le concept de pérennité

LE CONCEPT DE PÉRENNITÉ
Analyse du concept et des conditions
qui lui sont favorables
Version révisée en 2013
quebecenforme.org
Table des
Matières
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1. Le concept de pérennité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1 Observations tirées de la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3 Considérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.4 La pérennité selon Québec en Forme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.5 Objets de pérennité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.6 Conditions favorisant la pérennité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2. Le comment de la pérennité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1 Les acteurs de la pérennité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 La démarche des communautés vers des impacts durables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3. Les indicateurs de pérennité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.1 Facteurs de réussite d’une démarche vers des impacts durables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.2 Obstacles à la pérennité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Liens internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
INTRODUCTION
En consultant les documents qui ont marqué la création et le développement de Québec en Forme, il apparaît évident
que le concept de pérennité était présent dès le départ et qu’il est demeuré au cœur des préoccupations au fil des
ans. Par préoccupation, on fait ici référence à sa volonté de soutenir les communautés ainsi que des promoteurs de
projets régionaux et nationaux, dans la création d’environnements favorables à l’adoption et au maintien d’une saine
alimentation et d’un mode de vie physiquement actif; des déterminants essentiels au développement global des
jeunes. Ce soutien vise donc des objectifs de changements durables.
Mais encore faut-il bien définir de quels changements il s’agit.
La littérature et la pratique nous permettent de constater de grandes variantes quant aux objets de pérennité. On
parle de pérennité des mesures mises en place, des programmes du financement, de la mobilisation, du partenariat,
de la gouvernance, des actions réalisées, des impacts des interventions. Le fait d’associer la pérennité à divers objets
contribue à créer une certaine confusion lorsque vient le temps de répondre à la question : que devrait-il rester
après? ou encore… quel est l’effet recherché?
Dans ce contexte, Québec en Forme a senti le besoin de clarifier les concepts et les conditions à mettre
en place pour :
donner des repères communs à ses équipes et ainsi les aider dans leur rôle de soutien auprès des partenaires;
aider les communautés et les promoteurs de projets relativement à la recherche d’effets durables.
Ce document se veut une synthèse de l’analyse réalisée sur le concept de pérennité.
En première partie, il recense quelques définitions gravitant autour du concept de pérennité et présente celle
retenue par Québec en Forme. À cette définition se rattache l’objet de pérennité, le quoi, ainsi que les conditions
favorables s’y rattachant.
La deuxième partie, le comment, démontre de quelle façon la pérennité s’applique au palier local tout en tenant
compte du rôle des acteurs régionaux et nationaux en soutien aux communautés.
Enfin, la dernière partie, le processus de pérennisation, traite des facteurs de réussite, des obstacles et des
indicateurs de pérennité.
Le concept de pérénnité 3
1. LE CONCEPT DE PÉRENNITÉ
Le concept de pérennité soulève plusieurs questions : à quelle période de temps fait-il référence? Quel lien devrait
exister entre un projet mis en œuvre et des objectifs de pérennité? Doit-on parler de pérennité ou plutôt des conditions
qui favorisent le potentiel de pérennité? Cette première section du document tente d’apporter un éclairage sur ce
concept et conclut en proposant la définition retenue par Québec en Forme.
1.1 OBSERVATIONS TIRÉES DE LA LITTÉRATURE
La littérature et la pratique nous permettent de constater de grandes variantes quant aux objets de pérennité. On
parle de pérennité des mesures mises en place, des programmes du financement, de la mobilisation, du partenariat,
de la gouvernance, des actions réalisées, des impacts des interventions. Le fait d’associer la pérennité à divers objets
contribue à créer une certaine confusion lorsque vient le temps de répondre à la question : que devrait-il rester
après? ou encore… quel est l’effet recherché?
Le concept de pérennité et ceux qui s’y s’apparentent font émerger certaines observations :
Les concepts semblables à celui de pérennité ont des définitions et des usages qui se révèlent fort différents
à travers la littérature.
La documentation sur le sujet est surtout en langue anglaise et les traductions françaises créent une certaine
confusion au sens qui lui est attribué.
