De la bonne eau à tout moment grâce à la supervision
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De la bonne eau à tout moment grâce à la supervision
052_054_SOL 19/10/05 Reportage Vu à la Lyonnaise des Eaux 14:49 Page 52 Solutions INFORMATIQUE INDUSTRIELLE Au centre de télécontrôle de Montegeron,le logiciel de supervision Topkapi a accès à 56.000 points d’informations des 685 sites techniques de Lyonnaise des Eaux dispersés dans le Sud Est de Paris. De la bonne eau à tout moment grâce à la supervision ▼ Au Montgeron en proche banlieue de Paris, le centre de télégestion de la Lyonnaise des Eaux veille à la qualité et à la continuité de l’approvisionnement en eau d’un million de personnes. Un rôle critique s’il en est mais assumé en toute sérénité grâce aux informations du terrain affichées en permanence sur les postes de supervision. L’application repose sur le superviseur Topkapi d’Areal, un partenaire “historique” très à l’écoute du besoin. Q ue d’eau! Que d’eau! On connaît tous le commentaire désemparé de Mac Mahon visitant une région inondée. Les temps ont changé. Et si l’on n’est pas à l’abri des inondations (il y en pratiquement chaque année), on parle surtout aujourd’hui de restrictions de la consommation. La qualité de l’eau consommée est également devenue une préoccupation. Au centre de télécontrôle de la Lyonnaise des L’essentiel Eaux/Suez à Montgeron Le centre de Montgeron (dans la banlieue de traite 56 000 points d’inforParis), on est très senmations issus de 685 sites sibilisé par ce double Le superviseur central et souci d’assurer une celui des 16 sous-centres continuité de l’approest identique : il s’agit de visionnement tout en Topkapi veillant à la qualité de L’aptitude du logiciel à répondre aux besoins parl’eau fournie. Le centre ticuliers et la réactivité de fonctionne 24 h/24, l’éditeur ont été des élétous les jours de l’anments déterminants dans née. Il assure l’ordonle choix nancement de la pro- 52 duction et de la distribution d’eau, gère l’affectation des ressources de façon à ce qu’il y ait une marge de sécurité satisfaisante pour garantir la continuité de service. La collecte et le traitement des eaux usées sont également sous sa responsabilité. On l’imagine, tout cela n’est pas simple à gérer. Et c’est d’autant moins simple que l’on travaille ici sur une grande échelle. Le centre de Montgeron est en effet responsable de l’alimentation en eau de 1 million de personnes dans les zones sud et est de la région parisienne (78, 91, 94 et 77). Il “gère” une zone géographique qui s’étend le long de la Seine entre Morsang sur Seine et la proche banlieue de Paris, mais aussi sur une bonne section de la Marne (les trois quarts de l’eau potable viennent en effet de ces rivières, le reste provient de la nappe souterraine de Champigny). 685 sites sont impliqués d’une façon ou d’une autre dans le réseau, aussi bien de l’eau potable que des eaux usées. Ces sites ont des rôles très diversifiés. Les plus importants, ce sont les 7 usines de traitement, souvent très importantes (celle de Morsang/Seine produit 225000 m3 d’eau par jour).A côté de ces usines, on trouve des réservoirs, des stations de pompage, des vannes, des petites stations d’épuration, des stations d’alerte placées sur les rivières (qui surveillent la qualité de l’eau). Toutes les informations présentes sur ces sites sont remontées en permanence au centre de Montgeron. Une équipe resserrée s’occupe de tout Quelques chiffres complémentaires vont permettre de mieux saisir l’ampleur de l’application. Les 685 centres représentent 56000 points d’informations,17300 alarmes, 5400 télécommandes auxquels s’ajoutent des signalisations et autres types de signaux. Gérer une telle complexité, qui plus est sur une zone géographique étendue avec toutes les contraintes de communications que l’on imagine, que la tâche n’est pas simple. Et il faut en plus une sûreté de fonctionnement à toute épreuve. Pourtant, c’est l’affaire d’une petite équipe, animée par Jean-Marc Ponté, chef d’agence