Sortie du Rapport: "Le coût humain des bananes à bas prix"

Transcription

Sortie du Rapport: "Le coût humain des bananes à bas prix"
COMMUNIQUE DE PRESSE
Le coût humain des bananes à bas prix
Tandis que les négociations commerciales entre distributeurs et fournisseurs
débutent en France et qu'Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, s’est engagé
à commander une étude sur la répartition de la valeur ajoutée dans les filières, un
nouveau rapport d'enquête pointe du doigt l'impact trop souvent néfaste de la
puissance d'achat et des pratiques commerciales des supermarchés européens
sur les petit-e-s producteurs-rices de bananes et les travailleurs-ses agricoles des
plantations.
(Paris, 8 décembre 2015) Le rapport “Banana value chains in Europe and the
consequences of Unfair Trading Practices”, réalisé par les membres de la campagne
internationale “Le Juste Fruit” dont Peuples Solidaires-ActionAid France, révèle les
conditions de travail indécentes des travailleurs-ses et les petite-e-s agriculteurs-rices
des chaînes d’approvisionnement de la banane :
exposé-e-s à des produits
phytosanitaires toxiques, ils-elles gagnent des salaires trop bas pour vivre dignement et
travaillent dans la peur. Le rapport démontre que les supermarchés européens, et
notamment français, entretiennent cette situation au travers de pratiques commerciales
déloyales. Ce rapport est fondé sur des entretiens avec plus de 60 acteurs de l'industrie
de la banane dans plusieurs pays d'Amérique latine et sur une enquête conduite au
Costa Rica en août 2015.
La chaîne d'approvisionnement de la banane symbolise l'injustice du commerce
international. Lorsqu’en 2001 les prix de la banane chutaient de 25%, les distributeurs
augmentaient leurs marges de 40%. A la même période, les pays producteurs
connaissaient une augmentation significative du coût de la vie (nourriture, santé,
éducation…) : + 278% par exemple en République Dominicaine.
« En France, le distributeur touche 56,4% de la valeur d'une banane en provenance du
Cameroun alors que les travailleurs-ses touchent en seulement 4,4%. Cette répartition
inéquitable de la valeur ajoutée ne permet certainement pas de garantir aux travailleursses un salaire minimum vital et des conditions de travail décentes à l'aune des
standards de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) » affirme Ingrid Aymes,
chargée de campagnes chez Peuples Solidaires ActionAid France.
“La répartition du pouvoir dans les filières banane est très inégale. Les pratiques
commerciales déloyales des supermarchés sont légion. Et ce n’est pas sans
conséquence.” atteste Florence Sonntag, de la Plate-Forme pour le Commerce
Equitable. “Salaires low cost, journées interminables, discrimination femmes-hommes,
violation des droits humains : voilà le vrai coût des bananes à bas prix“.
Pendant des décennies, une poignée d'entreprises multinationales dominait le marché
mondial de la banane. Ce pouvoir est désormais entre les mains des supermarchés. La
concentration du marché européen de la distribution augmente rapidement : en France,
6 chaînes de supermarchés dominent, seules, 89% du marché (Carrefour, Intermarché,
Auchan, Casino, Système U et E. Leclerc). Cela ne s’arrête pas là : les distributeurs sont
dans une phase de rapprochement de leurs centrales d’achat, pour gagner encore
davantage de pouvoir de négociation. « Prix trop bas qui ne couvrent pas les coûts de
production et ne rémunèrent pas les producteurs, prix trop instables qui ne leur
permettent pas de prévoir et d’investir, pratiques commerciales déloyales des industriels
et distributeurs,… la politique de bas prix des supermarchés n’est profitable ni pour les
producteurs, ni pour les consommateurs » affirme Emilie Sarrazin-Biteye du mouvement
FAIR[e] un monde équitable.
En France, le prix des bananes à la consommation est plus élevé que sur les autres
marchés des Etats membres de l'Union européenne. Toutefois, les supermarchés
français ont de plus en plus recours à des contrats annuels pour s’approvisionner, avec
des clauses léonines leur permettant d’avoir recours à des pratiques commerciales
abusives : ruptures contractuelles ou encore refus de livraison fondés sur des motifs
insuffisants.
L’Union européenne a reconnu le problème des pratiques commerciales déloyales. Elle
envisage de mieux réguler ces pratiques d'achat. « Une fenêtre d'opportunité est
actuellement ouverte dans le processus législatif européen pour réguler les pratiques
commerciales déloyales dans les chaînes d'approvisionnement alimentaires », explique
Sergi Corbalán, directeur exécutif du Fair Trade Advocacy Office (FTAO). Plus de 60
000 citoyen-ne-s européen-ne-s ont signé une pétition pour demander à la Commissaire
européenne en charge du Marché intérieur Elżbieta Bieńkowska de réguler ces
pratiques. Car les solutions existent, comme le démontre par exemple les produits issus
du commerce équitable, qui permettent une meilleure répartition de la valeur ajoutée et
de pouvoir dans les filières, en faveur des producteurs et des travailleurs agricoles. « Le
mouvement du commerce équitable rassemble des consommateurs engagés, des
entreprises de toute taille, des organisations de producteurs et des associations
citoyennes qui proposent une alternative concrète et réclament plus d'équité dans le
commerce international. » précise Emilie Sarrazin-Biteye.
Notes à l'attention des éditeurs