Les usages en matière de pérennité s’inscrivent dans divers domaines, mais le plus souvent, dans ceux de la
santé, de l’éducation et de l’écologie.
Les usages sont le plus souvent reliés à la mise en œuvre de programmes de santé faisant parfois référence
aux concepts de prévention, de mobilisation locale ou de développement durable.
Les pratiques sont le plus souvent liées à des programmes d’aide, parrainés par des ONG et s’adressant, dans
un contexte de coopération, à des régions en voie de développement ou à des milieux défavorisés.
La démarche ou le processus de pérennisation inclut une notion de changement par rapport à une
situation existante.
Le produit à pérenniser (objet de pérennité) est le plus souvent présenté comme une innovation, une
nouveauté dans son domaine.
Les gouvernements et les grands bailleurs de fonds exigent de plus en plus que la pérennité des impacts des
interventions soit considérée comme prioritaire.
Le concept de pérénnité 4
1.2 DÉFINITIONS
Plusieurs concepts s’apparentent à celui de pérennité. Que l’on parle de pérennité comme telle,
de pérennisation, de développement durable, de développement local, de changement durable ou
d’empowerment, tous font référence à la durée et à des notions de changement par rapport à une
situation existante.
Pérennité : caractère de ce qui dure toujours ou très longtemps, mot découlant de l’adjectif pérenne, initialement
« qui dure toute l’année », mais qui a progressivement pris le sens de durable, perpétuel. « Les actions peuvent être
qualifiées pérennes lorsqu’elles sont en mesure de fournir un niveau approprié de bénéfices (qualité, quantité, plus de
commodité, confort, la continuité d’activité, un prix abordable, l’efficacité, l’équité, la fiabilité) et ont la capacité de se
poursuivre au-delà du cycle de vie des ressources investies. » (WHO, 2007)
Pérennisation : action de pérenniser. Souvent et à tort, on utilise le mot pérennité pour désigner à la fois le caractère
de ce qui dure et l’action à réaliser pour y parvenir, ce qui crée une certaine confusion. La pérennisation est un
processus nécessitant une combinaison de différents facteurs qui inclut les éléments essentiels du projet et ceux de
sa mise en œuvre. (WHO, 2007)
Innovation : action d’innover, d’introduire dans une chose établie un élément nouveau ou encore inconnu. « Mot
d’action qui caractérise l’introduction d’une nouveauté dans un secteur, un dispositif ou une organisation déjà en
fonctionnement. L’innovation entraînera le plus souvent un changement perceptible pour les responsables de l’ordre
antérieur et pour les bénéficiaires de l’innovation. (…) »1
Développement durable : c’est le développement qui permet de répondre aux besoins présents sans compromettre
la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Essentiellement, le développement durable
est un processus de changement dans lequel l’exploitation des ressources, les investissements, les développements
technologiques et les changements institutionnels sont tous en harmonie et permettent d’accroître le potentiel actuel
et futur de réponse aux besoins et aux aspirations des humains.2
Développement local : le développement local peut être défini comme étant : « un processus endogène3
d’accroissement durable du bien-être d’une communauté. »4 « Le local s’approprie en quelque sorte le développement
pour en faire un concept et une pratique globale, une stratégie territoriale intégrée, solidaire, durable. »5
Prise en charge : ce concept semble souvent référer à la prise en charge par le corps médical et/ou par les intervenants
sociaux, des personnes atteintes de maladies, de blessures ou de toutes autres anomalies médicales.6 Ces termes sont
donc peu liés à l’autonomie et à l’implication de la personne dans l’amélioration de sa santé ou de sa situation générale.
Le volet « responsabilisation d’un milieu », lorsque celui-ci prend en charge une partie des soins ou des activités de
prévention, ne semble pas avoir été développé dans le cadre de réflexions sur la « prise en charge ».
Cornillot, P. (2005) L’accompagnement des changements dans les services de santé : Quelles priorités pour quelle pérennité? Guide des bonnes pratiques
pour conduire la pérennisation d’une innovation en santé. Groupe Pérennité.