de production. « L’équipe chargée du contrôle de process à Montgeron compte trois personnes. MESURES 778 - OCTOBRE 2005 - www.mesures.com 052_054_SOL 19/10/05 14:49 Page 53 Solutions Il est possible d’accéder au réseau à l’aide de n’importe quel PC,de n’importe quel endroit.Il faut bien entendu disposer des autorisations d’accès nécessaires. Un certain nombre de vues d’écran,ainsi que des images vidéo fournies par des caméras,sont affichées sur le panneau mural de la salle de télésurveillance. Les écrans plats de grande taille restituent un maximum d’informations.Grâce à un système de gestion d’alarmes sophistiqué, seules les alarmes urgentes sont affichées. C’est elle qui décide des choix techniques en automatismes, informatique industrielle et électricité pour l’ensemble des installations,c’est elle également qui décide des actions à mener pour que l’architecture déployée soit stable. Cette équipe est autonome, elle sait trouver des solutions s’il y a une modification à faire,elle fait des suggestions d’améliorations », commente M. Ponté. Cette équipe est également impliquée dans l’exploitation. Elle est relayée sur le terrain par d’autres équipes, plus particulièrement dans les usines. Mais réduites ici aussi au maximum. Dans chaque usine, il y a un instrumentiste et un automaticien. « C’est très important d’avoir un spécialiste qui vive au jour le jour le fonctionnement de l’usine,qui maîtrise les automates programmables et les réseaux de communication.Il se charge aussi de la maintenance,de la sauvegarde des données, de la formation du personnel, etc. », argumente M. Ponté. Cette maîtrise technique en interne est jugée indispensable, compte tenu de la criticité du process de la livraison de l’eau (en terme de disponibilité des installations et de qualité du produit livré). Il faut en particulier être capable de réagir très vite : en trois heures de temps, l’eau passe de la Seine au robinet… Il y a des équipes d’astreinte mobilisables 24 h/24. Un électricien, un automaticien et un responsable de traitement de l’eau (capable d’intervenir sur les réglages du traitement de l’eau) peuvent intervenir à tout moment si nécessaire. Pour autant, tout n’est pas fait “avec les moyens du bord” : environ la moitié des tâches de programmation est sous-traitée. Par ailleurs, chacun des 35 centres de Lyonnaise des Eaux/Suez peut s’appuyer sur les études menées au Cirsee (Centre International de Recherche Sur l’Eau et l’Environnement) qui fait de la veille technologique, recommande des solutions techniques et assure une assistance technique. Mais il n’impose pas de choix technique. Il est vrai que Lyonnaise des Eaux s’est beaucoup construite par acquisitions de sites, qui avaient leur propre histoire en matière d’automatismes, avec souvent des marques d’automates (et notamment des automates de télégestion) différentes. On ne change pas un automatisme pour le simple plaisir d’homogénéiser… Dans ce contexte, le logiciel de supervision Topkapi d’Areal fait un peu figure d’exception : la majorité des sites en est équipé, ce qui représente plusieurs centaines de licences… Compte tenu que chaque centre dispose d’une large autonomie pour ses choix techniques, cette telle unanimité ne doit rien au hasard. Industar, qui a disparu depuis), du moins pour les gros sites. Pour les applications plus modestes, le Cirsee est séduit par une solution présentée par Pierre Lamarle (aujourd’hui à la tête d’Areal) qui avait développé un petit tableur dynamique avec possibilité de représenter des courbes. C’est ainsi qu’est né au milieu des années 80 ce qui allait devenir Topkapi.A la fin des années 80, au moment du basculement de la supervision sur PCn le marché du PC et de la supervision était extrêmement actif, il y avait pléthore d’acteurs sur le marché, souvent éphémères. Areal était encore modeste, son logiciel peu connu. « Mais nous savions que nous pouvions lui faire confiance. La société nous semblait sérieuse et pérenne, elle nous apportait déjà une bonne qualité du service. Nous