Le nouvel Economiste

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Le nouvel Economiste
Le nouvel
Economiste
JOURNAL D’ANALYSE & D’OPINION PARAISSANT LE VENDREDI
38E ANNÉE - N°1699
BIG BLUE
FUSION-ACQUISITION
Dansleluxe,lavaleuressentielled’unemarque
sesitue hors-bilan,P.deChampfleury
p.6
31 JANVIER 2014 - 2,50 €
DÉJEUNER AVEC...
Les options d’IBM devant la
montée en puissance du ‘Cloud’ p.35
Adrian Joffe, l’homme de
‘Comme des garçons” p.33
“Un Airbus de...”
LES ARTICLES
DE LA SEMAINE
L’immobilier de luxe s’envole
p.33
à Manhattan
La peur des djihadistes alimente
la contre-révolution dans
p.34
le monde arabe
La reprise de la croissance mondiale
entre les mains de quelques-uns p.35
En attendant les réformes, les Cubains
redécouvrent la liberté d’expression p.37
Le modèle industriel européen d’Airbus est-il duplicable ?
EDOUARD LAUGIER
L’annonce d’un sévère plan de
restructuration chez Airbus ne doit
pas masquer le formidable succès de
l’avionneur européen. Cette réorganisation concerne essentiellement
les branches “défense” et “espace”,
le vaisseau amiral du groupe, l’aéronautique civile, ne connaît pas la
crise. Ses réussites commerciales
hissent ce modèle d’entreprise
atypique au rang de référence. Fruit
du politique et de l’industrie, de la
coopération entre plusieurs nations,
- surtout franco-allemande, ce groupe
démontre que l’union du pouvoir et
des affaires fait la force. Tout n’a pas
été facile. Euphémisme. Etats différents, entreprises différentes, nationalités, managements et cultures
différentes... Pourtant cette réussite
est-elle si exemplaire, au sens d’un
exemple capable de reproduction et
de clonage ? A l’heure du renouveau
des grandes politiques industrielles
où les Etats semblent vouloir
reprendre la main, cette “recette”
peut-elle alors se décliner à d’autres
activités? Energie, transports, automobile, armement, technologies de
l’information... Pas évident, pourtant
si nécessaire.
ANALYSES
MARCHÉS FINANCIERS
La crise est derrière nous,
mais bonjour les séquelles
p.4
CHINE
Un pays d’émigration ?
p.4
DOSSIERS
ÉVÉNEMENTIEL
LIEUX DE CONGRÈS ET
SÉMINAIRES
Séminaire hors les murs
p.11
CRÉATION D’ENTREPRISE
AFFACTURAGE
Assurance crédit
p.15
FRANCHISE
Le bon franchiseur
p.18
PORTAGE SALARIAL
Benchmark européen
p.23
RESSOURCES HUMAINES
INCENTIVE MOTIVATION
Après un plan social ou
une restructuration
p.27
ÉCONOMIE SOCIALE
COMITÉ D’ENTREPRISE
Les attributions économiques et
stratégiques du CE
Partis
Le revers de la médaille
p.30
La dédiabolisation du Front national trouve ses limites
OPINIONS
MICHÈLE COTTA
MONDIALISATION
Mirages, ‘eldorados’ et ‘jihad’
p.42
BRÈCHES
Julie et Valérie
p.42
SAMEDI
ART DE VIVRE & STYLE DE VIE
M 02191 - 1699 - F: 2,50 E
Le secteur bancaire chinois sujet pour le moins à questions
Y a-t-il encore une politique économique de gauche
et une de droite ?
p.6
www.lenouveleconomiste.fr
[email protected]
3’:HIKMLJ=VUWZUU:?b@g@t@t@a";
l’euro, les arguments de Marine Le
Pen n’ont pas changé depuis 2008. La
présidente du Front national plaide
pour une dissolution concertée de la
zone euro, immédiatement accompagnée de mesures protectionnistes
nationales, droits de douane, ou
quotas d’importations et, sans doute,
d’une dévaluation. Elle condamne les
mesures d’austérité, telles qu’elles
ont été imposées par le FMI, la BCE
et la Commission européenne, à la
Grèce, au Portugal et à l’Espagne, et
telles que, dit-elle, les a choisies la
France...
page.4
Politique de l’Offre
J OSH N OBLE , J AMIL A NDERLINI ,
SAM FLEMING, FT
ANNONCES LEGALES
P. 38 - Tél. 01 75 444 104
depuis 2008, ne remet en cause l’engagement profond des dirigeants
français, qu’ils appartiennent au
Parti socialiste ou à l’UMP, autour de
la construction européenne et de son
approfondissement. Cela ne remonte
pas seulement à Maastricht, en 1992 :
pour les plus anciens d’entre eux, la
croyance à l’Europe remonte à la fin
de la Deuxième Guerre mondiale,
pour d’autres, elle remonte aux
années 80. En tout cas, elle culmine
avec la création d’une monnaie
unique, entre 2000 et 2002, l’euro.
Contre les partisans de l’Europe et de
Finance
Shadow banking
Et au milieu coulait le Milieu
ART
Le business en modèle
Le Front national en tête aux élections européennes de juin prochain ?
Un récent sondage fait apparaître, en
effet, le parti de Marine Le Pen
comme devançant l’UMP et le Parti
socialiste pour le scrutin de 2014.
Même si un sondage, selon la formule
convenue, n’est qu’une photographie
de l’instant présent, il n’est pas
surprenant que le Front national
s’installe au premier plan dans la
campagne qui commence. Seul, ou
presque, mouvement politique à s’op-
poser en France à l’Europe de
Bruxelles, pour demander à cor et à
cri que la France sorte de la zone
euro, pour en faire son principal argument de vente, il est assez naturel que
le FN fasse le plein de tous ceux qui
en France rendent l’Europe responsable de tous les maux.
Car s’il y a un point commun entre la
majorité socialiste et l’opposition,
centriste ou gaulliste, en ces temps
où tout les oppose pourtant, c’est
bien la conviction européenne. Rien
de ce qui s’est passé en Europe
depuis le début de la crise, c’est-à dire
L’un des plus grands risques
qu’encourt l’économie mondiale
cette année est l’énorme croissance du financement mal réglementé qui s’effectue en dehors du
secteur bancaire formel en Chine,
et la possibilité d’un mouvement
de panique autour de ces produits
financiers parallèles et des sociétés qui les gèrent.
Les inquiétudes à propos du
secteur financier parallèle
chinois s’étendent bien au-delà de
la Chine. Paul Tucker, un ancien
gouverneur-adjoint de la Banque
d’Angleterre, admettait cette
semaine que les institutions
mondiales de régulation des
marchés ont du mal à suivre le
rythme du changement du secteur
non bancaire, “en constant mouvement”. Il a mis en garde contre
une “vigueur défaillante” de la
surveillance des marchés.
Page.38
En Chine,...
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
Cherchez la différence
JEAN-MICHEL LAMY
Un rêve passe. A 91% le Conseil
national de l’UMP vote “Ricardo”
alors que l’Elysée vient de voter à
100 % “Jean-Baptiste Say”. Ce
sont les deux économistes
“vedette” de la politique de
l’offre, celle qui privilégie la
relance par la production.
L’étendue des déficits a eu raison
de Keynes et de sa relance par le
budget. Après avoir adoré la
dépense, la société politique française semble enfin réaliser que la
production précède la distribution. Mais alors, y a-t-il encore une
politique économique de gauche
et une de droite ? Les intéressés
font tout pour nous en convaincre.
La conversion de François
Hollande à ce nouveau réalisme
économique a déjà changé la
donne. La rhétorique des
“cadeaux aux entreprises” est
Page.5
maintenant réservée...
1
Le concept Airbus
Editorial
Le concept Airbus
appliqué à l’Europe ?
L’impossible déclinaison à d’autres secteurs stratégiques du concept qui a fait
d’Airbus Group un exceptionnel succès, et malheureusement un succès
exceptionnel, est une illustration parfaite en parallèle de la difficulté à
construire l’Europe elle-même.L’équation magique – une vision partagée,
une impérieuse nécessité, un momentum parfait, et surtout la volonté de
quelques-uns dotés d’un pouvoir de
décision,doublé de celui de persuasion
– suffit à expliquer en creux les difficultés des nations et des politiques à faire
de même. Le momentum est là, l’impérieuse nécessité aussi, la vision partagée pas encore. Et on cherche toujours
ces “quelques-uns”.
EDOUARD LAUGIER
Henri Nijdam
Le momentum
est là, l’impérieuse
nécessité aussi,
la vision partagée
pas encore.
Et on cherche
toujours ces
“quelques-uns”
Transport ferroviaire,
automobile, défense et
armement, télécommunications et Internet, chantiers
navals... en théorie, le champ
des possibles est immense.
Affaires publiques, Entreprises, Economie sociale
Le journal des Pouvoirs d’aujourd’hui
Politique, économique, social, administratif, judiciaire,
intellectuel, spirituel, médiatique
38 bis,de Fer à Moulin - 75005 Paris
Henri J.Nijdam,Président directeur de la publication [email protected]
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Editorialistes
Philippe Barret,Alain Bauer,Michèle Cotta,Philippe Delmas,
Pierre Kosciusko-Morizet,Bertrand Jacquillat,Henry Lauret,Pascal Lorot,Paul Henri Moinet,Jean-Pierre Patat
Rédaction-(015830xxxx)Rédacteursenchef:PatrickArnoux(83
61),CarolineCastets(8554),PhilippePlassart(8362),.Rédacteursenchefadjoint:Jean-MichelLamy(8789),Grandsreporters:
EdouardLaugier(8553)
Dossiers-Coordination : Marie-Line Lybrecht
Créer de nouveaux “Airbus”,
voilà donc l’initiative remise au
goût du jour il y a quelques semaines par François Hollande.
Lors de sa conférence de presse
de rentrée, le président de la
République a souhaité la création d’un “Airbus de l’énergie”.
“La constitution de filières communes (...) une grande entreprise
franco-allemande (…) une belle
alliance (...)”, des décennies de
coopération aéronautique sont
hissées au rang de modèle de la
conquête industrielle victorieuse. EADS, rebaptisé Airbus
Group, engrange les succès commerciaux. En 2013, le constructeur aéronautique civil a
enregistré 1 503 commandes,
meilleure performance commerciale de l’histoire de l’aéronautique. Créé à la fin des
années 60 pour concurrencer
l’américain Boeing, l’avionneur
fait mieux que son rival. L’an
dernier, Boeing a enregistré 1
355 commandes. A la clé de ces
performances pour Airbus : des
milliards d’euros de chiffre d’affaires pour l’avionneur européen - en hausse en 2012 à 240
milliards de dollars et des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects sécurisés pour
plusieurs années.
Ce consortium multinationalité
peut-il inspirer des montages
réussis dans d’autres activités ?
La création d’un nouveau
champion européen - type “Airbus” - suppose que des Etats
demandent à leurs fleurons de
travailler ensemble jusqu’à se
regrouper dans une entreprise
unique. Que des entrepreneurs
visionnaires, comme Jean-Luc
Lagardère, surmontent avec
maestria tous les écueils d’un
management spécifique.
Quel programme ! A l’échelle
européenne, seul l’aéronautique et le spatial avec Arianespace et, dans une moindre
mesure - avec les péripéties et
retards que l’on connaît -, le projet européen de positionnement par satellite Galileo
sortent du rang. Montages créés
à l’initiative des Etats. Davantage de type intergouvernemental, en particulier
franco-allemand, que du type
communautaire. Quel qu’en
soit le moteur, lancer de tels
projets est une bonne piste
pour se doter d’armes de guerre
économique compétitive au niveau mondial. “Cela consiste à
enfin admettre que nous avons
besoin d’opérateurs européens à
échelle planétaire à travers un
concept fédérateur de champions
nationaux capables de se projeter
au niveau international”, résume Jean-Louis Levet, économiste spécialiste des questions
industrielles et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet*.
Pourtant, en matière de coopération industrielle à l’échelle
européenne, les échecs sont
plus nombreux que les succès...
Publicité- (01 75444 xxx)JonathanGrain (111)-LaurentLachaud(112)
Rédacteurgraphiqueweb (01 75444 xxx): AntoineWieczorek(116)
Le nouvel Economiste est édité par Publications du Nouvel Economiste,S.A.au capital de
1844633euros.PrintFranceOffset(Administratif)3,ruedel’Atlas-75019Paris-Rotatives:
79, Route de Roissy 93290Tremblay-en-France Dépôt légal : janvier 1993.
Numéro de commission paritaire : 0915 C
85258. ISSN : 0395-6458. Principal actionnaire : Financière Nouvel Economiste S.A.
[Média capital (HJ Nijdam), Compagnie
Européenne des Médias (J. Abergel),
TripleA (P.Pelletier),Nortier].
2
Répondre aux mutations
géostratégiques
Ce concept ne revient pas dans
le discours par hasard : les
Etats, à commencer par la
Olivier Passet, Xerfi. “Se rapprocher au niveau européen signifie d’abord se rationaliser douloureusement.
Ce n’est pas un projet extrêmement stimulant pour des industriels...”
France, sont soumis à de rudes
contraintes en termes de déficit
de la balance extérieure, de
montée en puissance des autres
nations, de désindustrialisation... Selon les derniers
chiffres de la société Trendeo
qui mesure les annonces de
création et de destruction d’emploi, la France compte 520 sites
industriels de moins qu’en
2009. Le retour à bonne fortune
passe donc par l’union des
forces, la taille critique et la
puissance.
Nouer des alliances européennes pourrait être simplement une question de survie.
Du point de vue de l’Europe, la
compétitivité industrielle est
aussi une priorité. D’ailleurs, le
Conseil européen des chefs
d’Etat, les 20 et 21 mars prochains, sera consacré, en partie,
à la politique industrielle. Enjeu : l’importance capitale de
l’industrie pour la création
d’emplois et de croissance. En
ligne de mire, un objectif ambitieux : atteindre 20 % du PIB
européen à l’horizon 2020 alors
que l’industrie a constamment
reculé ces dernières années
pour s’établir à 15,1 % en 2013.
Seul hic, de taille, la politique
industrielle fait peu consensus.
Entre des économies fortement
tournées vers les services
comme le Royaume-Uni ou les
Pays-Bas et d’autres Etats plus
orientés vers l’effort industriel
comme l’Allemagne ou la
France, les antagonismes sont
parfois puissants. “Soit nous
considérons qu’à l’échelle européenne, chaque Etat définit sa
stratégie industrielle au risque de
se faire dépasser par plus puissant, soit nous considérons que
l’Europe a vocation aussi à être
une grande puissance industrielle
et technologique”, estime JeanLouis Levet. Les industries des
pays d’Europe doivent se
mettre en ordre, ordre adapté
aux mutations du monde. “Ensemble tout devient possible”,
comme le scande un célèbre
slogan politique. Ou pas. “Fabriquer de manière ad-hoc un acteur
à contre-courant du marché peut
être une façon de reprendre la
main sur des technologies dont
certains pays ont gagné le mono-
pole, ajoute Olivier Passet, économiste et directeur des
synthèses économiques chez
Xerfi. La coopération industrielle sur le modèle d’Airbus est
aussi une forme de protectionnisme déguisé mais admis qui
répond à des enjeux géostratégiques majeurs.”
A la recherche
des nouveaux “Airbus”
Dans quelles activités ce
concept “Airbus” a-t-il le plus
de sens ? Transition énergétique comme l’a mentionné
François Hollande, transport
ferroviaire, automobile, défense et armement, télécommunications et Internet, chantiers
navals... en théorie, le champ
des possibles est immense.
Dans la pratique, tous les domaines d’activité peuvent-ils
être concernés ? L’essentiel ?
Partir des marchés nécessitant
une approche d’envergure européenne pour lesquels les pays
ne peuvent pas être compétitifs
seuls. Pour Philippe Herzog,
président de l’association
Confrontations Europe et
conseiller spécial du commissaire européen au marché intérieur et services Michel Barnier,
“les grands opérateurs de demain
se constitueront autour des industries du futur qui reposent sur la
technologie et dont les coûts en
recherche et développement sont
massifs”. Nanotechnologies,
biotechnologies, microbiologie,
électronique ou encore gestion
de l’information. Non pas des
secteurs entiers mais plutôt des
pans de domaines d’activité
correspondant à de vastes marchés suscités par les nouveaux
besoins de la société : mobilité
durable, vieillissement actif ou
ville intelligente.
“Les scientifiques évoquent la
maîtrise des “technologies clés
génériques”. Combinables entre
elles, essentielles à la fabrication
de produits à forte valeur ajoutée,
elles diffusent dans de nombreux
secteurs d’activité”, précise Philippe Herzog. Cette démarche
repose notamment sur la constitution de portefeuilles de brevets. Fabriquer des moteurs,
des batteries de nouvelle géné-
“Soit nous considérons
qu’à l’échelle européenne, chaque Etat
définit sa stratégie
industrielle au risque
de se faire dépasser par
plus puissant,
soit nous considérons
que l’Europe a
vocation aussi à être
une grande puissance
industrielle et
technologique”
ration dans l’automobile ou le
transport ferroviaire, imaginer
des réseaux électriques intelligents - les smart grids -, dans
l’énergie avec le défi que représente son stockage ou l’urbanisme, constituer en propre des
plateformes d’intermédiation
pour le traitement des données
et de l’information...
“Il ne faut plus raisonner en silos
nationaux”, estime Olivier Passet. Un nouvel Airbus naîtra sur
des territoires économiques
nouveaux. Exemple ultime ?
Un acteur capable d’articuler
la ville de demain dans ses multiples dimensions : la gestion du
réseau électrique et des modes
de transport, le traitement des
déchets ou de l’eau.... Les
géants de l’Internet américains
l’ont bien compris. Google dans
l’automobile, IBM dans les
smart grids : tout sauf un hasard. Ces compagnies dépensent et investissent des
milliards de dollars, “ce que sont
incapables de faire leurs homologues européens du fait de leur
taille et leur puissance moindre”,
soupire Philippe Herzog.
Economiquement
souhaitable,
politiquement difficile
Les obstacles ne manquent pas.
Etats différents, entreprises
différentes, nationalités et
cultures différentes, règles de
droits différentes. Sans compter un climat économique pesant et des conditions de
marché peu favorables en Europe. Imaginer des géants na-
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
Le modèle industriel européen d’Airbus est-il duplicable ?
“Aujourd’hui, l’enjeu n’est
plus intra-européen.
Il ne s’agit plus de battre
l’entreprise italienne,
l’industriel allemand mais
le géant chinois, russe ou
américain. Les règles de la
concurrence doivent
s’adapter à ce nouvel
objectif : faire de l’Europe
une
puissance technologique
et industrielle”
américain. Les règles de la concurrence
doivent s’adapter à ce nouvel objectif :
faire de l’Europe une puissance technologique et industrielle”, estime JeanLouis Levet.
Au niveau micro-économique, les
choix stratégiques divergents ne facilitent pas les choses. Dans le domaine de l’énergie par exemple, les
deux pays disposent d’acteurs performants à tous les niveaux : des
centres techniques et scientifiques,
des laboratoires de recherche, des
opérateurs industriels, des sous-traitants. Seul bémol, de taille, une vision non partagée du modèle de
production d’énergie qui crée des
tensions malgré une complémentarité évidente. “La coopération ne peut
se faire sans la volonté des entreprises,
conclut Olivier Passet, or beaucoup de
marchés intérieurs européens sont en
surcapacité. Du coup, se rapprocher au
niveau européen signifie d’abord rationaliser douloureusement. Ce n’est pas
extrêmement stimulant pour des industriels...” Les incantations du politique peinent à accrocher la réalité
économique des entreprises.
*Réindustrialisation, j’écris ton nom,
Fondation Jean Jaurès, mars 2012.
tionaux à fusionner entre égaux,
comme ce fut le cas pour Airbus,
est-il donc une chimère ? “Meilleure
preuve de la difficulté de réaliser ces
ambitions : nous n’avons pas réalisé
d’autres Airbus depuis quarante ans”,
constate Jean-Louis Levet. Les
modes de la société post-industrielle,
de la nouvelle économie tournée
vers l’Internet ou de l’entreprise
sans usine n’ont pas aidé à la prospective stratégique industrielle.
Phénomènes plus structurels. Pour
créer ces opérateurs européens de
demain, il faut partir de l’existant, de
champions nationaux comme Alstom, Siemens. Or ces entreprises
sont dans une logique de concurrence.
“Un petit équilibre de la terreur continentale qui fait que les grands rapprochements se font plutôt avec des
groupes non européens”, rappelle Olivier Passet. L’Europe est une mosaïque de pays, de rivalités. Un
nouvel Airbus ne pourrait voir le
jour sans une coopération franco-allemande réussie, or elles ont toutes
échoué. Dans les télécommunications, un rapprochement entre
France Télécom et Deutsche Telekom a été évoqué. Idem dans le domaine du rail : échec. Alors que le
ferroutage et le fret de marchandises
s’imposerait au niveau continental.
Dans le nucléaire, Siemens et Areva
réunis dans Framatome ont dû se
séparer... Et pourtant, la France et
l’Allemagne ont un avenir commun
comme l’a démontré le rapport
“Beffa-Cromme” de mai 2013 : si les
deux pays fusionnaient, le nouvel
ensemble constituerait la première
puissance exportatrice au monde, il
compterait 147 millions d’habitants
et produirait 5 900 milliards de dollars de richesse par an. Cela ferait de
la France-Allemagne la troisième
puissance mondiale, juste derrière
les Etats-Unis et la Chine.
“Economiquement c’est souhaitable,
mais c’est aussi très difficile politiquement”, résume Philippe Herzog. Le
droit de la concurrence européen
n’aide pas. Les règles prohibent les
ententes, interdisent les abus de positions dominantes, contrôlent les
concentrations et surveillent les
aides accordées par les Etats comme
le lait sur le feu. La Commission européenne étudie une modernisation
des règles existantes. Pour les autorités françaises, la politique de
concurrence doit être une politique
économique au service des consommateurs et de la compétitivité des
entreprises européennes dans le
cadre d’une économie mondialisée.
“Aujourd’hui, l’enjeu n’est plus intraeuropéen. Il ne s’agit plus de battre
l’entreprise italienne, l’industriel allemand mais le géant chinois, russe ou
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
3
POLITIQUE(S)
La main invisible du marché
Partis
La crise est derrière nous, mais bonjour
les séquelles
Le revers de la médaille
La dédiabolisation du Front National trouve ses limites
Des niveaux d’endettement à leur plus haut historique, des taux de
chômage insupportables et des économies moins compétitives
MICHÈLE COTTA
BERTRAND JACQUILLAT
La pire des récessions survenues depuis 1929
est peut-être dernière nous. Mais les ravages
qu’elle a provoqués ont laissé de profondes
séquelles : des niveaux d’endettement à leur
plus haut historique d’après-guerre, des taux
de chômage insupportables et des économies
moins compétitives, ce qui laisse peu de
marges de manœuvre. Dans leur ouvrage
remarquable de 2009, This time is different,
Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff soulignaient déjà que les sorties de récession
après des crises financières étaient beaucoup
plus longues et plus poussives que les autres.
Poursuivant leurs travaux, ils viennent de
mettre au point un indice de sévérité des
100 crises passées parmi les plus graves des
200 dernières années, qui est la somme de
deux indicateurs. Le premier c’est la baisse
réelle du PIB par habitant entre son plus haut
d’avant crise et son plus bas de crise. Il est de
11,3 % en moyenne durant les 100 crises
passées. Le second est le nombre d’années
qu’il faut pour que le PIB par habitant
rejoigne son niveau d’avant crise : 8,4 ans en
moyenne. Ce qui fait que l’indice de sévérité
des 100 crises passées est en moyenne de 19,7.
Son plus haut de 38 a été atteint aux EtatsUnis lors de la Grande Crise de 1929. Il est
très élevé pour les pays périphériques de la
zone euro durant la crise récente (36 en
Grèce, 25 en Irlande, 23 en Italie, 20 en
Espagne), mais seulement de 13 en France.
Toutefois, ce ne sont que des estimations car
les PIB de ces pays n’ont pas encore rejoint
leur niveau d’avant crise, sauf aux Etats-Unis
(10,1) et en Allemagne (8).
Aussi et selon ces deux professeurs d’Harvard, cette crise, beaucoup plus grave que
celles connues par les générations précédentes, s’apparente aux crises du XIX ème
siècle et du début du XX ème, et les mesures
prises jusqu’à présent pour en sortir telles
que l’austérité budgétaire ne seraient pas à
la hauteur du défi. D’aucuns préconisent une
forme de répression financière immédiate
par la fiscalité ou progressive par l’inflation
pour annuler, du moins partiellement, la
dette, une sortie provisoire de l’euro pour
certains pays, ou encore des investissements
publics massifs. Avant la crise, les économistes s’attachaient à la grande modération,
c’est-à-dire une croissance soutenue avec une
inflation faible. Ils se focalisent maintenant
sur la récession avec déflation et suggèrent
une véritable sortie de crise par l’inflation.
Mais quoi qu’il arrive, les blessures seront
longues à cicatriser, en tous cas dans les pays
développés, ne serait-ce que parce que les
crises augmentent durablement l’aversion au
risque des agents économiques, ce qui est
préjudiciable à la croissance à long terme.
Les crises augmentent durablement
l’aversion au risque des agents
économiques, ce qui est préjudiciable
à la croissance à long terme.
La Chine s’est éveillée
Un pays d’émigration ?
Officiellement, 9 343 000 Chinois vivent à l’étranger. On est loin de la
réalité, que certaines études évaluent à 35 millions, ce qui est encore
très certainement une sous-estimation
PHILIPPE BARRET
Le nombre de 9 343 000 Chinois vivant hors de
Chine en 2013 cache une réalité qu’il est cependant difficile de connaître positivement.
Pourquoi ?
D’abord parce que beaucoup de Chinois qui ont
émigré ont adopté la nationalité de leur pays
d’accueil. Mais ils restent chinois ; ils ne s’assimilent pas, comme un émigré européen aux EtatsUnis, ou comme un Espagnol ou un Italien en
France.
Ensuite, parce que beaucoup de Chinois qui ont
émigré, notamment dans les années 1970,
venaient duVietnam ou du Cambodge : ils parlent
chinois et se considèrent comme des Chinois.
Enfin et surtout,un grand nombre de ces Chinois
sont des clandestins. En France par exemple, les
Chinois régulièrement recensés sont au nombre
de 80 000. On pense en général qu’ils seraient
plutôt 600 à 700 000.
L’émigration chinoise est un phénomène relativement récent. Longtemps, l’émigration était
interdite.Elle n’a commencé à être acceptée par
le gouvernement et ne s’est en conséquence développée qu’au milieu du XIXe siècle, après la
première guerre de l’opium. Ce sont surtout les
provinces du Sud – le Fujian, le Guandong et
Hainan – qui alimentent l’émigration. Et ces
Chinois s’installent alors massivement enAsie du
Sud-Est.
On est plus sûrement renseigné sur la destination
récente des Chinois qui émigrent.Les Etats-Unis
sont le premier pays recherché par les migrants.
En 2012,plus de 80 000 Chinois ont obtenu un visa
de résident permanent. Et depuis 2011, la Chine
a été le plus grand pourvoyeur d’étudiants étrangers aux Etats-Unis.Elle est,après le Mexique,la
deuxième source de l’immigration dans ce pays.
4
Vient ensuite le Canada, qui attire, depuis
quelques années, de plus en plus de Chinois, et
notamment des étudiants, qui s’y trouvent au
nombre de 80 600. Enfin l’Australie est le troisième pays recherché par les Chinois,qui y représentent 60% des détenteurs d’un titre de séjour
permanent enregistrés ces dix dernières années.
Ils sont d’ailleurs en train de dépasser ici le
nombre des Britanniques.
Au total,avec ses 1 300 millions d’habitants,l’émigration chinoise paraît nombreuse aux pays d’accueil,même si elle reste un phénomène marginal
pour la Chine. Quantitativement marginal, mais
non pas mineur pour l’acquisition de compétences scientifiques et techniques, ni pour les
affaires. 28 000 Chinois au Cameroun, ce n’est
rien pour la population chinoise ; c’est beaucoup
pour l’influence politique de la Chine sur le continent africain et pour les entreprises qui s’y développent.
Et face aux quelques dizaines de millions de
Chinois à l’étranger, on ne compte que
590 000 étrangers présents en Chine.
D’abord parce que beaucoup de Chinois qui ont
émigré ont adopté la nationalité de leur pays d’accueil. Mais ils restent chinois ; ils ne s’assimilent
pas (...) Enfin et surtout, un grand nombre sont
des clandestins. En France par exemple, les
Chinois régulièrement recensés sont au nombre
de 80 000. On pense en général qu’ils seraient
plutôt 600 à 700.000
Le Front national en tête aux élections européennes de juin prochain ? Un récent sondage
fait apparaître,en effet,le parti de Marine Le Pen
comme devançant l’UMP et le Parti socialiste
pour le scrutin de 2014. Même si un sondage,
selon la formule convenue,n’est qu’une photographie de l’instant présent, il n’est pas surprenant
que le Front national s’installe au premier plan
dans la campagne qui commence. Seul, ou
presque, mouvement politique à s’opposer en
France à l’Europe de Bruxelles, pour demander
à cor et à cri que la France sorte de la zone euro,
pour en faire son principal argument de vente, il
est assez naturel que le FN fasse le plein de tous
ceux qui en France rendent l’Europe responsable
de tous les maux.
Car s’il y a un point commun entre la majorité
socialiste et l’opposition,centriste ou gaulliste,en
ces temps où tout les oppose pourtant, c’est bien
la conviction européenne. Rien de ce qui s’est
passé en Europe depuis le début de la crise,c’està dire depuis 2008, ne remet en cause l’engagement profond des dirigeants français, qu’ils
appartiennent au Parti socialiste ou à l’UMP,
autour de la construction européenne et de son
approfondissement. Cela ne remonte pas seulement à Maastricht,en 1992 : pour les plus anciens
d’entre eux, la croyance à l’Europe remonte à la
fin de la Deuxième Guerre mondiale, pour
d’autres,elle remonte aux années 80. En tout cas,
elle culmine avec la création d’une monnaie
unique, entre 2000 et 2002, l’euro.
Contre les partisans de l’Europe et de l’euro, les
arguments de Marine Le Pen n’ont pas changé
depuis 2008. La présidente du Front national
plaide pour une dissolution concertée de la zone
euro,immédiatement accompagnée de mesures
protectionnistes nationales,droits de douane,ou
quotas d’importations et,sans doute,d’une dévaluation. Elle condamne les mesures d’austérité,
telles qu’elles ont été imposées par le FMI,la BCE
et la Commission européenne, à la Grèce, au
Portugal et à l’Espagne, et telles que, dit-elle, les
a choisies la France. Ces arguments, celui de la
sortie de l’euro notamment, ont un large écho
auprès de certains Français, et notamment dans
les classes les plus populaires,mais personne n’en
a jamais mesuré - comment le pourrait-on,
puisque la chose ne s’est pas encore produite - les
éventuels effets. Beaucoup de ceux qui avaient
été hostiles dans ses débuts à la monnaie unique
européenne, sont au contraire aujourd’hui
persuadés que, s’il est difficile de rester dans la
zone euro, il serait encore plus risqué d’en sortir,
tant les conséquences économiques et politiques
d’une telle décision sont imprévisibles.
Les partisans de Marine Le Pen,ou ceux qui sont
sensibles à sa démonstration,ne retiennent d’une
éventuelle sortie de l’euro que l’indépendance
monétaire de la France, et sa lutte contre une
mondialisation dont ils ne ressentent que les
effets négatifs sans jamais en mesurer les effets
positifs. Dans une période de crise, ou même de
sortie de crise, qui est encore, d’une certaine
façon, une prolongation de la crise, Marine Le
Pen a su trouver les mots pour créer derrière elle
un front du refus, surtout lorsqu’elle affirme
devant son électorat que l’euro fort, tel qu’il est,
est responsable de dizaines de fermetures d’entreprises en France.
Rien d’anormal, donc, à ce que le Front national
capitalise sur la fin de l’Europe à un moment où
les autres partis dits de gouvernement, c’est-àdire pouvant être amenés à gouverner dans le
cadre d’une alternance majorité-opposition,
tentent de démontrer que mieux vaut l’Europe
telle qu’elle est, telle qu’elle voudrait être avec
plus de fédéralisme, que pas d’Europe du tout.
Marine Le Pen a-t-elle annoncé elle-même il y a
une quinzaine de jours qu’elle espérait atteindre
les 500 listes municipales : c’est beaucoup moins
que ce dont elle s’était enorgueillie il y a
quelques mois.
mars, quelques semaines avant le scrutin européen, le mouvement de Marine Le Pen est beaucoup moins à l’aise. Après avoir annoncé qu’il
présenterait des candidats dans un maximum de
communes,il a du mal aujourd’hui à recruter des
volontaires. Dans le midi de la France, Nice,
Marseille,plus à l’ouest autour des villes côtières,
ou dans le Nord et le Pas-de-Calais, il n’a pas
grande difficulté à constituer des listes.Ailleurs,
la situation est plus complexe. Ainsi Marine Le
Pen a-t-elle annoncé elle-même il y a une quinzaine de jours qu’elle espérait atteindre les
500 listes municipales : c’est beaucoup moins que
ce dont elle s’était enorgueillie il y a quelques
mois. 500 listes sur les 36 000 communes que
compte la France,c’est plus que n’a déposé le FN
en 2008, c’est plus qu’en 1995, mais c’est peu.
Selon les calculs, le FN ne couvrirait que 16, 6 %
des villes de plus de 3 500 habitants.Pour justifier
cette discrétion du Front national dans le scrutin
municipal de 2014,sa Présidente ne manque pas
d’explications : pas assez de formation dans les
rangs de ses militants, dans l’opposition au
“système”depuis plus de trente ans,pas assez de
cadres, en dehors de ceux qui forment l’entourage immédiat de Marine Le Pen, pas assez de
professionnalisation d’un mouvement qui n’a
jamais cherché véritablement à se structurer.
Encore plus anti-système que le Front
Une deuxième menace pèse sur le Front national,
qui n’a rien à voir avec les élections, mais plutôt
avec l’évolution des forces d’opposition en
France. On l’a vu encore dimanche dernier à
Paris : c’est une frange radicalisée,violente,antisémite qui a attaqué frontalement les forces de
l’ordre à la suite de la manifestation baptisée
“Anti-Hollande”.C’était un rassemblement hétéroclite, composé de la frange de catholiques de
droite,qui s’est trouvée l’année dernière à la tête
du mouvement anti-mariage gay, de partisans de
Dieudonné, sans oublier des porteurs de croix
gammée, ou de faux“bonnets rouges”désavoués
par les vrais : le Front national n’y était pas officiellement présent .
C’est le revers de la médaille de la “dédiabolisation”. Le FN de Marine Le Pen ne cesse de se
réclamer des valeurs de la République. Ce qui
libère,à son extrême droite,des militants de tout
poil qui auraient pu, il y a quelques années, se
reconnaître pleinement dans le FN mais qui lui
reprochent, désormais, sa non-participation aux
manifestations contre le mariage pour tous, sa
faible implication dans le combat jusqu’auboutiste contre la Présidence et le gouvernement
de la gauche. Candidate longtemps de l’antisystème,Marine Le Pen risque d’être doublée sur sa
droite par de plus antisystème qu’elle. La dédiabolisation du FN, en partie réussie, montre ainsi
ses limites.
Recherche candidats désespérément
Pour autant, le Front national est-il devenu le
premier parti de France parce qu’il devance les
autres partis sur le terrain européen ? Sûrement
pas.Plusieurs facteurs le menacent.Aux municipales, par exemple, scrutin qui doit avoir lieu en
Candidate longtemps de l’antisystème,
Marine Le Pen risque d’être doublée sur
sa droite par de plus antisystème qu’elle.
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
Politique de l’Offre
Cherchez la différence
Y a-t-il encore une politique économique de gauche et une de droite ?
JEAN-MICHEL LAMY
Un rêve passe. A 91% le Conseil national de
l’UMP vote “Ricardo” alors que l’Elysée vient
de voter à 100 % “Jean-Baptiste Say”. Ce sont
les deux économistes “vedette” de la politique
de l’offre, celle qui privilégie la relance par la
production.L’étendue des déficits a eu raison de
Keynes et de sa relance par le budget. Après
avoir adoré la dépense,la société politique française semble enfin réaliser que la production
précède la distribution.Mais alors,y a-t-il encore
une politique économique de gauche et une de
droite ? Les intéressés font tout pour nous en
convaincre.
La nouvelle rhétorique
La conversion de François Hollande à ce
nouveau réalisme économique a déjà changé la
donne. La rhétorique des “cadeaux aux entreprises” est maintenant réservée à la gauche de
la gauche. C’est l’Elysée qui est à la manœuvre
pour organiser l’empathie avec le monde entrepreneurial. Avec l’idée que le pays est à un
moment clef.Pour basculer dans le vide ou pour
… se ressaisir.
