occupera diverses fonctions de direction, jusqu’à s’aventurer de l’autre côté du miroir en créant, à NewYork, sa propre entreprise de commercialisation de parfums : Realm. Fort de ces expériences et de la connaissance intime du secteur qu’elles lui ont permis d’acquérir, il lance ses activités de conseil en fusionacquisition dans les métiers du luxe en 2012. Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 9 10 Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Dossiers SIPA Affaires publiques, Entreprises, Economie sociale LIEUX DE CONGRÈS ET SÉMINAIRES Séminaire hors les murs Plutôt mer ou montagne ? Les professionnels de l’événementiel proposent des offres à la fois compétitives et originales La crise n’a pas sévèrement touché le secteur des séminaires d’entreprise, preuve que les entreprises croient plus que jamais à leurs vertus. Les organisateurs d’événements n’en sont pas moins stimulés et ils rivalisent plus que jamais d’imagination pour sortir du traditionnel duo mermontagne, qui souffre des contraintes météo. Du Par Anne-Laurence Gollion O Selon une étude du magazine “L’Écho touristique” de juin 2013, Lyon, Toulouse et Nantes devancent Paris en matière d’évaluation de l’offre hôtelière et de centres de congrès rganiser son séminaire d’entreprise à l’observatoire du Pic du midi, à presque 3 000 mètres d’altitude, au nouveau musée du Louvre à Lens, ou encore dans un ancien cabaret parisien, c’est tendance. Conscientes que les réunions d’équipe améliorées dans des hôtels impersonnels n’ont que peu de chances de laisser des souvenirs impérissables à leurs employés, les entreprises déploient toute leur imagination pour délocaliser leurs événements dans des lieux atypiques. Car même si le ralentissement économique a imposé des coupes budgétaires drastiques aux entreprises françaises, ces dernières ne semblent pas vouloir sacrifier le budget alloué à l’organisation de séminaires. Malgré un creux en 2012, le marché du tourisme d’affaires (ou MICE, pour séminaires, conventions, congrès, incentive) a connu un petit rebond de 1,1 % sur l’année 2013, selon l’étude sur le tourisme d’affaires du cabinet de conseil Coach Omnium en prévision de l’année 2014. Les entreprises n’envisagent donc pas de renoncer à ces moments de travail mâtinés de convivialité, toujours aussi appréciés des salariés, puisque 9 employés sur 10 se disent enthousiastes à l’idée de partir en séminaire ou en convention. Nécessaire déconnexion Elles en sont donc conscientes : les séminaires en ville n’ont plus la cote. Offrant des possibilités d’activités limitées, peu dépaysantes, ne permettant pas la déconnexion face aux tensions quotidiennes, l’événement en contexte urbain ne fait plus recette, même si Londres ou Bruxelles tirent encore leur épingle du jeu grâce à un mélange efficace d’accessibilité et d’exotisme. Pour les 70 % de la demande française qui se décident en région parisienne, selon l’étude 2014 de Coach Omnium, le cahier des charges est ambivalent : il s’agit d’organiser un événement à distance raisonnable de Paris, mais en proposant des activités que les participants n’ont pas forcément l’occasion de pratiquer au quotidien. De façon peu surprenante, certaines villes de province tirent très bien leur épingle du jeu face à la Capitale. Selon une étude du magazine L’Écho touristique de juin 2013, Lyon, Toulouse et Nantes devancent ainsi Paris en matière Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi côté des clients s’ajoute une réelle recherche d’authenticité qui vient rebattre les cartes de l’habitude. Dans tous les cas, les entreprises souhaitent toujours donner aux réunions de travail un petit air de vacances, conscience écologique en prime. d’évaluation de l’offre hôtelière et de centres de congrès. Certaines métropoles arrivent tout de même à capitaliser sur leur position géographique avantageuse : c’est le cas d’Aix-en-Provence par exemple. Une ville de 140 000 habitants, située à 33 kilomètres de Marseille, de son Vieux port et de ses calanques, avec un climat méditerranéen et quelques musées connus comme le musée Granet : il n’en fallait pas plus pour que les entreprises jettent leur dévolu sur la ville. Sylvie Bertin, responsable du service séminaires, loisirs et congrès au sein de l’office du tourisme, énumère ainsi les atouts d’Aix-enProvence: “Nous avons un accès facile à la mer, avec une grande diversité d’activités possibles. L’un de nos gros points forts, c’est notre accessibilité : l’aéroport international est à 25 minutes du centre-ville et nous sommes à trois heures de Paris en TGV, avec 12 dessertes par jour. L’hébergement est riche, avec 3 000 chambres de une à cinq étoiles dans la ville. Enfin, le fait que la ville soit à dimension humaine plaît beaucoup”. La ville près de la mer ou la mer en environnement urbain : la mixité plaît. Si l’on en croit Sylvie Bertin, Aix n’est pas en compétition avec sa voisine et éternelle rivale Marseille: “Il y a peu d’appels d’offres qui nous mettent en compétition, nous ne sommes pas situés sur le même créneau. Il y a une grande différence de taille et d’ambiance entre les deux villes”. La concurrence se situe peutêtre davantage vers la côte Atlantique, qui jouit d’une image à la fois haut de gamme et familiale. La Baule, Pornic, Noirmoutier : ces stations de taille moyenne ont réussi à se placer sur le créneau en jouant habilement la carte de la convivialité. Si les activités balnéaires ont la cote auprès des salariés, car souvent jugées plus accessibles et moins élitistes que les sports d’hiver, quelques règles doivent toutefois être respectées pour que tout se passe au mieux. Des activités originales mais qui préservent des moments de travail, une ambiance agréable de bord de mer mais sans ostentation: tout est dans la mesure. Lorsque des demi-journées de team building sont prévues, elles doivent également être bien anticipées, ludiques et cohérentes avec l’espace environnant. “Les entreprises viennent vers nous avec des demandes très variées. C’est très souvent du sport, mais cela ne peut jamais être exclusivement du sport. Il s’agit la plupart du temps de jeux ou de challenges, comme la chasse aux trésors avec Aix-enProvence comme fil conducteur”, décrit Sylvie Bertin. La réussite d’un séminaire passe également par la valorisation du paysage et du patrimoine. “Notre proximité avec le 11 Séminaire hors les murs ÉVÉNEMENTIEL LIEUX DE CONGRÈS ET SÉMINAIRES “Les entreprises nous réclament des activités à la fois mixtes, sportives, ludiques et qui n’excluent pas les personnes non sportives.” Laurence Flautat-Guillaud, Les Balcons du Lac d’Annecy. village des Baux-de-Provence est un atout. Nous effectuons aussi des excursions du côté de Cassis et de la Côte d’Azur, notamment des soirées évasion en bord de mer”, détaille-t-elle encore. Un peu plus loin, la Corse, malgré sa situation insulaire, continue à faire recette, malgré un léger repli. La force de l’île de Beauté, si l’on en croit Nathalie Bar, chargée de projets chez Corsica Events, serait sa belle saison hivernale : “notre politique a été d’inciter les entreprises à venir en hiver, et cela a plutôt fonctionné. Le temps est clément et permet des activités terrestres, comme des visites historiques d’Ajaccio, des randonnées pédestres, mais également des déjeuners en bord de plage. Surtout, les participants apprécient le calme car les touristes ne sont pas là”. Divertissements en prime Si l’organisation de séminaires en bord de mer marche à plein en été, la montagne emporte souvent les faveurs des entreprises lors de la période hivernale. Les Alpes constituent bien une des destinations favorites des organisateurs : après l’Ile-de-France et la région ProvenceAlpes-Côte d’Azur, c’est la région Rhône-Alpes qui arrive en troisième position, à égalité avec le Nord-Pas-deCalais, selon le Baromètre 2012 de Coach Omnium. La ville d’Annecy, à trois heures de Paris enTGV, accueille ainsi des séminaires d’entreprise aussi bien en été qu’en hiver. “Annecy vit toute l’année et bénéficie d’une bonne réputation à l’international, ce qui est un atout pour séduire des entreprises employant des salariés étrangers”, décrit Laurence Flautat-Guillaud, responsable des ventes groupes et séminaires pour les Balcons du Lac Marie Languille animatrice de réseaux et filières touristiques de l’intercommunalité Cap Atlantique (La Baule-Guérande), exposant du salon Bedouk* L’évolution de la demande pour la destination Baule-Presqu’Ile? Nous voulons mettre en place un observatoire afin d’évaluer au mieux la fréquentation. Nous notons toutefois des séjours plus courts, avec un effet de proximité, puisque les entreprises raccourcissent leurs trajets. La période de janvier à mars est plus calme, mais l’automne ne connaît pas de baisse particulière. Surtout, on remarque qu’une destination purement balnéaire ne suffit plus: les clients veulent Les particularités de la demande des entreprises? Les exigences liées au développement durable sont devenues une réalité. Nos clients sont souvent sensibles à ce type d’engagement, qui passe par exemple par la valorisation de produits locaux en restauration. Certains équipements hôteliers sont d’ailleurs engagés sur une démarche de label, ce que nous souhaitons encourager. Nous sommes ainsi également partenaires du “passeport vert”, une initiative des “Une destination purement balnéaire ne suffit plus: les clients veulent de l’originalité et de la nouveauté” de l’originalité et de la nouveauté. Nous avons ainsi valorisé la presqu’île de Guérande, afin d’élargir notre offre. Les marais salants, découverts sous la forme de balades et d’explications, ajoutent une plus-value, tout comme l’espace du parc national régional. Les atouts de votre destination par rapport à la concurrence? Si l’on observe nos concurrents sur le terrain de la destination affaires, il s’agit du Morbihan, de la Bretagne Sud ou encore de la Presqu’île de Rhuys. Nous essayons de faire la différence en mettant en valeur nos parcs naturels et nos équipements, ainsi que la diversité des espaces et de la vie culturelle. La Baule n’est pas un simple front de mer. Toutefois, nous devons composer avec la contrainte météorologique, le climat étant moins clément qu’en Méditerranée. 12 Nations unies qui vise à sensibiliser les touristes. *L’édition 2014 du salon Bedouk se tiendra à Paris à la Porte de Versailles, les 5 et 6 février. Avec 250 hosted buyers européens attendus, 225 exposants et 6 pays représentés, l’événement entend réitérer son succès de l’an passé et faire découvrir les nouveautés du marché event & meeting. L’accent sera également mis sur les démarches de développement durable avec un espace café “DD” et une conférence dédiée à l’organisation événementielle respectueuse de l’environnement. A.-L.G. d’Annecy, qui accueille aussi bien des équipes de Volvo et d’Areva que des PME locales. La proximité de stations comme La Clusaz, le Grand Bornand ou encore Semnoz, plus familiale, mais également l’organisation d’événements à forte résonance comme le Festival international du film d’ani- public professionnel. Certaines régions moins touristiques que les Alpes, comme le Jura, peuvent ainsi proposer des tarifs plus concurrentiels et des prestations originales et surprenantes. Pour Dominique Tournier, qui organise pour Jura Events des séminaires d’entreprise “Les entreprises ont compris les séminaires permettait d’augmenter la motivation de leurs salariés, d’éviter le turnover. Elles ne veulent donc pas forcément aller au moins cher: le panier moyen par personne a presque doublé entre 2007 et 2013! On observe même une augmentation de la durée du séminaire” mation : tout ceci participe à l’attractivité du site. Mais là encore, la bonne mise en place de divertissements conviviaux reste déterminante. “Les entreprises nous réclament des activités à la fois mixtes, sportives, ludiques et qui n’excluent pas les personnes non sportives. Les organisateurs doivent donc s’adapter à tous les niveaux et à toutes les tranches d’âge. Notre challenge organisé en montagne avec des ateliers dégustation de vin et de fromage de Savoie correspond bien à cette demande”, décrit Laurence FlautatGuillaud, qui travaille en partenariat avec la société Takamaka pour les activités outdoor. Un séminaire, c’est aussi pour travailler et plancher dans la bonne humeur et avec sérieux. Pas question de proposer des infrastructures vétustes à des managers habitués à travailler dans le confort. Ainsi les Balcons du Lac ont-ils la possibilité de mettre en place des chapiteaux démontables près du lac pour les réunions de travail. Mix de confort et d’authenticité Mais n’y a-t-il pas une tendance chez les organisateurs de séminaires à trop mettre l’accent sur les activités, avec le risque d’épuiser les participants et de verser dans une ostentation malvenue en temps de rigueur ? C’est ce que pense Yves Brunot, directeur général d’Aereau Voyages, qui s’est spécialisé dans l’organisation de séminaires dans les Alpes : “Les activités, ce n’est pas le nerf de la guerre, c’est simplement le petit ruban rouge ! Les plannings trop chargés et les tours d’hélicoptère n’ont plus la cote. Ce qui fait la réussite d’un séminaire, c’est la création de souvenirs communs qui renforcent la cohésion. Pour cela, un endroit dépaysant et sympathique, avec du confort et une restauration bien choisie, cela suffit. La réussite n’est pas proportionnelle à la dépense”. Selon lui, l’engouement pour les stations de sport d’hiver tient avant tout à l’image d’Épinal du séjour montagnard, liée à l’authenticité et à la convivialité : “Nous observons une vraie demande pour les chalets rustiques, associés à la chaleur et au confort”. Mais la médaille a un revers : les Alpes souffrent d’une chute des réservations lors de la période estivale. “Si traditionnellement, janvier est un très bon mois, on observe une chute de l’activité en période estivale. Nous n’arrivons pas à vendre la montagne en été, alors même que les possibilités de sorties sont plus nombreuses puisqu’on peut y pratiquer le canyoning, le rafting ou encore profiter des bords de lac. Seules les grosses conventions à plus petit budget par personne continuent à venir nous voir”, déplore Yves Brunot. Des régions à découvrir Si le duo mer-montagne reste indétrônable, des destinations moins connues commencent à attirer le en Franche-Comté, le petit succès de son entreprise est dû autant à la recherche d’authenticité qu’à la volonté de resserrer les coûts : “même si le Jura est un massif enneigé et réputé, il n’est pas touché par l’afflux de clientèle comme les stations traditionnelles, ce qui permet d’afficher des tarifs abordables. Et les responsables de l’organisation des séminaires se rendent compte qu’aller dans les Alpes ne surprend plus. Le Jura est une terre plus sauvage.Y aller, c’est sortir des terrains battus. Mais évidemment, si l’on cherche de grands domaines skiables et des sorties en boîte, ce n’est pas la première destination !”. Les entreprises qui se laissent tenter y vont rarement pour y faire un simple séjour résidentiel. Biathlon, raquette, ski de fond : les activités proposées s’adressent plutôt à un public sportif et à des groupes plutôt restreints. “Nous avons une clientèle très variée, des grands groupes notamment dans la banque ou les assurances.Généralement, nous traitons avec des petites unités, entre 7 et 40 participants”, souligne DominiqueTournier. La recherche de la simplicité semble en tout cas être un créneau : “Nous avons connu un regain d’activité il y a deux ans, alors que c’était le premier hiver post-crise ! Mais on ressent tout de même quelques effets, comme un raccourcissement de la durée des séminaires”. “Les responsables de l’organisation des séminaires se rendent compte qu’aller dans les Alpes ne surprend plus. Le Jura est une terre plus sauvage. Y aller, c’est sortir des terrains battus.” Dominique Tournier, Jura Events. la clientèle reste une stratégie très utilisée par les organisateurs de séminaires pour assurer leur pérennisation. Séduire toutes les dimensions de la sphère professionnelle, PME ou grands groupes, devient alors primordial, comme l’explique Yves Brunot d’AereauVoyages : “Certaines agences ont disparu de la circulation car elles étaient trop mono-clientèle. Mais les entreprises ont compris les séminaires permettait d’augmenter la motivation de leurs salariés, d’éviter le turnover. Elles ne veulent donc pas forcément aller au moins cher : le panier moyen par personne a presque doublé entre 2007 et 2013! On observe même une augmentation de la durée du séminaire”. La quête du “cosy” et de l’authenticité rustique, au détriment des activités plus tape-à-l’œil, fait même émerger quelques nouvelles tendances, comme le développement durable. Restauration bio, challenges axés sur l’environnement, hébergements atypiques en yourtes, semaines “nature” : les événements d’entreprise verdissent, et les exigences liées au développement durable sont devenues une réalité. Une volonté de réinventer le secteur De fait, le tourisme d’affaires a été plutôt durement touché par le ralentissement économique de ces dernières années. Recul de la demande hôtelière (80 % des événements en 2011, et seulement 61 % en 2012, selon l’étude de Coach Omnium) au profit des journées d’étude sans hébergement, désaffection pour les activités de divertissement et de team building : les entreprises jouent la carte de la sobriété. Laurence Flautat-Guillaud, des Balcons du Lac à Annecy, témoigne : “Nous avons ressenti la crise à notre niveau. Les négociations avec les entreprises sont très longues, même si un budget supplémentaire peut arriver à la dernière minute. Il nous faut alors prévoir de la restauration ou des activités supplémentaires. Le maître mot aujourd’hui, c’est l’adaptabilité”. En effet, les entreprises finaliseraient leurs déplacements sur des délais plus serrés. Sylvie Bertin, de l’Office du tourisme d’Aix-en-Provence, fait le même type de constat: “Les demandes sont de plus en plus tardives. Auparavant, on travaillait sur six mois. Désormais, on peut traiter des demandes sous trois semaines, ce qui nous oblige à être très réactifs. Toutefois, on note une légère progression de la demande en général, avec une demande de plus en plus importante de la part des agences événementielles”. La diversification de “Les demandes sont de plus en plus tardives. Auparavant, on travaillait sur six mois. Désormais, on peut traiter des demandes sous trois semaines, ce qui nous oblige à être très réactifs” CHIFFRES RÉVÉLATEURS Moins d’un sur deux : c’est la proportion d’événements professionnels incluant des activités périphériques de loisirs. Jusqu’au début de la crise, en 2009, les trois quarts des manifestations étaient concernés. Source : baromètre de Coach Omnium pour l’année 2014 Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 13 14 Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi DOSSIER CRÉATION D’ENTREPRISE AFFACTURAGE Assurance crédit Le factor sonne toujours deux fois Contrat d’affacturage ou assurance-crédit: comment lutter au mieux contre le risque d’impayé? SIPA Alors que le crédit bancaire se resserre depuis deux ans et que les délais de paiement sont au plus haut, de plus en plus d’entreprises se tournent vers l’affacturage, c’est-à-dire le transfert des créances commerciales vers un factor qui en assure la gestion et le recouvrement. Longtemps décrié, ce mode de financement apparaît aujourd’hui comme une solution idéale pour couvrir les besoins de trésorerie. L’offre des factors devenant de plus en plus flexible, certaines entreprises décident donc de dissocier contrat d’affacturage et solution d’assurance-crédit, qui garantit les impayés. Un choix qui dépend largement du niveau de structuration de l’entreprise. Par Antoine Piétri a reprise continue à se faire attendre pour les patrons de PME. Et ces derniers continuent à se plaindre des conditions d’accès au crédit. Le dernier baromètre KPMG sur le sujet, publié à l’automne dernier, indique que 36 % des dirigeants de PME ont fait face en 2013 à des difficultés de trésorerie ou de financement. Il s’agit du taux le plus haut depuis 2009, année de création de cette étude, menée chaque année auprès de 400 dirigeants. Pire : 76 % des patrons de PME interrogés font état d’au moins une mesure de durcissement de leurs conditions de crédit par les établissements financiers. La situation est d’autant plus préoccupante que les délais de paiement demeurent toujours trop longs, affectant la trésorerie de ces structures. Promulguée en août 2008, la loi de modernisation de l’économie réformait le plafond légal des délais de paiement, fixant ce dernier à 60 jours maximum à compter de la date de l’émission de L Le montant des créances prises en charge par les sociétés de factoring est en constante augmentation la facture. Quatre ans plus tard, l’objectif est loin d’être atteint. Selon une étude de Altares-Dun & Bradstreet publiée en novembre, le retard de paiement se situe à 12 jours en moyenne chez les entreprises françaises. Le même document indique que seule une entreprise française sur trois règle ses fournisseurs à la date convenue. Un taux inférieur de dix points à la moyenne européenne, s’alarme le cabinet d’étude. Les PME en panne de trésorerie Selon Denis Le Bossé, président du cabinet de recouvrement de créances Arc, “un tiers des entreprises françaises ont constaté une détérioration des délais de paiement de leurs clients”. De nombreuses entreprises renoncent par ailleurs à réclamer des frais de relance, craignant une dégradation de la relation commerciale auprès du client. Ainsi, seulement 58 % des entreprises interrogées par l’étude Altares déclarent réclamer des pénalités de retard aux mauvais payeurs de façon “systématique ou occasionnelle”. Plus d’une entreprise sur quatre ne les réclame donc jamais. Une situation dans laquelle les plus petites entreprises se trouvent encore pénalisées. “Le rapport de force entre PME et grandes entreprises reste omniprésent : les PME ne vont pas aussi loin dans le processus de recouvrement avec leurs Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi clients grands comptes qu’avec les entreprises de taille moins importante”, déplore Denis Le Bossé. Ce contexte est propice à l’épanouissement de l’industrie de l’affacturage, qui consiste pour une entreprise à céder les créances qu’elle possède à un organisme financier, appelé le factor. Le montant des créances prises en charge par les sociétés de factoring est d’ailleurs en constante augmentation, année après année : +7,6 % en 2012 et +13,9 % en 2011. Sur les neuf premiers mois de 2013, la hausse s’élève à 6 %, selon les chiffres de l’ASF (Association française des sociétés financières). “Nous constatons une croissance en dessous de deux chiffres qui montre les effets de la crise, mais nous remarquons surtout la très bonne résistance du produit. L’affacturage reste le métier qui se porte le mieux”, souligne Françoise PalleGuillabert, délégué général de l’ASF. Et pour cause : le factoring permet à l’entreprise de récupérer de la trésorerie de façon immédiate, grâce au règlement partiel par le factor des créances cédées. Si les entreprises ayant recours à ce type de solution ont longtemps été vues comme fragiles, les mentalités ont largement évolué ces dernières années. “Aujourd’hui, l’affacturage n’est plus considéré comme l’antichambre de la mort”, se félicite Bozana Douriez, directrice géné- rale déléguée de BNP Paribas Factor France, le numéro deux du marché dans l’Hexagone. “Les factors se sont énormément industrialisés pour que l’offre du produit soit la plus proche des besoins de chaque type d’entreprise. Et aujourd’hui, le factoring est vu comme une technique financière comme une autre”, ajoutet-elle. Le profil des entreprises faisant appel à des solutions d’affacturage s’est par ailleurs élargi, et ne se limite plus aux PME. “Il y a vingt ans, l’immense majorité des contrats concernaient des sociétés de 5 à 10 millions de francs [750 000 à 1,5 million d’euros, ndlr] de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, nous intervenons à la fois sur des TPE, des PME, des ETI, mais aussi de très grandes entreprises”, explique Bernard Muselet, directeur général adjoint en charge du développement chez Crédit Agricole Leasing et Factoring. Des contrats à la carte Autre hantise des entreprises françaises à laquelle l’affacturage vient apporter une réponse : le risque d’impayé. L’an dernier, les défauts de paiement ont atteint un plus haut historique sur l’ensemble de l’Europe, selon une étude d’Intrum Justitia, le leader européen de la gestion du poste client. L’affacturage recouvre traditionnellement trois services : le paie15 CRÉATION D’ENTREPRISE Assurance-crédit AFFACTURAGE “Notre offre est évolutive : nous pouvons changer de gamme à tout moment, simplement en faisant un avenant au contrat.” Bernard Muselet, Crédit Agricole Leasing et factoring. ment des créances à son client par le factor, mais aussi le recouvrement de ces créances, et surtout la garantie contre les impayés. Cette dernière vise à protéger l’entreprise d’une éventuelle défaillance de ses débiteurs. “L’affacturage répond à deux besoins en même temps : besoin de financement et besoin de garantie. Il est rare d’avoir recours à ce type de contrat uniquement pour la garantie”, explique Philippe Lepoutre, directeur général de CGA, la filiale d’affacturage du groupe Société Générale. La formule la plus complète, appelée “full factoring”, inclut la prise en charge complète du poste client : elle comprend la gestion des relances, les recouvrements, les éventuelles actions de contentieux, ainsi que la garantie de créances. Les contrats incluant la garantie des créances présentent pour les petites structures l’avantage de limiter le nombre d’interlocuteurs, et de faciliter les échanges. Le factor, de son côté, se réassure auprès d’un assureur-crédit. Les factors revendiquent quant à eux des tarifs compétitifs en matière de garanties. “Notre volumétrie importante nous permet de faire bénéficier à nos clients Xavier Kergall directeur général du Salon des entrepreneurs* “Une entreprise qui recourt à l’affacturage n’est plus considérée comme un canard boiteux” Les conditions d’accès au crédit des jeunes entreprises posent-elles toujours problème aujourd’hui? Cette problématique reste en effet extrêmement complexe, notamment pour les petits crédits, entre 30 000 et 200 000 euros. Le problème, c’est que les banques travaillent avec des modes de sélection drastique qui excluent de facto les entreprises les plus petites et les plus fragiles. Si par exemple l’entreprise ne jouit pas d’une notation parfaite auprès de la Banque de France, il est très difficile d’obtenir un crédit. La question du financement des entreprises va cependant être secouée par un raz-de-marée, à savoir le crowdfunding sous forme de prêts. Demain, les TPE qui ne trouveront pas de crédit auprès des banques pourront faire appel à ces solutions, qui pourraient offrir un grand bol d’oxygène tout en offrant un taux de rentabilité satisfaisant aux prêteurs. Mais il faut attendre de connaître le point de vue du législateur sur ces questions. Dans l’intervalle, les entreprises ont de plus en plus toire des délais de paiement ont eu un impact indéniable en la matière, ce qui permet de limiter légèrement le recours des PME à l’affacturage. Quel conseil donner à un patron de jeune entreprise pour améliorer le financement? Je pense que les entrepreneurs français ne s’occupent pas suffisamment du poste client. Le financement de nos entreprises Le financement de nos entreprises ne peut pas éternellement reposer sur de la dette recours à des solutions de type affacturage. Faut-il y voir un effet de l’allongement des délais de paiement? Il est évident que le recours au factoring est directement lié à l’allongement des délais de paiement. Beaucoup de PME travaillent avec les services publics et parapublics. Il est avéré que ces donneurs d’ordres ne respectent pas les délais de paiement, ce qui contraint pratiquement leurs partenaires à recourir au factoring. En conséquence, ce type de solution