Québec Solidaire (Commentaires)
Transcription
Québec Solidaire (Commentaires)
Texte du Comité exécutif de Québec solidaire soumis à l’attention de la Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi Au moment de la création de la commission d’examen de l’assurance-emploi par le gouvernement du Québec, Québec solidaire a fait les constats suivants : Plusieurs groupes d’opposition à la réforme, dont le MASSE, le CNC et les centrales syndicales ont déjà rendu disponible une documentation élaborée concernant les impacts de la réforme. La preuve n’est plus à faire. Plutôt que d’accorder 1 million de dollars pour analyser une question aux impacts déjà connus, il vaut mieux investir ce montant pour aider les groupes qui veulent organiser une riposte et ainsi créer une véritable campagne nationale et pan-canadienne contre cette réforme. Construire une solidarité avec les groupes de défense déjà mobilisés des provinces maritimes et de travailler à convaincre ceux des autres provinces à emboîter le pas, voilà un projet qui rassemblerait la population face à un gouvernement fédéral sourd aux aspirations de sa propre population. Le gouvernement Marois cherche à mettre la table à sa position de rapatriement de l’assurance-emploi. Nous avons des doutes quant à la faisabilité à court terme de cette hypothèse et questionnons la volonté du gouvernement péquiste de mettre en œuvre une politique progressiste, axée sur le plein-emploi et sur de meilleures conditions de travail. Une réforme infecte Nous désirons ajouter notre voix à ceux et celles qui s’opposent à la réforme de l’assuranceemploi. Notamment nous soulignons la perte des emplois dans la fonction publique fédérale, la création du nouveau tribunal de la sécurité sociale qui rendra beaucoup plus difficile la représentation et la défense des prestataires, et l’instauration des nouvelles règles quant au calcul des prestations y incluant la nouvelle définition d’emploi convenable. Québec solidaire 7105, St-Hubert bureau 304 Montréal (Québec) H2S 2N1 www.quebecsolidaire.net Texte du Comité exécutif de Québec solidaire soumis à l’attention de la Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi – Juillet 2013 Pour Georges Campeau et Me Jean-Guy Ouellet, spécialistes en droit de l’assurance-emploi, avec la notion d’emploi convenable et de délai raisonnable, « (…) les législateurs successifs ont voulu ainsi répondre à des préoccupations du monde ouvrier et empêcher que l’assurancechômage ne serve de mécanisme de contrainte pour forcer les chômeurs à accepter des emplois à rabais. (Campeau, Georges et Jean-Guy Ouellet, « C-38, l’assurance-emploi et l’emploi convenable : un changement majeur du régime », 2012.) Les nouvelles règles feront en sorte que les prestations ne seront pas considérées en fonction des antécédents de travail mais en fonction du fait qu’ils aient eu souvent ou rarement recours à l’assurance-emploi. Les trois nouvelles catégories soit les travailleurs de longue date, les prestataires occasionnels et les prestataires fréquents en sont l’expression. Selon le nombre de semaines définies les deux dernières catégories devront accepter n’importe quel travail pour lequel ils ou elles sont qualifiés à 70% du salaire antérieur. Mais plus grave encore, ces mesures viendront appauvrir l’ensemble des travailleurs canadiens puisque plus on fragilise la protection contre le chômage, plus on oblige les gens à accepter n’importe quelles conditions de travail et n’importe quels salaires. Même si les travailleurs et travailleuses de longue date ne se sentent pas concernés pour l’instant, la pression à la baisse sur les salaires se fera sentir sur l’ensemble du monde ouvrier. D’une part parce que la dégradation des salaires et des conditions de travail aura un effet d’entraînement et tendra à se généraliser, et d’autre part parce que la perte d’un emploi sera plus lourde de conséquences. Le patronat et les services gouvernementaux auront alors un atout supplémentaire dans leur manche. Telles sont les véritables intentions du gouvernement Harper derrière ces réformes, mettre au pas le mouvement ouvrier et libérer le patronat de toute contrainte. Pour l’instant, cette politique divise les travailleurs et travailleuses en deux camps, les travailleurs et travailleuses de longue date, d’une part et les prestataires occasionnels et fréquents d’autre part ce qui rend la mobilisation unitaire plus difficile. La riposte nécessaire Le mandat de la commission n’inclut aucune perspective de mobilisation au Québec ou avec les groupes de défense des prestataires du reste du Canada pour tenter à tout le moins de créer un rapport de force