bulletin-addcito-3-web

Transcription

bulletin-addcito-3-web
Bulletin
numéro 3
Janvier 2014
Jeune public
Edito
2014 Addict’O normand, vent en poupe
Ce sont les premiers jours de l’année, alors
cédons au rituel des vœux. À chacun d’entre vous,
membres du réseau, amis, alliés, partenaires
nous souhaitons la santé, la réussite de vos
projets. À vos institutions, nous souhaitons le
dynamisme pour aborder les changements qui
arrivent de tous les horizons. Notre réseau, nous
souhaitons le voir répondre chaque jour un peu
plus aux impératifs de notre temps, promouvoir
une addictologie renouvelée, apporter une vraie
plus value à ses adhérents, aux publics qui
attendent tant de nous, une réponse toujours
plus adaptée.
Notre réseau a un an bien sonné ! Un an de remise
en route, parfois balbutiante, d’apprentissage à
travailler ensemble, de rodage. Il est maintenant en
route. La journée annuelle, centrée sur l’extension
du champ de la réduction des risques a été un
franc succès, les intervisions se poursuivent à un
rythme soutenu, le cycle de formation d’acteurs
en est à mi-parcours, les commissions tournent.
Le réseau répond aux sollicitations de l’ARS en
participant à des groupes de travail, de pilotages
en constante augmentation. Merci à tous ceux qui
se sont impliqués dans ces différentes activités, y
apportant dynamisme et compétence.
Pour ce premier bulletin de l’année, nous avons
choisi d’évoquer les « Jeunes publics ». Par de
multiples entrées, ce thème traverse toutes nos
pratiques : consultations jeunes consommateurs,
accueil des publics « Justice », travail avec les
familles…
Alain Fuseau évoque l’évolution des MdA,
Cassandre Mancel brosse un portrait de
l’adolescent dans l’Histoire.
Le 09 avril prochain, l’Assemblée générale fera
le point sur le déploiement du réseau, ce qui est
fait et ce qui reste à faire ; ce sera l’occasion
d’échanger sur les évolutions et de tracer les
perspectives.
Bonne lecture
Patrick Fouilland, Président
et le comité de rédaction
La Maison des Adolescents
du Havre depuis 1999 :
Une histoire de réseau
Les Maisons des Adolescents sont
désormais partie intégrante du paysage
de la santé des adolescents en France.
Créée pour la première fois au Havre en
1999, les Maisons des adolescents se
sont développées au fil des années, sous
l’impulsion d’une politique de la famille
volontariste qui a fait le choix de consacrer
quelques moyens (environ 25 millions
d’euros au total), au développement
de ces dispositifs. Émise par Claire
Brisset, défenseure des enfants, dans
son rapport 20021, l’idée d’une maison
des adolescents par département a
fait son chemin. Aujourd’hui, seuls 16
départements français n’ont pas de MdA,
mais certains en ont plusieurs, soit une
centaine de MdA au total sur le territoire.
Dans la circulaire créant officiellement
les MdA2, il est rappelé quelques points
essentiels concernant ces dispositifs, qu’il
est important d’évoquer ici en préambule.
« Le projet de maison des adolescents
s’appuie sur un diagnostic des besoins
du territoire et de l’existant. Celui-ci devra
notamment faire l’inventaire de l’offre tant
publique que privée, analyser les points
forts et les points faibles et s’appuyer
sur des éléments de connaissance de la
situation locale des adolescents (données
démographiques, sanitaires...).
Ce diagnostic doit être partagé a minima
par les partenaires suivants : éducation
nationale, justice, conseil général et autres
collectivités locales, acteurs de la santé et
de l’action sociale (ARH, DRASS, DDASS,
missions locales...). Il doit également en tant
que de besoin associer les autres acteurs
concernés (police, gendarmerie...). »
Les MdA se conçoivent donc avant tout
comme un projet partenarial, fruit d’une
élaboration partagée qui, seule, peut
permettre de mener à bien un tel projet,
d’en définir les lignes de force, par essence
spécifiques à chaque lieu et prenant donc
en compte les caractéristiques de chaque
ville, agglomération ou département.
