bulletin-addcito-3-web
Transcription
bulletin-addcito-3-web
Bulletin numéro 3 Janvier 2014 Jeune public Edito 2014 Addict’O normand, vent en poupe Ce sont les premiers jours de l’année, alors cédons au rituel des vœux. À chacun d’entre vous, membres du réseau, amis, alliés, partenaires nous souhaitons la santé, la réussite de vos projets. À vos institutions, nous souhaitons le dynamisme pour aborder les changements qui arrivent de tous les horizons. Notre réseau, nous souhaitons le voir répondre chaque jour un peu plus aux impératifs de notre temps, promouvoir une addictologie renouvelée, apporter une vraie plus value à ses adhérents, aux publics qui attendent tant de nous, une réponse toujours plus adaptée. Notre réseau a un an bien sonné ! Un an de remise en route, parfois balbutiante, d’apprentissage à travailler ensemble, de rodage. Il est maintenant en route. La journée annuelle, centrée sur l’extension du champ de la réduction des risques a été un franc succès, les intervisions se poursuivent à un rythme soutenu, le cycle de formation d’acteurs en est à mi-parcours, les commissions tournent. Le réseau répond aux sollicitations de l’ARS en participant à des groupes de travail, de pilotages en constante augmentation. Merci à tous ceux qui se sont impliqués dans ces différentes activités, y apportant dynamisme et compétence. Pour ce premier bulletin de l’année, nous avons choisi d’évoquer les « Jeunes publics ». Par de multiples entrées, ce thème traverse toutes nos pratiques : consultations jeunes consommateurs, accueil des publics « Justice », travail avec les familles… Alain Fuseau évoque l’évolution des MdA, Cassandre Mancel brosse un portrait de l’adolescent dans l’Histoire. Le 09 avril prochain, l’Assemblée générale fera le point sur le déploiement du réseau, ce qui est fait et ce qui reste à faire ; ce sera l’occasion d’échanger sur les évolutions et de tracer les perspectives. Bonne lecture Patrick Fouilland, Président et le comité de rédaction La Maison des Adolescents du Havre depuis 1999 : Une histoire de réseau Les Maisons des Adolescents sont désormais partie intégrante du paysage de la santé des adolescents en France. Créée pour la première fois au Havre en 1999, les Maisons des adolescents se sont développées au fil des années, sous l’impulsion d’une politique de la famille volontariste qui a fait le choix de consacrer quelques moyens (environ 25 millions d’euros au total), au développement de ces dispositifs. Émise par Claire Brisset, défenseure des enfants, dans son rapport 20021, l’idée d’une maison des adolescents par département a fait son chemin. Aujourd’hui, seuls 16 départements français n’ont pas de MdA, mais certains en ont plusieurs, soit une centaine de MdA au total sur le territoire. Dans la circulaire créant officiellement les MdA2, il est rappelé quelques points essentiels concernant ces dispositifs, qu’il est important d’évoquer ici en préambule. « Le projet de maison des adolescents s’appuie sur un diagnostic des besoins du territoire et de l’existant. Celui-ci devra notamment faire l’inventaire de l’offre tant publique que privée, analyser les points forts et les points faibles et s’appuyer sur des éléments de connaissance de la situation locale des adolescents (données démographiques, sanitaires...). Ce diagnostic doit être partagé a minima par les partenaires suivants : éducation nationale, justice, conseil général et autres collectivités locales, acteurs de la santé et de l’action sociale (ARH, DRASS, DDASS, missions locales...). Il doit également en tant que de besoin associer les autres acteurs concernés (police, gendarmerie...). » Les MdA se conçoivent donc avant tout comme un projet partenarial, fruit d’une élaboration partagée qui, seule, peut permettre de mener à bien un tel projet, d’en définir les lignes de force, par essence spécifiques à chaque lieu et prenant donc en compte les caractéristiques de chaque ville, agglomération ou département. Au delà de cette réflexion, la circulaire rappelle que « les missions des maisons des adolescents s’articulent autour de: • L’accueil, l’écoute, l’information, l’orientation • L’évaluation des situations • La prise en charge médicale • L’accompagnement éducatif, social et juridique » Nous ne reviendrons pas ici sur le développement des Maisons des Adolescents en France. Il importe simplement d’avoir à l’esprit que l’exemple initial