contre le gouvernement Harper. Et pourtant ce serait la seule voie, actuellement, qui permettrait aux travailleuses et travailleurs québécois et canadiens de faire reculer le gouvernement Harper. Québec solidaire 7105, St-Hubert bureau 304 Montréal (Québec) H2S 2N1 www.quebecsolidaire.net 2 Texte du Comité exécutif de Québec solidaire soumis à l’attention de la Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi – Juillet 2013 Le mandat de cette commission laisse planer de plus des questions politiques non clairement définies. Ainsi monsieur Gilles Duceppe indiquait dans ses notes d’allocution du 16 avril 2013 « qu’à la lumière de tout le travail accompli, nous proposerons les paramètres d'un régime d'assurance-emploi qui concorderait avec les besoins actuels et futurs du marché du travail québécois.» Nous comprenons que cette proposition met la table à la notion de rapatriement de l’assurance-emploi sans le dire. Croire que Stephen Harper acceptera de délester le gouvernement fédéral du programme d’assurance-emploi parce qu’il veut se débarrasser des programmes sociaux, c’est ne pas comprendre ses véritables motifs. On ne parle pas ici d’économies pour le gouvernement fédéral puisque les employeurs et les salariés-es sont les seuls contributeurs au régime. Les modifications visent dans un premier temps à obliger les sans-emplois à accepter des conditions de travail et des salaires moindres et à limiter les possibilités d’appel de la part des prestataires. Cela aura pour effet direct d’encourager les entreprises à offrir des salaires plus bas et des conditions de travail moins avantageuses. Le gouvernement fédéral n’a aucun intérêt à laisser échapper ce pouvoir de contrainte et il est bien placé pour le préserver. Soulignons aussi la difficulté constitutionnelle d’un tel rapatriement dans le contexte actuel. Est-ce bien là, à court terme qu’il faut investir temps et énergie? Par ailleurs, un rapatriement hypothétique de l’assurance-emploi au Québec ne pourrait constituer à lui seul un rempart et une protection pour les travailleurs et travailleuses. Il faudrait que le gouvernement québécois soit davantage proche des besoins des travailleuses et travailleurs, ce qu’il n’a pas démontré jusqu’ici. Les emplois précaires se multiplient, des usines ferment, la syndicalisation piétine et on ne sent aucunement que le gouvernement péquiste veut s’attaquer à ces questions. La récente réforme de l’aide sociale s’inscrit dans la même logique de pousser les personnes assistées sociales vers le marché du travail. La proximité idéologique entre la réforme de l’assurance-emploi et la réforme de l’aide sociale n’a pas échappé à de nombreux chroniqueurs et acteurs sociaux qui ont appelé à la cohérence du gouvernement. Québec solidaire 7105, St-Hubert bureau 304 Montréal (Québec) H2S 2N1 www.quebecsolidaire.net 3 Texte du Comité exécutif de Québec solidaire soumis à l’attention de la Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi – Juillet 2013 Si l’on veut poser éventuellement la question du rapatriement de l’assurance-emploi au Québec allons-y dans le cadre de la construction d’un Québec souverain qui mettra en place une politique de plein emploi et valorisera diverses formes de contrôle des travailleuses et travailleurs sur leur milieu de travail. L’ensemble des politiques économiques de l’actuel gouvernement se situent plutôt aux antipodes, comme l’illustre très bien la logique d’austérité qui a empreint le premier budget du ministre Marceau. Le soutien aux services publics figure parmi les priorités de Québec solidaire puisqu’il permet la création d’emplois de qualité non saisonniers dans toutes les régions du Québec. Leur impact est particulièrement structurant dans les régions les plus durement touchées par l’actuelle réforme de l’assurance emploi. La détermination du gouvernement fédéral à briser la solidarité ouvrière ne fait aucun doute. Il est tout aussi déterminé à réduire les conditions de travail pour le plus grand bonheur des grandes entreprises. Car rappelons-nous que plusieurs PME ont dénoncé le nouveau régime, néfaste à l’emploi en région. Ce qu’il faut : une riposte coordonnée et solidaire des travailleuses et travailleurs québécois avec leurs vis-à-vis canadiens. Aussi un front commun des gouvernements provinciaux auquel celui du Québec devrait participer avec vigueur. Dans le contexte actuel ce serait la seule réponse crédible et efficace aux attaques fédérales au régime d’assurance-emploi. André Frappier pour le Comité exécutif de Québec solidaire Juillet 2013 Québec solidaire 7105, St-Hubert bureau 304 Montréal (Québec) H2S 2N1 www.quebecsolidaire.net 4