Au delà de cette réflexion, la circulaire
rappelle que « les missions des maisons
des adolescents s’articulent autour de:
• L’accueil, l’écoute, l’information,
l’orientation
• L’évaluation des situations
• La prise en charge médicale
• L’accompagnement éducatif, social
et juridique »
Nous ne reviendrons pas ici sur le
développement
des
Maisons
des
Adolescents en France. Il importe
simplement d’avoir à l’esprit que
l’exemple initial du Havre n’a pas été
repris dans son intégralité par les autres
Maisons des Adolescents. Certes, la
MdA du Havre bénéficie de l’antériorité,
et en cela, son exemple et son histoire
sont précieux. Elle ne constitue, pour les
autres, ni une référence absolue ni un
modèle incontournable. Par contre, il est
intéressant de l’aborder du coté de son
évolution au fil des ans, ce que 14 années
de pratique sur un territoire lui permettent
de faire beaucoup mieux que certaines
plus récentes. En créant la Mda en 1999,
les concepteurs n’avaient pas pour idée
d’en faire un dispositif innovant. Leur souci
premier, qui persiste, était de créer un lieu
d’accueil et de soins pour adolescents
adapté au tissu local et à ses besoins :
besoins de santé, accessibilité, lisibilité
pour le public et pour les professionnels,
attractivité (au sens noble) pour les
adolescents en souffrance psychique. Sa
conception s’est effectuée en concertation
avec les professionnels des secteurs
sanitaires, sociaux, médico-sociaux et
judiciaires de la région. Son formidable
Suite page 3
ADDICT’O NORMAND - 1 rue de Germont cour Leschevin porte 24, 3ème étage 76031 Rouen cedex - Tél : 02.35.03.03.90
numéro 3
La Maison des Adolescents du Havre depuis 1999 :
Une histoire de réseau
succès tient avant tout à cette élaboration
partagée.
Quelques grandes lignes ont présidé à notre
réflexion :
- la lisibilité : la MdA se veut un lieu unique,
aisément repérable, distinct des lieux estampillés
« hôpital » ou « psychiatrie »
- l’accessibilité : spatiale tout d’abord (lieu
d’implantation) mais aussi temporelle. Elle
est ouverte largement jusqu’à tard le soir et
bénéficie aussi d’une ouverture le week-end,
avec ou sans rendez-vous. L’adolescent, de
12 à 20 ans, peut y venir seul ou accompagné.
Aucune orientation préalable de professionnel
n’est requise
- la pluridisciplinarité des intervenants : y sont
associés des professionnels d’origine et de
cursus fort divers : psychiatres, psychologues,
assistantes sociales, infirmiers, éducateurs,
pédiatre, médecin nutritionniste, gynécologue,
avocats... On notera que la pluridisciplinarité
s’exerce aussi au sein du sanitaire, puisqu’y
sont présents aussi bien des professionnels du
soin psychique que du soin somatique. La MdA
n’est pas un « CMP bis » pour les adolescents
mais une entité distincte et spécifique
- le lien avec l’environnement hospitalier
est indispensable. Les équipes de la MdA
interviennent en milieu hospitalier (services
de pédiatrie principalement) et sont en lien
constant avec l’unité psychiatrique pour
adolescents « Équinoxe » qui s’est créée en
2007 en collaboration avec notre MdA.