La nécessité de procéder à des économies de
dépenses publiques commence aussi à être prise
en compte par les Français de façon très
concrète. Selon les sondages la population
comprend de mieux en mieux la relation entre
impôts et coût de l’administration. Au point de
préférer majoritairement une réduction du périmètre des services publics à la poursuite de la
hausse des prélèvements. Une fenêtre d’opportunité, analysent les stratèges politiques.
L’exercice budgétaire 2013 n’a pas lésiné, il est
vrai, sur la pédagogie – même si c’était involontaire.Une chute brutale,jamais vue,des recettes
fiscales de quelque 15 milliards d’euros par
rapport aux prévisions a démontré la justesse
de la courbe de Laffer sur le “trop d’impôt tue
l’impôt”. En dix-huit mois d’échec, François
Hollande a fait apprendre aux Français tout ce
qu’ils refusaient d’entendre depuis des décennies sur la politique économique dite “néo-classique”. Ne nous illusionnons néanmoins pas
trop, bien sûr.
Il reste que les deux grands partis politiques du
pays réorientent leur discours dans ce sens-là.
L’UMP vient d’adopter en Conseil national, ce
25 janvier,un programme de mesures d’urgence
qui a pour mot d’ordre“plus de liberté !”.Quant
aux députés PS,ils s’apprêtent à voter début juin
la confiance à un gouvernement qui proclame
qu’en France le coût du travail est trop élevé. Et
qui ajoute par la voix de Jean-Marc Ayrault :
“Entre 2008 et 2012,la part de la dépense publique
dans la richesse nationale a augmenté de quatre
points en passant de 52,6 % à 56,6 %,pourtant cela
n’a amélioré ni les services publics ni la vie des
Français.” C’était sur le perron de l’Elysée à l’issue du premier Conseil stratégique de la
dépense publique.
Le marqueur de gauche
Il faudra attendre l’après-municipales pour
juger de la réalité des actes, mais les intentions
sont claires. Elles ont été confirmées aux partenaires sociaux reçus en rang serré à Matignon
pour discuter du Pacte de responsabilité,c’est-àdire des contreparties aux allègements de
charges.Voilà le marqueur de “gauche”.
Thierry Mandon, député PS de l’Essonne,
explique “la” différence avec la droite : “Le libéralisme c’est très simple, vous enlevez des
contraintes et des impôts aux entreprises, et tout
doit être réglé naturellement.Nous,on considère que
sans la négociation sociale rien ne sera réglé. C’est
typiquement social-démocrate, c’est l’économie
sociale de marché. Il y a à la fois la prise en compte
de réalités et la volonté de rajouter un corpus social
fort.”
La convergence avec un certain Ludwig Erhard,
le chancelier d’outre-Rhin promoteur de“l’éco-
nomie sociale de marché”, n’échappera à
personne. N’oublions pas non plus que le traité
de Lisbonne fait de ce concept un des objectifs
principaux de l’Union européenne. Après tout,
le combat pour la production fait partie de la
gauche depuis Saint-Simon, rappelle tel
ministre.Thierry Mandon souligne pour sa part
que la gauche a toujours trois tâches quand elle
revient au pouvoir.
D’abord elle doit s’occuper des entreprises.Dans
les années 80 c’était les nationalisations,
aujourd’hui c’est le redressement productif. A
chaque fois il faut s’occuper de l’offre du pays.
Ensuite, il faut pousser le dialogue social. En
1980 c’était les lois Auroux, aujourd’hui ce sont
les grandes négociations “contreparties” qui
vont être lancées, branche par branche, sur les
qualifications et les formations. Enfin, il faut
reformuler le projet européen. Il y a eu
Maastricht, aujourd’hui la réalité européenne
n’est plus qu’une Europe de la compétition alors
qu’il faut bâtir de la coopération.Trois invariants
de la période “Mitterrand” dans lesquels
François Hollande s’inscrit. L’histoire dira si la
gauche idéologique actuelle accepte cet héritage “de gauche”.
L’offre “de droite”
L’opposition UMP avait tout prévu sauf un tel
revirement du hollandisme, qui vient se greffer
sur sa propre trajectoire économique.
Qu’importe, la tendance sera au toujours plus.
Le Conseil national a validé la sortie définitive
des 35 heures,la dégressivité des indemnisations
chômage, 130 milliards de réduction de
dépenses publiques, des revenus de solidarité
plafonnés à 75 % du SMIC… Pour la petite
histoire l’UMP qui avait programmé 34 milliards
d’euros de baisse du coût du travail (Hollande
émarge à 30) parle maintenant de 65 milliards.
Hervé Mariton,député UMP de la Drôme,explicite la différence avec la gauche : “La politique de
l’offre“de droite” comporte de vraies réformes structurelles. Elle assume le fait que le curseur doit être
suffisamment déplacé. C’est une différence de
nature.” Jérôme Lavrilleux, candidat UMP aux
Européennes : “Le plus significatif dans le projet,
c’est remettre la valeur travail au cœur du disposi-
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
Henri Guaino : “Une politique de l’offre qui
n’est pas en même temps une politique de la
demande n’a aucun sens. Il faut cesser de faire
de la politique économique avec des étiquettes
qui ne veulent pas dire grand-chose.”
tif.”
Interrogé sur la “différence”, Henri Guaino,
député UMP desYvelines,met à sa façon tout le
monde d’accord : “Une politique de l’offre qui n’est
pas en même temps une politique de la demande
n’a aucun sens. Il faut cesser de faire de la politique
économique avec des étiquettes qui ne veulent pas
dire grand-chose. Il y a des moments où il faut
appuyer un peu plus sur la demande ou un peu plus
sur l’offre. Opposer les deux de façon aussi caricaturale n’a aucun sens,cela n’a rien à voir avec la droite
et la gauche.” Et d’ajouter : “Le projet économique
voté par le Conseil national ne m’engage en rien.
Comme il n’engage pas non plus Alain Juppé, nous
serons au moins deux.” Le maire de Bordeaux
juge en effet le projet trop libéral. La recomposition politique passera peut-être par l’économie.
Alors que la gauche se recentre
sur l’économie sociale de marché,
l’UMP campe sur le “toujours plus”
5
Vu d’en haut
Pierre de Champfleury, conseil en fusion-acquisition
“Dans le luxe, la valeur essentielle d’une marque
se situe hors bilan”
ROMUALD MEIGNEUX / SIPA
Ce spécialiste des opérations de haut de bilan dans le domaine du luxe rappelle ici les multiples particularismes du secteur pour
mieux comprendre ce qui fait le succès d’une opération. Ou son échec.
Fin connaisseur de l’industrie du luxe,
Pierre de Champfleury en connaît non
seulement les acteurs,des plus visibles aux
plus discrets, mais aussi et surtout, les
ressorts. A commencer par ceux que l’on
ne voit pas et qui, en toute discrétion,
supportent l’édifice. Ceux qui se situent
“hors bilan” et constituent cette part
d’immatériel,écrasante et impalpable,qui
fait du luxe un secteur à part, plus éclaté et
surtout plus complexe qu’il n’y paraît.
Désormais spécialiste en fusions et
acquisitions sur les différents métiers du
luxe dans le monde, il sait tout cela : les
liens d’interdépendance entre petites
entreprises et grands groupes, l’impératif
de renouvellement permanent,celui d’une
cohérence sans faille mais aussi “les très
grandes différences de conceptions, de points
de vue, de manières de faire et de manières
d’être” existant entre professionnels de
cette industrie.Et surtout,cette dimension
psychologique qui, bien plus que la
technique financière, permet qu’un deal
se fasse ou pas.Une compréhension intime
du marché qu’il met à profit pour faciliter
les rapprochements d’entreprises en tout
genre, pour ne pas dire les alliances des
contraires : petits et grands, artisans de
l’ombre et marques stars.Sa valeur ajoutée
? Savoir “parler aux gens qui sont susceptibles
d’acheter, comprendre ceux qui sont désireux
de vendre et qui, bien souvent, ne savent pas
comment procéder”. Explications.
tout ce qui porte atteinte à l’image de la marque
porte également atteinte à sa désirabilité et, par
conséquent,remet directement en cause son fonds
de commerce.Voilà pourquoi la cohérence est capitale dans ce secteur. Et voilàpourquoi la contrefaçon – autrement dit, la copie d’une marque à
moindre coût et à moindre qualité - y est perçue
comme un risque majeur.
Tout cela, cet hyper-contrôle de l’image, des
circuits, du discours comme de la qualité vise
évidemment à valoriser l’immatériel.Sans lui,les
marques de luxe ne pourraient justifier les tarifs
extrêmement élevés qui sont les leurs. Des tarifs
qui sont uniquement praticables parce qu’au-delà
du prix de revient de leurs produits, elles
travaillent toutes à entretenir cet aura en actionnant chacun des leviers à leur disposition. Ce qui
implique un travail de fourmi dans une multitude
de départements différents mais,au final,permet
que l’orchestre sonne juste.
“Il y a des moments dans la vie
des marques où se dessinent des
lignes de force qu’elles doivent
savoir saisir pour se renouveler.
C’est une capacité à capter l’air
du temps.”
“ Sa valeur ajoutée ? Savoir “parler aux
gens qui sont susceptibles d’acheter,
comprendre ceux qui sont désireux de
vendre et qui,bien souvent,ne savent pas
comment procéder”.
“Tout ce qui porte atteinte à l’image de la marque porte également atteinte à sa désirabilité et, par
conséquent, remet directement en cause son fonds de commerce. Voilà pourquoi la cohérence est
capitale dans ce secteur.”
PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLINE CASTETS
J’ai créé une“boutique”de fusions et acquisitions
dédiée à un seul métier : celui du luxe. Il ne s’agit
ni d’un fonds, ni d’une banque – je ne suis pas un
intermédiaire financier – mais d’une activité
essentiellement de conseil qui aide les personnes
qui souhaitent vendre ou acheter dans ce secteur
et qui manquent de certains éléments pour le
faire. Soit parce qu’elles ne sont pas versées dans
le domaine financier,soit parce qu’elles ont du mal
à comprendre ceux avec qui elles seront amenées
à traiter.
Il faut savoir qu’il existe souvent de très grandes
différences de conceptions, de points de vue, de
manières de faire et de manières d’être entre les
professionnels qui collaborent à cette industrie du
luxe en qualité de “fournisseurs” et ceux qui en
incarnent les grands noms ; les entreprises les plus
connues et les plus visibles de ce marché qui, la
plupart du temps,sont aussi celles qui sont les plus
à même de racheter les affaires de taille plus
modeste. Peu de gens en ont conscience mais ces
écarts de profils contribuent à faire du luxe un
univers très complexe.
est le fait qu’ils comportent une forte part d’immatériel. Cette part d’immatériel qui les différencie
des autres secteurs,c’est la formule magique de la
marque ; un mélange de création, de savoir-faire,
de savoir-dire et de savoir-montrer. Pour qu’une
marque fonctionne, elle doit se montrer performante dans ces quatre domaines ; maîtriser ces
quatre facettes de son activité. Et pour cela, elle
doit nécessairement faire appel à un grand
nombre de sociétés différentes : des “fournisseurs” qui, encore une fois, sont généralement
totalement inconnus du public mais qui,en raison
de leur très haut niveau d’expertise, constituent
un facteur clé de réussite pour leur client, un
élément décisif à leur niveau d’excellence et à leur
visibilité.Ce qui explique que ces sociétés à la fois
modestes en taille et considérables en valeur ajoutée se retrouvent le plus souvent en jeu lors des
opérations de fusions-acquisitions, lesquelles
doivent prendre en compte l’ensemble de ces
subtilités. Car encore une fois, il n’y a pas que les
LVMH et les Richemont pour faire cette industrie
du luxe.Il y a une multitude de sociétés inconnues
sans lesquelles rien ne serait possible.
La diversité des métiers
L’impératif de cohérence
Le secteur du luxe est d’autant plus complexe qu’il
rassemble des métiers extrêmement divers
couvrant bien d’autres domaines que ceux de la
mode et de la parfumerie pour s’étendre à ceux
des vins et spiritueux,de l’hôtellerie,de la décoration… Tous ces métiers représentent un nombre
considérable de sociétés,certaines de très grande
envergure,d’autres très modestes travaillant pour
le compte d’entreprises extrêmement connues
sans jamais apparaître au grand jour et pourtant,
essentielles au bon fonctionnement de ces
dernières.Cette diversité est à prendre en compte
lorsqu’il est question de fusion-acquisition,activité
qui revient à marier les genres.Il s’agit même d’un
élément déterminant.
Contrairement à certaines très belles marques à
succès – comme Coca-Cola par exemple – qui, où
qu’elles aillent, conservent un caractère monolithique,les métiers du luxe doivent savoir s’adapter
aux pays, aux circuits de distribution, aux mentalités.Or savoir dire et savoir distribuer est particulièrement délicat dans le luxe : une très belle
marque distribuée dans le mauvais point de vente
peut très facilement voir son image impactée. Or
la part d’immatériel
Ce qui caractérise avant tout ces métiers du luxe
6
“Cette part d’immatériel,
c’est la formule magique
de la marque ; un mélange
de création, de savoir-faire,
de savoir-dire et de savoir-montrer.”
L’air du temps
Il y a des moments dans la vie des marques où se
dessinent des lignes de force, des tendances de
fond qu’elles doivent savoir saisir pour se renouveler. C’est une capacité à capter l’air du temps, la
culture de la rue aussi bien que la culture artistique ; une compréhension de la société en marche
et une aptitude à anticiper celle qui se profile dont
ont fait preuve Chanel dans les années 20 etYves
Saint Laurent dans les années 80.
Ceux qui n’y sont pas parvenus ont décliné.Ce qui
a été le cas d’une marque comme ElizabethArden
qui,il y a quelques décennies,était l’équivalent de
Dior en cosmétique et qui, parce qu’elle n’a pas
compris que certaines présentations, certaines
formulations devaient évoluer, est restée figée
dans le temps.A l’inverse, Calvin Klein a connu, à
partir de la fin des années 80, une série de succès
planétaires sur ses parfums dus précisément au
fait que chacun s’inscrivait dans un courant fort du
moment. Obsession était tourné sur soi, c’était la
fin des des grandes transgressions.Eternity,lancé
quelques années plus tard, incarnait le retour du
romantisme en mettant en scène le couple, les
enfants, la famille, et CK One cassait les codes en
inventant le parfum pour tous,androgyne,unisexe.
Passer de l’un à l’autre de ces positionnements en
quelques années était extrêmement délicat mais
c’est ce qui a fait le succès de la marque. Chaque
fois qu’elle sortait une nouveauté, elle tombait
juste. Parce qu’à l’inverse d’Elizabeth Arden,
Calvin Klein savait sentir l’air du temps et s’y
inscrire.C’est cet impératif de remise en question
permanente qui fait du luxe un métier si difficile
et une industrie en perpétuel bouillonnement.
La course à la taille et
à la mondialisation
Le marché du luxe a connu d’importants bouleversements au cours des trois dernières décennies
pour plusieurs raisons.La première est que s’y est
déroulée une véritable course à la taille qui a eu
pour effet d’aboutir à la création de mastodontes
tels que LVMH et Richemont. La seconde est
qu’on y a assisté au réveil de marques endormies
comme Chanel qui, il y a une trentaine d’années,
se limitait à une unique boutique,rue Cambon,et
un unique parfum, Numéro 5, et qui était une
marque vieillissante, largement dépassée par
Yves Saint Laurent.Puis est arrivé Karl Lagerfeld
qui a secoué tout cela et, ce faisant, a sauvé la
marque. Chanel a alors ouvert une première
boutique aux Etats-Unis, suivant ainsi les traces
d’une autre belle endormie, à savoirVuitton qui,
peu avant, avait été secouée de sa torpeur par
Henri Racamier,l’homme qui,dans les années 80,
eut cette idée, nouvelle pour l’époque : ouvrir des
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
7
Vu d’en haut
Fusions-acquisitions et Luxe
Pierre de Champfleury, conseil en fusion-acquisition
La maîtrise de l’amont
Le double mouvement de course à la taille et de
course à la mondialisation qui caractérise le
marché du luxe depuis des années explique que,
dans cet univers,les grands comme les petits aient
besoin les uns des autres. D’où cette volonté
permanente d’acheter et de se vendre.Le premier
cas répondant généralement à une volonté de
maîtriser l’amont,autrement dit,de sécuriser son
approvisionnement lequel,sur ce secteur,est tout
aussi crucial dans la chaîne de création de valeur
que la maîtrise de l’aval, à savoir, du circuit de
distribution – ce à quoi s’emploie LVMH lorsqu’il
rachète Séphora. Prenons l’exemple de la maroquinerie.Il existe aujourd’hui une demande considérable pour des articles extrêmement chers
fabriqués à partir de peaux très haut de gamme :
de python,d’alligator,etc.Tous les grands groupes,
que ce soit LVMH,Hermès ou encore Chanel,cherchent donc à contrôler leurs sources d’approvisionnement dans ce domaine. Hermès en rachetant
une ferme de crocodiles, LVMH en prenant une
grosse participation dans une autre en Australie
et Chanel en faisant l’acquisition récente d’une
petite société productrice de peaux d’agneaux de
très belle qualité.Cette société était déjà son fournisseur mais en en faisant l’acquisition, Chanel
sécurise sa source d’approvisionnement et s’offre
la garantie de pouvoir la contrôler,quoi qu’il arrive.
Le groupe a d’ailleurs créé une société –
Paraffection – dans le but précis de racheter et
regrouper ce type de métiers hautement qualifiés
et qui a ainsi racheté une dizaine de petites
marques, fabricants de fleurs, de plumes, de
broderies… dont la plus connue est Lesage,
brodeur historique qui, depuis 80 ans, fournit la
haute-couture française, ce qui en fait une mine
d’or et un élément indispensable pour toute
grande marque de prêt-à-porter de luxe.Chanel le
sait bien et c’est pour cela que le groupe l’a rachetée : pour l’enjeu stratégique que représente cette
entreprise. De même qu’il y a quelque temps il a
racheté une autre société située en Ecosse qui
produisait des laines de très grande qualité et qui
se trouvait en difficulté. Chanel en a fait l’acquisition pour pérenniser l’activité et, ce faisant, sécuriser sa propre source d’approvisionnement.
La logique de concentration
Autre cas de figure pouvant déboucher sur un
rachat : le fait qu’il existe aujourd’hui dans le luxe
beaucoup de marques nouvelles - Louboutin,
Jimmy Choo, Dolce Gabbana… - qui ont atteint
une grande notoriété en quelques années mais qui
manquent d’ancienneté et qui, de fait, n’ont pas
nécessairement les moyens de s’imposer dans le
milieu si bien qu’elles peuvent être désireuses de
s’adosser à plus gros qu’elles. La recherche d’une
taille critique constitue donc un autre motif de
rapprochement. Prenez un parfumeur de talent
comme Frédéric Malle, dont les parfums valent
environ trois fois le prix d’un parfum classique, et
qui a eu l’idée de prendre les plus grands parfumeurs et de leur donner carte blanche sur une idée
de parfum,sans contrainte marketing ni impératif
de temps, afin qu’ils le développent en toute
liberté pendant un an et demi. A l’arrivée, cela
donne des produits tout à fait exceptionnels et une
affaire très prometteuse qui, dans cinq ans, pourraitbiensusciterl’intérêtdeplusgrandesmarques.
Ce qui s’est produit avec Jo Malone qui a démarré
tout petit et a fini par être racheté par Estée
Lauder. Cette logique de concentration se vérifie
continuellement dans tous les domaines du luxe,
pas uniquement dans la parfumerie,et elle répond
à un besoin essentiel sur ce secteur : la créativité.
L’innovation permanente
Les grandes marques installées et pérennes ayant
généralement perdu de leur capacité à se réinventer,elles rachètent des petits,plus agiles,plus intuitifs et donc,plus créatifs qu’elles pour assurer leur
8
propre renouvellement.Car la pierre angulaire de
ce secteur, c’est la création. On peut savoir dire,
savoir faire et savoir montrer, sans le bon concept
de départ, cela ne prend pas. Quel que soit le
secteur. Prenez la vodka. Absolut a connu un
succès fou en raison de la mise en scène de son
nom, de son étiquette. C’est ce qui lui a permis de
détrôner Smirnoff alors que même que la qualité
du produit ne lui était pas supérieure.PuisAbsolut
a été détrônée par Grey Goose,vendue comme“la
première vodka française” et qui, de ce fait, l’a
remplacée en quelques années dans les bars newyorkais. Preuve que l’innovation est partout. Et
c’est lorsqu’elle se manifeste qu’elle est susceptible d’attirer l’attention de plus grandes entreprises.
Les fusions-acquisitions
Ma valeur ajoutée dans ce secteur n’est pas celle
d’un financier mais d’un expert. J’ai appris mon
métier dans des grands groupes de luxe, lancé le
premier parfum de Karl Lagerfeld, Chloé, il y a
Dans le luxe, la valeur essentielle
se situe hors bilan, et rès souvent
les propriétaires des plus petites
entreprises ont du mal à valoriser
cet actif essentiel que constitue
la marque.
valeur essentielle d’une marque se situe hors bilan
et très souvent les propriétaires des plus petites
entreprises ont du mal à valoriser cet actif. Ils
savent gérer une entreprise au quotidien et faire
du chiffre d’affaires mais ce ne sont pas des financiers.Ce sont de grands artisans qui n’ont pas l’habitude de se mettre en avant, ce qui est pourtant
un impératif lorsqu’on souhaite vendre. Faute de
quoi, on finit par vendre l’entreprise, certes, mais
pas à sa juste valeur.C’est pour éviter cela que ces
dirigeants ont besoin qu’on les accompagne,qu’on
les aide dans les négociations. Dans ce cas j’agis
comme leur agent et je fais en sorte que la véritable valeur de leur entreprise soit reconnue par
ROMUALD MEIGNEUX / SIPA
boutiques en propre pour éviter de voir ses
produits de luxe commercialisés dans les circuits
de distribution classiques. C’est lui qui a ouvert la
voie et inventé des boutiques au nom des marques
pour un circuit de distribution exclusif offrant le
triple avantage de rendre la marque visible, d’en
maîtriser l’ensemble des codes - et donc d’en
contrôler l’image - mais aussi de monétiser sa
valeur, le fait de supprimer l’échelon distributeur
permettant d’augmenter les marges.
“Quel que soit le scénario de fusion-acquisition, il requiert plus que de la technicité. Une grande part
d’immatériel est en jeu. Au point que, dans ce secteur, les deals se font à 80 % sur la psychologie et à
20 % sur la technique.”
longtemps, dirigé les parfums YSL, ce qui m’a
permis d’apprendre de l’intérieur comment fonctionnait cette industrie du luxe. Ma‘chance’ est de
très bien connaître les deux univers qui la constituent. Celui des grandes marques, au sein duquel
j’ai passé vingt ans, et celui des plus petites entreprises auquel j’ai également collaboré de
nombreuses années.Certaines étaient des succès,
d’autres avaient au contraire besoin d’être remaniées.Quoi qu’il en soit cela m’a permis d’acquérir
une vraie compréhension des demandes, et des
attentes respectives, et de savoir à la fois parler
aux gens qui sont susceptibles d’acheter et très
bien comprendre ceux qui sont désireux de vendre
et qui,bien souvent,ne savent pas comment procéder. Il m’arrive également de prendre les devants
et d’initier certaines opérations lorsqu’elles ont du
sens pour les deux parties..
Quel que soit le scénario de fusion-acquisition, il
nécessite une expertise particulière dans le sens
où il requiert plus que de la technicité.Où,chaque
affaire étant extrêmement chargée sur le plan
émotionnel, une grande part d’immatériel est en
jeu.Au point que, dans ce secteur, les deals se font
à 80 % sur la psychologie et à 20 % sur la technique.
Ce qui s’explique par le fait que, dans le luxe, la
Ma ‘chance’ est de très bien connaître
les deux univers qui la constituent.
Celui des grandes marques, au sein
duquel j’ai passé vingt ans, et celui des
plus petites entreprises auquel
j’ai également collaboré de
nombreuses années
l’acheteur qui,lui,cherche évidemment à acheter
l’entreprise uniquement sur sa valeur financière.
C’est à ce stade que j’interviens. Je fais en sorte
que soient explorées toutes les problématiques,
que soient bâtis des contrats bien précis,y compris
en terme de management.Tout cela,la plupart des
gens désireux de se vendre sur le marché du luxe
ne savent pas le faire.
Déperdition de talents
Concernant l’avenir du secteur je pense qu’il va
poursuivre cette tendance à la concentration à
laquelle on a assisté ces dernières années et qu’il
parviendra à évoluer favorablement, en dépit de
la crise et du pessimisme ambiant. Je constate
chaque jour qu’il existe dans ce pays des capacités
d’innovation, de créativité, des savoir-faire et une
inventivité formidables.On a ici un sens de l’esthétique et un sens du goût qui me rendent plutôt
optimiste quant à la capacité de toute une génération de nouveaux talents à renouveler le secteur
qui,c’est inévitable,se guinde et se sclérose un peu
avec le temps. Encore une fois, la création passe
par un renouvellement permanent. Or la France
compte un nombre incroyable de talents gâchés,
de gens brillants à qui l’on ne fait pas suffisamment confiance. Une nouvelle génération extrêmement inspirée que l’on ne laisse pas suffisamment s’exprimer et dont, selon moi, dépendra
pourtant en grande partie l’avenir du luxe français.
Bio express
Le spécialiste
Pierre de Champfleury découvre l’univers du
luxe il y a plus de trente ans et ne le quitte plus.
Son diplôme d’HEC et son MBA de Stanford en
poche, il y fait ses premiers pas du côté cosmétiques – d’abord chez Elizabeth Arden puis chez
Parfums Lagerfeld où, pendant dix ans, il
apprend les différentes facettes du métier, de la
fabrication à la distribution – avant de varier les
plaisirs en passant, au cours des deux décennies
suivantes, du monde des spiritueux à celui des
griffes de luxe -Austin Nichols and Co, Yves
Saint Laurent Parfums - ou encore des tissus
haut de gamme où il occupera diverses fonctions
de direction, jusqu’à s’aventurer de l’autre côté
du miroir en créant, à NewYork, sa propre entreprise de commercialisation de parfums : Realm.
Fort de ces expériences et de la connaissance
intime du secteur qu’elles lui ont permis d’acquérir, il lance ses activités de conseil en fusionacquisition dans les métiers du luxe en 2012.
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
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Dossiers
SIPA
Affaires publiques, Entreprises, Economie sociale
LIEUX DE CONGRÈS ET SÉMINAIRES
Séminaire hors les murs
Plutôt mer ou montagne ?
Les professionnels de l’événementiel proposent des offres à la fois compétitives et
originales
La crise n’a pas sévèrement touché le secteur des
séminaires d’entreprise, preuve que les entreprises croient plus que jamais à leurs vertus. Les
organisateurs d’événements n’en sont pas moins
stimulés et ils rivalisent plus que jamais d’imagination pour sortir du traditionnel duo mermontagne, qui souffre des contraintes météo. Du
Par Anne-Laurence Gollion
O
Selon une étude du
magazine “L’Écho touristique”
de juin 2013, Lyon, Toulouse
et Nantes devancent Paris
en matière d’évaluation
de l’offre hôtelière et
de centres de congrès
rganiser son séminaire d’entreprise à
l’observatoire du Pic
du midi, à presque
3 000 mètres d’altitude, au nouveau
musée du Louvre à Lens, ou encore
dans un ancien cabaret parisien,
c’est tendance. Conscientes que les
réunions d’équipe améliorées dans
des hôtels impersonnels n’ont que
peu de chances de laisser des souvenirs impérissables à leurs employés,
les entreprises déploient toute leur
imagination pour délocaliser leurs
événements dans des lieux
atypiques. Car même si le ralentissement économique a imposé des
coupes budgétaires drastiques aux
entreprises françaises, ces dernières
ne semblent pas vouloir sacrifier le
budget alloué à l’organisation de
séminaires. Malgré un creux en
2012, le marché du tourisme d’affaires (ou MICE, pour séminaires,
conventions, congrès, incentive) a
connu un petit rebond de 1,1 % sur
l’année 2013, selon l’étude sur le
tourisme d’affaires du cabinet de
conseil Coach Omnium en prévision
de l’année 2014. Les entreprises
n’envisagent donc pas de renoncer
à ces moments de travail mâtinés de
convivialité, toujours aussi appréciés des salariés, puisque 9 employés
sur 10 se disent enthousiastes à
l’idée de partir en séminaire ou en
convention.
Nécessaire déconnexion
Elles en sont donc conscientes : les
séminaires en ville n’ont plus la cote.
Offrant des possibilités d’activités
limitées, peu dépaysantes, ne
permettant pas la déconnexion face
aux tensions quotidiennes, l’événement en contexte urbain ne fait plus
recette, même si Londres ou
Bruxelles tirent encore leur épingle
du jeu grâce à un mélange efficace
d’accessibilité et d’exotisme. Pour
les 70 % de la demande française
qui se décident en région parisienne, selon l’étude 2014 de Coach
Omnium, le cahier des charges est
ambivalent : il s’agit d’organiser un
événement à distance raisonnable
de Paris, mais en proposant des activités que les participants n’ont pas
forcément l’occasion de pratiquer
au quotidien. De façon peu surprenante, certaines villes de province
tirent très bien leur épingle du jeu
face à la Capitale. Selon une étude
du magazine L’Écho touristique de
juin 2013, Lyon, Toulouse et Nantes
devancent ainsi Paris en matière
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
côté des clients s’ajoute une réelle recherche
d’authenticité qui vient rebattre les cartes de l’habitude. Dans tous les cas, les entreprises souhaitent toujours donner aux réunions de travail un
petit air de vacances, conscience écologique en
prime.
d’évaluation de l’offre hôtelière et
de centres de congrès. Certaines
métropoles arrivent tout de même à
capitaliser sur leur position géographique avantageuse : c’est le cas
d’Aix-en-Provence par exemple.
Une ville de 140 000 habitants,
située à 33 kilomètres de Marseille,
de son Vieux port et de ses
calanques, avec un climat méditerranéen et quelques musées connus
comme le musée Granet : il n’en
fallait pas plus pour que les entreprises jettent leur dévolu sur la ville.
Sylvie Bertin, responsable du
service séminaires, loisirs et congrès
au sein de l’office du tourisme,
énumère ainsi les atouts d’Aix-enProvence: “Nous avons un accès facile
à la mer, avec une grande diversité
d’activités possibles. L’un de nos gros
points forts, c’est notre accessibilité :
l’aéroport international est à 25
minutes du centre-ville et nous
sommes à trois heures de Paris en TGV,
avec 12 dessertes par jour.
L’hébergement est riche, avec 3 000
chambres de une à cinq étoiles dans la
ville. Enfin, le fait que la ville soit à
dimension humaine plaît beaucoup”.
La ville près de la mer ou la mer en
environnement urbain : la mixité
plaît. Si l’on en croit Sylvie Bertin,
Aix n’est pas en compétition avec sa
voisine et éternelle rivale Marseille:
“Il y a peu d’appels d’offres qui nous
mettent en compétition, nous ne
sommes pas situés sur le même
créneau. Il y a une grande différence de
taille et d’ambiance entre les deux
villes”. La concurrence se situe peutêtre davantage vers la côte
Atlantique, qui jouit d’une image à
la fois haut de gamme et familiale.
La Baule, Pornic, Noirmoutier : ces
stations de taille moyenne ont réussi
à se placer sur le créneau en jouant
habilement la carte de la convivialité.
Si les activités balnéaires ont la cote
auprès des salariés, car souvent
jugées plus accessibles et moins
élitistes que les sports d’hiver,
quelques règles doivent toutefois
être respectées pour que tout se
passe au mieux. Des activités originales mais qui préservent des
moments de travail, une ambiance
agréable de bord de mer mais sans
ostentation: tout est dans la mesure.
Lorsque des demi-journées de team
building sont prévues, elles doivent
également être bien anticipées,
ludiques et cohérentes avec l’espace
environnant. “Les entreprises viennent vers nous avec des demandes très
variées. C’est très souvent du sport,
mais cela ne peut jamais être exclusivement du sport. Il s’agit la plupart du
temps de jeux ou de challenges, comme
la chasse aux trésors avec Aix-enProvence comme fil conducteur”,
décrit Sylvie Bertin. La réussite d’un
séminaire passe également par la
valorisation du paysage et du patrimoine. “Notre proximité avec le
11
Séminaire hors les murs
ÉVÉNEMENTIEL
LIEUX DE CONGRÈS ET SÉMINAIRES
“Les entreprises nous réclament
des activités à la fois mixtes,
sportives, ludiques et qui n’excluent
pas les personnes non sportives.”
Laurence Flautat-Guillaud,
Les Balcons du Lac d’Annecy.
village des Baux-de-Provence est un
atout. Nous effectuons aussi des excursions du côté de Cassis et de la Côte
d’Azur, notamment des soirées évasion
en bord de mer”, détaille-t-elle encore.
Un peu plus loin, la Corse, malgré sa
situation insulaire, continue à faire
recette, malgré un léger repli. La force
de l’île de Beauté, si l’on en croit
Nathalie Bar, chargée de projets chez
Corsica Events, serait sa belle saison
hivernale : “notre politique a été d’inciter les entreprises à venir en hiver, et
cela a plutôt fonctionné. Le temps est
clément et permet des activités
terrestres, comme des visites historiques
d’Ajaccio, des randonnées pédestres,
mais également des déjeuners en bord de
plage. Surtout, les participants apprécient le calme car les touristes ne sont
pas là”.
Divertissements en prime
Si l’organisation de séminaires en
bord de mer marche à plein en été, la
montagne emporte souvent les
faveurs des entreprises lors de la
période hivernale. Les Alpes constituent bien une des destinations favorites des organisateurs : après
l’Ile-de-France et la région ProvenceAlpes-Côte d’Azur, c’est la région
Rhône-Alpes qui arrive en troisième
position, à égalité avec le Nord-Pas-deCalais, selon le Baromètre 2012 de
Coach Omnium. La ville d’Annecy, à
trois heures de Paris enTGV, accueille
ainsi des séminaires d’entreprise
aussi bien en été qu’en hiver. “Annecy
vit toute l’année et bénéficie d’une
bonne réputation à l’international, ce
qui est un atout pour séduire des entreprises employant des salariés étrangers”,
décrit Laurence Flautat-Guillaud,
responsable des ventes groupes et
séminaires pour les Balcons du Lac
Marie Languille
animatrice de réseaux et filières touristiques
de l’intercommunalité Cap Atlantique (La Baule-Guérande),
exposant du salon Bedouk*
L’évolution de la demande pour
la destination Baule-Presqu’Ile?
Nous voulons mettre en place un observatoire afin d’évaluer au mieux la fréquentation. Nous notons toutefois des séjours
plus courts, avec un effet de proximité,
puisque les entreprises raccourcissent
leurs trajets. La période de janvier à mars
est plus calme, mais l’automne ne connaît
pas de baisse particulière. Surtout, on
remarque qu’une destination purement
balnéaire ne suffit plus: les clients veulent
Les particularités de la demande
des entreprises?
Les exigences liées au développement
durable sont devenues une réalité. Nos
clients sont souvent sensibles à ce type
d’engagement, qui passe par exemple par
la valorisation de produits locaux en restauration. Certains équipements hôteliers sont
d’ailleurs engagés sur une démarche de
label, ce que nous souhaitons encourager.
Nous sommes ainsi également partenaires
du “passeport vert”, une initiative des
“Une destination purement balnéaire ne suffit plus:
les clients veulent de l’originalité et de la nouveauté”
de l’originalité et de la nouveauté. Nous
avons ainsi valorisé la presqu’île de
Guérande, afin d’élargir notre offre. Les
marais salants, découverts sous la forme
de balades et d’explications, ajoutent une
plus-value, tout comme l’espace du parc
national régional.
Les atouts de votre destination
par rapport à la concurrence?
Si l’on observe nos concurrents sur le terrain de la destination affaires, il s’agit du
Morbihan, de la Bretagne Sud ou encore de
la Presqu’île de Rhuys. Nous essayons de
faire la différence en mettant en valeur nos
parcs naturels et nos équipements, ainsi
que la diversité des espaces et de la vie
culturelle. La Baule n’est pas un simple
front de mer. Toutefois, nous devons composer avec la contrainte météorologique, le
climat étant moins clément qu’en
Méditerranée.
12
Nations unies qui vise à sensibiliser les
touristes.
*L’édition 2014 du salon Bedouk se tiendra
à Paris à la Porte de Versailles, les 5 et
6 février. Avec 250 hosted buyers européens attendus, 225 exposants et 6 pays
représentés, l’événement entend réitérer
son succès de l’an passé et faire découvrir
les nouveautés du marché event & meeting. L’accent sera également mis sur les
démarches de développement durable
avec un espace café “DD” et une conférence dédiée à l’organisation événementielle respectueuse de l’environnement.
