Discrepant Thyroid Function Test Results in a 44-Year
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Discrepant Thyroid Function Test Results in a 44-Year-Old Man Résultats discordants des tests thyroïdiens chez un homme âgé de 44 ans Julio Leey1,* et Philip Cryer2 Affiliations des auteurs 1 Diabetes and Endocrine Care of Alton, BJC Medical Group, Alton, IL; Division of Endocrinology, Metabolism and Lipid Research, Washington University School of Medicine, St. Louis, MO. 2 *Adresser toute correspondance à cet auteur à : Diabetes and Endocrine Care of Alton, BJC Medical Group, 2 Memorial Dr., Suite 203, Alton, IL 62002. Fax 618-433-6179; e-mail [email protected]. DESCRIPTION DU CAS Un homme de race blanche âgé de 44 ans a été hospitalisé dans notre établissement pour une augmentation de la concentration des hormones thyroïdiennes et des signes généraux à type de fatigue et de douleurs musculaires depuis 6 semaines. Quatre semaines avant son admission, le médecin traitant du patient avait trouvé un goître diffus et prescrit un dosage des hormones thyroïdiennes (Tableau 1). Deux semaines plus tard, le patient a présenté des douleurs musculaires généralisées et a commencé à perdre du poids (4,5 kilogrammes jusqu'au jour de son admission). La veille de son admission, il avait de la fièvre et de la diarrhée. Il a été alors hospitalisé avec une suspicion d'hyperthyroïdie sévère. Tableau 1. Résultats des dosages d'hormones thyroïdiennes.a Valeurs de référence Quatre Deux ans Jour de 2ème des analytes, unités semaines avant son son jour à conventionnelles avant son admission admission l'hôpital (unité SI) admission T4 totale 5,6 à 13,6 μg/dl (72 à 176 nmol/l) ↑17,0 ↑14,6 -220 -188 1 T3 totale 60 à 181 ng/dl (0,92 à 2,79 nmol/l) ↑282,4 ↑281,1 -4,34 -4,35 ↑366,8 -5,65 T4 libre 0,8 à 1,91 ng/dl (10,3 à 24,7 pmol/l) ↑3,3 ↑2,2 -42,4 ↑2,0 -29,6 -25,7 T3 libre 227 à 420 pg/dl (3,5 à 6,47 pmol/l) TSH 0,5 à 5 mU/l ↑733,7 -11,3 1,6 1,2 Les antécédents médicaux du patient comprenaient une “hyperthyroïdie” et un goître diagnostiqués à l'âge de 24 ans. Depuis, il a pris de façon intermittente du propylthiouracile pendant de courtes périodes. À l'âge de 34 ans, le patient a présenté uneanxiété, une tachycardie et des douleurs musculaires. Un traitement à l'iode radioactif n'a provoqué aucune amélioration des symptômes ni du goitre. Quelques mois plus tard, un nouveau traitement à l'iode radioactif n'a pas entraîné plus de résultatsL'anxiété et les accès de tachycardie, ont été traités en intermittence avec du propylthiouracile pendant de courtes périodes sans succès. Il a également présenté des migraines vasculaires chroniques. À l'admission, les signes généraux du patient étaient les suivants : température, 37 °C ; pouls, 94/min ; pression sanguine, 140/70 mm Hg. Il présentait un goître diffus, avec une thyroïde augmentée d'environ 4 fois par rapport à la normale. Le patient ne présentait pas d'exophtalmie, de ptose palpébrale, de tremblements, ni d'hyper-réflexivité. La texture de sa peau était normale. Le jour suivant, le pouls était à 80/min, et la pression sanguine à 120/70 mm Hg. La fièvre et les diarrhées avaient disparu, et il n'était plus fébrile. QUESTIONS A PRENDRE EN CONSIDERATION 1. Dresser la liste principales causes de goître, avec augmentation des valeurs de T4 libre et de T3 libre,et un résultat normal de TSH. 2. Quels examens biologiques pourraient être prescrits pour aider à déterminer la cause de ces résultats ? 3. Quel est le rôle des données cliniques dans la confirmation du diagnostic ? 4. Existe-t-il un diagnostic moléculaire qui puisse aider à confirmer le diagnostic ? Une étude des résultats discordants des tests thyroïdiens a été engagée. 