1
Traduction libre de la définition du terme Sustainable development présentée dans le document : World Commission on Environment and Development,
Our Common Future : the Brundland Report, Oxford University Press, 1987
2
3
Université de Sherbrooke, par Paul Prévost et Bernard Sévigny, Développer une collectivité apprenante, octobre 2005 :
http://vision2025.uqac.ca//capitalcreativite/lesticetdeveloppement.pdf
4
Université de Sherbrooke, par Paul Prévost et Bernard Sévigny, Développer une collectivité apprenante, octobre 2005 :
http://vision2025.uqac.ca//capitalcreativite/lesticetdeveloppement.pdf
5
Kolosy, K. (1997) Le développement local : réflexion pour une définition théorique du concept. Horizon Local (numéro de page non disponible). Texte disponible
à l’adresse Internet suivante : http://www.globenet.org/archives/web/2006/www.globenet.org/horizon-local/perso/defloc.html (numéro de page non disponible)
Le concept de pérénnité 5
Empowerment ou autonomisation : « Processus par lequel une personne, ou un groupe social, acquiert la maîtrise
des moyens qui lui permettent de se conscientiser, de renforcer son potentiel et de se transformer dans une perspective
de développement, d’amélioration de ses conditions de vie et de son environnement. »7
Prévention : « La prévention consiste à éviter les problèmes avant qu’ils surviennent. C’est l’un des enjeux essentiels
de la santé dans nos sociétés, tant pour des raisons médicales que pour des raisons économiques. »8
1.3 CONSIDÉRATIONS
Créé en 2002, Québec en Forme a connu un niveau de croissance relativement rapide et, comme ses partenaires,
l’organisme évolue dans un environnement changeant auquel tous doivent constamment s’adapter. Bien que le mandat
de Québec en Forme ait évolué, il demeure fondé sur la prévention en matière de santé des jeunes et sur la mobilisation
des communautés.
Dans ce contexte, quelles sont les principales considérations qui peuvent influencer la définition de
ce concept au sein de Québec en Forme?
Québec en Forme est un fonds et, en conséquence, il est normal d’envisager sa fin, mais aussi de se questionner
sur le « que devrait-il en rester? ».
Sans exception, les ententes, les mandats, les orientations et les outils de Québec en Forme font référence au
concept de pérennité.
Les communautés locales et les regroupements locaux de partenaires, cibles privilégiées par Québec en Forme,
n’ont pas ou très peu intégré le concept de pérennité. Leurs réflexions à ce sujet portent plus souvent sur
la pérennité de l’offre de service et, en conséquence, de son financement. D’autres expriment une grande
résistance à la pérennité, notamment attribuable à leur volonté de répondre aux besoins à court terme. On
observe cependant une amorce de mouvement vers des environnements favorables.
Québec en Forme soutient et accompagne actuellement plus de 150 communautés locales.
Tous les acteurs ont des interprétations diverses du concept de pérennité.
Les agents de développement de Québec en Forme ont exprimé le besoin d’orientations plus claires à l’égard
du concept de pérennité et de son application dans le contexte de Québec en Forme.
Les partenaires régionaux et nationaux semblent plus enclins à envisager l’importance de la pérennité des
impacts sur les saines habitudes de vie.
Idem. Consulté le 3 juin 2010.
7
Inspiré du site Internet : http://www.securitepublique.gouv.qc.ca/fileadmin/Documents/publication/prevention/publicat/table_ronde/c5p2.htm#heritage.
Consulté le 3 juin 2010.
8
Le concept de pérénnité 6
1.4 LA PÉRENNITÉ SELON QUÉBEC EN FORME
Il n’y a guère d’intérêt à définir une pérennité figée dans le temps, une pérennité intangible ou encore une pérennité
que chacun définit à sa façon. La pérennité est un concept dynamique qui s’inscrit dans un processus, la pérennisation.
C’est ainsi que Québec en Forme l’entend et adopte la définition suivante :
Caractère de ce qui s’inscrit dans la durée, au-delà même du mandat de Québec en Forme. Fait plus spécifiquement
référence à la notion de changements durables.