s’est considérablement démocratisé. Aujourd’hui, une entreprise qui a recours à l’affacturage n’est plus systématiquement considérée comme un canard boiteux. Il y a une nette évolution des mentalités à cet égard. De leur côté, les grands groupes font de plus en plus d’efforts pour les respecter davantage. La mission René Ricol et l’Observa16 ne peut pas éternellement reposer sur de la dette, du factoring et des levées de fonds. Il faut impérativement générer du cash-flow, constituer des marges et du résultat. C’est le seul moyen d’obtenir des fonds propres de façon saine. Or, le niveau de marges des entreprises françaises est catastrophique aujourd’hui. Cela s’explique probablement par des raisons culturelles, mais aussi car les entrepreneurs se lancent à corps perdu dans le low-cost, qui est incompatible avec la génération de marges intéressantes pour l’entreprise. * Salon de la création d’entreprise, les 5 et 6 février au Palais des congrès de Paris, les 11 et 12 juin au Palais des congrès de Lyon, les 19 et 20 novembre à la Cité des congrès de Nantes. A.P. de prix auxquels ils n’auraient pas forcément accès en souscrivant une police d’assurance”, explique Bozana Douriez. Mais l’évolution de la demande a poussé les compagnies d’affacturage à proposer des services sur-mesure, rappelle Bernard Muselet. Certaines activités sont donc plus difficilement éligibles au mécanisme du factoring, comme le secteur du BTP, qui travaille beaucoup sur des factures intermédiaires pouvant être sujettes à litige ou à décalage de paiement. Les factors revendiquent des tarifs compétitifs en matière de garanties qui n’incluent pas nécessairement toutes les options. “Nos clients de petite et moyenne taille font surtout appel à nous pour des contrats qui comprennent l’ensemble de notre offre : le financement, la garantie et la gestion du recouvrement. En revanche, les entreprises de plus grande taille sont davantage demandeuses de produits plus spécifiques, par exemple des contrats en gestion déléguée, sans notification de créance et sans relance de recouvrement”, explique Bozana Douriez. Lorsque le contrat d’affacturage exclut la garantie contre les impayés, il est possible pour l’entreprise de prendre à sa charge les risques d’impayés. Ce scénario est toutefois relativement rare, dans la mesure où la plupart des factors refusent d’intervenir sans garantie. La société d’affacturage exige donc en général que l’entreprise souscrive un contrat d’assurance-crédit auprès d’une compagnie indépendante pour garantir les factures contre les impayés. L’entreprise doit dans ce cas se charger des demandes de garanties, puis les communiquer au factor. “Nous sommes capables de traiter avec des entreprises qui disposent déjà d’une assurance-crédit”, confirme Bernard Muselet. “La plupart de ces clients sont des ETI qui ont par exemple souscrit un contrat auprès de la Coface. Nous intervenons alors seulement en délégation. Mais notre offre est évolutive : nous pouvons changer de gamme à tout moment pour répondre aux besoins de notre clientèle, simplement en faisant un avenant au contrat”, ajoute le cadre de Crédit Agricole Leasing et Factoring. Développement de produits spécifiques Le fait que les assureurs-crédit s’intéressent de plus en plus aux petites entreprises pourrait changer la donne, dans la mesure où celles-ci pourraient se tourner davantage vers une solution cumulée d’assurancecrédit et d’affacturage. Groupama Assurance Crédit offre ainsi des contrats spécialement étudiés pour les besoins des TPE et PME, avec des chiffres d’affaires débutant à partir de 100 000 euros. Pour développer ces produits, Groupama s’appuie sur des partenariats avec des fédérations professionnelles, comme celle des viticulteurs. Une mutualisation qui permet de faire baisser les primes par le nombre des adhérents. À noter que le périmètre de l’assureur-crédit est plus large, puisqu’il prend en compte l’intégralité du poste client, et travaille à partir d’ordres à livrer ou de bons de commande. Le factor n’intervient en revanche qu’à partir du moment où une facture est émise. “Il est important de souligner que l’affacturage consiste à financer des créances commerciales certaines, qui correspondent à des prestations ou des services définitivement réalisées. Nous n’intervenons pas sur des factures d’acompte, des factures intermédiaires ou des factures de situation de travaux”, Le portefeuille de factures, un enjeu crucial Autre différence entre la garantie offerte par l’assureur-crédit et le factor : en cas de défaut, le premier n’indemnise que 80 % à 90 % des montants sous garantie, contre 100 % pour le second. Les sociétés qui choisissent de dissocier la garantie de leur contrat d’affacturage sont généralement des entreprises d’une taille relativement importante, pourvues d’un poste client structuré. Elles ont souvent déjà recours à une solution d’assurance-crédit avant de faire appel à un factor. Que la garantie créance soit incluse dans le contrat d’affacturage ou non, le rôle de l’assureur-crédit est prépondérant dans la relation entre le factor et son client, puisqu’il note la solidité financière de ses propres acheteurs. Cette notation a logiquement un impact sur la commission demandée par le factor s’il prend à sa charge la garantie des créances. Un rapport du ministère de l’Économie et des Finances sur le crédit interentreprise, publié l’an dernier sous la supervision de Jean-Michel Charpin, soulignait d’ailleurs ce point : “les effets de la notation des assureurs-crédit dépassent le champ de leur activité, dans la mesure où la majorité des encours d’affacturage sont assuréscrédit”. Pour Philippe Lepoutre, “le factor apporte un vrai plus si les factures émises par l’entreprise sont certaines, liquides et exigibles. L’affacturage est un outil spécialisé, et se fonde sur le financement des factures, contrairement au découvert. Le factor apportera un financement efficace et important s’il est certain que la facture sera payée à la bonne date. Si la facturation n’est pas établie de manière rigoureuse, ou si l’entreprise subit de nombreuses factures non payées ou beaucoup de litiges, cette situation risque d’entacher la relation avec le factor et donc de diminuer la confiance”. en moyenne 0,50 % de ce prix. Pour négocier au mieux et obtenir des tarifs avantageux, les spécialistes recommandent au chef d’entreprise ou au directeur financier de mener un audit des créances client en amont, de façon avoir une perception claire de la qualité de la facturation, les montants d’avoir, les pourcentages de litige, et la qualité du portefeuille client. Ces points seront de toute façon contrôlés par le factor au début de sa relation avec son client. “Il est impératif de vérifier la solidité et la solvabilité des clients avec lesquels l’entreprise travaille : c’est l’une de nos missions, explique Bernard Muselet. Avant même de débuter le financement, nous éclairons notre client sur la situation de ses acheteurs. C’est alors que nous pouvons le conforter, ou au contraire l’alerter sur le fait que tel ou tel encours peut poser un problème en raison des difficultés éventuelles du débiteur.” Ces vérifications ont un impact sur les limites de crédit financées par le factor, les indemnisations en cas d’impayés, et le coût global du contrat. À noter que dans le cas où la qualité des clients de l’entreprise venait à se dégrader au fil du temps, le factor n’hésite pas à la rappeler à l’ordre. Le facteur risque est recalculé chaque semestre ou chaque année, et peut faire varier le coût du contrat. Les sociétés qui choisissent de dissocier la garantie de leur contrat d’affacturage sont généralement des ETI Quelle commission? La commission d’affacturage, grâce à laquelle le factor se rémunère, correspond au cumul des frais de gestion, de recouvrement, et au prix de l’assurance-crédit. Cette commission varie entre 0,2 % et 2 % du chiffre d’affaires confié par l’entreprise. L’assurance-crédit représente CHIFFRES RÉVÉLATEURS En 2012, les créances prises en charge dans le cadre d’un contrat d’affacturage s’élevaient à 186 Md€ en France ; un chiffre en hausse de 7,6 %. 37 926 sociétés ont fait appel à l’affacturage en 2012, soit 2,7 % de plus qu’en 2011. Source : ASF Le nombre d’entreprises assurées-crédit était de 20 000 en 2010. Estimation Banque de France 33 % des entreprises ont constaté une détérioration des délais de paiement de leurs clients, et 24 % des entreprises ont constaté une augmentation des litiges avec leurs clients en 2013. Source : baromètre ARC Ifop Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 17 DOSSIER CRÉATION D’ENTREPRISE FRANCHISE Le bon franchiseur Savoir-faire et savoir-vivre Il détient un concept qui marche, mais surtout, il sait le faire vivre à travers ses relations avec les franchisés SIPA Au-delà d’un concept pertinent et éprouvé, à la tête des meilleurs réseaux de franchise se trouvent des franchiseurs qui savent transmettre et améliorer leur savoir-faire pour faire réussir d’autres entrepreneurs. Dotés de l’étoffe d’un chef d’entreprise, doublée d’un gestionnaire et d’un manager, ils entretiennent des échanges réguliers et transparents avec leurs franchisés. Et jouent un rôle de facilitateur en leur proposant des services clés en main adaptés. Par Charlotte de Saintignon E Un bon franchiseur doit tenir ses promesses pour ne pas briser le contrat de confiance établi avec ses franchisés et ne pas les décevoir 18 n 2013, 93 % des franchiseurs se déclarent optimistes car ils ont confiance en leur activité,selon la 10e enquête annuelle de la franchise CSA pour la Fédération française de la franchise (FFF) et la Banque Populaire.Car le succès d’un réseau dépend non seulement des entrepreneurs qui le composent, mais aussi de la force du concept initial.La pertinence et la qualité des concepts restent depuis 4 ans le premier facteur clé de réussite cité par les franchiseurs. Un franchisé s’appuie dès sa création sur une recette à succès,un concept innovant et éprouvé sur un marché rentable et porteur. Un concept qui doit être différenciant par rapport à la concurrence. Fabienne Hervé, directrice gérante de FH Conseil, invite à la prudence lors du montage d’un réseau de franchise : “Il faut évaluer le potentiel de développement,répondre à un vrai besoin du marché et pas à de simples phénomènes de mode ou à une opportunité, et mesurer les risques liés aux contraintes et barrières juridiques, administratives et techniques”. Les bons réseaux placent le client au cœur de leur concept et au centre de leur stratégie. Ils s’adaptent aux modes de vie et aux besoins des consommateurs.Concepts classiques remis au goût du jour ou plus originaux, ils doivent s’inscrire dans les tendances d’évolution des comportements.Gare aux idées brillantes mais éphémères.Cette étude exploratoire sur le potentiel du marché et sur la pérennité du concept est essentielle. Le franchiseur doit avoir testé son concept et prouver sa rentabilité économique à travers l’exploitation d’une ou plusieurs unités pilotes pendant un temps suffisamment long, comptes d’exploitation à l’appui.Tout dépend du cycle d’activité. Le concept doit avoir été testé avec succès en configuration standard dans des conditions de localisat i o n e t d ’ e nv i ro n n e m e n t concurrentiel.Sur le plan financier,la future tête de réseau doit compter sur “un investissement minimum de 150 000 € HT sur 18 mois pour développer une enseigne en franchise,en plus du coût du lancement des unités pilotes”, affirme Laurent Delafontaine,consultant en franchise au sein du cabinet Axe Réseaux. Une fois le modèle économique démontré et éprouvé, il faut standardiser les process et formaliser le savoir-faire dans un manuel opératoire, sorte de bible du réseau, pour qu’il puisse être exploité par des tiers. Des partenaires en phase Juste derrière le concept, la qualité de la relation franchiseur-franchisé, citée à 60 %, est en progression depuis 3 ans, selon la même étude. Une relation basée sur le respect et la simplicité. Laurent Delafontaine l’étaye par une règle évidente qu’il est important de rappeler: “si le franchisé va bien, je vais bien, s’il est heureux, je suis heureux. Pour le savoir, le franchiseur doit avoir des qualités d’écoute et de compréhension des problèmes de ses partenaires”. Autre point essentiel de la valeur d’une relation : la confiance. Et son corollaire: la transparence. Un franchiseur doit “dire ce que l’on va faire et faire ce que l’on a dit”,selon l’adage de René Prévost, président de la Fédération française de la franchise et directeur général du réseau Speedy depuis près de 25 ans.Un bon franchiseur doit donc tenir ses promesses pour ne pas briser le contrat de confiance établi avec ses franchisés et ne pas les décevoir. Il se doit d’avoir un comportement irré- prochable. La convention annuelle, grand-messe solennelle, est pour lui l’occasion de passer au crible les promesses de l’année passée. Et le cas échéant, d’expliquer pourquoi le réseau n’a pas pu tenir tous les engagements qu’il avait pris. Le franchiseur doit voir ses franchisés comme des partenaires, qui partagent le même but et les mêmes intérêts. Le code de déontologie européen de la franchise mis en place par la FFF atteste que la structuration et l’animation du réseau constituent une des clés du succès: “le franchiseur doit favoriser un dialogue permanent et structuré entre son organisation et les franchisés en favorisant des instances de concertation. Le franchisé doit s’impliquer dans la vie du réseau et contribuer à son intérêt général”. La tête de réseau doit faire partager et entraîner les franchisés dans la vision et dans les choix stratégiques de l’enseigne. Les décisions prises passeront mieux que si elles sont décrétées uniquement par la tête de réseau sans avoir obtenu l’aval du terrain. “Si le franchisé doit savoir où l’on va d’une année sur l’autre, le franchiseur, lui, doit être visionnaire et se projeter à moyen et long terme. Et surtout ne pas changer de cap tous les ans”, développe René Prévost. Le franchiseur doit pouvoir expliquer ce qu’il met en place et les choix qu’il fait ; un bon moyen de motiver les franchisés, de les valoriser et de développer leur sentiment d’appartenance au réseau. D’entrepreneur à entrepreneur Car un franchiseur a besoin de s’adosser à ses franchisés.“Il est indispensable de créer des échanges réguliers et transparents entre les deux parties, fondés sur le principe gagnant-gagnant. C’est la base : le franchiseur ne peut réussir sans le soutien, la motivation et l’implication de ses franchisés, et viceversa. Autre point clé, l’accompagnement”, développe Laurence Pottier-Caudron, présidente du réseauTemporis. Le franchiseur doit avoir conscience que les franchisés sont des partenaires, et non des salariés qui doivent être traités de manière équitable et donc être identiques contractuellement. Un franchiseur qui parle à un franchisé est un entrepreneur qui parle à un autre entrepreneur.Par le biais d’instances représentatives du réseau, comme les commissions de réflexion ou de suggestion sur des thématiques particulières, le franchiseur doit savoir se remettre en cause pour faire évoluer son concept. C’est ce que préconise Laurent Delafontaine: “le franchiseur doit tirer la quintessence du savoir des différents franchisés pour développer son réseau”. En 2013, 80 % des enseignes avaient mis en place des commissions ou groupes de travail avec leurs franchisés. Chez Speedy par exemple, 12 franchisés sont élus tous les 2 ans par leurs pairs pour siéger au comité consultatif des franchisés.“Ce sont des experts qui ont une expérience probante et pointue dans un domaine,et qui vont donner de la valeur ajoutée à un sujet en permettant d’aller plus loin que ce que pourrait apporter le franchiseur seul”, poursuit l’expert du cabinet Axe Réseaux. “Les franchisés sont les rapporteurs de problématiques. Confrontés au quotidien à des difficultés diverses, ils sont force de proposition pour les solutionner” ajoute Fabienne Hervé. Au cœur des réflexions stratégiques du réseau, ces organes jouent un vrai rôle sur le plan opérationnel. Même si dans les faits, les franchisés n’ont qu’un rôle consultatif. Entrepreneur, gestionnaire et manager Car il appartient ensuite au franchiseur, qui reste le chef de file, d’arbitrer. Laurent Delafontaine signale à cet effet qu’il faut éviter “les baronnies, ces franchisés trop puissants qui possèdent plusieurs points de vente et pèseraient ainsi sur l’équilibre du réseau”. Laurence Pottier-Caudron insiste sur l’importance du pouvoir de conviction du franchiseur. Il doit Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 19 CRÉATION D’ENTREPRISE Réseaux de franchise FRANCHISE “Il faut croire en l’entreprise que l’on représente pour faire partager sa vision à tous les acteurs de son marché.” Laurence Pottier-Caudron, réseau Temporis. pouvoir embarquer et fédérer tous ses partenaires autour de son projet : “il faut croire en l’entreprise que l’on représente pour faire partager sa vision à tous les acteurs de son marché” préciset-elle. Fabrice Abraham, directeur général du réseau Guy Hoquet, ajoute que “le succès repose sur la capacité du dirigeant à partager la passion qui l’anime. Celle-ci doit être contagieuse. Il doit faire preuve d’exemplarité pour ses franchisés car il y a un effet de mimétisme”. Un bon franchiseur, doté à a la fois de compétences de stratège et de manager, doit guider ses hommes. Laurent Delafontaine en souligne les multiples dimensions : “c’est un entrepreneur leader et charismatique qui sait s’entourer. Il lui faut des qualités d’intuition, de conviction, et de négociation”. Soit montrer la voie et convaincre en permanence ses partenaires de la pertinence des options qu’il a prises. Fabrice Abraham poursuit sur ses qualités intrinsèques : “Il doit faire preuve d’une volonté inébranlable et montrer sa détermination. Tout en prenant régulièrement le pouls de son réseau pour s’assurer qu’il le suit.C’est un numéro d’équilibriste et de pédagogie,car le franchiseur a un devoir de démocratie et de participation”. En sus de cette dimension de manager, un bon franchiseur maîtrise parfaitement son secteur d’activité et parle la langue du métier: “il ne doit pas seulement être un homme de chiffre, mais être expert dans son métier et dans celui qu’exercent ses partenaires au quotidien” observe Laurent Delafontaine. Outre ses compétences propres, le franchiseur doit structurer son réseau et s’entourer d’une équipe de professionnels aguerris, animateurs, formateurs,développeurs ou communicants, qui prendront le relais sur le terrain.Et Enquête de satisfaction Le top 5 des réseaux favoris des franchisés Les meilleurs réseaux sont ceux qui bénéficient d’une bonne réputation et d’une bonne notoriété. Mais le véritable gage de réussite, c’est la satisfaction des franchisés vis-à-vis de leur franchiseur. Le dernier classement établi en novembre 2013 par l’Indicateur de la franchise, organisme indépendant d’audit, consacre, dans l’ordre, les réseaux Daniel Moquet signe vos allées, Temporis, le Bistrot du Boucher, la Mie Câline et la Pataterie, comme meilleurs réseaux parmi la soixantaine auditée. Un classement établi sur les résultats d’audits de satisfaction des franchisés. Cinq critères sont pris en compte: la moyenne globale de satisfaction, le sentiment de réussite, le taux de re-signature, le niveau de rémunération et le temps avant la première rémunération. Interrogés sur 50 aspects de la vie du réseau, les franchisés fondateur a mis en place un parcours de formation complet et structuré de longue durée, des services de soutien efficaces, comme un centre d’appels qui prend en charge les appels des clients et la prise des rendez-vous pour les franchisés. Le réseau Temporis, enseigne de recrutement et d’intérim qui ouvre sa 100e agence, a mis la satisfaction de ses franchisés au cœur de ses préoccupations. Du coup, il a mis en place un bilan qualité annuel sur leur niveau de satisfaction par rapport à la structure opérationnelle franchiseur. Avec 100 % d’appréciations positives sur les conseils et le soutien reçus par les franchisés, cette enseigne détient le record de satisfaction. Le Bistrot du Boucher, chaîne de restaurants autour de la viande, cumule pour sa part les points d’excellence : écoute, disponibilité, Ces cinq enseignes cumulent plusieurs points forts communs: toutes ont de très bons résultats financiers, et toutes entretiennent d’excellentes relations avec leurs franchisés répondent en gardant l’anonymat. Ces cinq enseignes cumulent plusieurs points forts communs: toutes ont de très bons résultats financiers, et toutes entretiennent d’excellentes relations avec leurs franchisés, relations de confiance et de soutien au démarrage comme au quotidien. Daniel Moquet, spécialisé dans l’aménagement des allées de jardin, s’est installé sur un marché de niche avec une concurrence peu structurée et un énorme potentiel de développement. L’enseigne assure une belle rentabilité à ses franchisés en offrant des chiffres d’affaires très performants dès la première année, et en constante évolution (+ 31 % en moyenne entre la première et la deuxième année, et + 23 % en moyenne entre la deuxième et la troisième année). En outre, son 20 assistance en cas de difficultés, aide au démarrage et à la recherche de financements. La Mie Câline, enseigne de terminaux de cuisson, performe lui aussi sur l’aide au démarrage – formation initiale, recherche du local et de financements –. Enfin, la Pataterie, réseau de restaurants autour de la pomme de terre, outre les excellents résultats de ses franchisés — 45 % des répondants dégagent du bénéfice en moins de 6 mois, 61 % au bout d’un an, et 3 sur 4 se rémunèrent en moins de 6 mois, avec un salaire moyen estimé 64000 euros —, bénéficie d’un excellent taux de satisfaction concernant la tête de réseau (91 %). C.D.S. d’un cortège d’experts ayant le recul nécessaire – avocats, juristes, expertscomptables – pour bien le conseiller. Services d’accompagnement Quel que soit le niveau de développement de l’enseigne, “le siège ne doit pas devenir une technocratie déconnectée du réseau et du terrain. Le franchiseur ne doit pas oublier l’intuitu personae, le facteur humain”, avertit Fabrice Abraham. Pour cela, René Prévost préconise, du moins au départ, un développement en escargot, à proximité immédiate de la tête de réseau. Le franchiseur doit se montrer soucieux de ce qui se passe sur le terrain et être à l’écoute des franchisés et de leurs doléances, en les rencontrant régulièrement et en se montrant disponible. Et anticiper les attentes et besoins de ses partenaires grâce à un panel de services. Le but est d’être un facilitateur dans tous les domaines. émulation.Les bons réseaux analysent les performances de leurs franchisés par des reportings mensuels ou des rapports d’activité hebdomadaires. Ces leviers de contrôle et signaux d’alerte permettent d’identifier les points de vente en difficulté, puis de mettre en place des “boosters”, sous la forme d’animateurs experts qui se déplacent sur site pour déterminer les difficultés et les aider à remonter la pente. De la même manière, des concours mettent en avant les meilleurs points de vente. Dès le départ, un bon franchiseur encadre et conseille les nouveaux, l’aide au démarrage étant déterminante dans la réussite d’un projet. Le réseau Temporis a par exemple instauré l’opération “Temporis Première” lors de l’ouverture d’une agence, une journée de prospection commerciale à laquelle participent le franchiseur, l’animateur réseau de la Un franchiseur qui parle à un franchisé est un entrepreneur qui parle à un autre entrepreneur Ainsi, la pertinence des services apportés par le franchiseur est mentionnée par 30 % des franchisés. Depuis 2009, dans un contexte économique contraint, ils sont entre 77 % et 83 % à estimer qu’ils résistent mieux à la crise qu’un commerçant isolé, car ils seraient plus réactifs via les outils collectifs et services mutualisés. René Prévost le certifie : “un franchisé doit être considéré comme un client.Il paie des droits d’entrée et une redevance pour un ensemble de services”. Laurence PottierCaudron se met en permanence à la place de ses franchisés : “je leur vends quelque chose que je serais capable d’acheter”. Les outils et instances d’animation des réseaux à succès sont légion : visites d’animateurs spécialisés pour apporter un œil extérieur à l’entreprise, journaux d’information, convention nationale, réunions régionales, sites intranet et Internet, blogs, services et experts dédiés en informatique, développement, achats, ressources humaines, droit, communication… Les bons réseaux misent sur les services en plus, non contractuels. Speedy a par exemple développé une hotline juridique et met à la disposition de ses franchisés, avocats dédiés et protection juridique.Le réseau Guy Hoquet propose quant à lui un pôle marketing pour les aider à concevoir leurs actions marketing et publicitaires, et un département Web et réseaux sociaux pour les assister dans l’animation de leur site.Les franchisés peuvent ainsi se concentrer sur leur cœur de métier et sur ce qu’ils aiment faire, et laisser au franchiseur les activités connexes qu’ils ne maîtrisent pas. Laurence Pottier-Caudron résume: “la tête de réseau s’occupe du back-office pour que les franchisés puissent penser à leur développement commercial”. L’échange d’expérience du réseau Outre ces divers services,l’un des avantages incontestables du commerce indépendant organisé est le soutien et l’assistance : le créateur d’entreprise est accompagné par la tête de réseau et peut consulter les autres franchisés pour obtenir conseils et recommandations. Appartenir à un réseau permet ainsi de bénéficier de l’expérience et des “best practices” des autres franchisés. La dimension humaine et la solidarité des réseaux poussent ces chefs d’entreprise indépendants à partager leurs solutions et créent une région et les franchisés des agences voisines. “Cette mobilisation permet de faire gagner près d’un mois et demi d’activité au franchisé nouvellement installé!”, assure sa fondatrice.Pour les réseaux de commerce, l’une des clés de voûte est également l’emplacement – citée par 37 % des franchiseurs –, qui doit faire l’objet d’un cahier des charges. Mc Donald’s est par exemple passé maître en la matière et excelle à trouver les sites les plus stratégiques pour ses franchisés. Formation continue Pour être solide, un réseau doit également se professionnaliser régulièrement par le biais de la formation. Outre la formation initiale pour transmettre le savoir-faire de l’enseigne,qui s’étend aujourd’hui sur 69 jours en moyenne, la formation continue poursuit sa croissance.Ainsi, en 2013, 75 % des franchiseurs en auraient proposé à leurs franchisés. Que ce soit sur les nouvelles normes et réglementations, les méthodes de travail, sur les nouveaux produits ou les nouveaux services,ou encore les nouveaux outils informatiques. Les meilleures franchises développent ainsi des processus d’amélioration continue,pour les franchisés comme pour leurs équipes. Certaines ont même créé leur propre centre de formation. C’est le cas de Speedy qui a créé la Speedy Academy. Chaque année, le réseau évalue ses franchisés et leurs équipes pour leur proposer des formations adaptées suivant leurs besoins, leurs envies et leurs faiblesses. De la même manière, et dans le but d’augmenter le chiffre d’affaires de ses franchisés, Guy Hoquet propose au sein de sa business school de se diversifier dans des métiers comme la gestion locative, le viager ou la vente de fonds de commerce. Fabrice Abraham considère qu’il faut “en permanence innover et réinventer le métier pour donner aux franchisés le sentiment que la tête de réseau avance”. Soit investir en recherche et développement pour faire évoluer son savoir-faire, ses produits ou services et son concept, et être toujours plus novateur que ses concurrents. chisés”, expose Laurence PottierCaudron. Et doit donc démontrer qu’il est capable de faire réussir quelqu’un d’autre avec son concept.