2 DISCUSSION DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL L'association d'un goître et d'une augmentation des concentrations de thyroxine libre (T4)3 et de triiodothyronine libre (T3) sans diminution de la thyréostimuline (TSH) fait suspecter 4 affections: (a) une hyperthyroïdie avec une fausse augmentation de la TSH due à une interférence immunologique ; (b) une euthyroïdie avec une fausse augmentation des hormones thyroïdiennes due à une interférence immunologique ou à une anomalie de liaison aux protéines de transport ; (c) une tumeur hypophysaire sécrétant de la TSH ; et (d) une résistance aux hormones thyroïdiennes. De fausses augmentations de la TSH et de la T4 libre dues à une interférence immunologique ont déjà été décrites dans ce journal (1, 2). Chez les patients ne présentant aucun signe clinique d'hyperthyroïdie, une discordance entre les concentrations des hormones thyroïdiennes et de la TSH fait fortement suspecter une interférence immunologique dans le dosage soit de la TSH soit des hormones thyroïdiennes. Les patients présentant des troubles auto-immuns sous-jacents peuvent développer des anticorps dirigés contre soit les hormones thyroïdiennes directement (c'est-à-dire, des auto-anticorps dirigés contre les hormones thyroïdiennes) soit les anticorps animaux (anticorps hétérophiles) utilisés dans les tests immunologiques, qui affectent plus souvent les immunodosages (comme ceux utilisés pour le dosage de la TSH). Le dosage des hormones thyroïdiennes libres par dialyse à l'équilibre et le dosage de la TSH par une autre méthode commerciale représentent des approches qui peuvent permettre d'exclure l'hypothèse d'une interférences analytique (1, 2). Toutefois, la présence des symptômes cliniques et du goître chez ce patient suggèrent une autre cause à ces résultats discordants. L'hyperthyroxinémie dysalbuminémique familiale s'accompagne d'une augmentation de la concentration de la T4 totale, due à une augmentation de la liaison de la T4 à l'albumine ; toutefois, ces patients sont habituellement asymptomatiques et ont une thyroïde normale (3). Les patients porteurs de tumeurs hypophysaires sécrétant de la TSH présentent des signes évidents d'hyperthyroïdie et ont souvent une thyroïde hypertrophiée. Ces tumeurs très rares sont habituellement d'une taille supérieure à 10 mm et provoquent un dysfonctionnement des autres hormones hypophysaires à cause de l'accroissement de la tumeur et de la compression des structures environnantes (4). Une I.R.M. de l'hypophyse est indiquée pour exclure cette affection peu courante. Un écueil de cette approche est lié à la présence d'incidentalomes. Des incidentalomes de l'hypophyse sont détectés chez 10 % à 20 % des patients subissant une I.R.M. cérébrale pour une autre raison. La majorité d'entre eux sont d'une taille inférieure à 10 mm, et ils ne provoquent pas de symptômes d'hyperthyroïdie sauf s'ils sécrètent de la TSH (4). Si la suspicion de tumeur hypophysaire sécrétant de la TSH est élevée, un dosage de la sous unité α libre de la TSH confortera ce diagnostic. La concentration sérique de la protéine de liaison des hormones sexuelles (sex-binding globulin) est augmentée dans les hyperthyroïdies comme les tumeurs hypophysaires sécrétant de la TSH, tandis qu'elle est normale chez les patients souffrant d'une résistance aux hormones thyroïdiennes (5). 3 La résistance aux hormones thyroïdiennes ne donne pas de manifestations cliniques spécifiques. Les manifestations sont variables, et les signes d'une insuffisance et d'un excès hormonal peuvent souvent coexister chez le même patient. Des signes relativement fréquents de ce syndrome sont un goître (66 % à 95 % des patients), une tachycardie (33 % à 75 %), une hyperactivité (33 % à 68 %), des troubles de l'apprentissage (30 %), et une petite taille (18 % à 25 %) (6). La maladie a une base génétique autosomique dominante, si bien que les antécédents médicaux du patient sont utiles : 80 % des patients ont un