A.-L.G.
d’Annecy, qui accueille aussi bien des
équipes de Volvo et d’Areva que des
PME locales. La proximité de stations
comme La Clusaz, le Grand Bornand
ou encore Semnoz, plus familiale,
mais également l’organisation d’événements à forte résonance comme le
Festival international du film d’ani-
public professionnel. Certaines
régions moins touristiques que les
Alpes, comme le Jura, peuvent ainsi
proposer des tarifs plus concurrentiels et des prestations originales et
surprenantes. Pour Dominique
Tournier, qui organise pour Jura
Events des séminaires d’entreprise
“Les entreprises ont compris les séminaires permettait
d’augmenter la motivation de leurs salariés, d’éviter
le turnover. Elles ne veulent donc pas forcément aller
au moins cher: le panier moyen par personne a presque
doublé entre 2007 et 2013! On observe même
une augmentation de la durée du séminaire”
mation : tout ceci participe à l’attractivité du site. Mais là encore, la bonne
mise en place de divertissements
conviviaux reste déterminante. “Les
entreprises nous réclament des activités
à la fois mixtes, sportives, ludiques et qui
n’excluent pas les personnes non sportives. Les organisateurs doivent donc
s’adapter à tous les niveaux et à toutes
les tranches d’âge. Notre challenge organisé en montagne avec des ateliers
dégustation de vin et de fromage de
Savoie correspond bien à cette
demande”, décrit Laurence FlautatGuillaud, qui travaille en partenariat
avec la société Takamaka pour les
activités outdoor. Un séminaire, c’est
aussi pour travailler et plancher dans
la bonne humeur et avec sérieux. Pas
question de proposer des infrastructures vétustes à des managers habitués à travailler dans le confort. Ainsi
les Balcons du Lac ont-ils la possibilité
de mettre en place des chapiteaux
démontables près du lac pour les
réunions de travail.
Mix de confort et d’authenticité
Mais n’y a-t-il pas une tendance chez
les organisateurs de séminaires à trop
mettre l’accent sur les activités, avec
le risque d’épuiser les participants et
de verser dans une ostentation
malvenue en temps de rigueur ? C’est
ce que pense Yves Brunot, directeur
général d’Aereau Voyages, qui s’est
spécialisé dans l’organisation de
séminaires dans les Alpes : “Les activités, ce n’est pas le nerf de la guerre, c’est
simplement le petit ruban rouge ! Les
plannings trop chargés et les tours d’hélicoptère n’ont plus la cote. Ce qui fait la
réussite d’un séminaire, c’est la création
de souvenirs communs qui renforcent la
cohésion. Pour cela, un endroit dépaysant et sympathique, avec du confort et
une restauration bien choisie, cela suffit.
La réussite n’est pas proportionnelle à la
dépense”. Selon lui, l’engouement
pour les stations de sport d’hiver tient
avant tout à l’image d’Épinal du
séjour montagnard, liée à l’authenticité et à la convivialité : “Nous observons une vraie demande pour les chalets
rustiques, associés à la chaleur et au
confort”. Mais la médaille a un revers :
les Alpes souffrent d’une chute des
réservations lors de la période estivale. “Si traditionnellement, janvier est
un très bon mois, on observe une chute
de l’activité en période estivale. Nous
n’arrivons pas à vendre la montagne en
été, alors même que les possibilités de
sorties sont plus nombreuses puisqu’on
peut y pratiquer le canyoning, le rafting
ou encore profiter des bords de lac. Seules
les grosses conventions à plus petit
budget par personne continuent à venir
nous voir”, déplore Yves Brunot.
Des régions à découvrir
Si le duo mer-montagne reste indétrônable, des destinations moins
connues commencent à attirer le
en Franche-Comté, le petit succès de
son entreprise est dû autant à la
recherche d’authenticité qu’à la
volonté de resserrer les coûts : “même
si le Jura est un massif enneigé et réputé,
il n’est pas touché par l’afflux de clientèle comme les stations traditionnelles,
ce qui permet d’afficher des tarifs abordables. Et les responsables de l’organisation des séminaires se rendent compte
qu’aller dans les Alpes ne surprend plus.
Le Jura est une terre plus sauvage.Y aller,
c’est sortir des terrains battus. Mais
évidemment, si l’on cherche de grands
domaines skiables et des sorties en boîte,
ce n’est pas la première destination !”.
Les entreprises qui se laissent tenter
y vont rarement pour y faire un simple
séjour résidentiel. Biathlon, raquette,
ski de fond : les activités proposées
s’adressent plutôt à un public sportif
et à des groupes plutôt restreints.
“Nous avons une clientèle très variée, des
grands groupes notamment dans la
banque ou les assurances.Généralement,
nous traitons avec des petites unités,
entre 7 et 40 participants”, souligne
DominiqueTournier. La recherche de
la simplicité semble en tout cas être
un créneau : “Nous avons connu un
regain d’activité il y a deux ans, alors
que c’était le premier hiver post-crise !
Mais on ressent tout de même quelques
effets, comme un raccourcissement de la
durée des séminaires”.
“Les responsables de l’organisation
des séminaires se rendent compte
qu’aller dans les Alpes ne surprend
plus. Le Jura est une terre plus
sauvage. Y aller, c’est sortir des
terrains battus.”
Dominique Tournier, Jura Events.
la clientèle reste une stratégie très
utilisée par les organisateurs de séminaires pour assurer leur pérennisation. Séduire toutes les dimensions de
la sphère professionnelle, PME ou
grands groupes, devient alors primordial, comme l’explique Yves Brunot
d’AereauVoyages : “Certaines agences
ont disparu de la circulation car elles
étaient trop mono-clientèle. Mais les
entreprises ont compris les séminaires
permettait d’augmenter la motivation
de leurs salariés, d’éviter le turnover.
Elles ne veulent donc pas forcément aller
au moins cher : le panier moyen par
personne a presque doublé entre 2007
et 2013! On observe même une augmentation de la durée du séminaire”. La
quête du “cosy” et de l’authenticité
rustique, au détriment des activités
plus tape-à-l’œil, fait même émerger
quelques nouvelles tendances,
comme le développement durable.
Restauration bio, challenges axés sur
l’environnement, hébergements
atypiques en yourtes, semaines
“nature” : les événements d’entreprise verdissent, et les exigences liées
au développement durable sont devenues une réalité. 
Une volonté
de réinventer le secteur
De fait, le tourisme d’affaires a été
plutôt durement touché par le ralentissement économique de ces
dernières années. Recul de la
demande hôtelière (80 % des événements en 2011, et seulement 61 % en
2012, selon l’étude de Coach
Omnium) au profit des journées
d’étude sans hébergement, désaffection pour les activités de divertissement et de team building : les
entreprises jouent la carte de la
sobriété. Laurence Flautat-Guillaud,
des Balcons du Lac à Annecy,
témoigne : “Nous avons ressenti la crise
à notre niveau. Les négociations avec les
entreprises sont très longues, même si un
budget supplémentaire peut arriver à la
dernière minute. Il nous faut alors
prévoir de la restauration ou des activités supplémentaires. Le maître mot
aujourd’hui, c’est l’adaptabilité”. En
effet, les entreprises finaliseraient
leurs déplacements sur des délais
plus serrés. Sylvie Bertin, de l’Office
du tourisme d’Aix-en-Provence, fait le
même type de constat: “Les demandes
sont de plus en plus tardives.
Auparavant, on travaillait sur six mois.
Désormais, on peut traiter des demandes
sous trois semaines, ce qui nous oblige à
être très réactifs. Toutefois, on note une
légère progression de la demande en
général, avec une demande de plus en
plus importante de la part des agences
événementielles”. La diversification de
“Les demandes sont de plus
en plus tardives. Auparavant,
on travaillait sur six mois.
Désormais, on peut traiter
des demandes sous trois
semaines, ce qui nous oblige
à être très réactifs”
CHIFFRES RÉVÉLATEURS
Moins d’un sur deux : c’est la proportion d’événements professionnels
incluant des activités périphériques
de loisirs. Jusqu’au début de la crise,
en 2009, les trois quarts des manifestations étaient concernés.
Source : baromètre de Coach Omnium
pour l’année 2014
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DOSSIER CRÉATION D’ENTREPRISE
AFFACTURAGE
Assurance crédit
Le factor sonne
toujours deux
fois
Contrat d’affacturage ou assurance-crédit: comment lutter au
mieux contre le risque d’impayé?
SIPA
Alors que le crédit bancaire se resserre depuis deux ans et que les délais
de paiement sont au plus haut, de plus en plus d’entreprises se tournent
vers l’affacturage, c’est-à-dire le transfert des créances commerciales
vers un factor qui en assure la gestion et le recouvrement. Longtemps
décrié, ce mode de financement apparaît aujourd’hui comme une solution idéale pour couvrir les besoins de trésorerie. L’offre des factors
devenant de plus en plus flexible, certaines entreprises décident donc
de dissocier contrat d’affacturage et solution d’assurance-crédit, qui
garantit les impayés. Un choix qui dépend largement du niveau de structuration de l’entreprise.
Par Antoine Piétri
a reprise continue à se
faire attendre pour les
patrons de PME. Et ces
derniers continuent à
se plaindre des conditions d’accès
au crédit. Le dernier baromètre
KPMG sur le sujet, publié à l’automne dernier, indique que 36 %
des dirigeants de PME ont fait face
en 2013 à des difficultés de trésorerie ou de financement. Il s’agit du
taux le plus haut depuis 2009,
année de création de cette étude,
menée chaque année auprès de 400
dirigeants. Pire : 76 % des patrons
de PME interrogés font état d’au
moins une mesure de durcissement
de leurs conditions de crédit par les
établissements financiers.
La situation est d’autant plus
préoccupante que les délais de
paiement demeurent toujours trop
longs, affectant la trésorerie de ces
structures. Promulguée en
août 2008, la loi de modernisation
de l’économie réformait le plafond
légal des délais de paiement, fixant
ce dernier à 60 jours maximum à
compter de la date de l’émission de
L
Le montant des créances
prises en charge
par les sociétés de factoring
est en constante
augmentation
la facture. Quatre ans plus tard,
l’objectif est loin d’être atteint.
Selon une étude de Altares-Dun &
Bradstreet publiée en novembre, le
retard de paiement se situe à 12
jours en moyenne chez les entreprises françaises. Le même document indique que seule une
entreprise française sur trois règle
ses fournisseurs à la date convenue.
Un taux inférieur de dix points à la
moyenne européenne, s’alarme le
cabinet d’étude.
Les PME en panne de trésorerie
Selon Denis Le Bossé, président du
cabinet de recouvrement de
créances Arc, “un tiers des entreprises françaises ont constaté une
détérioration des délais de paiement
de leurs clients”. De nombreuses
entreprises renoncent par ailleurs
à réclamer des frais de relance, craignant une dégradation de la relation commerciale auprès du client.
Ainsi, seulement 58 % des entreprises interrogées par l’étude
Altares déclarent réclamer des
pénalités de retard aux mauvais
payeurs de façon “systématique ou
occasionnelle”. Plus d’une entreprise sur quatre ne les réclame
donc jamais. Une situation dans
laquelle les plus petites entreprises
se trouvent encore pénalisées. “Le
rapport de force entre PME et grandes
entreprises reste omniprésent : les
PME ne vont pas aussi loin dans le
processus de recouvrement avec leurs
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
clients grands comptes qu’avec les
entreprises de taille moins importante”, déplore Denis Le Bossé.
Ce contexte est propice à l’épanouissement de l’industrie de l’affacturage, qui consiste pour une
entreprise à céder les créances
qu’elle possède à un organisme
financier, appelé le factor. Le
montant des créances prises en
charge par les sociétés de factoring
est d’ailleurs en constante augmentation, année après année : +7,6 %
en 2012 et +13,9 % en 2011. Sur les
neuf premiers mois de 2013, la
hausse s’élève à 6 %, selon les
chiffres de l’ASF (Association française des sociétés financières).
“Nous constatons une croissance en
dessous de deux chiffres qui montre les
effets de la crise, mais nous remarquons surtout la très bonne résistance
du produit. L’affacturage reste le
métier qui se porte le mieux”,
souligne Françoise PalleGuillabert, délégué général de
l’ASF. Et pour cause : le factoring
permet à l’entreprise de récupérer
de la trésorerie de façon immédiate, grâce au règlement partiel
par le factor des créances cédées.
Si les entreprises ayant recours à ce
type de solution ont longtemps été
vues comme fragiles, les mentalités
ont largement évolué ces dernières
années. “Aujourd’hui, l’affacturage
n’est plus considéré comme l’antichambre de la mort”, se félicite
Bozana Douriez, directrice géné-
rale déléguée de BNP Paribas
Factor France, le numéro deux du
marché dans l’Hexagone. “Les
factors se sont énormément industrialisés pour que l’offre du produit soit la
plus proche des besoins de chaque type
d’entreprise. Et aujourd’hui, le factoring est vu comme une technique
financière comme une autre”, ajoutet-elle.
Le profil des entreprises faisant
appel à des solutions d’affacturage
s’est par ailleurs élargi, et ne se
limite plus aux PME. “Il y a vingt
ans, l’immense majorité des contrats
concernaient des sociétés de 5 à
10 millions de francs [750 000 à
1,5 million d’euros, ndlr] de chiffre
d’affaires. Aujourd’hui, nous intervenons à la fois sur des TPE, des PME,
des ETI, mais aussi de très grandes
entreprises”, explique Bernard
Muselet, directeur général adjoint
en charge du développement chez
Crédit Agricole Leasing et
Factoring.
Des contrats à la carte
Autre hantise des entreprises françaises à laquelle l’affacturage vient
apporter une réponse : le risque
d’impayé. L’an dernier, les défauts
de paiement ont atteint un plus
haut historique sur l’ensemble de
l’Europe, selon une étude d’Intrum
Justitia, le leader européen de la
gestion du poste client.
L’affacturage recouvre traditionnellement trois services : le paie15
CRÉATION D’ENTREPRISE
Assurance-crédit
AFFACTURAGE
“Notre offre est évolutive : nous
pouvons changer de gamme à tout
moment, simplement en faisant un
avenant au contrat.”
Bernard Muselet, Crédit Agricole
Leasing et factoring.
ment des créances à son client par le
factor, mais aussi le recouvrement de
ces créances, et surtout la garantie
contre les impayés. Cette dernière
vise à protéger l’entreprise d’une
éventuelle défaillance de ses débiteurs. “L’affacturage répond à deux
besoins en même temps : besoin de
financement et besoin de garantie. Il est
rare d’avoir recours à ce type de contrat
uniquement pour la garantie”,
explique Philippe Lepoutre, directeur général de CGA, la filiale d’affacturage du groupe Société
Générale. La formule la plus
complète, appelée “full factoring”,
inclut la prise en charge complète du
poste client : elle comprend la
gestion des relances, les recouvrements, les éventuelles actions de
contentieux, ainsi que la garantie de
créances. Les contrats incluant la
garantie des créances présentent
pour les petites structures l’avantage
de limiter le nombre d’interlocuteurs, et de faciliter les échanges. Le
factor, de son côté, se réassure auprès
d’un assureur-crédit. Les factors
revendiquent quant à eux des tarifs
compétitifs en matière de garanties.
“Notre volumétrie importante nous
permet de faire bénéficier à nos clients
Xavier Kergall
directeur général du Salon des entrepreneurs*
“Une entreprise qui recourt à l’affacturage
n’est plus considérée comme un canard boiteux”
Les conditions d’accès au crédit
des jeunes entreprises posent-elles
toujours problème aujourd’hui?
Cette problématique reste en effet extrêmement complexe, notamment pour les
petits crédits, entre 30 000 et 200 000
euros. Le problème, c’est que les banques
travaillent avec des modes de sélection
drastique qui excluent de facto les entreprises les plus petites et les plus fragiles. Si
par exemple l’entreprise ne jouit pas d’une
notation parfaite auprès de la Banque de
France, il est très difficile d’obtenir un crédit.
La question du financement des entreprises va cependant être secouée par un
raz-de-marée, à savoir le crowdfunding
sous forme de prêts. Demain, les TPE qui ne
trouveront pas de crédit auprès des
banques pourront faire appel à ces solutions, qui pourraient offrir un grand bol
d’oxygène tout en offrant un taux de rentabilité satisfaisant aux prêteurs. Mais il faut
attendre de connaître le point de vue du
législateur sur ces questions. Dans l’intervalle, les entreprises ont de plus en plus
toire des délais de paiement ont eu un
impact indéniable en la matière, ce qui
permet de limiter légèrement le recours
des PME à l’affacturage.
Quel conseil donner à un patron
de jeune entreprise pour améliorer
le financement?
Je pense que les entrepreneurs français ne
s’occupent pas suffisamment du poste
client. Le financement de nos entreprises
Le financement de nos entreprises
ne peut pas éternellement reposer sur de la dette
recours à des solutions de type affacturage.
Faut-il y voir un effet de l’allongement
des délais de paiement?
Il est évident que le recours au factoring est
directement lié à l’allongement des délais
de paiement. Beaucoup de PME travaillent
avec les services publics et parapublics. Il
est avéré que ces donneurs d’ordres ne
respectent pas les délais de paiement, ce
qui contraint pratiquement leurs partenaires à recourir au factoring. En conséquence, ce type de solution s’est considérablement démocratisé. Aujourd’hui, une
entreprise qui a recours à l’affacturage
n’est plus systématiquement considérée
comme un canard boiteux. Il y a une nette
évolution des mentalités à cet égard. De
leur côté, les grands groupes font de plus
en plus d’efforts pour les respecter davantage. La mission René Ricol et l’Observa16
ne peut pas éternellement reposer sur de la
dette, du factoring et des levées de fonds. Il
faut impérativement générer du cash-flow,
constituer des marges et du résultat. C’est
le seul moyen d’obtenir des fonds propres
de façon saine. Or, le niveau de marges des
entreprises françaises est catastrophique
aujourd’hui. Cela s’explique probablement
par des raisons culturelles, mais aussi car
les entrepreneurs se lancent à corps perdu
dans le low-cost, qui est incompatible avec
la génération de marges intéressantes
pour l’entreprise.
* Salon de la création d’entreprise, les 5 et
6 février au Palais des congrès de Paris, les
11 et 12 juin au Palais des congrès de Lyon,
les 19 et 20 novembre à la Cité des congrès
de Nantes.
A.P.
de prix auxquels ils n’auraient pas
forcément accès en souscrivant une
police d’assurance”, explique Bozana
Douriez.
Mais l’évolution de la demande a
poussé les compagnies d’affacturage
à proposer des services sur-mesure,
rappelle Bernard Muselet. Certaines
activités sont donc plus difficilement
éligibles au mécanisme du factoring,
comme le secteur du BTP, qui
travaille beaucoup sur des factures
intermédiaires pouvant être sujettes
à litige ou à décalage de paiement.
Les factors revendiquent des tarifs compétitifs
en matière de garanties
qui n’incluent pas nécessairement
toutes les options. “Nos clients de
petite et moyenne taille font surtout
appel à nous pour des contrats qui
comprennent l’ensemble de notre offre :
le financement, la garantie et la gestion
du recouvrement. En revanche, les
entreprises de plus grande taille sont
davantage demandeuses de produits
plus spécifiques, par exemple des
contrats en gestion déléguée, sans notification de créance et sans relance de
recouvrement”, explique Bozana
Douriez. Lorsque le contrat d’affacturage exclut la garantie contre les
impayés, il est possible pour l’entreprise de prendre à sa charge les
risques d’impayés. Ce scénario est
toutefois relativement rare, dans la
mesure où la plupart des factors refusent d’intervenir sans garantie. La
société d’affacturage exige donc en
général que l’entreprise souscrive un
contrat d’assurance-crédit auprès
d’une compagnie indépendante
pour garantir les factures contre les
impayés. L’entreprise doit dans ce
cas se charger des demandes de
garanties, puis les communiquer au
factor. “Nous sommes capables de
traiter avec des entreprises qui disposent déjà d’une assurance-crédit”,
confirme Bernard Muselet. “La
plupart de ces clients sont des ETI qui
ont par exemple souscrit un contrat
auprès de la Coface. Nous intervenons
alors seulement en délégation. Mais
notre offre est évolutive : nous pouvons
changer de gamme à tout moment pour
répondre aux besoins de notre clientèle,
simplement en faisant un avenant au
contrat”, ajoute le cadre de Crédit
Agricole Leasing et Factoring.
Développement
de produits spécifiques
Le fait que les assureurs-crédit s’intéressent de plus en plus aux petites
entreprises pourrait changer la
donne, dans la mesure où celles-ci
pourraient se tourner davantage vers
une solution cumulée d’assurancecrédit et d’affacturage. Groupama
Assurance Crédit offre ainsi des
contrats spécialement étudiés pour
les besoins des TPE et PME, avec des
chiffres d’affaires débutant à partir
de 100 000 euros. Pour développer
ces produits, Groupama s’appuie sur
des partenariats avec des fédérations professionnelles, comme celle
des viticulteurs. Une mutualisation
qui permet de faire baisser les
primes par le nombre des adhérents.
À noter que le périmètre de l’assureur-crédit est plus large, puisqu’il
prend en compte l’intégralité du
poste client, et travaille à partir
d’ordres à livrer ou de bons de
commande. Le factor n’intervient en
revanche qu’à partir du moment où
une facture est émise. “Il est important de souligner que l’affacturage
consiste à financer des créances
commerciales certaines, qui correspondent à des prestations ou des services
définitivement réalisées. Nous n’intervenons pas sur des factures d’acompte,
des factures intermédiaires ou des
factures de situation de travaux”,
Le portefeuille de factures,
un enjeu crucial
Autre différence entre la garantie
offerte par l’assureur-crédit et le
factor : en cas de défaut, le premier
n’indemnise que 80 % à 90 % des
montants sous garantie, contre
100 % pour le second. Les sociétés
qui choisissent de dissocier la
garantie de leur contrat d’affacturage sont généralement des entreprises d’une taille relativement
importante, pourvues d’un poste
client structuré. Elles ont souvent
déjà recours à une solution d’assurance-crédit avant de faire appel à un
factor.
Que la garantie créance soit incluse
dans le contrat d’affacturage ou non,
le rôle de l’assureur-crédit est
prépondérant dans la relation entre
le factor et son client, puisqu’il note
la solidité financière de ses propres
acheteurs. Cette notation a logiquement un impact sur la commission
demandée par le factor s’il prend à
sa charge la garantie des créances.
Un rapport du ministère de l’Économie et des Finances sur le crédit
interentreprise, publié l’an dernier
sous la supervision de Jean-Michel
Charpin, soulignait d’ailleurs ce
point : “les effets de la notation des assureurs-crédit dépassent le champ de leur
activité, dans la mesure où la majorité
des encours d’affacturage sont assuréscrédit”.
Pour Philippe Lepoutre, “le factor
apporte un vrai plus si les factures
émises par l’entreprise sont certaines,
liquides et exigibles. L’affacturage est
un outil spécialisé, et se fonde sur le
financement des factures, contrairement au découvert. Le factor apportera
un financement efficace et important
s’il est certain que la facture sera payée
à la bonne date. Si la facturation n’est
pas établie de manière rigoureuse, ou si
l’entreprise subit de nombreuses
factures non payées ou beaucoup de
litiges, cette situation risque d’entacher
la relation avec le factor et donc de
diminuer la confiance”.
en moyenne 0,50 % de ce prix. Pour
négocier au mieux et obtenir des
tarifs avantageux, les spécialistes
recommandent au chef d’entreprise
ou au directeur financier de mener
un audit des créances client en
amont, de façon avoir une perception
claire de la qualité de la facturation,
les montants d’avoir, les pourcentages de litige, et la qualité du portefeuille client.
Ces points seront de toute façon
contrôlés par le factor au début de sa
relation avec son client. “Il est impératif de vérifier la solidité et la solvabilité des clients avec lesquels l’entreprise
travaille : c’est l’une de nos missions,
explique Bernard Muselet. Avant
même de débuter le financement, nous
éclairons notre client sur la situation
de ses acheteurs. C’est alors que nous
pouvons le conforter, ou au contraire
l’alerter sur le fait que tel ou tel encours
peut poser un problème en raison des
difficultés éventuelles du débiteur.” Ces
vérifications ont un impact sur les
limites de crédit financées par le
factor, les indemnisations en cas
d’impayés, et le coût global du
contrat. À noter que dans le cas où la
qualité des clients de l’entreprise
venait à se dégrader au fil du temps,
le factor n’hésite pas à la rappeler à
l’ordre. Le facteur risque est recalculé chaque semestre ou chaque
année, et peut faire varier le coût du
contrat. 
Les sociétés qui choisissent
de dissocier la garantie
de leur contrat d’affacturage
sont généralement des ETI
Quelle commission?
La commission d’affacturage, grâce
à laquelle le factor se rémunère,
correspond au cumul des frais de
gestion, de recouvrement, et au prix
de l’assurance-crédit. Cette commission varie entre 0,2 % et 2 % du
chiffre d’affaires confié par l’entreprise. L’assurance-crédit représente
CHIFFRES RÉVÉLATEURS
En 2012, les créances prises en charge dans le cadre d’un contrat d’affacturage
s’élevaient à 186 Md€ en France ; un chiffre en hausse de 7,6 %.
37 926 sociétés ont fait appel à l’affacturage en 2012, soit 2,7 % de plus qu’en
2011.
Source : ASF
Le nombre d’entreprises assurées-crédit était de 20 000 en 2010.
Estimation Banque de France
33 % des entreprises ont constaté une détérioration des délais de paiement de
leurs clients, et 24 % des entreprises ont constaté une augmentation des litiges
avec leurs clients en 2013.
Source : baromètre ARC Ifop
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
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17
DOSSIER CRÉATION D’ENTREPRISE
FRANCHISE
Le bon franchiseur
Savoir-faire
et savoir-vivre
Il détient un concept qui marche, mais surtout, il sait le faire
vivre à travers ses relations avec les franchisés
SIPA
Au-delà d’un concept pertinent et éprouvé, à la tête des meilleurs
réseaux de franchise se trouvent des franchiseurs qui savent transmettre
et améliorer leur savoir-faire pour faire réussir d’autres entrepreneurs.
Dotés de l’étoffe d’un chef d’entreprise, doublée d’un gestionnaire et
d’un manager, ils entretiennent des échanges réguliers et transparents
avec leurs franchisés. Et jouent un rôle de facilitateur en leur proposant
des services clés en main adaptés.
Par Charlotte de Saintignon
E
Un bon franchiseur doit tenir
ses promesses pour ne pas
briser le contrat de confiance
établi avec ses franchisés et
ne pas les décevoir
18
n 2013, 93 % des franchiseurs se déclarent
optimistes car ils ont
confiance en leur activité,selon la 10e enquête annuelle de
la franchise CSA pour la Fédération
française de la franchise (FFF) et la
Banque Populaire.Car le succès d’un
réseau dépend non seulement des
entrepreneurs qui le composent,
mais aussi de la force du concept
initial.La pertinence et la qualité des
concepts restent depuis 4 ans le
premier facteur clé de réussite cité
par les franchiseurs. Un franchisé
s’appuie dès sa création sur une
recette à succès,un concept innovant
et éprouvé sur un marché rentable et
porteur. Un concept qui doit être
différenciant par rapport à la concurrence. Fabienne Hervé, directrice
gérante de FH Conseil, invite à la
prudence lors du montage d’un
réseau de franchise : “Il faut évaluer
le potentiel de développement,répondre
à un vrai besoin du marché et pas à de
simples phénomènes de mode ou à une
opportunité, et mesurer les risques liés
aux contraintes et barrières juridiques,
administratives et techniques”. Les
bons réseaux placent le client au
cœur de leur concept et au centre de
leur stratégie. Ils s’adaptent aux
modes de vie et aux besoins des
consommateurs.Concepts classiques
remis au goût du jour ou plus originaux, ils doivent s’inscrire dans les
tendances d’évolution des comportements.Gare aux idées brillantes mais
éphémères.Cette étude exploratoire
sur le potentiel du marché et sur la
pérennité du concept est essentielle.
Le franchiseur doit avoir testé son
concept et prouver sa rentabilité
économique à travers l’exploitation
d’une ou plusieurs unités pilotes
pendant un temps suffisamment
long, comptes d’exploitation à
l’appui.Tout dépend du cycle d’activité. Le concept doit avoir été testé
avec succès en configuration standard dans des conditions de localisat i o n e t d ’ e nv i ro n n e m e n t
concurrentiel.Sur le plan financier,la
future tête de réseau doit compter sur
“un investissement minimum de
150 000 € HT sur 18 mois pour développer une enseigne en franchise,en plus
du coût du lancement des unités pilotes”,
affirme Laurent Delafontaine,consultant en franchise au sein du cabinet
Axe Réseaux. Une fois le modèle
économique démontré et éprouvé, il
faut standardiser les process et formaliser le savoir-faire dans un manuel
opératoire, sorte de bible du réseau,
pour qu’il puisse être exploité par des
tiers.
Des partenaires en phase
Juste derrière le concept, la qualité
de la relation franchiseur-franchisé,
citée à 60 %, est en progression
depuis 3 ans, selon la même étude.
Une relation basée sur le respect et
la simplicité. Laurent Delafontaine
l’étaye par une règle évidente qu’il
est important de rappeler: “si le franchisé va bien, je vais bien, s’il est
heureux, je suis heureux. Pour le savoir,
le franchiseur doit avoir des qualités
d’écoute et de compréhension des
problèmes de ses partenaires”.
Autre point essentiel de la valeur
d’une relation : la confiance. Et son
corollaire: la transparence. Un franchiseur doit “dire ce que l’on va faire et
faire ce que l’on a dit”,selon l’adage de
René Prévost, président de la
Fédération française de la franchise
et directeur général du réseau
Speedy depuis près de 25 ans.Un bon
franchiseur doit donc tenir ses
promesses pour ne pas briser le
contrat de confiance établi avec ses
franchisés et ne pas les décevoir. Il se
doit d’avoir un comportement irré-
prochable. La convention annuelle,
grand-messe solennelle, est pour lui
l’occasion de passer au crible les
promesses de l’année passée. Et le
cas échéant, d’expliquer pourquoi le
réseau n’a pas pu tenir tous les engagements qu’il avait pris. Le franchiseur doit voir ses franchisés comme
des partenaires, qui partagent le
même but et les mêmes intérêts. Le
code de déontologie européen de la
franchise mis en place par la FFF
atteste que la structuration et l’animation du réseau constituent une
des clés du succès: “le franchiseur doit
favoriser un dialogue permanent et
structuré entre son organisation et les
franchisés en favorisant des instances
de concertation. Le franchisé doit s’impliquer dans la vie du réseau et contribuer à son intérêt général”. La tête de
réseau doit faire partager et
entraîner les franchisés dans la vision
et dans les choix stratégiques de l’enseigne. Les décisions prises passeront mieux que si elles sont décrétées
uniquement par la tête de réseau
sans avoir obtenu l’aval du terrain.
“Si le franchisé doit savoir où l’on va
d’une année sur l’autre, le franchiseur,
lui, doit être visionnaire et se projeter à
moyen et long terme. Et surtout ne pas
changer de cap tous les ans”, développe René Prévost. Le franchiseur
doit pouvoir expliquer ce qu’il met en
place et les choix qu’il fait ; un bon
moyen de motiver les franchisés, de
les valoriser et de développer leur
sentiment d’appartenance au
réseau.
D’entrepreneur à entrepreneur
Car un franchiseur a besoin de
s’adosser à ses franchisés.“Il est indispensable de créer des échanges réguliers
et transparents entre les deux parties,
fondés sur le principe gagnant-gagnant.
C’est la base : le franchiseur ne peut
réussir sans le soutien, la motivation et
l’implication de ses franchisés, et viceversa. Autre point clé, l’accompagnement”, développe Laurence
Pottier-Caudron, présidente du
réseauTemporis. Le franchiseur doit
avoir conscience que les franchisés
sont des partenaires, et non des salariés qui doivent être traités de
manière équitable et donc être identiques contractuellement. Un franchiseur qui parle à un franchisé est
un entrepreneur qui parle à un autre
entrepreneur.Par le biais d’instances
représentatives du réseau, comme
les commissions de réflexion ou de
suggestion sur des thématiques
particulières, le franchiseur doit
savoir se remettre en cause pour faire
évoluer son concept. C’est ce que
préconise Laurent Delafontaine: “le
franchiseur doit tirer la quintessence du
savoir des différents franchisés pour
développer son réseau”. En 2013, 80 %
des enseignes avaient mis en place
des commissions ou groupes de
travail avec leurs franchisés. Chez
Speedy par exemple, 12 franchisés
sont élus tous les 2 ans par leurs pairs
pour siéger au comité consultatif des
franchisés.“Ce sont des experts qui ont
une expérience probante et pointue
dans un domaine,et qui vont donner de
la valeur ajoutée à un sujet en permettant d’aller plus loin que ce que pourrait
apporter le franchiseur seul”, poursuit
l’expert du cabinet Axe Réseaux.
“Les franchisés sont les rapporteurs de
problématiques. Confrontés au quotidien à des difficultés diverses, ils sont
force de proposition pour les solutionner” ajoute Fabienne Hervé. Au
cœur des réflexions stratégiques du
réseau, ces organes jouent un vrai
rôle sur le plan opérationnel. Même
si dans les faits, les franchisés n’ont
qu’un rôle consultatif.
Entrepreneur,
gestionnaire et manager
Car il appartient ensuite au franchiseur, qui reste le chef de file, d’arbitrer. Laurent Delafontaine signale à
cet effet qu’il faut éviter “les baronnies, ces franchisés trop puissants qui
possèdent plusieurs points de vente et
pèseraient ainsi sur l’équilibre du
réseau”. Laurence Pottier-Caudron
insiste sur l’importance du pouvoir
de conviction du franchiseur. Il doit
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
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19
CRÉATION D’ENTREPRISE
Réseaux de franchise
FRANCHISE
“Il faut croire en l’entreprise que
l’on représente pour faire partager
sa vision à tous les acteurs de son
marché.” Laurence Pottier-Caudron,
réseau Temporis.
pouvoir embarquer et fédérer tous
ses partenaires autour de son projet :
“il faut croire en l’entreprise que l’on
représente pour faire partager sa vision
à tous les acteurs de son marché” préciset-elle. Fabrice Abraham, directeur
général du réseau Guy Hoquet, ajoute
que “le succès repose sur la capacité du
dirigeant à partager la passion qui
l’anime. Celle-ci doit être contagieuse. Il
doit faire preuve d’exemplarité pour ses
franchisés car il y a un effet de mimétisme”. Un bon franchiseur, doté à a la
fois de compétences de stratège et de
manager, doit guider ses hommes.
Laurent Delafontaine en souligne les
multiples dimensions : “c’est un entrepreneur leader et charismatique qui sait
s’entourer. Il lui faut des qualités d’intuition, de conviction, et de négociation”.
Soit montrer la voie et convaincre en
permanence ses partenaires de la
pertinence des options qu’il a prises.
Fabrice Abraham poursuit sur ses
qualités intrinsèques : “Il doit faire
preuve d’une volonté inébranlable et
montrer sa détermination. Tout en
prenant régulièrement le pouls de son
réseau pour s’assurer qu’il le suit.C’est un
numéro d’équilibriste et de pédagogie,car
le franchiseur a un devoir de démocratie
et de participation”.
En sus de cette dimension de manager,
un bon franchiseur maîtrise parfaitement son secteur d’activité et parle la
langue du métier: “il ne doit pas seulement être un homme de chiffre, mais être
expert dans son métier et dans celui
qu’exercent ses partenaires au quotidien” observe Laurent Delafontaine.
Outre ses compétences propres, le
franchiseur doit structurer son réseau
et s’entourer d’une équipe de professionnels aguerris, animateurs, formateurs,développeurs ou communicants,
qui prendront le relais sur le terrain.Et
Enquête de satisfaction
Le top 5 des réseaux favoris des franchisés
Les meilleurs réseaux sont ceux qui bénéficient d’une bonne réputation et d’une bonne
notoriété. Mais le véritable gage de réussite,
c’est la satisfaction des franchisés vis-à-vis
de leur franchiseur. Le dernier classement
établi en novembre 2013 par l’Indicateur de
la franchise, organisme indépendant d’audit,
consacre, dans l’ordre, les réseaux Daniel
Moquet signe vos allées, Temporis, le Bistrot
du Boucher, la Mie Câline et la Pataterie,
comme meilleurs réseaux parmi la soixantaine auditée. Un classement établi sur les
résultats d’audits de satisfaction des franchisés. Cinq critères sont pris en compte: la
moyenne globale de satisfaction, le sentiment de réussite, le taux de re-signature, le
niveau de rémunération et le temps avant la
première rémunération. Interrogés sur 50
aspects de la vie du réseau, les franchisés
fondateur a mis en place un parcours de formation complet et structuré de longue durée,
des services de soutien efficaces, comme un
centre d’appels qui prend en charge les
appels des clients et la prise des rendez-vous
pour les franchisés.
Le réseau Temporis, enseigne de recrutement et d’intérim qui ouvre sa 100e agence, a
mis la satisfaction de ses franchisés au cœur
de ses préoccupations. Du coup, il a mis en
place un bilan qualité annuel sur leur niveau
de satisfaction par rapport à la structure
opérationnelle franchiseur. Avec 100 % d’appréciations positives sur les conseils et le
soutien reçus par les franchisés, cette
enseigne détient le record de satisfaction. Le
Bistrot du Boucher, chaîne de restaurants
autour de la viande, cumule pour sa part les
points d’excellence : écoute, disponibilité,
Ces cinq enseignes cumulent plusieurs points forts communs:
toutes ont de très bons résultats financiers, et toutes
entretiennent d’excellentes relations avec leurs franchisés
répondent en gardant l’anonymat.
