MINISTERE DES AFFAIRES SOCIALES ET DU TRAVAIL (MAST

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MINISTERE DES AFFAIRES SOCIALES ET DU TRAVAIL (MAST
MINISTERE DES AFFAIRES SOCIALES ET DU TRAVAIL (MAST)
CABINET DU MINISTRE
« A l’occasion de la fête du travail et de l’agriculture»
01.05.15
Discours du Ministre Victor Benoit
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Mesdames, Messieurs,
Aujourd’hui c’est la fête nationale du travail et de
l’agriculture.
Aujourd’hui c’est l’occasion de célébrer toutes
celles et tous ceux qui ont un emploi, que ce soit
dans l’industrie, le commerce – formel et informel,
l’agriculture et l’administration publique.
Aujourd’hui c’est, en principe, jour de joie pour
toutes celles et tous ceux qui ont le privilège de
vivre dans la dignité de gagner leur vie à la sueur
de leur front.
Animé par l’effervescence de la commémoration et rempli de cette humble fierté qui caractérise
nos « Gouverneurs de la rosée », je suis heureux de participer en première ligne au lancement
des activités de célébration relatives à la fête du travail et de l’agriculture du 1e Mai 2015. Heureux
de participer à toutes les étapes prévues par le Comité d’organisation, au nom de l’Etat haïtien : le
Te Deum, la marche des ouvrières et des ouvriers, la foire artisanale, agricole et gastronomique
qui constitue le cœur de nos activités festives ; sans oublier la partie culturelle et le défilé de mode
féminine.
Mesdames, messieurs,
Je voudrais que vous compreniez sans aucune ambigüité que l’admiration que j’éprouve et que
j’exprime à l’endroit du peuple haïtien en ce moment n’est pas le fait d’un jour mais émane d’une
kyrielle de constats que je suis amené à faire quotidiennement en tant que simple citoyen, père de
famille, éducateur et homme politique. Ces constats quotidiens ont ancré au plus profond de mon
être la conviction suivante : Nous sommes un peuple de rudes travailleurs. Nous travaillons sous
le soleil ardent des Tropiques. Nous travaillons sous les pluies battantes de la Caraïbe. Nous
travaillons depuis le premier chant des coqs pour annoncer l’arrivée de l’aurore jusqu'{ l’angélus
du soir, et même, pour certains, jusqu'à une heure avancée de la nuit. Nous travaillons avec ardeur
et avec la conscience aigüe que nous comptons parmi celles et ceux à qui il est exigé « plus de
devoirs que d’autres ».
A ce peuple qui travaille avec autant d’acharnement je dis honneur et respect. A ces mères et à ces
pères de famille qui travaillent avec autant de courage, je dis honneur et respect. A toutes ces
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paysannes et tous ces paysans qui se battent avec la terre, de plus en plus rebelle, pour lui
arracher le peu qu’elle arrive à donner, je dis honneur et respect. Je sais toute la détermination
qu’il faut avoir pour parvenir à se lever chaque matin et aller travailler dans les parcs industriels
de la SONAPI, de Caracol et de Ouanaminthe. Voilà pourquoi je dis honneur et respect pour toutes
les ouvrières et tous les ouvriers de la sous-traitance. Je sais aussi que dans notre pays soumis aux
risques multidimensionnels, ce n’est pas du tout facile de devenir un entrepreneur, une patronne,
un patron, et de réussir. C’est pour cela que je dis honneur et respect pour toutes les femmes et
tous les hommes d’affaires qui contribuent à la création de la richesse et des emplois dans le pays.
Honneur et respect pour celles et ceux qui évoluent dans le secteur informel, pour celles et ceux
qui sont les cadres supérieurs de l’administration publique et des entreprises privées, pour celles
et ceux qui sont les artistes grâce auxquels nous renouons avec le sens de l’esthétique et du beau,
pour celles et ceux qui sont des sportives, des sportifs, qui nous montrent les chemins de l’effort et
de l’excellence. Un honneur spécial et un respect prononcé pour les enseignantes et les
enseignants du système éducatif haïtien. Leur travail et leur dévouement n’ont pas de prix.
A toutes les travailleuses et à tous les travailleurs de la République je dis honneur et respect. Je
vous invite toutes et tous à continuer sur la même lancée. Continuez à travailler durement.
Continuez à gagner votre vie par la force de vos bras et l’intelligence de votre tête.
Cependant, en vous faisant cette invitation, je ne puis m’empêcher d’éprouver une certaine
tristesse. En effet, en vous invitant à demeurer des citoyennes laborieuses et des citoyens
industrieux, j’éprouve un certain malaise. Je suis mal à l’aise car j’ai le sentiment d’inviter la
grande majorité d’entre vous a effectuer un exercice de Sisyphe ; c’est-à-dire, obligé de
recommencer les mêmes efforts a chaque fois, sans atteindre les résultats attendus. Je m’inquiète
qu’au bout du compte vous finissiez par vous décourager à force de recommencer votre combat
pour la vie tous les jours. Je m’inquiète qu’{ la longue vous baissiez les bras de découragement en
croyant que tous ces efforts que vous fournissez chaque jour, tout ce travail que vous
accomplissez sans relâche ne soit inutile, dépourvu d’effets allant dans le sens d’une amélioration
substantielle de vos conditions matérielles d’existence. Le Ministre des Affaires Sociales et du
Travail que je suis est particulièrement bouleversé au regard des statistiques de la pauvreté qui
traduisent une réalité a la fois criante et désolante : la majorité des de celles et ceux qui ont
emploi, sont des travailleurs pauvres. Ils sont plus de 60% à percevoir un revenu inférieur au
salaire minimum. 75% de celles et ceux qui exercent des métiers comme le commerce, la
construction et autres activités relevant du secteur des services sont des pauvres. 76% de ceux qui
travaillent dans le secteur agricole sont pauvres.
