Et si l`émancipation des péruviennes dépendait des cochons d`Inde…
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Et si l`émancipation des péruviennes dépendait des cochons d`Inde…
Et si l’émancipation des péruviennes dépendait des cochons d’Inde… La grange résonne des gloussements discrets de centaines de cuyes. ̏ Cuy ̋ est le nom espagnol du cochon d’Inde. Animaux de compagnie chez nous, viande de choix ici au PEROU… et c’est très bon ! Traditionnellement réservée à des repas de fêtes, la consommation de cuyes connaît ces dernières années une certaine croissance et le ̏ picante de cuy ̋ et autres recettes traditionnelles à base de cochon d’Inde figurent de plus en plus aux menus des restaurants et à la table des péruviens, notamment dans les zones rurales. Sesany nous accueille dans sa ferme pour nous présenter son élevage situé à Julcan, village de la communauté de Jauja près de HUANCAYO, sur les contreforts de la vallée du Rio Mantaro, au cœur des Andes péruviennes. Le bâtiment aux murs de terre couverts d’un toit de tôle abrite les enclos des cuyes. Sesany nous explique qu’elle a commencé cet élevage avec 12 cochons d’Inde en 2006. Six ans après ils sont plus de 500 et l’éleveuse souhaite encore augmenter la production. Sesany nous précise qu’au début du projet son mari pensait qu’elle allait perdre son temps en adhérant à l’association des productrices du district de Julcan. Le temps a donné raison à Sesany et son mari la soutient aujourd’hui dans cette entreprise et c’est d’ailleurs lui qui a construit la nouvelle grange. Sesany est l’une des 28 membres de l’association de Julcan. Ce groupe de productrices commercialise ses cochons d’Inde, comme le font les autres associations des villages voisins, Masma, Huertas et Yauli. Près de 140 femmes participent ainsi aux activités des associations de productrices réunies au sein du réseau des productrices de Jauja. Le réseau appuie également la commercialisation du lait des vaches élevées par les productrices. Les membres du réseau élèvent en effet des vaches ou des cochons d’Inde et parfois les deux. Les associations regroupent 3 catégories de membres : des élevages d’une dizaine de cochons d’Inde femelles porteuses, pour la consommation familiale, des élevages de 50 mères ou des élevages dépassant 100 mères. Sesany et 8 autres productrices du réseau font partie de cette dernière catégorie. Un peu d’histoire La Oroya, ville voisine de Jauja connue pour son activité minière et la pollution que cette industrie génère Dans les années 80-90 le travail ne manque pas dans la région grâce aux mines mais le pays traverse une crise économique importante avec une inflation atteignant 7.500% et connaît un conflit interne meurtrier avec le Sentier Lumineux. Sous mandat du Président Fujimori, entre 1990 et 2000, les mines sont privatisées et licencient à tour de bras, laissant sur le carreau de nombreux hommes, coupant de nombreuses familles de leurs revenus. Une partie des péruviens reconnaît cependant l’ancien président Fujimori comme le seul personnage ayant été capable de mettre fin à la période de terreur que le pays a traversé à cette époque et ce malgré les nombreuses violations des droits humains perpétrées par les deux camps… Les femmes des villages proches de Julcan se réunissent pour chercher des solutions. Elles pensent à augmenter la production de leurs « chacras », terrains où elles cultivent déjà, et font appel à une ONG de Lima, CEDAL, pour les aider à créer leurs associations, préciser leurs objectifs et améliorer leurs conditions de vie en organisant de petits négoces. A l’époque CEDAL obtient le soutien de la coopération espagnole puis son bureau local décide en 2011 de devenir une organisation en tant que telle en prenant le nom de CEDEL (Centro de Desarrollo Local de Huancayo). L’association bénéficie aujourd’hui du soutien de la coopération belge par l’intermédiaire d’une ONG belge : AUTRE TERRE. Rosa à gauche, directrice de CEDEL et Jessica, secrétaire de CEDAL Rosa Cerrón dirige CEDEL et nous reçoit dans les locaux de l’association pour nous présenter ses objectifs. Priorité est donnée à l’indépendance des productrices, à la recherche d’une meilleure autonomie et à la valorisation de leur travail. CEDEL et les productrices cherchent ainsi à lutter contre la maltraitance et revaloriser la place de la femme au sein de la famille, trop souvent reléguée aux seules tâches ménagères. CEDEL bénéficie du soutien de la Belgique pour la mise en œuvre d’un programme de 3 ans (83 000 € pour 2010-2013) dont les objectifs sont les suivants : - organiser les 4 associations de productrices entre elles, réunies au sein du réseau, - organiser la commercialisation collective des