Ces cinq enseignes cumulent plusieurs
points forts communs: toutes ont de très
bons résultats financiers, et toutes entretiennent d’excellentes relations avec leurs franchisés, relations de confiance et de soutien
au démarrage comme au quotidien.
Daniel Moquet, spécialisé dans l’aménagement des allées de jardin, s’est installé sur un
marché de niche avec une concurrence peu
structurée et un énorme potentiel de développement. L’enseigne assure une belle rentabilité à ses franchisés en offrant des chiffres
d’affaires très performants dès la première
année, et en constante évolution (+ 31 % en
moyenne entre la première et la deuxième
année, et + 23 % en moyenne entre la deuxième et la troisième année). En outre, son
20
assistance en cas de difficultés, aide au
démarrage et à la recherche de financements. La Mie Câline, enseigne de terminaux
de cuisson, performe lui aussi sur l’aide au
démarrage – formation initiale, recherche du
local et de financements –. Enfin, la Pataterie,
réseau de restaurants autour de la pomme
de terre, outre les excellents résultats de ses
franchisés — 45 % des répondants dégagent
du bénéfice en moins de 6 mois, 61 % au
bout d’un an, et 3 sur 4 se rémunèrent en
moins de 6 mois, avec un salaire moyen
estimé 64000 euros —, bénéficie d’un excellent taux de satisfaction concernant la tête de
réseau (91 %).
C.D.S.
d’un cortège d’experts ayant le recul
nécessaire – avocats, juristes, expertscomptables – pour bien le conseiller.
Services d’accompagnement
Quel que soit le niveau de développement de l’enseigne, “le siège ne doit pas
devenir une technocratie déconnectée du
réseau et du terrain. Le franchiseur ne
doit pas oublier l’intuitu personae, le
facteur humain”, avertit Fabrice
Abraham. Pour cela, René Prévost
préconise, du moins au départ, un
développement en escargot, à proximité immédiate de la tête de réseau.
Le franchiseur doit se montrer
soucieux de ce qui se passe sur le
terrain et être à l’écoute des franchisés
et de leurs doléances, en les rencontrant régulièrement et en se montrant
disponible. Et anticiper les attentes et
besoins de ses partenaires grâce à un
panel de services. Le but est d’être un
facilitateur dans tous les domaines.
émulation.Les bons réseaux analysent
les performances de leurs franchisés
par des reportings mensuels ou des
rapports d’activité hebdomadaires.
Ces leviers de contrôle et signaux
d’alerte permettent d’identifier les
points de vente en difficulté, puis de
mettre en place des “boosters”, sous la
forme d’animateurs experts qui se
déplacent sur site pour déterminer les
difficultés et les aider à remonter la
pente. De la même manière, des
concours mettent en avant les
meilleurs points de vente.
Dès le départ, un bon franchiseur
encadre et conseille les nouveaux,
l’aide au démarrage étant déterminante dans la réussite d’un projet. Le
réseau Temporis a par exemple
instauré l’opération “Temporis
Première” lors de l’ouverture d’une
agence, une journée de prospection
commerciale à laquelle participent le
franchiseur, l’animateur réseau de la
Un franchiseur qui parle à un franchisé
est un entrepreneur qui parle à un autre entrepreneur
Ainsi, la pertinence des services
apportés par le franchiseur est
mentionnée par 30 % des franchisés.
Depuis 2009, dans un contexte économique contraint, ils sont entre 77 % et
83 % à estimer qu’ils résistent mieux
à la crise qu’un commerçant isolé, car
ils seraient plus réactifs via les outils
collectifs et services mutualisés. René
Prévost le certifie : “un franchisé doit
être considéré comme un client.Il paie des
droits d’entrée et une redevance pour un
ensemble de services”. Laurence PottierCaudron se met en permanence à la
place de ses franchisés : “je leur vends
quelque chose que je serais capable
d’acheter”. Les outils et instances d’animation des réseaux à succès sont
légion : visites d’animateurs spécialisés pour apporter un œil extérieur à
l’entreprise, journaux d’information,
convention nationale, réunions régionales, sites intranet et Internet, blogs,
services et experts dédiés en informatique, développement, achats,
ressources humaines, droit, communication… Les bons réseaux misent sur
les services en plus, non contractuels.
Speedy a par exemple développé une
hotline juridique et met à la disposition de ses franchisés, avocats dédiés
et protection juridique.Le réseau Guy
Hoquet propose quant à lui un pôle
marketing pour les aider à concevoir
leurs actions marketing et publicitaires, et un département Web et
réseaux sociaux pour les assister dans
l’animation de leur site.Les franchisés
peuvent ainsi se concentrer sur leur
cœur de métier et sur ce qu’ils aiment
faire, et laisser au franchiseur les activités connexes qu’ils ne maîtrisent pas.
Laurence Pottier-Caudron résume: “la
tête de réseau s’occupe du back-office pour
que les franchisés puissent penser à leur
développement commercial”.
L’échange d’expérience du réseau
Outre ces divers services,l’un des avantages incontestables du commerce
indépendant organisé est le soutien et
l’assistance : le créateur d’entreprise
est accompagné par la tête de réseau
et peut consulter les autres franchisés
pour obtenir conseils et recommandations. Appartenir à un réseau permet
ainsi de bénéficier de l’expérience et
des “best practices” des autres franchisés. La dimension humaine et la
solidarité des réseaux poussent ces
chefs d’entreprise indépendants à
partager leurs solutions et créent une
région et les franchisés des agences
voisines. “Cette mobilisation permet de
faire gagner près d’un mois et demi d’activité au franchisé nouvellement
installé!”, assure sa fondatrice.Pour les
réseaux de commerce, l’une des clés
de voûte est également l’emplacement
– citée par 37 % des franchiseurs –, qui
doit faire l’objet d’un cahier des
charges. Mc Donald’s est par exemple
passé maître en la matière et excelle à
trouver les sites les plus stratégiques
pour ses franchisés.
Formation continue
Pour être solide, un réseau doit également se professionnaliser régulièrement par le biais de la formation.
Outre la formation initiale pour transmettre le savoir-faire de l’enseigne,qui
s’étend aujourd’hui sur 69 jours en
moyenne, la formation continue poursuit sa croissance.Ainsi, en 2013, 75 %
des franchiseurs en auraient proposé
à leurs franchisés. Que ce soit sur les
nouvelles normes et réglementations,
les méthodes de travail, sur les
nouveaux produits ou les nouveaux
services,ou encore les nouveaux outils
informatiques. Les meilleures franchises développent ainsi des processus
d’amélioration continue,pour les franchisés comme pour leurs équipes.
Certaines ont même créé leur propre
centre de formation. C’est le cas de
Speedy qui a créé la Speedy Academy.
Chaque année, le réseau évalue ses
franchisés et leurs équipes pour leur
proposer des formations adaptées
suivant leurs besoins, leurs envies et
leurs faiblesses. De la même manière,
et dans le but d’augmenter le chiffre
d’affaires de ses franchisés, Guy
Hoquet propose au sein de sa business
school de se diversifier dans des
métiers comme la gestion locative, le
viager ou la vente de fonds de
commerce. Fabrice Abraham considère qu’il faut “en permanence innover
et réinventer le métier pour donner aux
franchisés le sentiment que la tête de
réseau avance”. Soit investir en
recherche et développement pour
faire évoluer son savoir-faire, ses
produits ou services et son concept, et
être toujours plus novateur que ses
concurrents.
chisés”, expose Laurence PottierCaudron. Et doit donc démontrer qu’il
est capable de faire réussir quelqu’un
d’autre avec son concept.“En franchise,
il ne s’agit pas seulement de réussir
personnellement,mais d’amener des gens
à la réussite”, précise Fabienne Hervé.
Un bon réseau a normalement défini
un profil de franchisé et une grille de
sélection. Chez Speedy, qui reçoit
entre 200 et 300 candidatures par an,
les franchisés sont sélectionnés parce
qu’ils sont passionnés par leur métier
et qu’ils le connaissent sur le bout des
doigts. L’article 4 du Code de déontologie européen de la franchise en
témoigne: “le franchiseur sélectionne et
n’accepte que les franchisés qui,après une
enquête raisonnable,auraient les compétences requises – formation, qualités
personnelles, capacités financières – pour
l’exploitation de l’entreprise franchisée”.
Le mot d’ordre est l’esprit d’équipe,
avec un but commun : développer le
réseau de franchise et en optimiser sa
réussite. Il faut être particulièrement
vigilant lors du recrutement des
premiers franchisés, car une erreur de
casting peut être alors fatale pour un
jeune réseau.
Maîtrise du développement
Enfin, le financement reste la principale difficulté,puisqu’elle est citée par
65 % des franchiseurs.“Il faut se donner
les moyens de grandir et de voir grand”
enseigne Christophe Bellet,du cabinet
Gagner en franchise. Il ne faut pas
sous-estimer au départ son besoin en
fonds de roulement, et avoir les capacités financières pour investir et
agrandir la structure opérationnelle
chargée d’accompagner les franchisés.
Les experts s’accordent à dire qu’il ne
faut pas aller trop vite dans le développement de son réseau. Charge au franchiseur d’en garder la maîtrise et de
juguler développement et animation.
Christophe Bellet conseille de ne pas
suivre de “course effrénée pour atteindre
le plus rapidement possible un certain
nombre de points de vente franchisés ou
un maximum de parts de marché, en
acceptant une baisse de qualité sur le
recrutement ou sur un emplacement.
Sinon, tôt ou tard, le réseau le paiera”.
D’autant qu’en franchise, “les conséquences de toute décision sont démultipliées par le nombre de franchisés,en bien
ou en mal”, signale Laurence PottierCaudron. Laurent Delafontaine met
de son côté en garde les entrepreneurs
tentés par une revente rapide de leur
affaire : “la franchise ne doit pas être
pensée comme un moyen de se développer
à moindre coût et de revendre à terme le
concept. Se lancer en franchise demande
beaucoup d’investissement,et souvent,le
fruit de son travail ne se retrouve qu’après
au moins 15 années d’exploitation du
concept”. 
Pour être solide, un réseau doit se
professionnaliser régulièrement
par le biais de la formation
Recrutement à la loupe
Dernier critère de taille : le recrutement. “Un bon franchiseur a conscience
que sa réussite repose sur celle de ses fran-
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
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DOSSIER CRÉATION D’ENTREPRISE
PORTAGE SALARIAL
Benchmark européen
À chacun
ses règles
Les instances européennes manifestent peu d’entrain pour
harmoniser le cadre légal du portage salarial. Dès lors, chaque
pays joue sa partition
SIPA
Le portage salarial, qui permet d’exercer son activité sans les contraintes
ni les risques de la création d’entreprise ou d’un statut plus précaire
comme l’auto-entrepreneur ou l’indépendant, se caractérise au plan
européen par une vraie hétérogénéité dans sa définition et son statut.
La France pourrait presque faire figure de modèle – en particulier depuis
un arrêté de juin 2013 qui établit un cadre légal cohérent –, mais perfectible, et surtout assure une vraie reconnaissance à ce secteur. Et si les
négociations se poursuivent en France, l’Europe semble en panne sur
cette problématique. Seules quelques orientations ont été définies par
les parlementaires, mais aucun vrai travail législatif dans ce domaine
n’est encore à l’ordre du jour.
A
L’entreprise qui emploie
le porté y trouve bien entendu
son compte puisqu’elle ne
s’engage pas sur un CDI
et trouve une solution à
un besoin ponctuel de
compétences bien précises
Par Christophe Morel
près des années
d’incertitudes et
d’atermoiements
juridiques, le portage
salarial est parvenu dans en France
à un stade de maturité. Toutefois,
une certaine méconnaissance de
cette forme de travail prévaut, en
particulier au niveau des PME. En
conséquence, il est admis qu’environ 30000 professionnels usent du
portage salarial dans l’Hexagone,
contre plus de 200 000 en GrandeBretagne. “Du côté des PME, il existe
toujours une certaine réticence à
passer par le portage salarial, et ce, à
l’inverse des grands groupes. Il faut
faire découvrir aux PME qu’elles
peuvent avoir accès à un consultant
très pointu, par le biais du portage
salarial, sans investir en masse salariale sur des années”, assure Hervé
Capelle, président d’Acandis.
Dans les faits, comment fonctionne
le portage salarial ? Il s’agit d’une
relation tripartite. Contre une rétribution de quelques pourcents de sa
propre rémunération, le porté va
confier à l’entreprise de portage la
gestion de l’ensemble des tâches
administratives engendrées par son
activité. Mais c’est le porté, et non
l’entreprise de portage salarial, qui
va prospecter afin de trouver les
missions et en négocier les termes.
Le salarié porté signe un contrat de
travail avec la société de portage qui
devient alors son employeur. Cette
dernière facture ensuite le client,
gère les recouvrements et verse son
salaire au professionnel autonome,
après déduction de frais de gestion
et des charges sociales. L’avantage
premier pour le salarié porté est
qu’il peut se consacrer exclusivement à sa mission, dans la majorité
des cas de consultant, sans se préoccuper des contingences administratives. L’entreprise qui l’emploie y
trouve bien entendu son compte,
puisqu’elle ne s’engage pas sur un
CDI et bénéficie d’une solution à un
besoin ponctuel de compétences
bien précises.
Sur cette question cruciale d’une
forme particulière d’organisation
du travail, L’Europe semble à la
traîne. Il n’existe pas aujourd’hui
d’harmonisation de la pratique du
portage salarial. “Les raisons pour
lesquelles différentes formes nouvelles
d’emplois, dont le portage salarial,
apparaissent sont très diverses selon
les pays. Il existe notamment une
distinction marquée entre les pays du
nord et ceux du sud du continent.
Mais au niveau européen, il n’existe
pas aujourd’hui d’organisation
commune autour du portage salarial.
Il n’y a pas d’uniformisation. Les
dénominations sont très différentes et
les aspirations des travailleurs ne sont
pas les mêmes”, analyse Patrick
Levy-Waitz, président d’ITG, le
principal acteur du portage salarial
en France.
Une grande diversité
des réglementations
En France comme dans d’autres
pays européens, une certaine rigidité demeure quant à l’organisation du travail, et les lignes ne sont
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
pas faciles à faire bouger. Mais il est
vrai que la réglementation ne peut
pas tout. “La France met les dispositifs en place, mais on ne rencontre pas
la volonté ni les besoins des gens. Si
nous ne créons pas les conditions pour
que les personnes soient un minimum
sécurisées, nous n’y arriverons pas. Il
s’agit de la problématique de la sécurisation des parcours professionnels,
mais aussi la sécurisation des périodes
de transition. Les problématiques
liées à l’emploi sont essentiellement
d’ordre culturel. Il faut donc apporter
une sécurisation nécessaire à l’évolution de ces processus. Il faut mener
une évangélisation forte”, poursuit
Patrick Levy-Waitz.
Sans grandes surprise, l’encadrement juridique de cette forme
d’emploi est très divers selon les
pays européens, et tient dans bien
des cas aux traditions du droit
social et aux différences culturelles. La Grande-Bretagne a
élaboré un système assez proche de
l’exemple français : des “umbrella
companies” salarient des indépendants appelés de ce fait “contractors”.Autre exemple : aux Pays-Bas,
la convention collective du travail
temporaire s’applique aux entreprises de portage salarial.
Une étude de la Fondation ITG sur
le portage salarial en Europe
montre que l’Allemagne, l’Italie et
l’Espagne, à l’instar de la France,
“sont les seuls pays étudiés à avoir
défini, par la jurisprudence ou par la
loi, un statut sui generis de travailleur
indépendant”. Cette étude, menée
sur 9 pays européens, identifie et
compare les “formes hybrides
d’emplois”, en d’autres termes les
formes d’activité qui se différencient du contrat de travail classique
en comprenant à la fois des caractéristiques de l’emploi salarié et de
l’activité indépendante. Il apparaît
que ces statuts, spécifiques à
chacun des pays cités, ont été
élaborés par le législateur afin de
protéger les travailleurs autonomes
des pratiques de “fausse externalisation” des entreprises qui recourent à des indépendants.
“Le portage salarial tel qu’il existe en
France est unique en Europe. Aucun
autre État de l’Union européenne n’a
adopté un système identique. Pour
autant, parce qu’il répond à des
problématiques du marché du travail
et des rapports sociaux qui se multiplient partout en Europe, il peut être
comparé à des outils ou des réglementations répondant aux mêmes caractéristiques hybrides et aux mêmes
finalités : avec l’identification de
telles formes dans tous les pays
étudiés, c’est véritablement une troisième voie, entre le salariat et l’entrepreneuriat, qui se dessine”, peut-on
lire dans l’étude de la Fondation
ITG.
Un modèle français perfectible
Même si l’encadrement juridique
du portage salarial en France apparaît sans doute comme l’un des plus
aboutis au niveau européen, il
demeure indubitablement perfectible. “La décision récente de
restreindre le portage salarial aux
seuls cadres est une aberration. Il
s’agit d’une forme de ségrégation
entre non-cadres et cadres, laissant
penser qu’il n’y a que ces derniers qui
auraient des aspirations à travailler
autrement. Je ne vois pas à quel titre
le législateur interdit le portage à ceux
qui gagnent moins de 2 900 euros par
mois. Il s’agit d’une forme de non23
CRÉATION D’ENTREPRISE
Benchmark européen
PORTAGE SALARIAL
“Le monde du travail est en
mutation, nous devons adapter les
règles.” Patrick Levy-Waitz, ITG.
respect, s’insurge Hervé Capelle.
Cette décision vient de cette peur de
partager le gâteau du travail. Le monde
de l’intérim a peur du portage salarial,
alors qu’il ne s’agit pas du tout du
même métier. Le portage ne s’adresse
pas aux mêmes profils. Il faut maintenant retirer cette couche de béton qui
sclérose l’ensemble.”
Le président du groupe ITG défend
une position quelque peu différente.
Pour Patrick Levy-Waitz, “la question
centrale est celle des professionnels
autonomes et non celle des cadres.
L’arrêté a été une étape fondamentale.
Il faut maintenant ouvrir le portage
salarial à l’ensemble des professionnels
autonomes. Car il existe des métiers au
sein desquels le professionnel peut être
tout à fait autonome sans être cadre,
par exemple les formateurs, les traducteurs ou les webmasters. Les négociations sur cet aspect sont en cours”,
précise le président d’ITG.
Ce débat sur qui peut ou ne peut pas
bénéficier du statut de porté en
France illustre bien le fait que dans
ce domaine, les facteurs économiques, sociaux et juridiques
influent fortement sur la nature
même des nouvelles formes d’emploi
dans les différents pays. À titre
d’exemple, les notions de salariat et
d’activité indépendante y ont un sens
différent du fait de la diversité des
systèmes juridiques. Ainsi que le
Laurent Baccouche
commissaire général du Salon des entrepreneurs de Paris*
“Le portage salarial apparaît comme une très bonne
solution pour démarrer une activité de façon
sécurisée”
À quel type de visitorat s’adresse
le Salon des entrepreneurs de Paris
et quelle est, pour cette édition,
la thématique phare?
L’envie de créer et de devenir indépendant
demeure très forte, et les chiffres de la
création d’entreprise en France sont toujours excellents, même s’ils se tassent un
peu cette année. Au travers du Salon des
entrepreneurs, nous nous attachons à
répondre à chaque typologie d’entrepreneur, quelle que soit l’avancée de son projet. Nous nous adressons tant à celui qui
n’en est qu’au stade de l’idée qu’à celui qui
souhaite transmettre son entreprise. Sur le
salon, chaque entrepreneur et porteur de
projet peut tester et valider son idée en
grandeur nature, en faisant le tour des
intervenants présents. Pour cette édition,
l’une des thématiques forte est le numérique. Nous l’approchons sous un angle
Au travers des différentes enquêtes
que vous menez, constatez-vous
que l’esprit d’entreprendre
progresse en France?
Nous constatons que depuis de nombreuses années, et au travers de différents
“Il faut analyser l’intérêt de cette solution
par rapport à d’autres, en fonction de son activité
et de son chiffre d’affaires”
très didactique. L’idée est notamment
d’utiliser le numérique pour booster son
chiffre d’affaires et pour développer sa
notoriété : comment utiliser les outils
numériques au service du développement
de l’entreprise? comment bien utiliser les
réseaux sociaux ? comment utiliser le
cloud?
Le visiteur peut-il trouver sur le salon des Entrepreneurs des informations sur le portage salarial?
Le portage salarial est une bonne alternative à la création d’entreprise, en particulier
pour les consultants. Il est vraiment logique
de trouver sur le Salon des entrepreneurs
des informations sur le portage salarial. Il
faut analyser l’intérêt de cette solution, en
fonction de sa propre activité et de son
chiffre d’affaires. Le portage salarial apparaît comme une très bonne solution pour
démarrer une activité de façon sécurisée.
24
gouvernements, beaucoup de choses ont
été faites en faveur de l’entrepreneuriat en
France. Notamment par exemple au niveau
de la simplification des statuts. Certes, il
reste beaucoup à faire et il y aura toujours
des revendications. Mais les créations
d’entreprise ont été multipliées par quatre
sur une décennie, et le rôle de l’entrepreneur est désormais largement reconnu.
Son image a beaucoup évolué. L’envie de
créer son entreprise, et toutes nos études
le montrent, est ancrée chez un nombre
toujours plus important de Français. La
situation économique a forcément joué,
mais aussi l’envie de plus en plus présente
de changer de vie. Ces différents facteurs
ont participé à l’essor de l’entrepreneuriat.
C.M.
souligne l’étude, il existe également
une vraie hétérogénéité sémantique,
puisqu’on ne trouve aucune traduction littérale de “portage salarial”
dans d’autres langues.
Reste que s’il est incontestablement
divers, ce marché existe bel et bien
dans la plupart des pays européens.
Des motivations diverses
Si les statuts et pratiques apparaissent propres à chaque pays, les
raisons du développement de ces
nouvelles formes d’organisation du
travail, qui ont vu le jour au cours des
années 90, sont similaires. Il s’agit
Les travailleurs indépendants, non-salariés et sans
employés, exerçant des activités intellectuelles ou
appartenant au secteur des services, seraient un peu
plus de 8,5 millions d’individus dans l’Union
européenne, soit 4 % de la population occupée
Le secteur des entreprises qui
servent d’intermédiaires entre les
travailleurs autonomes qu’elles vont
salarier et les sociétés ayant recours
aux services de ces derniers, connaît
partout une croissance régulière.
Aujourd’hui, en France, son chiffre
d’affaires avoisine les 400 millions
d’euros. Certaines de ces entreprises
développent même une activité
transnationale.
Particularismes nationaux
En Grande-Bretagne, les “umbrella
companies” consacrent une partie
de leur activité à salarier des
“contractors” qui travaillent en freelance et bénéficient du statut de
salarié. En Suède, “l’egenanställning” est assez proche du système du
portage salarial que nous connaissons, à la nuance près qu’il peut être
pratiqué à but lucratif ou non
lucratif. Un débat se tient
aujourd’hui dans ce pays, dans le
cadre de la réforme du système
social, sur la possibilité pour les
portés de bénéficier de l’assurance
chômage. La Suisse a quant à elle
importé le modèle français, mais il ne
bénéficie pas d’un encadrement juridique aussi précis que dans l’Hexagone ; dès lors coexiste une plus
grande diversité des pratiques.
L’éligibilité ou non des portés suisses
aux prestations sociales communes
et au régime général des retraites
pose toujours question.
Il existe une “certaine forme de payrolling pour ‘travailleurs intérimaires
indépendants’ en Belgique et aux
Pays-Bas, lorsque les entreprises recrutent des travailleurs autonomes
qu’elles salarient”, explique l’étude
ITG. La pratique du payrolling
consiste à proposer à déléguer à une
entreprise tiers les aspects administratifs de la fonction d’employeur.
“Bien que les mécanismes contractuels
soient les mêmes, l’approche commerciale de l’entreprise de payrolling, les
raisons de l’entreprise cliente d’avoir
recours au mécanisme, et l’autonomie
des travailleurs, sont différentes”,
précise l’étude de la Fondation ITG.
En Allemagne et en Autriche, le
portage salarial en tant que tel
n’existe pas. Des travailleurs temporaires, s’ils possèdent des compétences spécifiques reconnues,
interviennent dans le cadre d’une
relation tripartite (travailleur, entreprise qui l’emploi et intermédiaire),
mais ils bénéficient d’une moins
grande autonomie. “Les autres pays
européens n’envisagent pas le travail
de la même façon qu’en France, en catégorisant autant les gens. Il faut laisser
les gens travailler sous la forme qui leur
convient le mieux. Il est évident que la
législation a évolué dans le bon sens en
reconnaissant le portage salarial, mais
il est sclérosant de l’encadrer autant”,
reprend Hervé Capelle.
avant tout d’une passerelle vers l’emploi et vers la création d’entreprise
pour des populations qui peuvent
éprouver certaines difficultés,
comme les salariés licenciés, les
jeunes ou encore les seniors. Comme
le soulignent les auteurs de l’étude
de la Fondation ITG, cette dimension
est particulièrement prégnante en
Suède, mais aussi vrai pour les autres
pays. En Belgique, aux Pays-Bas ainsi
qu’en France, les portés optent
souvent pour ce système afin de
bénéficier de la protection du statut
de salarié et, en particulier, de l’assurance chômage.
L’un des attraits majeurs perçu par
les utilisateurs du portage salarial ou
de son équivalent, en Suisse, aux
Pays-Bas et au Royaume-Uni, est le
fait de pouvoir mener une activité
indépendante sans avoir à subir l’ensemble des contraintes administratives qui peuvent être lourdes et
contraignantes. Enfin, l’étude d’ITG
relève que, en particulier en
Allemagne et en Autriche, la motivation est plutôt à rechercher du côté
de l’entreprise, pour qui cette forme
d’emploi est un moyen de s’attacher,
de façon provisoire, des collaborateurs possédant des connaissances
pointues sur des projets bien précis.
Quid des chiffres ? Si l’on s’en tient à
la définition de l’économiste
Stéphane Rapelli, à savoir des
travailleurs indépendants, non-salariés et sans employés, exerçant des
activités intellectuelles ou appartenant au secteur des services, cette
catégorie rassemble un peu plus de
8,5 millions d’individus dans l’Union
européenne, soit 4 % de la population occupée.
trative. Mais ces raisons différentes
recouvrent une réalité commune, celle
d’une troisième voie, à cheval entre
l’entrepreneur et le salarié.”
Selon la Fondation ITG, la France
représente le seul pays qui, dans ce
domaine, est allé jusqu’au terme de
son autonomisation. “Étant le seul
pays à avoir isolé cette activité et son
secteur en tant que tels, en en faisant
un véritable outil pour les cadres, la
France a un rôle à jouer à l’échelle européenne pour apporter de la cohérence et
une meilleure lisibilité au portage salarial”, assurent les auteurs de l’étude.
Et si aucune législation à l’échelle de
l’Europe n’est à l’ordre du jour, la
France pourrait avoir un rôle moteur
sur ce plan.
“Ces modes de travail interrogent le
rapport de l’individu au collectif, mais
aussi aux pouvoirs publics. Ces
derniers, en période de crise, doivent
trouver des solutions pour la reconversion d’un nombre important de salariés. Ce peut être des missions
ponctuelles pour passer ensuite à un
travail à temps plein. Le monde du
travail est en mutation, nous devons
adapter les règles. La France est le pays
qui possède le plus de statuts, mais nous
sommes aussi le pays qui les utilise le
moins”, conclut Patrick LevyWaitz. 
En 2007, le Parlement
européen a même opposé
une fin de non-recevoir
à un Livre vert de
la commission sur ce thème,
craignant une possible
précarisation de l’emploi
en Europe
L’Europe peu mobilisée
On le voit, les pratiques au sein des
différents pays apparaissent pour le
moins différentes. Il n’y a pas encore
eu de débats construits au niveau
européen. En 2007, le Parlement
européen a même opposé une fin de
non-recevoir à un Livre vert de la
commission sur ce thème, craignant
une possible précarisation de l’emploi en Europe. Les députés européens ont toutefois défini quelques
orientations se rapprochant de
l’exemple français, comme celle
visant à “garantir une protection
appropriée aux travailleurs occupant
des formes d’emploi atypiques”. “Il ne
peut avoir de syndicat européen
aujourd’hui, car ce ne sont pas les
mêmes raisons qui ont amené les
nouvelles formes d’emplois à se développer. En France, les principales
raisons pour lesquelles une personne se
tourne vers le portage salarial sont la
sécurité, et pour pouvoir bénéficier ultérieurement, le cas échéant, du régime
de Pôle Emploi, poursuit Patrick LevyWaitz, le président d’ITG. Dans les
pays anglo-saxons, ce peut être pour des
questions fiscales et de facilité adminis-
CHIFFRES RÉVÉLATEURS
En France, environ 30 000 professionnels ont recours au portage salarial.
Environ 80 % d’entre eux exercent
une activité de consultant, essentiellement dans le conseil et
l’informatique. Le taux de portage
demandé au porté représente, en
moyenne, 6 à 10 % de son salaire.
Source : PEPS (Professionnels de
l’emploi en portage salarial).
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
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DOSSIER RESSOURCES HUMAINES
INCENTIVE MOTIVATION
Après un plan social ou une restructuration
L’incentive post-choc
Comment remotiver ses équipes et gagner en productivité
après un plan social ou un rachat
SIPA
Alors que les plans de sauvetage se succèdent en France, le climat au
sein des entreprises s’ankylose. Licenciements ou rachats, les restructurations sont perçues par les salariés qui conservent leur poste comme
de véritables chocs. Après de tels traumatismes collectifs, le recours aux
techniques de l’incentive apparaît comme l’un des moyens de remotiver
et redonner confiance dans les valeurs de l’entreprise. Comment ? En
recréant de la synergie entre les équipes, à travers des activités de cohésion.Autrefois réservée à motiver les forces de vente à travers des voyages
d’exception, l’incentive regroupe désormais les opérations de cohésion
sur le lieu de l’entreprise ou à l’étranger, le coaching et la formation.
Par Laurène Rimondi
013, année noire pour les
entreprises françaises ?
Loin du pic enregistré au
plus fort de la crise en
2009, avec 2 200 plans sociaux,
l’année qui vient de s’achever
affiche malgré tout des chiffres
alarmants. La Dares (Direction de
l’animation de la recherche, des
études et des statistiques, dépendante du ministère de l’Emploi)
comptabilise en effet plus de 1 000
plans de sauvetage pour l’emploi
(PSE) malgré trois années consécutives de baisse. Un contexte de
relations sociales fragile, sur
lequel s’est ouverte l’actualité de
ce début d’année avec la prise en
otage de deux dirigeants de l’usine
2
Les salariés qui conservent
leur poste sont extrêmement
fragilisés par le choc
consécutif au départ
d’une partie des effectifs
Goodyear à Amiens par des salariés.
Et les restructurations n’ont pas
fini de s’enchaîner : La Redoute,
Alacatel Lucent, FagorBrandt,
Pfizer, Veolia Environnement,
Alstom ou Gad ont déjà annoncé
des suppressions de postes. Du
côté de la SNCF, 1 432 départs en
retraite ne seront pas remplacés.
Plus de 12 790 entreprises ont
également déposé le bilan au troisième trimestre de cette année,
soit 7,5 % de plus que la même
période l’an dernier.
Reste que si le nombre de salariés
se réduit, la charge de travail
globale reste identique. Dans un
contexte de perte de compétitivité, pas question de baisser la
garde, bien au contraire : les entreprises conservent a minima des
objectifs de maintien de croissance, voire de développement.
Résultat, le moral des salariés du
privé est bien loin du beau fixe.
“On observe une recrudescence des
burn-outs au sein des entreprises”,
confie Éric Tordjman, gérant de
Delta Service Organisation. Les
Français seraient même les plus
découragés d’Europe, puisque
40 % des salariés ont vu leur motivation baisser en 2013, selon un
baromètre EndenRed-Ipsos. C’est
plus que nos voisins allemands
(22 %), belges (27 %) ou britanniques (27 %).
Car les salariés qui conservent leur
poste sont extrêmement fragilisés
par le choc consécutif au départ
d’une partie des effectifs. “Au
cours des sept dernières années,
certaines des grandes entreprises
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
françaises sont passées par quatre ou
cinq plans sociaux, observe Bruno
Attuil, directeur associé de
Trajectoire RH. Après un PSE, le
traumatisme est plus important
pour ceux qui restent, surtout s’ils ne
sont pas accompagnés.”
Dans un tel contexte, comment
remotiver les collaborateurs ?
Comment redonner du crédit aux
valeurs de l’entreprise, mises à
mal ? Certaines entreprises ont
27
RESSOURCES HUMAINES
bien compris qu’en dépit des réductions budgétaires, l’incentive, sous
forme de séminaires ou d’activités
de motivation, permettait parfois de
redonner le surplus de mobilisation
nécessaire à la poursuite dans de
bonnes conditions de l’activité de
l’entreprise. “Lorsqu’il y a une telle
anxiété, un climat délétère s’installe.
Cela renforce les comportements indi-
Les économies d’échelle consécutives aux restructurations sont une
chose, mais bien souvent, une réorganisation en termes de management s’impose en parallèle. Le
moment pour les entreprises de
recapitaliser sur la force de travail
et replacer les collaborateurs au
centre des préoccupations, d’abord
à travers un plan de communication
Pour commencer à parler motivation, les collaborateurs
doivent être remobilisés sur leurs nouveaux métiers,
et les managers doivent avoir retrouvé leur périmètre
vidualistes qui ne vont pas dans le sens
de l’entreprise, laquelle a besoin de
cohésion, observe Marie-Gaëlle
Goumet, directrice générale de
Préférence Events. Dans ce contexte,
les responsables RH et de communication interne cherchent énormément
d’activités de cohésion de groupe.”
Voyages, tournois sportifs, jeux et
animations souvent tournés vers le
team building, ont pour objectif de
remobiliser les collaborateurs et de
reconstruire les équipes, fragilisées
par une vague de licenciements, par
un rachat, voire un suicide.
“L’objectif est de restaurer la confiance
autour d’objectifs stratégiques
communs”, affirme Joseph Vieville,
directeur général du Five Football
Club.
Choisir le bon timing
interne, indispensable après un
choc en entreprise.
“On ne peut pas réduire les plans
sociaux au simple besoin de compétitivité. Ces événements rappellent que
la valeur la plus forte de l’entreprise
est le capital humain”, observe
Bruno Attuil.
Le timing des opérations est alors
essentiel. Les collaborateurs qui
subissent un tel traumatisme
passent par différentes étapes, identiques aux phases de deuil ou de
changement évoquées par la
psychiatre Elisabeth Kübler-Ross.
Suite à l’annonce d’un PSE, les salariés passent par une phase de déni,
puis de colère et de résistance,
auxquelles succède la résignation.
Plus tard, le déclic, première phase
de remotivation avec une ouverture
sur l’avenir. La prise en charge des
salariés sera donc plus efficace si
elle est mise en place le plus tôt
possible, c’est-à-dire pendant un
PSE ou un rachat, plutôt qu’après.
De plus en plus d’entreprises
commencent à créer des cellules de
soutien psychologique, inspirées de
la culture anglo-saxonne. Surtout,
cette phase de transition dépend du
message délivré par la direction
générale, à travers la communication des plans sur deux à cinq ans,
détaillant la réorganisation de l’entreprise, les nouveaux métiers, la
gestion prévisionnelle de l’emploi
et des compétences.
Le plus souvent, la remobilisation
des collaborateurs se déroule sous
forme de cascading. Dans un
premier temps, la direction mobilise
le top management, qui va adresser
les principaux messages aux middle
managers, suivis de l’ensemble des
équipes. À ce stade, les prestataires
proposent du coaching ou de la
formation afin de travailler sur l’employabilité, et réfléchir à la façon de
©FIVEFC
INCENTIVE MOTIVATION
“L’objectif est de restaurer la
confiance autour d’objectifs
stratégiques communs.”
Joseph Vieville, Five Football Club.
faire évoluer les collaborateurs vers
leurs nouvelles missions ou de
nouveaux métiers. Les agences
offrent également leur expertise
dans la mise en œuvre du plan de
transformation, en fonction des
problématiques rencontrées. “Tous
ces plans de communication sont
essentiels pour donner de l’espoir aux
Sabine Machoire Berkane
directrice adjointe du salon Bedouk*
“Le secteur du MICE réagit à la morosité ambiante
par la créativité”
Le salon Bedouk 2014 en quelques
mots?
Le salon Bedouk est le seul salon spécialiste du MICE en France [Meetings,
Incentives, Conferencing, Exhibitions, ndlr],
qui fédère et représente l’ensemble des
acteurs de la filière, du séminaire au
congrès, en passant par l’incentive et l’événementiel. Un lieu unique de convergence
et de rencontre entre les organisateurs
d’événements et les prestataires.
L’ensemble du spectre est représenté sur le
salon. Cette année, nous avons donné plus
d’importance au programme à destination
des acheteurs étrangers. La nouveauté est
la création d’un “espace assistant”, dédié à
tous les assistants de direction qui organisent des séminaires et des incentives.