“En franchise, il ne s’agit pas seulement de réussir personnellement,mais d’amener des gens à la réussite”, précise Fabienne Hervé. Un bon réseau a normalement défini un profil de franchisé et une grille de sélection. Chez Speedy, qui reçoit entre 200 et 300 candidatures par an, les franchisés sont sélectionnés parce qu’ils sont passionnés par leur métier et qu’ils le connaissent sur le bout des doigts. L’article 4 du Code de déontologie européen de la franchise en témoigne: “le franchiseur sélectionne et n’accepte que les franchisés qui,après une enquête raisonnable,auraient les compétences requises – formation, qualités personnelles, capacités financières – pour l’exploitation de l’entreprise franchisée”. Le mot d’ordre est l’esprit d’équipe, avec un but commun : développer le réseau de franchise et en optimiser sa réussite. Il faut être particulièrement vigilant lors du recrutement des premiers franchisés, car une erreur de casting peut être alors fatale pour un jeune réseau. Maîtrise du développement Enfin, le financement reste la principale difficulté,puisqu’elle est citée par 65 % des franchiseurs.“Il faut se donner les moyens de grandir et de voir grand” enseigne Christophe Bellet,du cabinet Gagner en franchise. Il ne faut pas sous-estimer au départ son besoin en fonds de roulement, et avoir les capacités financières pour investir et agrandir la structure opérationnelle chargée d’accompagner les franchisés. Les experts s’accordent à dire qu’il ne faut pas aller trop vite dans le développement de son réseau. Charge au franchiseur d’en garder la maîtrise et de juguler développement et animation. Christophe Bellet conseille de ne pas suivre de “course effrénée pour atteindre le plus rapidement possible un certain nombre de points de vente franchisés ou un maximum de parts de marché, en acceptant une baisse de qualité sur le recrutement ou sur un emplacement. Sinon, tôt ou tard, le réseau le paiera”. D’autant qu’en franchise, “les conséquences de toute décision sont démultipliées par le nombre de franchisés,en bien ou en mal”, signale Laurence PottierCaudron. Laurent Delafontaine met de son côté en garde les entrepreneurs tentés par une revente rapide de leur affaire : “la franchise ne doit pas être pensée comme un moyen de se développer à moindre coût et de revendre à terme le concept. Se lancer en franchise demande beaucoup d’investissement,et souvent,le fruit de son travail ne se retrouve qu’après au moins 15 années d’exploitation du concept”. Pour être solide, un réseau doit se professionnaliser régulièrement par le biais de la formation Recrutement à la loupe Dernier critère de taille : le recrutement. “Un bon franchiseur a conscience que sa réussite repose sur celle de ses fran- Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 21 22 Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi DOSSIER CRÉATION D’ENTREPRISE PORTAGE SALARIAL Benchmark européen À chacun ses règles Les instances européennes manifestent peu d’entrain pour harmoniser le cadre légal du portage salarial. Dès lors, chaque pays joue sa partition SIPA Le portage salarial, qui permet d’exercer son activité sans les contraintes ni les risques de la création d’entreprise ou d’un statut plus précaire comme l’auto-entrepreneur ou l’indépendant, se caractérise au plan européen par une vraie hétérogénéité dans sa définition et son statut. La France pourrait presque faire figure de modèle – en particulier depuis un arrêté de juin 2013 qui établit un cadre légal cohérent –, mais perfectible, et surtout assure une vraie reconnaissance à ce secteur. Et si les négociations se poursuivent en France, l’Europe semble en panne sur cette problématique. Seules quelques orientations ont été définies par les parlementaires, mais aucun vrai travail législatif dans ce domaine n’est encore à l’ordre du jour. A L’entreprise qui emploie le porté y trouve bien entendu son compte puisqu’elle ne s’engage pas sur un CDI et trouve une solution à un besoin ponctuel de compétences bien précises Par Christophe Morel près des années d’incertitudes et d’atermoiements juridiques, le portage salarial est parvenu dans en France à un stade de maturité. Toutefois, une certaine méconnaissance de cette forme de travail prévaut, en particulier au niveau des PME. En conséquence, il est admis qu’environ 30000 professionnels usent du portage salarial dans l’Hexagone, contre plus de 200 000 en GrandeBretagne. “Du côté des PME, il existe toujours une certaine réticence à passer par le portage salarial, et ce, à l’inverse des grands groupes. Il faut faire découvrir aux PME qu’elles peuvent avoir accès à un consultant très pointu, par le biais du portage salarial, sans investir en masse salariale sur des années”, assure Hervé Capelle, président d’Acandis. Dans les faits, comment fonctionne le portage salarial ? Il s’agit d’une relation tripartite. Contre une rétribution de quelques pourcents de sa propre rémunération, le porté va confier à l’entreprise de portage la gestion de l’ensemble des tâches administratives engendrées par son activité. Mais c’est le porté, et non l’entreprise de portage salarial, qui va prospecter afin de trouver les missions et en négocier les termes. Le salarié porté signe un contrat de travail avec la société de portage qui devient alors son employeur. Cette dernière facture ensuite le client, gère les recouvrements et verse son salaire au professionnel autonome, après déduction de frais de gestion et des charges sociales. L’avantage premier pour le salarié porté est qu’il peut se consacrer exclusivement à sa mission, dans la majorité des cas de consultant, sans se préoccuper des contingences administratives. L’entreprise qui l’emploie y trouve bien entendu son compte, puisqu’elle ne s’engage pas sur un CDI et bénéficie d’une solution à un besoin ponctuel de compétences bien précises. Sur cette question cruciale d’une forme particulière d’organisation du travail, L’Europe semble à la traîne. Il n’existe pas aujourd’hui d’harmonisation de la pratique du portage salarial. “Les raisons pour lesquelles différentes formes nouvelles d’emplois, dont le portage salarial, apparaissent sont très diverses selon les pays. Il existe notamment une distinction marquée entre les pays du nord et ceux du sud du continent. Mais au niveau européen, il n’existe pas aujourd’hui d’organisation commune autour du portage salarial. Il n’y a pas d’uniformisation. Les dénominations sont très différentes et les aspirations des travailleurs ne sont pas les mêmes”, analyse Patrick Levy-Waitz, président d’ITG, le principal acteur du portage salarial en France. Une grande diversité des réglementations En France comme dans d’autres pays européens, une certaine rigidité demeure quant à l’organisation du travail, et les lignes ne sont Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi pas faciles à faire bouger. Mais il est vrai que la réglementation ne peut pas tout. “La France met les dispositifs en place, mais on ne rencontre pas la volonté ni les besoins des gens. Si nous ne créons pas les conditions pour que les personnes soient un minimum sécurisées, nous n’y arriverons pas. Il s’agit de la problématique de la sécurisation des parcours professionnels, mais aussi la sécurisation des périodes de transition. Les problématiques liées à l’emploi sont essentiellement d’ordre culturel. Il faut donc apporter une sécurisation nécessaire à l’évolution de ces processus. Il faut mener une évangélisation forte”, poursuit Patrick Levy-Waitz. Sans grandes surprise, l’encadrement juridique de cette forme d’emploi est très divers selon les pays européens, et tient dans bien des cas aux traditions du droit social et aux différences culturelles. La Grande-Bretagne a élaboré un système assez proche de l’exemple français : des “umbrella companies” salarient des indépendants appelés de ce fait “contractors”.Autre exemple : aux Pays-Bas, la convention collective du travail temporaire s’applique aux entreprises de portage salarial. Une étude de la Fondation ITG sur le portage salarial en Europe montre que l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, à l’instar de la France, “sont les seuls pays étudiés à avoir défini, par la jurisprudence ou par la loi, un statut sui generis de travailleur indépendant”. Cette étude, menée sur 9 pays européens, identifie et compare les “formes hybrides d’emplois”, en d’autres termes les formes d’activité qui se différencient du contrat de travail classique en comprenant à la fois des caractéristiques de l’emploi salarié et de l’activité indépendante. Il apparaît que ces statuts, spécifiques à chacun des pays cités, ont été élaborés par le législateur afin de protéger les travailleurs autonomes des pratiques de “fausse externalisation” des entreprises qui recourent à des indépendants. “Le portage salarial tel qu’il existe en France est unique en Europe. Aucun autre État de l’Union européenne n’a adopté un système identique. Pour autant, parce qu’il répond à des problématiques du marché du travail et des rapports sociaux qui se multiplient partout en Europe, il peut être comparé à des outils ou des réglementations répondant aux mêmes caractéristiques hybrides et aux mêmes finalités : avec l’identification de telles formes dans tous les pays étudiés, c’est véritablement une troisième voie, entre le salariat et l’entrepreneuriat, qui se dessine”, peut-on lire dans l’étude de la Fondation ITG. Un modèle français perfectible Même si l’encadrement juridique du portage salarial en France apparaît sans doute comme l’un des plus aboutis au niveau européen, il demeure indubitablement perfectible. “La décision récente de restreindre le portage salarial aux seuls cadres est une aberration. Il s’agit d’une forme de ségrégation entre non-cadres et cadres, laissant penser qu’il n’y a que ces derniers qui auraient des aspirations à travailler autrement. Je ne vois pas à quel titre le législateur interdit le portage à ceux qui gagnent moins de 2 900 euros par mois. Il s’agit d’une forme de non23 CRÉATION D’ENTREPRISE Benchmark européen PORTAGE SALARIAL “Le monde du travail est en mutation, nous devons adapter les règles.” Patrick Levy-Waitz, ITG. respect, s’insurge Hervé Capelle. Cette décision vient de cette peur de partager le gâteau du travail. Le monde de l’intérim a peur du portage salarial, alors qu’il ne s’agit pas du tout du même métier. Le portage ne s’adresse pas aux mêmes profils. Il faut maintenant retirer cette couche de béton qui sclérose l’ensemble.” Le président du groupe ITG défend une position quelque peu différente. Pour Patrick Levy-Waitz, “la question centrale est celle des professionnels autonomes et non celle des cadres. L’arrêté a été une étape fondamentale. Il faut maintenant ouvrir le portage salarial à l’ensemble des professionnels autonomes. Car il existe des métiers au sein desquels le professionnel peut être tout à fait autonome sans être cadre, par exemple les formateurs, les traducteurs ou les webmasters. Les négociations sur cet aspect sont en cours”, précise le président d’ITG. Ce débat sur qui peut ou ne peut pas bénéficier du statut de porté en France illustre bien le fait que dans ce domaine, les facteurs économiques, sociaux et juridiques influent fortement sur la nature même des nouvelles formes d’emploi dans les différents pays. À titre d’exemple, les notions de salariat et d’activité indépendante y ont un sens différent du fait de la diversité des systèmes juridiques. Ainsi que le Laurent Baccouche commissaire général du Salon des entrepreneurs de Paris* “Le portage salarial apparaît comme une très bonne solution pour démarrer une activité de façon sécurisée” À quel type de visitorat s’adresse le Salon des entrepreneurs de Paris et quelle est, pour cette édition, la thématique phare? L’envie de créer et de devenir indépendant demeure très forte, et les chiffres de la création d’entreprise en France sont toujours excellents, même s’ils se tassent un peu cette année. Au travers du Salon des entrepreneurs, nous nous attachons à répondre à chaque typologie d’entrepreneur, quelle que soit l’avancée de son projet. Nous nous adressons tant à celui qui n’en est qu’au stade de l’idée qu’à celui qui souhaite transmettre son entreprise. Sur le salon, chaque entrepreneur et porteur de projet peut tester et valider son idée en grandeur nature, en faisant le tour des intervenants présents. Pour cette édition, l’une des thématiques forte est le numérique. Nous l’approchons sous un angle Au travers des différentes enquêtes que vous menez, constatez-vous que l’esprit d’entreprendre progresse en France? Nous constatons que depuis de nombreuses années, et au travers de différents “Il faut analyser l’intérêt de cette solution par rapport à d’autres, en fonction de son activité et de son chiffre d’affaires” très didactique. L’idée est notamment d’utiliser le numérique pour booster son chiffre d’affaires et pour développer sa notoriété : comment utiliser les outils numériques au service du développement de l’entreprise? comment bien utiliser les réseaux sociaux ? comment utiliser le cloud? Le visiteur peut-il trouver sur le salon des Entrepreneurs des informations sur le portage salarial? Le portage salarial est une bonne alternative à la création d’entreprise, en particulier pour les consultants. Il est vraiment logique de trouver sur le Salon des entrepreneurs des informations sur le portage salarial. Il faut analyser l’intérêt de cette solution, en fonction de sa propre activité et de son chiffre d’affaires. Le portage salarial apparaît comme une très bonne solution pour démarrer une activité de façon sécurisée. 24 gouvernements, beaucoup de choses ont été faites en faveur de l’entrepreneuriat en France. Notamment par exemple au niveau de la simplification des statuts. Certes, il reste beaucoup à faire et il y aura toujours des revendications. Mais les créations d’entreprise ont été multipliées par quatre sur une décennie, et le rôle de l’entrepreneur est désormais largement reconnu. Son image a beaucoup évolué. L’envie de créer son entreprise, et toutes nos études le montrent, est ancrée chez un nombre toujours plus important de Français. La situation économique a forcément joué, mais aussi l’envie de plus en plus présente de changer de vie. Ces différents facteurs ont participé à l’essor de l’entrepreneuriat. C.M. souligne l’étude, il existe également une vraie hétérogénéité sémantique, puisqu’on ne trouve aucune traduction littérale de “portage salarial” dans d’autres langues. Reste que s’il est incontestablement divers, ce marché existe bel et bien dans la plupart des pays européens. Des motivations diverses Si les statuts et pratiques apparaissent propres à chaque pays, les raisons du développement de ces nouvelles formes d’organisation du travail, qui ont vu le jour au cours des années 90, sont similaires. Il s’agit Les travailleurs indépendants, non-salariés et sans employés, exerçant des activités intellectuelles ou appartenant au secteur des services, seraient un peu plus de 8,5 millions d’individus dans l’Union européenne, soit 4 % de la population occupée Le secteur des entreprises qui servent d’intermédiaires entre les travailleurs autonomes qu’elles vont salarier et les sociétés ayant recours aux services de ces derniers, connaît partout une croissance régulière. Aujourd’hui, en France, son chiffre d’affaires avoisine les 400 millions d’euros. Certaines de ces entreprises développent même une activité transnationale. Particularismes nationaux En Grande-Bretagne, les “umbrella companies” consacrent une partie de leur activité à salarier des “contractors” qui travaillent en freelance et bénéficient du statut de salarié. En Suède, “l’egenanställning” est assez proche du système du portage salarial que nous connaissons, à la nuance près qu’il peut être pratiqué à but lucratif ou non lucratif. Un débat se tient aujourd’hui dans ce pays, dans le cadre de la réforme du système social, sur la possibilité pour les portés de bénéficier de l’assurance chômage. La Suisse a quant à elle importé le modèle français, mais il ne bénéficie pas d’un encadrement juridique aussi précis que dans l’Hexagone ; dès lors coexiste une plus grande diversité des pratiques. L’éligibilité ou non des portés suisses aux prestations sociales communes et au régime général des retraites pose toujours question. Il existe une “certaine forme de payrolling pour ‘travailleurs intérimaires indépendants’ en Belgique et aux Pays-Bas, lorsque les entreprises recrutent des travailleurs autonomes qu’elles salarient”, explique l’étude ITG. La pratique du payrolling consiste à proposer à déléguer à une entreprise tiers les aspects administratifs de la fonction d’employeur. “Bien que les mécanismes contractuels soient les mêmes, l’approche commerciale de l’entreprise de payrolling, les raisons de l’entreprise cliente d’avoir recours au mécanisme, et l’autonomie des travailleurs, sont différentes”, précise l’étude de la Fondation ITG. En Allemagne et en Autriche, le portage salarial en tant que tel n’existe pas. Des travailleurs temporaires, s’ils possèdent des compétences spécifiques reconnues, interviennent dans le cadre d’une relation tripartite (travailleur, entreprise qui l’emploi et intermédiaire), mais ils bénéficient d’une moins grande autonomie. “Les autres pays européens n’envisagent pas le travail de la même façon qu’en France, en catégorisant autant les gens. Il faut laisser les gens travailler sous la forme qui leur convient le mieux. Il est évident que la législation a évolué dans le bon sens en reconnaissant le portage salarial, mais il est sclérosant de l’encadrer autant”, reprend Hervé Capelle. avant tout d’une passerelle vers l’emploi et vers la création d’entreprise pour des populations qui peuvent éprouver certaines difficultés, comme les salariés licenciés, les jeunes ou encore les seniors. Comme le soulignent les auteurs de l’étude de la Fondation ITG, cette dimension est particulièrement prégnante en Suède, mais aussi vrai pour les autres pays. En Belgique, aux Pays-Bas ainsi qu’en France, les portés optent souvent pour ce système afin de bénéficier de la protection du statut de salarié et, en particulier, de l’assurance chômage. L’un des attraits majeurs perçu par les utilisateurs du portage salarial ou de son équivalent, en Suisse, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, est le fait de pouvoir mener une activité indépendante sans avoir à subir l’ensemble des contraintes administratives qui peuvent être lourdes et contraignantes. Enfin, l’étude d’ITG relève que, en particulier en Allemagne et en Autriche, la motivation est plutôt à rechercher du côté de l’entreprise, pour qui cette forme d’emploi est un moyen de s’attacher, de façon provisoire, des collaborateurs possédant des connaissances pointues sur des projets bien précis. Quid des chiffres ? Si l’on s’en tient à la définition de l’économiste Stéphane Rapelli, à savoir des travailleurs indépendants, non-salariés et sans employés, exerçant des activités intellectuelles ou appartenant au secteur des services, cette catégorie rassemble un peu plus de 8,5 millions d’individus dans l’Union européenne, soit 4 % de la population occupée. trative. Mais ces raisons différentes recouvrent une réalité commune, celle d’une troisième voie, à cheval entre l’entrepreneur et le salarié.” Selon la Fondation ITG, la France représente le seul pays qui, dans ce domaine, est allé jusqu’au terme de son autonomisation. “Étant le seul pays à avoir isolé cette activité et son secteur en tant que tels, en en faisant un véritable outil pour les cadres, la France a un rôle à jouer à l’échelle européenne pour apporter de la cohérence et une meilleure lisibilité au portage salarial”, assurent les auteurs de l’étude. Et si aucune législation à l’échelle de l’Europe n’est à l’ordre du jour, la France pourrait avoir un rôle moteur sur ce plan. “Ces modes de travail interrogent le rapport de l’individu au collectif, mais aussi aux pouvoirs publics. Ces derniers, en période de crise, doivent trouver des solutions pour la reconversion d’un nombre important de salariés. Ce peut être des missions ponctuelles pour passer ensuite à un travail à temps plein. Le monde du travail est en mutation, nous devons adapter les règles. La France est le pays qui possède le plus de statuts, mais nous sommes aussi le pays qui les utilise le moins”, conclut Patrick LevyWaitz. En 2007, le Parlement européen a même opposé une fin de non-recevoir à un Livre vert de la commission sur ce thème, craignant une possible précarisation de l’emploi en Europe L’Europe peu mobilisée On le voit, les pratiques au sein des différents pays apparaissent pour le moins différentes. Il n’y a pas encore eu de débats construits au niveau européen. En 2007, le Parlement européen a même opposé une fin de non-recevoir à un Livre vert de la commission sur ce thème, craignant une possible précarisation de l’emploi en Europe. Les députés européens ont toutefois défini quelques orientations se rapprochant de l’exemple français, comme celle visant à “garantir une protection appropriée aux travailleurs occupant des formes d’emploi atypiques”. “Il ne peut avoir de syndicat européen aujourd’hui, car ce ne sont pas les mêmes raisons qui ont amené les nouvelles formes d’emplois à se développer. En France, les principales raisons pour lesquelles une personne se tourne vers le portage salarial sont la sécurité, et pour pouvoir bénéficier ultérieurement, le cas échéant, du régime de Pôle Emploi, poursuit Patrick LevyWaitz, le président d’ITG. Dans les pays anglo-saxons, ce peut être pour des questions fiscales et de facilité adminis- CHIFFRES RÉVÉLATEURS En France, environ 30 000 professionnels ont recours au portage salarial. Environ 80 % d’entre eux exercent une activité de consultant, essentiellement dans le conseil et l’informatique. Le taux de portage demandé au porté représente, en moyenne, 6 à 10 % de son salaire. Source : PEPS (Professionnels de l’emploi en portage salarial). Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 25 26 Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi DOSSIER RESSOURCES HUMAINES INCENTIVE MOTIVATION Après un plan social ou une restructuration L’incentive post-choc Comment remotiver ses équipes et gagner en productivité après un plan social ou un rachat SIPA Alors que les plans de sauvetage se succèdent en France, le climat au sein des entreprises s’ankylose. Licenciements ou rachats, les restructurations sont perçues par les salariés qui conservent leur poste comme de véritables chocs. Après de tels traumatismes collectifs, le recours aux techniques de l’incentive apparaît comme l’un des moyens de remotiver et redonner confiance dans les valeurs de l’entreprise. Comment ? En recréant de la synergie entre les équipes, à travers des activités de cohésion.Autrefois réservée à motiver les forces de vente à travers des voyages d’exception, l’incentive regroupe désormais les opérations de cohésion sur le lieu de l’entreprise ou à l’étranger, le coaching et la formation. Par Laurène Rimondi 013, année noire pour les entreprises françaises ? Loin du pic enregistré au plus fort de la crise en 2009, avec 2 200 plans sociaux, l’année qui vient de s’achever affiche malgré tout des chiffres alarmants. La Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, dépendante du ministère de l’Emploi) comptabilise en effet plus de 1 000 plans de sauvetage pour l’emploi (PSE) malgré trois années consécutives de baisse. Un contexte de relations sociales fragile, sur lequel s’est ouverte l’actualité de ce début d’année avec la prise en otage de deux dirigeants de l’usine 2 Les salariés qui conservent leur poste sont extrêmement fragilisés par le choc consécutif au départ d’une partie des effectifs Goodyear à Amiens par des salariés. Et les restructurations n’ont pas fini de s’enchaîner : La Redoute, Alacatel Lucent, FagorBrandt, Pfizer, Veolia Environnement, Alstom ou Gad ont déjà annoncé des suppressions de postes. Du côté de la SNCF, 1 432 départs en retraite ne seront pas remplacés. Plus de 12 790 entreprises ont également déposé le bilan au troisième trimestre de cette année, soit 7,5 % de plus que la même période l’an dernier. Reste que si le nombre de salariés se réduit, la charge de travail globale reste identique. Dans un contexte de perte de compétitivité, pas question de baisser la garde, bien au contraire : les entreprises conservent a minima des objectifs de maintien de croissance, voire de développement. Résultat, le moral des salariés du privé est bien loin du beau fixe. “On observe une recrudescence des burn-outs au sein des entreprises”, confie Éric Tordjman, gérant de Delta Service Organisation. Les Français seraient même les plus découragés d’Europe, puisque 40 % des salariés ont vu leur motivation baisser en 2013, selon un baromètre EndenRed-Ipsos. C’est plus que nos voisins allemands (22 %), belges (27 %) ou britanniques (27 %). Car les salariés qui conservent leur poste sont extrêmement fragilisés par le choc consécutif au départ d’une partie des effectifs. “Au cours des sept dernières années, certaines des grandes entreprises Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi françaises sont passées par quatre ou cinq plans sociaux, observe Bruno Attuil, directeur associé de Trajectoire RH. Après un PSE, le traumatisme est plus important pour ceux qui restent, surtout s’ils ne sont pas accompagnés.” Dans un tel contexte, comment remotiver les collaborateurs ? Comment redonner du crédit aux valeurs de l’entreprise, mises à mal ? Certaines entreprises ont 27 RESSOURCES HUMAINES bien compris qu’en dépit des réductions budgétaires, l’incentive, sous forme de séminaires ou d’activités de motivation, permettait parfois de redonner le surplus de mobilisation nécessaire à la poursuite dans de bonnes conditions de l’activité de l’entreprise. “Lorsqu’il y a une telle anxiété, un climat délétère s’installe. Cela renforce les comportements indi- Les économies d’échelle consécutives aux restructurations sont une chose, mais bien souvent, une réorganisation en termes de management s’impose en parallèle. Le moment pour les entreprises de recapitaliser sur la force de travail et replacer les collaborateurs au centre des préoccupations, d’abord à travers un plan de communication Pour commencer à parler motivation, les collaborateurs doivent être remobilisés sur leurs nouveaux métiers, et les managers doivent avoir retrouvé leur périmètre vidualistes qui ne vont pas dans le sens de l’entreprise, laquelle a besoin de cohésion, observe Marie-Gaëlle Goumet, directrice générale de Préférence Events. Dans ce contexte, les responsables RH et de communication interne cherchent énormément d’activités de cohésion de groupe.” Voyages, tournois sportifs, jeux et animations souvent tournés vers le team building, ont pour objectif de remobiliser les collaborateurs et de reconstruire les équipes, fragilisées par une vague de licenciements, par un rachat, voire un suicide. “L’objectif est de restaurer la confiance autour d’objectifs stratégiques communs”, affirme Joseph Vieville, directeur général du Five Football Club. Choisir le bon timing interne, indispensable après un choc en entreprise. “On ne peut pas réduire les plans sociaux au simple besoin de compétitivité. Ces événements rappellent que la valeur la plus forte de l’entreprise est le capital humain”, observe Bruno Attuil. Le timing des opérations est alors essentiel. Les collaborateurs qui subissent un tel traumatisme passent par différentes étapes, identiques aux phases de deuil ou de changement évoquées par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross. Suite à l’annonce d’un PSE, les salariés passent par une phase de déni, puis de colère et de résistance, auxquelles succède la résignation. Plus tard, le déclic, première phase de remotivation avec une ouverture sur l’avenir. La prise en charge des salariés sera donc plus efficace si elle est mise en place le plus tôt possible, c’est-à-dire pendant un PSE ou un rachat, plutôt qu’après. De plus en plus d’entreprises commencent à créer des cellules de soutien psychologique, inspirées de la culture anglo-saxonne. Surtout, cette phase de transition dépend