parent souffrant de la même affection. Lors d'un nouvel interrogatoire, le patient nous a révélé que sa mère, sa grand-mère et sa fille avaient toutes les trois un goître et étaient traitées pour une hyperthyroïdie. Malheureusement, nous n'avons pas pu obtenir leurs dossiers médicaux. La présence d'un goître, d'une augmentation des hormones thyroïdiennes (T4 et T3), et l'absence de caractères cliniques cohérents d'hyperthyroïdie manifeste ont été des indices importants pour poser le diagnostic chez notre patient. L'I.R.M. cérébrale a exclu une tumeur hypophysaire sécrétant de la TSH. La recherche d'anticorps bloquants hétérophiles sériques avec le "Scantibodies Heterophilic Blocking Tube" n'a pas modifié les résultats de la TSH, suggérant l'absence d'interférence d'anticorps hétérophiles. Quest Laboratories a réalisé une analyse génétique. Les exons 3 à 10 du gène THRB4 (récepteur bêta des hormones thyroïdiennes) ont été amplifiés à partir de l'ADN génomique par PCR et séquencés. Notre patient était hétérozygote pour une mutation dans le gène THRB, avec la substitution d'un résidu Ala par un résidu Thr en position 317 dans la protéine, confirmant le diagnostic clinique d'une résistance aux hormones thyroïdiennes. L'évaluation de la réponse biochimique à l'administration de 3 doses croissantes de l-T3 pendant 3 jours est la meilleure façon d'établir le diagnostic clinique de résistance aux hormones thyroïdiennes (6). Malheureusement, notre patient ne s'est pas présenté au service d'endocrinologie pour son suivi. MECANISME D'ACTION La signalisation des hormones thyroïdiennes est complexe et étroitement régulée, grâce à l'expression cellulaire et tissulaire spécifique de transporteurs des hormones thyroïdiennes , aux isoformes des récepteurs des hormones thyroïdiennes, et à l'interaction avec des corépresseurs et des coactivateurs. THRA (récepteur alpha des hormones thyroïdiennes) et THRB codent les récepteurs des hormones thyroïdiennes THRA et THRB, avec pour chacun des profils différents d'expression génique et des produits d'épissage différents. De nombreuses actions des hormones thyroïdiennes aboutissent à la potentialisation d'autres voies de signalisation, comme la signalisation adrénergique et celle des récepteurs nucléaires métabolo-sensibles (7). Les mutations de la protéine THRB expliquent 85 % à 90 % des cas de résistance aux hormones thyroïdiennes. La physiopathologie des 10 % à 15 % des cas restants demeure inconnue, mais il est plausible que des mutations des cofacteurs qui interagissent avec les récepteurs des hormones thyroïdiennes jouent un rôle (3). Plus de 1000 patients et plus de 370 familles souffrant d'une résistance aux hormones thyroïdiennes ont été décrits dans la littérature (8). 4 Les réccepteurs de THRB mutés présentent soit une réduction de l'affinité pour la T3 soit une altération de l'interaction avec l'un des cofacteurs de l'action des hormones thyroïdiennes. Notre patient présentait une mutation qui affecte le résidu d'acide aminé 317, localisé dans une région impliquée dans la fixation de la T3 et empêche une liaison appropriée. La substitution de Ala par Thr en position 317 a été rapportés dans 29 familles (8). Le gène THRA est exprimé dans le cœur et l'os, le variant d'épissage 1 de THRB dans le cerveau, le foie et le rein, et le variant d'épissage 2 de THRB dans l'hypothalamus et l'hypophyse. L'expression tissu spécifique des gènes codant les différents récepteurs éclaire les symptômes hyperthyroïdiens et hypothyroïdiens contradictoires. Une anomalie de THRB mène à un excès d'hormone, activant THRA et conduisant à des manifestations cardiaques et squelettiques. Des études ont montré que des souris invalidées pour THRB souffraient de tachycardie et que des souris invalidées pour THRA présentaient une diminution du rythme cardiaque (9). Ces résultats