étions également très sensibles au fait qu’elle accédait à nos demandes pour faire évoluer son produit,en partenariat.Ce qui n’était pas si évident car,pour notre métier,car nous avons des besoins un peu spécifiques », se souvient M. Ponté, qui travaillait alors au Cirsee. Et de citer comme exemple le calendrier d’astreinte que Topkapi a été le premier à intégrer : le système peut contacter la bonne personne au bon moment, il gère toute la procédure de communication avec le réseau commuté. M. Ponté note aussi avec satisfaction les évo- Répondre à des besoins très particuliers L’histoire commence au milieu des années 80. Jusque-là, la surveillance était assurée à l’aide d’enregistreurs papier, des tableaux avec des boutons-poussoirs étaient utilisés pour enclencher des actions. Il fallait moderniser et bien sûr Lyonnaise des Eaux étudie ce qui se passe alors sur le marché. A l’époque, le PC en est encore à ses débuts. Les solutions de supervision réellement opérationnelles tournent uniquement sur miniordinateurs. Lyonnaise des Eaux choisit une solution de supervision (avec le logiciel MESURES 778 - OCTOBRE 2005 - www.mesures.com Reportage Vu à la Lyonnaise des Eaux Parmi les 685 sites techniques figurent les centrales de surveillance de la qualité de l’eau.Celles-ci jouent un rôle important,d’autant qu’elles sont placées en amont de Paris. 53 052_054_SOL 19/10/05 Reportage Vu à la Lyonnaise des Eaux 14:49 Page 54 Solutions lutions techniques qui ont été apportées au fil des ans, avec la prise en compte des nouvelles possibilités offertes par les technologies de l’informatique : « Par exemple, avec les serveurs web, nous avons gagné en souplesse au niveau de l’exploitation.Autre exemple,la relation client/serveur de Topkapi est beaucoup plus accomplie que celle que l’on trouve sur bien des superviseurs :ainsi,par exemple,lorsque l’on ouvre une application client, les courbes s’affichent immédiatement à l’écran,il n’y pas besoin d’attendre… ». gées en permanence ont été réduites au strict minimum nécessaire pour limiter la consommation de bande passante (les débits d’information) sur les liaisons Transfix; les frontaux de communication ont été remplacés par des cartes Applicom de Woodhead, dans lesquelles le transfert est plus facile à paramétrer, et qui mettent leurs données à la disposition de Topkapi par un serveur OPC. Par ailleurs, les échanges d’information entre Un déploiement à très grande échelle Sur la zone gérée par le centre de télécontrôle de Montgeron,Topkapi est bien sûr présent sur le centre mais aussi dans les souscentres localisés un peu partout, qui font en quelque sorte de concentrateur des informations des différents sites techniques. Il y a 16 sous-centres en tout (3 des 7 usines font office de sous-centres). Les communications entre les sous-centres et le centre de télécontrôle sont assurées par une ligne Transfix à 128 Kbit/s. Entre les sous-centres et les 685 stations techniques, on trouve un peu de tout : liaisons spécialisées, réseau commuté (RTC), sans fil GSM… La disponibilité et la continuité de service sont des critères essentiels. Dans les usines, les serveurs Topkapi sont raccordés sur des réseaux Ethernet à fibre optique qui assurent une redondance naturelle. Il y a systématiquement deux serveurs, qui ont une double configuration maître/esclave : s’il y a un problème sur le serveur maître, le serveur esclave passe en mode maître. Dans les usines, des Tablet PC avec liaisons Wi-Fi permettent au travers du superviseur Topkapi de visualiser l’état des process depuis n’importe quel endroit dans l’usine. Elles permettent aussi D’autres applications En marge de la supervision classique des installations, le centre de Montgeron met en œuvre d’autres applications développées par la Lyonnaise des Eaux. C’est le cas par exemple d’Emeraude, pour la conduite de l’optimisation de la production (Topkapi est utilisé comme interface opérateur). Autre exemple, Saphir permet de simuler le système de production et de transport d’eau potable. Citons enfin Pollux, le logiciel de simulation de la pollution de la Seine (la Seine a été modélisée, et il est possible de définir les conséquences d’une pollution en fonction du type de polluant et du débit du fleuve). 