du message délivré par la direction générale, à travers la communication des plans sur deux à cinq ans, détaillant la réorganisation de l’entreprise, les nouveaux métiers, la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences. Le plus souvent, la remobilisation des collaborateurs se déroule sous forme de cascading. Dans un premier temps, la direction mobilise le top management, qui va adresser les principaux messages aux middle managers, suivis de l’ensemble des équipes. À ce stade, les prestataires proposent du coaching ou de la formation afin de travailler sur l’employabilité, et réfléchir à la façon de ©FIVEFC INCENTIVE MOTIVATION “L’objectif est de restaurer la confiance autour d’objectifs stratégiques communs.” Joseph Vieville, Five Football Club. faire évoluer les collaborateurs vers leurs nouvelles missions ou de nouveaux métiers. Les agences offrent également leur expertise dans la mise en œuvre du plan de transformation, en fonction des problématiques rencontrées. “Tous ces plans de communication sont essentiels pour donner de l’espoir aux Sabine Machoire Berkane directrice adjointe du salon Bedouk* “Le secteur du MICE réagit à la morosité ambiante par la créativité” Le salon Bedouk 2014 en quelques mots? Le salon Bedouk est le seul salon spécialiste du MICE en France [Meetings, Incentives, Conferencing, Exhibitions, ndlr], qui fédère et représente l’ensemble des acteurs de la filière, du séminaire au congrès, en passant par l’incentive et l’événementiel. Un lieu unique de convergence et de rencontre entre les organisateurs d’événements et les prestataires. L’ensemble du spectre est représenté sur le salon. Cette année, nous avons donné plus d’importance au programme à destination des acheteurs étrangers. La nouveauté est la création d’un “espace assistant”, dédié à tous les assistants de direction qui organisent des séminaires et des incentives. L’espace Bedouk Live permettra aux exposants de présenter leur offre de manière ludique, un peu comme sur une scène de théâtre. Et le Meeting Lab, programme de conférences du salon, sera cette année enrichi d’un espace de consultation où des de l’événement consiste à répondre au mieux aux attentes de l’organisateur, avec des contraintes qui sont des messages à transmettre, des contraintes budgétaires à respecter, et la nécessité de retombées fortes. L’idée, c’est que toutes ces attentes soient satisfaites par une offre renouvelée, puisqu’il faut en permanence trouver de nouvelles idées, de nouveaux projets. Le salon Bedouk présente ces nouvelles idées “Les séminaires et les événements organisés par les entreprises et les marques sont plus stratégiques, organisés moins loin, et réunissent des groupes plus petits” associations du secteur donneront des bonnes recettes aux visiteurs pour l’organisation de leurs événements. Le fil rouge du salon? Nous nous positionnons comme une plateforme de l’offre MICE, prenant en compte toutes les tendances du marché. Notre volonté, c’est d’être au plus près des besoins des meeting planners. Nous avons observé trois tendances assez fortes en 2013: les séminaires et les événements organisés par les entreprises et les marques sont plus stratégiques, organisés moins loin qu’il y a quelques années, et réunissent des groupes plus petits. Dans l’ensemble, ils coûtent un peu moins cher et sont plus éco-responsables. Nous souhaitons faire correspondre l’offre des exposants à ces modes d’achat, ainsi qu’à la conjoncture économique peu favorable. Nous sommes dans un monde en pleine mutation au niveau du management et de la communication. Le secteur du MICE n’échappe bien sûr pas à cette règle. avec des entrepreneurs inventifs. Nous proposons des expériences inédites à travers un parcours insolite qui mettra en exergue, sous forme de jeu, les spécificités des exposants. Apparaissent aussi beaucoup de nouvelles plateformes et d’outils, qui permettent de faciliter la gestion de l’événement et de favoriser l’échange entre participants, que ce soit avant, pendant ou après l’événement. Grâce aux réseaux sociaux, les échanges sont plus rapides et permettent des événements plus participatifs. Aujourd’hui, cette créativité a été payante, puisque le baromètre Coach Omnium, qui indique les tendances 2013, a relevé une remontée des tendances MICE en 2013. * Salon du MICE (Meetings, incentives, conferencing, exhibitions), les 5 et 6 février, pavillon 5 Paris-Porte de Versailles. L.R. Les enjeux du MICE? Le secteur réagit à cette morosité ambiante par la créativité. Le métier du professionnel 28 Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi ©HAVAS EVENT Après un plan social ou une restructuration “La faisabilité et l’exécution de la stratégie d’une entreprise peuvent être débattues avec les salariés, quel que soit leur niveau. Ils se sentent écoutés et c’est un signe de reconnaissance et un vrai levier de remotivation.” Édouard Auger, Havas. salariés, leur dire qu’ils vont faire des choses merveilleuses et que l’entreprise va les y préparer”, dit Bruno Atuill. Ce n’est que lorsque l’entreprise commence à aller mieux qu’elle a généralement recours à des événements d’envergure plus importante, six mois à un an après un PSE. Pour commencer à parler motivation, les collaborateurs doivent être remobilisés sur leurs nouveaux métiers, et les managers doivent avoir retrouvé leur périmètre. “Il y a un temps pour rassurer, puis un temps étonner et présenter les enjeux stratégiques à venir”, analyse Éric Tordjman. Soigner le contenu Bon sens oblige, tous les événements ne sont pas bons à mettre en place après une crise sociale. Les destinations qui pourraient être jugées trop ostentatoires ou l’organisation bling-bling sont à éviter. Associé à la récompense et au jeu, l’incentive peut en effet facilement être perçu en interne comme une dépense inutile en temps de crise, surtout après une vague de licenciements. Dans cette perspective, l’image de l’opération est à soigner particulièrement. Les budgets se réduisent et les destinations proches sont privilégiées. La France ou l’Europe, comme Bruxelles, ont la cote pour les séminaires de stimulation. Les rallyes en 4x4 dans le sud marocain ou les séjours à Malte ou Istanbul, qui sont pourtant proches et attractifs en termes de tarifs, commencent à devenir des destinations mal assumées. Si le confort reste agréable, les directions sont attentives à l’image renvoyée par le standing. Mais surtout, l’événement doit être marqué par la quête de sens. Au-delà du ludique, les entreprises cherchent à imprimer leurs valeurs, l’objectif étant de gagner en productivité. “L’incentive qui consiste à emmener une centaine de collaborateurs à l’étranger pour organiser un programme de deux jours qui n’est que de la détente, a tendance à disparaître au profit d’activités de stimulation et de motivation qui vont venir servir les projets de l’entreprise”, affirme Édouard Auger, directeur général adjoint d’Havas Event. Émergent ainsi de nouveaux types d’opérations à forte dimension solidaire ou environnementale, comme des séjours d’une demi-journée à une semaine au cours desquels la direction va réunir les collaborateurs dans le but de replanter des arbres détruits par une tempête en France, ou de participer à la rénovation d’une école en Afrique. Ces initiatives sont destinées à nourrir l’individu, en rapport avec des valeurs fortes pour l’entreprise. La tendance est aussi aux ateliers collectifs. Très prisés, les exercices dits de co-construction consistent ainsi à bâtir un projet stratégique ou de transformation de l’entreprise avec l’ensemble des collaborateurs. L’idée est de lancer une grande réflexion interne et d’organiser une collecte d’information, orchestrée parfois sur une année, grâce à un programme de communication digitale. Les collaborateurs sont alors placés au cœur d’une nouvelle réflexion sur les enjeux de développement de l’entreprise. Et in fine, il s’agit de faire émerger un projet collectif, plutôt que de l’imposer. “Il s’agit de procédés de communication interne qui sont très remobilisateurs. La faisabilité et l’exécution de la stratégie d’une entreprise peuvent être débattues avec les salariés, quel que soit leur niveau. Ils se sentent écoutés et c’est un signe de reconnaissance et un vrai levier de remotivation”, observe Édouard Auger. team building, les tarifs et abonnements proposés par certains prestataires permettent d’offrir des moments de détente réguliers. Car même pour les entreprises qui se portent bien, détendre ou recréer du ciment au sein des équipes n’est pas un luxe, alors que les perspectives économiques s’annoncent encore moroses pour cette année. CHIFFRES RÉVÉLATEURS Budgets de motivation Pour les événements à l’étranger, les tarifs s’élèvent de 300 à 1 000 € par participant en fonction des destinations, soit 200 000 à 500 000 € pour une cinquantaine de personnes. Comptez 60 à 120 € par personne pour une chasse au trésor à Paris, 1 500 à 5 000 € pour un tournoi-déjeuner-réunion avec vos équipes. Côté coaching, la prise en charge d’un manager est tarifée 1 000 € par jour, et jusqu’à 4 000 € pour un cadre dirigeant. Une formation sur les évolutions de métier, comprenant le plan de travail avec les développements à venir, sera facturée 2 000 € par jour, jusqu’à 5 jours maximum. Très prisés par les entreprises, les exercices dits de co-construction Recréer des synergies L’incentive se décline aujourd’hui en différentes activités, sportives ou divertissantes, et le ludique reste une clé de l’adhésion du salarié. Murder party, chasse au trésor ou tournoi sportif, les concepts proposés par les prestataires diffèrent en fonction des problématiques rencontrées. La mise en place d’un spectacle, à la façon d’un cirque par exemple, dans lequel le manager tient le rôle du monsieur loyal, est un moyen d’imposer naturellement un nouveau responsable. Les challenges de constructions réalisées par les différents services, ou l’organisation collective d’un buffet géant, permettent de faire comprendre l’importance d’un travail d’équipe efficace. Ou plus simplement de faire se rencontrer, se connaître et se mélanger de nouvelles équipes. “Après un plan social ou une fusion, les sociétés sont complètement désorganisées. Ces événements sont le moyen d’asseoir les nouvelles personnes à leur poste, de détendre les équipes et de faire comprendre qui est le chef d’orchestre”, observe Éric Tordjman. L’intervention de coachs, au cours d’un séminaire ou pour une formation spécialisée, permet aussi d’aborder les problématiques psychologiques et comportementales en entreprise. Un aspect à ne pas négliger, en particulier lorsque le malaise s’est installé. Sous forme de pièce de théâtre par exemple, les participants écrivent, par équipe, un acte autour d’un sujet décalé mais comparable à une situation en rapport à l’entreprise. “L’objectif est de décaler des situations mal vécues, avec humour”, selon Bruno Attuil. De leur côté, les événements sportifs ont l’avantage de bénéficier d’une image à la fois utile et sobre. Un tournoi sportif suivi d’un débriefing permet souvent d’identifier les dysfonctionnements. Si le foot reste fédérateur, certaines entreprises optent pour le volley, la pétanque ou le billard en fonction de leur problématique. “Tournées ensemble vers la victoire, vers un objectif commun, les équipes apprennent à évoluer ensemble”, déclare Joseph Vieville. Du simple événement sportif avec buffet, barbecue ou réception, à la journée complète programmée avec une réunion et d’une séance de Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 29 DOSSIER ÉCONOMIE SOCIALE COMITÉ D’ENTREPRISE Les attributions économiques et stratégiques du CE Encore des cartes à jouer Le CE, médiateur entre le management et les salariés, peut réellement influer sur la marche de l’entreprise SIPA Le comité d’entreprise, essentiellement connu et sollicité pour ses fonctions culturelles et sociales, assume pourtant depuis presque 35 ans un rôle de premier plan dans le domaine économique et professionnel. Il constitue un interlocuteur important pour le dirigeant de l’entreprise, qui lui doit information et écoute, et auprès des salariés, dont il représente l’intérêt collectif. Ces missions, bien que capitales, sont pourtant assez peu valorisées par les employés au nom desquels il œuvre. La crise économique rajoute de la complexité dans la vie professionnelle, ce qui se répercute sur le CE. Enfin, la loi du 14 juin 2013 sur la sécurisation de l’emploi a provoqué des changements profonds, et peut-être durables, dans le fonctionnement de ces structures. Par Lisa Melia “ Si tous les salariés sont conscients de l’existence du CE, même ceux qui exercent leur emploi dans une structure qui n’en possède pas, peu comprennent l’étendue de ses attributions 30 Dans les entreprises d’au moins 50 salariés, l’employeur est tenu d’organiser la mise en place d’un comité d’entreprise […]. Ce comité assume d’une part des attributions économiques,et d’autre part,sociales et culturelles,et dispose pour ce faire des moyens matériels et financiers nécessaires.” La définition succincte du comité d’entreprise fournie par le Code du travail a l’avantage de la clarté. Mais l’apparence de la simplicité ne doit pas occulter la complexité des charges du CE et des moyens qu’il met en œuvre pour les atteindre. Historiquement, le CE joue deux rôles très différents: il intervient en tant que gestionnaire,parfois avec un budget très important, dans le domaine des activités sociales et culturelles. Mais il remplit également une fonction en matière économique et professionnelle. Si tous les salariés connaissent l’existence du CE – même ceux qui exercent leur emploi dans une structure qui n’en possède pas –, peu sont ceux qui comprennent l’étendue de ses attributions. Le comité d’entreprise est souvent connu pour la fête de fin d’année ou les tickets de cinéma à prix réduit.Ces activités,aussi importantes soient-elles, ne représentent pourtant que la partie émergée de l’iceberg. C’est sous le niveau de l’océan que s’opère le véritable travail de fond: une influence sur la marche économique de la société au nom de l’intérêt collectif des salariés. D’après le Baromètre CE, une étude de CSA pour le Crédit mutuel et Legrand Fiduciaire publiée en décembre 2013, 81 % des employés ont recours à leur CE au cours de l’année, essentiellement pour “bénéficier des activités sociales et culturelles”. Un constat partiellement partagé par le “Lab SalonsCE”, un rapport de SalonsCE dont la première édition confirme ces résultats: pour la majorité des travailleurs interrogés, l’aspect social et culturel reste le “cœur de mission” des comités d’entreprise. Mais alors que les collaborateurs minimisent la vocation économique et professionnelle du CE, les élus du CE estiment de leur côté qu’il s’agit là de leur fonction première. Un rôle qui subit par ailleurs aujourd’hui une révolution silencieuse, imputable notamment à la loi du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l’emploi (LSE). Un véritable interlocuteur “Les premières grandes réformes du comité d’entreprise datent de 1982, indique Jean-Philippe Sennac,directeur général adjoint chez Apex Groupe, une structure d’experts au service des CE. Les CE ont alors commencé à se positionner comme un interlocuteur permanent, voire incontournable. Toutes les lois, depuis, sont allées dans cette direction.” Le fonctionnement du CE est fixé par l’article L2323-1 du Code du travail. Alors que le comité d’entreprise intervient au titre de gestionnaire quand il porte la casquette “sociale et culturelle”, il agit en interlocuteur dans le domaine économique et professionnel. Le Code du travail indique notamment que “le comité d’entreprise a pour objet d’assurer une expression collective des salariés permettant la prise en compte permanente de leurs intérêts par des décisions relatives à la gestion, à l’évolution économique et financière de l’entreprise, à l’organisation du travail, à la formation du personnel et aux techniques de production”. Un champ d’action suffisamment large pour toucher toutes les composantes de l’entreprise, mais qui peut se résumer en une phrase : le CE a pour mission de réagir au schéma économique mené par le dirigeant afin que ce dernier garde toujours en tête l’intérêt de ses salariés. Dans le cas d’un projet de nouveau produit ou d’une réorganisation de la structure, le chef d’entreprise est par exemple soumis à un devoir d’information vis-à-vis du CE. Celui-ci peut alors analyser les orientations futures de la société, et éventuellement proposer des amendements ou des modifications – qui ne revêtent toutefois aucun caractère obligatoire pour l’employeur. Le Code du travail indique sans détour que “la consultation est l’une des attributions essentielles du comité d’entreprise”. Organisation, gestion, toutes les mesures de nature à affecter le volume ou la structure des effectifs, la durée du travail, les conditions de l’emploi, de travail et de formation professionnelle… autant d’éléments qui tombent sous le scrutin du CE.Avant la déclaration de cessation des paiements ou dans le cas d’une procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire : là encore, le CE doit être informé. Dans l’éventualité de subventions attribuées par la personne publique, d’un montant supérieur à 200000 euros,ou de prêts ou avances remboursables excédant 1,5 million d’euros, le dirigeant est légalement contraint de s’en référer au CE. Cette importante liste de responsabilités a été modifiée par la loi de sécurisation de l’emploi (LSE), promulguée en juin 2013. Entrent désormais dans les prérogatives du comité d’entreprise la consultation sur les orientations stratégiques et la consultation sur le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Concernant la première, le texte prévoit une consultation annuelle portant sur les orientations stratégiques déterminées par la direction et ses conséquences sur l’activité et l’emploi. Les élus du CE peuvent alors formuler des avis, voire une contre-proposition qui devra faire l’objet d’une réponse argumentée par les instances dirigeantes. Dans cette mission, le CE peut s’appuyer sur une base de données, une autre nouveauté issue de la LSE, et sur les experts qu’il juge pertinents. Sur le CICE, les sommes reçues par l’entreprise grâce à ce dispositif et leur utilisation doivent apparaître dans une base de données économiques et sociales de l’entreprise,accessible au CE, qui là encore dispose d’un droit de réaction. Avec quels moyens? Pour mener à bien ces nombreuses attributions, le comité d’entreprise dispose de plusieurs moyens : un budget de fonctionnement versé annuellement et qui correspond à 0,2 % de la masse salariale brute; un crédit de 20 heures par mois, considéré comme du temps de travail et alloué à la mission du CE; une formation de 5 jours; un local aménagé; du personnel, le cas échéant… Mais surtout, il peut mobiliser deux outils pour le volet économique de sa fonction.D’abord,des experts,comme un expert-comptable, un expert technologique ou un expert juridique,selon les nécessités du moment.Ensuite,la base de données mise en place par la LSE, qui rassemble toutes les informations économiques et sociales dont le CE a besoin pour entretenir le dialogue social. “Tous les outils tendent vers ce but : permettre au comité d’entreprise de travailler au nom de l’expression collective des salariés et de mener le dialogue social”,atteste Jean-Philippe Sennac. Certes, le CE n’a qu’un pouvoir consultatif: en tant que tel, il ne peut absolument pas contraindre la direction à prendre en compte ses suggestions. La loi oblige toutefois le chef d’entreprise à formuler une réponse motivée aux questions et avis du CE, mais il conserve toute liberté pour garder son projet inchangé s’il le décide. Du dialogue à l’influence Cette situation impose au CE de développer un “soft power”, c’est-àdire une capacité d’influence et de discussion, plutôt qu’un travail de confrontation aveugle dont, compte Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 31 Les attributions économiques et stratégiques ÉCONOMIE SOCIALE COMITÉ D’ENTREPRISE “Le CE opère au cœur des restructurations d’entreprise depuis le milieu des années 80.” Jean-Philippe Sennac, Apex Groupe. tenu du rapport des forces en présence, le CE sortirait perdant. “Puisqu’il ne possède pas de droit de veto sur la décision de l’employeur, le CE ne dispose que du dialogue pour influencer les projets et la vie économique de la société, poursuit Jean-Philippe Sennac.Les cas de CE qui saisissent la justice parce qu’ils n’ont pas été suffisamment informés restent minoritaires. En revanche, les élus ont acquis avec le temps une véritable capacité d’influence qui passe par la discussion. Pour obtenir du dirigeant qu’il modifie sa position initiale, il va proposer des expertises et des analyses démontrant que le projet tel qu’il est conçu n’est pas optimal pour l’entreprise et pour l’intérêt des salariés. Voire même pour celui de la direction,car elle pourrait se mettre dans une position d’illégalité. Ce travail de fond et de persuasion correspond à la partie immergée de l’iceberg, celle que les autres salariés voient peu, mais qui représente pourtant l’essentiel des efforts des élus de CE.” Alors qu’il paraît rarement sur le devant de la scène, surtout média- Bernard Yves directeur de la communication de SalonsCE* “Le CE ne peux pas faire l’impasse sur la communication et le lien social” Les conséquences du manque de visibilité du travail des CE? Quand le maire d’un petit village fait reconstruire l’école, tout le monde le voit, tout le monde est satisfait. Mais si le maire ne dit pas qu’il a aussi discuté et négocié avec des entreprises locales pour qu’elles ne délocalisent pas leurs usines, qui le saura? Les habitants finiront par se demander à quoi sert le maire, si son bilan se limite à une école reconstruite. L’analogie avec le CE a du sens: le plus gros de son travail, c’est sa face cachée. La conséquence, c’est une représentation inversée. Les salariés pensent que le CE ne sert qu’aux activités culturelles et sociales, alors que les élus de CE savent que le travail le plus ardu, c’est celui qui touche aux questions économiques. Ils pensent que les salariés en veulent toujours plus et qu’ils ne sont jamais satisfaits, tandis que les salariés pensent que le système est opaque et ils demandent plus d’écoute et de valorisation de l’intérêt général. Pire encore: beaucoup de salariés soupçon- quand ils ne sont en fait que 63 %. Les nouveautés et le thème du prochain SalonCE? Pendant tout le premier semestre, la quinzaine de salons qui se tiendra en région et à Paris sera centrée sur le thème de l’amélioration du dialogue social dans l’entreprise. C’est une question qui est sur le devant de la scène politique aujourd’hui, un sujet récurrent dans les différents cercles de réflexion. Par ailleurs, nous lan- “Les élus de CE ont une perception d’eux-mêmes très différente de celles des autres salariés, et donc qu’il faut travailler sur ce décalage” nent le comité d’entreprise de ne pas œuvrer en faveur de l’intérêt général, alors que les élus s’investissent énormément. Il y a un vrai problème de communication qui peut créer des dysfonctionnements. L’importance d’améliorer cette communication? Les salariés sont demandeurs de davantage de qualité dans les relations sociales de l’entreprise. Ce qui ressort de l’étude que nous avons réalisée, c’est que les salariés ont trois grands sujets de préoccupation: les conditions de travail, la reconnaissance et le niveau de rémunération, et les relations sociales au sein de l’entreprise. Les élus doivent échanger, animer cette communauté de travail. Ils ne peuvent pas faire l’impasse sur la communication et le lien social, ne serait-ce que parce que leurs postes seront de nouveau soumis au vote à la fin de leur mandat. C’est d’ailleurs là que l’étude est très intéressante: les élus de CE sont persuadés d’être de bons communicants. Le rapport servira peut-être à leur montrer qu’ils ont une perception très différente de celles des autres salariés et donc qu’il faut travailler sur ce décalage. D’ailleurs, les élus de CE pensent que 90 % des salariés sont satisfaits de leur travail, 32 çons cette année SalonsCE le Club, dont l’objectif est de proposer aux élus de CE un club in vivo et dématérialisé afin de créer une communauté, un lieu d’échange. Le principe de base, c’est de permettre aux élus d’échanger sur leurs expériences, de prendre la parole vis-à-vis de l’institution, un peu comme une chambre professionnelle le ferait. Nous voulons faire remonter les problématiques rencontrées par le “pseudo-métier” qu’est celui de secrétaire de CE. Et puis nous voulons aussi leur permettre de formuler plus régulièrement leurs besoins et leurs attentes. Enfin, nous allons réitérer le MementoCE, guide pratique des élus et salariés, auquel nous avons ajouté de nouveaux dossiers (société, égalité homme femme, qualité de vie au travail, etc.). À partir de juin, nous mettrons en ligne une version plus aboutie de MementoCE, avec des actualisations régulières, une Web TV, des entretiens d’experts… Bref, le vrai site d’un guide pratique pour les élus. Le SalonsCE se tiendra à Paris du 4 au 6 février 2014. Les 12 dates en région sur www.salonsce.com L.M. tique, le comité d’entreprise est pourtant l’un des interlocuteurs clefs quand un plan social est déclenché. Dans cette éventualité, le CE est consulté et c’est souvent lui qui va travailler pour obtenir une réduction des effectifs menacés ou de meilleures mesures sociales d’accompagnement. Gestion de crise Si le CE existe depuis 1947, sa vie n’a rien d’un long fleuve tranquille. Les attributions et les fonctions ont changé et la mission s’est adaptée à l’air du temps. Depuis quelques années, la crise et la LSE sont passées par là et elles ont laissé des traces. Car la crise affecte les CE par ricochet. Les sociétés se restructurant de plus en plus vite et de manière de plus en plus violente, le dialogue social est mis à mal. Les fusions, les cessions, les absorptions ou les dépôts de bilan se multiplient. L’entreprise est devenue témoigne de dysfonctionnements importants dans la relation qui lie les salariés à leurs élus de CE. L’un des décalages les plus flagrants concerne la satisfaction à propos du travail réalisé par le CE: les élus estiment que 90 % de leurs collègues sont satisfaits du travail du CE, quand ils ne sont en réalité “que” 63 %. “Pour le salarié, le CE s’apparente à une véritable nébuleuse, regrette BernardYves, directeur de la communication de SalonsCE, commanditaire de l’étude. Les salariés ne comprennent pas à quoi servent les élus. Il ressort clairement de l’étude qu’ils sont demandeurs d’informations sur le sujet, ce qui est une bonne nouvelle, mais dans le domaine économique,ils ignorent qui sont les interlocuteurs pertinents.” Les chiffres montrent sans doute possible le décalage significatif entre les élus du CE et leurs collègues. Selon les premiers, 51 % des salariés de l’entreprise sollicitent chaque mois le CE. Alors qu’il paraît rarement sur le devant de la scène, surtout médiatique, le comité d’entreprise est pourtant l’un des interlocuteurs clefs quand un plan social est déclenché un objet social et juridique extrêmement mouvant. Le CE se retrouve au cœur de ces problématiques, puisque le dirigeant qui entend faire des modifications importantes dans la marche de sa société – comme le lancement d’un nouveau produit, la création d’une filiale ou la suppression de certains emplois – n’a pas d’autre choix que de le consulter. “L’événement le plus visible est bien sûr le plan social, souligne Jean-Philippe Sennac. Avant, seul le CE possédait le pouvoir d’influer sur le nombre et la catégorie d’employés concernés, les mesures sociales d’accompagnement et les mesures indemnitaires afférentes. Il s’agissait de débats rudes et longs. Bien sûr, les CE n’ont jamais inversé la crise en discutant d’un plan social. Toutefois, ils ont réussi à influencer la décision finale dans de nombreuses circonstances, soit grâce à des plans de formation importants, soit en minimisant les dégâts sociaux, soit