Brigitte d`ARX Le mystère du choix de la deuxième vertu…

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Brigitte d`ARX Le mystère du choix de la deuxième vertu…
MYSTÈRE DU CHOIX
DE LA DEUXIÈME VERTU
COURTE RÉFLEXION SUR iL’INCESTE
À L’IRANIENNE
« Son propos était démesuré : écrire le roman
total qui contiendrait, à travers deux êtres de
même sang, le Tout du monde, le matériel et la
surréalité, la terre et le ciel avec l’aide des seuls
mots et de ces pages multipliées... »
B. d’Astorg, Variations sur l’interdit majeur.
En d’autres temps stigmatisé comme l’un de ces
exotismes barbares dont l’Orient a le secret, le mariage
incestueux des Perses a été abondamment consigné et discuté
par les anciens et les modernes ainsi que par les savants
contemporains qui, depuis le XIXe siècle, ont eu de vifs
échanges avec les Parsis, zoroastriens d’Inde, et en leurs
propres rangsii. En valorisant ce type d’alliance dans son texte
canonique, l’Avesta, le mazdéisme, « la plus petite des grandes
religions » selon Duchesne-Guilleminiii, paraît offrir un démenti
flagrant à la loi de l’universel tabou de l’inceste. Cependant que
les anthropologies de la parenté et de la nature font une discrète
révolution par le constat de l’imparfaite pertinence de leurs
catégories (endogamie/exogamie ; nature/culture...), la relativité
méthodologique, à l’œuvre depuis longtemps, s’applique en ces
jours aux notions d’inceste et de sangiv. Dénotant à l’origine un
acte sacrilège, le sens de l’incestum a eu selon les civilisations
et les époques une extensivité variable, mais, dans le langage
courant français, se borne à désigner le commerce charnel entre
des membres de la famille nucléaire [Nouveau Larousse
encyclopédique en deux volumes, 1998, vol. I, 789]. Il suppose,
généralement, un jugement moral, une réprobation sociale,
voire un interdit juridique. Dans les lignes qui suivent, son
emploi sera dénué de toute connotation péjorative ou laudative.
Le troisième livre du Dēnkard [Menasce 1973, 89] ne nous
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prévient-il pas que : « Laideur et beauté ne sont pas dans les
choses elles-mêmes, mais dans la façon de les saisir, estimer et
croire, et en outre, cela change selon les temps et les lieux. »
Les études iraniennes sont agitées d’âpres disputes car
les sources ne permettent pas l’univocité des lectures. Ce texte,
qui en quelques lignes, ne peut qu’être schématique, est une
simple proposition pour comprendre le phénomène du
xwēdōdah ; car tel est son nom. De quel référent est-il le signe ?
Mal documenté pour la période achéménide (VIe-333 Av. J.C.), il est cernable par l’analyse de l’Avesta, par les
témoignages séleucide et arsacide (247 Av. J.-C.-224 J.-C.) et
essentiellement par le sassanide (226-651 J.-C.). Les textes
pehlevis des VIIe et IXe siècles sont riches d’enseignement
comme les Rivāyats, compilations d’avis donnés aux
coreligionnaires exilés en Inde après la conquête arabe. Avec
les réserves qu’imposent une telle dispersion des sources dans
le temps et l’inévitable discrépance des contextes, on peut
affirmer aujourd’hui que le xwēdōdah n’était pas qu’une idée,
mais aussi une réalité, certes aux contours imprécis, et un idéal
religieux remodelé sous les Sassanides, même si sa
reformulation a dû commencer à partir d’Artaxerxès II. Entre
conscience ethnique et proclamation de foi, il se pose comme
un réflexe identitaire et un rêve de transcendance.
De la lignée à l’ethnie : un réflexe identitaire
La lignée c’est le xvaētu (dérivé du pronom personnel
réfléchi de la troisième personne xva(ē)-). Ce nom forme, avec,
en second terme, un dérivé de vadaiia- « conduire,
particulièrement au mariage », deux composés :
─ L’un, possessif, est un adjectif six fois attesté dans
l’Avesta récent, globalement contemporain des textes vieuxperses : xvaētuuadaθa-(masculin), « qui contracte mariage dans
la lignée », dans le Vispered 3,3, « prière à tous les patrons »,
complément du Yasna, la liturgie du sacrifice ; dans le Gāh 4,8,
partie du Khorda Avesta, « Petit Avesta » ; dans le Vištāsp Yašt
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17, hymne à Vištāspa, compilation tardive de citations du
Vidēvdāt.
