Rapport de fin de Séjour
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Rapport de fin de Séjour
Granger Elsa Etudiante infirmière 2ème année Institut Régional de Formation Sanitaire et Sociale (Croix Rouge de Lyon) Rapport de fin de Séjour Stage à l’international : Bénin - Cotonou J’ai effectué un stage de 5 semaines, entre le 02 février et le 07 mars 2014, dans un centre médico-social et une maternité d’un quartier défavorisé de Cotonou au Bénin. J’ai choisi de faire un stage à l’international, choix non obligatoire dans le cursus de formations en soins infirmiers, mais qui m’a permis un enrichissement aussi bien au niveau professionnel que personnel. a) Vie Pratique • Logement : Durant le stage, nous avons été hébergés au sein du centre médico-social où nous effectuions notre stage. Nous dormions dans une des trois chambres d’hospitalisation du centre. La chambre était assez spacieuse, nous avions une table ainsi que trois chaises. Les lits déjà équipés de moustiquaires (un lit double pour les filles et un lit simple pour le garçon), les draps étaient fournis. Nous avions aussi accès à une salle de bain + WC dans notre chambre. La chambre était équipée d’un ventilateur (nécessaire car la fenêtre donnait sur un mur de protection et l’air entrait peu). Pour six semaines (cinq semaines de stage plus une semaine de congés où nous étions quelquefois au centre), nous avons chacun payé 350 euros à l’ONG, incluant le logement, les 3 repas pendant cette période ainsi que les frais de quelques déplacements. • Argent : La monnaie nationale du Bénin est le Franc CFA (Franc des Colonies Françaises d’Afrique). 1 euro équivaut à 650 F CFA. Pour changer des euros en F CFA, il faut s’adresser directement aux banques car de nombreux faux billets circulent. Sinon il est possible de retirer directement aux distributeurs rattachés aux banques (nombreux dans la ville, car nous étions à Cotonou, capitale économique du pays). Cependant la carte Mastercard® n’est pas acceptée dans de nombreuses banques contrairement à la carte Visa®. De plus, le pays souffre de nombreuses coupures de courant ce qui paralyse fréquemment les distributeurs de billets. Il ne faut pas attendre le dernier moment pour retirer car parfois l’attente est de plusieurs jours. Par ailleurs nous étions souvent confrontés à de gros billets (10 000 F CFA soit 15 euros) difficilement utilisables pour les achats de la vie quotidienne. Granger Elsa Etudiante infirmière 2ème année Institut Régional de Formation Sanitaire et Sociale (Croix Rouge de Lyon) • Santé : Le système de santé béninois est relativement précaire. En effet, il n’est pas assuré par l’Etat. L’accès aux soins est entièrement à la charge des patients. Un système de santé tend à se mettre en place, le RAMU (Régime d’Assurance Maladie Universelle) avec une cotisation mensuelle de 1000 F CFA (1.5 euro) mais la population est réticente. Il existe des assurances santé mais les pris restent relativement élevés par rapport au niveau de vie du pays (450 000 F CFA/an pour une assurance couvrant tous les actes médicaux, chirurgicaux, dentaires d’une famille de 5 personnes). De plus le domaine médical reste encore la solution de dernier recours après la médecine traditionnelle. En tant qu’étudiant français, pour la couverture sociale et complémentaire, il est plus aisé de souscrire à une assurance française couvrant les soins de santé à l’étranger et le rapatriement. • Télécommunication : La communication téléphonique est le moyen le plus facile d’accès pour communiquer avec l’étranger. Les tarifs sont plus avantageux si l’on possède une carte SIM locale (1000 F CFA soit 1.5 euro). Les SMS coûtent 125 F CFA pour l’étranger soit 0.20 euro). Les recharges se trouvent très facilement auprès de tous les petits kiosques. De plus il est possible d’appeler pour 0.19 euro la minute d’un fixe français à un fixe béninois. Pour communiquer via internet, il existe des clés de connexion avec des recharges de plusieurs gigas. Mais les prix restent relativement onéreux (25 000 F CFA la clé soit 40 euros et ensuite chaque giga coûte 6000 F CFA soit 9 euros). Le crédit s’épuise rapidement et la qualité