L’espace Bedouk Live permettra aux exposants de présenter leur offre de manière
ludique, un peu comme sur une scène de
théâtre. Et le Meeting Lab, programme de
conférences du salon, sera cette année
enrichi d’un espace de consultation où des
de l’événement consiste à répondre au
mieux aux attentes de l’organisateur, avec
des contraintes qui sont des messages à
transmettre, des contraintes budgétaires à
respecter, et la nécessité de retombées
fortes. L’idée, c’est que toutes ces attentes
soient satisfaites par une offre renouvelée,
puisqu’il faut en permanence trouver de
nouvelles idées, de nouveaux projets. Le
salon Bedouk présente ces nouvelles idées
“Les séminaires et les événements organisés par les entreprises
et les marques sont plus stratégiques, organisés moins loin,
et réunissent des groupes plus petits”
associations du secteur donneront des
bonnes recettes aux visiteurs pour l’organisation de leurs événements.
Le fil rouge du salon?
Nous nous positionnons comme une plateforme de l’offre MICE, prenant en compte
toutes les tendances du marché. Notre
volonté, c’est d’être au plus près des
besoins des meeting planners. Nous avons
observé trois tendances assez fortes en
2013: les séminaires et les événements
organisés par les entreprises et les marques
sont plus stratégiques, organisés moins
loin qu’il y a quelques années, et réunissent des groupes plus petits. Dans l’ensemble, ils coûtent un peu moins cher et
sont plus éco-responsables. Nous souhaitons faire correspondre l’offre des exposants à ces modes d’achat, ainsi qu’à la
conjoncture économique peu favorable.
Nous sommes dans un monde en pleine
mutation au niveau du management et de
la communication. Le secteur du MICE
n’échappe bien sûr pas à cette règle.
avec des entrepreneurs inventifs. Nous
proposons des expériences inédites à travers un parcours insolite qui mettra en
exergue, sous forme de jeu, les spécificités
des exposants. Apparaissent aussi beaucoup de nouvelles plateformes et d’outils,
qui permettent de faciliter la gestion de
l’événement et de favoriser l’échange entre
participants, que ce soit avant, pendant ou
après l’événement. Grâce aux réseaux
sociaux, les échanges sont plus rapides et
permettent des événements plus participatifs. Aujourd’hui, cette créativité a été
payante, puisque le baromètre Coach
Omnium, qui indique les tendances 2013, a
relevé une remontée des tendances MICE
en 2013.
* Salon du MICE (Meetings, incentives,
conferencing, exhibitions), les 5 et 6 février,
pavillon 5 Paris-Porte de Versailles.
L.R.
Les enjeux du MICE?
Le secteur réagit à cette morosité ambiante
par la créativité. Le métier du professionnel
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Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
©HAVAS EVENT
Après un plan social ou une restructuration
“La faisabilité et l’exécution de la
stratégie d’une entreprise peuvent
être débattues avec les salariés,
quel que soit leur niveau. Ils se
sentent écoutés et c’est un signe
de reconnaissance et un vrai levier
de remotivation.” Édouard Auger,
Havas.
salariés, leur dire qu’ils vont faire des
choses merveilleuses et que l’entreprise
va les y préparer”, dit Bruno Atuill.
Ce n’est que lorsque l’entreprise
commence à aller mieux qu’elle a
généralement recours à des événements d’envergure plus importante,
six mois à un an après un PSE. Pour
commencer à parler motivation, les
collaborateurs doivent être remobilisés sur leurs nouveaux métiers, et
les managers doivent avoir retrouvé
leur périmètre. “Il y a un temps pour
rassurer, puis un temps étonner et
présenter les enjeux stratégiques à
venir”, analyse Éric Tordjman.
Soigner le contenu
Bon sens oblige, tous les événements ne sont pas bons à mettre en
place après une crise sociale. Les
destinations qui pourraient être
jugées trop ostentatoires ou l’organisation bling-bling sont à éviter.
Associé à la récompense et au jeu,
l’incentive peut en effet facilement
être perçu en interne comme une
dépense inutile en temps de crise,
surtout après une vague de licenciements.
Dans cette perspective, l’image de
l’opération est à soigner particulièrement. Les budgets se réduisent et
les destinations proches sont privilégiées. La France ou l’Europe,
comme Bruxelles, ont la cote pour
les séminaires de stimulation. Les
rallyes en 4x4 dans le sud marocain
ou les séjours à Malte ou Istanbul,
qui sont pourtant proches et attractifs en termes de tarifs, commencent
à devenir des destinations mal assumées. Si le confort reste agréable,
les directions sont attentives à
l’image renvoyée par le standing.
Mais surtout, l’événement doit être
marqué par la quête de sens.
Au-delà du ludique, les entreprises
cherchent à imprimer leurs valeurs,
l’objectif étant de gagner en productivité. “L’incentive qui consiste à
emmener une centaine de collaborateurs à l’étranger pour organiser un
programme de deux jours qui n’est que
de la détente, a tendance à disparaître
au profit d’activités de stimulation et
de motivation qui vont venir servir les
projets de l’entreprise”, affirme
Édouard Auger, directeur général
adjoint d’Havas Event.
Émergent ainsi de nouveaux types
d’opérations à forte dimension solidaire ou environnementale, comme
des séjours d’une demi-journée à
une semaine au cours desquels la
direction va réunir les collaborateurs dans le but de replanter des
arbres détruits par une tempête en
France, ou de participer à la rénovation d’une école en Afrique. Ces
initiatives sont destinées à nourrir
l’individu, en rapport avec des
valeurs fortes pour l’entreprise.
La tendance est aussi aux ateliers
collectifs. Très prisés, les exercices
dits de co-construction consistent
ainsi à bâtir un projet stratégique
ou de transformation de l’entreprise
avec l’ensemble des collaborateurs.
L’idée est de lancer une grande
réflexion interne et d’organiser une
collecte d’information, orchestrée
parfois sur une année, grâce à un
programme de communication digitale. Les collaborateurs sont alors
placés au cœur d’une nouvelle
réflexion sur les enjeux de développement de l’entreprise. Et in fine, il
s’agit de faire émerger un projet
collectif, plutôt que de l’imposer. “Il
s’agit de procédés de communication
interne qui sont très remobilisateurs.
La faisabilité et l’exécution de la stratégie d’une entreprise peuvent être
débattues avec les salariés, quel que
soit leur niveau. Ils se sentent écoutés
et c’est un signe de reconnaissance et
un vrai levier de remotivation”,
observe Édouard Auger.
team building, les tarifs et abonnements proposés par certains prestataires permettent d’offrir des
moments de détente réguliers. Car
même pour les entreprises qui se
portent bien, détendre ou recréer
du ciment au sein des équipes n’est
pas un luxe, alors que les perspectives économiques s’annoncent
encore moroses pour cette année. 
CHIFFRES RÉVÉLATEURS
Budgets de motivation
Pour les événements à l’étranger, les tarifs s’élèvent de 300 à 1 000 € par participant en fonction des destinations, soit 200 000 à 500 000 € pour une
cinquantaine de personnes. Comptez 60 à 120 € par personne pour une chasse
au trésor à Paris, 1 500 à 5 000 € pour un tournoi-déjeuner-réunion avec vos
équipes. Côté coaching, la prise en charge d’un manager est tarifée 1 000 € par
jour, et jusqu’à 4 000 € pour un cadre dirigeant. Une formation sur les évolutions de métier, comprenant le plan de travail avec les développements à venir,
sera facturée 2 000 € par jour, jusqu’à 5 jours maximum.
Très prisés par les entreprises,
les exercices dits
de co-construction
Recréer des synergies
L’incentive se décline aujourd’hui
en différentes activités, sportives ou
divertissantes, et le ludique reste
une clé de l’adhésion du salarié.
Murder party, chasse au trésor ou
tournoi sportif, les concepts
proposés par les prestataires diffèrent en fonction des problématiques
rencontrées. La mise en place d’un
spectacle, à la façon d’un cirque par
exemple, dans lequel le manager
tient le rôle du monsieur loyal, est
un moyen d’imposer naturellement
un nouveau responsable. Les challenges de constructions réalisées
par les différents services, ou l’organisation collective d’un buffet
géant, permettent de faire
comprendre l’importance d’un
travail d’équipe efficace. Ou plus
simplement de faire se rencontrer,
se connaître et se mélanger de
nouvelles équipes. “Après un plan
social ou une fusion, les sociétés sont
complètement désorganisées. Ces
événements sont le moyen d’asseoir les
nouvelles personnes à leur poste, de
détendre les équipes et de faire
comprendre qui est le chef d’orchestre”, observe Éric Tordjman.
L’intervention de coachs, au cours
d’un séminaire ou pour une formation spécialisée, permet aussi
d’aborder les problématiques
psychologiques et comportementales en entreprise. Un aspect à ne
pas négliger, en particulier lorsque
le malaise s’est installé. Sous forme
de pièce de théâtre par exemple, les
participants écrivent, par équipe,
un acte autour d’un sujet décalé
mais comparable à une situation en
rapport à l’entreprise. “L’objectif est
de décaler des situations mal vécues,
avec humour”, selon Bruno Attuil.
De leur côté, les événements sportifs ont l’avantage de bénéficier
d’une image à la fois utile et sobre.
Un tournoi sportif suivi d’un débriefing permet souvent d’identifier les
dysfonctionnements. Si le foot reste
fédérateur, certaines entreprises
optent pour le volley, la pétanque ou
le billard en fonction de leur problématique. “Tournées ensemble vers la
victoire, vers un objectif commun, les
équipes apprennent à évoluer
ensemble”, déclare Joseph Vieville.
Du simple événement sportif avec
buffet, barbecue ou réception, à la
journée complète programmée avec
une réunion et d’une séance de
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
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DOSSIER ÉCONOMIE SOCIALE
COMITÉ D’ENTREPRISE
Les attributions économiques et stratégiques du CE
Encore des
cartes à jouer
Le CE, médiateur entre le management et les salariés, peut
réellement influer sur la marche de l’entreprise
SIPA
Le comité d’entreprise, essentiellement connu et sollicité pour ses fonctions culturelles et sociales, assume pourtant depuis presque 35 ans un
rôle de premier plan dans le domaine économique et professionnel. Il
constitue un interlocuteur important pour le dirigeant de l’entreprise,
qui lui doit information et écoute, et auprès des salariés, dont il représente l’intérêt collectif. Ces missions, bien que capitales, sont pourtant
assez peu valorisées par les employés au nom desquels il œuvre. La crise
économique rajoute de la complexité dans la vie professionnelle, ce qui
se répercute sur le CE. Enfin, la loi du 14 juin 2013 sur la sécurisation de
l’emploi a provoqué des changements profonds, et peut-être durables,
dans le fonctionnement de ces structures.
Par Lisa Melia
“
Si tous les salariés sont
conscients de l’existence du
CE, même ceux qui exercent
leur emploi dans une
structure qui n’en possède
pas, peu comprennent
l’étendue de ses attributions
30
Dans les entreprises d’au
moins 50 salariés, l’employeur est tenu d’organiser
la mise en place d’un comité
d’entreprise […]. Ce comité assume
d’une part des attributions économiques,et d’autre part,sociales et culturelles,et dispose pour ce faire des moyens
matériels et financiers nécessaires.” La
définition succincte du comité d’entreprise fournie par le Code du
travail a l’avantage de la clarté. Mais
l’apparence de la simplicité ne doit
pas occulter la complexité des
charges du CE et des moyens qu’il
met en œuvre pour les atteindre.
Historiquement, le CE joue deux
rôles très différents: il intervient en
tant que gestionnaire,parfois avec un
budget très important, dans le
domaine des activités sociales et
culturelles. Mais il remplit également une fonction en matière économique et professionnelle.
Si tous les salariés connaissent l’existence du CE – même ceux qui exercent leur emploi dans une structure
qui n’en possède pas –, peu sont ceux
qui comprennent l’étendue de ses
attributions. Le comité d’entreprise
est souvent connu pour la fête de fin
d’année ou les tickets de cinéma à
prix réduit.Ces activités,aussi importantes soient-elles, ne représentent
pourtant que la partie émergée de
l’iceberg. C’est sous le niveau de
l’océan que s’opère le véritable
travail de fond: une influence sur la
marche économique de la société au
nom de l’intérêt collectif des salariés.
D’après le Baromètre CE, une étude
de CSA pour le Crédit mutuel et
Legrand Fiduciaire publiée en
décembre 2013, 81 % des employés
ont recours à leur CE au cours de
l’année, essentiellement pour “bénéficier des activités sociales et culturelles”. Un constat partiellement
partagé par le “Lab SalonsCE”, un
rapport de SalonsCE dont la
première édition confirme ces résultats: pour la majorité des travailleurs
interrogés, l’aspect social et culturel
reste le “cœur de mission” des
comités d’entreprise. Mais alors que
les collaborateurs minimisent la
vocation économique et professionnelle du CE, les élus du CE estiment
de leur côté qu’il s’agit là de leur fonction première. Un rôle qui subit par
ailleurs aujourd’hui une révolution
silencieuse, imputable notamment à
la loi du 14 juin 2013 relative à la
sécurisation de l’emploi (LSE).
Un véritable interlocuteur
“Les premières grandes réformes du
comité d’entreprise datent de 1982,
indique Jean-Philippe Sennac,directeur général adjoint chez Apex
Groupe, une structure d’experts au
service des CE. Les CE ont alors
commencé à se positionner comme un
interlocuteur permanent, voire incontournable. Toutes les lois, depuis, sont
allées dans cette direction.” Le fonctionnement du CE est fixé par l’article L2323-1 du Code du travail.
Alors que le comité d’entreprise
intervient au titre de gestionnaire
quand il porte la casquette “sociale
et culturelle”, il agit en interlocuteur
dans le domaine économique et
professionnel.
Le Code du travail indique notamment que “le comité d’entreprise a
pour objet d’assurer une expression
collective des salariés permettant la
prise en compte permanente de leurs
intérêts par des décisions relatives à la
gestion, à l’évolution économique et
financière de l’entreprise, à l’organisation du travail, à la formation du
personnel et aux techniques de production”. Un champ d’action suffisamment large pour toucher toutes les
composantes de l’entreprise, mais
qui peut se résumer en une phrase :
le CE a pour mission de réagir au
schéma économique mené par le
dirigeant afin que ce dernier garde
toujours en tête l’intérêt de ses salariés.
Dans le cas d’un projet de nouveau
produit ou d’une réorganisation de la
structure, le chef d’entreprise est par
exemple soumis à un devoir d’information vis-à-vis du CE. Celui-ci peut
alors analyser les orientations
futures de la société, et éventuellement proposer des amendements ou
des modifications – qui ne revêtent
toutefois aucun caractère obligatoire
pour l’employeur.
Le Code du travail indique sans
détour que “la consultation est l’une
des attributions essentielles du comité
d’entreprise”. Organisation, gestion,
toutes les mesures de nature à
affecter le volume ou la structure des
effectifs, la durée du travail, les
conditions de l’emploi, de travail et
de formation professionnelle…
autant d’éléments qui tombent sous
le scrutin du CE.Avant la déclaration
de cessation des paiements ou dans
le cas d’une procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire : là encore, le CE
doit être informé. Dans l’éventualité
de subventions attribuées par la
personne publique, d’un montant
supérieur à 200000 euros,ou de prêts
ou avances remboursables excédant
1,5 million d’euros, le dirigeant est
légalement contraint de s’en référer
au CE.
Cette importante liste de responsabilités a été modifiée par la loi de
sécurisation de l’emploi (LSE),
promulguée en juin 2013. Entrent
désormais dans les prérogatives du
comité d’entreprise la consultation
sur les orientations stratégiques et la
consultation sur le crédit d’impôt
compétitivité emploi (CICE).
Concernant la première, le texte
prévoit une consultation annuelle
portant sur les orientations stratégiques déterminées par la direction
et ses conséquences sur l’activité et
l’emploi. Les élus du CE peuvent
alors formuler des avis, voire une
contre-proposition qui devra faire
l’objet d’une réponse argumentée
par les instances dirigeantes. Dans
cette mission, le CE peut s’appuyer
sur une base de données, une autre
nouveauté issue de la LSE, et sur les
experts qu’il juge pertinents. Sur le
CICE, les sommes reçues par l’entreprise grâce à ce dispositif et leur utilisation doivent apparaître dans une
base de données économiques et
sociales de l’entreprise,accessible au
CE, qui là encore dispose d’un droit
de réaction.
Avec quels moyens?
Pour mener à bien ces nombreuses
attributions, le comité d’entreprise
dispose de plusieurs moyens : un
budget de fonctionnement versé
annuellement et qui correspond à
0,2 % de la masse salariale brute; un
crédit de 20 heures par mois, considéré comme du temps de travail et
alloué à la mission du CE; une formation de 5 jours; un local aménagé; du
personnel, le cas échéant… Mais
surtout, il peut mobiliser deux outils
pour le volet économique de sa fonction.D’abord,des experts,comme un
expert-comptable, un expert technologique ou un expert juridique,selon
les nécessités du moment.Ensuite,la
base de données mise en place par la
LSE, qui rassemble toutes les informations économiques et sociales
dont le CE a besoin pour entretenir
le dialogue social.
“Tous les outils tendent vers ce but :
permettre au comité d’entreprise de
travailler au nom de l’expression collective des salariés et de mener le dialogue
social”,atteste Jean-Philippe Sennac.
Certes, le CE n’a qu’un pouvoir
consultatif: en tant que tel, il ne peut
absolument pas contraindre la direction à prendre en compte ses suggestions. La loi oblige toutefois le chef
d’entreprise à formuler une réponse
motivée aux questions et avis du CE,
mais il conserve toute liberté pour
garder son projet inchangé s’il le
décide.
Du dialogue à l’influence
Cette situation impose au CE de
développer un “soft power”, c’est-àdire une capacité d’influence et de
discussion, plutôt qu’un travail de
confrontation aveugle dont, compte
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
31
Les attributions économiques et stratégiques
ÉCONOMIE SOCIALE
COMITÉ D’ENTREPRISE
“Le CE opère au cœur des
restructurations d’entreprise depuis
le milieu des années 80.”
Jean-Philippe Sennac, Apex Groupe.
tenu du rapport des forces en présence,
le CE sortirait perdant. “Puisqu’il ne
possède pas de droit de veto sur la décision
de l’employeur, le CE ne dispose que du
dialogue pour influencer les projets et la
vie économique de la société, poursuit
Jean-Philippe Sennac.Les cas de CE qui
saisissent la justice parce qu’ils n’ont pas
été suffisamment informés restent minoritaires. En revanche, les élus ont acquis
avec le temps une véritable capacité d’influence qui passe par la discussion. Pour
obtenir du dirigeant qu’il modifie sa position initiale, il va proposer des expertises
et des analyses démontrant que le projet
tel qu’il est conçu n’est pas optimal pour
l’entreprise et pour l’intérêt des salariés.
Voire même pour celui de la direction,car
elle pourrait se mettre dans une position
d’illégalité. Ce travail de fond et de
persuasion correspond à la partie
immergée de l’iceberg, celle que les autres
salariés voient peu, mais qui représente
pourtant l’essentiel des efforts des élus de
CE.” Alors qu’il paraît rarement sur le
devant de la scène, surtout média-
Bernard Yves
directeur de la communication de SalonsCE*
“Le CE ne peux pas faire l’impasse
sur la communication et le lien social”
Les conséquences du manque
de visibilité du travail des CE?
Quand le maire d’un petit village fait
reconstruire l’école, tout le monde le voit,
tout le monde est satisfait. Mais si le maire
ne dit pas qu’il a aussi discuté et négocié
avec des entreprises locales pour qu’elles
ne délocalisent pas leurs usines, qui le
saura? Les habitants finiront par se demander à quoi sert le maire, si son bilan se
limite à une école reconstruite. L’analogie
avec le CE a du sens: le plus gros de son
travail, c’est sa face cachée. La conséquence, c’est une représentation inversée.
Les salariés pensent que le CE ne sert
qu’aux activités culturelles et sociales,
alors que les élus de CE savent que le travail le plus ardu, c’est celui qui touche aux
questions économiques. Ils pensent que
les salariés en veulent toujours plus et
qu’ils ne sont jamais satisfaits, tandis que
les salariés pensent que le système est
opaque et ils demandent plus d’écoute et
de valorisation de l’intérêt général. Pire
encore: beaucoup de salariés soupçon-
quand ils ne sont en fait que 63 %.
Les nouveautés et le thème
du prochain SalonCE?
Pendant tout le premier semestre, la quinzaine de salons qui se tiendra en région et
à Paris sera centrée sur le thème de l’amélioration du dialogue social dans l’entreprise. C’est une question qui est sur le
devant de la scène politique aujourd’hui,
un sujet récurrent dans les différents
cercles de réflexion. Par ailleurs, nous lan-
“Les élus de CE ont une perception d’eux-mêmes
très différente de celles des autres salariés,
et donc qu’il faut travailler sur ce décalage”
nent le comité d’entreprise de ne pas
œuvrer en faveur de l’intérêt général, alors
que les élus s’investissent énormément. Il y
a un vrai problème de communication qui
peut créer des dysfonctionnements.
L’importance d’améliorer
cette communication?
Les salariés sont demandeurs de davantage de qualité dans les relations sociales
de l’entreprise. Ce qui ressort de l’étude
que nous avons réalisée, c’est que les salariés ont trois grands sujets de préoccupation: les conditions de travail, la reconnaissance et le niveau de rémunération, et les
relations sociales au sein de l’entreprise.
Les élus doivent échanger, animer cette
communauté de travail. Ils ne peuvent pas
faire l’impasse sur la communication et le
lien social, ne serait-ce que parce que leurs
postes seront de nouveau soumis au vote
à la fin de leur mandat. C’est d’ailleurs là
que l’étude est très intéressante: les élus
de CE sont persuadés d’être de bons communicants. Le rapport servira peut-être à
leur montrer qu’ils ont une perception très
différente de celles des autres salariés et
donc qu’il faut travailler sur ce décalage.
D’ailleurs, les élus de CE pensent que 90 %
des salariés sont satisfaits de leur travail,
32
çons cette année SalonsCE le Club, dont
l’objectif est de proposer aux élus de CE un
club in vivo et dématérialisé afin de créer
une communauté, un lieu d’échange. Le
principe de base, c’est de permettre aux
élus d’échanger sur leurs expériences, de
prendre la parole vis-à-vis de l’institution,
un peu comme une chambre professionnelle le ferait. Nous voulons faire remonter
les problématiques rencontrées par le
“pseudo-métier” qu’est celui de secrétaire
de CE. Et puis nous voulons aussi leur permettre de formuler plus régulièrement
leurs besoins et leurs attentes. Enfin, nous
allons réitérer le MementoCE, guide pratique des élus et salariés, auquel nous
avons ajouté de nouveaux dossiers (société, égalité homme femme, qualité de vie au
travail, etc.). À partir de juin, nous mettrons
en ligne une version plus aboutie de
MementoCE, avec des actualisations régulières, une Web TV, des entretiens d’experts… Bref, le vrai site d’un guide pratique
pour les élus.
Le SalonsCE se tiendra à Paris du 4 au
6 février 2014. Les 12 dates en région sur
www.salonsce.com
L.M.
tique, le comité d’entreprise est pourtant l’un des interlocuteurs clefs
quand un plan social est déclenché.
Dans cette éventualité, le CE est
consulté et c’est souvent lui qui va
travailler pour obtenir une réduction
des effectifs menacés ou de meilleures
mesures sociales d’accompagnement.
Gestion de crise
Si le CE existe depuis 1947, sa vie n’a
rien d’un long fleuve tranquille. Les
attributions et les fonctions ont changé
et la mission s’est adaptée à l’air du
temps. Depuis quelques années, la
crise et la LSE sont passées par là et
elles ont laissé des traces.
Car la crise affecte les CE par ricochet.
Les sociétés se restructurant de plus
en plus vite et de manière de plus en
plus violente, le dialogue social est mis
à mal. Les fusions, les cessions, les
absorptions ou les dépôts de bilan se
multiplient. L’entreprise est devenue
témoigne de dysfonctionnements
importants dans la relation qui lie les
salariés à leurs élus de CE. L’un des
décalages les plus flagrants concerne
la satisfaction à propos du travail
réalisé par le CE: les élus estiment que
90 % de leurs collègues sont satisfaits
du travail du CE, quand ils ne sont en
réalité “que” 63 %. “Pour le salarié, le
CE s’apparente à une véritable nébuleuse, regrette BernardYves, directeur
de la communication de SalonsCE,
commanditaire de l’étude. Les salariés
ne comprennent pas à quoi servent les
élus. Il ressort clairement de l’étude qu’ils
sont demandeurs d’informations sur le
sujet, ce qui est une bonne nouvelle, mais
dans le domaine économique,ils ignorent
qui sont les interlocuteurs pertinents.”
Les chiffres montrent sans doute
possible le décalage significatif entre
les élus du CE et leurs collègues. Selon
les premiers, 51 % des salariés de l’entreprise sollicitent chaque mois le CE.
Alors qu’il paraît rarement sur le devant de la scène,
surtout médiatique, le comité d’entreprise
est pourtant l’un des interlocuteurs clefs
quand un plan social est déclenché
un objet social et juridique extrêmement mouvant. Le CE se retrouve au
cœur de ces problématiques, puisque
le dirigeant qui entend faire des modifications importantes dans la marche
de sa société – comme le lancement
d’un nouveau produit, la création
d’une filiale ou la suppression de
certains emplois – n’a pas d’autre choix
que de le consulter.
“L’événement le plus visible est bien sûr
le plan social, souligne Jean-Philippe
Sennac. Avant, seul le CE possédait le
pouvoir d’influer sur le nombre et la catégorie d’employés concernés, les mesures
sociales d’accompagnement et les
mesures indemnitaires afférentes. Il
s’agissait de débats rudes et longs. Bien
sûr, les CE n’ont jamais inversé la crise en
discutant d’un plan social. Toutefois, ils
ont réussi à influencer la décision finale
dans de nombreuses circonstances, soit
grâce à des plans de formation importants, soit en minimisant les dégâts
sociaux, soit en améliorant les indemnités. Le CE opère au cœur des restructurations d’entreprise depuis le milieu des
années quatre-vingt. Or, ce rôle a été
complètement bouleversé par la LSE.”
La loi du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l’emploi, dite LSE, brouille
en effet les lignes et invite les syndicats sur le terrain des comités d’entreprise. Peut-être parce que
traditionnellement, les élus de CE
travaillent dans l’ombre et communiquent peu, alors que les organisations
syndicales évoluent dans la confrontation et la revendication, suggère JeanPhilippe Sennac. Le résultat, en tout
cas, pose la question du futur du rôle
économique du CE, du moins dans
certaines circonstances. Le cas le plus
représentatif et le plus pertinent dans
un contexte de crise reste celui du plan
de sauvegarde de l’emploi, ou PSE.
Désormais, les syndicats ont pris la
main sur la négociation. Avant même
que le CE ne se saisisse des sujets d’accompagnement social des salariés
menacés de perte d’emploi,le syndicat
peut conclure un accord avec la direction qui exclut automatiquement le
CE du processus. Et cette incursion de
l’organisation syndicale sur le territoire du comité d’entreprise n’est pas
le seul défi auquel les élus de CE
doivent faire face.
Couacs de communication
Une étude du Lab SalonsCE, confiée
à CSA et publiée à la mi-janvier,
Les salariés ne sont pourtant que 8 %
à déclarer qu’ils ont recours au comité
d’entreprise. À l’année, 32 % des
employés affirment ne jamais
consulter le CE, alors que celui-ci
avance la proportion de 2 %. Neufs
élus sur dix estiment qu’ils communiquent correctement, alors que seulement 58 % des salariés indiquent être
bien renseignés sur les offres et
services de leur CE.
“J’accompagne les CE depuis 20 ans et je
suis toujours un peu désolé de ce manque
de communication”, soutient JeanPhilippe Sennac. La transmission de
l’information passe parfois au second
plan, avance l’expert. Car depuis les
années 80, le comité d’entreprise est
de plus en plus sollicité dans les
domaines économiques et professionnels. Les différentes lois ne cessent de
rajouter des tâches au CE: le temps de
travail, le temps partiel, la gestion
prévisionnelle de l’emploi et des
compétences,etc.La sphère de compétence du CE connaît depuis 30 ans une
véritable inflation… laissant peu de
temps libre pour la communication.
“Prenons l’exemple d’une société de 300
salariés, illustre Jean-Philippe Sennac.
Si le dirigeant respectait scrupuleusement toutes les dispositions législatives
relatives au comité d’entreprise, ce
dernier devrait être informé ou consulté
à peu près une cinquantaine de fois par
an.” Mais alors que les attributions du
CE se multiplient, les moyens mis à sa
disposition pour mener à bien sa
mission, eux, n’évoluent pas d’un iota.
Ce sont donc toujours 20 heures par
mois et 5 jours de formation qui sont
alloués aux élus pour être au fait d’un
nombre exponentiel de dossiers. “On
demande aujourd’hui aux élus de CE de
posséder des compétences dans les
domaines de la formation professionnelle, de l’économie, de la finance, des
techniques de production, dans la politique de l’emploi, tout en travaillant à
temps plein et avec 20 heures de délégation par mois, déplore Jean-Philippe
Sennac. On constate un phénomène
d’étouffement et, assez logiquement, les
élus préfèrent consacrer leur temps à la
gestion des dossiers plutôt qu’à la communication.”
Une difficulté qui ne doit pas
dispenser de fournir une information
suffisante aux salariés,estime Bernard
Yves, de SalonsCE : “Le problème du
comité d’entreprise, c’est qu’on ne voit
que la partie la plus visible de son travail:
le catalogue des séjours de vacances ou les
activités ludiques. Mais les salariés ne
savent pas toujours que les élus ont dédié
des heures de travail à un projet économique qui aura des répercussions sur la
vie des employés. La conséquence, c’est
une représentation erronée. Les salariés
pensent que le CE ne sert qu’aux activités
culturelles et sociales, que le système est
opaque.Ils demandent plus d’écoute et de
valorisation de l’intérêt général. Pire
encore : beaucoup de salariés soupçonnent le comité d’entreprise de ne pas
œuvrer en faveur de l’intérêt général,
alors que les élus s’investissent énormément pour mener à bien cette mission.”
Bien que les salariés affirment être
relativement satisfaits du travail du
CE en matière sociale et culturelle,
leur niveau de compréhension, de
confiance et d’adhésion décroît dès
qu’il s’agit des attributions économiques et professionnelles de leurs
élus.
Pour Jean-Philippe Sennac, le comité
d’entreprise se trouve aujourd’hui à la
croisée des chemins. Les problématiques de communications et de
moyens s’estompent devant une autre
urgence : celle du futur des CE et de
leur rôle économique. La LSE a donné
une inflexion capitale aux responsabilités respectives des comités d’entreprise et des organisations syndicales.
“Elle marque une véritable rupture”,
résume Jean-Philippe Sennac. Au CE
revenait la tâche d’influencer la vie
économique de l’entreprise, tandis
que le syndicat se positionnait sur la
revendication avec une vocation
d’amélioration. Le syndicat, désigné,
et le CE,élu,n’entraient pas en compétition. C’est désormais le cas dans le
domaine du dialogue social et de la
négociation. Ou encore dans celui de
la gestion prévisionnelle des emplois
et des compétences.
Le CE finira-t-il par perdre une partie
de ses prérogatives ? Jean-Philippe
Sennac estime que la question doit
être posée. “Depuis les années 2000, la
loi pousse de plus en plus les organisations
syndicales sur un terrain qui, auparavant, n’appartenait qu’au comité d’entreprise. Il est difficile de tenir à deux sur
la même planche, le positionnement du
CE va donc certainement évoluer.” Les
années à venir détermineront si la LSE
produit un véritable impact sur les
attributions de chacun, ou si l’effet de
la loi restera marginal. 
Alors que les attributions du
CE se multiplient, les moyens
mis à sa disposition pour
mener à bien sa mission, eux,
n’évoluent pas d’un iota
CHIFFRES RÉVÉLATEURS
8 % des salariés déclarent solliciter le
CE tous les mois, 68 % le font au
moins une fois par an. 58 % des
employés s’estiment bien informés
de l’action du CE. Entre 45 % et 60 %
des salariés se disent satisfaits du
travail de tous leurs représentants
élus. Les priorités des salariés quant
à l’action du CE : les vacances (58 %),
la culture et les loisirs (40 %), la santé-prévoyance (30 %), mais aussi le
logement (17 %) et le transport et la
mobilité (14 %).
(Source : Lab SalonsCE et CSA)
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
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31 JANVIER 2014
INTERNATIONAL WEEKLY
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IT
Les options d’IBM
devant la montée en
puissance du ‘cloud’
CHINE
Le gigantesque ‘shadow
banking’ chinois sujet à
questions
MOYEN ORIENT
La peur des djihadistes alimente la
contre-révolution
Déjeuner avec...
Adrian
Joffe
Chez Comme des Garçons
International, le président
s’occupe des affaires et son
épouse Rei Kawakubo de la
création.
Devant un bortsch à New
York, il parle de zénitude, de
karma et de l’árt de “briser les
règles”.
Vanessa Friedman, FT
A 60 ans, Adrian Joffe doit avoir la tâche la
plus difficile qui soit dans la mode. Pas
parce qu’en tant que président de ‘Comme
des Garçons International’, il a la charge de
toutes les activités à l’étranger d’une
entreprise basée au Japon dont les ventes
annuelles s’élèvent à 220 millions de
dollars, mais parce qu’il y a “un culte de
Comme des garçons”, l’étiquette
iconoclaste et très influente fondée par Rei
Kawakubo à Tokyo en 1969, dont il est
aussi en quelque sorte le grand prêtre.
Habituellement vêtu d’un costume noir et
d’une chemise blanche ‘Comme des
Garçons’, il a d ailleurs le style ascétique
d’un moine, maigre et la tête rasée.
Adrian Joffe, qui est aussi le mari de Rei
Kawakubo, fait le pont et la traduction
entre la créatrice et le reste du monde. La
semaine dernière à Paris, dans les coulisses
à côté de la créatrice après le défilé
hommes, il a en effet lui-même relayé les
maximes sentencieuses de Rei Kawabuko
auprès des journalistes et revendeurs. Et
au défilé femmes de la saison dernière, Rei
Kawakubo lui a fait expliquer la genèse de
ses constructions futuristes en annonçant :
“je sentais que le seul moyen de me
(suite page 36)
L’immobilier de luxe
s’envole à Manhattan
Les investisseurs des pays
émergents font flamber le prix
du mètre carré new-yorkais.
Anjli Raval, FT
Les ventes d’appartements à Manhattan ont
atteint un record au cours du quatrième
trimestre 2013. Les acheteurs étrangers et les
New-Yorkais sont en concurrence pour glisser
un pied dans la porte de ce marché immobilier,
alors que les prix s’envolent.
Le nombre de transactions a augmenté de
27% par rapport à la même période de l’année
précédente, atteignant 3 297 ventes selon des
chiffres publiés la semaine dernière. Même si
c’est moins que les 3 837 ventes du troisième
trimestre, c’est le nombre le plus élevé pour un
quatrième trimestre depuis que les records
sont enregistrés, il y a 25 ans, selon l’agence
d’estimations Miller Samuel et l’agence
immobilière Douglas Elliman Real Estate.
La rareté des biens en vente pousse les
acheteurs à faire des offres immédiates, en
cash, à participer à des surenchères et à
acheter sur plans des appartements encore à
construire, ce qui rappelle le précédent boom
de l’immobilier. Le nombre de jours où une
propriété reste sur le marché avant d’être
vendue durant ce quatrième trimestre à
presque diminué de moitié par rapport à
l’année précédente : 95 jours.
“La demande des acheteurs étrangers n’a
jamais été aussi forte ; ceux du Moyen Orient,
de la Russie, d’Amérique du sud et de Chine
sont en train de faire une incroyable razzia
sur l’immobilier, et ce sont ces ventes qui font
monter les prix” explique Pamela Liebman ,
directrice de l’agence immobilière The
Corcoran Group.
Le prix moyen d’un appartement de luxe,
habituellement au-dessus de trois millions de
dollars, a bondi de dix pour cent en un an à 4,9
millions de dollars .
Une augmentation abrupte des taux des
crédits immobiliers durant l’été a poussé plus
d’investisseurs vers le marché immobilier de
Manhattan, à un moment ou les stocks de
biens à vendre étaient déjà bas, une tendance
qui s’est confirmée jusqu’à la fin de l’année
2013.
“Cela n’a pas été une fin d’année morne”
estime Jonathan Miller, président de l’agence
new -yorkaise Miller Samuel. “On a eu
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
beaucoup de bonnes nouvelles économiques
l’an dernier, et les gens, qu’ils soient de New
York ou des investisseurs étrangers, voulaient
absolument avoir les meilleures conditions
d’achats, depuis les taux d’intérêt jusqu’au
prix d’achat. On a eu un troisième trimestre
record, et maintenant, un quatrième
également record.”
C’est le second trimestre 2007 qui détient le
record de ventes de biens immobiliers à
Manhattan : 3 939 appartements avaient alors
été vendus.