du Havre n’a pas été repris dans son intégralité par les autres Maisons des Adolescents. Certes, la MdA du Havre bénéficie de l’antériorité, et en cela, son exemple et son histoire sont précieux. Elle ne constitue, pour les autres, ni une référence absolue ni un modèle incontournable. Par contre, il est intéressant de l’aborder du coté de son évolution au fil des ans, ce que 14 années de pratique sur un territoire lui permettent de faire beaucoup mieux que certaines plus récentes. En créant la Mda en 1999, les concepteurs n’avaient pas pour idée d’en faire un dispositif innovant. Leur souci premier, qui persiste, était de créer un lieu d’accueil et de soins pour adolescents adapté au tissu local et à ses besoins : besoins de santé, accessibilité, lisibilité pour le public et pour les professionnels, attractivité (au sens noble) pour les adolescents en souffrance psychique. Sa conception s’est effectuée en concertation avec les professionnels des secteurs sanitaires, sociaux, médico-sociaux et judiciaires de la région. Son formidable Suite page 3 ADDICT’O NORMAND - 1 rue de Germont cour Leschevin porte 24, 3ème étage 76031 Rouen cedex - Tél : 02.35.03.03.90 numéro 3 La Maison des Adolescents du Havre depuis 1999 : Une histoire de réseau succès tient avant tout à cette élaboration partagée. Quelques grandes lignes ont présidé à notre réflexion : - la lisibilité : la MdA se veut un lieu unique, aisément repérable, distinct des lieux estampillés « hôpital » ou « psychiatrie » - l’accessibilité : spatiale tout d’abord (lieu d’implantation) mais aussi temporelle. Elle est ouverte largement jusqu’à tard le soir et bénéficie aussi d’une ouverture le week-end, avec ou sans rendez-vous. L’adolescent, de 12 à 20 ans, peut y venir seul ou accompagné. Aucune orientation préalable de professionnel n’est requise - la pluridisciplinarité des intervenants : y sont associés des professionnels d’origine et de cursus fort divers : psychiatres, psychologues, assistantes sociales, infirmiers, éducateurs, pédiatre, médecin nutritionniste, gynécologue, avocats... On notera que la pluridisciplinarité s’exerce aussi au sein du sanitaire, puisqu’y sont présents aussi bien des professionnels du soin psychique que du soin somatique. La MdA n’est pas un « CMP bis » pour les adolescents mais une entité distincte et spécifique - le lien avec l’environnement hospitalier est indispensable. Les équipes de la MdA interviennent en milieu hospitalier (services de pédiatrie principalement) et sont en lien constant avec l’unité psychiatrique pour adolescents « Équinoxe » qui s’est créée en 2007 en collaboration avec notre MdA. L’originalité des MdA, présente dés la première maison, réside dans un dispositif d’accueil extrêmement développé. Cet accueil, que nous qualifions quelquefois « d’accueil de première ligne», est constitué de l’association de 10 professionnels, infirmiers et éducateurs, psychologue, tous formés à l’accueil et à l’écoute des adolescents. Ces professionnels, détenteurs d’une véritable expertise clinique, mènent avec les adolescents qui se présentent un travail de défrichage, de clarification de la demande, de précision et de verbalisation de la souffrance psychique. Les prises en charge dont il pourrait bénéficier (soins, accompagnements, ...) sont déterminées avec l’adolescent et l’équipe pluridisciplinaire. De part leur pratique, quelques entretiens suffisent souvent aux professionnels à « désamorcer » les situations de souffrance psychique. Ainsi, seul 25 % des adolescents reçus en première ligne seront vus et pris en charge par les dispositifs d’aval (consultation spécialisée ou groupes thérapeutiques). La particularité de la MdA du Havre tient au fait que la consultation spécialisée et les groupes thérapeutiques sont situés dans la Structure. La MdA du Havre intègre toutes ces dimensions. En 14 ans, la MdA a évolué, développant ses actions dans deux directions principales, sousestimées lors de la conception du projet : - la prise en charge des parents - l’accompagnement des professionnels et plus largement le travail de réseau A posteriori, on peut s’étonner d’avoir aussi peu pensé la parentalité dans l’élaboration du projet. Comme certains à la MdA se plaisent à le 2 dire, dès le 1er adolescent reçu, nous avons su que notre dispositif était bancal car ce dernier sous-estimait largement la place à donner aux parents dans le soin