associations s’inspirant de pratiques issues de l’économie sociale et solidaire, - promouvoir un mode de production biologique. Aujourd’hui les productrices avec lesquelles travaille CEDEL recourent moins aux produits chimiques mais la lutte contre la propagande des entreprises agro-chimiques nécessite un important travail de sensibilisation pour que les productrices recourent uniquement à des produits naturels. Selon Rosa, les résultats encourageants de CEDEL consistent pour le moment en une bonne structuration des associations de productrices. Les nouvelles connaissances leur permettent d’améliorer leur production et le regroupement en réseau leur apporte une nouvelle force pour négocier de meilleurs prix pour leurs produits ou encore obtenir l’appui des municipalités. Une des associations a ainsi pu bénéficier d’un véhicule pour charger le fourrage destiné à la consommation des cuyes. L’investissement des productrices dans les associations leur apporte également de nouvelles compétences et certaines participent alors davantage à la vie locale, voire occupent des fonctions d’élu local. La commercialisation collective du lait depuis 6 mois et des cochons d’Inde depuis 3 mois reste cependant à consolider pour assurer la pérennisation des associations et leur permettre de se passer à terme du soutien de CEDEL. Les productrices de Masma Les activités de CEDEL consistent en une assistance technique et pratique ainsi qu’un soutien financier pour certains projets. C’est le cas par exemple du centre de production de cuyes (financé par CEDAL) et du centre de collecte (financé par la coopération belge) installés sur le terrain de chacune des 4 associations. L’appui d’Autre Terre et de CEDEL a également permis l’achat de bidons de lait et d’un camion pour transporter le lait. CEDEL prend en charge les formations administratives, de gestion ou de techniques de production qui ont lieu chaque semaine avec les 4 associations de productrices. Les productrices maîtrisent par exemple désormais les techniques d’insémination artificielle de leurs vaches grâce à une formation assurée par Paul, le vétérinaire de l’équipe de CEDAL. Les formations sont assurées essentiellement par l’équipe de CEDEL qui, outre Rosa, réunit 3 jeunes salariés dynamiques : Rudy, zootechnicienne spécialisée dans l’élevage des cuyes, Victor, zootechnicien lui aussi, suit les aspects productifs et commerciaux des associations de productrices, et Chana, sociologue, appuie les associations et le réseau qui les réunit dans leur structuration. Victor anime avec entrain son cours de « pédologie » Le jour de notre visite, Victor anime un cours sur l’importance de maitriser la qualité des sols pour obtenir une bonne production. Il en profite pour rappeler aux productrices que l’usage des produits chimiques tue la microfaune du sol et rend la terre stérile à terme. Les femmes sont à l’écoute même si le sujet est de niveau universitaire. Et heureusement, toutes ces formations théoriques sont complétées par des ateliers pratiques sur le terrain. Une évolution des pratiques encourageante L’élevage installé dans la grange de Sesany Avant, l’élevage consistait à laisser les cochons d’Inde se reproduire librement. Aujourd’hui, pour améliorer la production, les petits sont séparés des mères à 15 jours et des enclos particuliers sont réservés aux futures mères, aux futurs reproducteurs et également aux animaux destinés à la vente. La majorité des enclos regroupe quelques individus réunis en « modules » : 1 mâle, 7 femelles et leurs petits. Cette répartition permet aussi un meilleur suivi sanitaire des individus. En effet, avec de tels effectifs il est primordial de pouvoir isoler des individus malades et leur apporter les traitements appropriés. Sesany nous précise qu’en plus des soins quotidiens, des contrôles sanitaires sont effectués tous les trois mois. Les petits reçoivent en outre un complément vitaminé et l’ensemble du cheptel reçoit des traitements contre d’éventuelles infections ou contre la salmonelle si nécessaire. Le centre de production de Julcan Chaque association gère un centre de production et un centre de collecte collectifs, lieux de production de fourrage, de recherche et d’apprentissage. Le centre de production permet d’élever les cuyes et le centre de collecte vise à les « engraisser » pour que les animaux atteignent un poids entre 800g et 1kg. La vente des cochons d’Inde produits ici permet d’acheter des semences et du matériel nécessaires à l’amélioration de la production des membres de l’association. Deux productrices veillent sur les cuyes et le centre de production est géré par une ou plusieurs « promotrices », désignées par chaque association. Vu l’investissement financier