ne sont pas cohérents avec ceux trouvés chez les êtres humains, et, qui plus est, des membres atteints de la même famille présentent des symptômes et des signes différents (7, 8). La réduction de l'affinité du récepteur des hormones thyroïdiennes mène à une réduction de la rétroaction des hormones thyroïdiennes, compensée par une sécrétion supérieure de TSH. À l'équilibre, les hormones thyroïdiennes sont augmentées, mais la TSH n'est pas réprimée. Chez les patients présentant une résistance aux hormones thyroïdiennes, l'activité biologique de la TSH est augmentée, ce qui peut expliquer la présence d'un goître (10). ASPECTS CLINIQUES Un goître apparaît lorsque la thyroïde tente de produire davantage d'hormones thyroïdiennes pour surmonter la résistance. La tachycardie pousse 25 % des adultes souffrant d'une résistance aux hormones thyroïdiennes à consulter un médecin (6). Sur le plan biologique, l'augmentation des concentrations de T4 et T3 accompagnée de concentrations normales de TSH est typique, à moins que le patient ait été traité auparavant avec succès par chirurgie ou iode radioactif. Dans ce cas, les symptômes d'hypothyroïdie prédominent, et la concentration de TSH est augmentée. Notre patient avait été traité deux fois par l'131I quelques années auparavant. La chirurgie et l'iode radioactif sont inefficaces. Il n'existe pas de traitement spécifique pour corriger l'anomalie sous-jacente ; le traitement est uniquement symptomatique. Le symptôme le plus courant est la tachycardie sinusale, qui est présente chez 35 % à 75 % des patients et peut être traitée par un β-bloquant comme l'aténolol. Les autres symptômes, comme les tremblements, l'intolérance à la chaleur et la transpiration, peuvent également être améliorés par l'aténolol (6). Un traitement par l-T3 un jour sur deux n'a pas permis de diminuer la sécrétion de la TSH ni la taille du goitre. POINTS A RETENIR • La résistance aux hormones thyroïdiennes est une maladie autosomique dominante rare provoquée principalement par des mutations de l'isoforme β du récepteur des hormones thyroïdiennes. 5 • • • Le diagnostic est basé sur une augmentation de la concentration des hormones thyroïdiennes, une concentration normale de TSH, et des symptômes d'hyperthyroïdie bénins ou absents. Une interférence immunologique doit être envisagée si des résultats discordants des tests thyroïdiens sont obtenus. Un test génétique est disponible et peut identifier jusqu'à 85 % des patients souffrant d'une résistance aux hormones thyroïdiennes. Le diagnostic approprié de cette affection évite tout traitement inutile par ablation radioactive ou chirurgie. Notes 3 Abréviations non standard : T4, thyroxine ; T3, triiodothyronine ; TSH, thyréostimuline. 4 Gènes humains : THRB, récepteur bêta des hormones thyroïdiennes ; THRA, récepteur alpha des hormones thyroïdiennes. Contributions des auteurs : Tous les auteurs ont confirmé avoir contribué au contenu intellectuel de cet article et avoir satisfait aux 3 exigences suivantes : (a) des contributions significatives à la conception et à la mise en forme, à l'acquisition des données ou à l'analyse et à l'interprétation des données ; (b) la rédaction ou la correction de l'article pour son contenu intellectuel ; et (c) l'approbation finale de l'article publié. Divulgations ou conflits d'intérêt potentiels des auteurs : Lors de la soumission du manuscrit, tous les auteurs ont complété le formulaire de divulgation d'auteur. Divulgations et/ou conflits potentiels d'intérêt : Emploi ou responsabilité : aucune déclaration. Rôle de consultant ou de conseil : P.E. Cryer, Novo Nordisk and Bristol-Myers Squibb/AstraZeneca. Actionnariat : aucune déclaration. 