· au masculin en -θa- et au féminin en -θī- dans le
Vidēvdāt 8,13, loi contre les démons, texte tardif.
· à un féminin original en -θā- dans le Yasna 12,9,
liturgie du sacrifice ; ce passage a la particularité d’être rédigé
en pseudo-gāthique, une forme archaïsante de l’avestique
récent ; il est la profession de foi du mazdéisme.
Traductions :
Vispered 3,3 : « j’installe le jeune homme de bonne
pensée, de bonne parole, de bon geste, j’installe le jeune homme
qui prononce les textes (et) qui contracte mariage dans la
lignée,...j’installe la maîtresse de maison » [Kellens 1995, 40].
Gāh 4,8 : « Nous sacrifions à celui qui pratique le
Hvaêtvadatha, saint, maître de sainteté » [Darmesteter 1892, I,
719].
Vištāsp Yašt 17 : « de tout jeune homme qui intercède,
de tout jeune homme qui pratique le Haêtvadatha...(19) d’eux
tous tu es le grand protecteur, ô roi Vištâspa mon fils, écrasant
les adversaires...par innombrables multitudes » [Darmesteter
1892, I, 670-671].
Vidēvdāt 8,13 : « C’est de l’urine de mouton ou de
l’urine de bœuf ; non pas de l’urine d’homme ni de l’urine de
femme, à moins que ce ne soient un homme et une femme qui
ont fait le Hvaêtvadatha : ceux-là fourniront l’urine dont les
porteurs de mort se laveront la chevelure et le corps »
[Darmesteter 1892, I, 122].
Yasna 12,9 : « je fais l’éloge de la dayanâ mazdéenne...,
qui contracte mariage dans la lignée » [Kellens 1995, 41]. La
dayanâ ou daēna est soit la religion mazdéenne (le cas ici), soit
la conscience religieuse individuelle.
─ L’autre, déterminatif, est un substantif abondamment
illustré dans les textes pehlevisv : le xwēdōdah, « mariage dans
la lignée », mentionné pour la première fois sous les Sassanides
par Kirdir en 276 J.-C..
Le xvaētu est, lui, présent dans les Gāthās, textes les
plus anciens du corpus sacré. C’est le plus petit des cercles
d’appartenance sociale. Son extension est inconnue et a
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probablement varié au fil des siècles. Corrélativement, la notion
de « mariage dans la lignée » a sans doute reçu des acceptions
différentes. Les termes « frère » et « sœur » en iranien ancien
désigneraient, à l’origine, des consanguins de même génération,
de même sexe et de même sang appartenant à un même clan
[Huyse 2004], soit les germains, demi-germains et cousins —
encore faudrait-il tenir compte des éventuelles adoptions,
filiations par lactation, etc., la notion de sang n’étant pas
seulement biologique. Les « maisons » peuvent représenter une
soixantaine de personnes.
Mariage, liaison charnelle ou union génésique sans
sexualité (mythique) ? Peut-être que cet appariement a connu
des modalités plurielles plus ou moins juridicisées. La REA
24,1.3 révèle que le xwēdōdah peut se conclure devant témoin
comme les autres mariages iraniens. Quand un tiers le
commandite, ses mérites retombent sur la triade (REA 22).
Macuch évoque la possibilité du mariage temporaire et d’unions
purement juridiques, des cas limites proches de l’épiclérat
[1991, 154]. Qui étaient les heureuses élues ? La cousine
croisée matrilatérale de préférence, mais les autres cousines et
les nièces n’étaient pas des partis négligeables. Sous les
Sassanides, le sens s’est spécialisé, il désigne, mais pas
exclusivement, les unions père-fille, mère-fils et frère-sœur. Le
troisième livre du Dēnkard au IXe siècle [Menasce 1973, 85]
mentionne néanmoins l’étymologie populaire que les Parsis
reprendront à leur compte : « donner du sien », laissant entendre
que le sens n’est pas aussi restreint qu’il semble.