important dans les centres, les productrices doivent veiller à la sécurité car des vols violents ont déjà eu lieu. Le rôle des promotrices est également d’assurer le lien entre CEDEL et les productrices et d’accompagner les associées qui travaillent au centre à tour de rôle, chacune 10 jours par an. C’est l’occasion pour les productrices d’améliorer leurs techniques de soins aux animaux, de mieux connaître les maladies et les besoins des cuyes. Les productrices mettent à jour le registre des naissances, assurent le suivi des ventes, de la mortalité et effectuent les autopsies permettant de diagnostiquer les traitements appropriés, gestes qu’elles répètent dans leurs propres élevages. De l’élevage à la vente D’après Rudy, 4 points sont essentiels pour assurer une bonne production : l’alimentation et le fourrage, le lieu et la qualité des enclos, la santé et la reproduction des cuyes, la formation des productrices. Rudy (à gauche) accompagne les productrices pour améliorer la production Les productrices cultivent le fourrage nécessaire à l’alimentation des animaux qu’elles élèvent : trèfle, ray grass et alfalfa fournissant énergie et protéines nécessaires aux animaux. Un hectare de fourrage suffit à nourrir 300 mères. Et dans cette région qui manque d’eau une grande partie de l’année, les centres de production utilisent des méthodes de production hydroponique pour faire germer des graines d’orge apportées en complément de l’alimentation des cuyes. La culture hydroponique d’orge Les cochons d’Inde sont élevés sur une litière de paille et les enclos sont entièrement nettoyés tous les 2-3 mois. Un nettoyage plus fréquent diminuerait la température au sol, la litière offrant une bonne isolation aux animaux. Les élevages doivent en outre être bien ventilés et bénéficier de suffisamment de lumière pour assurer des conditions saines de production. Trois variétés de cuyes sont produites ici : - Huanca, marrons foncés, les plus demandés, à croissance rapide - Andine, blancs, prolifiques, produisent 4 petits par portée - Inti, marrons clairs, les plus résistants mais ne produisent que 2 petits par portée Les mères portent leurs petits pendant 2 mois de gestation et peuvent donner naissance à 3-4 portées par an. Lorsqu’ils pèsent 1,2 kg les mâles sont prêts à se reproduire. La viande de cochon d’Inde est reconnue pour ses qualités nutritives et le gouvernement péruvien, conforté par des rapports de l’OMS, promeut davantage la consommation de cette viande réputée contenir 0% de cholestérol ! L’essor de l’élevage de cuyes est également dû aux coûts de production faibles et à une demande importante en zone montagneuse. Le réseau des productrices de Jauja bénéficie ainsi d’un climat favorable à la commercialisation. Le prix des cochons d’Inde est traditionnellement estimé à vue (pesé à la main !) mais le réseau cherche à instaurer des règles plus justes et vend désormais au poids (14 soles/kg, soit un peu plus de 4 euros/kg). Sesany estime apporter à sa famille environ 200 soles chaque mois grâce à cette activité complémentaire, soit environ 60 €. Pour cette productrice disposant d’un nombre conséquent d’animaux, l’élevage de cuyes s’avère rentable car il génère un revenu complémentaire stable. Visite du centre de production et de collecte de Masma avec les promotrices Amelia Ramirez Lopez et Jesus Edhy Contrejas de la Cruz, Présidente du réseau Vers une production de lait durable Collecte du lait dans les communautés par le réseau des productrices de Jauja et livraison du lait à un acheteur qui fabrique des fromages Le réseau des productrices cherche également à améliorer les conditions de vente du lait. En effet les productrices ont vendu à certaines périodes leur lait à des prix ne couvrant pas leurs frais. Aujourd’hui le réseau a mis en place une relation plus juste avec deux acheteurs locaux qui sont des entreprises transformant le lait en fromages. De plus le volume collecté par le réseau (entre 1200 et 1500 litres par jour) lui offre un plus grand pouvoir de négociation que chacune des productrices isolées. Par ailleurs, le réseau peut se permettre de contractualiser un prix fixe toute l’année, sans dépendre des variations du marché. Il reste aux associations à homogénéiser leur matériel, les bidons par exemple, à maitriser les techniques de ventes incontournables pour renforcer leur pouvoir de négociation et se passer de l’appui de CEDEL. Elles espèrent même un jour construire leur propre usine de transformation pour être complètement indépendantes. Le travail déjà réalisé par le réseau semble avoir un impact sur le prix de vente du lait aux entreprises qui a augmenté dans toute la zone suite à l’initiative de commercialisation collective