Le parc d’appartements à vendre se réduit et
beaucoup de propriétaires attendent que les
prix augmentent encore avant de mettre leur
bien en vente. Le nombre de logements sur le
marché à la fin du mois de décembre était de
12,3% inférieur à l’année précédente, avec 4
164 propriétés, un record historique de
pénurie.
De plus, le nombre de logements neufs est
limité : les promoteurs, frappés par la crise, ont
commencé récemment seulement à relancer
des projets, souvent des résidences de luxe que
ne recherchent que les New Yorkais riches ou
les acheteurs étrangers.
Le prix moyen durant le quatrième trimestre a
augmenté de 2,1% par rapport à l’année
précédente, soit
855 000 dollars.
L’augmentation est générée par la vente
d’appartements en condominiums (qui
constituent la plus grande partie des nouveaux
projets mis sur le marché car ils ont la
préférence des investisseurs étrangers), avec
un prix moyen record de 1,3 million de dollars.
“Après la faillite de Lehman Brothers, la
construction s’était arrêtée. Nous avons vu
l’an dernier les premiers projets arriver sur le
marché” dit Mme Liebman. Ces tours
d’appartements haut de gamme, réputés pour
la vue exceptionnelle qu’ont les occupants,
ainsi que les nombreux services proposés sur
place, ont atteint des prix stratosphériques.
Des experts du secteur prédisent un tassement
des prix car de nouveaux biens sont mis en
vente, mais d’autres pensent qu’il y a trop de
demandes non satisfaites pour que les prix ne
montent pas encore plus.
L’appartement qui s’est vendu le plus cher à la
fin de l’année 2013 ? Un appartement de trois
chambres dans un condominium, situé au 15
Central Park West (surnommé “l’immeuble
des hedge funds”), avec une vue spectaculaire
sur Central Park. Il est parti pour un
impressionnant 25 millions de dollars.
33
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PROCHE ORIENT
La peur des djihadistes
alimente la contre révolution
dans le monde arabe
L’Occident soutient à nouveau
des régimes militaires,
autoritaires, ou pire, alors que
les
Printemps
arabes
témoignaient d’une réelle soif
de réformes et de démocratie.
David Gardner, FT
Avec l’adoption à une majorité très
confortable de la nouvelle constitution en
Égypte, cousue sur mesure par des
candidats agréés par les militaires, et mise
au plébiscite récemment, la contrerévolution arabe avance à grands pas.
L’Egypte, qui était encore si récemment le
fer de lance du réveil du monde arabe, est
balayée par une vague d’adulation populaire
pour l’armée, celle qui a renversé le
gouvernement des Frères Musulmans en
juillet dernier, impopulaire et créateur de
discordes.
L’état sécuritaire arabe est restauré dans ce
pays-pivot – et il pourrait revenir en force
également ailleurs dans cette région du
monde, car les nouvelles inquiétudes de
34
l’Occident devant le terrorisme des
djihadistes font le lit des partisans arabes du
statu quo, ceux qui abominent toute idée de
réforme.
La nouvelle constitution égyptienne est
passée à une écrasante majorité, avec ce qui
semble avoir été une participation des
électeurs un peu plus élevée que pour la
Charte aux forts accents islamistes que les
Frères Musulmans ont fait passer au
bulldozer à la fin de l’année 2012. La
question est maintenant de savoir si le chef
de l’armée, le General Abdel Fattah al-Sissi,
utilisera ce référendum comme tremplin
personnel vers la présidence.
Le général Sissi fait l’objet d’un culte
grandissant de la personnalité, et adopte
certains airs à la Gamal Abdel Nasser, le
titan du nationalisme et le héros tragique
qui a enflammé l’imaginaire des arabes. Il a
fait savoir qu’il briguerait un mandat. Il
semble y en avoir un tout prêt pour lui.
Il bénéficie d’un désir général de leardership
fort, après les trois ans de chaos que l’Égypte
a vécu depuis la chute de Hosni Moubarak.
L’Égypte a été d’abord dirigée par une junte
militaire dont l’incompétence a été oubliée
quand le gouvernement du parti des Frères
musulmans, celui du président élu et
maintenant en prison Mohamed Morsi, a
révélé son intolérance religieuse et un
intérêt plus grand pour la prise de contrôle
des institutions de l’état que pour sa
mission, gouverner.
Mais si le résultat du référendum sur la
nouvelle constitution n’a pas été une
surprise, c’est en partie parce que l’Etat
sécuritaire s’est assuré qu’il n’y aurait
aucune façon de s’y opposer, en qualifiant
les Frères musulmans “d’organisation
terroriste” - ce qui revient à criminaliser un
quart de la population égyptienne. La
nouvelle constitution confirme les pouvoirs
de l’armée et protège ses privilèges, en y
Il existe un réel danger
que les politiques des
puissances occidentales
et de leurs alliés régionaux,
pétrifiés par le spectre de
la menace fondamentaliste,
récompense à nouveau
ceux qui créé les conditions
de laboratoire pour cultiver
des souches toujours plus
extrémistes de démence
fondamentaliste.
ajoutant des lois qui limitent des libertés
civiques fondamentales, comme le droit de
réunion et d’expression. Est-ce pour cela
que les révolutionnaires de la place Tahrir
se sont battus au pic du printemps arabe ?
Pour consacrer à nouveau un état policier ?
Ce n’est pas un hasard si les dirigeants
arabes qui ont applaudi le coup d’état des
militaires en Égypte ont été le roi Abdullah
d’Arabie saoudite, un monarque absolu
légitimé par un clergé wahhabite absolutiste,
et Bachar al-Assad, un tyran prêt à détruire
son pays pour rester au pouvoir.
Selon des informations publiées
récemment, les services secrets européens
ont commencé à renouer des liens avec les
services secrets syriens. Cela semble
crédible, même si le régime d’Assad exagère
l’importance de ces informations, pour
prouver que l’Occident le voit maintenant
comme une alternative plus attirante que
les djihadistes. Alors que c’est la répression
brutale de ce régime et l’incapacité de
l’Occident à armer des rebelles modérés qui
ont offert le pouvoir à ces extrémistes.
En Iraq, les États Unis ont envoyé des
drones et des missiles Hellfire au secours du
gouvernement Nouri al-Maliki’ quand ces
mêmes extrémistes ont à nouveau infiltré
l’Ouest sunnite. Pourtant, c’est ce même
Monsieur Maliki, un musulman chiite,
autrefois protégé des États Unis, qui par son
organisation confessionnelle de l’appareil
de sécurité irakien, a ouvert la porte au
retour des djihadistes.
Les Égyptiens sont descendus par millions
dans la rue contre le régime Moubarak, puis
pour répudier les Frères Musulmans. Les
Syriens ont inondé les rues pour protester
contre la tyrannie des Assad. Les Irakiens
ont bravé les balles et les bombes pour
voter, et ont éjecté les deux tiers des députés
en place en 2010. Toute tentative de
restaurer un Etat policier ne correspond pas
à leur conception du progrès qu’ils
réclament.
Nous avons déjà vu par le passé ce scénario
du type “Retour vers le futur” : le soutien de
l’Occident (tacite ou explicite) accordé à un
réseau d’hommes forts en échange d’une
stabilité illusoire.
Il existe un réel danger que les politiques
des puissances occidentales et de leurs alliés
régionaux, pétrifiés par le spectre de la
menace fondamentaliste, récompense à
nouveau ceux qui créé les conditions de
laboratoire pour cultiver des souches
toujours plus extrémistes de démence
fondamentaliste.
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IT
IBM doit garder la
tête au dessus des
nuages
Quelques réflexions sur les
options d’IBM confronté aux
mutations engendrées par le
‘cloud’.
Richard Waters, FT
Il incombe à tout nouveau PDG de Big blue de
réinventer régulièrement IBM, l’une des
sociétés américaines emblématiques.
Après Lou Gerstner, qui a contré le déclin des
ventes de hardware par une accélération de la
transition vers le software dans les années 90,
Sam Palmisano a consacré la décennie
suivante à lutter contre la menace de
l’informatique indienne et des logiciels libres.
Aujourd’hui, Ginni Rometty est face à son
propre challenge pour réinventer IBM. Au
cœur de sa problématique : de plus en plus de
taches informatiques migrent dans le cloud, ce
qui signifie qu’elles sont confiées à des
opérateurs qui ne souhaitent pas acquérir du
matériel et des services coûteux auprès de
sociétés telles que IBM.
Même quand elles choisissent de gérer en
interne leurs services informatiques, au lieu de
les confier à des hébergeurs externes comme
Amazon, les grands clients de IBM adoptent
les méthodes des nouveaux acteurs du cloud.
Pour résumer, ils achètent du matériel moins
coûteux, standard, ainsi que des logiciels
automatisant des processus qui à une époque
nécessitaient une intervention humaine et
coûteuse.
Cette nouvelle donne est illustrée cette
semaine en Californie par la réunion annuelle
du Open Compute Project. Un rendez-vous
créé par Facebook pour promouvoir un
modèle standard de serveur.
Les serveurs souffrent d’une course aux
nouvelles fonctionnalités, courante dans de
nombreux
marchés
d’équipements
technologiques, les fournisseurs tentant de
différencier leurs produits les uns des autres.
Même les coffrages en plastique qu’ils posent
sur leurs machines sont un luxe superflu, qui
augmente les besoins de ventilation et la
consommation d’énergie pour les refroidir.
Dans le monde des serveurs selon Facebook,
toutes ces coquetteries vont disparaître.
L’impact de cette évolution va plus loin que la
vente de hardware. Si les clients de IBM
confient certaines opérations aux hébergeurs
du cloud, ils ne paieront plus pour les services
d’IBM. Et l’énorme marché de la soustraitance informatique, dont IBM tire la
majeure partie de ses revenus, est lui aussi
confronté à cette mutation. Les clients ayant
plus d’options à leur disposition pour gérer
leurs services informatiques, ils ne seront plus
autant prisonniers des contrats monolithiques
qui signifiaient confier la totalité de leurs
opérations à des entreprises telles que IBM.
Une partie au moins de la branche hardware
de IBM semble à l’abri. Grâce aux énormes
‘coûts irrécupérables’ investis par certains
clients dans leurs systèmes actuels, ses gros
systèmes (qui furent à une époque considérés
comme un accident de la révolution clientserveur) sont toujours très profitables.
Mais le futur que prépare le type de services
web proposé par Amazon est très différent de
l’existant.
Ceci laisse deux options aux fabricants
traditionnels de matériel informatique.
La première est de regrouper et consolider ce
marché à gros volume. 70% du marché des
serveurs, qui pèse 53 milliards de dollars, est
constitué par ce qui est appelé le ‘Volume’, des
machines standard qui génèrent des marges
faibles, selon IDC. Ce n’est pas le genre d’IBM.
Sorti du marché du PC il y a 9 ans, la société
envisagerait également d’abandonner la
production de serveurs standard, selon des
sources informées de ses projets.
Dell et Hewlett-Packard , qui détiennent des
parts de marché importantes dans le marché
des serveurs standard et des PC, sont
confrontés à des choix plus difficiles. Parmi les
concurrents de ces entreprises figure une
nouvelle famille de producteurs de machines
sans marque et très peu onéreuses, connue
sous l’acronyme anglais ODM (ou Original
Design Manufacturers).
L’autre option est de transformer la relation
client d’une relation obnubilée par le coût du
hardware à une relation d’offre d’applications
et services à haute valeur ajoutée, qui
représentent un réel plus pour le client. Le
matériel spécialisé qui répond à un besoin
particulier a un avantage compétitif sur le
matériel générique.
Dans le cas d’IBM, par exemple, cela signifierait
que la société se désengagera de sa branche
Unix (la catégorie la plus chère de ses serveurs,
mais qu’il n’a pas l’intention de vendre), pour
se repositionner sur les besoins énormes de
traitements de données du marché de l’analyse
de données.
Ceci augmente d’un cran la pression sur Mme
Rometty. Au cours de ses deux premières
années à la barre d’IBM, elle a montré un profil
marketing, plus que technologique, en
décidant de présenter le portfolio des activités
de IBM d’une façon plus attrayante pour
toucher un marché plus large.
Nous sommes peut-être à un nouveau
tournant. Déjà, cette année, il s’est traduit par
l’affectation de 1,2 milliard de dollars à la
construction de centres de serveurs, pour
concurrencer Amazon dans le cloud public, et
de 1,0 milliard de dollars au développement
d’un marché que l’on appelle désormais le
‘cognitive computing’, ou informatique
cognitive, c’est à dire le marché des machines
qui répondront aux problèmes soulevés par de
très grandes quantités de données.
Il est paradoxal que IBM, connu dans le milieu
tech pour la gestion efficace de sa trésorerie, ai
redistribué une grosse partie de son cash a ses
actionnaires ces dernières années, tout en
maintenant un budget annuel de recherche et
développement de plus de 6 milliards de
dollars.
A en juger par les murmures mécontents
entendus à Wall street, il est peut être temps
pour Mme Rometty d’oser des paris plus
ambitieux.
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
CROISSANCE
La reprise de la croissance
mondiale entre les mains
de quelques uns
Les espoirs d’une augmentation
des investissements permettant
de stimuler l’économie
mondiale reposent sur un
nombre toujours plus réduit de
sociétés.
Anousha Sakoui, FT
Environ un tiers des plus grandes entreprises
hors secteur financier sont assises sur un trésor
de 2 800 milliards de dollars en liquidité, selon
une étude du cabinet de consultants Deloitte.
L’écart entre celles qui thésaurisent et celles qui
dépensent se creuse depuis la crise.
Ceci aura une grande influence et déterminera si
on assistera en 2014 à l’injection de ces liquidités
dans des investissements ou des transactions, a
prévenu Iain Macmillan, directeur des fusions et
acquisitions chez Deloitte. Selon lui, “la vague
de cash devant nous, à laquelle beaucoup
s’attendent, dépend des décisions de quelques
personnes.”
Dans les entreprises hors secteur finance de
l’indice Standard and Poor, qui se base sur 1 200
entreprises, seulement 32% d’entre elles
détiennent 82% des liquidités globales, le plus
haut niveau depuis au moins l’année 2000. Avec
près de 150 milliards de dollars dans ses coffres,
Apple à lui tout seul est assis sur 5% de ce total
à la clôture de l’année fiscale.
Cette concentration s’est accrue depuis 2007.
L’étude a principalement pris en compte la
trésorerie brute, plutôt que d’en soustraire les
dettes, pour simplifier les comparaisons et
estimer de combien d’argent disposaient les
entreprises. Cette étude parait alors que les
investisseurs élèvent de plus en plus la voix pour
réclamer que les entreprises augmentent leurs
investissements en capital Une enquête qui a
généré beaucoup d’attention, conduite auprès de
gestionnaires de fonds par Bank of America
Merrill Lynch et publiée récemment, révèle
qu’un pourcentage record de 58% des
investisseurs souhaitent que les entreprises
utilisent ces montagnes de cash en dépenses
d’investissement de capital (CAPEX) ; moins
d’un tiers des gestionnaires de fonds interrogés
souhaitent que les entreprises distribuent plus de
dividendes à leurs actionnaires.
“Un facteur clé, qui déterminera le retour et le
rythme de la reprise, sera de voir à quel point les
entreprises se mobilisent et utilisent leurs
liquidités pour générer de la croissance” estime
Keith Skeoch, PDG du gestionnaire de fonds
Standard Life Investments.
Des analyses récentes de Standard & Poor
montrent que la rétention a nui à l’investissement.
Si le taux de liquidités détenues par les
entreprises par rapport à leurs actifs avait suivi
une courbe de convalescence plus ‘normale’ en
2012 et 2013, 900 milliards de dollars
supplémentaires aurait été investis au niveau
mondial par les entreprises hors secteur financier
durant ces deux années.
Cette thésaurisation est la cause selon certains
économiste du lent redressement économique
post crise de certaines zones du monde. Les
entreprises réduisant leurs coûts et n’investissant
pas en équipements, leurs richesses n’est pas
réinjectée pas dans l’économie générale et ne lui
sont d’aucun bénéfice.
L’analyse de la rétention de liquidités durant la
crise est cependant rendue complexe par les
niveaux d’endettement net, en augmentation
depuis 2007, car les entreprises ont profité de
taux d’intérêts très bas pour emprunter. Ceci
pourrait aussi avoir son importance dans la
décision ou non d’investir dans des fusionsacquisitions ou dans des investissements de
capital.
35
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Déjeuner avec... Adrian Joffe
(suite de la page 33)
renouveler était d’essayer de ne pas faire
de vêtements”. (Essayez de dire cela en
gardant un visage impassible pendant la
semaine de la mode.)
Tout ceci rend son choix du restaurant – le
Russian Tea Room de Manhattan, un
restaurant très œuf Fabergé pourpre et or
clinquant, farci de caviar et de blinis riches
en calories – un peu contre-intuitif. “Mais
j’aime cet endroit” dit-il avec un sourire,
assis sur une banquette rouge profond
lorsque j’arrive pour notre déjeuner. “Dans
ma vie antérieure, j’avais l’habitude de
venir tout le temps” dit-il, ne parlant pas
pour autant de réincarnation, mais en se
référant à un ancien emploi.
Bien qu’il ait choisi un endroit kitsch d’une
décadence tsariste, il compte se maitriser. Il
commande le menu express : bortsch et
vareniki, une sorte de raviolis russes. Je
prends une salade de betteraves et du
gravlax en entrée.
Ce genre de confusions et surprises face à
ce que à quoi on pourrait s’attendre est
typique d’Adrian Joffre qui a étudié et
pratique le bouddhisme zen. D’un coté, il
dit être attiré par la simplicité, et de l’autre,
il dirige une entreprise de haute couture, la
haute couture étant pour beaucoup
l’incarnation même de la futilité. Il insiste
cependant sur le fait qu’il y a plus de
compatibilité entre les deux disciplines que
je ne le pense.
“C’est grâce à ma formation bouddhiste
que je survis dans ce monde” dit-il. “C’est
une façon de comprendre le monde, la
nature en constante évolution de la mode
et de voir que tout est interdépendant.”
Cela peut ressembler à une rationalisation
après-coup mais Adrian Joffe est très
sérieux en disant cela. Quand il ne traduit
pas pour Rei Kawakubo, il parle doucement
en hésitant, choisissant ses mots. Il ne
baratine pas.
Il est vrai, en tout cas, que, bien que la
mode de ‘Comme des Garçons’ soit en
grande partie faite pour déranger le public
– pour qu’il remette en question sa vision
du vêtement et de beauté – son activité
repose également sur des lignes plus
accessibles. Notamment avec Play une de
ses collections à succès, une ligne “horsmode” de T-shirts et de basiques et Shirt,
une ligne de chemises fabriquées en France.
“La ligne principale est le moteur de
l’entreprise, l’inspiration” explique Adrian
Joffe “mais nous savons qu’elle ne s’adresse
pas à tout le monde.”
Son but est d’atteindre ce même équilibre
dans la vie : entre travail et vie privée,
l’Europe et le Japon, les impératifs du
commerce et la créativité ; et le fait
d’appartenir à une société qui comme il le
dit “tout en brisant toutes les règles fait
partie intégrante de l’industrie”. Non pas
que tout cela ait été planifié. “Je pensais
devenir diplomate” dit-il alors que nos
premiers plats arrivent. “Ou universitaire.”
Il remue sa soupe. “Je ne sais pas si je peux
manger” marmonne-t-il. “Cela me rend
nerveux de parler de moi.” Après tout il fait
partie d’une entreprise qui a construit une
partie de sa réputation sur l’opacité.
Il m’indique que l’une des choses que Rei
Kawakubo lui a enseignées est : “de ne
jamais répondre à une question
directement.” Ou plutôt, de répondre à
toute question “de la manière qu’il
souhaite” en d’autres termes de ne pas
nécessairement répondre à la question
posée. Et même si je sais que nous parlons
en théorie, je marque un temps d arrêt, un
morceau de betterave à mi-chemin de ma
bouche.
Adrian Joffe est né en Afrique du Sud en
1953 et a grandi à Johannesburg avec sa
sœur aînée, Rose. Son père était pharmacien
et la famille déménage à Londres quand
Adrian a huit ans. Après le lycée, il fréquente
l’École des études orientales et africaines et
obtient son diplôme en études orientales,
spécialité Tibet, mais “j’étais le seul
étudiant, et quand Margaret Thatcher est
36
arrivée au pouvoir, elle a décidé que c’était
inutile et le département a été fermé”. Il a
pensé aller étudier en Californie, ou voyager
à travers l’Inde mais a fini au Japon. “Je me
suis immédiatement senti chez moi “ dit-il.
Entre temps, sa sœur avait lancé sa propre
entreprise de tricots, Rose Joffe, et
cherchait un distributeur au Japon. Adrian
Joffe a commencé à l’aider.
“Je n’avais pas de vocation” dit-il en
regardant sa soupe. “Alors j’ai pensé,
‘Pourquoi pas? Ai-je vraiment envie de
finir professeur de tibétain dans un endroit
comme Melbourne ?’ J’ai juste laissé les
choses se faire. Je crois au karma”.
Je lui demande, s’il avait la moindre idée de
ce qu’il faisait dans l’entreprise ? “Non”
répondit-il pendant que le serveur
débarrasse son bol de la soupe. “Parfois, je
pense que je devrais reprendre mes études
et faire un MBA puis je me dis que c’est
trop tard. Mais, vous savez, Rei n’a pas
étudié le stylisme non plus. Je pense que
parfois il est plus facile de briser les règles
si vous ne les connaissez pas.” Il marque un
arrêt : “Nous brisons nos propres règles
tout le temps.”
Avant de travailler chez ‘Comme des
Garçons’, Adrian Joffe connaissait Rei
Kawakubo ou du moins son travail. “J’avais
l’habitude de la voir promener son chien
dans la rue à Tokyo” raconte-t-il, “mais je
ne lui avais jamais parlé. J’achetais aussi
beaucoup de ‘Comme des Garçons’. Je
dépensais tout ce que je gagnais en
vêtements.”
Rei Kawakubo était déjà une légende à
l’époque, après avoir fait partie de
“l’invasion” japonaise à la Fashion Week de
Paris en 1981. Elle a eu une influence
certaine dans la mode, secouant l’accent
mis sur la beauté et contestant le statu-quo
avec des vêtements sombres et différents.
Cependant, son entreprise était presque
entièrement basée au Japon, et elle savait
que son développement passait par
l’Europe. “Elle travaille d’abord sur la
création mais aussi sur le business.Parce
que sinon, ça n’a pas de sens”.
‘En 1987, un ami commun lui signale que
‘Comme des Garçons’ recherchait un
directeur commercial en Europe et lui a
demandé s’il était intéressé. “J’ai encore
senti le karma” dit-il, et même s’il travaillait
encore avec sa sœur, il a répondu oui.
“Ensuite, j’ai eu à rencontrer Rei, et ils ne
voulaient pas m’effrayer alors ils m’ont dit
que mes propos seraient traduits. Mais,
vraiment, elle n’a pas arrêtée de me jauger
durant tout l’entretien” Il a obtenu le poste
et s’est installé à Paris. Et devient président
de la société n 1993.
Bien que ‘Comme des Garçons international
‘soit devenu rentable et indépendant du
siège social japonais, la symbiose entre le
siège et les filiales est claire. Depuis Tokyo,
Rei Kawakubo continue d’exercer un
contrôle créatif sur chaque élément de son
empire, avec pour directive que tout doit se
faire d’une nouvelle manière. Pour Adrian
Joffe à Paris cela signifie trouver “des idées
d’affaires créatives”.
Avant qu’il ne puisse expliquer ce que cela
signifie, au moins pour ‘Comme des
Garçons’, le serveur nous apporte le plat
suivant ; pour lui, il se compose de trois
petits raviolis, tandis que j’ai une assiette de
six ou sept grandes rosettes de saumon
disposées en bouquet. “C’est drôle, vous
avez commandé une entrée mais elle est
plus copieuse que mon plat principal.” Je
reviens à notre conversation, lui demandant
de m’expliquer “ces idées d’affaires
créatives”.
“Pour moi, dit-il en mangeant ses raviolis,
c’est comment pouvons-nous vendre d’une
manière différente ? Les magasins
éphémères, par exemple.” Au début, entre
2004 et 2011 dans les villes où il n’y avait
pas de magasins ‘Comme des Garçons’, il
s’agissait d’une série de magasins
éphémères auxquels Adrian Joffe “confiait”
ses invendus. Il donnait aussi quelques
règles : les clients ne pouvaient pas
dépenser plus de 2 000 dollars par magasin,
“Parfois, je pense que je
devrais reprendre mes
études et faire un MBA,
puis je me dis que c’est
trop tard. Mais, vous
savez, Rei n’a pas étudié
le stylisme non plus. Je
pense que parfois il est
plus facile de briser les
règles si vous ne les
connaissez pas.”
parfum si nous en faisons un nouveau
chaque année.”
Ils ont commencé à se fréquenter en 1991 et
se sont mariés en 1992 à Paris. “Je pense
que les gens dans l’entreprise ont été
surpris mais ils étaient aussi heureux pour
nous” dit Adrian Joffe. Le couple a décidé
très tôt de séparer le travail et la vie privée
autant que possible, “nous sommes très
strict à ce sujet”, et pas seulement pour eux.
“Rei encourage tout le monde à laisser ses
problèmes personnels à la maison” dit-il
ajoutant que les familles des employés ont
tendance à ne pas être évoquées au bureau.
Adrian Joffe est basé à Paris et Rei
Kawakubo à Tokyo, mais il dit qu’il va au
les magasins ne devaient pas être gérés par
des professionnels de la mode, et ils ne
pouvaient pas exister plus d’un an. “Je
n’avais vraiment rien à perdre, non ?” ditil. “J’avais ce stock inutile. Donc, si cela
fonctionnait, c’était tout bon.” Cela a
fonctionné en grande partie. Au total, 37
magasins, ne nécessitant pratiquement
aucun investissement, ont surgi de Berlin à
Singapour en passant par Reykjavik. Le
concept de magasin éphémère a pris fin
quand les autres ont commencé à le copier.
Une autre idée créative est la “licence
partielle“ pour le parfum ‘Comme des
Garçons’ qui appartient au groupe de
cosmétiques espagnol Puig. “Ils sont venus
vers moi parce qu’ils voulaient la licence
du parfum. J’ai refusé mais je leur ai
proposé une licence partielle. Et ils m’ont
répondu ‘cela n’existe pas’.” Adrian Joffe a
donc créé deux entreprises, ‘Comme des
Garçons Parfums’ qui détient les droits du
deuxième parfum qu’il a créé, et ‘Comme
des Garçons Parfums Parfums’ qui détient
tous les autres. Il a cédé la première à Puig
et maintenant “ils vendent aux grands
magasins, nous vendons aux autres et cela
fonctionne très bien. L’activité parfum
génère un chiffre d’affaires annuel
d’environ 10 millions de dollars ”.
Puis il y a les Dover Street Markets, des
magasins ‘Comme des Garçons’ à Tokyo,
Londres et depuis le mois dernier, à New
York. Contrairement aux magasins
traditionnels mono-marque, DSM mêle les
marques reconnues et les stylistes
émergents. Le but final n’est pas tant de
montrer les produits ‘Comme des Garçons ‘
que de faire partager les points de vue et les
choix de la marque. Aucun DSM n’est
exactement pareil, à New-York, par
exemple, 2 000 m² sur sept étages
proposent ‘Comme des Garçons’, Prada
(pour la première fois), Thom Browne, Jil
Sander et Nike ; des cabines isolées, un
grand ascenseur de verre tout droit sorti de
l’univers de Roald Dahl. Comme les
magasins éphémères, il est bien loin des
sentiers battus, sur Lexington Avenue dans
un quartier de restaurants indiens pas
chers.
“Nous aimons l’idée du “ luxe pour pauvres”
explique Adrian Joffe. “De plus, nous ne
pouvons nous permettre Madison Avenue,
la Cinquième ou Soho, les prix sont
faramineux. C’était un ancien collège juif.
Il a de l’humilité et de l’histoire. Rei dit
toujours que nous ne pouvons pas nous
copier nous-mêmes”.
Adrian Joffe mentionne souvent sa femme
et patronne dans la conversation, la citant
presque comme un livre saint : “Rei dit
toujours, ‘Nous avons besoin des marques
de luxe , nous avons besoin de H&M [avec
lequel ‘Comme des Garçons’ a collaboré en
2008], tout a un sens, même si nous
n’avons pas la même manière de faire’”,
“un des mots préférés de Rei est ‘sens
commun’; “Rei dit que je peux faire du
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
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Japon environ 10 fois par an, et elle vient
en Europe quatre ou cinq fois. “Il y a des
avantages et des inconvénients,” dit-il.
“Notre vie ensemble n’est jamais banale,
sauf lorsque nous sommes en vacances.”
Ils se parlent “environ 10 fois par jour”. Ils
aiment tous deux les biographies et
voyager, et sont allés ensemble en vacances
en Ukraine et au Yémen. En outre, Adrian
Joffe a un entraîneur personnel pour se
maintenir en forme. “J’adore. C’est
physique, émotionnel, multitâche,
défensif, offensif…”
N’est-ce pas très antibouddhiste ? “Non, je
ne crois pas” répond-il en riant. “Les
bouddhistes donnent toujours des grands
coups sur la table quand ils débattent.” Il
en fait autant pour me montrer. Un
serveur nous regarde, inquiet. Adrian
Joffe porte une bague Cartier en forme de
clou que Rei Kawakubo lui a offerte, elle
porte la même.
Il dit qu’il n’y a aucun doute qu’au travail
Rei Kawakubo est sa patronne et qu’il est
son employé. Après tout, elle possède la
quasi-totalité de l’entreprise, il dit que cela
signifie aussi qu’elle supporte le “risque”.
Une manière pour lui de ne pas avoir à le
porter.
“J’ai tendance à vouloir que les gens
soient comme moi” dit-il. “Rei est très
directe et a très peu de patience avec les
faux compliments, ce qui a été un bon
exemple pour moi.” Surtout, reconnaît-il,
parce qu’une grande partie de son travail
consiste à dire “non” et je n’aime pas
décevoir les gens. “Les gens essaient
parfois de m’utiliser pour l’atteindre mais
elle le sent quand c’est le cas”.
Le serveur vient prendre nos assiettes,
tous les raviolis ont disparu, et nous
demande si nous désirons un dessert.
Adrian Joffe refuse : “Oh, non, je ne
pourrais pas manger autre chose ». Mais
quand je dis que je voudrais des fruits, il
commande un expresso. “Vous savez” ditil “Rei aime les gens qui ont des opinions.
Pas forcément les siennes. Caroline
Kennedy [le nouvel ambassadeur
américain au Japon] est venue à la
boutique à Tokyo et Rei était très
heureuse. Caroline Kennedy a son propre
style, et Rei aime ça.”
Alors que je mange et qu’il boit, je lui
demande s’il pense que sa situation est
difficile, étant tiraillé entre sa femme et ce
que le monde extérieur pense d’elle. “Non,
pas du tout” dit-il. “Je ne connais rien
d’autre. Mais je ne peux pas imaginer
travailler ailleurs, non plus”. Il s’arrête
pendant que je demande l’addition puis
ajoute : “mais on ne m’a jamais contacté
pour me proposer autre chose.”
Nous réfléchissons tous deux a cette
hypothèse. Adrian Joffe rit. “Nous avons
notre propre place spéciale dans le
système” dit-il. “ Pouvez-vous imaginer
un monde où il n’y aurait que ‘Comme des
Garçons’ ? Ce serait horrible. Nous avons
tous notre rôle à jouer”. Je suppose que
c’est quelque chose comme une
bénédiction.
The Russian Tea Room
150 West 57th Street,
New York, NY 10019
Express lunch, including
borscht and vareniki
$40.00
Beet salad
$18.00
Gravlax
$24.00
Bottle of still water
$8.00
Bottle of sparkling water
$8.00
Espresso
$8.00
Total (incl tax
and service)
$135.41
CUBA
En attendant les réformes,
les Cubains redécouvrent
la liberté d’expression
Cuba change, pour le mieux,
même si les avancées sont
encore timides et risquées
pour les Cubains.
John Paul Rathbone, FT
Les réunions de locataires des immeubles
collectifs ne sont plus ce qu’elles étaient à la
Havane. Il y a encore quelques années, peu de
locataires participaient à ces réunions. Les
résidents les avaient désertées puisque
personne n’écoutait leurs doléances et que
rien ne changeait jamais : l’ascenseur en
panne, les coupures d’eau. Les Cubains
semblaient avoir perdu tout envie de
s’exprimer.
Et aujourd’hui ? Cuba semble être parfois
aujourd’hui un pays en débat incessant.
“Dans mon immeuble, les réunions sont
bondées, les discussions vont bon train, et on
peut voir des gens en colère qui s’invectivent
entre eux” m’a confié un habitant de La
Havane. Aujourd’hui, les Cubains semblent
avoir retrouvé la capacité à s’exprimer, ou tout
au moins, ils n’ont plus peur de le faire.
C’est un signe des temps. On a beaucoup parlé
de la ‘transition’ à Cuba depuis que Raúl
Castro est devenu président à la place de son
frère aîné Fidel, en 2008. Que Raúl, un ancien
général, soit devenu président a déjà été une
grande transition en soi même,
particulièrement en style de gouvernement.
“Les batailles d’idées” de Fidel, et à peu près
toute sa propagande creuse, ont été
abandonnées. Les décisions politiques
semblent moins prises sur des coups de tête.
M. Castro a pris des mesures pour alléger la
main de l’Etat dans l’économie. Certaines
restrictions ont été levées, avec par exemple les
récentes autorisations accordées permettant
de voyager à l’étranger. Les relations avec les
États Unis ont changé de ton. De fait, quand
des universitaires cubains se rendent aux
États Unis, on ne leur demande plus : que se
passera-t-il quand Fidel mourra ? Maintenant,
la question récurrente est : comment acheter
une maison à La Havane ? On parle aussi de
réforme constitutionnelle, même si c’est au
sein d’un régime à parti unique.
La différence la plus frappante et
encourageante, cependant, constatée après
avoir séjourné sur l’île chaque année depuis
une décennie, est d’ordre psychologique : les
Cubains ont moins peur.
Certains mots ne sont plus tabous. Les
allusions gestuelles à Fidel (comme se caresser
une barbe imaginaire) ont laissé place à des
allusions verbales directes. Les critiques
constructives sont même encouragées. “Le
manque d’informations, l’autocensure, et la
culture inutile du secret profitent à ceux qui
cherchent à nous nuire” a déclaré le Viceprésident Miguel Díaz-Canal ce mois-ci.
Granma, le quotidien officiel, est d’une ligne
toujours aussi empesée, mais Espacio Laical,
un magazine indépendant qui publie des
articles critiques, dont certains rédigés par des
universitaires américano-cubains, est
imprimé à 4 500 exemplaires et possède peut-
être dix fois plus de lecteurs. Yoani Sanchez, la
plus connue des blogueuses cubaines, blogue
et tweete toujours.
Ceux qui élève la voix marchent cependant sur
un terrain miné. Les désaccords venus de
l’intérieur des rangs sont permis, mais la
dissidence reste interdite. La plupart des
Cubains veulent pouvoir critiquer, mais
veulent aussi garder leur emploi.
Le résultat ? Pour le meilleur ou pour le pire, il
est plus aisé maintenant d’avoir une
conversation impromptue avec un à peu près
inconnu au coin d’une rue.
FT : Alors, vous êtes pour l’entreprise privée
et vous pensez que Raul doit accélérer les
réformes ?
Un Cubain : Oui
FT : Nous n’aurions jamais évoqué ces
choses là il y a trois ans. Les Cubains ont
moins peur ?
Un Cubain : Moins peur, mais ils sont
toujours craintifs. Ils vous diront ce qu’ils
pensent, mais si vous sortez un
magnétophone, ils se tairont .
FT : Est-ce que je peux citer vos paroles ?
Un Cubain : Non.
Les chefs d’état sud-américains, dont la
présidente du Brésil Dilma Rousseff, qui se
rendront à Cuba la semaine prochaine pour
un sommet régional, pourront se rendre
compte par eux mêmes de certains de ces
changements.
Ils s’interrogeront peut-être : “Cuba est-elle
vraiment engagée sur le chemin des réformes
?” Il n’existe pas de réponse courte à cette
question, mais une réponse poétique pourrait
être de comparer ces réformes à ces éclats de
lumière brefs et hésitants produites par les
lucioles que les Cubaines de la haute société
cousaient dans leurs cheveux et sur leurs robes
de soie avant les grands bals, à l’époque
coloniale.
On raconte que l’effet était ensorcelant :
quelque chose de très beau s’éclairait un
instant, puis la lueur s’évanouissait.
Ceux qui assistaient à ce spectacle pouvaient
eux même douter de l’avoir vraiment vu. Mais
les lucioles s’illuminaient à nouveau, comme
les réformes à Cuba.
La question qui se pose aux observateurs
extérieurs est : comment les encourager ?
De fait,
quand des universitaires
cubains se rendent
aux États Unis,
on ne leur demande plus :
que se passera-t-il
quand Fidel mourra ?