Pratiqué, il le fut sûrement. Les témoignages s’étendent
du VIe siècle avant J.-C. au XIIe siècle J.-C.. Mais les
errements du commun des mortels ne sont pas quantifiables.
Dura Europos atteste la réalité de la pratique de ces alliances
dans la société de base sous les Séleucides. Des textes
arméniens et syriens du IIIe au VIIIe J.-C. informent que le
mariage incestueux n’a pas dû être exceptionnel. L’Histoire
arménienne d’Elishe Vartabed narre les tentatives de
conversion des Arméniens par les prêtres zoroastriens et laisse
l’impression que cette union concernait tout le monde. Les
Actes syriens de Péthion (2e moitié du Ve J.-C.), le Traité
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syrien de Mār Abhā, contemporain de Xrosrōw Anuširvān (531578 J.-C.), conduisent à la même conclusion. Les Actes des
martyrs syriens, sous les Sassanides, évoquent les xwēdōdahs
dissous à l’occasion de conversions au christianisme au Ve
siècle. Le Code juridique des mille décisions (VIIe J.-C.), le
Hazār Dādestān, la Rivāyat Ēmēt i Ašavahistān (IXe J.-C.) et la
Rivāyat Dādistān i Dēnig (IXe-Xe J.-C.) explicitent les
conditions de son exercice. Les Mages, tribu mède en charge du
clergé zoroastrien, sont réputés avoir suivi plusieurs types
d’inceste de façon constante au dire de Xanthos le Lydien (450
Av. J.-C.) rapporté par Clément d’Alexandrie.
On est bien mieux informé des mœurs de la haute
société : dignitaires et rois, des Achéménides aux Sassanidesvi,
s’y sont adonnés au gré des circonstances politiques. Selon
Hérodote, Cambyse inaugurerait l’union incestueuse puisque la
légalité de son premier mariage avec l’une de ses sœurs est
discutée par les légistes de la cour, mais quel crédit lui
accorder ? Ctésias est peut-être plus fiable, du moins a-t-il une
autre source d’information : les bruits qui couraient dans la
populationvii. Darius y renonce afin, explicitement, de laisser les
princesses dans le circuit des alliances pour les classes
dirigeantes, récompense aux fidèles alliésviii, signe que la
coutume est déjà dans les mœurs. En revanche, en cas de
tension interne, pour priver l’élite sociale de tout droit de
revendiquer la légitimité au trône, l’inceste dynastique était,
pour reprendre la formule de Lévi-Strauss, « l’envers de
l’obligation d’échange ». Cette concentration de la légitimité
royale sur une seule lignée n’impliquait pas toujours la primauté
de l’enfant né d’un xwēdōdahix ; la polygynie était de règle. Le
mariage incestueux fut exercé par nombre de rois perses et l’on
a pu en cela les comparer aux pharaons de la XVIIIe dynastie et
aux ptolémaïques. La quasi-impossibilité pour les filles de roi
de se marier hors lignée relevait également, semble-t-il, du
principe de l’hypergamie et de la croyance en une hiérarchie
post-mortem combinant les critères de rectitude et de statut
social. Pour être au niveau de ses parents dans les lumières
d’Ahura Mazdā, la princesse ne pouvait qu’épouser son père,
son frère, voire son oncle. En arrière-fond de l’inceste
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dynastique est peut-être aussi la pratique hiérogamique des
chefferies et royautés sacrées.
S’il est un vestige du nomadisme ancestralx, il a été
forcément remotivé congrûment aux conditions socioéconomiques et aux nécessités politico-religieuses de chaque
époque. Les realia économiques découlant de l’endogamie ont
sans nul doute été pris en compte : moindre coût du mariage et
préservation unitaire du patrimoine dans la lignée. Il est notable
que des mariages au plus proche se contractent dans des
économies caractérisées par l’irrigation, ce qui est le cas de
l’Iranxi. Mais ceci ne suffit pas à expliquer sa prégnance. Le
naturalisme indo-iranien devait l’avoir célébré en son mode
hiérogamique pour appeler la fertilité lors des fêtes
saisonnières, les gāhānbārs. Macuchxii relève que Ziegler met
en rapport l’inceste et le sacrifice comme des actes
interchangeables. L’inceste éveillerait les forces magiques et
surnaturelles qui favorisent la fertilité. Des textes pehlevis, en
effet, associent l’inceste au repas sacrificiel (myazd) et aux
gāhānbārs, devoirs essentiels que le zoroastrien doit remplir six
fois par an. Dans la version pehlevie de la Prière de louange de
ces fêtes, Orhmazd (moyen-perse pour Ahura Mazdā) sacrifie,
banquette avec les entités immortelles et presse les hommes
d’en faire autant. Le but en est la multiplication de la création,
l’éveil de la vie et la destruction des démons.
