Religion et langage
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Religion et langage
Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses DTSR, Equipe de recherche Religion et société Janvier 2014 Colloque international 2014 Religion et langage Vers un nouveau paradigme ? «…de même qu’un individu devient humain en apprenant à parler, il commence à devenir une nouvelle créature en entendant et en intériorisant le langage qui parle du Christ. » (G. Lindbeck, The nature of doctrine, 1984) George Lindbeck aborde le fait religieux à partir de la question du langage. En effet, le penseur nord-américain soutient que les religions fonctionnent comme des langues ayant la puissance de structurer les pratiques et la pensée de l’homme. Son approche post-libérale entend notamment reconfigurer les différents discours menés en théologie chrétienne. Dans le cadre de son projet quinquennal (AERES), l’équipe de recherche Religion et société de la Faculté de Théologie et des Sciences Religieuses d’Angers (EA 4377 / Université de Strasbourg) invite à interroger ce paradigme lindbeckien. Elle organise à cet effet un colloque qui se tiendra du 12 au 14 novembre 2014 à l’Université Catholique de l’Ouest Angers. Cette rencontre vise à faire croiser des recherches en théologie, sciences religieuses, philologie, et autre disciplines telles que philosophie, histoire, sociologie etc. La problématique sera abordée sous trois angles : a) Penser la religion comme un langage constitue un défi important adressé à la théologie et aux sciences religieuses. D’une part, l’approche post-libérale envisage de dépasser une conception de religion présentée sous forme de propositions assertoriques. D’autre part, elle veut repenser son rattachement à la condition humaine. Mais est-ce que les critiques sévères avec lesquelles Lindbeck fustige les manières traditionnelles de penser la foi et la religion doivent conduire pour autant à y établir la primauté du langage ? Jusqu’à quel point les religions peuvent se concevoir comme des langages ? Est-ce que le propre des religions ne réside pas en un point limitrophe du langage, voire dans un « hors langage » ? Le colloque se focalisera sur l’intérêt et la limite du paradigme langagier pour comprendre une religion. b) Des éléments de langue/langage travaillent à la formation et au fonctionnement des religions. Cette réalité relève notamment de la place qu’on accorde aux textes sacrés. De plus, prier et célébrer le divin, en parler et en témoigner, sauver et juger en son nom, consoler et accompagner se fait toujours dans une langue particulière. Que celle-ci puisse devenir objet d’une sacralisation et, dans une certaine mesure, non-traductible, détermine souvent l’identité des religions et de ses différents actes. Quel est donc le statut que les religions attribuent à la langue ? Quels critères linguistiques se révèlent opératoires dans les actes kérygmatiques, liturgiques, pastoraux etc. ? Quelles perspectives (communication, transmission…) et quels dangers (enfermements, réductions …) implique le langage religieux ? A partir de ces interrogations, il s’agira d’aborder les enjeux langagiers/linguistiques dans les dimensions multiples que recouvre une religion. c) Dans un troisième volet, nous invitons à inverser le sens de la question en nous focalisant sur la place explicite ou tacite qu’occupe la religion au sein du langage. D’un côté, les littératures occidentales se sont formées en grande partie sur la base de motifs religieux (entre autres des textes bibliques, liturgiques, théologiques) dont la connaissance est indispensable pour leur interprétation. De l’autre côté, ce métabolisme se manifeste déjà dans la langue elle-même. Qu’elle soit synchronique ou diachronique, la perspective adoptée tirera au jour combien la religion travaille le langage. Quel statut revient alors à la religion dans les productions littéraires ? Est-ce que la religion circonscrit un champ dont le travail des écrivains se démarque ? Peuton y repérer des développements ou des transferts du sens religieux ? A quel point la religion a-t-elle orienté l’histoire du langage ? Quelles sont les traces religieuses à discerner aujourd’hui dans la langue ? Cette partie philologique clôturera les réflexions sur le rapport entre religion et langage. Projet de communication (environ 200 signes + informations biographiques) à envoyer avant le 31 mars 2014 :[email protected]. Ce colloque comportera un temps spécifique pour la présentation des travaux des jeunes chercheurs.