aux adolescents. Pendant les premières années, nous nous sommes efforcés de compenser cette faiblesse initiale du dispositif, développant notre écoute auprès des parents, mettant en place des suivis en binôme, réfléchissant à la question des groupes de parents, etc... En 2005, l’équipe a fait le choix de se confronter plus fortement à la question parentale et surtout de répondre aux demandes, insistantes et justifiées, de nombreux parents en difficulté avec la problématique adolescente. Nous avons ainsi développé un dispositif connexe à la MdA, l’Accueil Pour Parents d’Adolescents (ou APPA). Ce dernier, fortement lié à la MdA (personnel, secrétariat et prise de rendez-vous communs, hiérarchie identique), est géographiquement situé en dehors de nos locaux. La distinction des espaces parents / adolescents, qui nous paraît essentiel, doit aussi s’exprimer dans la réalité au delà des espaces psychiques. Nous y proposons aux parents (seul ou en couple) ainsi, qu’à tout adulte en position parentale, des entretiens individuels avec des professionnels de l’adolescence et non pas des professionnels de la parentalité ! Même s’ils peuvent bénéficier de formation particulière, ces professionnels sont avant tout là pour accompagner sur quelques rendez-vous (3 en moyenne) les parents dans leur rôle de parents. Ces derniers viennent chercher là le regard du professionnel de l’adolescence, afin que celui-ci les aide à décrypter les aléas des comportements et des conduites de leur enfant. Les parents d’adolescents, suivis ou non à la MdA, viennent en général à l’APPA pour comprendre*,et adapter leurs attitudes lorsque cela s’avère nécessaire ou tout simplement pour se rassurer. Ils peuvent aussi, s’ils le souhaitent, bénéficier de groupe de parents intitulés « groupes d’échange et d’information ». Ces groupes, en général trimestriel, d’une quinzaine de parents, s’organisent autour d’une introduction clinique par des professionnels, liminaire à l’échange et à la confrontation des expériences parentales. Le co-étayage des parents fonctionne remarquablement bien, venant soutenir un passage souvent difficile pour ces familles. La question de l’accompagnement des professionnels est bien entendu différente. La fonction de « tête de réseau », de lieu ressource, s’est d’emblée inscrit au cœur de notre travail avec nos partenaires. Le cahier des charges de 2005 a repris ce point essentiel de notre mission, et le prochain rapport IGAS3 sur les MdA devrait ré-affirmer ce point central. La conception d’une MdA n’est envisageable que par et avec le réseau. Celle du Havre ne fait pas exception et c’est de cette multiplicité de partenaires que nous tenons notre légitimité. Dans un premier temps, nous avons exercé cette mission de différentes façons, toutes devant contribuer à la cohérence des prises en charge adolescentes et au soutien des professionnels : - mise en place de conventions spécifiques de travail avec certains partenaires (MECS4, PJJ5, CSAPA6, etc...), instauration de stages d’observation - développement de dispositifs d’échanges de pratiques à travers l’organisation de colloques, de cycles de conférences (dont le dernier intitulé « adolescents, familles et addictions : nouvelles réflexions ») - ouverture de la MdA aux professionnels souhaitant venir présenter une situation clinique, obtenir le regard croisé de nos professionnels - sans parler, bien sûr, du travail clinique quotidien auprès des adolescents. Depuis quelques mois, nous mettons en place un dispositif particulier nommé EPELA (Équipe Paramédicale d’Évaluation et de Liaison pour Adolescents). Cette équipe de psychologues et d’infirmiers a pour mission d’intervenir, à leur demande et après signature d’une convention, auprès des établissements sociaux et médico- sociaux de notre territoire, en difficulté avec ce que nous avons convenu d’appeler les « cas complexes » : situations d’adolescents en grande souffrance, quelquefois ballottés d’une structure à une autre, en attente de réorientation, etc... Ces situations mettent quelquefois à mal les équipes éducatives, jouant du risque de clivage inhérent à tout dispositif, suscitant souvent rejet, agressivité, attitudes inadaptées. Notre pratique clinique depuis 14 ans ne nous confère aucun statut d’expert. Cependant, notre regard, extérieur aux institutions mais centré sur l’adolescent, peut être pertinent pour accompagner les équipes dans leur réflexion autour de la prise en charge de certains jeunes et des mouvements psychiques que cela génère au sein de la structure d’accueil. Ni analyse de pratique ni volonté de se substituer aux psychologues qui interviennent quelquefois en ces lieux, EPELA se veut plutôt une ressource supplémentaire à la disposition de nos partenaires pour les soutenir dans leur action auprès des adolescents. De la MdA du havre, comme sans doute de toutes les MdA, il convient à mon sens de retenir le mouvement : Mouvement psychique permanent, qui nous agite et nous interroge. Pensée clinique qui se doit d’être en permanence à l’œuvre pour accompagner adolescents et professionnels ; réflexions institutionnelles constantes pour adapter au plus juste notre offre de soins aux adolescents et aux professionnels qui les entourent. Dr Alain FUSEAU Maison de l’Adolescent du Havre [email protected] 1 Rapport annuel du Défenseur des enfants au Président de la République et au Parlement, année 2002, Claire Brisset, la documentation française 2 Lettre circulaire CAB/FC/D/12871 du 4 janvier 2005 relative à la création des maisons des adolescents 3 Rapport de l’Inspection général des Affaires Sociales, Fadela Amara et Pierre Naves, 2013 (à paraître) 4 MECS : maison d’enfants à caractère social 5 PJJ : Protection Judiciaire de la Jeunesse 6 CSAPA : Centre de Soins et d’ accompagnement et de prévention en addictologie ADDICT’O NORMAND - 1 rue de Germont cour Leschevin porte 24, 3ème étage 76031 Rouen cedex - Tél : 02.35.03.03.90 Janvier 2014 De l’Adolescence aux adolescents… un aperçu clinique Le public jeune a de tout temps questionné… tour à tour figure d’imprudence, de danger, symbole d’espoir aussi, porteur de tous les maux d’une société…il est chargé, marqué du sceau de l’ambivalence. Jusqu’à la fin du 19ème siècle, nous retrouvons une perception de la jeunesse basée sur des considérations morales et religieuses. La notion de jeunesse s’est construite socialement et la découverte et la mise en valeur de l’adolescence ne sont pas si anciennes. Au 19ème, les médecins et pédagogues appréhendent l’adolescence comme une période critique liée à la puberté : « un âge bâtard, gauche, ingrat »… Ou encore la jeunesse est considérée comme une menace pour le pouvoir politique et c’est pourquoi elle suscite la peur chez les adultes. Michelle Perrot , historienne relate que cette période est considérée comme « une période dangereuse pour l’individu et pour la société ». L’historien Philippe Ariès nous rappelle que la naissance de l’adolescence émane de la bourgeoisie. Aucune forme de jeunesse n’aurait existé avant. Le 19ème siècle invente l’expression de « crise d’adolescence ». Les phobies qu’elles suscitent sont d’ailleurs à l’image des hantises de l’ordre des bourgeois :explosion de la sexualité, peur des « amitiés particulières » chez les garçons, de l’hystérie féminine, des révoltes et des « insubordinations lycéennes ». La jeunesse devient une catégorie sociale à part entière dans les années 60. A partir de ces années, marquées par les révoltes de la jeunesse, les études psychanalytiques sur l’adolescence se multiplient. Des pédagogues et psychologues contribuent à dédramatiser la perception de l’adolescence en développant une pédagogie de la « crise d’adolescence » (Maurice Debesse, 1936) et en ouvrant le premier centre psychopédagogique qui est l’ancêtre des CMPP (Georges Mauco, 1946). Le concept d’adolescence nait donc à la fin du 19ème avec une approche globalisante d’un public cible. Il apparait comme un concept limite entre un phénomène social et un processus de maturation subjective avec ses implications psychologiques. Nous sommes la 1ère ou 2ème génération a avoir vécu une réelle adolescence, en tant que phénomène générationnel. C’est dire si l’adolescent occupe aujourd’hui une place particulière dans notre société. Il prend place dans la cité et se doit de faire génération avec toute la complexité de notre modernité. L’histoire récente de l’adolescence est ainsi marquée par cette intrication, ce nouage entre le sociétal et le subjectif. Ainsi est planté le paysage de l’adolescent aujourd’hui : un héritage sociétal, une transmission générationnelle, un bain culturel et des défis à venir de plus en plus complexes. Pris dans ce paysage, l’adolescent a la difficile tâche de s’y inscrire, d’y construire ses repères, un sentiment