Pour Herrenschmidt [2002, 154], le mazdéisme est une
religion ethnique. Le xwēdōdah est une manifestation de cette
ethnicité. C’est celle des Iraniensxiii, à l’origine, probablement,
ceux qui offrent un culte à Indra, mais désignation devenue
ethnonymique après la migration vers l’ouest. Suivant leur
vision sociétale, le peuple est conçu comme le référent du
quatrième cercle d’appartenance sociale. A ce thème de l’iranité
le xwēdōdah paraît coalescent. La conscience identitaire a
sûrement été avivée par le voisinage multiconfessionnel et
pluriethnique du Proche-Orient. Après la victoire d’Alexandre,
les Perses furent conduits à contrecarrer la précarité de leur
situation. Ce sont les motifs liés de pureté du sang et
d’eugénisme qui font l’objet d’une propagande dans laquelle le
xwēdōdah a la première place. L’étranger et le non-mazdéen
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sont rituellement impurs, leur contact entraîne une pollution qui
exige un rite adéquat. Or la pureté rituelle est la condition sine
qua non pour garder langue avec le monde des dieux. Pris entre
la nécessité de communiquer avec l’autre et son désir de
ménager la rencontre avec la divinité qui l’autorisera de goûter
le « beurre de printemps » après son trépas, le zoroastrien n’a
que la solution d’épouser quelqu’un dont il est sûr de la pureté.
La plus proche parente est celle qui lui permettra de rester soimême puisque de même chair. Seuls les membres de la famille
nucléaire peuvent donner naissance à une progéniture qui
conserve l’identité parfaite avec le sang de l’ancêtre. C’est
finalement le même qui se reproduit par l’intermédiaire de la
femme, « vêtement » pour l’homme. Dans l’exercice du
xwēdōdah, homme et femme sont associés jusqu’au
renouvellement eschatologique du monde [Macuch, 143].
Exempt de tout métissage, le rejeton jouit de la vitalité du
premier homme. La pratique est sublimée jusqu’à ce qui semble
être le comble du beau : l’union d’un homme avec la fille qu’il
a eue de sa propre mère. Car l’union entre générations est de
première importance : elle transmet, avec un efficace sans égal,
la force vitale qui rendra possible la victoire finale.
Royauté, fertilité, pureté : la thématique repose dans
l’antiquité indo-iranienne. Le xwēdōdah serait une tentative
d’échapper au temps soit pour l’arrêter et le remonter, soit pour
accélérer la fin du monde. Cet imaginaire alimente le
conservatisme zoroastrien jusque sous l’Islam ; visant alors à
protéger les normes de la vieille religion en promettant le ciel
sur la terre, l’apologie de l’inceste sera le rempart de l’identité
mazdéenne, mais restent en suspens l’importance et l’efficacité
de sa pratique face au constat mazdéen de l’hypertrophie de
l’impureté.
De l’ethnie
transcendance
à
la
rénovation :
254
un
rêve
de
Il est constant que de vives exhortations au xwēdōdah
s’expriment après la conquête arabe quand nombre de
zoroastriens se sont convertis à l’Islam. Déjà, dans les temps
antérieurs de confrontation avec d’autres religions, il avait été
prôné, et si l’on en croit Kirdir, organisé en masse après la
victoire de celui-ci sur le manichéisme ; il semble mis sur pied
d’égalité avec les fondations de feux (inscription de Ka‘ba i
Zardušt, KKZ 14)xiv. Les inscriptions du Grand-prêtre de
Bahrām II, organisateur du clergé sassanide, sont justement
révélatrices d’un retour aux vieux items indo-iraniens diffus
dans les mémoires [Kellens 1975, 463]. C’est dans ces textes
que l’on trouve la plus ancienne référence à l’Avesta sous les
Sassanides. La politique avouée de tradition nationale qui
sépare Iran et non-Iran et les met à distance, explique le
caractère composite du discours sacerdotal qui mêle mythe et
scolastique. Le zoroastrisme est devenu religion d’Etat et la
cohésion entre la religion et la société s’en trouve accentuée. Le
clergé des Mages pèse sur tous les domaines de la vie tant
personnelle que collective, régulés par une éthique ethnicoreligieuse dont la rigidité ira croissant. Du fait de sa
magnification dans la loi religieuse, la coutume du xwēdōdah
devient l’un des fers de lance de l’orthodoxie ― du moins en
théorie.