6 Honoraires : P.E. Cryer, Novo Nordisk and Bristol-Myers Squibb/AstraZeneca. Financement de la recherche : aucune déclaration. Témoignage d'expert : aucune déclaration. Brevets : aucune déclaration. Reçu pour publication le 27 décembre 2012. Accepté pour publication le 22 avril 2013. © 2013 The American Association for Clinical Chemistry Références 1. van der Watt G, Haarburger D, Berman P. Euthyroid patient with elevated serum free thyroxine. Clin Chem 2008;54:1239–41. 2. Kellogg MD, Law TC, Huang RN. A girl with goiter and inappropriate thyroidstimulating hormone secretion. Clin Chem 2008;54:1241–4. 3. Thyroid Disease Manager. Thyroid hormone resistance syndromes [by Refetoff S, Dumitrescu AM]. 2010. http://www.thyroidmanager.org/chapter/thyroid-hormoneresistance-syndromes/ (Accessed May 2013). 4. Beck-Peccoz P, Persani L, Mannavola D, Campi I. TSH-secreting adenomas. Best Pract Res Clin Endocrinol Metab 2009;23:597–606. 5. Freda PU, Beckers AM, Katznelson L, Molitch ME, Montori VM, Post KD, Vance ML. Pituitary incidentaloma: an Endocrine Society clinical practice guideline. J Clin Endocrinol Metab 2011;96:894–904. 6. Wondisford F, Radovic SWeiss R, Refetoff S. Syndromes of resistance to thyroid hormone. In: Wondisford F, Radovic S, eds. Clinical management of thyroid disease. New York: Elsevier; 2009. 7. Brent GA. Mechanisms of thyroid hormone action. J Clin Invest 2012;122:3035–43. 8. Weiss RE, Refetoff S, Weiss RE, Dumitrescu AM, Refetoff S. Syndromes of reduced sensitivity to thyroid hormone. In: Weiss RE, Refetoff S, eds. Genetic diagnosis of endocrine disorders. New York: Elsevier; 2010. p 105–16. 7 9. Olateju TO, Vanderpump MP. Thyroid hormone resistance. Ann Clin Biochem 2006;43:431–40. 10. Persani L, Asteria C, Tonacchera M, Vitti P, Krishna V, Chatterjee K, Beck-Peccoz P. Evidence for the secretion of thyrotropin with enhanced bioactivity in syndromes of thyroid hormone resistance. J Clin Endocrinol Metab 1994;78:1034–9. Commentaires Kenneth D. Burman* Affiliations de l'auteur Endocrine Section, Department of Medicine, Washington Hospital Center, Washington, DC. *Adresser toute correspondance à cet auteur à : Washington Hospital Center, 110 Irving St. NW, Washington, DC 20895. Fax 202-877-6588; e-mail [email protected]. Leey et Cryer (1) discutent de façon pertinente le cas d'un patient porteur d'une mutation hétérozygote du gène THRB et le diagnostic différentiel. Une valeur sérique normale de TSH avec des concentrations augmentées de T4 et T3 totales et libres doivent faire penser que le patient ne souffre pas forcément d'une thyréotoxicose typique. La mutation doit être recherchée chez les membres de la famille du patient index. Il est important d'identifier les patients porteurs d'une mutation du récepteur de T3 de manière à éviter les traitements inappropriés. Les immunodosages mesurent les concentrations de TSH mais n'évaluent pas son activité biologique. De façon inhabituelle, l'immunoréactivité et la bioactivité sont discordantes (2). Par exemple, des patients souffrant de troubles hypophysaires ou hypothalamiques peuvent présenter une diminution du rapport de la bioactivité sur l'immunoréactivité de la TSH. Au contraire, les patients porteurs de tumeurs hypophysaires sécrétant de la TSH peuvent présenter une augmentation de la bioactivité de la TSH (2). Une mutation de la protéine THRB est la cause la plus courante de la résistance aux hormones thyroïdiennes ; toutefois, van Mullem et al. ont récemment décrit un syndrome de résistance associée à une mutation de THRA (3). En outre, Visser (4) a décrit un type différent de résistance aux hormones thyroïdiennes, dans lequel il existe une mutation du récepteur membranaire transporteur de monocarboxylate 8, un transporteur important des hormones thyroïdiennes. Les patients porteurs de mutations de ce récepteur peuvent souffrir d'anomalies neurologiques et endocriniennes sévères. Comme Leey et Cryer (1) le notent, les patients porteurs de tumeurs hypophysaires