bénéficiant ainsi à tous les producteurs. Le réseau achète à présent le lait à 1,27 soles le litre contre un prix moyen d’1 sole payé aux productrices auparavant (soit 38 centimes d’euros par litre contre 30 centimes par le passé). Les productrices reçoivent 1,10 soles par litres, la différence permettant de couvrir les frais de commercialisation (chauffeur, transport, etc.). Malgré les services apportés par le réseau, certaines productrices préfèrent parfois encore vendre une part de leur production aux acheteurs locaux à des prix momentanément plus attractifs. Il arrive aussi que des productrices se retirent des associations, ne souhaitant plus contribuer au fonctionnement collectif. Des organisations autonomes ? Si la production et l’organisation des associations de productrices semblent aujourd’hui avoir atteint un certain professionnalisme, la capacité de commercialisation du réseau reste encore à consolider pour pérenniser l’activité des productrices. Espérons que la motivation et la volonté de ces femmes dynamiques leur permettront d’acquérir les compétences nécessaires pour poursuivre leur projet. En tous cas, lorsqu’on leur demande ce que leur apporte cette initiative et leur engagement dans ces associations, elles répondent, au-delà des aspects techniques et commerciaux que c’est la force du réseau et l’acquisition d’une meilleure image au sein de leurs familles qui les portent. Chana ajoute que « l’autonomie sociale n’est pas possible sans autonomie économique ». Et si l’émancipation des productrices péruviennes dépendait de leur association ? Chana et Victor Et du point de vue du coopérant ? L’expérience de Constant Piscart, représentant de l’ONG belge Autre Terre et qui travaille au Pérou depuis près de 3 ans apporte un éclairage complémentaire à cette initiative. Constant estime que les associations de productrices pourront acquérir une réelle autonomie et se passer des services des ONG lorsqu’elles auront définitivement conquis leur marché. D’après Constant, la commercialisation sur les marchés locaux de ces produits ainsi qu’un rôle accru de l’organisation sont une des clés de la réussite et du développement des productrices. Selon lui, les dirigeants d’une association doivent parvenir à convaincre les associés de livrer leur production à l’association. C’est la condition sine qua non pour qu’une organisation de producteurs ou productrices parvienne à négocier un volume plus important à de meilleures conditions. Le capital de confiance entre associés, le fonctionnement démocratique de l’organisation et les services qu’elle propose aux membres sont également déterminants pour entreprendre la commercialisation collective. Constant Piscart lors du suivi de la commercialisation collective de lait en compagnie de la déléguée de commercialisation de CEDEL Constant espère que les associations de productrices de la région de Jauja pourront continuer sur leur lancée. Rosa confirme que CEDEL et Autre Terre désirent poursuivre cette expérience positive. Les 2 ONG élaborent d’ailleurs le nouveau programme pour trois ans. Espérons que la coopération approuvera ce nouveau projet et que les productrices bénéficieront encore de ce soutien nécessaire le temps de consolider leur activité. Dans les coulisses du projet Les organisations locales partenaires gèrent le budget du programme avec l’appui de Constant qui assure le suivi sur le terrain et oriente les partenaires dans la mise en place des actions correspondant aux résultats attendus. Ces résultats sont au centre de la relation partenariale entre Autre Terre et les organisations. Ils correspondent aux changements produits à travers l’intervention et sont au nombre de cinq : les pratiques agroécologiques/la gestion des déchets, les activités séconomique, la formation du personnel des ONG d’appui et la recherche d’autonomie, le renforcement des organisations de base et de leurs dirigeants (associations de producteurs ou de micro-entrepreneuses en recyclage autonomes), l’économie sociale et solidaire. Constant favorise également la rencontre avec d’autres organisations afin qu’ils s’enrichissent mutuellement. La mission du coopérant est un travail solitaire sur le long terme qui nécessite des qualités diplomatiques, de la rigueur, une connaissance du fonctionnement des organisations locales, une capacité à analyser finement et à évaluer les résultats des travaux réalisés, vérifier leur cohérence avec les résultats attendus pour orienter les projets futurs. Il doit également faire preuve d’adaptation pour garantir l’autonomie des organisations dans la définition de leurs orientations. Constant assure ainsi le lien entre l’ONG belge et les organisations soutenues au Pérou. Et pour