D’abord c’est une vertu, la deuxième en importance,
mais les classements fluctuentxv. Loin d’être peccamineux,
c’était déjà un acte méritoire dans l’Avesta ― mais comment
se définissait-il alors ? Il est la toute meilleure action [Macuch,
145], rétribuée par des grâces spirituelles pour qui le contracte :
l’atténuation des peines de l’enfer du délinquant, les lumières
d’Ahura Mazdā pour le juste. En revanche, celui qui se rend
coupable de son omission se voit refuser les plus hautes
récompenses malgré sa rectitude. Quant à qui le détruirait, un
très grave châtiment lui est réservéxvi. Enfin, le résultat le plus
fruitif dans l’immédiat c’est toute « connaissance » qui devient
« connue » à son zélé protagonistexvii. Alors que la politique
religieuse est nataliste et protectrice tant de l’enfant à naître que
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de l’enfant illégitime, le mérite du xwēdōdah est tel que même
en cas de stérilité il n’est aucunement diminuéxviii.
La société sassanide fonctionne comme les groupes
humains qui prohibent l’inceste. Elle est structurée par la notion
d’ordre. Or celui-ci, en l’occurrence, est en étroit concert avec
l’agencement établi par Ahura Mazdā selon l’Aša. Mais la
bonne création, fragilisée qu’elle est par l’infiltration des agents
démoniaques de l’esprit du mal, Angra Manyu, et de son agent
spécial, la Druj (le mensonge), est vouée au combat permanent
contre ce qui la pollue. C’est l’état de mélange. Le déploiement
des règles de pureté et le lourd rituel qui les accompagne,
établissent des normes de vie sociale qui satisfont la conception
zoroastrienne du bien commun : le retour à la pureté originelle
et la rénovation finale, image de la revivification de l’âge d’or.
Comme ailleurs, est écartée toute cause de danger alors qu’est
favorisé tout facteur de cohésion. Il existe bel et bien des
interdits dont la transgression vaut la peine capitale, parmi
lesquels des actes sexuels : ce sont ceux qui augmentent le
mélange, tels la bestialité, l’adultère et l’homosexualité
[Macuch, 150]. Cette dernière est sans doute condamnée à
cause de sa stérilité mais également parce qu’elle représente un
cumul d’identiques qui ne peut que déstabiliser l’universxix.
C’est comme si la frontière de la notion d’inceste (cumul
d’identiques
selon
Héritier)
était
déplacée
vers
xx
l’homosexualité . La théorie des semences explicite le
mécanisme de ce rejet aussi bien que celui de l’exaltation du
xwēdōdahxxi. Les éléments nocifs du genre masculin n’étant pas
compensés par les éléments bénéfiques du genre féminin qui
leur sont antisymétriques, le mal s’accroît dans le monde et
accentue le déséquilibre. A contrario, l’inceste réalise
l’équilibre des contraires dans des proportions idéales, union
parfaite et harmonieuse des mêmes, complémentaire grâce à
l’irréductible différence des sexes, sujet exploré par Héritier. Le
concept d’acte contre nature existe donc, mais les critères
d’appréciation participent de la singularité zoroastrienne.
