Gilbert SINOUE - pourlhistoire.com

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Gilbert SINOUE - pourlhistoire.com
Gilbert SINOUE
Gilbert Sinoué a suivi un drôle de parcours. Il est né en Egypte, en 1947. Après des études chez les
jésuites, il vient à Paris pour suivre l'Ecole normale de musique. Il a alors dix-neuf ans et ne connaît qu'une
seule personne dans la capitale. «En Egypte, je vivais sur un bateau, celui que mon père avait racheté au
roi Farouk. Il l'avait transformé en navire de croisière pour les touristes. C'est là que j'ai vu chanter Jacques
Brel et que j'ai eu la certitude qu'un jour j'écrirais.» Ses débuts parisiens sont difficiles. Il se produit dans
des boîtes de nuit, compose. Et puis une première chanson est choisie par Isabelle Aubret, d'autres ensuite
par Claude François, Dalida, Jean Marais, Marie Laforêt, Jean-Claude Pascal... «Un jour, j'ai tout arrêté l'approche de la quarantaine probablement - et j'ai commencé mon premier roman. Je l'ai envoyé par la
Poste à Olivier Orban qui l'a publié. Parallèlement, il imagine un feuilleton-fleuve (cent cinquante épisodes),
Le destin du docteur Calvet. «J'ai appris à écrire de manière concise, claire, à un rythme d'enfer.» Gilbert
Sinoué est devenu romancier à plein temps avec plusieurs gros succès comme Le livre de saphir ou
L'enfant de Bruges, étudié dans certaines écoles.
Dans son appartement de Neuilly, comme dans son bureau situé dans l'immeuble voisin, tout rappelle ses
intérêts. Des photos de son fils bien sûr, dont ce père tardif affirme qu'il a changé sa vie. Plusieurs beaux
livres sur l'Egypte et un narguilé qu'il aime fumer de temps en temps. La photo du fameux bateau de son
père, sur lequel il a passé la plus grande partie de son enfance, est posée contre la bibliothèque, à côté du
fac-similé du contrat de Flaubert pour Madame Bovary: 800 francs d'à-valoir! Un portrait de Lawrence
Durrell nous apprend que Le quatuor d'Alexandrie est son livre de chevet depuis toujours, avec Le rivage
des Syrtes de Julien Gracq. La guitare, qu'il gratte encore un peu pour son fils, n'accompagne plus aucune
chanson. Tout cela appartient au passé. Aux murs, des peintures de sa femme qui jadis fut infirmière. Dans
son bureau s'ouvrant sur un petit jardin, l'ordinateur tient une place de choix. «Je débute souvent mes
recherches sur Internet.» En ce moment, il travaille sur Akhenaton. Il ne prend jamais de vacances entre
deux livres. «D'abord parce que je vis de ma plume et qu'ensuite il faut que je combatte mon côté oriental.
J'aurais une fâcheuse tendance à faire de longues siestes tous les jours. Il faut donc bien que j'aie un
aiguillon.» Tout près de lui, il y a la Bible. Il lit régulièrement le Coran, le Nouveau Testament et la Torah.
Par passion, par curiosité. Pour tenter de trouver une réponse à l'éternelle question: que faisons-nous sur
terre? L'a-t-il trouvée? Probablement pas, mais c'est cette réponse précisément qu'il recherche à travers
tous ses livres.
Pascale Frey