de la connexion est très aléatoire. • Stage : Le stage nous a été trouvé par notre école, au cours d’un forum des associations. Notre formatrice référente a pris contact avec le vice-président de l’association basé en France qui nous a ensuite mis en relation avec l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) qui nous a accueillis au Bénin. Le médecin du centre de santé où nous étions en stage était le président de l’ONG. Il n’y avait pas d’horaires de stage prédéfinis, car comme nous vivions sur notre lieu de stage nous étions disponibles (jour et nuit) pour les soins, les activités de préventions, les consultations. Nous vivions au rythme du centre de santé, en fonction de l’arrivée des patients jamais prédéfinie. Cependant si nous nous étions levés la nuit nous avions le droit à du repos la journée suivante. Granger Elsa Etudiante infirmière 2ème année Institut Régional de Formation Sanitaire et Sociale (Croix Rouge de Lyon) Durant notre stage nous avons crée des liens avec le personnel du centre de santé car du fait que nous vivions sur le lieu même de notre stage, nous cohabitions aussi en quelque sorte (le roulement des équipe était 48h de présence/ 48h de repos). Par ailleurs, en plus de nous encadrer pendant les activités de soins, ils nous accompagnaient aussi dans nos découvertes des institutions du pays, ainsi que nos visites. Le stage était un stage non rémunérer du fait de sa courte durée. • Vie quotidienne : 1) Climat Au Bénin, le climat est typique de la zone intertropicale, chaud et humide. Le littoral est marqué par deux saisons des pluies (de mars à mi-juillet et de mi-août à octobre). Pendant la saison sèche, les températures avoisinent les 30-35 degrés au sud mais peuvent aller jusqu’à 40 degrés dans le nord du pays. Les mois de février et mars que nous avons passés étaient relativement chauds et humides, les quelques pluies qui commençaient à arriver permettaient de rafraîchir l’atmosphère mais les routes en terre battue se gorgeaient rapidement d’eau limitant parfois les déplacements. 2) Rythme de vie : Le rythme de vie est bien différent de celui de la France. L’exemple du centre où on était en stage, les soignants alternaient 48h de travail et 48h de repos. D’autres personnes que nous avons rencontrées dépassaient largement les 35heures par semaine. C’est souvent le patron qui décide des horaires et des heures supplémentaires, les employés n’ont pas bien le choix. Cependant même si les journées commencent tôt et finissent souvent tard, la journée est marquée par des temps de repos, il y a souvent un temps calme en début d’après-midi. Les heures de repas ne sont jamais fixes non plus et se rapprochent plus du rythme de vie espagnol avec des déjeuners qui débordent sur l’après-midi et des diners tardifs. Les horaires sont aussi très variables, l’administration, les banques et certaines entreprises ont des horaires d’ouverture de 9h à 18h, mais les maquis (petits restaurants), les nombreux vendeurs ambulants, les marchés n’ont pas d’horaires prédéfinis. Le dimanche reste incontestablement un jour non ouvrable pour de nombreux commerces, jour du sport pour de nombreux béninois et béninoises, que l’on voit très tôt le matin courir autour de la place de l’étoile rouge, une des places emblématique de Cotonou. De plus c’est aussi jour de messe pour de nombreux chrétiens (plus de 43% de la population), la population étant très croyante et pratiquante. 3) Transport : Granger Elsa Etudiante infirmière 2ème année Institut Régional de Formation Sanitaire et Sociale (Croix Rouge de Lyon) Au Bénin le moyen de transport officiel est la mobylette. A Cotonou il doit y avoir autant de mobylettes que d’habitants si ce n’est plus. Les « zemidjans » ou « taxi-moto » sont présents dans toutes les villes. La couleur officielle de Cotonou étant le jaune, ils sont en quelque sorte les taxis New-Yorkais de Cotonou. Il est très facile de trouver une de ces mobylettes au coin de la rue, s’en suit alors une négociation du prix, chose qui peut parfois s’avérer difficile en tant que « yovo » (homme blanc), mais il faut toujours savoir que le prix ne dépasse jamais 600 F CFA soit moins