en améliorant les indemnités. Le CE opère au cœur des restructurations d’entreprise depuis le milieu des années quatre-vingt. Or, ce rôle a été complètement bouleversé par la LSE.” La loi du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l’emploi, dite LSE, brouille en effet les lignes et invite les syndicats sur le terrain des comités d’entreprise. Peut-être parce que traditionnellement, les élus de CE travaillent dans l’ombre et communiquent peu, alors que les organisations syndicales évoluent dans la confrontation et la revendication, suggère JeanPhilippe Sennac. Le résultat, en tout cas, pose la question du futur du rôle économique du CE, du moins dans certaines circonstances. Le cas le plus représentatif et le plus pertinent dans un contexte de crise reste celui du plan de sauvegarde de l’emploi, ou PSE. Désormais, les syndicats ont pris la main sur la négociation. Avant même que le CE ne se saisisse des sujets d’accompagnement social des salariés menacés de perte d’emploi,le syndicat peut conclure un accord avec la direction qui exclut automatiquement le CE du processus. Et cette incursion de l’organisation syndicale sur le territoire du comité d’entreprise n’est pas le seul défi auquel les élus de CE doivent faire face. Couacs de communication Une étude du Lab SalonsCE, confiée à CSA et publiée à la mi-janvier, Les salariés ne sont pourtant que 8 % à déclarer qu’ils ont recours au comité d’entreprise. À l’année, 32 % des employés affirment ne jamais consulter le CE, alors que celui-ci avance la proportion de 2 %. Neufs élus sur dix estiment qu’ils communiquent correctement, alors que seulement 58 % des salariés indiquent être bien renseignés sur les offres et services de leur CE. “J’accompagne les CE depuis 20 ans et je suis toujours un peu désolé de ce manque de communication”, soutient JeanPhilippe Sennac. La transmission de l’information passe parfois au second plan, avance l’expert. Car depuis les années 80, le comité d’entreprise est de plus en plus sollicité dans les domaines économiques et professionnels. Les différentes lois ne cessent de rajouter des tâches au CE: le temps de travail, le temps partiel, la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences,etc.La sphère de compétence du CE connaît depuis 30 ans une véritable inflation… laissant peu de temps libre pour la communication. “Prenons l’exemple d’une société de 300 salariés, illustre Jean-Philippe Sennac. Si le dirigeant respectait scrupuleusement toutes les dispositions législatives relatives au comité d’entreprise, ce dernier devrait être informé ou consulté à peu près une cinquantaine de fois par an.” Mais alors que les attributions du CE se multiplient, les moyens mis à sa disposition pour mener à bien sa mission, eux, n’évoluent pas d’un iota. Ce sont donc toujours 20 heures par mois et 5 jours de formation qui sont alloués aux élus pour être au fait d’un nombre exponentiel de dossiers. “On demande aujourd’hui aux élus de CE de posséder des compétences dans les domaines de la formation professionnelle, de l’économie, de la finance, des techniques de production, dans la politique de l’emploi, tout en travaillant à temps plein et avec 20 heures de délégation par mois, déplore Jean-Philippe Sennac. On constate un phénomène d’étouffement et, assez logiquement, les élus préfèrent consacrer leur temps à la gestion des dossiers plutôt qu’à la communication.” Une difficulté qui ne doit pas dispenser de fournir une information suffisante aux salariés,estime Bernard Yves, de SalonsCE : “Le problème du comité d’entreprise, c’est qu’on ne voit que la partie la plus visible de son travail: le catalogue des séjours de vacances ou les activités ludiques. Mais les salariés ne savent pas toujours que les élus ont dédié des heures de travail à un projet économique qui aura des répercussions sur la vie des employés. La conséquence, c’est une représentation erronée. Les salariés pensent que le CE ne sert qu’aux activités culturelles et sociales, que le système est opaque.Ils demandent plus d’écoute et de valorisation de l’intérêt général. Pire encore : beaucoup de salariés soupçonnent le comité d’entreprise de ne pas œuvrer en faveur de l’intérêt général, alors que les élus s’investissent énormément pour mener à bien cette mission.” Bien que les salariés affirment être relativement satisfaits du travail du CE en matière sociale et culturelle, leur niveau de compréhension, de confiance et d’adhésion décroît dès qu’il s’agit des attributions économiques et professionnelles de leurs élus. Pour Jean-Philippe Sennac, le comité d’entreprise se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Les problématiques de communications et de moyens s’estompent devant une autre urgence : celle du futur des CE et de leur rôle économique. La LSE a donné une inflexion capitale aux responsabilités respectives des comités d’entreprise et des organisations syndicales. “Elle marque une véritable rupture”, résume Jean-Philippe Sennac. Au CE revenait la tâche d’influencer la vie économique de l’entreprise, tandis que le syndicat se positionnait sur la revendication avec une vocation d’amélioration. Le syndicat, désigné, et le CE,élu,n’entraient pas en compétition. C’est désormais le cas dans le domaine du dialogue social et de la négociation. Ou encore dans celui de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Le CE finira-t-il par perdre une partie de ses prérogatives ? Jean-Philippe Sennac estime que la question doit être posée. “Depuis les années 2000, la loi pousse de plus en plus les organisations syndicales sur un terrain qui, auparavant, n’appartenait qu’au comité d’entreprise. Il est difficile de tenir à deux sur la même planche, le positionnement du CE va donc certainement évoluer.” Les années à venir détermineront si la LSE produit un véritable impact sur les attributions de chacun, ou si l’effet de la loi restera marginal. Alors que les attributions du CE se multiplient, les moyens mis à sa disposition pour mener à bien sa mission, eux, n’évoluent pas d’un iota CHIFFRES RÉVÉLATEURS 8 % des salariés déclarent solliciter le CE tous les mois, 68 % le font au moins une fois par an. 58 % des employés s’estiment bien informés de l’action du CE. Entre 45 % et 60 % des salariés se disent satisfaits du travail de tous leurs représentants élus. Les priorités des salariés quant à l’action du CE : les vacances (58 %), la culture et les loisirs (40 %), la santé-prévoyance (30 %), mais aussi le logement (17 %) et le transport et la mobilité (14 %). (Source : Lab SalonsCE et CSA) Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Syndicated articles from Le nouvel FINANCIAL TIMES Economiste 31 JANVIER 2014 INTERNATIONAL WEEKLY © The Financial Times Limited [2013]. All Rights Reserved. Not to be redistributed, copied or modified in anyway. Le nouvel Economiste is solely responsible for providing this translated content and the Financial Times Limited does not accept any liability for the accuracy or quality of the translation. IT Les options d’IBM devant la montée en puissance du ‘cloud’ CHINE Le gigantesque ‘shadow banking’ chinois sujet à questions MOYEN ORIENT La peur des djihadistes alimente la contre-révolution Déjeuner avec... Adrian Joffe Chez Comme des Garçons International, le président s’occupe des affaires et son épouse Rei Kawakubo de la création. Devant un bortsch à New York, il parle de zénitude, de karma et de l’árt de “briser les règles”. Vanessa Friedman, FT A 60 ans, Adrian Joffe doit avoir la tâche la plus difficile qui soit dans la mode. Pas parce qu’en tant que président de ‘Comme des Garçons International’, il a la charge de toutes les activités à l’étranger d’une entreprise basée au Japon dont les ventes annuelles s’élèvent à 220 millions de dollars, mais parce qu’il y a “un culte de Comme des garçons”, l’étiquette iconoclaste et très influente fondée par Rei Kawakubo à Tokyo en 1969, dont il est aussi en quelque sorte le grand prêtre. Habituellement vêtu d’un costume noir et d’une chemise blanche ‘Comme des Garçons’, il a d ailleurs le style ascétique d’un moine, maigre et la tête rasée. Adrian Joffe, qui est aussi le mari de Rei Kawakubo, fait le pont et la traduction entre la créatrice et le reste du monde. La semaine dernière à Paris, dans les coulisses à côté de la créatrice après le défilé hommes, il a en effet lui-même relayé les maximes sentencieuses de Rei Kawabuko auprès des journalistes et revendeurs. Et au défilé femmes de la saison dernière, Rei Kawakubo lui a fait expliquer la genèse de ses constructions futuristes en annonçant : “je sentais que le seul moyen de me (suite page 36) L’immobilier de luxe s’envole à Manhattan Les investisseurs des pays émergents font flamber le prix du mètre carré new-yorkais. Anjli Raval, FT Les ventes d’appartements à Manhattan ont atteint un record au cours du quatrième trimestre 2013. Les acheteurs étrangers et les New-Yorkais sont en concurrence pour glisser un pied dans la porte de ce marché immobilier, alors que les prix s’envolent. Le nombre de transactions a augmenté de 27% par rapport à la même période de l’année précédente, atteignant 3 297 ventes selon des chiffres publiés la semaine dernière. Même si c’est moins que les 3 837 ventes du troisième trimestre, c’est le nombre le plus élevé pour un quatrième trimestre depuis que les records sont enregistrés, il y a 25 ans, selon l’agence d’estimations Miller Samuel et l’agence immobilière Douglas Elliman Real Estate. La rareté des biens en vente pousse les acheteurs à faire des offres immédiates, en cash, à participer à des surenchères et à acheter sur plans des appartements encore à construire, ce qui rappelle le précédent boom de l’immobilier. Le nombre de jours où une propriété reste sur le marché avant d’être vendue durant ce quatrième trimestre à presque diminué de moitié par rapport à l’année précédente : 95 jours. “La demande des acheteurs étrangers n’a jamais été aussi forte ; ceux du Moyen Orient, de la Russie, d’Amérique du sud et de Chine sont en train de faire une incroyable razzia sur l’immobilier, et ce sont ces ventes qui font monter les prix” explique Pamela Liebman , directrice de l’agence immobilière The Corcoran Group. Le prix moyen d’un appartement de luxe, habituellement au-dessus de trois millions de dollars, a bondi de dix pour cent en un an à 4,9 millions de dollars . Une augmentation abrupte des taux des crédits immobiliers durant l’été a poussé plus d’investisseurs vers le marché immobilier de Manhattan, à un moment ou les stocks de biens à vendre étaient déjà bas, une tendance qui s’est confirmée jusqu’à la fin de l’année 2013. “Cela n’a pas été une fin d’année morne” estime Jonathan Miller, président de l’agence new -yorkaise Miller Samuel. “On a eu Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi beaucoup de bonnes nouvelles économiques l’an dernier, et les gens, qu’ils soient de New York ou des investisseurs étrangers, voulaient absolument avoir les meilleures conditions d’achats, depuis les taux d’intérêt jusqu’au prix d’achat. On a eu un troisième trimestre record, et maintenant, un quatrième également record.” C’est le second trimestre 2007 qui détient le record de ventes de biens immobiliers à Manhattan : 3 939 appartements avaient alors été vendus. Le parc d’appartements à vendre se réduit et beaucoup de propriétaires attendent que les prix augmentent encore avant de mettre leur bien en vente. Le nombre de logements sur le marché à la fin du mois de décembre était de 12,3% inférieur à l’année précédente, avec 4 164 propriétés, un record historique de pénurie. De plus, le nombre de logements neufs est limité : les promoteurs, frappés par la crise, ont commencé récemment seulement à relancer des projets, souvent des résidences de luxe que ne recherchent que les New Yorkais riches ou les acheteurs étrangers. Le prix moyen durant le quatrième trimestre a augmenté de 2,1% par rapport à l’année précédente, soit 855 000 dollars. L’augmentation est générée par la vente d’appartements en condominiums (qui constituent la plus grande partie des nouveaux projets mis sur le marché car ils ont la préférence des investisseurs étrangers), avec un prix moyen record de 1,3 million de dollars. “Après la faillite de Lehman Brothers, la construction s’était arrêtée. Nous avons vu l’an dernier les premiers projets arriver sur le marché” dit Mme Liebman. Ces tours d’appartements haut de gamme, réputés pour la vue exceptionnelle qu’ont les occupants, ainsi que les nombreux services proposés sur place, ont atteint des prix stratosphériques. Des experts du secteur prédisent un tassement des prix car de nouveaux biens sont mis en vente, mais d’autres pensent qu’il y a trop de demandes non satisfaites pour que les prix ne montent pas encore plus. L’appartement qui s’est vendu le plus cher à la fin de l’année 2013 ? Un appartement de trois chambres dans un condominium, situé au 15 Central Park West (surnommé “l’immeuble des hedge funds”), avec une vue spectaculaire sur Central Park. Il est parti pour un impressionnant 25 millions de dollars. 33 Syndicated articles from FINANCIAL TIMES © The Financial Times Limited [2013]. All Rights Reserved. Not to be redistributed, copied or modified in anyway. Le nouvel Economiste is solely responsible for providing this translated content and the Financial Times Limited does not accept any liability for the accuracy or quality of the translation. PROCHE ORIENT La peur des djihadistes alimente la contre révolution dans le monde arabe L’Occident soutient à nouveau des régimes militaires, autoritaires, ou pire, alors que les Printemps arabes témoignaient d’une réelle soif de réformes et de démocratie. David Gardner, FT Avec l’adoption à une majorité très confortable de la nouvelle constitution en Égypte, cousue sur mesure par des candidats agréés par les militaires, et mise au plébiscite récemment, la contrerévolution arabe avance à grands pas. L’Egypte, qui était encore si récemment le fer de lance du réveil du monde arabe, est balayée par une vague d’adulation populaire pour l’armée, celle qui a renversé le gouvernement des Frères Musulmans en juillet dernier, impopulaire et créateur de discordes. L’état sécuritaire arabe est restauré dans ce pays-pivot – et il pourrait revenir en force également ailleurs dans cette région du monde, car les nouvelles inquiétudes de 34 l’Occident devant le terrorisme des djihadistes font le lit des partisans arabes du statu quo, ceux qui abominent toute idée de réforme. La nouvelle constitution égyptienne est passée à une écrasante majorité, avec ce qui semble avoir été une participation des électeurs un peu plus élevée que pour la Charte aux forts accents islamistes que les Frères Musulmans ont fait passer au bulldozer à la fin de l’année 2012. La question est maintenant de savoir si le chef de l’armée, le General Abdel Fattah al-Sissi, utilisera ce référendum comme tremplin personnel vers la présidence. Le général Sissi fait l’objet d’un culte grandissant de la personnalité, et adopte certains airs à la Gamal Abdel Nasser, le titan du nationalisme et le héros tragique qui a enflammé l’imaginaire des arabes. Il a fait savoir qu’il briguerait un mandat. Il semble y en avoir un tout prêt pour lui. Il bénéficie d’un désir général de leardership fort, après les trois ans de chaos que l’Égypte a vécu depuis la chute de Hosni Moubarak. L’Égypte a été d’abord dirigée par une junte militaire dont l’incompétence a été oubliée quand le gouvernement du parti des Frères musulmans, celui du président élu et maintenant en prison Mohamed Morsi, a révélé son intolérance religieuse et un intérêt plus grand pour la prise de contrôle des institutions de l’état que pour sa mission, gouverner. Mais si le résultat du référendum sur la nouvelle constitution n’a pas été une surprise, c’est en partie parce que l’Etat sécuritaire s’est assuré qu’il n’y aurait aucune façon de s’y opposer, en qualifiant les Frères musulmans “d’organisation terroriste” - ce qui revient à criminaliser un quart de la population égyptienne. La nouvelle constitution confirme les pouvoirs de l’armée et protège ses privilèges, en y Il existe un réel danger que les politiques des puissances occidentales et de leurs alliés régionaux, pétrifiés par le spectre de la menace fondamentaliste, récompense à nouveau ceux qui créé les conditions de laboratoire pour cultiver des souches toujours plus extrémistes de démence fondamentaliste. ajoutant des lois qui limitent des libertés civiques fondamentales, comme le droit de réunion et d’expression. Est-ce pour cela que les révolutionnaires de la place Tahrir se sont battus au pic du printemps arabe ? Pour consacrer à nouveau un état policier ? Ce n’est pas un hasard si les dirigeants arabes qui ont applaudi le coup d’état des militaires en Égypte ont été le roi Abdullah d’Arabie saoudite, un monarque absolu légitimé par un clergé wahhabite absolutiste, et Bachar al-Assad, un tyran prêt à détruire son pays pour rester au pouvoir. Selon des informations publiées récemment, les services secrets européens ont commencé à renouer des liens avec les services secrets syriens. Cela semble crédible, même si le régime d’Assad exagère l’importance de ces informations, pour prouver que l’Occident le voit maintenant comme une alternative plus attirante que les djihadistes. Alors que c’est la répression brutale de ce régime et l’incapacité de l’Occident à armer des rebelles modérés qui ont offert le pouvoir à ces extrémistes. En Iraq, les États Unis ont envoyé des drones et des missiles Hellfire au secours du gouvernement Nouri al-Maliki’ quand ces mêmes extrémistes ont à nouveau infiltré l’Ouest sunnite. Pourtant, c’est ce même Monsieur Maliki, un musulman chiite, autrefois protégé des États Unis, qui par son organisation confessionnelle de l’appareil de sécurité irakien, a ouvert la porte au retour des djihadistes. Les Égyptiens sont descendus par millions dans la rue contre le régime Moubarak, puis pour répudier les Frères Musulmans. Les Syriens ont inondé les rues pour protester contre la tyrannie des Assad. Les Irakiens ont bravé les balles et les bombes pour voter, et ont éjecté les deux tiers des députés en place en 2010. Toute tentative de restaurer un Etat policier ne correspond pas à leur conception du progrès qu’ils réclament. Nous avons déjà vu par le passé ce scénario du type “Retour vers le futur” : le soutien de l’Occident (tacite ou explicite) accordé à un réseau d’hommes forts en échange d’une stabilité illusoire. Il existe un réel danger que les politiques des puissances occidentales et de leurs alliés régionaux, pétrifiés par le spectre de la menace fondamentaliste, récompense à nouveau ceux qui créé les conditions de laboratoire pour cultiver des souches toujours plus extrémistes de démence fondamentaliste. Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi © The Financial Times Limited [2013]. All Rights Reserved. Not to be redistributed, copied or modified in anyway. Le nouvel Economiste is solely responsible for providing this translated content and the Financial Times Limited does not accept any liability for the accuracy or quality of the translation. IT IBM doit garder la tête au dessus des nuages Quelques réflexions sur les options d’IBM confronté aux mutations engendrées par le ‘cloud’. Richard Waters, FT Il incombe à tout nouveau PDG de Big blue de réinventer régulièrement IBM, l’une des sociétés américaines emblématiques. Après Lou Gerstner, qui a contré le déclin des ventes de hardware par une accélération de la transition vers le software dans les années 90, Sam Palmisano a consacré la décennie suivante à lutter contre la menace de l’informatique indienne et des logiciels libres. Aujourd’hui, Ginni Rometty est face à son propre challenge pour réinventer IBM. Au cœur de sa problématique : de plus en plus de taches informatiques migrent dans le cloud, ce qui signifie qu’elles sont confiées à des opérateurs qui ne souhaitent pas acquérir du matériel et des services coûteux auprès de sociétés telles que IBM. Même quand elles choisissent de gérer en interne leurs services informatiques, au lieu de les confier à des hébergeurs externes comme Amazon, les grands clients de IBM adoptent les méthodes des nouveaux acteurs du cloud. Pour résumer, ils achètent du matériel moins coûteux, standard, ainsi que des logiciels automatisant des processus qui à une époque nécessitaient une intervention humaine et coûteuse. Cette nouvelle donne est illustrée cette semaine en Californie par la réunion annuelle du Open Compute Project. Un rendez-vous créé par Facebook pour promouvoir un modèle standard de serveur. Les serveurs souffrent d’une course aux nouvelles fonctionnalités, courante dans de nombreux marchés d’équipements technologiques, les fournisseurs tentant de différencier leurs produits les uns des autres. Même les coffrages en plastique qu’ils posent sur leurs machines sont un luxe superflu, qui augmente les besoins de ventilation et la consommation d’énergie pour les refroidir. Dans le monde des serveurs selon Facebook, toutes ces coquetteries vont disparaître. L’impact de cette évolution va plus loin que la vente de hardware. Si les clients de IBM confient certaines opérations aux hébergeurs du cloud, ils ne paieront plus pour les services d’IBM. Et l’énorme marché de la soustraitance informatique, dont IBM tire la majeure partie de ses revenus, est lui aussi confronté à cette mutation. Les clients ayant plus d’options à leur disposition pour gérer leurs services informatiques, ils ne seront plus autant prisonniers des contrats monolithiques qui signifiaient confier la totalité de leurs opérations à des entreprises telles que IBM. Une partie au moins de la branche hardware de IBM semble à l’abri. Grâce aux énormes ‘coûts irrécupérables’ investis par certains clients dans leurs systèmes actuels, ses gros systèmes (qui furent à une époque considérés comme un accident de la révolution clientserveur) sont toujours très profitables. Mais le futur que prépare le type de services web proposé par Amazon est très différent de l’existant. Ceci laisse deux options aux fabricants traditionnels de matériel informatique. La première est de regrouper et consolider ce marché à gros volume. 70% du marché des serveurs, qui pèse 53 milliards de dollars, est constitué par ce qui est appelé le ‘Volume’, des machines standard qui génèrent des marges faibles, selon IDC. Ce n’est pas le genre d’IBM. Sorti du marché du PC il y a 9 ans, la société envisagerait également d’abandonner la production de serveurs standard, selon des sources informées de ses projets. Dell et Hewlett-Packard , qui détiennent des parts de marché importantes dans le marché des serveurs standard et des PC, sont confrontés à des choix plus difficiles. Parmi les concurrents de ces entreprises figure une nouvelle famille de producteurs de machines sans marque et très peu onéreuses, connue sous l’acronyme anglais ODM (ou Original Design Manufacturers). L’autre option est de transformer la relation client d’une relation obnubilée par le coût du hardware à une relation d’offre d’applications et services à haute valeur ajoutée, qui représentent un réel plus pour le client. Le matériel spécialisé qui répond à un besoin particulier a un avantage compétitif sur le matériel générique. Dans le cas d’IBM, par exemple, cela signifierait que la société se désengagera de sa branche Unix (la catégorie la plus chère de ses serveurs, mais qu’il n’a pas l’intention de vendre), pour se repositionner sur les besoins énormes de traitements de données du marché de l’analyse de données. Ceci augmente d’un cran la pression sur Mme Rometty. Au cours de ses deux premières années à la barre d’IBM, elle a montré un profil marketing, plus que technologique, en décidant de présenter le portfolio des activités de IBM d’une façon plus attrayante pour toucher un marché plus large. Nous sommes peut-être à un nouveau tournant. Déjà, cette année, il s’est traduit par l’affectation de 1,2 milliard de dollars à la construction de centres de serveurs, pour concurrencer Amazon dans le cloud public, et de 1,0 milliard de dollars au développement d’un marché que l’on appelle désormais le ‘cognitive computing’, ou informatique cognitive, c’est à dire le marché des machines qui répondront aux problèmes soulevés par de très grandes quantités de données. Il est paradoxal que IBM, connu dans le milieu tech pour la gestion efficace de sa trésorerie, ai redistribué une grosse partie de son cash a ses actionnaires ces dernières années, tout en maintenant un budget annuel de recherche et développement de plus de 6 milliards de dollars. A en juger par les murmures mécontents entendus à Wall street, il est peut être temps pour Mme Rometty d’oser des paris plus ambitieux. Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi CROISSANCE La reprise de la croissance mondiale entre les mains de quelques uns Les espoirs d’une augmentation des investissements permettant de stimuler l’économie mondiale reposent sur un nombre toujours plus réduit de sociétés. Anousha Sakoui, FT Environ un tiers des plus grandes entreprises hors secteur financier sont assises sur un trésor de 2 800 milliards de dollars en liquidité, selon une étude du cabinet de consultants Deloitte. L’écart entre celles qui thésaurisent et celles qui dépensent se creuse depuis la crise. Ceci aura une grande influence et déterminera si on assistera en 2014 à l’injection de ces liquidités dans des investissements ou des transactions, a prévenu Iain Macmillan, directeur des fusions et acquisitions chez Deloitte. Selon lui, “la vague de cash devant nous, à laquelle beaucoup s’attendent, dépend des décisions de quelques personnes.” Dans les entreprises hors secteur finance de l’indice Standard and Poor, qui se base sur 1 200 entreprises, seulement 32% d’entre elles détiennent 82% des liquidités globales, le plus haut niveau depuis au moins l’année 2000. Avec près de 150 milliards de dollars dans ses coffres, Apple à lui tout seul est assis sur 5% de ce total à la clôture de l’année fiscale. Cette concentration s’est accrue depuis 2007. L’étude a principalement pris en compte la trésorerie brute, plutôt que d’en soustraire les dettes, pour simplifier les comparaisons et estimer de combien d’argent disposaient les entreprises. Cette étude parait alors que les investisseurs élèvent de plus en plus la voix pour réclamer que les entreprises augmentent leurs investissements en capital Une enquête qui a généré beaucoup d’attention, conduite auprès de gestionnaires de fonds par Bank of America Merrill Lynch et publiée récemment, révèle qu’un pourcentage record de 58% des investisseurs souhaitent que les entreprises utilisent ces montagnes de cash en dépenses d’investissement de capital (CAPEX) ; moins d’un tiers des gestionnaires de fonds interrogés souhaitent que les entreprises distribuent plus de dividendes à leurs actionnaires. “Un facteur clé, qui déterminera le retour et le rythme de la reprise, sera de voir à quel point les entreprises se mobilisent et utilisent leurs liquidités pour générer de la croissance” estime Keith Skeoch, PDG du gestionnaire de fonds Standard Life Investments. Des analyses récentes de Standard & Poor montrent que la rétention a nui à l’investissement. Si le taux de liquidités détenues par les entreprises par rapport à leurs actifs avait suivi une courbe de convalescence plus ‘normale’ en 2012 et 2013, 900 milliards de dollars supplémentaires aurait été investis au niveau mondial par les entreprises hors secteur financier durant ces deux années. Cette thésaurisation est la cause selon certains économiste du lent redressement économique post crise de certaines zones du monde. Les entreprises réduisant leurs coûts et n’investissant pas en équipements, leurs richesses n’est pas réinjectée pas dans l’économie générale et ne lui sont d’aucun bénéfice. L’analyse de la rétention de liquidités durant la crise est cependant rendue complexe par les niveaux d’endettement net, en augmentation depuis 2007, car les entreprises ont profité de taux d’intérêts très bas pour emprunter. Ceci pourrait aussi avoir son importance dans la décision ou non d’investir dans des fusionsacquisitions ou dans des investissements de capital. 