L’originalité des MdA, présente dés la première
maison, réside dans un dispositif d’accueil
extrêmement développé. Cet accueil, que
nous qualifions quelquefois « d’accueil de
première ligne», est constitué de l’association
de 10 professionnels, infirmiers et éducateurs,
psychologue, tous formés à l’accueil et à
l’écoute des adolescents. Ces professionnels,
détenteurs d’une véritable expertise clinique,
mènent avec les adolescents qui se présentent
un travail de défrichage, de clarification de
la demande, de précision et de verbalisation
de la souffrance psychique. Les prises en
charge dont il pourrait bénéficier (soins,
accompagnements, ...) sont déterminées avec
l’adolescent et l’équipe pluridisciplinaire. De
part leur pratique, quelques entretiens suffisent
souvent aux professionnels à « désamorcer »
les situations de souffrance psychique. Ainsi,
seul 25 % des adolescents reçus en première
ligne seront vus et pris en charge par les
dispositifs d’aval (consultation spécialisée ou
groupes thérapeutiques). La particularité de la
MdA du Havre tient au fait que la consultation
spécialisée et les groupes thérapeutiques sont
situés dans la Structure. La MdA du Havre
intègre toutes ces dimensions.
En 14 ans, la MdA a évolué, développant ses
actions dans deux directions principales, sousestimées lors de la conception du projet :
- la prise en charge des parents
- l’accompagnement des professionnels et plus
largement le travail de réseau
A posteriori, on peut s’étonner d’avoir aussi
peu pensé la parentalité dans l’élaboration du
projet. Comme certains à la MdA se plaisent à le
2
dire, dès le 1er adolescent reçu, nous avons su
que notre dispositif était bancal car ce dernier
sous-estimait largement la place à donner aux
parents dans le soin aux adolescents.
Pendant les premières années, nous nous
sommes efforcés de compenser cette faiblesse
initiale du dispositif, développant notre écoute
auprès des parents, mettant en place des suivis
en binôme, réfléchissant à la question des
groupes de parents, etc...
En 2005, l’équipe a fait le choix de se confronter
plus fortement à la question parentale et surtout
de répondre aux demandes, insistantes et
justifiées, de nombreux parents en difficulté
avec la problématique adolescente. Nous avons
ainsi développé un dispositif connexe à la MdA,
l’Accueil Pour Parents d’Adolescents (ou APPA).
Ce dernier, fortement lié à la MdA (personnel,
secrétariat et prise de rendez-vous communs,
hiérarchie identique), est géographiquement
situé en dehors de nos locaux. La distinction
des espaces parents / adolescents, qui nous
paraît essentiel, doit aussi s’exprimer dans la
réalité au delà des espaces psychiques.
Nous y proposons aux parents (seul ou en
couple) ainsi, qu’à tout adulte en position
parentale, des entretiens individuels avec
des professionnels de l’adolescence et non
pas des professionnels de la parentalité !
Même s’ils peuvent bénéficier de formation
particulière, ces professionnels sont avant tout
là pour accompagner sur quelques rendez-vous
(3 en moyenne) les parents dans leur rôle de
parents. Ces derniers viennent chercher là
le regard du professionnel de l’adolescence,
afin que celui-ci les aide à décrypter les aléas
des comportements et des conduites de leur
enfant. Les parents d’adolescents, suivis ou
non à la MdA, viennent en général à l’APPA pour
comprendre*,et adapter leurs attitudes lorsque
cela s’avère nécessaire ou tout simplement
pour se rassurer. Ils peuvent aussi, s’ils le
souhaitent, bénéficier de groupe de parents
intitulés « groupes d’échange et d’information ».
Ces groupes, en général trimestriel, d’une
quinzaine de parents, s’organisent autour d’une
introduction clinique par des professionnels,
liminaire à l’échange et à la confrontation des
expériences parentales. Le co-étayage des
parents fonctionne remarquablement bien,
venant soutenir un passage souvent difficile
pour ces familles.
La question de l’accompagnement des
professionnels est bien entendu différente. La
fonction de « tête de réseau », de lieu ressource,
s’est d’emblée inscrit au cœur de notre travail
avec nos partenaires. Le cahier des charges
de 2005 a repris ce point essentiel de notre
mission, et le prochain rapport IGAS3 sur les
MdA devrait ré-affirmer ce point central.
La conception d’une MdA n’est envisageable
que par et avec le réseau. Celle du Havre ne fait
pas exception et c’est de cette multiplicité de
partenaires que nous tenons notre légitimité.