d’appartenance, tout en étant confronté à l’angoisse de la crise d’adolescence et aux remaniements psychiques que suppose un tel travail. Est-ce le concept d’adolescence qui donne chair et âme à l’Adolescent ou sont-ce les adolescents qui donnent consistance au concept ? C’est, en tout cas, de ce nouage là que nous faisons exister notre regard auprès des adolescents et c’est avec ce prisme là que nous faisons place à l’adolescent en tant qu’être parlant quand nous les accueillons dans nos structures de soins. Le « symptôme adolescent » (et non le symptôme de l’adolescent) va s’exprimer préférentiellement dans le social, au sein de la famille ou à l’école. Nous recevons des adolescents qui ont « mal à leur adolescence » et qui vont se saisir des objets de la modernité comme autant de manifestations de leurs maladresses à être, à grandir, à s’éprouver, à se laisser traverser par les émotions, les sentiments, la souffrance… Les blessures narcissiques, les ruptures affectives, les doutes sur le sens de l’existence fragilisent une construction identitaire encore incertaine pouvant amener les adolescents à rechercher « des solutions » d’apaisement, d’anesthésie et de retrait du monde. L’appétence pour les produits, la séduction du virtuel sont souvent mises en place de « solution » à des fins de moins souffrir et sont investies sur un mode « très adolescent » ; à savoir des investissements passionnés mais aussi non durables et fluctuants !... « Voyageurs de la vie », ils se font vivre des expériences de consommations allant de la plus simple à la plus extrême en fonction de leur propre curseur interne .En quête d’oubli, d’échappatoire, de tentatives de se soustraire aux exigences du présent. « Natifs numériques », ils se construisent de nouveaux codes sociaux, symbole d’appartenance à leur génération. Ils sont en recherche d’affirmation d’identité adolescente : ne pas être conforme à l’image de ce que l’on attend, échapper à cet idéal parental, exister autrement. Perdus dans l’éternel présent, ne pouvant sortir du jeu… Crise d’adolescence virtuelle, disent certains, une façon de retarder son entrée dans l’âge adulte, de retarder les choix d’adultes, très vraisemblablement ! De la difficulté à trouver des réponses, à se subjectiver …Les consommations de substances psychoactives, les pratiques de jeux vidéos peuvent devenir des facteurs d’isolement et des objets de dépendance selon la place et la fonction qu’ils occupent dans l’économie psychique du sujet adolescent. Du plus normatif au plus pathologique des modes d’expression des adolescents, nous adoptons une posture qui s’entend comme un « care » aux adolescents, un accompagnement d’un processus psychique parfois difficile. Notre approche thérapeutique est d’être là, dans l’ici et maintenant, et de les accompagner le temps que durera la traversée… Humains trop humains, les adolescents nous rappellent nos contingences humaines et le désir de s’y soustraire parfois tant la tâche de devenir un être psychique avec un moi solide semble difficile. En guise de conclusion je livrerais cette citation : « Du point de vue de l’enfant, le risque du moi est toujours exorbitant .Le moment où l’enfant éprouve la réalité de son moi pour la première fois est le moment inaugural de la solitude .C’est aussi la première occasion de bonheur qui s’offre à lui. Dans l’être de chacun s’inscrit la possibilité d’une solitude et d’un bonheur plus grands. L’enfant les touche l’une et l’autre au moment où il comprend sa séparation d’avec ses parents. A cet instant-là il est aussi un étranger pour lui-même. La reconnaissance comporte l’expérience aussi bien de la participation que de la séparation. De cette fissure, tension entre la participation bénie et la séparation déchirante, résulte le moi. Dans cet évènement il ne serait question que de pure tragédie s’il n’en ressortait en même temps aussi l’espoir inhérent à l’individualité humaine. » L’armoire des robes oubliées, Riikka Pulkkinen Cassandre Mancel, Psychologue clinicienne Responsable de la Consult’ La Boussole Les services de La Consult’ et de Prévention proposent : Un nouvel espace d’expression et de réflexion pour les parents de jeunes consommateurs de moins de 25 ans. Le Groupe d’Aide et de Renforcement Parental à Médiation Thérapeutique. Se renseigner : 02 35 72 82 82 ADDICT’O NORMAND - 1 rue de Germont cour Leschevin porte 24, 3ème étage 