La campagne Le Juste Fruit ! est un consortium réunissant 19 organisations de
l'Union européenne, du Cameroun, de Colombie, d'Equateur et des îles du Vent
– coordonné par Oxfam Allemagne. Plus d'information est disponible sur notre
site internet : http://www.makefruitfair.org/fr/

Le rapport Banana value chains in Europe and the consequences of Unfair
Trading Practices précise les principaux enseignements sur la manière dont les
chaînes d'approvisionnement européennes de la banane sont structurées. Il a
été réalisé pour la campagne “Le Juste Fruit !”. Le rapport décrit également les
pratiques commerciales déloyales entre les acheteurs de fruit en Europe et les
producteurs-rices de bananes dans les pays exportateurs, leurs conséquences
sur les agriculteurs-rices et leur lien avec la pression exercée sur les prix des
marchés européens. Le rapport est téléchargeable sur le lien suivant :
www.makefruitfair.org/wpcontent/uploads/2015/11/banana_value_chains_research_FINAL_WEB.pdf

Un média briefing Banana splits: Bananas, supermarkets, and a tale of Unfair
Trading Practices est également téléchargeable sur le lien suivant :
www.makefruitfair.org/wpcontent/uploads/2015/11/banana_splits_media_briefing_FINAL_WEB.pdf

Un briefing sur le cadre réglementaire européen des pratiques commerciales
déloyales est disponible sur le lien suivant : www.fairtrade-advocacy.org/power

Des photos récentes de la production de bananes et d'ananas au Costa Rica
sont
disponibles
sur
le
lien
suivant
:
www.flickr.com/photos/bananalink/albums/72157658379715533. Ces photos
appartiennent à Feddback (http://feedbackglobal.org/) qui a enquêté sur le terrain
au Costa Rica pour le rapport. Vous êtes libres d'utiliser ces photos en ajoutant
un crédit à l'attention de Feedback.
Contacts presse
Ingrid Aymes
Chargée de campagnes Travail décent / secteur agricole
Peuples Solidaires ActionAid France
[email protected] - +33 (0)1 80 89 99 53
Florence Sonntag
Responsable plaidoyer et développement
Plate-Forme pour le Commerce Equitable
[email protected] - +33 (0)1 43 94 73 76
Elodie Nace
Chargée de communication et animation réseau
FAIR[e] un monde équitable
[email protected] - +33 (0)1 55 86 31 01
Le présent document a été élaboré avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de ce document relève de
la seule responsabilité des organisations émettrices et ne peut aucunement être considéré comme reflétant le point de
vue de l’Union européenne.

Documents pareils