Dans un premier temps, nous avons exercé
cette mission de différentes façons, toutes
devant contribuer à la cohérence des prises
en charge adolescentes et au soutien des
professionnels :
- mise en place de conventions spécifiques
de travail avec certains partenaires (MECS4,
PJJ5, CSAPA6, etc...), instauration de stages
d’observation
- développement de dispositifs d’échanges de
pratiques à travers l’organisation de colloques,
de cycles de conférences (dont le dernier intitulé
« adolescents, familles et addictions : nouvelles
réflexions »)
- ouverture de la MdA aux professionnels
souhaitant venir présenter une situation clinique,
obtenir le regard croisé de nos professionnels
- sans parler, bien sûr, du travail clinique
quotidien auprès des adolescents.
Depuis quelques mois, nous mettons en place
un dispositif particulier nommé EPELA (Équipe
Paramédicale d’Évaluation et de Liaison pour
Adolescents).
Cette équipe de psychologues et d’infirmiers
a pour mission d’intervenir, à leur demande et
après signature d’une convention, auprès des
établissements sociaux et médico- sociaux de
notre territoire, en difficulté avec ce que nous
avons convenu d’appeler les « cas complexes » :
situations d’adolescents en grande souffrance,
quelquefois ballottés d’une structure à une
autre, en attente de réorientation, etc... Ces
situations mettent quelquefois à mal les
équipes éducatives, jouant du risque de
clivage inhérent à tout dispositif, suscitant
souvent rejet, agressivité, attitudes inadaptées.
Notre pratique clinique depuis 14 ans ne nous
confère aucun statut d’expert. Cependant,
notre regard, extérieur aux institutions mais
centré sur l’adolescent, peut être pertinent pour
accompagner les équipes dans leur réflexion
autour de la prise en charge de certains
jeunes et des mouvements psychiques que
cela génère au sein de la structure d’accueil.
Ni analyse de pratique ni volonté de se
substituer aux psychologues qui interviennent
quelquefois en ces lieux, EPELA se veut plutôt
une ressource supplémentaire à la disposition
de nos partenaires pour les soutenir dans leur
action auprès des adolescents.
De la MdA du havre, comme sans doute de
toutes les MdA, il convient à mon sens de
retenir le mouvement : Mouvement psychique
permanent, qui nous agite et nous interroge.
Pensée clinique qui se doit d’être en permanence
à l’œuvre pour accompagner adolescents et
professionnels ; réflexions institutionnelles
constantes pour adapter au plus juste notre offre
de soins aux adolescents et aux professionnels
qui les entourent.
Dr Alain FUSEAU
Maison de l’Adolescent du Havre
[email protected]
1
Rapport annuel du Défenseur des enfants au
Président de la République et au Parlement,
année 2002, Claire Brisset, la documentation
française
2 Lettre circulaire CAB/FC/D/12871 du 4 janvier
2005 relative à la création des maisons des
adolescents
3 Rapport de l’Inspection général des Affaires
Sociales, Fadela Amara et Pierre Naves, 2013
(à paraître)
4 MECS : maison d’enfants à caractère social
5 PJJ : Protection Judiciaire de la Jeunesse
6 CSAPA : Centre de Soins et d’ accompagnement
et de prévention en addictologie
ADDICT’O NORMAND - 1 rue de Germont cour Leschevin porte 24, 3ème étage 76031 Rouen cedex - Tél : 02.35.03.03.90
Janvier 2014
De l’Adolescence aux adolescents…
un aperçu clinique
Le public jeune a de tout temps questionné…
tour à tour figure d’imprudence, de danger,
symbole d’espoir aussi, porteur de tous les
maux d’une société…il est chargé, marqué
du sceau de l’ambivalence.
Jusqu’à la fin du 19ème siècle, nous
retrouvons une perception de la jeunesse
basée sur des considérations morales et
religieuses. La notion de jeunesse s’est
construite socialement et la découverte et la
mise en valeur de l’adolescence ne sont pas
si anciennes.