Maintenant, la question
récurrente est : comment
acheter une maison
à La Havane ?
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
FINANCE
Le gigantesque
‘shadow banking’
chinois sujet à
questions
Le secteur bancaire parallèle
chinois est confronté à un test
très délicat: l’ICBC, la plus
grande banque du monde en
matière d’actifs, dont les
agences vendent des produits
de placements, a refusé de
cautionner un montant de
500 millions de dollars.
Josh Noble, Jamil Anderlini,
Sam Fleming, FT
L’un des plus grands risques qu’encourt
l’économie mondiale cette année est
l’énorme croissance du financement mal
réglementé qui s’effectue en dehors du
secteur bancaire formel en Chine, et la
possibilité d’un mouvement de panique
autour de ces produits financiers parallèles
et des sociétés qui les gèrent.
Les inquiétudes à propos du secteur
financier parallèle chinois s’étendent bien
au-delà de la Chine. Paul Tucker, un ancien
gouverneur-adjoint de la Banque
d’Angleterre, admettait cette semaine que
les institutions mondiales de régulation des
marchés ont du mal à suivre le rythme du
changement du secteur non bancaire, “en
constant mouvement”. Il a mis en garde
contre une “vigueur défaillante” de la
surveillance des marchés.
En Chine, les fonds de placement et autres
produits de gestion de patrimoine sont
devenus une source vitale de financement
hors-bilan, et comptent pour près du tiers
du crédit dans la deuxième économie
mondiale, contre moins d’un quart en 2012.
Beaucoup d’experts ont mis en garde contre
les risques systémiques créés par ces
produits, y compris le conseil d’État chinois
et le cabinet du gouvernement.
Les fonds sont souvent investis dans les
secteurs les plus en difficultés de l’économie
chinoise. Ils ont été pris d’assaut par les
petits investisseurs à la recherche de
meilleurs rendements que ceux offerts par
l’épargne bancaire.
La plupart de ces produits de gestion de
patrimoine sont vendus avec un minimum
de garantie bancaire, ce qui conduit de
nombreux investisseurs à croire que les
produits sont sans risque, malgré le
rendement élevé souvent promis.
Mais, dans une décision sans précédent,
l’ICBC a déclaré qu’elle ne cautionnerait pas
les 3 milliards de yens (495 millions de
dollars) de produits d’investissement
vendus par son réseau en 2010. Le fonds
arrive à échéance à la fin du mois.
Zhang Zhiwei, économiste chargé de la
Chine chez Nomura, déclarait qu’un défaut
de paiement du secteur bancaire parallèle
chinois pourrait déclencher un effet domino
dans le système financier.
“Dans le passé, nous avons eu plusieurs
exemples de sociétés fiduciaires renflouant
des investisseurs. Je ne pense pas que nous
avons eu une situation où les investisseurs
ont perdu de l’argent” a dit M. Zhang. “Je
pense que ça va changer la position de
certains investisseurs en ce qui concerne le
risque potentiel du crédit, et compromettra
la reconduite d’un grand nombre de ces
produits fiduciaires.”
Dans un article publié par la Brookings
Institution, M. Tucker estimait que les
régulateurs devaient faire preuve d’une plus
grande flexibilité pour faire face à
“l’arbitrage réglementaire endémique et à
la dynamique changeante de la finance”,
faisant allusion aux problèmes des
économies tant émergentes qu’avancées.
Le système bancaire parallèle mondial pèse
71,2 trillions de dollars selon le Conseil de
stabilité financière, qui estime qu’en Chine
il dépasse 2,1 trillions de dollars.
Le produit qu’ICBC refuse de garantir offre
un rendement de 10% alors que le taux de
référence des dépôts est de seulement 3 %.
37
Annonces légales & judiciaires
Vie juridique, avis judiciaires, appel d’offres
Le nouvel Economiste a été habilité pour la période du 1er janvier au 31 décembre 2014 publicateur officiel de toutes annonces judiciaires et légales en matière de procédure civile et de commerce, ainsi que les actes de société, pour
les départements de Paris (Arrêté préfectoral 2013358-0008 du 24/12/2013), de
l’Essonne (Arrêté préfectoral 2013-PREF/DCSIPC/BAGP n°137 du 17/12/2013),
des Hauts-de-Seine (Arrêté préfectoral CAB/SDCI N°2013-589 du 18/12/2013), de
Seine-Saint-Denis (Arrêté préfectoral N°2013-3372 du 26/12/2013) et du Val-deMarne (Arrêté préfectoral N°2013-3819 du 30/12/2013).
Tarifs des annonces légales : 75 - Paris : 5,49 € H.T. la ligne, 91 - Essonne :
5,12 € H.T. la ligne, 92 - Hauts-de-Seine : 5,49 € H.T. la ligne, 93 - Seine-SaintDenis : 5,49 € H.T. la ligne, 94 - Val-de-Marne : 5,49 € H.T. la ligne.
Ligne de 40 caractères. Les surfaces consacrées aux titres, sous-titres,
filets, paragraphes, alinéas sont définies par arrêtés d’habilitation.
Paris
Rectificatif
Rectificatif à l’annonce parue le
17/01/2014 concernant la société
«KAP 01”, il y avait lieu de lire la date
de dissolution au 29/11/2013 et non
pas au 29/10/2013.
AL1699/0114/8359
Rectificatif à l’annonce parue le
17/01/2014 concernant la société
«LOGISER”, il y avait lieu de lire la
date de dissolution au 29/11/2013 et
non pas au 29/10/2013.
AL1699/0114/8360
Constitution
Par acte SSP en date du 21/01/2014, il
a été constitué une SASU dénommée:
SYNAPLUS SOLUTIONS
Siège social : 46 rue du Montparnasse
75014 PARIS
Capital Mini : 300 €
Capital : 3 000 €
Capital Maxi : 1 000 000 €
Objet : Programmation, conseil en logiciels et systèmes informatiques, édition
de logiciels.
Président : M Charles-antoine
GIULIANI, 46, rue du Montparnasse
75014 PARIS
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS
AL1699/0114/8362
AVIS DE CONSTITUTION
Aux termes d’un acte SSP en date à
PARIS du 21/01/2014, il a été constitué
une société présentant les caractéristiques suivantes :
Forme : SAS
Dénomination :
FRANCE MOVING
SOLUTIONS
Sigle : FM SOLUTIONS
Siège : 4 rue Villebois Mareuil, 75017
PARIS
Durée : 99 ans
Capital : 10.000 €
Objet : Commissionnaire de transport,
dédouanement ;aide et accompagnement de toute personne dans toutes
démarches et formalités administratives, conseil dans le traitement administratif des dossiers, gestion documentaire, rôle d’intermédiaire avec tout
interlocuteur dans le cadre de cette
assistance, aide à l’organisation d’un
déménagement notamment calcul des
volumes ou poids des marchandises à
déménager
Exercice du droit de vote : Tout associé peut participer aux décisions collectives sur justification de son identité
et de l’inscription en compte de ses actions au jour de la décision collective.
Sous réserve des dispositions légales,
chaque associé dispose d’autant de
voix qu’il possède ou représente d’actions.
Transmission des actions : La cession des actions de l’associé unique
est libre.
Président : Mme Christine POILANE,
demeurant 4 rue Villebois Mareuil,
75017 PARIS.
La Société sera immatriculée au RCS
de PARIS.
POUR AVIS. La Présidente
FR1699/0114/1097
Par acte SSP en date du 22/01/2014,
il a été constitué une SAS dénommée:
YUJ - YOGA WITH STYLE
Siège social : 58 avenue Foche
75116 PARIS
Capital : 40.000 €
Objet : La société a pour objet, directement ou indirectement tant en France
qu’à l’étranger : de concevoir, créer,
faire produire, promouvoir commercialiser et distribuer des vêtements, accessoires et l’exploitation et la promotion du site Internet de vente en ligne
Président : Mme Hélène DUVAL, 179
38
rue de la Pompe - 75116 PARIS
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS
AL1699/0114/8365
Par acte SSP du 16 janvier 2014, il a
été constitué une Société civile dénommée :
SCI PROPERTIES
Objet social : Acquisition, gestion et
plus généralement, exploitation par
bail, location ou autrement, de tous
biens ou droits immobiliers à quelque
endroit qu’ils se trouvent. Prise de participation dans toutes sociétés immobilières.
Siège social : 3 avenue Hoche - 75008
PARIS
Capital : 100 €
Gérant : La SA FONCIERE VINDI,
au capital de 2.174.944,09 euros sise
3 avenue Hoche 75008 PARIS (RCS
PARIS 438 400 723).
Durée : 99 ans à compter de son immatriculation au RCS de PARIS.
FR1699/0114/1099
Par acte SSP en date du 23/01/2014,
il a été constitué une SAS dénommée:
LA FRENCH TOUCH
EVENTS
Siège social : 58 avenue Foch - 75116
PARIS
Capital : 10.000 €
Objet : Conception, organisation et
gestion d’évènements.
Président : M. Gaël DUVAL, 179 rue
de la Pompe - 75116 PARIS
Directeur général : M. Gaël DUVAL,
179 rue de la Pompe - 75116 PARIS
Admission aux Assemblées : Chaque
Associé a le droit de participer aux décisions collectives par lui-même ou par
son mandataire.
Exercice du droit de vote : Chaque
action donne droit à une voix. Le droit
de vote attaché aux actions est proportionnel au capital qu’elles représentent.
Transmission des actions : les actions ne peuvent être transférées entre
Associés qu’avec l’agrément préalable
du Président de la société, lequel doit
apprécier si le
transfert envisagé est conforme à l’intérêt social.
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS
AL1699/0114/8367
Par acte SSP en date du 16/01/2014,
il a été constitué une SAS dénommée:
4C
Siège social : 75 avenue Ledru Rollin
75012 PARIS
Capital : 50.000 €
Objet : Conseils en marketing communication et stratégie.
Président : Mme DARMON Charlene,
29 rue du Château - 92200 NEUILLY
SUR SEINE
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS
AL1699/0114/8378
Office Notarial du Vésinet (Yvelines)
Membre du groupe Althémis
75 rue Henri Cloppet
78110 LE VESINET
Par acte SSP en date du 21/01/2014,
il a été constitué une Société Civile
dénommée:
ANNETON
Siège social : 49 rue Vaneau - 75007
PARIS
Capital : 2.400 € divisé en 2.400 parts
de 1 € chacune
Objet : L’acquisition, la détention, la
construction, la propriété, l’administration et la gestion, par tous moyens
directs ou indirects, de tous droits et
biens immobiliers et mobiliers.
Gérant : Mme Anne TRECA, Via Sabotino 12 - 00195 ROME (ITALIE)
Agrément : cession libre entre associés et descendants, agrément du gérant dans les autres cas.
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS
Par acte SSP du 27/01/2014, il a été
constitué une EURL dénommée:
Par acte SSP du 01/10/2013, il a été
constitué une SARL dénommée:
Siège social : 8 Rue Emile Deslandres
75013 PARIS
Capital : 1.000 €
Objet : Conseil en organisation et système d’information.
Gérance : Mme Katia DE LA RUA, 8
rue Emile Deslandres - 75013 PARIS.
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS
Siège social : 3 rue Joseph Granier
75007 PARIS
Capital : 1.000 €
Objet : Ingénierie et promotion immobilière et activités connexes.
Gérant : M. Rémy AUBERGEON , 3
rue Joseph Granier - 75007 PARIS
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS
AL1699/0114/8412
AL1699/0114/8439
KADELA CONSEIL
Par acte SSP du 26/01/2014, il a été
constitué une SARL dénommée:
BJD REINSURANCE
CONSULTING SARL
Sigle : BJD Re
Siège social : 55 avenue Marceau
75116 PARIS
Capital : 1.000 €
Objet : Conseil et intermédiation de
services aux entreprises en assurance
et réassurance, courtage en assurance
et réassurance, analyses et études
techniques, formation, conférences.
Gérance : M. Dumitrescu Bogdan J.,
12 rue Petel - 75015 PARIS.
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS
AL1699/0114/8415
Avis est donné de la constitution pour
une durée de 99 ans de la société
BDR
INGEHA
Modification
LETTERBOX
S.A.S.U. au capital de 37.000 €
Siège social : 12 rue du Colonel Oudot
75012 PARIS
RCS PARIS 328 847 314
Aux termes d’une décision de l’associé unique en date du 16/12/2013, il a
été décidé de transférer le siège social
de PARIS (75012), 12 rue du Colonel
Oudot, à BOULOGNE-BILLANCOURT
(92100) 2bis, Avenue Desfeux, à compter du 8 janvier 2014 et de modifier en
conséquence l’article 4 des statuts.
La société sera désormais immatriculée au Registre du Commerce et des
Sociétés de NANTERRE.
Pour avis
AL1699/0114/8354
BUKI FRANCE
SARL au capital de 8.000 €
Siège social : 51 rue du Rocher
75008 PARIS
387 791 528 RCS PARIS
SARL à Associé Unique au capital
de 2.500 €
Siège social : 26 rue Damrémont
- 75018 PARIS. Objet social : l’activité de ramonage sur tous types de
cheminées et de conduits. Gérant :
PINTIAUX Julien, demeurant 26, rue
Damrémont - 75018 PARIS. La société sera immatriculée au RCS de
PARIS.
Suivant délibérations de l’A.G.O en
date du 21/01/2014, il a été décidé
de nommer en qualité de co-gérant,
Daniel LEVY, demeurant 11 rue
Hahousha
43613
RAANANA
(ISRAËL).
AL1699/0114/8420
AL1699/0114/8373
Par acte SSP en date du 20/01/2014,
il a été constitué une SAS dénommée:
YOUINVEST CONSEIL
Siège social : 66 avenue des Champs
Elysées - Bureau 41 - 75008 PARIS
Capital : 5.000 €
Objet : Courtage en opérations de
banque et en services de paiement en
faveur des associations et entreprises.
Président : M Thomas FALIGOT DE
LA BOUVRIE, 69 rue Boursault - 75017
PARIS
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS
AL1699/0114/8423
Par acte SSP en date du 27/01/2014, il
a été constitué une SASU dénommée:
LATIN EXPAT
Siège social : 23/25 Rue Jean Jacques
Rousseau - 75001 PARIS
Capital : 500 €
Objet : L’aide à la mobilité internationale. son but est de recueillir, développer et de maintenir des informations
utiles pour les personnes intéressées
par l’expatriation en amerique du sud.
Président : M Carlos Andres ARANGO
QUESADA, 69 rue Boursault - 75017
PARIS
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS
PARINOV
SARL au capital de 5.000 €
Siège social : 21 rue Sainte Isaure
75018 PARIS
797 745 395 RCS PARIS
Aux termes de l’AGE du 30/12/2013 il a
été décidé de transférer le siège social
de la société à compter du 30/12/2013
et de modifier l’article 4 des statuts en
conséquence.
Ancienne mention : 21 rue Sainte
Isaure - 75018 PARIS.
Nouvelle mention : 4 avenue du Général Dodds - 75012 PARIS.
Pour avis.
AL1699/0114/8375
REI INFORMATIQUE
SARL au capital de 156.176 €
Siège social : 116 rue du Charenton
75012 PARIS
400 628 202 RCS PARIS
Le 30/12/2013, l’AGE a décidé de modifier le capital social de 156.176 € afin
de porter ce dernier à 191.376 €. Mention au RCS de PARIS
AL1699/0114/8431
SAS
Boursedescredits.com
SASU au capital de 100.000 €
Siège social : 12 rue de la Bourse
75002 PARIS
539 924 449 RCS PARIS
Suivant une décision extraordinaire
de l’actionnaire unique du 01/01/2014,
il résulte qu’à compter du 01/01/2014
M. Arsalain El Kessir a démissionné
de ses fonctions de président et a été
nommée en qualité de présidente:
MAÏA CAPITAL, SARL au capital de
100.000 € dont le siège est 12 rue de
la Bourse - 75002 PARIS, immatriculée au RCS PARIS sous le n°793 230
343 et représentée par son gérant M.
Arsalain ElKessir et ont été nommés
pour une durée de 6 exercices, à
compter de l’exercice qui s’est ouvert le
23/02/2012 la SAS MABILEAU NICOLEAU PINEL AUDIT (MNP AUDIT) exerçant au 2 place de l’Eglise - 44840 LES
SORINIÈRES en qualité de cac titulaire et M. Hervé Mabileau exerçant
au 2 place de l’Eglise - 44840 LES
SORINIÈRES en qualité de cac suppléant. La durée de leurs fonctions
expirera à l’issue de l’AG annuelle qui
statuera sur les comptes de l’exercice
clos au 31/12/2018. Dépôt légal RCS
PARIS.
Pour avis le président.
AL1699/0114/8358
DEGEST CONSEIL
GESTION FINANCIERE
SARL au capital de 7.623 €
Siège social : 11-13 avenue de
Friedland - 75008 PARIS
435 320 494 RCS PARIS
Suivant une AGE du 15/01/2014, le
siège a été transféré, à compter de
ce jour, du 11-13 avenue de Friedland
75008 PARIS, au 20 allée des Magnolias 44500 LA BAULE. Article 4 des
statuts a été modifié. Dépôt légal RCS
PARIS et SAINT NAZAIRE.
Pour avis, le représentant légal.
AL1699/0114/8361
MEDICAL EDUCATION
GLOBAL SOLUTIONS
SA au capital de 44.000 €
Siège social : 75 rue Guy Moquet
92240 MALAKOFF
415 022 292 RCS NANTERRE
Aux termes de l’AGE du 27/12/2013
de la société MEDICAL EDUCATION
GLOBAL SOLUTIONS, SA au capitalde 44.000 €, siège social : 75 rue
Guy Moquet - 92240 MALAKOFF, 415
022 292 RCS NANTERRE. Il a été décidé de transférer le siège social de la
société à compter du 27/12/2013 et
de modifier l’article 4 des statuts en
conséquence.
Ancienne mention : 75, rue Guy
Moquet - 92240 MALAKOFF.
Nouvelle mention : 27-29 rue Raffet
75016 PARIS.
Personne(s) ayant le pouvoir général d’engager la société : Président Directeur Général : M. Eric-Jean
DESBOIS, 16 impasse Désirée - 92320
CHATILLON.
La société sera radiée du RCS de
NANTERRE et immatriculée au RCS
de PARIS.
Pour avis.
AL1699/0114/8368
AL1699/0114/8425
Par acte SSP en date du 27/01/2014,
il a été constitué une SAS dénommée:
WALRUS
Siège social : 34ter Rue de Dunkerque
75010 PARIS
Capital : 30.000 €
Objet : Achat, vente de produits culturels. edition, production, promotion,
distribution
d’oeuvres
phonographiques. promotion d’artistes. organisation actions événementielles. Bar,
débit de boissons.
Président : Mme Julie DAVID, 38 rue
des Abbesses - 75018 PARIS
Directeur Général : M Stéphane
LAVALLEE, 7 rue Ebelmen - 75012
PARIS
Admission aux assemblées et droits
de vote : Tout Actionnaire est convoqué aux Assemblées. Chaque action
donne droit à une voix.
Clauses d’agréments : Cession soumise à agrément même entre Associés.
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de PARIS
AL1699/0114/8433
AL1699/0114/8389
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
Annonces légales & judiciaires
Vie juridique, avis judiciaires, appel d’offres
ARTGENCY
SARL au capital de 5.000 €
Siège social : 6 rue John Lennon
95370 MONTIGNY LES
CORMEILLES
492 768 791 RCS PONTOISE
En date du 21/01/2014, le gérant a
décidé de transférer le siège social
de la société au 82 rue Folie Mericourt - 75011 PARIS, à compter
du 21/01/2014. Gérant : Mohamed
GASTLI, 82 rue Folie Méricourt
75011 PARIS. Radiation du RCS de
PONTOISE et réimmatriculation dans
le RCS de PARIS.
AL1699/0114/8363
CBM
SARL AU CAPITAL DE 50.000 €
Siège social : 63-65 boulevard
Massena - 75013 PARIS
531 402 386 RCS PARIS
L’AGE du 01/01/2014 a décidé :
- la transformation de la société en SAS
- de nommer Président M. Sandrino
TESTA (ancien gérant) et Directeur Général M. Thierry LEGAUD, 26 Avenue
du chemin des Presles - 94410 SAINT
MAURICE. Le reste demeure inchangé. Modification au RCS de PARIS
AL1699/0114/8379
IBA FORMATIC
SASU au capital de 2.000 €
Siège social : 27 rue Saint Maur
75011 PARIS
538 418 856 RCS PARIS
Aux termes d’une délibération en date
du 01/01/2014, l’associé unique a décidé de transférer le siège du 27 rue
Saint Maur - 75011 PARIS, au 66 rue
Crozatier - 75012 PARIS à compter de
ce jour et de modifier en conséquence
l’article 4 des statuts. Dépôt légal RCS
PARIS.
Pour avis, le représentant légal.
AL1699/0114/8382
NKPRO
SARL au capital de 1.000 €
Siège social : 59 rue des Petits
Champs - 75001 PARIS
750 412 470 RCS PARIS
Suivanl procès-verbal en date du
30/12/2013. I’assoclé unique a décidé :
- d’augmenter le capital de 9.000 €
pour le porter à la somme de 10.000 €
- de modifier l’objet social qui devient:
achat, pose, réparation, revente, négoce, import-export de fermetures,
portes, fenêtres, huisseries, et matériels accessoires se raportant à cette
activité. Modification au RCS de PARIS
AL1699/0114/8385
DLY CONSEIL
SARL à Associé Unique
au capital de 1.000 €
Siège social : 15 rue Paul Bert
75011 PARIS
529 661 670 RCS PARIS
Suivant décisions de l’Associé Unique
en date du 10/01/2014, il a été décidé
de transférer le siège social au 4 rue
Botzaris - 75019 PARIS, à compter du
13/01/2014.
AL1699/0114/8387
GREEN HOLDING
SAS Unipersonnelle
au capital de 1€
Siège social : 5 rue Paul Cézanne
75008 PARIS
799 640 131 RCS PARIS
Suivant décisions de l’Associé Unique
en date du 23/01/2014, il a été décidé
d’augmenter le capital social d’un montant de 5.382.183 € afin de porter ce
dernier de 1 € à 5.382.184 €. Le capital
social ressort désormais à 5.382.184 €.
AL1699/0114/8388
E-MOTION PARTNERS
SARL au capital de 7.500 €
Siège social : 1 rue des Feuillantines
75005 PARIS
793 039 140 RCS PARIS
L’AGE du 09/12/2013 a pris acte
de la fin de fonction de Mme Muriel
ALLEMAND en qualité de Co-gérant,
à compter du 01/01/2014, et décidé de
transfèrer le siège au 39 boulevard de
la Liberté - 92320 CHATILLON à compter du 01/01/2014. Radiation au RCS
de PARIS et ré-immatriculation au RCS
de NANTERRE
AL1699/0114/8390
INGOLD
SARL au capital de 5.000 €
Siège social : 24-26 rue Ballu
75009 PARIS
797 859 923 RCS PARIS
Le 18 décembre 2013, l’Associé unique
a nommé Gérant, à compter du 31 décembre 2013, M. Alexander KLAFSKY
demeurant Palais Kinsky, Freyung
4/12, A-1010 VIENNE (Autriche) en
remplacement de M Philippe REY.
FR1699/0114/1102
TARGON
SARL au capital de 5.000 €
Siège social : 24-26 rue Ballu
75009 PARIS
797 853 272 RCS PARIS
Le 18 décembre 2013, l’Associé
Unique a nommé Gérant, à compter
du 31 décembre 2013, M. Alexander
KLAFSKY demeurant Palais Kinsky,
Freyung 4/12, A-1010 VIENNE
(Autriche) en remplacement de M
Philippe REY.
FR1699/0114/1103
L’ATELIER DE MARCEL
SARL au capital de 1 €
Siège social : 66 avenue des Champs
Elysées - 75008 PARIS
532 512 134 RCS PARIS
Suivant délibérations de l’Assemblée
Générale Mixte en date du 23/01/2014,
il a été décidé d’une part, de nommer en qualité de gérant, Philippe
GREFFIER, demeurant 27 rue Saint
Louis en l’Ile - 75004 PARIS, en lieu
et place de Bruno LE BOURJOIS,
démissionnaire, et d’autre part d’augmenter le capital social, d’un montant de 7.999 € pour le porter de 1 € à
8.000 €. Le capital social ressort désormais à 8.000 €
AL1699/0114/8413
BUREAU DE CREATION
SARL au capital de 85.030 €
Siège social : 38 rue Ulbach
92400 COURBEVOIE
428 117 691 RCS NANTERRE
Suivant décisions de l’Associé Unique
en date du 14/01/2014, il a été décidé
de transférer le siège social au 5 avenue Bertie Albrecht - 75008 PARIS. La
société sera ré-immatriculée au RCS
de PARIS.
AL1699/0114/8421
EOCENE
SARL au capital de 7 650 €
Siège social : 2 bis rue de Sevigne
59100 ROUBAIX
432 949 709 RCS PARIS
l’AGE du 02/01/2014 transfère le siège
au 53 rue de Tolbiac - 75013 PARIS.
Gérant : M Hugues LEPOUTERE, 53
rue de Tolbiac - 75013 PARIS. Immatriculation au RCS PARIS
AL1699/0114/8434
RESULTEM
SASU à capital variable
au capital de 40.000 €
Siège social : 140 rue Saint Charles
75015 PARIS
790 960 835 RCS PARIS
L’AGO du 03/01/2014, a décidé de
nommer en qualité de nouveau Président, Mme Gilberte GINTRAC, 6
Darthus - 33330 VIGNONET, pour
une durée indéterminée en remplacement de M Jean-Pierre GINTRAC pour
cause de démission. Mention au RCS
de PARIS.
AL1699/0114/8442
Dissolution
SOCIETE CIVILE
IMMOBILIERE ALDOX
SCI au capital de 1.524,49 €
Siège social : 23 Rue Oudinot
75007 PARIS
419 874 706 RCS PARIS
L’AGE des associés réunie le
06/01/2014 a, à compter du même jour:
- décidé la dissolution anticipée de
la Société et sa mise en liquidation
amiable conformément aux dispositions statutaires et à l’article 1844-7 et
suivants du Code Civil,
- modifié corrélativement l’article 5 des
statuts,
- nommé en qualité de liquidateur
M. Jean-François MOLAY, 23 Rue
Oudinot - 75007 PARIS, pour toute la
durée de la liquidation avec les pouvoirs les plus étendus pour procéder
aux opérations de liquidation, réaliser
l’actif, acquitter le passif et l’a autorisé
à continuer les affaires en cours et à en
engager de nouvelles pour les besoins
de la liquidation.
La correspondance, les actes et documents concernant la liquidation doivent
être adressés et notifiés au 23 Rue
Oudinot - 75007 PARIS, siège de la liquidation. Les actes et pièces relatifs à
la liquidation seront déposés au Greffe
du Tribunal de Commerce de PARIS en
annexe au RCS.
Pour avis, le Liquidateur.
AL1699/0114/8255
Liquidation
WEBOTO SARL
SARL au capital de 8.000 €
Siège social : 10 rue Pergolèse
75016 PARIS
494 043 474 RCS PARIS
Le 18 janvier 2014, l’AGE a constaté, à
compter du 31 décembre 2013, la clôture des opérations de liquidation.
FR1699/0114/1105
CANTOR
SARL à capital variable
au capital minimum de 100 €
Siège social : 13 rue Raymond
Losserand - 75014 PARIS
484 646 500 RCS PARIS
1/ L’Assemblée Générale Mixte en
date du 30/09/2013, a décidé de dissoudre la société et de la mettre en
liquidation amiable. Olivier WEILLHEBERT, demeurant 5 rue Borgnis
Desbordes - 78000 VERSAILLES, a
été nommé Liquidateur. Le siège de liquidation a été fixé à l’adresse du siège
social.
2/ L’A.G.O en date du 31/10/2013, a
approuvé le compte définitif de liquidation, donné quitus et entière décharge
au mandat du Liquidateur et prononcé
la clôture de liquidation. La société
sera radiée du RCS de PARIS.
AL1699/0114/8416
Dissolution Clôture
SOCIETE CIVILE
IMMOBILIERE ALDOX
SCI au capital de 1.524,49 €
Siège social : 23 Rue Oudinot
75007 PARIS
419 874 706 RCS PARIS
Par AGO du 16/01/2014, les associés
ont approuvé les comptes définitifs de
liquidation, donné quitus de sa gestion
et décharge de son mandat de liquidateur à M. Jean-François MOLAY et
constaté la clôture de la liquidation à
compter dudit jour. Les comptes définitifs du liquidateur seront déposés au
Greffe du Tribunal de Commerce de
PARIS.
Pour avis, le Liquidateur.
AL1699/0114/8256
Essonne
Rectificatif
Rectificatif à l’annonce parue le
24/01/2014, concernant la société N&F
VOYAGES, il y avait lieu de lire : Par
acte SSP du 14/01/2014.
AL1699/0114/8407
Constitution
Par acte SSP du 18/11/2013, il a été
constitué une SARL dénommée:
MALINE
Siège social : 32 rue de Chartres
91410 DOURDAN
Capital : 3.000 €
Objet : Vente en détail, en boutique
et sur internet, d’habillement et accessoires, de décorations de la maison,
quincailleries et articles de maroquinerie. Représentation de sociétés
chinoises travaillant dans le domaine
précisé ci-dessus pour la vente en
Europe. Représentation de société européenne travaillant dans le domaine
précisé ci-dessus pour la vente en
Chine.
Gérance : Mlle Annick BILLEROT, 2
place de la Forge - 91410 DOURDAN
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS d’EVRY
AL1699/0114/8410
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
Par acte SSP du 30/01/2014, il a été
constitué une SASU à capital variable
dénommée :
ARH-MED TECHNOLOGY
Siège social : 3 rue Auguste Rodin
91120 PALAISEAU
Capital minimum : 1.000 €
Capital : 10.000 €
Objet : L’import, l’export, l’achat et la
vente de produits télécom, électronique, domotique, énergie renouvelable, articles divers (bijoux fantaisies,
accessoires de modes, jeux, articles
textiles, cigarettes électroniques et ses
consommables). Vente par correspondance et par internet.
Gérant : M Dinh richard HOANG, 3 rue
Auguste Rodin - 91120 PALAISEAU.
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de EVRY
L’AGE a décidé, le 20/12/2013, la
dissolution anticipée de la société,
à compter du 31/12/2013, désigné
en qualité de liquidateur M. Hamad
LTAIEF, 33 rue Francoeur - 91170 VIRYCHATILLON et fixé le siège de liquidation et l’adresse de correspondance au
siège social de la société. Mention au
RCS d’EVRY.
RICHARDSON
INTERNATIONAL
AL1699/0114/8418
Avis est donné de la constitution pour
une durée de 99 ans de la société
KICHASYGI
SCI au capital de 1.000 €
Siège social : 102, rue du Grand
Maury - 91280 SAINT PIERRE DU
PERRAY. Objet social : L’acquisition,
l’administration et la gestion par location ou autrement de tous immeubles
et biens immobiliers. Agrément : les
cessions de parts sont libres entre
Associés et au profit du conjoint, des
ascendants ou descendants du cédant.
Gérant : THUAULT Gilles, demeurant
102, rue du Grand Maury - 91280
SAINT PIERRE DU PERRAY. La société sera immatriculée au RCS
d’EVRY.
AL1699/0114/8435
Par acte SSP en date du 24/01/2014 à
VILLEMOISSON-SUR-ORGE, il a été
constitué une SARL à associé unique
dénommée:
BI SMART DECISION
Siège social : 22 allée des Robiniers
« Résidence les Robiniers » - 91360
VILLEMOISSON-SUR-ORGE
Capital : 3.000 €
Objet : Le management dans ledomaine de l’information, l’accompagnement au changement, la réalisation de
Reporting et Training dans ledomaine
de la Business Intelligence.
Gérant : M Yves MARTY, 22 allée des
Robiniers - « Résidence les Robiniers »
91360 VILLEMOISSON-SUR-ORGE.
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS d’EVRY
AL1699/0114/8437
Modification
SPM - SERVICE
PLATEFORME
MONETIQUE
SARL au capital de 12.000 €
Siège social : 10 quai de la Borde
Bat c2 - 91130 RIS ORANGIS
447 702 044 RCS EVRY
l’AGE du 20/01/2014 transfère le
siège au 8 rue condorcet Zac des Radars - 91350 GRIGNY à compter du
27/01/2014. Modification au RCS EVRY
AL1699/0114/8357
PILEJOB
SARL au capital de 25.000 €
Siège social : 12 rue Charles de
Gaulle - Bâtiment b2 - 91400 ORSAY
797 637 394 RCS EVRY
l’AGE du 20/01/2014 transfère le siège
au 19 rue de Madrid - 91190 GIF SUR
YVETTE à compter du 31/01/2014.
Modification au RCS EVRY
AL1699/0114/8440
Dissolution
NORIA-INSERTION
EURL au capital de 10.000 €
Siège social : 2 rue des écoles
91800 BRUNOY
513 848 226 RCS EVRY
L’AGE, en date du 15/01/2014, a décidé de la dissolution anticipée de la société et sa mise en liquidation amiable
à compter du 31/12/2013, nommé
en qualité de liquidateur M. Idriss
BENNANI, 2 rue des écoles - 91800
BRUNOY. Le siège de liquidation a été
fixé au siège social, adresse à laquelle
toute correspondance devra être envoyée, et, actes et documents relatifs à
la liquidation devront être notifiés.
Mention au RCS de EVRY.
SARL au capital de 100 €
Siège social : 33 rue Francoeur
91170 VIRY-CHATILLON
523 182 129 RCS EVRY
AL1699/0114/8409
Liquidation
MEDIA ISF 2010
S.A. au capital de 37.000 €
Siège social : 1 rue Robert et
Sonia Delaunay
75011 PARIS
521 991 968 RCS PARIS
1/ L’.A.G.E en date du 30/11/2013 à
10h, a été décidé de dissoudre la société et de la mettre en liquidation
amiable. Jacques LEUGER, demeurant 27 rue du général Delestraint 75016 PARIS, a été nommé Liquidateur. Le siège de liquidation a été fixé
à l’adresse du liquidateur.
2/ L’A.G.E. en date du 30/11/2013 à
14h, il a été constaté la fin des opérations de liquidation, donné quitus et
entière décharge au mandat du liquidateur et donc prononcé la clôture de
liquidation. La société sera radiée du
RCS de PARIS.
AL1699/0114/8376
Hauts-de-Seine
Constitution
Avis est donné de la constitution d’une
SAS dénommée:
PHILIPPE SAUL CONSEIL
Siège social : 24 rue Champ Chardon
92130 ISSY LES MOULINEAUX
Capital : 2.000 €
Objet : Conseil en management
Président : M. Saül Philippe, 24 rue
Champ Chardon - 92130 ISSY LES
MOULINEAUX
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de NANTERRE
AL1699/0114/8351
Par acte SSP à Clichy en date du
17/01/2014, il a été constitué une
SASU dénommée:
MCC MARKETING ET
INNOVATIONS
Siège social : 68 bis rue Henri
Barbusse - 92110 CLICHY
Capital : 1.000 €
Objet : Prestations de services,
conseils, support et formation en matière notamment de communication,
marketing, prospection et stratégie
commerciale, gestion partenariat…
création, développement et commercialisation logiciels, applications et tous
accessoires, revente service en relation avec marketing mobile et on-line
(incluant mais non limité au transport
et la terminaison de sms, développement et déploiement d’applications
Smartphone, Portail Web de vente ou
revente de sms,Push notification)
Président : M. Christophe COLLIER,
68 bis rue Henri Barbusse - 92110
CLICHY
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de NANTERRE
AL1699/0114/8352
Avis est donné de la constitution pour
une durée de 99 ans de la société
SCI 65 RUE DU CHATEAU
Société Civile au capital de
540.000 €
Siège social : 65, rue du Château 92100 BOULOGNE BILLANCOURT.
Objet social : l’acquisition et la gestion de tout immeuble ou de droits
portant sur des immeubles. Agrément : les parts sociales sont librement cessibles entre Associés.
Gérants : Michaël MOYAL, demeurant
7/9, Boulevard Flandrin - 75116 PARIS
et Alexandre KORN, demeurant 7/9,
boulevard Flandrin - 75116 PARIS. La
société sera immatriculée au RCS de
NANTERRE.
AL1699/0114/8370
AL1699/0114/8355
39
Annonces légales & judiciaires
Vie juridique, avis judiciaires, appel d’offres
Avis est donné de la constitution pour
une durée de 99 ans de la société
SCI BENITOBOREK
SCI au capital de 400 €
Siège social : 188 bis rue Gabriel
Péri - 92700 COLOMBES. Objet social : l’acquisition, l’exploitation par
bail, location ou autrement de tous
immeubles. Agrément : les cessions
sont libres entre Associés. Gérant :
Franck BENITO, demeurant 25 quai
de l’Oise - 95290 L’ISLE ADAM. La société sera immatriculée au RCS de
NANTERRE.
AL1699/0114/8374
Par acte SSP du 09/12/2013, il a été
constitué une SARL à capital variable
dénommée:
IMMO G FINANCE
Siège social : 183 Avenue du Roule
92200 NEUILLY SUR SEINE
Capital minimum : 1.000 €
Capital : 1.000 €
Objet : Courtage d’assurance.