35 Syndicated articles from FINANCIAL TIMES © The Financial Times Limited [2013]. All Rights Reserved. Not to be redistributed, copied or modified in anyway. Le nouvel Economiste is solely responsible for providing this translated content and the Financial Times Limited does not accept any liability for the accuracy or quality of the translation. Déjeuner avec... Adrian Joffe (suite de la page 33) renouveler était d’essayer de ne pas faire de vêtements”. (Essayez de dire cela en gardant un visage impassible pendant la semaine de la mode.) Tout ceci rend son choix du restaurant – le Russian Tea Room de Manhattan, un restaurant très œuf Fabergé pourpre et or clinquant, farci de caviar et de blinis riches en calories – un peu contre-intuitif. “Mais j’aime cet endroit” dit-il avec un sourire, assis sur une banquette rouge profond lorsque j’arrive pour notre déjeuner. “Dans ma vie antérieure, j’avais l’habitude de venir tout le temps” dit-il, ne parlant pas pour autant de réincarnation, mais en se référant à un ancien emploi. Bien qu’il ait choisi un endroit kitsch d’une décadence tsariste, il compte se maitriser. Il commande le menu express : bortsch et vareniki, une sorte de raviolis russes. Je prends une salade de betteraves et du gravlax en entrée. Ce genre de confusions et surprises face à ce que à quoi on pourrait s’attendre est typique d’Adrian Joffre qui a étudié et pratique le bouddhisme zen. D’un coté, il dit être attiré par la simplicité, et de l’autre, il dirige une entreprise de haute couture, la haute couture étant pour beaucoup l’incarnation même de la futilité. Il insiste cependant sur le fait qu’il y a plus de compatibilité entre les deux disciplines que je ne le pense. “C’est grâce à ma formation bouddhiste que je survis dans ce monde” dit-il. “C’est une façon de comprendre le monde, la nature en constante évolution de la mode et de voir que tout est interdépendant.” Cela peut ressembler à une rationalisation après-coup mais Adrian Joffe est très sérieux en disant cela. Quand il ne traduit pas pour Rei Kawakubo, il parle doucement en hésitant, choisissant ses mots. Il ne baratine pas. Il est vrai, en tout cas, que, bien que la mode de ‘Comme des Garçons’ soit en grande partie faite pour déranger le public – pour qu’il remette en question sa vision du vêtement et de beauté – son activité repose également sur des lignes plus accessibles. Notamment avec Play une de ses collections à succès, une ligne “horsmode” de T-shirts et de basiques et Shirt, une ligne de chemises fabriquées en France. “La ligne principale est le moteur de l’entreprise, l’inspiration” explique Adrian Joffe “mais nous savons qu’elle ne s’adresse pas à tout le monde.” Son but est d’atteindre ce même équilibre dans la vie : entre travail et vie privée, l’Europe et le Japon, les impératifs du commerce et la créativité ; et le fait d’appartenir à une société qui comme il le dit “tout en brisant toutes les règles fait partie intégrante de l’industrie”. Non pas que tout cela ait été planifié. “Je pensais devenir diplomate” dit-il alors que nos premiers plats arrivent. “Ou universitaire.” Il remue sa soupe. “Je ne sais pas si je peux manger” marmonne-t-il. “Cela me rend nerveux de parler de moi.” Après tout il fait partie d’une entreprise qui a construit une partie de sa réputation sur l’opacité. Il m’indique que l’une des choses que Rei Kawakubo lui a enseignées est : “de ne jamais répondre à une question directement.” Ou plutôt, de répondre à toute question “de la manière qu’il souhaite” en d’autres termes de ne pas nécessairement répondre à la question posée. Et même si je sais que nous parlons en théorie, je marque un temps d arrêt, un morceau de betterave à mi-chemin de ma bouche. Adrian Joffe est né en Afrique du Sud en 1953 et a grandi à Johannesburg avec sa sœur aînée, Rose. Son père était pharmacien et la famille déménage à Londres quand Adrian a huit ans. Après le lycée, il fréquente l’École des études orientales et africaines et obtient son diplôme en études orientales, spécialité Tibet, mais “j’étais le seul étudiant, et quand Margaret Thatcher est 36 arrivée au pouvoir, elle a décidé que c’était inutile et le département a été fermé”. Il a pensé aller étudier en Californie, ou voyager à travers l’Inde mais a fini au Japon. “Je me suis immédiatement senti chez moi “ dit-il. Entre temps, sa sœur avait lancé sa propre entreprise de tricots, Rose Joffe, et cherchait un distributeur au Japon. Adrian Joffe a commencé à l’aider. “Je n’avais pas de vocation” dit-il en regardant sa soupe. “Alors j’ai pensé, ‘Pourquoi pas? Ai-je vraiment envie de finir professeur de tibétain dans un endroit comme Melbourne ?’ J’ai juste laissé les choses se faire. Je crois au karma”. Je lui demande, s’il avait la moindre idée de ce qu’il faisait dans l’entreprise ? “Non” répondit-il pendant que le serveur débarrasse son bol de la soupe. “Parfois, je pense que je devrais reprendre mes études et faire un MBA puis je me dis que c’est trop tard. Mais, vous savez, Rei n’a pas étudié le stylisme non plus. Je pense que parfois il est plus facile de briser les règles si vous ne les connaissez pas.” Il marque un arrêt : “Nous brisons nos propres règles tout le temps.” Avant de travailler chez ‘Comme des Garçons’, Adrian Joffe connaissait Rei Kawakubo ou du moins son travail. “J’avais l’habitude de la voir promener son chien dans la rue à Tokyo” raconte-t-il, “mais je ne lui avais jamais parlé. J’achetais aussi beaucoup de ‘Comme des Garçons’. Je dépensais tout ce que je gagnais en vêtements.” Rei Kawakubo était déjà une légende à l’époque, après avoir fait partie de “l’invasion” japonaise à la Fashion Week de Paris en 1981. Elle a eu une influence certaine dans la mode, secouant l’accent mis sur la beauté et contestant le statu-quo avec des vêtements sombres et différents. Cependant, son entreprise était presque entièrement basée au Japon, et elle savait que son développement passait par l’Europe. “Elle travaille d’abord sur la création mais aussi sur le business.Parce que sinon, ça n’a pas de sens”. ‘En 1987, un ami commun lui signale que ‘Comme des Garçons’ recherchait un directeur commercial en Europe et lui a demandé s’il était intéressé. “J’ai encore senti le karma” dit-il, et même s’il travaillait encore avec sa sœur, il a répondu oui. “Ensuite, j’ai eu à rencontrer Rei, et ils ne voulaient pas m’effrayer alors ils m’ont dit que mes propos seraient traduits. Mais, vraiment, elle n’a pas arrêtée de me jauger durant tout l’entretien” Il a obtenu le poste et s’est installé à Paris. Et devient président de la société n 1993. Bien que ‘Comme des Garçons international ‘soit devenu rentable et indépendant du siège social japonais, la symbiose entre le siège et les filiales est claire. Depuis Tokyo, Rei Kawakubo continue d’exercer un contrôle créatif sur chaque élément de son empire, avec pour directive que tout doit se faire d’une nouvelle manière. Pour Adrian Joffe à Paris cela signifie trouver “des idées d’affaires créatives”. Avant qu’il ne puisse expliquer ce que cela signifie, au moins pour ‘Comme des Garçons’, le serveur nous apporte le plat suivant ; pour lui, il se compose de trois petits raviolis, tandis que j’ai une assiette de six ou sept grandes rosettes de saumon disposées en bouquet. “C’est drôle, vous avez commandé une entrée mais elle est plus copieuse que mon plat principal.” Je reviens à notre conversation, lui demandant de m’expliquer “ces idées d’affaires créatives”. “Pour moi, dit-il en mangeant ses raviolis, c’est comment pouvons-nous vendre d’une manière différente ? Les magasins éphémères, par exemple.” Au début, entre 2004 et 2011 dans les villes où il n’y avait pas de magasins ‘Comme des Garçons’, il s’agissait d’une série de magasins éphémères auxquels Adrian Joffe “confiait” ses invendus. Il donnait aussi quelques règles : les clients ne pouvaient pas dépenser plus de 2 000 dollars par magasin, “Parfois, je pense que je devrais reprendre mes études et faire un MBA, puis je me dis que c’est trop tard. Mais, vous savez, Rei n’a pas étudié le stylisme non plus. Je pense que parfois il est plus facile de briser les règles si vous ne les connaissez pas.” parfum si nous en faisons un nouveau chaque année.” Ils ont commencé à se fréquenter en 1991 et se sont mariés en 1992 à Paris. “Je pense que les gens dans l’entreprise ont été surpris mais ils étaient aussi heureux pour nous” dit Adrian Joffe. Le couple a décidé très tôt de séparer le travail et la vie privée autant que possible, “nous sommes très strict à ce sujet”, et pas seulement pour eux. “Rei encourage tout le monde à laisser ses problèmes personnels à la maison” dit-il ajoutant que les familles des employés ont tendance à ne pas être évoquées au bureau. Adrian Joffe est basé à Paris et Rei Kawakubo à Tokyo, mais il dit qu’il va au les magasins ne devaient pas être gérés par des professionnels de la mode, et ils ne pouvaient pas exister plus d’un an. “Je n’avais vraiment rien à perdre, non ?” ditil. “J’avais ce stock inutile. Donc, si cela fonctionnait, c’était tout bon.” Cela a fonctionné en grande partie. Au total, 37 magasins, ne nécessitant pratiquement aucun investissement, ont surgi de Berlin à Singapour en passant par Reykjavik. Le concept de magasin éphémère a pris fin quand les autres ont commencé à le copier. Une autre idée créative est la “licence partielle“ pour le parfum ‘Comme des Garçons’ qui appartient au groupe de cosmétiques espagnol Puig. “Ils sont venus vers moi parce qu’ils voulaient la licence du parfum. J’ai refusé mais je leur ai proposé une licence partielle. Et ils m’ont répondu ‘cela n’existe pas’.” Adrian Joffe a donc créé deux entreprises, ‘Comme des Garçons Parfums’ qui détient les droits du deuxième parfum qu’il a créé, et ‘Comme des Garçons Parfums Parfums’ qui détient tous les autres. Il a cédé la première à Puig et maintenant “ils vendent aux grands magasins, nous vendons aux autres et cela fonctionne très bien. L’activité parfum génère un chiffre d’affaires annuel d’environ 10 millions de dollars ”. Puis il y a les Dover Street Markets, des magasins ‘Comme des Garçons’ à Tokyo, Londres et depuis le mois dernier, à New York. Contrairement aux magasins traditionnels mono-marque, DSM mêle les marques reconnues et les stylistes émergents. Le but final n’est pas tant de montrer les produits ‘Comme des Garçons ‘ que de faire partager les points de vue et les choix de la marque. Aucun DSM n’est exactement pareil, à New-York, par exemple, 2 000 m² sur sept étages proposent ‘Comme des Garçons’, Prada (pour la première fois), Thom Browne, Jil Sander et Nike ; des cabines isolées, un grand ascenseur de verre tout droit sorti de l’univers de Roald Dahl. Comme les magasins éphémères, il est bien loin des sentiers battus, sur Lexington Avenue dans un quartier de restaurants indiens pas chers. “Nous aimons l’idée du “ luxe pour pauvres” explique Adrian Joffe. “De plus, nous ne pouvons nous permettre Madison Avenue, la Cinquième ou Soho, les prix sont faramineux. C’était un ancien collège juif. Il a de l’humilité et de l’histoire. Rei dit toujours que nous ne pouvons pas nous copier nous-mêmes”. Adrian Joffe mentionne souvent sa femme et patronne dans la conversation, la citant presque comme un livre saint : “Rei dit toujours, ‘Nous avons besoin des marques de luxe , nous avons besoin de H&M [avec lequel ‘Comme des Garçons’ a collaboré en 2008], tout a un sens, même si nous n’avons pas la même manière de faire’”, “un des mots préférés de Rei est ‘sens commun’; “Rei dit que je peux faire du Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi © The Financial Times Limited [2013]. All Rights Reserved. Not to be redistributed, copied or modified in anyway. Le nouvel Economiste is solely responsible for providing this translated content and the Financial Times Limited does not accept any liability for the accuracy or quality of the translation. Japon environ 10 fois par an, et elle vient en Europe quatre ou cinq fois. “Il y a des avantages et des inconvénients,” dit-il. “Notre vie ensemble n’est jamais banale, sauf lorsque nous sommes en vacances.” Ils se parlent “environ 10 fois par jour”. Ils aiment tous deux les biographies et voyager, et sont allés ensemble en vacances en Ukraine et au Yémen. En outre, Adrian Joffe a un entraîneur personnel pour se maintenir en forme. “J’adore. C’est physique, émotionnel, multitâche, défensif, offensif…” N’est-ce pas très antibouddhiste ? “Non, je ne crois pas” répond-il en riant. “Les bouddhistes donnent toujours des grands coups sur la table quand ils débattent.” Il en fait autant pour me montrer. Un serveur nous regarde, inquiet. Adrian Joffe porte une bague Cartier en forme de clou que Rei Kawakubo lui a offerte, elle porte la même. Il dit qu’il n’y a aucun doute qu’au travail Rei Kawakubo est sa patronne et qu’il est son employé. Après tout, elle possède la quasi-totalité de l’entreprise, il dit que cela signifie aussi qu’elle supporte le “risque”. Une manière pour lui de ne pas avoir à le porter. “J’ai tendance à vouloir que les gens soient comme moi” dit-il. “Rei est très directe et a très peu de patience avec les faux compliments, ce qui a été un bon exemple pour moi.” Surtout, reconnaît-il, parce qu’une grande partie de son travail consiste à dire “non” et je n’aime pas décevoir les gens. “Les gens essaient parfois de m’utiliser pour l’atteindre mais elle le sent quand c’est le cas”. Le serveur vient prendre nos assiettes, tous les raviolis ont disparu, et nous demande si nous désirons un dessert. Adrian Joffe refuse : “Oh, non, je ne pourrais pas manger autre chose ». Mais quand je dis que je voudrais des fruits, il commande un expresso. “Vous savez” ditil “Rei aime les gens qui ont des opinions. Pas forcément les siennes. Caroline Kennedy [le nouvel ambassadeur américain au Japon] est venue à la boutique à Tokyo et Rei était très heureuse. Caroline Kennedy a son propre style, et Rei aime ça.” Alors que je mange et qu’il boit, je lui demande s’il pense que sa situation est difficile, étant tiraillé entre sa femme et ce que le monde extérieur pense d’elle. “Non, pas du tout” dit-il. “Je ne connais rien d’autre. Mais je ne peux pas imaginer travailler ailleurs, non plus”. Il s’arrête pendant que je demande l’addition puis ajoute : “mais on ne m’a jamais contacté pour me proposer autre chose.” Nous réfléchissons tous deux a cette hypothèse. Adrian Joffe rit. “Nous avons notre propre place spéciale dans le système” dit-il. “ Pouvez-vous imaginer un monde où il n’y aurait que ‘Comme des Garçons’ ? Ce serait horrible. Nous avons tous notre rôle à jouer”. Je suppose que c’est quelque chose comme une bénédiction. The Russian Tea Room 150 West 57th Street, New York, NY 10019 Express lunch, including borscht and vareniki $40.00 Beet salad $18.00 Gravlax $24.00 Bottle of still water $8.00 Bottle of sparkling water $8.00 Espresso $8.00 Total (incl tax and service) $135.41 CUBA En attendant les réformes, les Cubains redécouvrent la liberté d’expression Cuba change, pour le mieux, même si les avancées sont encore timides et risquées pour les Cubains. John Paul Rathbone, FT Les réunions de locataires des immeubles collectifs ne sont plus ce qu’elles étaient à la Havane. Il y a encore quelques années, peu de locataires participaient à ces réunions. Les résidents les avaient désertées puisque personne n’écoutait leurs doléances et que rien ne changeait jamais : l’ascenseur en panne, les coupures d’eau. Les Cubains semblaient avoir perdu tout envie de s’exprimer. Et aujourd’hui ? Cuba semble être parfois aujourd’hui un pays en débat incessant. “Dans mon immeuble, les réunions sont bondées, les discussions vont bon train, et on peut voir des gens en colère qui s’invectivent entre eux” m’a confié un habitant de La Havane. Aujourd’hui, les Cubains semblent avoir retrouvé la capacité à s’exprimer, ou tout au moins, ils n’ont plus peur de le faire. C’est un signe des temps. On a beaucoup parlé de la ‘transition’ à Cuba depuis que Raúl Castro est devenu président à la place de son frère aîné Fidel, en 2008. Que Raúl, un ancien général, soit devenu président a déjà été une grande transition en soi même, particulièrement en style de gouvernement. “Les batailles d’idées” de Fidel, et à peu près toute sa propagande creuse, ont été abandonnées. Les décisions politiques semblent moins prises sur des coups de tête. M. Castro a pris des mesures pour alléger la main de l’Etat dans l’économie. Certaines restrictions ont été levées, avec par exemple les récentes autorisations accordées permettant de voyager à l’étranger. Les relations avec les États Unis ont changé de ton. De fait, quand des universitaires cubains se rendent aux États Unis, on ne leur demande plus : que se passera-t-il quand Fidel mourra ? Maintenant, la question récurrente est : comment acheter une maison à La Havane ? On parle aussi de réforme constitutionnelle, même si c’est au sein d’un régime à parti unique. La différence la plus frappante et encourageante, cependant, constatée après avoir séjourné sur l’île chaque année depuis une décennie, est d’ordre psychologique : les Cubains ont moins peur. Certains mots ne sont plus tabous. Les allusions gestuelles à Fidel (comme se caresser une barbe imaginaire) ont laissé place à des allusions verbales directes. Les critiques constructives sont même encouragées. “Le manque d’informations, l’autocensure, et la culture inutile du secret profitent à ceux qui cherchent à nous nuire” a déclaré le Viceprésident Miguel Díaz-Canal ce mois-ci. Granma, le quotidien officiel, est d’une ligne toujours aussi empesée, mais Espacio Laical, un magazine indépendant qui publie des articles critiques, dont certains rédigés par des universitaires américano-cubains, est imprimé à 4 500 exemplaires et possède peut- être dix fois plus de lecteurs. Yoani Sanchez, la plus connue des blogueuses cubaines, blogue et tweete toujours. Ceux qui élève la voix marchent cependant sur un terrain miné. Les désaccords venus de l’intérieur des rangs sont permis, mais la dissidence reste interdite. La plupart des Cubains veulent pouvoir critiquer, mais veulent aussi garder leur emploi. Le résultat ? Pour le meilleur ou pour le pire, il est plus aisé maintenant d’avoir une conversation impromptue avec un à peu près inconnu au coin d’une rue. FT : Alors, vous êtes pour l’entreprise privée et vous pensez que Raul doit accélérer les réformes ? Un Cubain : Oui FT : Nous n’aurions jamais évoqué ces choses là il y a trois ans. Les Cubains ont moins peur ? Un Cubain : Moins peur, mais ils sont toujours craintifs. Ils vous diront ce qu’ils pensent, mais si vous sortez un magnétophone, ils se tairont . FT : Est-ce que je peux citer vos paroles ? Un Cubain : Non. Les chefs d’état sud-américains, dont la présidente du Brésil Dilma Rousseff, qui se rendront à Cuba la semaine prochaine pour un sommet régional, pourront se rendre compte par eux mêmes de certains de ces changements. Ils s’interrogeront peut-être : “Cuba est-elle vraiment engagée sur le chemin des réformes ?” Il n’existe pas de réponse courte à cette question, mais une réponse poétique pourrait être de comparer ces réformes à ces éclats de lumière brefs et hésitants produites par les lucioles que les Cubaines de la haute société cousaient dans leurs cheveux et sur leurs robes de soie avant les grands bals, à l’époque coloniale. On raconte que l’effet était ensorcelant : quelque chose de très beau s’éclairait un instant, puis la lueur s’évanouissait. Ceux qui assistaient à ce spectacle pouvaient eux même douter de l’avoir vraiment vu. Mais les lucioles s’illuminaient à nouveau, comme les réformes à Cuba. La question qui se pose aux observateurs extérieurs est : comment les encourager ? De fait, quand des universitaires cubains se rendent aux États Unis, on ne leur demande plus : que se passera-t-il quand Fidel mourra ? Maintenant, la question récurrente est : comment acheter une maison à La Havane ? Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi FINANCE Le gigantesque ‘shadow banking’ chinois sujet à questions Le secteur bancaire parallèle chinois est confronté à un test très délicat: l’ICBC, la plus grande banque du monde en matière d’actifs, dont les agences vendent des produits de placements, a refusé de cautionner un montant de 500 millions de dollars. Josh Noble, Jamil Anderlini, Sam Fleming, FT L’un des plus grands risques qu’encourt l’économie mondiale cette année est l’énorme croissance du financement mal réglementé qui s’effectue en dehors du secteur bancaire formel en Chine, et la possibilité d’un mouvement de panique autour de ces produits financiers parallèles et des sociétés qui les gèrent. Les inquiétudes à propos du secteur financier parallèle chinois s’étendent bien au-delà de la Chine. Paul Tucker, un ancien gouverneur-adjoint de la Banque d’Angleterre, admettait cette semaine que les institutions mondiales de régulation des marchés ont du mal à suivre le rythme du changement du secteur non bancaire, “en constant mouvement”. Il a mis en garde contre une “vigueur défaillante” de la surveillance des marchés. En Chine, les fonds de placement et autres produits de gestion de patrimoine sont devenus une source vitale de financement hors-bilan, et comptent pour près du tiers du crédit dans la deuxième économie mondiale, contre moins d’un quart en 2012. Beaucoup d’experts ont mis en garde contre les risques systémiques créés par ces produits, y compris le conseil d’État chinois et le cabinet du gouvernement. Les fonds sont souvent investis dans les secteurs les plus en difficultés de l’économie chinoise. Ils ont été pris d’assaut par les petits investisseurs à la recherche de meilleurs rendements que ceux offerts par l’épargne bancaire. La plupart de ces produits de gestion de patrimoine sont vendus avec un minimum de garantie bancaire, ce qui conduit de nombreux investisseurs à croire que les produits sont sans risque, malgré le rendement élevé souvent promis. Mais, dans une décision sans précédent, l’ICBC a déclaré qu’elle ne cautionnerait pas les 3 milliards de yens (495 millions de dollars) de produits d’investissement vendus par son réseau en 2010. Le fonds arrive à échéance à la fin du mois. Zhang Zhiwei, économiste chargé de la Chine chez Nomura, déclarait qu’un défaut de paiement du secteur bancaire parallèle chinois pourrait déclencher un effet domino dans le système financier. “Dans le passé, nous avons eu plusieurs exemples de sociétés fiduciaires renflouant des investisseurs. Je ne pense pas que nous avons eu une situation où les investisseurs ont perdu de l’argent” a dit M. Zhang. “Je pense que ça va changer la position de certains investisseurs en ce qui concerne le risque potentiel du crédit, et compromettra la reconduite d’un grand nombre de ces produits fiduciaires.” Dans un article publié par la Brookings Institution, M. Tucker estimait que les régulateurs devaient faire preuve d’une plus grande flexibilité pour faire face à “l’arbitrage réglementaire endémique et à la dynamique changeante de la finance”, faisant allusion aux problèmes des économies tant émergentes qu’avancées. Le système bancaire parallèle mondial pèse 71,2 trillions de dollars selon le Conseil de stabilité financière, qui estime qu’en Chine il dépasse 2,1 trillions de dollars. Le produit qu’ICBC refuse de garantir offre un rendement de 10% alors que le taux de référence des dépôts est de seulement 3 %. 37 Annonces légales & judiciaires Vie juridique, avis judiciaires, appel d’offres Le nouvel Economiste a été habilité pour la période du 1er janvier au 31 décembre 2014 publicateur officiel de toutes annonces judiciaires et légales en matière de procédure civile et de commerce, ainsi que les actes de société, pour les départements de Paris (Arrêté préfectoral 2013358-0008 du 24/12/2013), de l’Essonne (Arrêté préfectoral 2013-PREF/DCSIPC/BAGP n°137 du 17/12/2013), des Hauts-de-Seine (Arrêté préfectoral CAB/SDCI N°2013-589 du 18/12/2013), de Seine-Saint-Denis (Arrêté préfectoral N°2013-3372 du 26/12/2013) et du Val-deMarne (Arrêté préfectoral N°2013-3819 du 30/12/2013). Tarifs des annonces légales : 75 - Paris : 5,49 € H.T. la ligne, 91 - Essonne : 5,12 € H.T. la ligne, 92 - Hauts-de-Seine : 5,49 € H.T. la ligne, 93 - Seine-SaintDenis : 5,49 € H.T. la ligne, 94 - Val-de-Marne : 5,49 € H.T. la ligne. Ligne de 40 caractères. Les surfaces consacrées aux titres, sous-titres, filets, paragraphes, alinéas sont définies par arrêtés d’habilitation. Paris Rectificatif Rectificatif à l’annonce parue le 17/01/2014 concernant la société «KAP 01”, il y avait lieu de lire la date de dissolution au 29/11/2013 et non pas au 29/10/2013. AL1699/0114/8359 Rectificatif à l’annonce parue le 17/01/2014 concernant la société «LOGISER”, il y avait lieu de lire la date de dissolution au 29/11/2013 et non pas au 29/10/2013. AL1699/0114/8360 Constitution Par acte SSP en date du 21/01/2014, il a été constitué une SASU dénommée: SYNAPLUS SOLUTIONS Siège social : 46 rue du Montparnasse 75014 PARIS Capital Mini : 300 € Capital : 3 000 € Capital Maxi : 1 000 000 € Objet : Programmation, conseil en logiciels et systèmes informatiques, édition de logiciels. Président : M Charles-antoine GIULIANI, 46, rue du Montparnasse 75014 PARIS Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS AL1699/0114/8362 AVIS DE CONSTITUTION Aux termes d’un acte SSP en date à PARIS du 21/01/2014, il a été constitué une société présentant les caractéristiques suivantes : Forme : SAS Dénomination : FRANCE MOVING SOLUTIONS Sigle : FM SOLUTIONS Siège : 4 rue Villebois Mareuil, 75017 PARIS Durée : 99 ans Capital : 10.000 € Objet : Commissionnaire de transport, dédouanement ;aide et accompagnement de toute personne dans toutes démarches et formalités administratives, conseil dans le traitement administratif des dossiers, gestion documentaire, rôle d’intermédiaire avec tout interlocuteur dans le cadre de cette assistance, aide à l’organisation d’un déménagement notamment calcul des volumes ou poids des marchandises à déménager Exercice du droit de vote : Tout associé peut participer aux décisions collectives sur justification de son identité et de l’inscription en compte de ses actions au jour de la décision collective. Sous réserve des dispositions légales, chaque associé dispose d’autant de voix qu’il possède ou représente d’actions. Transmission des actions : La cession des actions de l’associé unique est libre. Président : Mme Christine POILANE, demeurant 4 rue Villebois Mareuil, 75017 PARIS. La Société sera immatriculée au RCS de PARIS. POUR AVIS. La Présidente FR1699/0114/1097 Par acte SSP en date du 22/01/2014, il a été constitué une SAS dénommée: YUJ - YOGA WITH STYLE Siège social : 58 avenue Foche 75116 PARIS Capital : 40.000 € Objet : La société a pour objet, directement ou indirectement tant en France qu’à l’étranger : de concevoir, créer, faire produire, promouvoir commercialiser et distribuer des vêtements, accessoires et l’exploitation et la promotion du site Internet de vente en ligne Président : Mme Hélène DUVAL, 179 38 rue de la Pompe - 75116 PARIS Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS AL1699/0114/8365 Par acte SSP du 16 janvier 2014, il a été constitué une Société civile dénommée : SCI PROPERTIES Objet social : Acquisition, gestion et plus généralement, exploitation par bail, location ou autrement, de tous biens ou droits immobiliers à quelque endroit qu’ils se trouvent. Prise de participation dans toutes sociétés immobilières. Siège social : 3 avenue Hoche - 75008 PARIS Capital : 100 € Gérant : La SA FONCIERE VINDI, au capital de 2.174.944,09 euros sise 3 avenue Hoche 75008 PARIS (RCS PARIS 438 400 723). Durée : 99 ans à compter de son immatriculation au RCS de PARIS. FR1699/0114/1099 Par acte SSP en date du 23/01/2014, il a été constitué une SAS dénommée: LA FRENCH TOUCH EVENTS Siège social : 58 avenue Foch - 75116 PARIS Capital : 10.000 € Objet : Conception, organisation et gestion d’évènements. Président : M. Gaël DUVAL, 179 rue de la Pompe - 75116 PARIS Directeur général : M. Gaël DUVAL, 179 rue de la Pompe - 75116 PARIS Admission aux Assemblées : Chaque Associé a le droit de participer aux décisions collectives par lui-même ou par son mandataire. Exercice du droit de vote : Chaque action donne droit à une voix. Le droit de vote attaché aux actions est proportionnel au capital qu’elles représentent. Transmission des actions : les actions ne peuvent être transférées entre Associés qu’avec l’agrément préalable du Président de la société, lequel doit apprécier si le transfert envisagé est conforme à l’intérêt social. Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS AL1699/0114/8367 Par acte SSP en date du 16/01/2014, il a été constitué une SAS dénommée: 4C Siège social : 75 avenue Ledru Rollin 75012 PARIS Capital : 50.000 € Objet : Conseils en marketing communication et stratégie. Président : Mme DARMON Charlene, 29 rue du Château - 92200 NEUILLY SUR SEINE Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS AL1699/0114/8378 Office Notarial du Vésinet (Yvelines) Membre du groupe Althémis 75 rue Henri Cloppet 78110 LE VESINET Par acte SSP en date du 21/01/2014, il a été constitué une Société Civile dénommée: ANNETON Siège social : 49 rue Vaneau - 75007 PARIS Capital : 2.400 € divisé en 2.400 parts de 1 € chacune Objet : L’acquisition, la détention, la construction, la propriété, l’administration et la gestion, par tous moyens directs ou indirects, de tous droits et biens immobiliers et mobiliers. Gérant : Mme Anne TRECA, Via Sabotino 12 - 00195 ROME (ITALIE) Agrément : cession libre entre associés et descendants, agrément du gérant dans les autres cas. Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS Par acte SSP du 27/01/2014, il a été constitué une EURL dénommée: Par acte SSP du 01/10/2013, il a été constitué une SARL dénommée: Siège social : 8 Rue Emile Deslandres 75013 PARIS Capital : 1.000 € Objet : Conseil en organisation et système d’information. Gérance : Mme Katia DE LA RUA, 8 rue Emile Deslandres - 75013 PARIS. Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS Siège social : 3 rue Joseph Granier 75007 PARIS Capital : 1.000 € Objet : Ingénierie et promotion immobilière et activités connexes. Gérant : M. Rémy AUBERGEON , 3 rue Joseph Granier - 75007 PARIS Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS AL1699/0114/8412 AL1699/0114/8439 KADELA CONSEIL Par acte SSP du 26/01/2014, il a été constitué une SARL dénommée: BJD REINSURANCE CONSULTING SARL Sigle : BJD Re Siège social : 55 avenue Marceau 75116 PARIS Capital : 1.000 € Objet : Conseil et intermédiation de services aux entreprises en assurance et réassurance, courtage en assurance et réassurance, analyses et études techniques, formation, conférences. Gérance : M. Dumitrescu Bogdan J., 12 rue Petel - 75015 PARIS. Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS AL1699/0114/8415 Avis est donné de la constitution pour une durée de 99 ans de la société BDR INGEHA Modification LETTERBOX S.A.S.U. au capital de 37.000 € Siège social : 12 rue du Colonel Oudot 75012 PARIS RCS PARIS 328 847 314 Aux termes d’une décision de l’associé unique en date du 16/12/2013, il a été décidé de transférer le siège social de PARIS (75012), 12 rue du Colonel Oudot, à BOULOGNE-BILLANCOURT (92100) 2bis, Avenue Desfeux, à compter du 8 janvier 2014 et de modifier en conséquence l’article 4 des statuts. La société sera désormais immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de NANTERRE. Pour avis AL1699/0114/8354 BUKI FRANCE SARL au capital de 8.000 € Siège social : 51 rue du Rocher 75008 PARIS 387 791 528 RCS PARIS SARL à Associé Unique au capital de 2.500 € Siège social : 26 rue Damrémont - 75018 PARIS. Objet social : l’activité de ramonage sur tous types de cheminées et de conduits. Gérant : PINTIAUX Julien, demeurant 26, rue Damrémont - 75018 PARIS. La société sera immatriculée au RCS de PARIS. Suivant délibérations de l’A.G.O en date du 21/01/2014, il a été décidé de nommer en qualité de co-gérant, Daniel LEVY, demeurant 11 rue Hahousha 43613 RAANANA (ISRAËL). AL1699/0114/8420 AL1699/0114/8373 Par acte SSP en date du 20/01/2014, il a été constitué une SAS dénommée: YOUINVEST CONSEIL Siège social : 66 avenue des Champs Elysées - Bureau 41 - 75008 PARIS Capital : 5.000 € Objet : Courtage en opérations de banque et en services de paiement en faveur des associations et entreprises. Président : M Thomas FALIGOT DE LA BOUVRIE, 69 rue Boursault - 75017 PARIS Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS AL1699/0114/8423 Par acte SSP en date du 27/01/2014, il a été constitué une SASU dénommée: LATIN EXPAT Siège social : 23/25 Rue Jean Jacques Rousseau - 75001 PARIS Capital : 500 € Objet : L’aide à la mobilité internationale. son but est de recueillir, développer et de maintenir des informations utiles pour les personnes intéressées par l’expatriation en amerique du sud. Président : M Carlos Andres ARANGO QUESADA, 69 rue Boursault - 75017 PARIS Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS PARINOV SARL au capital de 5.000 € Siège social : 21 rue Sainte Isaure 75018 PARIS 797 745 395 RCS PARIS Aux termes de l’AGE du 30/12/2013 il a été décidé de transférer le siège social de la société à compter du 30/12/2013 et de modifier l’article 4 des statuts en conséquence. Ancienne mention : 21 rue Sainte Isaure - 75018 PARIS. Nouvelle mention : 4 avenue du Général Dodds - 75012 PARIS. Pour avis. AL1699/0114/8375 REI INFORMATIQUE SARL au capital de 156.176 € Siège social : 116 rue du Charenton 75012 PARIS 400 628 202 RCS PARIS Le 30/12/2013, l’AGE a décidé de modifier le capital social de 156.176 € afin de porter ce dernier à 191.376 €. Mention au RCS de PARIS AL1699/0114/8431 SAS Boursedescredits.com SASU au capital de 100.000 € Siège social : 12 rue de la Bourse 75002 PARIS 539 924 449 RCS PARIS Suivant une décision extraordinaire de l’actionnaire unique du 01/01/2014, il résulte qu’à compter du 01/01/2014 M. Arsalain El Kessir a démissionné de ses fonctions de président et a été nommée en qualité de présidente: MAÏA CAPITAL, SARL au capital de 100.000 € dont le siège est 12 rue de la Bourse - 75002 PARIS, immatriculée au RCS PARIS sous le n°793 230 343 et représentée par son gérant M. Arsalain ElKessir et ont été nommés pour une durée de 6 exercices, à compter de l’exercice qui s’est ouvert le 23/02/2012 la SAS MABILEAU NICOLEAU PINEL AUDIT (MNP AUDIT) exerçant au 2 place de l’Eglise - 44840 LES SORINIÈRES en qualité de cac titulaire et M. Hervé Mabileau exerçant au 2 place de l’Eglise - 44840 LES SORINIÈRES en qualité de cac suppléant. La durée de leurs fonctions expirera à l’issue de l’AG annuelle qui statuera sur les comptes de l’exercice clos au 31/12/2018. Dépôt légal RCS PARIS. Pour avis le président. AL1699/0114/8358 DEGEST CONSEIL GESTION FINANCIERE SARL au capital de 7.623 € Siège social : 11-13 avenue de Friedland - 75008 PARIS 435 320 494 RCS PARIS Suivant une AGE du 15/01/2014, le siège a été transféré, à compter de ce jour, du 11-13 avenue de Friedland 75008 PARIS, au 20 allée des Magnolias 44500 LA BAULE. Article 4 des statuts a été modifié. Dépôt légal RCS PARIS et SAINT NAZAIRE. Pour avis, le représentant légal. AL1699/0114/8361 MEDICAL EDUCATION GLOBAL SOLUTIONS SA au capital de 44.000 € Siège social : 75 rue Guy Moquet 92240 MALAKOFF 415 022 292 RCS NANTERRE Aux termes de l’AGE du 27/12/2013 de la société MEDICAL EDUCATION GLOBAL SOLUTIONS, SA au capitalde 44.000 €, siège social : 75 rue Guy Moquet - 92240 MALAKOFF, 415 022 292 RCS NANTERRE. Il a été décidé de transférer le siège social de la société à compter du 27/12/2013 et de modifier l’article 4 des statuts en conséquence. Ancienne mention : 75, rue Guy Moquet - 92240 MALAKOFF. Nouvelle mention : 27-29 rue Raffet 75016 PARIS. Personne(s) ayant le pouvoir général d’engager la société : Président Directeur Général : M. Eric-Jean DESBOIS, 16 impasse Désirée - 92320 CHATILLON. La société sera radiée du RCS de NANTERRE et immatriculée au RCS de PARIS. Pour avis. AL1699/0114/8368 AL1699/0114/8425 Par acte SSP en date du 27/01/2014, il a été constitué une SAS dénommée: WALRUS Siège social : 34ter Rue de Dunkerque 75010 PARIS Capital : 30.000 € Objet : Achat, vente de produits culturels. edition, production, promotion, distribution d’oeuvres phonographiques. promotion d’artistes. organisation actions événementielles. Bar, débit de boissons. Président : Mme Julie DAVID, 38 rue des Abbesses - 75018 PARIS Directeur Général : M Stéphane LAVALLEE, 7 rue Ebelmen - 75012 PARIS Admission aux assemblées et droits de vote : Tout Actionnaire est convoqué aux Assemblées. Chaque action donne droit à une voix. Clauses d’agréments : Cession soumise à agrément même entre Associés. Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS AL1699/0114/8433 AL1699/0114/8389 Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Annonces légales & judiciaires Vie juridique, avis judiciaires, appel d’offres ARTGENCY SARL au capital de 5.000 € Siège social : 6 rue John Lennon 95370 MONTIGNY LES CORMEILLES 492 768 791 RCS PONTOISE En date du 21/01/2014, le gérant a décidé de transférer le siège social de la société au 82 rue Folie Mericourt - 75011 PARIS, à compter du 21/01/2014. Gérant : Mohamed GASTLI, 82 rue Folie Méricourt 75011 PARIS. Radiation du RCS de PONTOISE et réimmatriculation dans le RCS de PARIS. AL1699/0114/8363 CBM SARL AU CAPITAL DE 50.000 € Siège social : 63-65 boulevard Massena - 75013 PARIS 531 402 386 RCS PARIS L’AGE du 01/01/2014 a décidé : - la transformation de la société en SAS - de nommer Président M. Sandrino TESTA (ancien gérant) et Directeur Général M. Thierry LEGAUD, 26 Avenue du chemin des Presles - 94410 SAINT MAURICE. Le reste demeure inchangé. Modification au RCS de PARIS AL1699/0114/8379 IBA FORMATIC SASU au capital de 2.000 € Siège social : 27 rue Saint Maur 75011 PARIS 538 418 856 RCS PARIS Aux termes d’une délibération en date du 01/01/2014, l’associé unique a décidé de transférer le siège du 27 rue Saint Maur - 75011 PARIS, au 66 rue Crozatier - 75012 PARIS à compter de ce jour et de modifier en conséquence l’article 4 des statuts. Dépôt légal RCS PARIS. Pour avis, le représentant légal. AL1699/0114/8382 NKPRO SARL au capital de 1.000 € Siège social : 59 rue des Petits Champs - 75001 PARIS 750 412 470 RCS PARIS Suivanl procès-verbal en date du 30/12/2013. I’assoclé unique a décidé : - d’augmenter le capital de 9.000 € pour le porter à la somme de 10.000 € - de modifier l’objet social qui devient: achat, pose, réparation, revente, négoce, import-export de fermetures, portes, fenêtres, huisseries, et matériels accessoires se raportant à cette activité. Modification au RCS de PARIS AL1699/0114/8385 DLY CONSEIL SARL à Associé Unique au capital de 1.000 € Siège social : 15 rue Paul Bert 75011 PARIS 529 661 670 RCS PARIS Suivant décisions de l’Associé Unique en date du 10/01/2014, il a été décidé de transférer le siège social au 4 rue Botzaris - 75019 PARIS, à compter du 13/01/2014. AL1699/0114/8387 GREEN HOLDING SAS Unipersonnelle au capital de 1€ Siège social : 5 rue Paul Cézanne 75008 PARIS 799 640 131 RCS PARIS Suivant décisions de l’Associé Unique en date du 23/01/2014, il a été décidé d’augmenter le capital social d’un montant de 5.382.183 € afin de porter ce dernier de 1 € à 5.382.184 €. Le capital social ressort désormais à 5.382.184 €. AL1699/0114/8388 E-MOTION PARTNERS SARL au capital de 7.500 € Siège social : 1 rue des Feuillantines 75005 PARIS 793 039 140 RCS PARIS L’AGE du 09/12/2013 a pris acte de la fin de fonction de Mme Muriel ALLEMAND en qualité de Co-gérant, à compter du 01/01/2014, et décidé de transfèrer le siège au 39 boulevard de la Liberté - 92320 CHATILLON à compter du 01/01/2014. Radiation au RCS de PARIS et ré-immatriculation au RCS de NANTERRE AL1699/0114/8390 INGOLD SARL au capital de 5.000 € Siège social : 24-26 rue Ballu 75009 PARIS 797 859 923 RCS PARIS Le 18 décembre 2013, l’Associé unique a nommé Gérant, à compter du 31 décembre 2013, M. Alexander KLAFSKY demeurant Palais Kinsky, Freyung 4/12, A-1010 VIENNE (Autriche) en remplacement de M Philippe REY. FR1699/0114/1102 TARGON SARL au capital de 5.000 € Siège social : 24-26 rue Ballu 75009 PARIS 797 853 272 RCS PARIS Le 18 décembre 2013, l’Associé Unique a nommé Gérant, à compter du 31 décembre 2013, M. Alexander KLAFSKY demeurant Palais Kinsky, Freyung 4/12, A-1010 VIENNE (Autriche) en remplacement de M Philippe REY. FR1699/0114/1103 L’ATELIER DE MARCEL SARL au capital de 1 € Siège social : 66 avenue des Champs Elysées - 75008 PARIS 532 512 134 RCS PARIS Suivant délibérations de l’Assemblée Générale Mixte en date du 23/01/2014, il a été décidé d’une part, de nommer en qualité de gérant, Philippe GREFFIER, demeurant 27 rue Saint Louis en l’Ile - 75004 PARIS, en lieu et place de Bruno LE BOURJOIS, démissionnaire, et d’autre part d’augmenter le capital social, d’un montant de 7.999 € pour le porter de 1 € à 8.000 €. Le capital social ressort désormais à 8.000 € AL1699/0114/8413 BUREAU DE CREATION SARL au capital de 85.030 € Siège social : 38 rue Ulbach 92400 COURBEVOIE 428 117 691 RCS NANTERRE Suivant décisions de l’Associé Unique en date du 14/01/2014, il a été décidé de transférer le siège social au 5 avenue Bertie Albrecht - 75008 PARIS. La société sera ré-immatriculée au RCS de PARIS. AL1699/0114/8421 EOCENE SARL au capital de 7 650 € Siège social : 2 bis rue de Sevigne 59100 ROUBAIX 432 949 709 RCS PARIS l’AGE du 02/01/2014 transfère le siège au 53 rue de Tolbiac - 75013 PARIS. Gérant : M Hugues LEPOUTERE, 53 rue de Tolbiac - 75013 PARIS. Immatriculation au RCS PARIS AL1699/0114/8434 RESULTEM SASU à capital variable au capital de 40.000 € Siège social : 140 rue Saint Charles 75015 PARIS 790 960 835 RCS PARIS L’AGO du 03/01/2014, a décidé de nommer en qualité de nouveau Président, Mme Gilberte GINTRAC, 6 Darthus - 33330 VIGNONET, pour une durée indéterminée en remplacement de M Jean-Pierre GINTRAC pour cause de démission. Mention au RCS de PARIS. AL1699/0114/8442 Dissolution SOCIETE CIVILE IMMOBILIERE ALDOX SCI au capital de 1.524,49 € Siège social : 23 Rue Oudinot 75007 PARIS 419 874 706 RCS PARIS L’AGE des associés réunie le 06/01/2014 a, à compter du même jour: - décidé la dissolution anticipée de la Société et sa mise en liquidation amiable conformément aux dispositions statutaires et à l’article 1844-7 et suivants du Code Civil, - modifié corrélativement l’article 5 des statuts, - nommé en qualité de liquidateur M. Jean-François MOLAY, 23 Rue Oudinot - 75007 PARIS, pour toute la durée de la liquidation avec les pouvoirs les plus étendus pour procéder aux opérations de liquidation, réaliser l’actif, acquitter le passif et l’a autorisé à continuer les affaires en cours et à en engager de nouvelles pour les besoins de la liquidation. La correspondance, les actes et documents concernant la liquidation doivent être adressés et notifiés au 23 Rue Oudinot - 75007 PARIS, siège de la liquidation. Les actes et pièces relatifs à la liquidation seront déposés au Greffe du Tribunal de Commerce de PARIS en annexe au RCS. Pour avis, le Liquidateur. AL1699/0114/8255 Liquidation WEBOTO SARL SARL au capital de 8.000 € Siège social : 10 rue Pergolèse 75016 PARIS 494 043 474 RCS PARIS Le 18 janvier 2014, l’AGE a constaté, à compter du 31 décembre 2013, la clôture des opérations de liquidation. FR1699/0114/1105 CANTOR SARL à capital variable au capital minimum de 100 € Siège social : 13 rue Raymond Losserand - 75014 PARIS 484 646 500 RCS PARIS 1/ L’Assemblée Générale Mixte en date du 30/09/2013, a décidé de dissoudre la société et de la mettre en liquidation amiable. Olivier WEILLHEBERT, demeurant 5 rue Borgnis Desbordes - 78000 VERSAILLES, a été nommé Liquidateur. Le siège de liquidation a été fixé à l’adresse du siège social. 2/ L’A.G.O en date du 31/10/2013, a approuvé le compte définitif de liquidation, donné quitus et entière décharge au mandat du Liquidateur et prononcé la clôture de liquidation. La société sera radiée du RCS de PARIS. AL1699/0114/8416 Dissolution Clôture SOCIETE CIVILE IMMOBILIERE ALDOX SCI au capital de 1.524,49 € Siège social : 23 Rue Oudinot 75007 PARIS 419 874 706 RCS PARIS Par AGO du 16/01/2014, les associés ont approuvé les comptes définitifs de liquidation, donné quitus de sa gestion et décharge de son mandat de liquidateur à M. Jean-François MOLAY et constaté la clôture de la liquidation à compter dudit jour. Les comptes définitifs du liquidateur seront déposés au Greffe du Tribunal de Commerce de PARIS. Pour avis, le Liquidateur. AL1699/0114/8256 Essonne Rectificatif Rectificatif à l’annonce parue le 24/01/2014, concernant la société N&F VOYAGES, il y avait lieu de lire : Par acte SSP du 14/01/2014. AL1699/0114/8407 Constitution Par acte SSP du 18/11/2013, il a été constitué une SARL dénommée: MALINE Siège social : 32 rue de Chartres 91410 DOURDAN Capital : 3.000 € Objet : Vente en détail, en boutique et sur internet, d’habillement et accessoires, de décorations de la maison, quincailleries et articles de maroquinerie. Représentation de sociétés chinoises travaillant dans le domaine précisé ci-dessus pour la vente en Europe. Représentation de société européenne travaillant dans le domaine précisé ci-dessus pour la vente en Chine. Gérance : Mlle Annick BILLEROT, 2 place de la Forge - 91410 DOURDAN Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS d’EVRY AL1699/0114/8410 Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Par acte SSP du 30/01/2014, il a été constitué une SASU à capital variable dénommée : ARH-MED TECHNOLOGY Siège social : 3 rue Auguste Rodin 91120 PALAISEAU Capital minimum : 1.000 € Capital : 10.000 € Objet : L’import, l’export, l’achat et la vente de produits télécom, électronique, domotique, énergie renouvelable, articles divers (bijoux fantaisies, accessoires de modes, jeux, articles textiles, cigarettes électroniques et ses consommables). Vente par correspondance et par internet. Gérant : M Dinh richard HOANG, 3 rue Auguste Rodin - 91120 PALAISEAU. Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de EVRY L’AGE a décidé, le 20/12/2013, la dissolution anticipée de la société, à compter du 31/12/2013, désigné en qualité de liquidateur M. Hamad LTAIEF, 33 rue Francoeur - 91170 VIRYCHATILLON et fixé le siège de liquidation et l’adresse de correspondance au siège social de la société. Mention au RCS d’EVRY. RICHARDSON INTERNATIONAL AL1699/0114/8418 Avis est donné de la constitution pour une durée de 99 ans de la société KICHASYGI SCI au capital de 1.000 € Siège social : 102, rue du Grand Maury - 91280 SAINT PIERRE DU PERRAY. Objet social : L’acquisition, l’administration et la gestion par location ou autrement de tous immeubles et biens immobiliers. Agrément : les cessions de parts sont libres entre Associés et au profit du conjoint, des ascendants ou descendants du cédant. Gérant : THUAULT Gilles, demeurant 102, rue du Grand Maury - 91280 SAINT PIERRE DU PERRAY. La société sera immatriculée au RCS d’EVRY. AL1699/0114/8435 Par acte SSP en date du 24/01/2014 à VILLEMOISSON-SUR-ORGE, il a été constitué une SARL à associé unique dénommée: BI SMART DECISION Siège social : 22 allée des Robiniers « Résidence les Robiniers » - 91360 VILLEMOISSON-SUR-ORGE Capital : 3.000 € Objet : Le management dans ledomaine de l’information, l’accompagnement au changement, la réalisation de Reporting et Training dans ledomaine de la Business Intelligence. Gérant : M Yves MARTY, 22 allée des Robiniers - « Résidence les Robiniers » 91360 VILLEMOISSON-SUR-ORGE. Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS d’EVRY AL1699/0114/8437 Modification SPM - SERVICE PLATEFORME MONETIQUE SARL au capital de 12.000 € Siège social : 10 quai de la Borde Bat c2 - 91130 RIS ORANGIS 447 702 044 RCS EVRY l’AGE du 20/01/2014 transfère le siège au 8 rue condorcet Zac des Radars - 91350 GRIGNY à compter du 27/01/2014. Modification au RCS EVRY AL1699/0114/8357 PILEJOB SARL au capital de 25.000 € Siège social : 12 rue Charles de Gaulle - Bâtiment b2 - 91400 ORSAY 797 637 394 RCS EVRY l’AGE du 20/01/2014 transfère le siège au 19 rue de Madrid - 91190 GIF SUR YVETTE à compter du 31/01/2014. Modification au RCS EVRY AL1699/0114/8440 Dissolution NORIA-INSERTION EURL au capital de 10.000 € Siège social : 2 rue des écoles 91800 BRUNOY 513 848 226 RCS EVRY L’AGE, en date du 15/01/2014, a décidé de la dissolution anticipée de la société et sa mise en liquidation amiable à compter du 31/12/2013, nommé en qualité de liquidateur M. Idriss BENNANI, 2 rue des écoles - 91800 BRUNOY. Le siège de liquidation a été fixé au siège social, adresse à laquelle toute correspondance devra être envoyée, et, actes et documents relatifs à la liquidation devront être notifiés. Mention au RCS de EVRY. SARL au capital de 100 € Siège social : 33 rue Francoeur 91170 VIRY-CHATILLON 523 182 129 RCS EVRY AL1699/0114/8409 Liquidation MEDIA ISF 2010 S.A. au capital de 37.000 € Siège social : 1 rue Robert et Sonia Delaunay 75011 PARIS 521 991 968 RCS PARIS 1/ L’.A.G.E en date du 30/11/2013 à 10h, a été décidé de dissoudre la société et de la mettre en liquidation amiable. Jacques LEUGER, demeurant 27 rue du général Delestraint 75016 PARIS, a été nommé Liquidateur. Le siège de liquidation a été fixé à l’adresse du liquidateur. 2/ L’A.G.E. en date du 30/11/2013 à 14h, il a été constaté la fin des opérations de liquidation, donné quitus et entière décharge au mandat du liquidateur et donc prononcé la clôture de liquidation. La société sera radiée du RCS de PARIS. AL1699/0114/8376 Hauts-de-Seine Constitution Avis est donné de la constitution d’une SAS dénommée: PHILIPPE SAUL CONSEIL Siège social : 24 rue Champ Chardon 92130 ISSY LES MOULINEAUX Capital : 2.000 € Objet : Conseil en management Président : M. Saül Philippe, 24 rue Champ Chardon - 92130 ISSY LES MOULINEAUX Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de NANTERRE AL1699/0114/8351 Par acte SSP à Clichy en date du 17/01/2014, il a été constitué une SASU dénommée: MCC MARKETING ET INNOVATIONS Siège social : 68 bis rue Henri Barbusse - 92110 CLICHY Capital : 1.000 € Objet : Prestations de services, conseils, support et formation en matière notamment de communication, marketing, prospection et stratégie commerciale, gestion partenariat… création, développement et commercialisation logiciels, applications et tous accessoires, revente service en relation avec marketing mobile et on-line (incluant mais non limité au transport et la terminaison de sms, développement et déploiement d’applications Smartphone, Portail Web de vente ou revente de sms,Push notification) Président : M. Christophe COLLIER, 68 bis rue Henri Barbusse - 92110 CLICHY Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de NANTERRE AL1699/0114/8352 Avis est donné de la constitution pour une durée de 99 ans de la société SCI 65 RUE DU CHATEAU Société Civile au capital de 540.000 € Siège social : 65, rue du Château 92100 BOULOGNE BILLANCOURT. Objet social : l’acquisition et la gestion de tout immeuble ou de droits portant sur des immeubles. Agrément : les parts sociales sont librement cessibles entre Associés. Gérants : Michaël MOYAL, demeurant 7/9, Boulevard Flandrin - 75116 PARIS et Alexandre KORN, demeurant 7/9, boulevard Flandrin - 75116 PARIS. La société sera immatriculée au RCS de NANTERRE. AL1699/0114/8370 AL1699/0114/8355 39 Annonces légales & judiciaires Vie juridique, avis judiciaires, appel d’offres Avis est donné de la constitution pour une durée de 99 ans de la société SCI BENITOBOREK SCI au capital de 400 € Siège social : 188 bis rue Gabriel Péri - 92700 COLOMBES. Objet social : l’acquisition, l’exploitation par bail, location ou autrement de tous immeubles. Agrément : les cessions sont libres entre Associés. Gérant : Franck BENITO, demeurant 25 quai de l’Oise - 95290 L’ISLE ADAM. La société sera immatriculée au RCS de NANTERRE. AL1699/0114/8374 Par acte SSP du 09/12/2013, il a été constitué une SARL à capital variable dénommée: IMMO G FINANCE Siège social : 183 Avenue du Roule 92200 NEUILLY SUR SEINE Capital minimum : 1.000 € Capital : 1.000 € Objet : Courtage d’assurance. Gérant : M Stéphane CHERFI, 63 avenue Foch 78400 CHATOU et M JeanMichel CIUCH, 18 rue Duret - 75116 PARIS Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de NANTERRE AL1699/0114/8383 Par acte SSP du 21 janvier 2014, il a été constitué une Société civile dénommée : SCI MAEVAD Objet social : Acquisition, propriété, administration et exploitation par tous moyens de biens immobiliers à usage de bureaux, d’habitation, d’entrepôts ou d’activité, afin de vendre ou de conserver et de louer tout ou partie de ces biens. Transformation, aménagement de tous immeubles et locaux dont elle est propriétaire, édification de toute construction. Siège social : 18 rue Hippolyte BISSON 92500 - RUEIL MALMAISON Capital : 2.100 € Gérant : Mr Matthieu DUBUC demeurant 18 rue Hippolyte BISSON - 92500 RUEIL MALMAISON Durée : 99 ans à compter de son immatriculation au RCS de NANTERRE. FR1699/0114/1104 Par acte SSP du 03/12/2013, il a été constitué une EURL dénommée: SB EDEN Siège social : 138 rue Jean Jaures 92800 PUTEAUX Capital : 4.000 € Objet : Peinture revêtement de sols Gérance : M. Robert WAWROWSKI, 138 rue Jean Jaures - 92800 PUTEAUX. Durée :99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de NANTERRE AL1699/0114/8428 Par acte SSP en date du 28/01/2014, il a été constitué une SAS dénommée: PLAY OFF EVENTS Siège social : 5 rue du Général Lanrezac - 92200 NEUILLY SUR SEINE Capital : 10.000 € Objet : La création, la réalisation et l’organisation d’événements sportifs. Président : Mme Patricia BROUCK, 5 rue du Général Lanrezac - 92200 NEUILLY SUR SEINE Directeur Général : M Armando Jorge DE OLIVEIRA DA SILVA SANTOS, 16 avenue de l’Hôpital - 06220 VALLAURIS Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de NANTERRE AL1699/0114/8438 Modification COSTA COSTA TOURS SAS au capital de 37.000 € Siège social : Tour Manhattan 5-6 place de l’Iris 92400 COURBEVOIE 399 426 188 RCS NANTERRE Le 13 décembre 2013, l’Associé Unique à décidé de porter le capital social à 186.998 euros par émission d’actions nouvelles. Le 23 décembre 2013, l’Associé Unique a : 1°) Constaté la réalisation de l’augmentation de capital portant celui-ci à 186.998 euros. 2°) Décidé de réduire le capital social pour le ramener à 101.232 euros par échange d’actions. FR1699/0114/1109 40 LETTERBOX SASU au capital de 37.000 € Ancien siège social : 12 rue du Colonel Oudot - 75012 PARIS Nouveau siège social : 2bis Avenue Desfeux - 92100 BOULOGNEBILLANCOURT 328 847 314 RCS PARIS Aux termes d’une décision de l’associé unique en date du 16/12/2013, il a été décidé de transférer le siège social de PARIS (75012), 12 rue du Colonel Oudot, à BOULOGNE-BILLANCOURT (92100) 2bis, Avenue Desfeux, à compter du 08/01/ 2014 et de modifier en conséquence l’article 4 des statuts. La société sera désormais immatriculée au RCS de NANTERRE. Corrélativement l’avis précédemment publié, relativement au siège social est ainsi modifié : Article 4 SIEGE SOCIAL Ancienne mention : Le siège social est fixé au : 12, rue du Colonel Oudot 75012 PARIS. Nouvelle mention : Le siège social est fixé au : 2bis, Avenue Desfeux - 92100 BOULOGNE-BILLANCOURT. Le reste de l’article restant sans changement. Pour avis AL1699/0114/8353 CAUMEAU & CO SAS. au capital de 50.000 € Ancien siège social : 95 rue de Sèvres, 92100 - BOULOGNE BILLANCOURT Nouveau siège social : 2bis, Avenue Desfeux, 92100 - BOULOGNE BILLANCOURT 798 073 847 RCS NANTERRE Aux termes du procès-verbal des délibérations de l’AGE des associés en date du 16/12/2013, il a été décidé de transférer le siège social de BOULOGNE-BILLANCOURT (92100), 95 Rue de Sèvres, à BOULOGNEBILLANCOURT (92100) 2bis, avenue Desfeux, à compter du 08/01/2014 et de modifier en conséquence l’article 4 des statuts. Le même jour l’AGO réunie extraordinairement a décidé de nommer, avec effet rétroactif au 01/11/2013 : - En qualité de commissaire aux comptes titulaire : NIEZA & Associés, SARL au capital de 50.000 €, 119 rue des Pyrénées - 75020 PARIS, RCS PARIS 351 448 121 - En qualité de commissaire aux comptes suppléant : M. Sébastien PESTEL, Commissaire aux comptes, demeurant 119 Rue des Pyrénées 75020 PARIS. Pour avis AL1699/0114/8356 MEDICAL EDUCATION GLOBAL SOLUTIONS SA au capital de 44.000 € Siège social : 75 rue Guy Moquet 92240 MALAKOFF 415 022 292 RCS NANTERRE Aux termes de l’AGE du 27/12/2013 de la société MEDICAL EDUCATION GLOBAL SOLUTIONS, SA au capitalde 44.000 €, siège social : 75 rue Guy Moquet - 92240 MALAKOFF, 415 022 292 RCS NANTERRE. Il a été décidé de transférer le siège social de la société à compter du 27/12/2013 et de modifier l’article 4 des statuts en conséquence. Ancienne mention : 75, rue Guy Moquet - 92240 MALAKOFF. Nouvelle mention : 27-29 rue Raffet 75016 PARIS. La société sera radiée du RCS de NANTERRE et immatriculée au RCS de PARIS. Pour avis. AL1699/0114/8369 THOP GOURMETS SAS à Associé Unique au capital de 1.000 € Siège social : 41 avenue de la Porte de Villiers 92200 NEUILLY SUR SEINE 534 694 039 RCS NANTERRE Suivant décisions de l’Associé Unique en date du 31/12/2013, il a été décidé d’augmenter le capital social d’un montant de 9.000 € afin de porter ce dernier de 1.000 € à 10.000 €. Le capital social ressort désormais à 10.000 €. AL1699/0114/8372 PIG RESTAURATION SAS au capital de 37.000 € Siège social : Tour Manhattan 5-6 place de l’Iris 92400 COURBEVOIE 419 947 353 RCS NANTERRE Le 20 décembre 2013, l’Associé Unique à décidé de porter le capital social à 2.836.938 euros par émission d’actions nouvelles. Le 20 décembre 2013, l’Associé Unique a : 1°) Constaté la réalisation de l’augmentation de capital portant celui-ci à 2.836.938 euros. 