Au 19ème, les médecins et pédagogues
appréhendent l’adolescence comme une
période critique liée à la puberté : « un âge
bâtard, gauche, ingrat »… Ou encore la
jeunesse est considérée comme une menace
pour le pouvoir politique et c’est pourquoi
elle suscite la peur chez les adultes.
Michelle Perrot , historienne relate que cette
période est considérée comme « une période
dangereuse pour l’individu et pour la société ».
L’historien Philippe Ariès nous rappelle que
la naissance de l’adolescence émane de
la bourgeoisie. Aucune forme de jeunesse
n’aurait existé avant. Le 19ème siècle invente
l’expression de « crise d’adolescence ». Les
phobies qu’elles suscitent sont d’ailleurs
à l’image des hantises de l’ordre des
bourgeois :explosion de la sexualité, peur
des « amitiés particulières » chez les garçons,
de l’hystérie féminine, des révoltes et des « insubordinations lycéennes ».
La jeunesse devient une catégorie sociale à
part entière dans les années 60.
A partir de ces années, marquées par
les révoltes de la jeunesse, les études
psychanalytiques sur l’adolescence se
multiplient. Des pédagogues et psychologues
contribuent à dédramatiser la perception de
l’adolescence en développant une pédagogie
de la « crise d’adolescence » (Maurice
Debesse, 1936) et en ouvrant le premier
centre psychopédagogique qui est l’ancêtre
des CMPP (Georges Mauco, 1946).
Le concept d’adolescence nait donc à la fin
du 19ème avec une approche globalisante
d’un public cible. Il apparait comme un
concept limite entre un phénomène social et
un processus de maturation subjective avec
ses implications psychologiques.
Nous sommes la 1ère ou 2ème génération a
avoir vécu une réelle adolescence, en tant
que phénomène générationnel. C’est dire si
l’adolescent occupe aujourd’hui une place
particulière dans notre société. Il prend place
dans la cité et se doit de faire génération avec
toute la complexité de notre modernité.
L’histoire récente de l’adolescence est ainsi
marquée par cette intrication, ce nouage
entre le sociétal et le subjectif.
Ainsi est planté le paysage de l’adolescent
aujourd’hui : un héritage sociétal, une
transmission générationnelle, un bain culturel
et des défis à venir de plus en plus complexes.
Pris dans ce paysage, l’adolescent a la
difficile tâche de s’y inscrire, d’y construire
ses repères, un sentiment d’appartenance,
tout en étant confronté à l’angoisse de la
crise d’adolescence et aux remaniements
psychiques que suppose un tel travail.
Est-ce le concept d’adolescence qui donne
chair et âme à l’Adolescent ou sont-ce les
adolescents qui donnent consistance au
concept ?
C’est, en tout cas, de ce nouage là que
nous faisons exister notre regard auprès des
adolescents et c’est avec ce prisme là que
nous faisons place à l’adolescent en tant
qu’être parlant quand nous les accueillons
dans nos structures de soins.
Le « symptôme adolescent » (et non le
symptôme de l’adolescent) va s’exprimer
préférentiellement dans le social, au sein de
la famille ou à l’école.
Nous recevons des adolescents qui ont « mal à leur adolescence » et qui vont se saisir
des objets de la modernité comme autant
de manifestations de leurs maladresses
à être, à grandir, à s’éprouver, à se laisser
traverser par les émotions, les sentiments, la
souffrance…
Les blessures narcissiques, les ruptures
affectives, les doutes sur le sens de l’existence
fragilisent une construction identitaire encore
incertaine pouvant amener les adolescents à
rechercher « des solutions » d’apaisement,
d’anesthésie et de retrait du monde.
L’appétence pour les produits, la séduction
du virtuel sont souvent mises en place de
« solution » à des fins de moins souffrir et sont
investies sur un mode « très adolescent » ; à
savoir des investissements passionnés mais
aussi non durables et fluctuants !...