Les composantes de cette définition sont les suivantes :
1. S’inscrit (dans la durée) : fait référence à un processus (pérennisation), une suite ordonnée d’opérations
aboutissant à un résultat, celui de la pérennité de l’objet préalablement défini (les comportements des jeunes et plus
spécifiquement, le maintien d’une saine alimentation et d’un mode de vie physiquement actif ). En mettant l’accent
sur le processus plutôt que la fin, Québec en Forme reconnaît que toutes les communautés sont en évolution
constante et que le soutien et l’accompagnement qui leur sont offerts tiennent compte de cette réalité.
2. Durée : fait référence au long terme, voire au-delà d’une génération.
3. Mandat de Québec en Forme : s’échelonne sur 10 ans, de 2007 à 2017, et se lit comme suit : « La Société de
gestion confie (…) à Québec en Forme (…) le mandat de soutenir et d’administrer (…) des Projets de mobilisation
(…) et de se préoccuper de leur pérennité. ».
4. Changements : effets-impacts perceptibles et positifs des comportements des jeunes en matière de saine
alimentation et de mode de vie physiquement actif.
5. Durables : fait référence au concept de développement durable : « développement qui permet de répondre
aux besoins présents sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins.
Essentiellement, le développement durable est un processus de changement dans lequel l’exploitation des
ressources, les investissements, les développements technologiques et les changements institutionnels sont tous
en harmonie et permettent d’accroître le potentiel actuel et futur de réponse aux besoins et aux aspirations des
humains. »
1.5 OBJET DE PÉRENNITÉ
Parler de pérennité n’a de sens que si l’on précise « la pérennité de quoi? ». Dans les communautés locales
qui mettent en œuvre un plan d’action soutenu par Québec en Forme, le concept de pérennité pourrait concerner
de nombreux objets (mobilisation, gouvernance, mesures, actions, activités, ressources, impacts des interventions,
etc.). Par ailleurs, si l’on considère spécifiquement la finalité du mandat de Québec en Forme, la pérennité n’a qu’un
seul objet : les comportements des jeunes et plus spécifiquement l’adoption et le maintien d’une saine
alimentation et d’un mode de vie physiquement actif. C’est essentiellement la « finalité de la finalité », ce qu’il
doit en rester après.
Il s’agit donc de changements dans les comportements et les modes de vie des jeunes. Peu importe qu’ils aient été
ou non participants à des activités ou influencés par différents types d’actions (ex. : mobilisation, influence, transfert de
connaissances, politiques, mesures, infrastructures, interventions) mises en œuvre par les partenaires et soutenues par
divers contributeurs, dont Québec en Forme. Cet objet concerne donc tous les jeunes d’une communauté donnée et
des enquêtes populationnelles, en collaboration avec les grands partenaires, peuvent permettre d’en prendre la mesure.
World Commission on Environment and Development, Our common future : the Brundtland Report, Oxford University Press, 1987
9
Le concept de pérénnité 7
1.6 CONDITIONS FAVORISANT LA PÉRENNITÉ
Certaines conditions apparaissent fondamentales pour servir de guide aux communautés locales qui souhaitent
favoriser des changements durables. Ces conditions se résument en trois mots : vouloir, pouvoir, agir.
1. Vouloir : la volonté politique relative aux saines habitudes de vie
Cette volonté s’actualise à tous les paliers (local, régional, national) et considère la saine alimentation et le mode
de vie physiquement actif, comme composantes essentielles au développement global des jeunes, de leur réussite
et, ce faisant, de la santé des communautés actuelles et futures.
2. Pouvoir : la capacité d’agir ensemble
Les actions sont basées sur une mobilisation intersectorielle, multiréseaux et interpaliers, orientée vers
le développement des capacités et des compétences d’une communauté.
Selon les milieux et leurs dynamiques propres, cette mobilisation peut s’actualiser à travers différentes structures,
se limiter à la saine alimentation et au mode de vie physiquement actif chez les jeunes, ou cibler le développement
global des jeunes ou encore s’attarder au développement local pour le mieux-être de l’ensemble de la communauté.