sécrétant de la TSH présentent une augmentation du rapport molaire de l'α-TSH sur la TSH (molécule entière). Une réserve est liée au fait que ce rapport est un rapport molaire et que les valeurs pour la sous-unité α (habituellement exprimée en nanogrammes par millilitre) et les valeurs de la TSH (habituellement exprimée en milli-unités par litre) doivent être converties de manière appropriée. On réalise rarement un test de suppression de la T3 , parce qu'il peut provoquer une hyperthyroïdie et que le diagnostic de mutation du récepteur de la T3 peut être habituellement posé sur une base génétique. 8 Notes Contributions des auteurs : Tous les auteurs ont confirmé avoir contribué au contenu intellectuel de cet article et avoir satisfait aux 3 exigences suivantes : (a) des contributions significatives à la conception et à la mise en forme, à l'acquisition des données ou à l'analyse et à l'interprétation des données ; (b) la rédaction ou la correction de l'article pour son contenu intellectuel ; et (c) l'approbation finale de l'article publié. Divulgations ou conflits d'intérêt potentiels des auteurs : Aucun des auteurs n'a déclaré de conflit d'intérêt potentiel. Reçu pour publication le 13 juin 2013. Accepté pour publication le 20 juin 2013. © 2013 The American Association for Clinical Chemistry Références 1. Leey J, Cryer P. Discrepant thyroid function test results in a 44-year-old man. Clin Chem 2013;59:1703–6. 2. Beck-Peccoz P, Persani L. Variable biological activity of thyroid-stimulating hormone. Eur J Endocrinol 1994;131:331–40. 3. van Mullem A, van Heerebeek R, Chrysis D, Visser E, Medici E, Andrikoula M, et al. Clinical phenotype and mutant TRα1. N Engl J Med 366:1451–3. 4. Visser TJ. Thyroid hormone transporters and resistance. Endocr Dev 24:1–10. Commentaires William E. Winter1,2,3,4,5,6,* Affiliations de l'auteur Departments of 1 Pathology, Immunology and Laboratory Medicine, 2 Pediatrics, and 3 Molecular Genetics and Microbiology, 4 Type 1 Diabetes TrialNet ICA Core Laboratory, 5 University of Florida Pathology Laboratories, and 6 Endocrine Autoantibody Laboratory, University of Florida, Gainesville, FL. 9 *Adresser toute correspondance à cet auteur à : Department of Pathology, Immunology and Laboratory Medicine, Box 100275, Gainesville, FL 32610-0275. Fax 352-392-4495; e-mail [email protected]. Les troubles endocriniens peuvent résulter d'anomalies de la production des hormones, de leur liaison aux récepteurs, et de la signalisation liée auxrécepteurs. En ce qui concerne la production, il peut y avoir un excès ou un déficit en une hormone, ou une hormonopathie (par exemple, une insulinopathie). Dans certaines hormonopathies, l'hormone déficiente n'est pas sécrétée mais entraîne à une mort apoptotique des cellules et un déficit absolu en hormone (par exemple, un diabète néonatal permanent provoqué par des mutations du gène de l'insuline). Des auto-anticorps qui agissent comme des agonistes hormonaux peuvent produire des états d'hyperfonctionnement ou d'hypofonctionnement lorsqu'ils agissent comme des antagonistes de récepteurs. Des anticorps qui se lient à d'autres récepteurs de la surface cellulaire peuvent également modifier la sécrétion hormonale (par exemple, des auto-anticorps agonistes dirigés contre le récepteur détecteur de calcium de la parathyroïde). Une modification de la capacité à analyser l'environnement peut produire un déficit hormonal (par exemple, des mutations de la glucokinase produisant un syndrome MODY de type 2). Les anomalies des les récepteurs ou de la signalisation mènent généralement à une perte fonctionnelle (par exemple, une résistance aux glucocorticoïdes, aux minéralocorticoïdes, ou aux androgènes), bien que des mutations entraînant un gain fonctionnel existent (par exemple, la testotoxicose ou le syndrome de McCune–Albright). Les mutations