l’avenir ? Pour Constant la prouesse du projet des productrices de Jauja est notamment la formation et le maintien du réseau, organisation de second niveau parvenue à assurer le lien entre les associations de productrices et à organiser la commercialisation journalière du lait et des cuyes. En effet les réseaux de ce type connaissent souvent des échecs car les dirigeants de chaque association ne sont pas toujours en mesure de démontrer l’intérêt des services et avantages qu’offre le réseau : recherche de cofinancement, services financiers, prix fixes toute l’année, achats groupés, commercialisation collective. La situation économique et politique du Pérou laisse espérer à Constant une pérennisation des organisations qu’il accompagne. En effet le budget des municipalités augmente, celui des régions également (malheureusement souvent grâce aux mines !) et les organisations de producteurs structurées peuvent désormais bénéficier davantage de financements nationaux. Le développement des marchés locaux et la négociation de contrats (achats publics de denrées pour les programmes sociaux, etc.) constituent aussi un nouveau mode de commercialisation porteur. Le défi des ONG étrangères consiste aujourd’hui à dépasser leur appui aux producteurs sur les aspects productifs ou organisationnels et à anticiper la commercialisation suffisamment en amont pour trouver les marchés appropriés. Dans le passé, les coopératives ont connu des faillites et des problèmes de corruption (à l’exception du secteur du café et du crédit), raison pour laquelle les associations gardent meilleure presse et peuvent bénéficier d’une image positive auprès des partenaires. Les associations doivent néanmoins relever les défis de la participation des membres, l’offre de services qui leur est proposée et la gestion efficace des ressources pour devenir pérennes. En attendant que les organisations locales acquièrent leur complète autonomie, espérons que la tendance favorable actuelle permettra à Constant de poursuivre sa mission avec les organisations partenaires. Ultimes défis à relever pour les productrices : mener de front la consolidation de leurs organisations, explorer les pistes pour améliorer la commercialisation, étendre leur initiative à d’autres productrices et développer des actions d’entraide au sein du réseau. Autre Terre, une organisation de soutien aux projets de développement Autre Terre dépend du groupe Terre qui réunit 6 entreprises et associations d’économie sociale et solidaire d’insertion sociale (récupération de vêtements, de papier, création de panneaux d’isolation…). Le groupe Terre basé à Liège et Charleroi emploie 300 personnes qui participent aux décisions et à la gestion de leur entreprise. Le groupe anime un service d’éducation au développement et axe fortement sa politique de l’emploi sur l’insertion (www.terre.be). Une partie des bénéfices du groupe est par ailleurs versée aux projets soutenus par Autre Terre. Les projets soutenus par Autre Terre en Afrique (Burkina Faso, Sénégal, Mali) et au Pérou sont financés par la coopération belge, certains projets reçoivent un financement de la Région Wallonne ou de fondations (Loterie Nationale Belge et Fondation Roi Baudoin). Enfin, Autre terre organise des brocantes de solidarité, des récoltes de radiographies et participe à des campagnes (opération 11.11.11, opération jacinthes). Pour réaliser ces évènements, Autre Terre collabore avec 150 bénévoles. L’association cherche à transposer les principes de l’économie sociale et solidaire dans les pays du Sud où elle intervient. Au Pérou, Autre Terre accompagne également d’autres projets en milieu urbain et rural : - des microentrepeneuses sociales spécialisées dans le recyclage à Arequipa (via l’ONG CECYCAP) avec la mise en place d’une petite unité de collecte, de tri et de vente de résidus solides (http://www.autreterre.org/fr/projects/22-cecycap/65-les-femmes-eco-solidaires.aspx) Collecte et sensibilisation réalisée par l’Association de Femmes Ecosolidaires - des organisations de producteurs dans la région d’Ayacucho (via l’ONG IDESI) pour la production et la commercialisation de la Tara (arbre dont la gousse est utilisée dans l’industrie alimentaire et contient un tanin utile au tannage du cuir), de la figue de barbarie, de l'avocat et de cochons d'Inde (http://www.autreterre.org/fr/projects/20-idesi/56-synthese-du-projet.aspx) Commercialisation de tara et de figues de Barbarie par les organisations de producteurs - l’Association de producteurs de San Marcos à Cajamarca qui réunit 135 membres, gère la collecte de tara dans le nord du Pérou qu’elle vend directement à une entreprise exportatrice et met en œuvre plusieurs projets en faveur de ses associés.