Mise en contexte - Conseil des métiers d`art du Québec

Transcription

Mise en contexte - Conseil des métiers d`art du Québec
MISE EN CONTEXTE
Expo67 et les métiers d'art
L’exposition universelle tenue à Montréal en 1967 a eu un impact majeur sur le
développement du champ culturel des métiers d’art au Québec ; un impact qui se fait
ressentir jusqu’à aujourd’hui ; 50 ans plus tard.
Dans le contexte de la Révolution tranquille, Expo67 est l’un des évènements mobilisateurs
de la modernisation au Québec. Autour du site d’Expo67, plusieurs initiatives
d’intégrations artistiques modernistes des métiers d’art à l’architecture en passant par
l’espace public, dont le métro de Montréal, font leur apparition. Sur le site d’Expo67, les
métiers d’art, le design, l’artisanat et les arts visuels sont omniprésents. L’exposition
Métiers d’art au pavillon du Québec et les pièces vendues dans la boutique de la Centrale
d’artisanat du Québec, nommée « Artisanat du Québec », située dans une section du site
appelé Le Village, ainsi que l’exposition au pavillon du Canada intitulée Canadian Fine
Crafts – Les Métiers d’art au Canada sont des évènements marquants dans la structuration
du milieu et des institutions des métiers d’art au Québec et des Fine Crafts canadiens.
De fait, c’est une des premières fois que des productions artisanales sont exposées comme
le sont normalement les objets d’art moderne. Ce type d’association entre le champ des
métiers d’art et l’art moderne marquera les esprits. Dans la version française du catalogue
d’exposition Canadian Fine Crafts / Les Métiers d’art au Canada, le commissaire
Moncrieff Williamson explique : « pour le Pavillon du Canada, la décision de nommer un
seul juge pour chacune des expositions qui s’y dérouleront constitue sans doute une rupture
avec les traditions du passé. Mais cette rupture est bien dans l’esprit d’Expo67. »
Au même moment où l’artisanat québécois est influencé par des apports étrangers et
modernistes, les valeurs nationalistes stimulent l’intérêt des Québécois pour les objets, les
pratiques et les productions locales. Les artisans de la fin des années 1960 ont effectivement
l’impression de participer à un renouveau de l’artisanat, que l’on nommera dès lors métiers
d’art et qui va de pair avec la réaffirmation de différentes identités collectives. Il est
d’ailleurs intéressant de noter que le terme « métiers d’art » fait son apparition au moment
même où les Canadiens français du Québec adoptent le terme « québécois ».
L’année de l’Expo, c’est aussi « l’année de l’amour ». La période d’Expo67 est
indissociable de l’influence des valeurs et des activités de la contre-culture. Pour une
nouvelle génération, les pratiques artisanales constituent des outils par lesquels on peut
financer et soutenir des modes de vie alternatifs à travers la création et la vente d’objets
authentiques et faits à la main. La génération de la contre-culture cherche à expérimenter,
dans une perspective utopiste, différents modes de vie alternatifs où l’artisanat tient une
grande part.
Dans le contexte de l’Exposition universelle de Montréal, la notion d’utopie est aussi
associée à une célébration du progrès, de la science, de la technologie et de la technique,
produisant des visions d’un futur où ces valeurs sont au centre du développement social. À
Expo67 on pensait le présent et le passé en termes de futur. À l’ère de l’exploration spatiale,
tout ou presque, semblait possible ; l’idée de l’avènement prochain de la « société des
loisirs » était une quasi-certitude. L’horizon de « l’an 2000 » se pointant, la mise en
spectacle du présent s’articulait en fonction d’un passé avec lequel il fallait rompre et d’un
futur à imaginer et à construire.
Bruno Andrus
Souffleur de verre, historien de l’art et enseignant