76031 Rouen cedex - Tél : 02.35.03.03.90 3 Bulletin numéro 3 Bibliographie IREPS Benec’h G. Alcool et jeunes. Les mesures les plus efficaces pour réduire les méfaits liés à la consommation d’alcool. Synthèse de connaissances et exemples d’actions. Rennes : Association d’Information et de Ressources sur les Drogues et dépendances et le sida (AIRDDS), 2013, 85 p. http://www.cirdd-bretagne.fr/uploads/tx_publications/ documents/Mesures_alcool_MANUEL_COMPLET.pdf Beck F., Richard JB et al. Les comportements de santé des jeunes : analyses du Baromètre santé 2010. Saint-Denis : Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), 2013, 337 p. http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1452.pdf Chobeaux F., Aubertin M.X. Jeunes en errance et addictions. Janvier 2014 Zoom « Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du cœur. Les jeunes sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d’autrefois. Ceux d’aujourd’hui ne seront pas capables de maintenir notre culture. » Citation trouvée sur une stèle babylonienne. La région Haute Normandie n’est plus placée parmi les régions de France les plus touchées ! Cf : Atlas des substances psychoactives 2010 ; Analyses régionales du baromètre Santé de l’INPES En Savoir plus : veille documentaire IREPS http://resodochn.typepad.fr/addictions/2013/11/index.html Paris : CEMEA, 2013, 110 p. http://www.cemea.asso.fr/IMG/pdf/jeune_errance_2013-2.pdf Kusa - le Manga Diaz Gomez C, Lermenier A, Milhet M. Communiquer avec les plus jeunes avec leurs médias : L’interdiction de vente d’alcool et de tabac aux moins de 18 ans. Kusa – le manga, un bon exemple d’outil de prévention adapté aux adolescents. in : Tendances, n° 87, 2013, 4p . http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eftxcdta.pdf Comme un manga, il se lit dans le sens japonais, de droite à gauche ; et comme un manga, les dessins sont en noir et blanc. L’histoire est simple, un jeune guerrier samouraï Akio découvre une à une les embûches que la vie place sur son chemin. A chaque épreuve, il expérimente une émotion et prend de l’assurance. Un héros vulnérable, avec ses doutes, ses tentations, et donc attachant et même … on lirait bien la suite (me dit mon jeune lecteur) Obradovic I. Guide pratique des principaux outils de repérage de l’usage problématique de cannabis chez les adolescents. OFDT, Fédération Addiction, janvier 2013, 118 http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/epfxiot9.pdf Spilka S, Le Nézet O, Beck F. Alcool, tabac et cannabis durant les « années collège ». in : Tendances, N°80, 4 p http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eftxsss4.pdf Spilka S., Le Nézet O., Tovar ML. Les drogues à 17 ans : premiers résultats de l’enquête ESCAPAD 2011. in : Tendances, n° 79, février 2012, 4 p. http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eftxsps2.pdf En attendant, on peut le relire, on peut développer sa culture manga et pourquoi pas utiliser cet outil de prévention auprès des jeunes adolescents, permettant d’aborder de nombreux thèmes autour de la dépendance, l’adolescence, la gestion du stress, la relation aux autres, voire la fameuse herbe Kusa (Dans la série Naruto, Kusa est le village caché du Pays de l’Herbe dans le monde de Naruto). On pourra s’aider du guide de l’animateur téléchargeable gratuitement sur le site de la MILDT (www.drogues.gouv.fr) Le Bulletin est edité par ADDICT’O NORMAND, associations Loi 1901 / Bulletin N°3 - Jeune public Directeur de publication : P. FOUILLAND / Comité de redaction et lecture : B.Duez, J.Hauchard, S. Delaunay, N. Chemir, H.Defay-Goetz, S. Putet Coordinateurs : S. Delaunay / Diffusion : [email protected] / Maquette : L. Lebiez, association l’Ecrit Santé / Imprimerie : IBL graphique ISSN : en cours / Dépôt legal à parution / Parution : 3 numeros par an Les opinions exprimées dans les articles du Bulletin ADDICT’O NORMAND n’engagent que leurs auteurs et leur parution est soumis à l’accord de ceux-ci. Cependant, le comité de rédaction se réserve le droit de non publication si certains propos interpellent les valeurs éthiques ou déontologiques de l’association. Les indications d’adresses, numéros de téléphone, mail ou site web sont données à titre d’information sans aucun but publicitaire et non exhaustifs. ADDICT’O NORMAND - 1 rue de Germont cour Leschevin porte 24, 3ème étage 76031 Rouen cedex - Tél : 02.35.03.03.90