2°) Décidé de réduire le capital social pour le ramener à 1.687.348 euros par échange d’actions. FR1699/0114/1112 T.MARSEILLE LA VALENTINE SAS au capital de 37.000 € Siège social : Tour Manhattan 5-6 place de l’Iris 92400 COURBEVOIE 351 145 479 RCS NANTERRE Le 10 décembre 2013, l’Associé Unique à décidé de porter le capital social à 516.964 euros par émission d’actions nouvelles. Le 20 décembre 2013, l’Associé Unique a : 1°) Constaté la réalisation de l’augmentation de capital portant celui-ci à 516.964 euros. 2°) Décidé de réduire le capital social pour le ramener à 178.858 euros par échange d’actions. FR1699/0114/1111 TABLA SUD SARL SARL au capital de 2.001.000 € Siège social : Tour Manhattan 5-6 place de l’Iris 92400 COURBEVOIE 501 672 562 RCS NANTERRE Le 10 décembre 2013, l’Associé Unique à décidé de porter le capital social à 4.501.000 euros par émission de nouvelles parts sociales. Le 18 décembre 2013, l’Associé Unique a : 1°) Constaté la réalisation de l’augmentation de capital portant celui-ci à 4.501.000 euros. 2°) Décidé de réduire le capital social pour le ramener à 1.661.340 euros par échange de parts sociales. FR1699/0114/1108 TABLAPIZZA SAS au capital de 14.037.060 € Siège social : Tour Manhattan 5-6 place de l’Iris 92400 COURBEVOIE 334 963 105 RCS NANTERRE Le 13 décembre 2013, l’Associé Unique a décidé de : 1°) Porter le capital social à 24.037.050 par émission d’actions nouvelles. 2°) Réduire le capital social pour le ramener à 4.193.358 euros au moyen d’échange d’actions. FR1699/0114/1106 de l’augmentation de capital portant celui-ci à 2.401.000 euros. 2°) Décidé de réduire le capital social pour le ramener à 1.242.760 euros par échange de parts sociales. FR1699/0114/1110 PRESSE LABO SERVICES S.A.S. au capital de 100.000 € Siège social : 197, avenue de Grésillons - 92230 GENNEVILLIERS 792 432 304 RCS NANTERRE Suivant extrait des décisions de la collectivité des Associes en date du 17/12/2013, il a été décidé de nommer en qualité respective de Commissaires Aux Comptes titulaire et suppléant, Monsieur Eric BACHELIER, demeurant 138, boulevard de la République - 92210 SAINT CLOUD et la société « AFFIRMA », SARL sise 25, rue du Colonel Moll - 75017 PARIS, 531 281 277 RCS PARIS. AL1699/0114/8408 FERME SOLAIRE DE NIKO SARL au capital de 100.000 € Siège social : 57 boulevard Georges Seurat 92200 NEUILLY SUR SEINE 523 204 865 RCS NANTERRE L’AGO en date du 27/12/2013 a décidé de nommer en qualité de gérant, M. Jean-Pierre CAILLAVET, 57 boulevard Georges Seurat - 92200 NEUILLY SUR SEINE, en remplacement de M. Benjamin CAILLAVET, démissionnaire à compter du 01/01/2014. Mention au RCS de NANTERRE. AL1699/0114/8417 BUREAU DE CREATION SARL au capital de 85.030 € Siège social : 38 rue Ulbach 92400 COURBEVOIE 428 117 691 RCS NANTERRE Suivant délibérations de l’A.G.O en date du 24/10/2013, il a été décidé de nommer en qualité de gérant, Olivier BAILLET demeurant 17 rue Saint Maurice - 92000 NANTERRE, en lieu et place de Jean-Pierre POISSON, démissionnaire. AL1699/0114/8419 PERTINENCE PATRIMOINE EURL au capital de 5.000 € Siège social : 2 rue des Marguerites 92160 ANTONY 451 654 420 RCS NANTERRE Le 27/01/2014, l’AGE a décidé d’étendre l’objet social comme suit : Courtage en opération de banque et en services de paiement, transaction sur immeuble et fonds de commerce. Article 4 des statuts modifié en conséquence. Modification au RCS de NANTERRE AL1699/0114/8432 ABECIDAN ATTIAS TMK EST SARL Société Civile au capital de 1.000 € Siège social : 15/17 avenue Sainte Foy 92200 NEUILLY SUR SEINE 511 811 556 RCS NANTERRE Le 10 décembre 2013, l’Associé Unique à décidé de porter le capital social à 1.901.000 euros par émission de nouvelles parts sociales. Suivant délibérations de l’A.G.E en date du 20/01/2014, il a été décidé de transférer le siège social au 20 rue Parmentier - 92200 NEUILLY SUR SEINE. SARL au capital de 1.001.000 € Siège social : Tour Manhattan 5-6 place de l’Iris 92400 COURBEVOIE 503 721 938 RCS NANTERRE Le 18 décembre 2013, l’Associé Unique a : 1°) Constaté la réalisation de l’augmentation de capital portant celui-ci à 1.901.000 euros. 2°) Décidé de réduire le capital social pour le ramener à 1.203.000 euros par échange de parts sociales FR1699/0114/1107 TMK NORD OUEST SARL SARL à associé unique au capital de 1.001.000 € Siège social : 5-6 place de l’Iris 92400 COURBEVOIE 501 663 702 RCS NANTERRE Le 13 décembre 2013, l’Associé Unique à décidé de porter le capital social à 2.401.000 euros par émission de nouvelles parts sociales. Le 23 décembre 2013, l’Associé Unique a : 1°) Constaté la réalisation AL1699/0114/8436 Dissolution MFL DOHA SARL au capital de 8.000 € Siège social : 33 Rue Pierre Brossolette - 92320 CHATILLON 749 867 156 RCS NANTERRE L’AGE du 27/12/2013 a décidé la dissolution anticipée de la société nommé liquidateur M Rachid DEKHISSI, 79 avenue du Général de Gaulle - 92140 CLAMART et fixé le siège de liquidation chez le liquidateur. Modification au RCS NANTERRE AL1699/0114/8136 Dissolution Clôture EGIDE Société par actions simplifiée en liquidation Au capital de 10.000 € Siège social : 6, Rue Luigi Galvani 92160 ANTONY RCS NANTERRE 511 666 802 CLÔTURE DE LIQUIDATION L’AGO réunie le 20/12/2013 a approuvé le compte définitif de liquidation, déchargé Mr Joël QUINTARD de son mandat de liquidateur, donné à ce dernier quitus de sa gestion et constaté la clôture de la liquidation à compter de ce jour. Les comptes de liquidation sont déposés au RCS de NANTERRE. Pour avis, Le Liquidateur FR1699/0114/1114 Clôture de Liquidation PKD FINANCE SARL à associé unique au capital de 1.000 € Siège social : 52 boulevard de la Paix 92400 COURBEVOIE 537 582 363 RCS NANTERRE Le 30/09/2013, L’Associé Unique a approuvé les comptes de liquidation, donné quitus au liquidateur et prononcé la clôture de liquidation à compter du 30/09/2013. Radiation au RCS de NANTERRE AL1699/0114/7348 Seine-Saint-Denis Constitution Avis est donné de la constitution pour une durée de 99 ans de la société IFRAC EDITIONS SAS Unipersonnelle, au capital de 20.000 € Siège social : GVIO Parc Delizy 32 rue Delizy - 93500 PANTIN. Objet social : la commercialisation par tous moyens, l’édition, l’achat, la revente de livres et de documentations. Agrément : les cessions d’ actions sont soumises à l’agrément préalable des Associés. Chaque Action donne droit au vote. Président : Raphaël COUTURIER, demeurant 8 rue du chef de ville - 77440 ARMENTIÈRES EN BRIE. Commissaires Aux Comptes titulaire et suppléant : les sociétés « LAUT FIDUCIAIRE »,, SARL sise 92 boulevard de Courcelles - 75017 PARIS, 385 208 970 RCS PARIS et « C2R », SAS sise 43 rue du Théâtre - 75015 PARIS, 408 294 874 RCS PARIS. La société sera immatriculée au RCS de BOBIGNY. AL1699/0114/8380 Avis est donné de la constitution d’une SASU dénommée: GREEN BATI Siège social : 137 rue Général Giraud 93150 LE BLANC MESNIL Capital : 1.000 € Objet : Peinture, maçonnerie, électricité, plomberie Président : M. Naim Farhat, 137 rue Général Giraud - 93150 LE BLANC MESNIL Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de BOBIGNY AL1699/0114/8384 Par acte SSP du 19 décembre 2013, il a été constitué une SCI dénommée : SCI DOUNIA Objet social : Acquisition, administration, gestion par location ou autrement de tous immeubles et biens immobiliers, promotion immobilière, vente de tous immeubles et biens immobiliers. Siège social : 26 rue Eugène Varlin 93150 LE BLANC MESNIL Capital : 300 € Gérant : Mr Mohammed SEBIANE demeurant 26 rue Eugène Varlin - 93150 LE BLANC MESNIL Cession des parts sociales : Libre entre associés, conjoints, ascendants et descendants. Soumise à l’autorisation de l’AGE pour toutes autres personnes. Durée : 99 ans à compter de son immatriculation au RCS de BOBIGNY. FR1699/0114/1100 Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Annonces légales & judiciaires Vie juridique, avis judiciaires, appel d’offres SCP COTTEREAU MEUNIER BARDON et Associés Maître Nicolas SONNET 19 avenue de Grammont 37000 TOURS les 10 jours de la dernière en date des publications légales au Cabinet de Maitre Mikaël LOREK, Avocat au barreau de PARIS, domicilié 138 avenue de Malakoff - 75116 PARIS pour la correspondance et à l’adresse du fonds cédé pour la validité. AL1699/0114/8371 Modification AVIS DE CONSTITUTION Aux termes d’un acte SSP en date du 20/01/2014, il a été constitué la société suivante : Dénomination sociale : SARL NICOLAS LAISNE ASSOCIES Forme sociale : Société à responsabilité limitée d’architecture Siège social : 27 rue Barbès 93100 MONTREUIL Objet social : L’exercice de la profession d’architecte et d’urbaniste Durée : 99 ans à compter de la date d’immatriculation au RCS Capital social : 1.000 € Gérance : M. Nicolas LAISNE demeurant 11 rue Pastourelle 75003 PARIS Immatriculation de la Société au RCS de BOBIGNY FR1699/0114/1117 Cession Suivant Acte SSP du 20/01/2014 à PARIS (75), enregistré au SIE de BOBIGNY (93), le 23/01/2014, Bord 2014/44, case n°5, Ext 453, la société SIVAN SARL au capital de 8.000 € Siège social : 2 place Degeyter 93420 VILLEPINTE 489 801 217 R.C.S. BOBIGNY A vendu à la société FMG SAS au capital de 5.000 € Siège social : 2 place Degeyter 93420 VILLEPINTE 799 329 651 R.C.S. BOBIGNY Le fonds de commerce de « restauration rapide, plats cuisinés à emporter, saladerie, salon de thé » sis et exploité 2 place Degeyter 93420 VILLEPINTE. Prix principal : 296.150 €. Date d’entrée en jouissance : le 20/01/2014. Les oppositions, s’il y a lieu, seront reçues dans ASYSCO SARL au capital de 5.000 € Siège social : 12 rue Paul Eluard 93200 SAINT-DENIS 450 315 023 RCS BOBIGNY L’AGE du 26/12/2013 a décidé de transférer le siège social de la société au 28 rue d’Andilly - 95230 SOISY SOUS MONTMORENCY, à compter du 01/01/2014. Radiation au RCS de BOBIGNY et réimmatriculation au RCS de PONTOISE AL1699/0114/8391 Dissolution ATELIER FRANCOIS GILLET Société à responsabilité limitée en liquidation au capital de 153.000 € Siège social : 15, rue Juan Valéra 93410 VAUJOURS 439 684 010 RCS BOBIGNY DISSOLUTION ANTICIPÉE L’assemblée générale extraordinaire, en date du 31 décembre 2013 et tenue au siège social, a décidé la dissolution anticipée de la société et sa liquidation amiable sous le régime conventionnel. La société subsistera pour les besoins de la liquidation et jusqu’à la clôture de celle-ci. Le lieu où la correspondance, les actes et documents doivent être adressés est situé au siège de la société. Monsieur François GILLET demeurant à VAUJOURS (93410), 15 rue Juan Valéra est nommé liquidateur et dispose des pouvoirs les plus étendus pour achever les opérations sociales en cours, réaliser l’actif et acquitter le passif. Le dépôt des actes et pièces relatifs à la liquidation sera effectué au greffe du tribunal de commerce de BOBIGNY. Pour avis, le liquidateur. Val-de-Marne Rectificatif Rectificatif à l’annonce parue le 24/01/2014, concernant la société MGCE INTERNATIONAL, il y avait lieu de lire pour la date de L’AGE le 16/12/2013, et “à compter du 16/12/2013” AL1699/0114/8424 Constitution Avis est donné de la constitution pour une durée de 99 ans de la société CHAI SCI au capital de 1.000 €. Siège social : 1 allée Camilles Desmoulins 94350 Villiers sur Marne. Objet social : l’acquisition, la gestion, l’exploitation, la construction, l’entretien, la réparation et la rénovation d’immeubles bâtis ou non. Agrément : les cessions de parts sociales sont soumises à l’agrément des associés. Gérant : James COHN demeurant 2 place Remoiville - 94350 Villiers sur Marne. La société sera immatriculée au RCS de Créteil. AL1699/0114/8411 Par acte SSP du 21 janvier 2014, il a été constitué une SAS dénommée : PRETTY-AND-GO Objet social : Commercialiser des prestations et des produits mobiliers se rattachant à l’esthétisme et/ou à la pratique de tous soins de beauté. Siège social : 41 avenue du Château 94170 LE PERREUX SUR MARNE Capital : 3.000 € Président : Mr Kevin SOUFFIR demeurant 41 avenue du Château 94170 LE PERREUX SUR MARNE Cession d’actions : Toute cession d’actions à un tiers à la société est soumise à l’agrément de la société. Durée : 99 ans à compter de son immatriculation au RCS de CRETEIL. FR1699/0114/1116 FR1699/0114/1115 Modification GED SYSTEM SARL au capital de 5.000 € Siège social : 2-3-4 quai Blanqui et 4 rue de Charenton 94140 ALFORTVILLE 538 418 542 RCS CRÉTEIL Suivant délibérations de l’A.G.E en date du 20/12/2013 et délibérations de l’A.G.O en date du 02/01/2014, il a été décidé d’une part, d’augmenter le capital social d’un montant de 25.000 € afin de porter ce dernier de 5.000 € à 30.000 €, et d’autre part, de nommer en qualité de cogérants, Gary DJORNO, demeurant 1 allée de Navarre - 94220 CHARENTON LE PONT, et Dave ATTIA demeurant 8/10 place de l’Europe - 94220 CHARENTON LE PONT, en lieu et place de Barbara OBADIA née DJORNO, démissionnaire. AL1699/0114/8386 HOLDING STDB SARL au capital de 6.880 € Siège social : 18 rue de la Liberté 94300 VINCENNES 492 221 387 RCS CRETEIL Le 20 décembre 2013, l’AGE a 1°) décidé d’augmenter le capital social pour le porter à 160.000 euros, par création de parts sociales. 2°) de prendre pour nouvelle dénomination sociale : ADEQUAT HOLDING. JOYETECH FRANCE SAS SAS au capital de 50.000 € Siège social : 77 rue des Coquettes 94800 VILLEJUIF 797 762 952 RCS CRETEIL Le 9 décembre 2013, l’Associé unique a : 1°) Transféré le siège au 128 bis avenue Jean Jaurès 94200 IVRY SUR SEINE. 2°) Nommé Commissaires Aux Comptes : a°) Titulaire, la SA DELOITTE & ASSOCIES sise 185 C avenue Charles de Gaulle 92200 NEUILLY SUR SEINE (572 028 041 RCS NANTERRE) b°) Suppléant, la SARL BEAS sise 195 avenue Charles de Gaulle 92200 NEUILLY SUR SEINE (315 172 445 RCS NANTERRE). FR1699/0114/1101 Clôture de Liquidation SCI AQUARELLA SCI au capital de 100 € Siège social : allée de la Pompadour Piple, Château du Piple 94470 BOISSY SAINT LEGER 481172062 RCS CRETEIL L’AGO du 20/01/2014 a approuvé les comptes de liquidation, donné quitus de sa gestion au liquidateur et prononcé la clôture des opérations de liquidation à compter du 20/01/2014. Radiation au RCS de CRETEIL AL1699/0114/8350 3°) transféré le siège social au 2 rue Mangin 94240 L’HAY LES ROSES. FR1699/0114/1113 Annonces immobilières Bailleurs sociaux Réf.: 1458010007 Logement Francilien S.A d’H.L.M VEND à PLAISIR (78370) 22, résidence du Petit Bontemps F5 - 90,50 m² - 2ème étage - DPE : D Prix résident : 212 313 € FAI(1) Prix locataire groupe : 230 775 € FAI(2) Prix extérieur : 249 237 € FAI(3) Frais de notaire en sus (1) Offre réservée exclusivement aux résidents de la Résidence du Petit Bontemps. (2) Offre réservée pour les locataires du Groupe Logement Français du département 78 pendant un délai de 2 mois à compter du présent avis conformément aux dispositions de l’article L 443-11 du C.C.H relatif aux ventes de logements sociaux sous réserve de libération effective des lieux. (3) Au-delà de ce délai de 2 mois, et selon des conditions tarifaires différentes, cette offre s’ouvre à toute personne physique. Contact : Visite et renseignement : Icade Transactions au 0811.25.26.27 (cout d’un appel local) Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 41 Opinions LA FACE NOIRE DE LA MONDIALISATION Mirages, ‘eldorados’ et ‘jihad’ Comment les médias camouflent une criminalité toujours plus dévastatrice par d’hystériques louanges XAVIER RAUFER Ont-ils perdu toute décence ? Servir de danseuses à des milliardaires-prédateurs leur bloque-t-il désormais tout accès au réel ? Le terme “danseuse” est dur - mais c’est Libération du 16/12/2013 qui affirme “Niel a ‘niélisé’ le Monde, en a fait un journal d’influence des intérêts de la netéconomie et du low cost contre l’économie traditionnelle”. Ainsi, ces journaux d’“information” ne font même plus mine d’informer leurs lecteurs, partis qu’ils sont en une dérive propagandiste inouïe depuis La Chine en construction, magazine maoïste qui, lors du “Grand bond en avant” (vingt millions de morts de faim en 1958-1960...), vantait odieusement la joyeuse opulence du peuple chinois. L’affaire débute au Brésil. Dès janvier 2010, l’auteur dénonçait des médias idolâtrant ce pays ravagé par le crime - googler “Brésil eldorado” expose sur-le-champ ce honteux panégyrique. Or cette violente criminalité - que tout Brésilien redoute -, ces médias l’ont camouflée cinq années durant derrière d’hystériques louanges (“Dieu est brésilien”...). Le soufflé brésilien retombé (émeutes... monnaie en chute libre... capitaux étrangers en fuite), on espérait quelque décence, de la retenue dans la célébration d’autres miroirs aux alouettes. Eh bien non, car depuis, deux nouveaux “eldorados”, le Mexique et la Colombie, enflamment ces médias - précisément dans les mêmes termes. Echantillon de ces contes de fées. Mexique : “Nouvel eldorado des entreprises françaises... Destination toujours plus prisée... cette énergie, ce sentiment que tout peut arriver... Pays ouvert et créatif... Audacieux !” Colombie : “Sa capitale attire touristes et étudiants du monde entier, séduits par le dynamisme de son économie... Les restaurants raffinés pullulent...” Or ces pousse-au-crime en forme de publi-reportages incitent des touristes, entreprises et professionnels, à fréquenter des coupe-gorge dont ils peinent ensuite à sortir - s’ils en sortent. Coupe- Julie etValérie Valérie la tragique, Julie la sentimentale : les Français, peuple plus sentimental que tragique, ont déjà élu la seconde 42 Valérie a tout pour être faible et elle semble forte. Sans le savoir, ces deux femmes se parlent pardessus la grande ombre de Ségolène. Elles se disent qu’en amour, comme en politique, le faible et le fort sont au fond de la même espèce. Ce que les hommes ont bien du mal à envisager. “Le fort n’est jamais absolument fort, ni le faible absolument faible mais l’un et l’autre l’ignorent. Ils ne se croient pas de la même espèce ; ni le faible ne se regarde comme le semblable du fort, ni il n’est regardé comme tel”, écrit Simone Weil en commentant le sort des vainqueurs et des vaincus soumis dans L’Iliade, à la redoutable équité du destin, même si les circonstances leur font tour à tour croire qu’ils peuvent s’en affranchir. En amour comme à la guerre, il n’y a ni vainqueur ni vaincu. Tout le monde perd et il n’y a rien à gagner. En comparant les deux portraits de la compagne et de sa prétendante, on se dit queValérie a compris, Julie pas encore. Pourtant les deux blondes du indifférence à la souffrance d’autrui, à commencer peut-être par celle de son nouvel amour. Valérie la tragique et Julie la sentimentale : les Français étant un peuple plus sentimental que Deux femmes pour un Président tragique, leur cœur a déjà élu la seconde. Et lui que pense -t-il ? Enfin une question à L’une s’efface, l’autre entre dans la lumière. laquelle Closer, plus expert dans la comptabilité Bizarrement, la femme qui s’éloigne vers la vallée des nuits que dans celle des désirs, ne pourra des ombres est bien plus touchante que l’autre. répondre. L’homme normal a-t-il été changé en La première photo parue dans Libération, prise cruel bourreau des cœurs par l’exercice du de dos au musée d’Orsay, c’estValérie.Talons pouvoir ? A-t-il décidé de changer de femme le aiguilles, bras dans le dos, doigts d’une main jour où il a enfin assumé son virage social-libéral ? serrés dans ceux de l’autre, réplique élégante du Lui fallait-il attendre d’annoncer son pacte de solennel et ridicule au revoir de Giscard cédant la responsabilité aux Français pour prendre les place à Mitterrand,Valérie passe son chemin. siennes avec ses femmes ? Que pense -t-il si l’on La seconde, parue dans Elle, est un portrait de exclut l’hypothèse, faite par la couverture de Julie réalisé à l’occasion du festival du film interCharlie Hebdo, que sa bite pense à sa place ? national de Saint-Sébastien.Assise, légèrement “Certains hommes répandent, pour ainsi dire de déhanchée, jambes croisées, mains posées l’une naissance, un fluide d’autorité dont on ne peut discersur l’autre, sourire incertain, la jeune actrice ner au juste en quoi il consiste ; il en va de cette semble absente. matière comme de l’amour qui ne ApparemmentValérie est vaincue En abandonnant Valérie, il s’affranchit de son surmoi de gauche, s’explique point sans l’action d’un puisqu’elle n’est plus aimée. inexprimable charme”, écrivait de en faisant son cirque avec Julie, il parodie Nicolas Pourtant la souveraineté et la Gaulle qui compta peu d’actrices grâce sont de son côté. On a et de mannequins à son actif presque envie que François fonce jusqu’au bout Président ne sont ni des rivales, ni des trophées, érotique. Maintenant qu’il est prouvé que de l’enfer chercher son Eurydice en talons encore moins des prétendantes. Elles savent que François a un inexprimable charme, tous les gaulaiguilles. Cécilia et Carla ont partagé avant elles leur sort, listes vont enfin lui reconnaître de l’autorité ! Un Julie avec ses airs d’étudiante qui semble avoir elles connaissent par coeur le mimétisme des nouveau coup dur pour la droite. Sacré François : volé quelques baisers à un trop gros poisson pour hommes, le marché des femmes qui n’existe que en abandonnantValérie, il s’affranchit de son elle ne rayonne pas. Sans doute est-elle réservée, pour permettre aux hommes de se défier les uns surmoi de gauche, en faisant son cirque avec peu narcissique, militante gênée de créer la les autres et de se rassurer sur leur pouvoir si Julie, il parodie Nicolas, en s’échappant de l’Elyconfusion dans la famille socialiste, jeune amoufragile. Mais malgré la compassion inavouable sée, la bite cachée sous un casque de scooter, il reuse pressentant que les amours publiques sont qu’elles ont sans doute l’une pour l’autre,Valérie défie DSK. plus difficiles à vivre, regrettant déjà de prendre inspire une pitié plus profonde et sincère que L’histoire prouvera peut-être, contre toute en flagrant délit de contradiction son amoureux Julie. En s’arrêtant sur l’image deValérie on attente, qu’il restera comme le plus moderne, le qui jurait pendant la campagne présidentielle de comprend qu’elle connaît la part tragique de la plus utile et le plus désirable de tous nos présine pas prendre le peuple en otage en exhibant sa vie, qu’elle traversera sa souffrance avec patience dents. vie privée, passionnée n’osant avouer au et tolérance. En regardant Julie, mal assise, Président que sa seule passion fixe est le cinéma. presque le cul entre deux chaises, on a peur pour Julie a tout pour être forte et elle semble faible. elle, tellement son air ingénu laisse présager son BRÈCHES PAUL-HENRI MOINET gorge, vraiment ?Voici ce que cachent au public les médiatiques thuriféraires de ces “eldorados” tous les faits ici énoncés émanent d’indéniables sources officielles. D’abord, le Mexique : - Premier distributeur mondial de vidéos pédopornographiques, - Premier pays au monde pour les enlèvements crapuleux ; 911 (connus) de janvier à juillet 2013, contre 720 dans les mêmes mois de 2012, - La criminalité coûte au Mexique de 8 à 15 % de son PNB annuel ; le racket (qui bondit de 170 % depuis 2006) a ruiné 40 000 PME en 2012, - Les attaques de centrales électriques par des cartels de la drogue (pour venger la capture de leurs chefs) donnent désormais au chaos mexicain l’allure d’une “narco-guerre”, - 98 % des homicides commis au Mexique restent impunis, - Les “escadrons de la mort” (milices anti-crime, etc.) comptent, dit un député mexicain, 200 000 hommes armés agissant hors de tout contrôle. - Un récent sondage demande aux entreprises : sont-elles “plus exposées à la fraude que l’an passé ?”... 93 % de “oui” (56 % en 2012). Mais comme les ploutocrates type Goldman Sachs (inventeur de l’arnaque des Brics) font du Mexique le nouveau paradis, l’orchestre médiatique - censé informer ses lecteurs - manie l’hyperbole flatteuse, tandis que notre pauvre ministre du Commerce extérieur saute à pieds joints dans le piège de l’eldorado factice. La Colombie, maintenant : vantée par divers médias comme parangon urbain de l’inventif et du moderne, Medellin est le fief “latino” du trafic de mineures.Tout riche amateur y achète aisément aux enchères la virginité de dizaines d’adolescentes. Mise à prix, 2 600 dollars US. Autre capitale régionale, Cali (2,5 millions d’habitants) est ravagée par une sanglante guerre entre narco-gangs : 2 000 homicides en 2013. Rappel : la France (66 millions d’habitants), 900 homicides en 2013. Autre domaine stratégique où la presse-desmilliardaires fuit le réel : le terrorisme islamiste. D’abord, cette éclatante réalité : pour maints pays, Etats-Unis en tête, ce “terrorisme” n’est plus qu’un pur alibi pour l’opinion. Pour l’Amérique, cela ressort d’une édifiante étude (Esquire, octobre 2013). Le risque pour un citoyen américain de mourir d’un attentat est : - 85 fois inférieur à celui de périr dans une fusillade, - 262 fois inférieur... dans un incendie, - 356 fois inférieur... lors d’une noyade, - 1 595 fois inférieur... par homicide, - 2 626 fois inférieur... par alcoolisme aigu, - 3 468 fois inférieur... par accident de voiture. Barack Obama l’affirme clairement à la National Defense University le 23 mai 2013 : “Aujourd’hui, le noyau dur d’al-Qaïda en Afghanistan et au Pakistan est en déroute. Ses dirigeants en vie passent plus de temps à se protéger qu’à comploter contre nous. Ce résidu n’a pas ordonné les attentats de Benghazi ni de Boston. Ils n’ont pu frapper sur notre sol depuis le 9/11.” Prétexte, la preuve : qu’ont de commun Benyamin Netanyahu et Bachar al-Assad ? Ils “combattent le terrorisme”. En Irak, le Premier ministre Maliki exige la livraison d’avions américains F. 16 hightech, pour...“combattre le terrorisme”. L’universel cyber-espionnage de Prism ? Washington “combat le terrorisme”... Les terroristes, eux, survivent comme mercenaires d’Etats sunnites voulant “punir” l’Iran ou l’Irak, ou comme ultimes et sanglants zombies. Exemple, le raid des Shaabab de Somalie dans un centre commercial de Nairobi en septembre 2013. 61 otages massacrés, dont des enfants démembrés, aux yeux crevés et au sexe arraché. Qu’espèrent désormais de tels monstres ? Et qu’en faire, hormis les éliminer au plus vite ? Or face à ces mutations, face à ces moujahidinesbandits syriens vendant des tonnes d’amphétamines et s’enrichissant à coups d’enlèvements crapuleux, les journaux d’information dépeignent indéfiniment un “al-Qaïda” inchangé depuis 1995. Le monde regorge désormais d’hybrides et ces médias, incapables de repérer les apparitions et de dépasser les apparences, sont aveugles à ce qui est en devenir, à l’entièrement inhabituel. Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi 43 44 Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi