AH, LA JUSTICE ! D`après : « Un client trop sérieux ». Georges

Transcription

AH, LA JUSTICE ! D`après : « Un client trop sérieux ». Georges
AH, LA JUSTICE !
D’après : « Un client trop sérieux ». Georges Courteline
Adaptation de Sarah Pèpe
Nous vous présentons ici la moitié de la pièce. Si vous êtes intéressés par cette adaptation, contactez-nous et c'est
avec plaisir que nous vous ferons parvenir la version intégrale.
PERSONNAGES
LE JUGE
Mme LAGOUPILLE
Mme GERMAINE
Mr BARBEMOLLE
LE PROCUREUR
LE FACTEUR
LES JURES
La scène se passe dans un tribunal.
LE JUGE : Je déclare la séance ouverte.
Qu’on fasse entrer l’accusée, j’ai nommé : Madame Lagoupille !
Mme LAGOUPILLE : Présente !
LE JUGE : Qu’on fasse entrer la plaignante, j’ai nommé : Madame Germaine !
Mme GERMAINE : Présente !
Mme LAGOUPILLE : Madame Germaine, laissez-moi vous dire que vous vous
conduisez comme une truie !
Mme GERMAINE : C’est trop fort ! Etre insultée par une canaille !
LE JUGE, à Mme Germaine : Madame, vous allez commencer par vous taire ! Vous
répondrez quand on vous questionnera !
Mme LAGOUPILLE : Ca c’est envoyé !
LE JUGE, à Mme Lagoupille : On ne vous demande pas votre avis !
Mme GERMAINE : Et on a rudement raison !
LE JUGE, à Mme Germaine : Ni le vôtre non plus !
Mme LAGOUPILLE : C’est clair ?
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LE JUGE, hors de lui : Bon. La première de ces dames qui ouvre encore la bouche,
sera flanquée à la porte !
Mme LAGOUPILLE et Mme GERMAINE : Et ça sera rudement bien fait !
Mme GERMAINE : Non, mais…Est-ce que ça me regarde-moi ? Il ne manquerait
plus que cela qu’on me flanque à la porte parce que Mme Lagoupille s’obstine à
vouloir parler quand on lui dit de se taire !
Mme LAGOUPILLE : Mais monsieur, ça n’est pas moi : on me dit de me taire, je
me tais. C’est Mme Germaine qui dit comme ça que l’huissier fera bien de me
flanquer à la porte, si je ne veux pas fermer mon seau de propreté.
LE JUGE : Oui ou non, voulez-vous donc vous taire ?
Silence.
LE JUGE, à Mme Germaine : Madame, c’est à vous : de quoi vous plaignez-vous ?
Mme GERMAINE : Monsieur, je tiens un petit café. Mais attention, hein, belle
clientèle. Propre sur elle et bien élevée. N’allez pas croire…
LE JUGE : Oui, oui…
Mme GERMAINE : Et madame Lagoupille est une de mes plus anciennes clientes !
Mme LAGOUPILLE : Oui ! Parfaitement ! Et voilà comment elle est remerciée sa
plus ancienne cliente !
Madame, vous vous êtes conduite comme une truie ! Et je dirai même plus madame,
vous vous êtes conduite comme …..deux truies !
LE JUGE : Continuez, madame Germaine :
Mme GERMAINE : Eh bien figurez-vous que cette espèce de sans le sou, qui n’a
jamais pris plus d’une consommation…
Mme LAGOUPILLE : Une consommation ! Menteuse !
Mme GERMAINE : Cette sans le sou, disais-je est d’une exigence révoltante : elle
arrive et aussitôt elle commence : ( elle l’imite )
Garçon, un café !
Mme LAGOUPILLE : Un café ! Naturellement, un café. Si je vais au café, c’est
pour prendre un café, pas un lavement !
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Mme GERMAINE : On lui apporte son café. Mais ça ne s’arrête pas là ! Non, ça
continue : garçon ! Les journaux !
Mme LAGOUPILLE : Et après ? J’ai le droit de lire les journaux ? Non ?
Mme GERMAINE : On lui porte les journaux.
Garçon ! Les cartes !
Mme LAGOUPILLE : C’est interdit par la loi de faire une réussite ?
Mme GERMAINE : Garçon ! Le coffret des jeux de société !
Mme LAGOUPILLE : Et alors, j’en ai besoin pour m’asseoir ! Est-ce ma faute si
ses fauteuils sont tellement vieux qu’on s’y enfonce et que sans coffret, je ne suis
plus à une hauteur correcte ? Pingre !
Mme GERMAINE : Et ça continue : garçon, le bottin !
Mme LAGOUPILLE : Ah bon ? C’est illégal de faire son courrier ?
C’est puni par la loi d’écrire des lettres ! Parce que j’écris des lettres, madame. D’où
le besoin d’adresses. D’où le bottin.
Mme GERMAINE : Et c’est ainsi que, privés de journaux, de cartes, de jeux de
société, de bottin, mes habitués ont peu à peu déserté mon café, et à l’heure actuelle
je n’ai plus aucun client ! A part elle, évidemment !
Or, la semaine dernière, après avoir accaparé tout mon matériel, comme d’habitude,
elle m’a demandé d’éteindre l’électricité, disant qu’elle voulait désormais s’éclairer à
la bougie !
Mme LAGOUPILLE : J’ai mal aux yeux ! C’est ma faute, à moi, c’est ma faute si je
suis fragile des yeux ? Faut que je m’excuse parce que j’ai la cornée fragile ?
Ah ! Terrible arrogance des bien-portants !
Mme GERMAINE : Alors, au comble de la colère, j’ai prié Madame Lagoupille
d’aller voir ailleurs si j’y étais !
Et c’est là qu’elle m’a frappé. Avec son sac à provisions ! Et j’ai pris un poireau dans
l’œil ! Comme je vous le dis, monsieur !
LE JUGE : Vous avez des témoins ?
Mme GERMAINE : Et comment voulez-vous que j’en ai des témoins ? Elle a fait le
vide dans mon café ?
LE JUGE : Bien. Asseyez-vous, madame Germaine.
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Madame Lagoupille, levez-vous ! Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
Mme LAGOUPILLE : C’est une menteuse ! Un menteuse, doublée d’une
……truie !
Je dirai même plus…
LE JUGE : Au fait, madame Lagoupille ! Allons au fait !
Mme LAGOUPILLE : D’abord, je ne prends pas une consommation, mais 7 et je
vais vous le prouver !
Je demande un café. On m’amène un café, trois morceaux de sucre, une carafe d’eau
et un carafon de cognac : première consommation.
Les jurés comptent en même temps qu’elle.
Je bois la moitié de mon café et je complète avec de l’eau : ça fait un mazagran :
deuxième consommation !
Dans mon mazagran je mets de l’eau de vie : ça fait un gloria : troisième
consommation.
Je prends un deuxième morceau de sucre et je le mets à fondre dans l’eau. Ca fait un
verre d’eau sucrée. Quatrième consommation. Dedans, je mets du cognac : ça fait un
grog : Cinquième consommation !
Mon grog bu, je m’appuie un peu de cognac pur, ça fait une fine champagne. Sixième
consommation !
Enfin sur mon dernier bout de sucre, je verse le restant du carafon. J’y mets le feu : ça
fait un punch : septième consommation !
Mme GERMAINE : Oui, mais elle n’en paie qu’une !
Mme LAGOUPILLE : Mesquine ! Truie mesquine !
LE JUGE : Reconnaissez-vous avoir frappé la plaignante ?
Mme LAGOUPILLE : Ben oui, mais c’était de la légitime défense ! Elle voulait me
jeter dehors. De force !
LE JUGE : Bien. La parole est maintenant à l’avocat de la défense !
A SUIVRE …
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