54 On voit ici deux exemples de sites techniques gérés par le centre de télécontrôle de Montgeron.Ci-dessus les réservoirs d’eau de Belle Etoile et à droite l’usine de Vigneux sur Seine. d’accéder aux données disponibles sur les serveurs Web qui équipent certains automates de Schneider Electric. Le centre de Montgeron, qui centralise tout, a bien sûr accès aux différents serveurs Topkapi présents dans les sous-centres. Il dispose lui-même de trois postes serveurs en redondance. Un simple clic à l’écran permet d’accéder à l’application et aux informations de détail d’un sous-centre. « Depuis Montgeron, les opérateurs pilotent avec le même détail d’information que les opérateurs des sites,comme s’ils étaient sur place », résume M. Ponté. Si la liaison Transfix avec un sous-centre est coupée, ou si un problème gravissime survenait à Montgeron (un incendie par exemple), il existe une solution de secours. Un PC portable, équipé d’un modem classique, permet d’avoir accès à l’ensemble des informations des serveurs Topkapi, de n’importe où.Toute station Topkapi cliente peut accéder à l’ensemble des serveurs connectés sur le réseau, sans paramétrage local. A condition d’avoir les autorisations d’accès, bien entendu. Au fil du temps, la procédure de transfert des informations entre les sous-centres et le centre de Montgeron a beaucoup évolué. A l’origine, toutes les informations transitaient par les automates, ce qui nécessitait de disposer au centre de Mongeron de deux automates frontaux de communication qu’il fallait en permanence tenir à jour (tâche coûteuse en temps), et qui avaient été rapidement saturés en termes de volume d’information. De grosses quantités de données devaient être téléchargées en permanence (“polling”) pour être tenues à la disposition de l’ensemble des équipements de supervision du Centre.Toutes les modifications élémentaires dans un sous-centre devaient être propagées aux automates frontaux et dans toutes les stations de traitement qui les utilisaient. Aujourd’hui, les données élémentaires échan- postes Topkapi sont très peu consommateurs de bande passante car ils n’ont lieu que lorsque les données sont demandées, et sur exception (sur variation des valeurs à transmettre). Les modifications au sein d’une usine n’induisent des modifications que dans l’application du sous-centre (unicité de la modification), la mise à jour de la supervision du centre de Montgeron se produit automatiquement la nuit, ce qui, pour l’opérateur et les techniciens, est devenu transparent par rapport à ce qu’ils connaissaient auparavant. Une petite remarque enfin, concernant la gestion des alarmes. Ceux qui ont l’habitude de visiter des installations de conduite de process sont toujours frappés par l’abondance des alarmes (et, malgré tout, le comportement souvent flegmatique des opérateurs…). A Montgeron, il n’y a pas ce problème : il y a peu d’alarmes affichées, ce qui peut paraître surprenant au regard de l’abondance des informations qui sont suivies (56000, rappelons-le). L’explication vient du traitement des alarmes par le système : « Les alarmes en cascade sont gérées par le système.De plus,on n’affiche que les alarmes qui appellent une intervention urgente.Pour d’autres types d’alarme,l’affichage est principalement réalisé dans les sous-centres. D’autre part, le caractère d’urgence peut varier de façon contextuelle :si le stock de chlore passe en niveau bas le mercredi, ce n’est pas grave, nous avons le temps d’intervenir avant la fin de la semaine. Si c’est le vendredi après-midi,le caractère d’urgence devient plus sévère,parce qu’il n’y pas d’approvisionnement prévu normalement le week-end.Là aussi,l’alarme n’est affichée que si elle est urgente… », explique M. Ponté. Jean-François Peyrucat MESURES 778 - OCTOBRE 2005 - www.mesures.com