3. Agir : les actions simultanées sur les facteurs individuels et environnementaux
Les facteurs individuels se caractérisent par la mise sur pied d’interventions qui permettent des contextes
d’apprentissage favorisant le développement continu de capacités personnelles et d’attitudes positives en lien avec
la saine alimentation et un mode de vie physiquement actif.
Les facteurs environnementaux sont l’ensemble des éléments de nature physique, socioculturelle, politique
et économique qui exercent une influence positive sur l’alimentation et la pratique d’activité physique.
Le concept de pérénnité 8
2. LE COMMENT DE LA PÉRENNITÉ
Le processus de pérennisation, dans le contexte du mandat confié à Québec en Forme, implique de nombreux acteurs
aux trois niveaux d’intervention (local, régional, national). Plus le degré d’harmonisation sera élevé entre les acteurs, plus
le processus permettra d’obtenir les impacts durables escomptés.
2.1 LES ACTEURS DE LA PÉRENNITÉ
Comme les acteurs concernés par la pérennité sont nombreux et diversifiés, il importe de bien comprendre les rôles,
responsabilités et intérêts de chacun quant à l’objet de pérennité visé.
À cet égard, il faut considérer la situation particulière de Québec en Forme. Mandaté pour administrer et soutenir des
projets aux divers paliers, Québec en Forme est à la fois promoteur et gestionnaire des sommes allouées à des projets
au niveau local, régional et national. À ces rôles ceux d’accompagnateur (veille stratégique, avis-conseil, assistance au
développement d’outils, liaison et réseautage) et d’évaluateur de la performance d’ensemble; la sienne et celle des
projets soutenus.
Dans ce contexte, Québec en Forme doit positionner ses attentes envers ses partenaires locaux, régionaux et nationaux
au regard de l’objet de pérennité, soit : les comportements des jeunes et plus spécifiquement, l’adoption et le maintien
d’une saine alimentation et d’un mode de vie physiquement actif.
2.2 LA DÉMARCHE DES COMMUNAUTÉS
VERS DES CHANGEMENTS DURABLES
À ce jour, Québec en Forme soutient plus de 150 communautés locales. Pour optimiser la réussite de ces démarches,
il travaille en collaboration avec les partenaires régionaux et nationaux et soutient des projets spécifiques menés par
des instances de ces paliers d’intervention.
La démarche des communautés vers des effets positifs et durables sur les comportements des jeunes
se déroule à travers la réalisation d’une succession d’exercices. Globalement, les communautés :
Réalisent un portrait-diagnostic relatif à la saine alimentation et au mode de vie physiquement actif chez
les jeunes.
Planifient des objectifs et des stratégies en lien avec les trois conditions favorables à la pérennité soit
à l’adoption et au maintien d’une saine alimentation et d’un mode de vie physiquement actif chez les jeunes
(objectifs et stratégies sur lesquels ils ont une emprise).
Réalisent des actions recommandées et prometteuses en lien avec les objectifs et les stratégies adoptés.
Évaluent les résultats obtenus à court, moyen et long terme.
Collaborent avec les partenaires régionaux et nationaux au processus d’évaluation des impacts.
Le concept de pérénnité 9
SOUTIEN DE QUÉBEC EN FORME
(Accompagnement, soutient financier, transfert de connaissance, réseautage)
Conditions favorables à l’objet de pérennité
Applicables au sein des communautés locales et des paliers régionaux et nationaux
1. Capacité d’agir ensemble
Gouvernance
Ressources
Partenariats
Expertises
(Sur la base d’une mobilisation
intersectorielle, multiréseaux et
interpaliers)
2. Volonté politique qui
considère la saine alimentation
et un mode de vie physiquement
actif comme des composantes
essentielles de la santé des
jeunes, de leur réussite et,
ce faisant, de la santé des
communautés actuelles
et futures.
3. Actions simultanées
sur les facteurs individuels
et environnementaux :
Les facteurs individuels se
caractérisent par la mise sur pied
d’interventions qui permettent
des contextes d’apprentissage
favorisant le développement
continu de capacités
personnelles et d’attitudes
positives en lien avec la saine
alimentation et un mode de vie
physiquement actif.