« Voyageurs de la vie », ils se font vivre des
expériences de consommations allant de la
plus simple à la plus extrême en fonction de
leur propre curseur interne .En quête d’oubli,
d’échappatoire, de tentatives de se soustraire
aux exigences du présent.
« Natifs numériques », ils se construisent
de nouveaux codes sociaux, symbole
d’appartenance à leur génération. Ils
sont en recherche d’affirmation d’identité
adolescente : ne pas être conforme à l’image
de ce que l’on attend, échapper à cet idéal
parental, exister autrement. Perdus dans
l’éternel présent, ne pouvant sortir du jeu…
Crise d’adolescence virtuelle, disent certains,
une façon de retarder son entrée dans l’âge
adulte, de retarder les choix d’adultes, très
vraisemblablement !
De la difficulté à trouver des réponses, à
se subjectiver …Les consommations de
substances psychoactives, les pratiques de
jeux vidéos peuvent devenir des facteurs
d’isolement et des objets de dépendance
selon la place et la fonction qu’ils occupent
dans l’économie psychique du sujet
adolescent.
Du plus normatif au plus pathologique des
modes d’expression des adolescents,
nous adoptons une posture qui s’entend
comme un « care » aux adolescents, un
accompagnement d’un processus psychique
parfois difficile. Notre approche thérapeutique
est d’être là, dans l’ici et maintenant, et de
les accompagner le temps que durera la
traversée…
Humains trop humains, les adolescents nous
rappellent nos contingences humaines et le
désir de s’y soustraire parfois tant la tâche de
devenir un être psychique avec un moi solide
semble difficile.
En guise de conclusion je livrerais cette
citation : « Du point de vue de l’enfant, le
risque du moi est toujours exorbitant .Le
moment où l’enfant éprouve la réalité de
son moi pour la première fois est le moment
inaugural de la solitude .C’est aussi la
première occasion de bonheur qui s’offre
à lui. Dans l’être de chacun s’inscrit la
possibilité d’une solitude et d’un bonheur plus
grands. L’enfant les touche l’une et l’autre au
moment où il comprend sa séparation d’avec
ses parents. A cet instant-là il est aussi un
étranger pour lui-même. La reconnaissance
comporte l’expérience aussi bien de la
participation que de la séparation. De cette
fissure, tension entre la participation bénie et
la séparation déchirante, résulte le moi. Dans
cet évènement il ne serait question que de
pure tragédie s’il n’en ressortait en même
temps aussi l’espoir inhérent à l’individualité
humaine. »
L’armoire des robes oubliées,
Riikka Pulkkinen
Cassandre Mancel, Psychologue clinicienne
Responsable de la Consult’ La Boussole
Les services de La Consult’
et de Prévention proposent :
Un nouvel espace d’expression et de
réflexion pour les parents de jeunes
consommateurs de moins de 25 ans.
Le Groupe d’Aide et de Renforcement
Parental à Médiation Thérapeutique.
Se renseigner : 02 35 72 82 82
ADDICT’O NORMAND - 1 rue de Germont cour Leschevin porte 24, 3ème étage 76031 Rouen cedex - Tél : 02.35.03.03.90
3
Bulletin
numéro 3
Bibliographie IREPS
Benec’h G. Alcool et jeunes.
Les mesures les plus efficaces pour réduire les
méfaits liés à la consommation d’alcool.
Synthèse de connaissances et exemples
d’actions.
Rennes : Association d’Information et de Ressources sur les
Drogues et dépendances et le sida (AIRDDS), 2013, 85 p.
http://www.cirdd-bretagne.fr/uploads/tx_publications/
documents/Mesures_alcool_MANUEL_COMPLET.pdf
Beck F., Richard JB et al.
Les comportements de santé des jeunes :
analyses du Baromètre santé 2010.
Saint-Denis : Institut national de prévention et d’éducation pour
la santé (INPES), 2013, 337 p.
http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1452.pdf
Chobeaux F., Aubertin M.X.
Jeunes en errance et addictions.