Gérant : M Stéphane CHERFI, 63 avenue Foch 78400 CHATOU et M JeanMichel CIUCH, 18 rue Duret - 75116
PARIS
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de NANTERRE
AL1699/0114/8383
Par acte SSP du 21 janvier 2014, il a
été constitué une Société civile dénommée :
SCI MAEVAD
Objet social : Acquisition, propriété,
administration et exploitation par tous
moyens de biens immobiliers à usage
de bureaux, d’habitation, d’entrepôts
ou d’activité, afin de vendre ou de
conserver et de louer tout ou partie de
ces biens. Transformation, aménagement de tous immeubles et locaux dont
elle est propriétaire, édification de toute
construction.
Siège social : 18 rue Hippolyte
BISSON 92500 - RUEIL MALMAISON
Capital : 2.100 €
Gérant : Mr Matthieu DUBUC demeurant 18 rue Hippolyte BISSON - 92500
RUEIL MALMAISON
Durée : 99 ans à compter de son immatriculation au RCS de NANTERRE.
FR1699/0114/1104
Par acte SSP du 03/12/2013, il a été
constitué une EURL dénommée:
SB EDEN
Siège social : 138 rue Jean Jaures
92800 PUTEAUX
Capital : 4.000 €
Objet : Peinture revêtement de sols
Gérance : M. Robert WAWROWSKI,
138 rue Jean Jaures - 92800 PUTEAUX.
Durée :99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de NANTERRE
AL1699/0114/8428
Par acte SSP en date du 28/01/2014,
il a été constitué une SAS dénommée:
PLAY OFF EVENTS
Siège social : 5 rue du Général
Lanrezac - 92200 NEUILLY SUR SEINE
Capital : 10.000 €
Objet : La création, la réalisation et l’organisation d’événements sportifs.
Président : Mme Patricia BROUCK,
5 rue du Général Lanrezac - 92200
NEUILLY SUR SEINE
Directeur Général : M Armando Jorge
DE OLIVEIRA DA SILVA SANTOS, 16
avenue de l’Hôpital - 06220 VALLAURIS
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de NANTERRE
AL1699/0114/8438
Modification
COSTA COSTA TOURS
SAS au capital de 37.000 €
Siège social : Tour Manhattan
5-6 place de l’Iris
92400 COURBEVOIE
399 426 188 RCS NANTERRE
Le 13 décembre 2013, l’Associé
Unique à décidé de porter le capital
social à 186.998 euros par émission
d’actions nouvelles.
Le 23 décembre 2013, l’Associé
Unique a : 1°) Constaté la réalisation
de l’augmentation de capital portant
celui-ci à 186.998 euros. 2°) Décidé
de réduire le capital social pour le ramener à 101.232 euros par échange
d’actions.
FR1699/0114/1109
40
LETTERBOX
SASU au capital de 37.000 €
Ancien siège social : 12 rue du
Colonel Oudot - 75012 PARIS
Nouveau siège social : 2bis Avenue
Desfeux - 92100 BOULOGNEBILLANCOURT
328 847 314 RCS PARIS
Aux termes d’une décision de l’associé unique en date du 16/12/2013, il a
été décidé de transférer le siège social
de PARIS (75012), 12 rue du Colonel
Oudot, à BOULOGNE-BILLANCOURT
(92100) 2bis, Avenue Desfeux, à
compter du 08/01/ 2014 et de modifier
en conséquence l’article 4 des statuts.
La société sera désormais immatriculée au RCS de NANTERRE. Corrélativement l’avis précédemment publié,
relativement au siège social est ainsi
modifié :
Article 4 SIEGE SOCIAL
Ancienne mention : Le siège social
est fixé au : 12, rue du Colonel Oudot
75012 PARIS.
Nouvelle mention : Le siège social est
fixé au : 2bis, Avenue Desfeux - 92100
BOULOGNE-BILLANCOURT.
Le reste de l’article restant sans changement.
Pour avis
AL1699/0114/8353
CAUMEAU & CO
SAS. au capital de 50.000 €
Ancien siège social : 95 rue de
Sèvres, 92100 - BOULOGNE
BILLANCOURT
Nouveau siège social : 2bis, Avenue
Desfeux, 92100 - BOULOGNE
BILLANCOURT
798 073 847 RCS NANTERRE
Aux termes du procès-verbal des délibérations de l’AGE des associés
en date du 16/12/2013, il a été décidé de transférer le siège social de
BOULOGNE-BILLANCOURT (92100),
95 Rue de Sèvres, à BOULOGNEBILLANCOURT (92100) 2bis, avenue
Desfeux, à compter du 08/01/2014 et
de modifier en conséquence l’article 4
des statuts.
Le même jour l’AGO réunie extraordinairement a décidé de nommer, avec
effet rétroactif au 01/11/2013 :
- En qualité de commissaire aux
comptes titulaire : NIEZA & Associés,
SARL au capital de 50.000 €, 119 rue
des Pyrénées - 75020 PARIS, RCS
PARIS 351 448 121
- En qualité de commissaire aux
comptes suppléant : M. Sébastien
PESTEL, Commissaire aux comptes,
demeurant 119 Rue des Pyrénées
75020 PARIS.
Pour avis
AL1699/0114/8356
MEDICAL EDUCATION
GLOBAL SOLUTIONS
SA au capital de 44.000 €
Siège social : 75 rue Guy Moquet
92240 MALAKOFF
415 022 292 RCS NANTERRE
Aux termes de l’AGE du 27/12/2013
de la société MEDICAL EDUCATION
GLOBAL SOLUTIONS, SA au capitalde 44.000 €, siège social : 75 rue
Guy Moquet - 92240 MALAKOFF, 415
022 292 RCS NANTERRE. Il a été décidé de transférer le siège social de la
société à compter du 27/12/2013 et
de modifier l’article 4 des statuts en
conséquence.
Ancienne mention : 75, rue Guy
Moquet - 92240 MALAKOFF.
Nouvelle mention : 27-29 rue Raffet
75016 PARIS.
La société sera radiée du RCS de
NANTERRE et immatriculée au RCS
de PARIS.
Pour avis.
AL1699/0114/8369
THOP GOURMETS
SAS à Associé Unique
au capital de 1.000 €
Siège social : 41 avenue de
la Porte de Villiers
92200 NEUILLY SUR SEINE
534 694 039 RCS NANTERRE
Suivant décisions de l’Associé Unique
en date du 31/12/2013, il a été décidé
d’augmenter le capital social d’un montant de 9.000 € afin de porter ce dernier
de 1.000 € à 10.000 €. Le capital social
ressort désormais à 10.000 €.
AL1699/0114/8372
PIG RESTAURATION
SAS au capital de 37.000 €
Siège social : Tour Manhattan
5-6 place de l’Iris
92400 COURBEVOIE
419 947 353 RCS NANTERRE
Le 20 décembre 2013, l’Associé
Unique à décidé de porter le capital
social à 2.836.938 euros par émission
d’actions nouvelles.
Le 20 décembre 2013, l’Associé
Unique a : 1°) Constaté la réalisation
de l’augmentation de capital portant
celui-ci à 2.836.938 euros. 2°) Décidé
de réduire le capital social pour le ramener à 1.687.348 euros par échange
d’actions.
FR1699/0114/1112
T.MARSEILLE
LA VALENTINE
SAS au capital de 37.000 €
Siège social : Tour Manhattan
5-6 place de l’Iris
92400 COURBEVOIE
351 145 479 RCS NANTERRE
Le 10 décembre 2013, l’Associé
Unique à décidé de porter le capital
social à 516.964 euros par émission
d’actions nouvelles.
Le 20 décembre 2013, l’Associé
Unique a : 1°) Constaté la réalisation
de l’augmentation de capital portant
celui-ci à 516.964 euros. 2°) Décidé
de réduire le capital social pour le ramener à 178.858 euros par échange
d’actions.
FR1699/0114/1111
TABLA SUD SARL
SARL au capital de 2.001.000 €
Siège social : Tour Manhattan
5-6 place de l’Iris
92400 COURBEVOIE
501 672 562 RCS NANTERRE
Le 10 décembre 2013, l’Associé
Unique à décidé de porter le capital social à 4.501.000 euros par émission de
nouvelles parts sociales.
Le 18 décembre 2013, l’Associé
Unique a : 1°) Constaté la réalisation
de l’augmentation de capital portant
celui-ci à 4.501.000 euros. 2°) Décidé
de réduire le capital social pour le ramener à 1.661.340 euros par échange
de parts sociales.
FR1699/0114/1108
TABLAPIZZA
SAS au capital de 14.037.060 €
Siège social : Tour Manhattan
5-6 place de l’Iris
92400 COURBEVOIE
334 963 105 RCS NANTERRE
Le 13 décembre 2013, l’Associé Unique
a décidé de : 1°) Porter le capital social
à 24.037.050 par émission d’actions
nouvelles. 2°) Réduire le capital social
pour le ramener à 4.193.358 euros au
moyen d’échange d’actions.
FR1699/0114/1106
de l’augmentation de capital portant
celui-ci à 2.401.000 euros. 2°) Décidé
de réduire le capital social pour le ramener à 1.242.760 euros par échange
de parts sociales.
FR1699/0114/1110
PRESSE LABO SERVICES
S.A.S. au capital de 100.000 €
Siège social : 197, avenue de
Grésillons - 92230 GENNEVILLIERS
792 432 304 RCS NANTERRE
Suivant extrait des décisions de la
collectivité des Associes en date du
17/12/2013, il a été décidé de nommer
en qualité respective de Commissaires
Aux Comptes titulaire et suppléant,
Monsieur Eric BACHELIER, demeurant 138, boulevard de la République
- 92210 SAINT CLOUD et la société
« AFFIRMA », SARL sise 25, rue du
Colonel Moll - 75017 PARIS, 531 281
277 RCS PARIS.
AL1699/0114/8408
FERME SOLAIRE
DE NIKO
SARL au capital de 100.000 €
Siège social : 57 boulevard
Georges Seurat
92200 NEUILLY SUR SEINE
523 204 865 RCS NANTERRE
L’AGO en date du 27/12/2013 a décidé de nommer en qualité de gérant,
M. Jean-Pierre CAILLAVET, 57 boulevard Georges Seurat - 92200 NEUILLY
SUR SEINE, en remplacement de M.
Benjamin CAILLAVET, démissionnaire
à compter du 01/01/2014. Mention au
RCS de NANTERRE.
AL1699/0114/8417
BUREAU DE CREATION
SARL au capital de 85.030 €
Siège social : 38 rue Ulbach
92400 COURBEVOIE
428 117 691 RCS NANTERRE
Suivant délibérations de l’A.G.O
en date du 24/10/2013, il a été décidé de nommer en qualité de gérant,
Olivier BAILLET demeurant 17 rue
Saint Maurice - 92000 NANTERRE, en
lieu et place de Jean-Pierre POISSON,
démissionnaire.
AL1699/0114/8419
PERTINENCE
PATRIMOINE
EURL au capital de 5.000 €
Siège social : 2 rue des Marguerites
92160 ANTONY
451 654 420 RCS NANTERRE
Le 27/01/2014, l’AGE a décidé
d’étendre l’objet social comme suit :
Courtage en opération de banque et en
services de paiement, transaction sur
immeuble et fonds de commerce. Article
4 des statuts modifié en conséquence.
Modification au RCS de NANTERRE
AL1699/0114/8432
ABECIDAN ATTIAS
TMK EST SARL
Société Civile
au capital de 1.000 €
Siège social : 15/17 avenue
Sainte Foy
92200 NEUILLY SUR SEINE
511 811 556 RCS NANTERRE
Le 10 décembre 2013, l’Associé
Unique à décidé de porter le capital social à 1.901.000 euros par émission de
nouvelles parts sociales.
Suivant délibérations de l’A.G.E en
date du 20/01/2014, il a été décidé
de transférer le siège social au 20 rue
Parmentier - 92200 NEUILLY SUR
SEINE.
SARL au capital de 1.001.000 €
Siège social : Tour Manhattan
5-6 place de l’Iris
92400 COURBEVOIE
503 721 938 RCS NANTERRE
Le 18 décembre 2013, l’Associé
Unique a : 1°) Constaté la réalisation
de l’augmentation de capital portant
celui-ci à 1.901.000 euros. 2°) Décidé
de réduire le capital social pour le ramener à 1.203.000 euros par échange
de parts sociales
FR1699/0114/1107
TMK NORD OUEST SARL
SARL à associé unique
au capital de 1.001.000 €
Siège social : 5-6 place de l’Iris
92400 COURBEVOIE
501 663 702 RCS NANTERRE
Le 13 décembre 2013, l’Associé
Unique à décidé de porter le capital social à 2.401.000 euros par émission de
nouvelles parts sociales.
Le 23 décembre 2013, l’Associé
Unique a : 1°) Constaté la réalisation
AL1699/0114/8436
Dissolution
MFL DOHA
SARL au capital de 8.000 €
Siège social : 33 Rue Pierre
Brossolette - 92320 CHATILLON
749 867 156 RCS NANTERRE
L’AGE du 27/12/2013 a décidé la dissolution anticipée de la société nommé
liquidateur M Rachid DEKHISSI, 79
avenue du Général de Gaulle - 92140
CLAMART et fixé le siège de liquidation chez le liquidateur. Modification au
RCS NANTERRE
AL1699/0114/8136
Dissolution Clôture
EGIDE
Société par actions simplifiée
en liquidation
Au capital de 10.000 €
Siège social : 6, Rue Luigi Galvani
92160 ANTONY
RCS NANTERRE 511 666 802
CLÔTURE DE LIQUIDATION
L’AGO réunie le 20/12/2013 a approuvé le compte définitif de liquidation,
déchargé Mr Joël QUINTARD de son
mandat de liquidateur, donné à ce dernier quitus de sa gestion et constaté la
clôture de la liquidation à compter de
ce jour.
Les comptes de liquidation sont déposés au RCS de NANTERRE.
Pour avis, Le Liquidateur
FR1699/0114/1114
Clôture de Liquidation
PKD FINANCE
SARL à associé unique
au capital de 1.000 €
Siège social : 52 boulevard de la Paix
92400 COURBEVOIE
537 582 363 RCS NANTERRE
Le 30/09/2013, L’Associé Unique a
approuvé les comptes de liquidation,
donné quitus au liquidateur et prononcé la clôture de liquidation à compter
du 30/09/2013. Radiation au RCS de
NANTERRE
AL1699/0114/7348
Seine-Saint-Denis
Constitution
Avis est donné de la constitution pour
une durée de 99 ans de la société
IFRAC EDITIONS
SAS Unipersonnelle, au capital de
20.000 €
Siège social : GVIO Parc Delizy 32 rue Delizy - 93500 PANTIN. Objet social : la commercialisation par
tous moyens, l’édition, l’achat, la revente de livres et de documentations.
Agrément : les cessions d’ actions
sont soumises à l’agrément préalable
des Associés. Chaque Action donne
droit au vote. Président : Raphaël
COUTURIER, demeurant 8 rue du chef
de ville - 77440 ARMENTIÈRES EN
BRIE. Commissaires Aux Comptes
titulaire et suppléant : les sociétés
« LAUT FIDUCIAIRE »,, SARL sise
92 boulevard de Courcelles - 75017
PARIS, 385 208 970 RCS PARIS et
« C2R », SAS sise 43 rue du Théâtre
- 75015 PARIS, 408 294 874 RCS
PARIS. La société sera immatriculée
au RCS de BOBIGNY.
AL1699/0114/8380
Avis est donné de la constitution d’une
SASU dénommée:
GREEN BATI
Siège social : 137 rue Général Giraud
93150 LE BLANC MESNIL
Capital : 1.000 €
Objet : Peinture, maçonnerie, électricité, plomberie
Président : M. Naim Farhat, 137 rue
Général Giraud - 93150 LE BLANC
MESNIL
Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de BOBIGNY
AL1699/0114/8384
Par acte SSP du 19 décembre 2013,
il a été constitué une SCI dénommée :
SCI DOUNIA
Objet social : Acquisition, administration, gestion par location ou autrement
de tous immeubles et biens immobiliers, promotion immobilière, vente de
tous immeubles et biens immobiliers.
Siège social : 26 rue Eugène Varlin
93150 LE BLANC MESNIL
Capital : 300 €
Gérant : Mr Mohammed SEBIANE demeurant 26 rue Eugène Varlin - 93150
LE BLANC MESNIL
Cession des parts sociales : Libre
entre associés, conjoints, ascendants
et descendants. Soumise à l’autorisation de l’AGE pour toutes autres personnes.
Durée : 99 ans à compter de son immatriculation au RCS de BOBIGNY.
FR1699/0114/1100
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
Annonces légales & judiciaires
Vie juridique, avis judiciaires, appel d’offres
SCP COTTEREAU MEUNIER
BARDON et Associés
Maître Nicolas SONNET
19 avenue de Grammont
37000 TOURS
les 10 jours de la dernière en date des
publications légales au Cabinet de
Maitre Mikaël LOREK, Avocat au barreau de PARIS, domicilié 138 avenue
de Malakoff - 75116 PARIS pour la correspondance et à l’adresse du fonds
cédé pour la validité.
AL1699/0114/8371
Modification
AVIS DE CONSTITUTION
Aux termes d’un acte SSP en date du
20/01/2014, il a été constitué la société
suivante :
Dénomination sociale :
SARL NICOLAS
LAISNE ASSOCIES
Forme sociale : Société à responsabilité limitée d’architecture
Siège social : 27 rue Barbès 93100
MONTREUIL
Objet social : L’exercice de la profession d’architecte et d’urbaniste
Durée : 99 ans à compter de la date
d’immatriculation au RCS
Capital social : 1.000 €
Gérance : M. Nicolas LAISNE demeurant 11 rue Pastourelle 75003 PARIS
Immatriculation de la Société au RCS
de BOBIGNY
FR1699/0114/1117
Cession
Suivant Acte SSP du 20/01/2014 à
PARIS (75), enregistré au SIE de
BOBIGNY (93), le 23/01/2014, Bord
2014/44, case n°5, Ext 453, la société
SIVAN
SARL au capital de 8.000 €
Siège social : 2 place Degeyter
93420 VILLEPINTE
489 801 217 R.C.S. BOBIGNY
A vendu à la société
FMG
SAS au capital de 5.000 €
Siège social : 2 place Degeyter
93420 VILLEPINTE
799 329 651 R.C.S. BOBIGNY
Le fonds de commerce de « restauration rapide, plats cuisinés à
emporter, saladerie, salon de thé
» sis et exploité 2 place Degeyter 93420 VILLEPINTE. Prix principal :
296.150 €. Date d’entrée en jouissance : le 20/01/2014. Les oppositions, s’il y a lieu, seront reçues dans
ASYSCO
SARL au capital de 5.000 €
Siège social : 12 rue Paul Eluard
93200 SAINT-DENIS
450 315 023 RCS BOBIGNY
L’AGE du 26/12/2013 a décidé de
transférer le siège social de la société au 28 rue d’Andilly - 95230 SOISY
SOUS MONTMORENCY, à compter
du 01/01/2014. Radiation au RCS de
BOBIGNY et réimmatriculation au RCS
de PONTOISE
AL1699/0114/8391
Dissolution
ATELIER
FRANCOIS GILLET
Société à responsabilité limitée en
liquidation au capital de 153.000 €
Siège social : 15, rue Juan Valéra
93410 VAUJOURS
439 684 010 RCS BOBIGNY
DISSOLUTION ANTICIPÉE
L’assemblée générale extraordinaire,
en date du 31 décembre 2013 et tenue
au siège social, a décidé la dissolution
anticipée de la société et sa liquidation
amiable sous le régime conventionnel.
La société subsistera pour les besoins
de la liquidation et jusqu’à la clôture de
celle-ci. Le lieu où la correspondance,
les actes et documents doivent être
adressés est situé au siège de la société.
Monsieur François GILLET demeurant
à VAUJOURS (93410), 15 rue Juan
Valéra est nommé liquidateur et dispose des pouvoirs les plus étendus
pour achever les opérations sociales
en cours, réaliser l’actif et acquitter le
passif.
Le dépôt des actes et pièces relatifs à
la liquidation sera effectué au greffe du
tribunal de commerce de BOBIGNY.
Pour avis, le liquidateur.
Val-de-Marne
Rectificatif
Rectificatif à l’annonce parue le
24/01/2014, concernant la société
MGCE INTERNATIONAL, il y avait
lieu de lire pour la date de L’AGE
le 16/12/2013, et “à compter du
16/12/2013”
AL1699/0114/8424
Constitution
Avis est donné de la constitution pour
une durée de 99 ans de la société
CHAI
SCI au capital de 1.000 €. Siège
social : 1 allée Camilles Desmoulins 94350 Villiers sur Marne. Objet social :
l’acquisition, la gestion, l’exploitation, la
construction, l’entretien, la réparation
et la rénovation d’immeubles bâtis ou
non. Agrément : les cessions de parts
sociales sont soumises à l’agrément
des associés. Gérant : James COHN
demeurant 2 place Remoiville - 94350
Villiers sur Marne. La société sera immatriculée au RCS de Créteil.
AL1699/0114/8411
Par acte SSP du 21 janvier 2014, il a
été constitué une SAS dénommée :
PRETTY-AND-GO
Objet social : Commercialiser des
prestations et des produits mobiliers se
rattachant à l’esthétisme et/ou à la pratique de tous soins de beauté.
Siège social : 41 avenue du Château
94170 LE PERREUX SUR MARNE
Capital : 3.000 €
Président : Mr Kevin SOUFFIR demeurant 41 avenue du Château
94170 LE PERREUX SUR MARNE
Cession d’actions : Toute cession
d’actions à un tiers à la société est soumise à l’agrément de la société.
Durée : 99 ans à compter de son immatriculation au RCS de CRETEIL.
FR1699/0114/1116
FR1699/0114/1115
Modification
GED SYSTEM
SARL au capital de 5.000 €
Siège social : 2-3-4 quai Blanqui
et 4 rue de Charenton
94140 ALFORTVILLE
538 418 542 RCS CRÉTEIL
Suivant délibérations de l’A.G.E en
date du 20/12/2013 et délibérations
de l’A.G.O en date du 02/01/2014, il
a été décidé d’une part, d’augmenter le capital social d’un montant de
25.000 € afin de porter ce dernier de
5.000 € à 30.000 €, et d’autre part, de
nommer en qualité de cogérants,
Gary DJORNO, demeurant 1 allée
de Navarre - 94220 CHARENTON
LE PONT, et Dave ATTIA demeurant 8/10 place de l’Europe - 94220
CHARENTON LE PONT, en lieu
et place de Barbara OBADIA née
DJORNO, démissionnaire.
AL1699/0114/8386
HOLDING STDB
SARL au capital de 6.880 €
Siège social : 18 rue de la Liberté
94300 VINCENNES
492 221 387 RCS CRETEIL
Le 20 décembre 2013, l’AGE a 1°) décidé d’augmenter le capital social pour
le porter à 160.000 euros, par création
de parts sociales. 2°) de prendre pour
nouvelle dénomination sociale :
ADEQUAT HOLDING.
JOYETECH FRANCE SAS
SAS au capital de 50.000 €
Siège social : 77 rue des Coquettes
94800 VILLEJUIF
797 762 952 RCS CRETEIL
Le 9 décembre 2013, l’Associé unique
a : 1°) Transféré le siège au 128 bis
avenue Jean Jaurès 94200 IVRY SUR
SEINE. 2°) Nommé Commissaires
Aux Comptes : a°) Titulaire, la SA
DELOITTE & ASSOCIES sise 185
C avenue Charles de Gaulle 92200
NEUILLY SUR SEINE (572 028 041 RCS
NANTERRE) b°) Suppléant, la SARL
BEAS sise 195 avenue Charles de
Gaulle 92200 NEUILLY SUR SEINE
(315 172 445 RCS NANTERRE).
FR1699/0114/1101
Clôture de Liquidation
SCI AQUARELLA
SCI au capital de 100 €
Siège social : allée de la Pompadour
Piple, Château du Piple
94470 BOISSY SAINT LEGER
481172062 RCS CRETEIL
L’AGO du 20/01/2014 a approuvé les
comptes de liquidation, donné quitus
de sa gestion au liquidateur et prononcé la clôture des opérations de liquidation à compter du 20/01/2014. Radiation au RCS de CRETEIL
AL1699/0114/8350
3°) transféré le siège social au 2 rue
Mangin 94240 L’HAY LES ROSES.
FR1699/0114/1113
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présent avis conformément aux dispositions de l’article L 443-11
du C.C.H relatif aux ventes de logements sociaux sous réserve de
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différentes, cette offre s’ouvre à toute personne physique.
Contact :
Visite et renseignement : Icade Transactions au
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41
Opinions
LA FACE NOIRE DE LA MONDIALISATION
Mirages, ‘eldorados’ et ‘jihad’
Comment les médias camouflent une criminalité toujours plus
dévastatrice par d’hystériques louanges
XAVIER RAUFER
Ont-ils perdu toute décence ? Servir de danseuses
à des milliardaires-prédateurs leur bloque-t-il
désormais tout accès au réel ? Le terme
“danseuse” est dur - mais c’est Libération du
16/12/2013 qui affirme “Niel a ‘niélisé’ le Monde, en
a fait un journal d’influence des intérêts de la netéconomie et du low cost contre l’économie traditionnelle”.
Ainsi, ces journaux d’“information” ne font même
plus mine d’informer leurs lecteurs, partis qu’ils
sont en une dérive propagandiste inouïe depuis
La Chine en construction, magazine maoïste qui,
lors du “Grand bond en avant” (vingt millions de
morts de faim en 1958-1960...), vantait odieusement la joyeuse opulence du peuple chinois.
L’affaire débute au Brésil. Dès janvier 2010, l’auteur dénonçait des médias idolâtrant ce pays
ravagé par le crime - googler “Brésil eldorado”
expose sur-le-champ ce honteux panégyrique. Or
cette violente criminalité - que tout Brésilien
redoute -, ces médias l’ont camouflée cinq années
durant derrière d’hystériques louanges (“Dieu est
brésilien”...).
Le soufflé brésilien retombé (émeutes... monnaie
en chute libre... capitaux étrangers en fuite), on
espérait quelque décence, de la retenue dans la
célébration d’autres miroirs aux alouettes. Eh
bien non, car depuis, deux nouveaux “eldorados”,
le Mexique et la Colombie, enflamment ces
médias - précisément dans les mêmes termes.
Echantillon de ces contes de fées. Mexique :
“Nouvel eldorado des entreprises françaises...
Destination toujours plus prisée... cette énergie, ce
sentiment que tout peut arriver... Pays ouvert et créatif... Audacieux !” Colombie : “Sa capitale attire
touristes et étudiants du monde entier, séduits par le
dynamisme de son économie... Les restaurants raffinés pullulent...”
Or ces pousse-au-crime en forme de publi-reportages incitent des touristes, entreprises et professionnels, à fréquenter des coupe-gorge dont ils
peinent ensuite à sortir - s’ils en sortent. Coupe-
Julie etValérie
Valérie la tragique,
Julie la sentimentale :
les Français, peuple plus
sentimental que tragique,
ont déjà élu la seconde
42
Valérie a tout pour être faible et elle semble forte.
Sans le savoir, ces deux femmes se parlent pardessus la grande ombre de Ségolène. Elles se
disent qu’en amour, comme en politique, le faible
et le fort sont au fond de la même espèce. Ce que
les hommes ont bien du mal à envisager.
“Le fort n’est jamais absolument fort, ni le faible
absolument faible mais l’un et l’autre l’ignorent. Ils
ne se croient pas de la même espèce ; ni le faible ne se
regarde comme le semblable du fort, ni il n’est
regardé comme tel”, écrit Simone Weil en commentant le sort des vainqueurs et des vaincus soumis
dans L’Iliade, à la redoutable équité du destin,
même si les circonstances leur font tour à tour
croire qu’ils peuvent s’en affranchir. En amour
comme à la guerre, il n’y a ni vainqueur ni vaincu.
Tout le monde perd et il n’y a rien à gagner. En
comparant les deux portraits de la compagne et
de sa prétendante, on se dit queValérie a compris,
Julie pas encore. Pourtant les deux blondes du
indifférence à la souffrance d’autrui, à commencer peut-être par celle de son nouvel amour.
Valérie la tragique et Julie la sentimentale : les
Français étant un peuple plus sentimental que
Deux femmes pour un Président
tragique, leur cœur a déjà élu la seconde.
Et lui que pense -t-il ? Enfin une question à
L’une s’efface, l’autre entre dans la lumière.
laquelle Closer, plus expert dans la comptabilité
Bizarrement, la femme qui s’éloigne vers la vallée
des nuits que dans celle des désirs, ne pourra
des ombres est bien plus touchante que l’autre.
répondre. L’homme normal a-t-il été changé en
La première photo parue dans Libération, prise
cruel bourreau des cœurs par l’exercice du
de dos au musée d’Orsay, c’estValérie.Talons
pouvoir ? A-t-il décidé de changer de femme le
aiguilles, bras dans le dos, doigts d’une main
jour où il a enfin assumé son virage social-libéral ?
serrés dans ceux de l’autre, réplique élégante du
Lui fallait-il attendre d’annoncer son pacte de
solennel et ridicule au revoir de Giscard cédant la
responsabilité aux Français pour prendre les
place à Mitterrand,Valérie passe son chemin.
siennes avec ses femmes ? Que pense -t-il si l’on
La seconde, parue dans Elle, est un portrait de
exclut l’hypothèse, faite par la couverture de
Julie réalisé à l’occasion du festival du film interCharlie Hebdo, que sa bite pense à sa place ?
national de Saint-Sébastien.Assise, légèrement
“Certains hommes répandent, pour ainsi dire de
déhanchée, jambes croisées, mains posées l’une
naissance, un fluide d’autorité dont on ne peut discersur l’autre, sourire incertain, la jeune actrice
ner au juste en quoi il consiste ; il en va de cette
semble absente.
matière comme de l’amour qui ne
ApparemmentValérie est vaincue En abandonnant Valérie, il s’affranchit de son surmoi de gauche, s’explique point sans l’action d’un
puisqu’elle n’est plus aimée.
inexprimable charme”, écrivait de
en faisant son cirque avec Julie, il parodie Nicolas
Pourtant la souveraineté et la
Gaulle qui compta peu d’actrices
grâce sont de son côté. On a
et de mannequins à son actif
presque envie que François fonce jusqu’au bout
Président ne sont ni des rivales, ni des trophées,
érotique. Maintenant qu’il est prouvé que
de l’enfer chercher son Eurydice en talons
encore moins des prétendantes. Elles savent que
François a un inexprimable charme, tous les gaulaiguilles.
Cécilia et Carla ont partagé avant elles leur sort,
listes vont enfin lui reconnaître de l’autorité ! Un
Julie avec ses airs d’étudiante qui semble avoir
elles connaissent par coeur le mimétisme des
nouveau coup dur pour la droite. Sacré François :
volé quelques baisers à un trop gros poisson pour
hommes, le marché des femmes qui n’existe que
en abandonnantValérie, il s’affranchit de son
elle ne rayonne pas. Sans doute est-elle réservée,
pour permettre aux hommes de se défier les uns
surmoi de gauche, en faisant son cirque avec
peu narcissique, militante gênée de créer la
les autres et de se rassurer sur leur pouvoir si
Julie, il parodie Nicolas, en s’échappant de l’Elyconfusion dans la famille socialiste, jeune amoufragile. Mais malgré la compassion inavouable
sée, la bite cachée sous un casque de scooter, il
reuse pressentant que les amours publiques sont
qu’elles ont sans doute l’une pour l’autre,Valérie
défie DSK.
plus difficiles à vivre, regrettant déjà de prendre
inspire une pitié plus profonde et sincère que
L’histoire prouvera peut-être, contre toute
en flagrant délit de contradiction son amoureux
Julie. En s’arrêtant sur l’image deValérie on
attente, qu’il restera comme le plus moderne, le
qui jurait pendant la campagne présidentielle de
comprend qu’elle connaît la part tragique de la
plus utile et le plus désirable de tous nos présine pas prendre le peuple en otage en exhibant sa
vie, qu’elle traversera sa souffrance avec patience
dents.
vie privée, passionnée n’osant avouer au
et tolérance. En regardant Julie, mal assise,
Président que sa seule passion fixe est le cinéma.
presque le cul entre deux chaises, on a peur pour
Julie a tout pour être forte et elle semble faible.
elle, tellement son air ingénu laisse présager son
BRÈCHES
PAUL-HENRI MOINET
gorge, vraiment ?Voici ce que cachent au public
les médiatiques thuriféraires de ces “eldorados” tous les faits ici énoncés émanent d’indéniables
sources officielles.
D’abord, le Mexique :
- Premier distributeur mondial de vidéos pédopornographiques,
- Premier pays au monde pour les enlèvements
crapuleux ; 911 (connus) de janvier à juillet 2013,
contre 720 dans les mêmes mois de 2012,
- La criminalité coûte au Mexique de 8 à 15 % de
son PNB annuel ; le racket (qui bondit de 170 %
depuis 2006) a ruiné 40 000 PME en 2012,
- Les attaques de centrales électriques par des
cartels de la drogue (pour venger la capture de
leurs chefs) donnent désormais au chaos mexicain
l’allure d’une “narco-guerre”,
- 98 % des homicides commis au Mexique restent
impunis,
- Les “escadrons de la mort” (milices anti-crime,
etc.) comptent, dit un député mexicain, 200 000
hommes armés agissant hors de tout contrôle.
- Un récent sondage demande aux entreprises :
sont-elles “plus exposées à la fraude que l’an
passé ?”... 93 % de “oui” (56 % en 2012).
Mais comme les ploutocrates type Goldman Sachs
(inventeur de l’arnaque des Brics) font du
Mexique le nouveau paradis, l’orchestre médiatique - censé informer ses lecteurs - manie l’hyperbole flatteuse, tandis que notre pauvre ministre
du Commerce extérieur saute à pieds joints dans
le piège de l’eldorado factice.
La Colombie, maintenant : vantée par divers
médias comme parangon urbain de l’inventif et
du moderne, Medellin est le fief “latino” du trafic
de mineures.Tout riche amateur y achète aisément aux enchères la virginité de dizaines d’adolescentes. Mise à prix, 2 600 dollars US.
Autre capitale régionale, Cali (2,5 millions d’habitants) est ravagée par une sanglante guerre entre
narco-gangs : 2 000 homicides en 2013. Rappel : la
France (66 millions d’habitants), 900 homicides en
2013.
Autre domaine stratégique où la presse-desmilliardaires fuit le réel : le terrorisme islamiste.
D’abord, cette éclatante réalité : pour maints pays,
Etats-Unis en tête, ce “terrorisme” n’est plus
qu’un pur alibi pour l’opinion. Pour l’Amérique,
cela ressort d’une édifiante étude (Esquire,
octobre 2013). Le risque pour un citoyen américain de mourir d’un attentat est :
- 85 fois inférieur à celui de périr dans une
fusillade,
- 262 fois inférieur... dans un incendie,
- 356 fois inférieur... lors d’une noyade,
- 1 595 fois inférieur... par homicide,
- 2 626 fois inférieur... par alcoolisme aigu,
- 3 468 fois inférieur... par accident de voiture.
Barack Obama l’affirme clairement à la National
Defense University le 23 mai 2013 : “Aujourd’hui,
le noyau dur d’al-Qaïda en Afghanistan et au
Pakistan est en déroute. Ses dirigeants en vie passent
plus de temps à se protéger qu’à comploter contre
nous. Ce résidu n’a pas ordonné les attentats de
Benghazi ni de Boston. Ils n’ont pu frapper sur notre
sol depuis le 9/11.”
Prétexte, la preuve : qu’ont de commun Benyamin
Netanyahu et Bachar al-Assad ? Ils “combattent le
terrorisme”. En Irak, le Premier ministre Maliki
exige la livraison d’avions américains F. 16 hightech, pour...“combattre le terrorisme”. L’universel
cyber-espionnage de Prism ? Washington “combat
le terrorisme”...
Les terroristes, eux, survivent comme mercenaires
d’Etats sunnites voulant “punir” l’Iran ou l’Irak, ou
comme ultimes et sanglants zombies. Exemple, le
raid des Shaabab de Somalie dans un centre
commercial de Nairobi en septembre 2013.
61 otages massacrés, dont des enfants démembrés, aux yeux crevés et au sexe arraché.
Qu’espèrent désormais de tels monstres ? Et qu’en
faire, hormis les éliminer au plus vite ?
Or face à ces mutations, face à ces moujahidinesbandits syriens vendant des tonnes d’amphétamines et s’enrichissant à coups d’enlèvements
crapuleux, les journaux d’information dépeignent
indéfiniment un “al-Qaïda” inchangé depuis 1995.
Le monde regorge désormais d’hybrides et ces
médias, incapables de repérer les apparitions et
de dépasser les apparences, sont aveugles à ce qui
est en devenir, à l’entièrement inhabituel.
Le nouvel Economiste - n°1699 - Du 31 janvier au 6 février 2014 - Journal d’analyse & d’opinion paraissant le vendredi
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