entraînant un gain de fonction des récepteurs permettent une interface entre les domaines de l'endocrinologie et de l'oncologie. Les troubles endocriniens peuvent être dus à un défaut de pénétration des hormones dans les tissus cibles (par exemple, des mutations du transporteur 8 de monocarboxylate). Le métabolisme hormonal peut ainsi être interrompu, entraînant une augmentation de l'interaction avec les récepteurs (par exemple, un excès apparent de minéralocorticoïdes). Les anomalies de la signalisation liée aux récepteurs sont très répandues : le trouble sous-jacent de la plupart des formes de diabète de type 2 est un défaut de signalisation de l'insuline. La distribution tissulaire des sous-types des récepteurs peut fortement affecter le phénotype (par exemple, les mutations du récepteur β vs celles du récepteur α des hormones thyroïdiennes). Enfin, des mutations des gènes contrôlant des protéines régulées de façon hormonale peuvent engendrer des manifestations cliniques. C'est le cas du diabète insipide nephrogénique dû à des mutations de l'aquaporine de type 2, du rachitisme résistant à la vitamine D dû à des mutations de SLC34A37 [famille 34 des transporteurs de solutés (phosphate de sodium), membre 3], et des mutations de SCNN1B (canal sodique, non voltage-dépendant 1, sous-unité β) ou de SCNN1G (canal sodique, non voltage-dépendant 1, sous-unité γ) dans le syndrome de Liddle. Pour aider au maximum le clinicien, le biologiste doit connaître la grande diversité des anomalies qui peuvent toucher le système endocrinien. 10 Notes 7 Gènes humains : SLC34A3, famille 34 des transporteurs de solutés (phosphate de sodium), membre 3 ; SCNN1B, canal sodique, non voltage-dépendant 1, sous-unité β ; SCNN1G, canal sodique, non voltage-dépendant 1, sous-unité γ. Contributions des auteurs : Tous les auteurs ont confirmé avoir contribué au contenu intellectuel de cet article et avoir satisfait aux 3 exigences suivantes : (a) des contributions significatives à la conception et à la mise en forme, à l'acquisition des données ou à l'analyse et à l'interprétation des données ; (b) la rédaction ou la correction de l'article pour son contenu intellectuel ; et (c) l'approbation finale de l'article publié. Divulgations ou conflits d'intérêt potentiels des auteurs : Lors de la soumission du manuscrit, tous les auteurs ont complété le formulaire de divulgation d'auteur. Divulgations et/ou conflits potentiels d'intérêt : Emploi ou responsabilité : aucune déclaration. Rôle de consultant ou de conseil : W.E. Winter, LabCorp. Actionnariat : aucune déclaration. Honoraires : aucune déclaration. Financement de la recherche : aucune déclaration. Témoignage d'expert : aucune déclaration. Brevets : aucune déclaration. Reçu pour publication le 3 juin 2013. Accepté pour publication le 14 juin 2013. © 2013 The American Association for Clinical Chemistry “This article has been translated with the permission of AACC. AACC is not responsible for the accuracy of the translation. The views presented are those of the authors and not necessarily those of the AACC or the journal. Reprinted from Clin.Chem, 2013; v. 59, p.1703-1706, by permission of AACC. Original 11 copyright © 2013 American Association for Clinical Chemistry, Inc. When citing this article, please refer to the original English publication source in the journal, Clinical Chemistry” Cet article a été traduit avec la permission de l’AACC. L’AACC n’est pas responsable de la qualité de la traduction. Les opinions formulées sont celles des auteurs et ne sont pas nécessairement celles de l’AACC ou du journal. Réimprimé de Clin.Chem, 2013; v. 59, p.703-1706P, avec la permission de l’AACC. Copyright original©2013 American Association for Clinical Chemistry, Inc. Lorsque cet article est cité, la publication originale du journal en anglais doit servir de référence. 12