d’un euro. Autrement il est possible de prendre des voitures taxi ou des bus au confort assez limité, un cinq places se transforme en un sept places et dans des minibus de douze place, on rentre aisément à vingt. Mais la joie de vivre des béninois a toujours raison du confort, les conversations égayent rapidement ces moments de promiscuité. Pour les longs trajets il est aussi possible de prendre les bus ATT, climatisés et plutôt spacieux, mais penser à se couvrir, la climatisation descend vraiment bas. Cependant, l’état des routes au Bénin n’est pas de tout repos, les grands axes étant en travaux depuis un moment, les trajets restent relativement longs par rapport à la distance (12h pour faire Cotonou-Natitingou soit environ 500km) 4) Nourriture : Point extrêmement différent entre la France et le Bénin, la nourriture. Excepté quelques rares fois, nous n'avons jamais mangé occidental. Au Bénin les aliments de base sont peu nombreux, mil, maïs, riz, banane plantain, mais ce sont les différentes formes de préparation qui font la richesse culinaire de ce pays (sous forme de bouille, de pâte, en semoule, cuit à la vapeur …) Nous avons pu déguster le mil sous toutes ces formes. De plus il ne faut pas craindre les épices car même le plat le moins relevé reste assez épicé. Le porc reste la viande majoritairement servie dans le sud contrairement à la pintade plus au nord. Il existe aussi quelques spécialités locales telles que l’agouti grillé, ou l’escargot (de taille imposante : une paume de main d’homme) 5) Loisirs – Anecdotes : Le Bénin est un pays riche d’histoire avec un passé colonial. Ouidah est la ville incontournable avec la « route des esclaves », aboutissant sur la « porte de non retour », monument inauguré par l’UNESCO en mémoire de cette période d’esclavagisme. Ouidah abrite aussi le temple des pitons où il est possible de découvrir une partie de l’histoire vaudou et à l’occasion porter un ou deux serpents autour du cou. Porto-Novo la capitale abrite aussi de nombreux musées ainsi qu’un immense centre de plusieurs hectares, le centre songhaï berceau du développement de l’entreprenariat agricole avec une logique de développement intégrale (tout est utilisé, tout est recyclé jusqu’aux excréments des animaux afin de produire du biogaz). Durant nos cinq semaines de stage nous avons eu la chance de participer à des campagnes de prévention de lutte contre le paludisme, nous permettant d’aller au contact de la Granger Elsa Etudiante infirmière 2ème année Institut Régional de Formation Sanitaire et Sociale (Croix Rouge de Lyon) population et découvrir des rites de présentation, de salutation et de bienvenue sur des rythmes enjoués. Nous avons aussi eu l’occasion d’assister à un spectacle de danse traditionnel puis d’y être initiés. Une danse qui demande énormément d’endurance physique et un grand sens de l’équilibre et du rythme. La musique se jouant sous nos yeux sur les tonneaux renversés et quelques djembés. b) Bilan et suggestions : Ces cinq semaines de stage au Bénin ont été une expérience très enrichissante autant d’un point de vue professionnel que personnel, me permettant de gagner en maturité et en confiance en moi. A travers ce stage, j’ai pu découvrir le soin, mais aussi prendre soin d’une manière différente. La principale difficulté que nous avons rencontrée durant ce stage demeure la langue. En effet, bien que le français soit la langue officielle du pays, seulement 9% de la population la parle, et dans le quartier où nous étions, nous retrouvions de nombreux dialectes, majoritairement le fon, mais aussi le yoruba, le dendi … Nous avions un livre de fon mais il y a un pas entre la version papier et la prononciation ce qui a rendu l’apprentissage impossible. Nous avions donc souvent recours à des traducteurs pour nous permettre de comprendre les patients. De plus, même en français, la façon d’aborder les choses est différente, ils utilisent beaucoup de métaphores et abordent un même sujet de plusieurs manières différentes pour permettre une meilleure compréhension. La seconde difficulté à laquelle j’ai du faire face est la gestion de la douleur, car si en France elle fait désormais