Les facteurs
environnementaux sont
l’ensemble des éléments de
nature physique, socioculturelle,
politique et économique qui
exercent une influence positive
sur l’alimentation et la pratique
d’activité physique.
Démarche de planification
1.Planification/organisation
Réaliser un portrait
Établir un diagnostic
Se doter d’une vision collective
Élaborer des stratégies
Identifier des indicateurs
Définir un mode de gouvernance
2.Réalisation
3.Évaluation
Élaborer un plan d’action annuel
Assurer la mise en œuvre
des actions
Assurer le suivi et la supervision
des actions
Développer une culture
évaluative
Faire le suivi et l’évaluation
du plan stratégique
Faire le bilan des actions
Résultats à court terme
1. L’accroissement de la
capacité d’agir ensemble
2. L’adoption de plans
(stratégique et d’action)
intégrant des objectifs
qui tiennent compte des
conditions favorables à la
pérennité
3. La réalisation d’actions
recommandées et
prometteuses : actions
fondées sur des données
probantes qui en démontrent
l’efficacité à améliorer l’activité
physique et l’alimentation des
jeunes de 0 à 17 ans
Résultats à moyen et long termes
L’intégration de pratiques innovantes et prometteuses dans les façons de faire de divers milieux de vie
(familles, CPE, écoles, municipalités, groupes et organismes communautaires)
Objet de pérennité
Des impacts durables sur les comportements des jeunes de 0 à 17 ans, en matière de saine alimentation
et de mode de vie physiquement actif
Le concept de pérénnité 10
3. LES INDICATEURS DE PÉRENNITÉ
Il est difficile de trouver dans la littérature des indicateurs directement liés à la pérennité des impacts, puisqu’ils sont le
plus souvent liés aux objectifs, qui eux, ciblent des conditions favorables à la pérennité des impacts.
Comme mentionné précédemment concernant l’évaluation de la pérennité des impacts, des enquêtes populationnelles
devraient permettre de prendre régulièrement la mesure des impacts souhaités, même s’ils ne peuvent être uniquement
attribués aux actions soutenues par Québec en Forme.
En ce qui a trait à l’évaluation relative à la création de conditions favorables à la pérennité dans le contexte des
communautés locales, les indicateurs devraient permettre d’évaluer le niveau d’atteinte des objectifs en matière
de volonté politique, de capacité d’agir ensemble et d’actions simultanées sur les facteurs individuels
et environnementaux.
Le Plan-cadre d’évaluation de Québec en Forme10 propose une liste d’indicateurs dont la majorité comporte une notion
de : long terme, durée, stabilité, prise en charge, évolution, changements en profondeur, etc., et qui tendent vers la
pérennité. Plusieurs indicateurs sont en lien avec « la capacité d’agir ensemble » et d’autres en lien avec « les actions
simultanées sur les facteurs individuels et environnementaux ». Par exemple :
La capacité d’agir ensemble :
Nombre de secteurs et d’acteurs clés des paliers locaux et supralocaux impliqués dans le projet.
Nombre de regroupements qui sont arrimés à des instances ou efforts de concertation existants.
Nombre d’ententes formelles ou informelles de partenariat.
Les actions simultanées sur les facteurs individuels et environnementaux
Nombre d’actions d’influence en lien avec les saines habitudes de vie des jeunes et les environnements
favorables.
Nombre et nature des politiques ou mesures structurantes (dispositifs, aménagements, etc.).11
La volonté politique
Bien que la question soit soulevée dans le Plan-cadre d’évaluation de Québec en Forme, « les projets soutenus par
Québec en Forme auront-ils fait bouger les décideurs dans la bonne direction? »12 et que les actions d’influence
sur les décideurs soient un extrant souhaité par Québec en Forme, le document ne propose pas d’indicateurs au
regard de la volonté politique. Cependant, et encore à titre d’exemple, le nombre de décideurs impliqués dans les
regroupements ainsi que le nombre et la pertinence des décisions politiques prises en faveur des saines habitudes
de vie pourraient représenter des indicateurs valables.