Janvier 2014
Zoom
« Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du cœur. Les
jeunes sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais
comme la jeunesse d’autrefois. Ceux d’aujourd’hui ne
seront pas capables de maintenir notre culture. »
Citation trouvée sur une stèle babylonienne.
La région Haute Normandie n’est plus
placée parmi les régions de France les
plus touchées !
Cf : Atlas des substances psychoactives 2010 ;
Analyses régionales du baromètre Santé de l’INPES
En Savoir plus : veille documentaire IREPS
http://resodochn.typepad.fr/addictions/2013/11/index.html
Paris : CEMEA, 2013, 110 p.
http://www.cemea.asso.fr/IMG/pdf/jeune_errance_2013-2.pdf
Kusa - le Manga
Diaz Gomez C, Lermenier A, Milhet M.
Communiquer avec les plus jeunes avec leurs médias :
L’interdiction de vente d’alcool et de tabac aux
moins de 18 ans.
Kusa – le manga, un bon exemple d’outil de prévention
adapté aux adolescents.
in : Tendances, n° 87, 2013, 4p .
http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eftxcdta.pdf
Comme un manga, il se lit dans le sens
japonais, de droite à gauche ; et comme un
manga, les dessins sont en noir et blanc.
L’histoire est simple, un jeune guerrier
samouraï Akio découvre une à une les
embûches que la vie place sur son chemin. A
chaque épreuve, il expérimente une émotion
et prend de l’assurance.
Un héros vulnérable, avec ses doutes, ses
tentations, et donc attachant et même … on
lirait bien la suite (me dit mon jeune lecteur)
Obradovic I.
Guide pratique des principaux outils de
repérage de l’usage problématique de cannabis
chez les adolescents.
OFDT, Fédération Addiction, janvier 2013, 118
http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/epfxiot9.pdf
Spilka S, Le Nézet O, Beck F.
Alcool, tabac et cannabis durant les « années
collège ».
in : Tendances, N°80, 4 p
http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eftxsss4.pdf
Spilka S., Le Nézet O., Tovar ML.
Les drogues à 17 ans : premiers résultats de
l’enquête ESCAPAD 2011.
in : Tendances, n° 79, février 2012, 4 p.
http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eftxsps2.pdf
En attendant, on peut le relire, on peut
développer sa culture manga et pourquoi
pas utiliser cet outil de prévention auprès
des jeunes adolescents, permettant
d’aborder de nombreux thèmes autour de
la dépendance, l’adolescence, la gestion du
stress, la relation aux autres, voire la fameuse herbe Kusa
(Dans la série Naruto, Kusa est le village caché du Pays de l’Herbe dans
le monde de Naruto).
On pourra s’aider du guide de l’animateur téléchargeable
gratuitement sur le site de la MILDT (www.drogues.gouv.fr)
Le Bulletin est edité par ADDICT’O NORMAND, associations Loi 1901 / Bulletin N°3 - Jeune public
Directeur de publication : P. FOUILLAND / Comité de redaction et lecture : B.Duez, J.Hauchard, S. Delaunay, N. Chemir, H.Defay-Goetz, S. Putet
Coordinateurs : S. Delaunay / Diffusion : [email protected] / Maquette : L. Lebiez, association l’Ecrit Santé / Imprimerie : IBL graphique
ISSN : en cours / Dépôt legal à parution / Parution : 3 numeros par an
Les opinions exprimées dans les articles du Bulletin ADDICT’O NORMAND n’engagent que leurs auteurs et leur parution est soumis à l’accord de
ceux-ci. Cependant, le comité de rédaction se réserve le droit de non publication si certains propos interpellent les valeurs éthiques ou déontologiques
de l’association. Les indications d’adresses, numéros de téléphone, mail ou site web sont données à titre d’information sans aucun but publicitaire
et non exhaustifs.
ADDICT’O NORMAND - 1 rue de Germont cour Leschevin porte 24, 3ème étage 76031 Rouen cedex - Tél : 02.35.03.03.90