partie intégrante du projet de soin, au Bénin, elle reste au second plan. Ceci s’explique par le fait que tous les soins sont à la charge du patient. Prendre en charge la douleur induirait un coup supplémentaire que certains ne peuvent pas se permettre. Les soins se passent donc majoritairement dans la douleur qui est parfois difficile à gérer. De plus cette difficulté en induit une autre qui est l’accès au soin, comme tout est payant, on ne peut soigner que ceux qui en ont les moyens. Refuser de prendre en charge des patients faute de moyens n’a pas été une chose évidente non plus. Je voulais faire un stage à l’étranger parce que dans mon projet professionnel je souhaiterais pouvoir exercer ailleurs qu’en France. Ce stage m’a permis de réfléchir et de comprendre. La santé hospitalière est plus ou moins la même de partout, des médicaments spécifiques pour chaque pathologie, des seringues, des trocards, des perfusions. Ce qui diffère le plus entre les pays développés et les pays en voie de développement est l’accès aux soins, la compréhension des soins médicaux, leur acceptation et surtout la prévention. C’est pourquoi ce stage m’a permis d’envisager un choix de poursuite d’études axé sur la santé Granger Elsa Etudiante infirmière 2ème année Institut Régional de Formation Sanitaire et Sociale (Croix Rouge de Lyon) internationale afin de contribuer à la santé des populations d’une autre façon. Le domaine de la santé publique en France est déjà bien développé mais outrepassé les frontières, sur le continent Africain, c’est un domaine encore fragile. C’est pourquoi j’aimerais beaucoup pouvoir contribuer au développement de cette compétence afin de permettre la compréhension de tous, de pathologies telles que le Paludisme qui sévit encore largement en Afrique. Avant notre départ au Bénin, nous avons dû monter un dossier de présentation du pays. Nous avons aussi participé à diverses rencontres pendant 3 jours (ethnologue, psychologue, étudiants étrangers, infirmiers humanitaires …), nous permettant une première approche de ce que nous pourrions vivre durant notre stage. Ces diverses rencontres étaient à l’initiative de notre établissement, une première expérience enrichissante, notamment sur l’inter culturalité. Pendant notre séjour, notre principal référent était le médecin du centre de santé avec qui nous faisions le point chaque jour, sur les soins vus, réalisés. Nous étions aussi bien encadrés par l’équipe soignante et les différents membres de l’ONG qui nous accompagnaient dans nos différentes visites d’institutions (d’autres centres de santé, une léproserie, un hôpital psychiatrique, la faculté de sciences …). Avant notre départ nous n’avons pas rencontré d’autres étudiants ayant séjourné dans notre établissement d’accueil car le Bénin était une première pour notre établissement, cependant nous avons rencontré le vice-président de l’association, par deux fois, qui nous a apporté de nombreuses informations, photos à l’appui, sur le séjour que nous allions vivre. Pour un futur départ à l’étranger, la préparation est le plus important. Il faut se renseigner sur la langue du pays, son histoire, ses coutumes, son système politique et économique, sa monnaie et son accessibilité, ses religions, son climat et bien sûr son système de santé. Il est aussi avantageux de pouvoir échanger avec des personnes ayant déjà voyagé dans ce pays pour connaître leurs impressions, et éventuellement combler les manques d’information que l’on peut rencontrer notamment sur le côté « vie pratique ». Une erreur à éviter, au niveau de l’argent, si la monnaie n’est pas la même, connaître les possibilités de change mais aussi de retrait (attention à la carte que vous possédez) Je pense que ces échanges internationaux sont grandement enrichissants, cependant il faut garder à l’esprit que ce ne sont pas des vacances, mais que ces échanges entrent dans le cadre d’un projet d’études. Il faut constamment garder une ouverture d’esprit par rapport à ce que l’on voit et ce que l’on vit. Nous ne sommes pas là pour changer leur manière de faire, mais pour faire avec eux. Nous pouvons leur apporter autant qu’eux peuvent nous apporter.