Québec en Forme, Plan-cadre d’évaluation, décembre 2008
10
Idem
11
Idem, p 32
12
Le concept de pérénnité 11
3.1 FACTEURS DE RÉUSSITE D’UNE DÉMARCHE VERS
DES IMPACTS DURABLES
Plusieurs facteurs sont à considérer pour favoriser la mise en place des conditions favorables et par conséquent,
la réussite d’une démarche vers des impacts durables quant à l’objet de pérennité.
Notons que ces facteurs de réussite
l’identification d’indicateurs de processus.
peuvent
aussi
être
considérés
comme
une
référence
à
La détermination claire et partagée des objectifs à atteindre et des résultats à obtenir relativement à l’objet
de pérennité, soit : l’adoption et le maintien par les jeunes d’une saine alimentation et d’un mode de vie
physiquement actif.
La précocité de la mise en place de la démarche vers des impacts durables.
La distinction faite entre l’initiative Québec en Forme et la mise en place, au palier local, de mécanismes visant
la pérennité des impacts souhaités.
Le repérage et la résolution, le plus tôt possible, des résistances et des obstacles.
Le soin apporté au transfert des connaissances et au partage des responsabilités.
La rigueur apportée à la réalisation des opérations de suivi et d’évaluation.
Le choix d’indicateurs de résultats généralement reconnus par les partenaires.
La qualité du partenariat en ce qui concerne le transfert de connaissances.
3.2 OBSTACLES À LA PÉRENNITÉ
Divers obstacles de natures différentes peuvent porter ombrage et même rendre inutile tout effort
vers des impacts durables :
L’absence de volonté politique, attribuable à différentes raisons (ex. : perception de non-pertinence d’agir,
en tant qu’organisation ou collectivement, relativement aux saines habitudes de vie chez les jeunes; luttes de
pouvoir; organisations affaiblies; refus de collaboration, etc.).
La difficulté de mener simultanément des actions de différentes natures, touchant à la fois les facteurs individuels
et environnementaux.
Les obstacles politiques, qui peuvent se manifester sous différentes formes.
Les obstacles à la mobilisation, dont le sentiment d’urgence, qui freine souvent les efforts de vision de
changement à long terme, la confusion dans la compréhension d’un mandat de mobilisation, la surabondance
des lieux de concertation, le manque d’arrimage entre les acteurs, le sentiment d’être constamment en mode
planification, etc.
Les obstacles juridiques et administratifs engendrés par le cadre législatif et réglementaire, qui peut notamment
être défaillant ou trop contraignant.
Les obstacles socioculturels, de même que certaines pratiques sociales ou culturelles.
Les obstacles économiques et financiers, un contexte caractérisé par une grande pauvreté, par une crise
économique conjoncturelle ou des restrictions budgétaires importantes.
Les obstacles techniques, liés par exemple à la difficulté à trouver du personnel qualifié, à l’absence d’équipement
collectif, à l’éloignement des ressources ou à l’utilisation de systèmes informatiques.
Le concept de pérénnité 12
CONCLUSION
Ce document présente les résultats des recherches, consultations et réflexions effectuées par les membres du Comité
pérennité mandaté par Québec en Forme à l’automne 2010. Les membres du Comité tiennent à remercier le personnel
ainsi que les partenaires qui ont participé au sondage, qui ont fourni des documents de référence ou qui ont émis des
commentaires sur le concept de pérennité. Leur contribution a été très éclairante.
Bien que le terme pérennité soit apparu en santé publique dans les années 1980, il n’a été développé qu’à la fin des
années 90, en réponse le plus souvent à des préoccupations de développement durable. C’est cette préoccupation de
durée ou plutôt de durabilité qui donne un sens au mot pérennité, d’où l’association faite avec le terme changement
durable. Pour y arriver le traitement de conditions semble requis dont celles de la volonté politique, de la capacité d’agir
ensemble et des actions simultanées sur les facteurs individuels et environnementaux.
Enfin, il ne faut pas percevoir ce document comme une finalité, mais plutôt comme un outil d’aide à la réflexion.
Le concept de pérénnité 13
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Le concept de pérénnité 15
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