Fiche du film

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Fiche du film
Fiche n° 1365
TITRE : A perfect day
Date de sor e : 16.04.2016
Na onalité : Espagne
Durée du film : 1h46
du 30 mars au 5avril 2016
A perfect day
de Fernando Leon de Aranoa
avec Benicio Del Toro, Tim Robbins, Mélanie
Thierry
Un groupe d’humanitaires est en mission dans une
zone en guerre.
Sophie, nouvelle recrue, veut absolument aider ;
Mambru, désabusé, veut juste rentrer chez lui ;
Katya, voulait Mambru ;
Damir veut que le conflit se termine ;
et B ne sait pas ce qu'il veut.
A Perfect Day est un ilm adapté du roman "Dejarse Llover" de Paula Farias. Fernando Leon de
Aranoaa entenduparlerdecelivrepour lapremiè re foislors dutournagede son documentaire
danslenorddel'OugandaavecdesmembresdeMé decinssansFrontiè res.Leré alisateuratoutde
suiteé té admiratifdevantlasimplicité del'intrigueetlaprofondeurquel'histoiredé gage.Ils'est
doncinspiré deceromanpoursonlong-mé trage,maisaussidesespropressouvenirsauseindes
Balkans.
Auteur de Familia, Barrio, les lundis
au soleil, (5 Goyas, dont Meilleur
Film & Meilleur réalisateur), et
Amador, Fernando Leon De Aranoa
s’est confronté à la Quinzaine des
Réalisateurs avec son projet le plus
ambitieux : A perfect day (un jour
comme un autre).
Deux films se cachent dans A perfect
day. Un premier qui avance sobrement
sous couvert d’une chronique humaniste
puissante, dans l’univers des ONG humanitaires, et un deuxième qui se per-
met des détours humoristiques tutoyant
parfois les personnages des frères
Coen. Une œuvre engagée et jubilatoire
à la fois, donc, mais qui ne perd jamais
de vue son attachement thématique de
base : l’humain avec un grand H.
L’envie d’évoquer des situations graves
par le biais de scènes légères est également manifeste chez Fernando Leon de
Aranoa, elle atteint même un épanouissement éloignant son médium du rivage
des donneurs de leçons.
En s’appuyant sur des acteurs aussi doués
qu’hilarants (Benicio del Toro est décidément
très en veine après le sublime Sicario, et Tim
Robbins signe son grand retour fracassant), le
film s’évertue à mettre l’accent sur des situations héroïques et comiques à la fois, démontrant la vacuité de certains dispositifs gouvernementaux désuets.
Par le biais d’images puissantes, comme celles
des reflets "éclatés" dans le miroir de la demeure détruite, de Aranoa caractérise des personnages d’ici et d’ailleurs, en mission dans un
monde sans frontières et pourtant disparate.
À ce petit jeu, il faut reconnaître au réalisateur
un sens inné pour l’ampliation des destins humains appuyant sa thèse principale : Mambrú
débattant de la couleur d’une chambre avec sa
compagne, alors même qu’il est aux côtés
d’une mine prête à exploser ; "B" un personnage sans prénom, déphasé (mais tordant),
qui ne sait même plus où se trouve son véritable "chez lui" etc. Mais loin de plagier le
style de tel ou tel metteur en scène, Fernando
Leon De Aranoa transcende finalement
l’aspect comique par un étalage de véracité
qui ne pouvait découler que de lui... puisqu’il a
lui-même filmé de véritables missions humanitaires avant de tourner A perfect day.
Aidé par quelques gimmicks rock extradiégétiques, il faut voir avec quelle astuce le metteur en scène illustre l’ambivalence fonctionnelle de ses héros normaux, mais avant tout
très humains.
La scène du microcosme s’installant dans les
voitures retenues par des mines est à ce titre
un régal.
Et la résolution de l’enjeu dramatique du cadavre dans le puits étant à ce titre une allégorie du long métrage dans son ensemble, qui
au demeurant ouvre et referme la réalisation.
En résulte un sens profond de l’acceptation
de notre propre condition, qui doit parfois se
cantonner à celle d’observateur impuissant. La
réussite de ce "jour parfait" émane donc d’un
alliage juste entre comique et dramatique, légèreté et gravité, saveurs mélangées d’ici et
de là-bas, mais aussi et surtout, d’une confrontation à la notion d’utopies qu’il faut parfois savoir abandonner. Il trouve par là même
en Mélanie Thierry une excellente représentante de cette perte d’innocence des plus touchantes. Un jour comme un autre est drôle,
informatif, et personnel à la fois !
Àvoir-àlire
Ayant lui-même suivi et filmé des missions d’ONG dans un lointain passé de documentariste,
Fernando León de Aranoa maîtrise son sujet et surtout, maîtrise les personnalités et sentiments
qui peuvent animer ces héros de l’humanitaire.
C’est probablement pour cela que l’on sent une telle authenticité se dégager à chaque instant
de cette plongée dans l’épouvantable, éclairée par la beauté de ses protagonistes haut en couleurs, qui ne sont pas si drôles pour rien.
Quelque part, peut-être est-ce justement cet humour qui leur permet d’affronter le pire, de
supporter ce dont ils sont parfois des témoins impuissants, d’apporter un peu de légèreté au
milieu d’un quotidien plombé par la gravité.
Du vieux baroudeur usé (Del Toro) à son acolyte un brin fêlé (énorme Robbins) en passant par
l’utopiste touchante (Mélanie Thierry) ou la gratte-papier qui découvre la réalité du terrain
(Kurylenko), A Perfect Day croque des portraits magnifiques et se sert d’eux pour déployer une
œuvre plus substantielle et générale, s’ouvrant au-delà de son seul récit historique. Car ce dont
il se fait le témoin dans la Bosnie de 1995 n’a rien d’un passé éteint, et se retrouve encore aujourd’hui, juste ailleurs sur le globe. En plus d’avoir pour lui cette portée toujours d’actualité, A
Perfect Day est une réussite totale à l’équilibre magistral, doublée d’une grosse surprise. Un
coup de cœur à ne pas manquer !
Mondociné
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