Mesdames, Messieurs,
Voilà ce qui est mentionné, mot pour mot, dans le dernier rapport de la Banque Mondiale sur la
pauvreté en Haïti :
« On ne constate aucune différence statistiquement significative dans les taux de pauvreté entre les
actifs et les chômeurs »
Ce qui revient à dire Mesdames, Messieurs, que celles et ceux qui travaillent subissent les
contrecoups de la pauvreté de la même manière que celles et ceux qui ne travaillent pas et qui se
retrouvent au chômage.
Le chômage justement. Tel est l’objet de ma plus grande préoccupation en tant que Ministre des
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Affaires Sociales et du Travail en Haïti dans un contexte électoral. Le chômage renforce la
vulnérabilité de la population et l’expose à toutes sortes de risques, à toutes sortes de
rabaissements. Le chômage crée un sentiment d’injustice chez celles et ceux qui en subissent les
effets. C’est normal que nos chômeuses et nos chômeurs se sentent frustrés et en colère. Surtout
s’ils sont trop nombreux. 60% des jeunes qui cherchent un emploi n’arrivent pas a en trouver.
50% des femmes en âge de travailler sont actuellement exclues du marché de l’emploi. Ce n’est
pas logique d’avoir des taux de chômage aussi élevés dans un pays si riche en potentialités et avec
autant de chantiers à reconstruire après le séisme du 12 janvier 2010. Il y a tellement de travail à
faire dans chaque section communale, dans chaque commune, dans chaque département,
qu’aucune citoyenne haïtienne, qu’aucun citoyen haïtien ne devrait se retrouver au chômage,
encore moins en situation de pauvreté.
Mais la situation est celle qu’elle est. Nous ne pouvons pas l’ignorer. Nous n’avons pas non plus le
droit de l’adresser avec légèreté. C’est une situation grave face à laquelle il faut prendre des
mesures d’ordre structurel et inscrites dans la longue durée. C’est tout le sens du thème que nous
avons retenu cette année pour la célébration de la fête du travail : « Ann fè solidarite nan travay
ak nan agrikilti pou devlope Ayiti ». La solidarité, Mesdames, Messieurs, voici la principale porte
de sortie de la situation critique dans laquelle nous nous retrouvons en ce moment. La solidarité
des uns envers les autres, en vue d’une redynamisation des liens sociaux. La solidarité pour un
meilleur partage de la richesse nationale. La solidarité dont je parle ici ne se limite pas à celle de la
famille envers le proche parent, ni à celle qui caractérise les rapports de bon voisinage, ni à celle
de l’amitié. Elle englobe tout cela et elle concerne aussi et surtout la solidarité qui doit être
institutionnalisée par l’Etat à travers des mécanismes de protection sociale.
Ce que je suis en train de dire, en ce jour de célébration de la fête du travail, c’est que l’Etat haïtien
doit mettre en place des mécanismes solides qui contribuent à la protection des jeunes, des
femmes, des ruraux, contre les risques de et du chômage. Cela passe par l’aide à la formation
professionnelle et à l’insertion socioéconomique.
Ce que je suis en train de dire, en ce jour de célébration de la fête du travail, c’est que l’Etat haïtien
doit garantir des conditions de travail décent dans tous les secteurs du pays, pour les ouvrières et
les ouvriers du secteur de la sous-traitance en particulier. Cela implique l’adoption d’un salaire
minimum adapté à l’évolution du coût de la vie. Cela implique l’accès pour les travailleuses et les
travailleurs à des services sociaux de base, notamment des soins de santé, des logements sociaux,
le transport.
Ce que je suis en train de dire, en ce jour de célébration de la fête du travail, c’est que l’Etat haïtien
devrait s’orienter vers un renforcement de ses bases de données sur les chômeurs et les
travailleurs. Cela aiderait à établir un Registre Unique des Bénéficiaires de la Protection Sociale en
Haïti. Cela aiderait à mieux définir et à mieux implémenter les politiques sociales qui se déclinent
en termes d’assistance sociale et de sécurité sociale.
Ce que je suis en train de dire, en ce jour de célébration de la fête du travail, c’est qu’il y a urgence
à convoquer les Etats Généraux de la Protection Sociale en Haïti, en vue de se concerter sur les
nouvelles stratégies à adopter pour protéger nos chômeurs contre les risques de l’exclusion
sociale et nos travailleurs contre les risques de la pauvreté.
Au niveau du Ministère des Affaires Sociales et du Travail, l’ensemble des employés, des cadres
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supérieurs et moi-même, nous travaillons d’arrache-pied pour que les prochaines fêtes du 1e Mai
soient célébrées dans plus de joie, avec un plus grand nombre de travailleurs et des travailleurs
bien dotés en matière de protection sociale. Nous sommes convaincus qu’avec l’appui du
Président de la République, SEM Michel Joseph Martelly et celui du Premier Ministre, SEM
Evans Paul, nous arriverons à poser les bases qui contribueront à long terme à améliorer en
profondeur les conditions de travail de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs d’Haïti.
En ce jour de célébration de la fête du travail, voici le rêve que je partage avec vous : que 95% des
citoyennes haïtiennes et des citoyens haïtiens en âge de travailler aient accès à un travail décent à
l’avenir. Cela est possible et la seule façon d’y parvenir c’est dans la solidarité.
Merci et bonne fête du travail et de l’agriculture à toutes et à tous.
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