Le xwēdōdah est adossé à un complexe appareil
mythologique tiré du fonds indo-iranien dont les items ont été
réaménagés dans un système de représentations qui le situe au
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cœur de l’histoire du monde. Justifié par la cosmoanthropogonie qui place, à l’origine de l’humanité, les trois
types d’inceste primordiaux (père-fille : Ahura Mazdā-Armaiti ;
mère-fils : Armaiti-Gayomart ; frère-sœur : Mašya-Mašyanag),
il est censé les remémorer. A l’autre bout, à la sortie du temps
(i.e. la mort), trois jours après le décès, le mariage narcissique
de la daēna, âme pérégrinante du défunt, avec son âme
intérieure masculine, le ruvan, prélude à l’ouverture du séjour
des bienheureux — dans le meilleur des cas. Cette conception
rappelle les épousailles mystiques du chaman avec la fille de
l’Esprit, qui le rendent capable de voyager vers le monde
spirituel. Le xwēdōdah est « la forme réalisable », selon
Kellens, de l’union épurée qui symbolise la réussite
eschatologique d’un individu. Modélisé dans le temps sans
bord, il n’a de fonction que dans le temps limité. Avant le
premier inceste divin comme après la réunion du ruvan et de la
daēna (la conscience religieuse), toute sexualité est abolie.
L’intériorisation de l’aurore (daēna) conduit l’être à la pureté
originelle et définitive. Dans l’Avesta ancien déjà, le retour au
célibat de l’être du défunt signifie qu’il n’est plus nécessaire de
transgresser la mort par la reproduction ; dans le même esprit,
après la fin des temps et la résurrection, l’inceste divin n’a plus
de raison d’être car l’ennemi d’Ahura Mazdā étant anéanti à
tout jamais, le dieu n’a plus besoin de combattants.
Yima, né du sacrifice qui marque la rupture avec la
consanguinité divine, est le prototype de l’incestueux au
moment de l’enclenchement du temps. Après son refus de la
daēna (la religion), à lui proposée par Ahura Mazdā, il est
amené à commettre l’inceste avec sa jumelle. Cet inceste-là est
superflu car l’humanité existe. Substitut du culte de la daēna, il
n’est que l’anticipation du xwēdōdah. A l’extrême opposé du
mélange avec les démons qui avait été imposé aux jumeaux, il
symbolise l’union sans mélange douée d’un pouvoir
purificateur. En exterminant une multitude de démons, il opère
comme un « serial killer » sur le « théâtre des opérations »
humaines, le monde matérielxxii. Quand le démon Xešm se
plaint de l’impact dévastateur du mariage dans la lignée, Angra
Manyu lui répond qu’il ne connaît pas d’échappatoire ni
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d’antidote alors qu’il peut contrecarrer le myazd et le
gāhānbārxxiii. Rien ne résiste au xwēdōdah. De même, il est dit
qu’aux derniers jours du temps découpé, l’humanité ne
pratiquera plus que l’inceste afin de préparer le terrain au
Sauveur, le Saošiiant, en purifiant drastiquement le monde du
mensonge [Rivāyat pehlevie]. L’homme est, en miroir, placé
devant un choix clair : le camp du mal et du mélange ou celui
du bien et de l’inceste. Ce dernier ne présente que des
avantages : Vištāspa est la figure mythique de celui qui, après
s’être livré fidèlement au xwēdōdah sur terre, inaugure l’accès à
l’au-delàxxiv.
Comme tout rite inscrit dans la liturgie, l’inceste se doit
de reproduire la cosmogonie et la fin des temps ; il est
complémentaire de l’hiérogamie symbolique (ruvan-daēna), ce
qu’indique son placement sous le patronage de la daēna [Yasna
12,9]. Le rite mazdéen résume le procès d’instauration du temps
fini et le départ de chaque homme car la daēna du sacrifiant est
censée s’offrir sexuellement à Ahura Mazdā. Le xwēdōdah est
lié au sacrifice, l’acte qui rend sacré. La préparation de la
liqueur sacrificielle, par exemple, en est une image : le dieu
plante Haoma est le prototype de l’homme mâle qui a besoin de
s’unir, au lait pour le premier, à la femme pour le second, afin
de donner toute sa consistance à la Bonne Pensée (Vohu
Manah). La mythologie suggère que la partie féminine de l’être
humain est divine. Celui-ci aurait donc une double
compétence : pour le sacrifice en digne fils de Yima, pour le vol
de l’âme et l’union au dieu en enfant de la femme. Or la
progéniture d’un xwēdōdah est jugée la plus apte au sacrifice et
à la royauté, qui se doit d’être divinement inspirée. C’est que
l’inceste est un acte particulièrement pur car antinomique des
débordements de la passion. Acte choisi librement, il exige de
subordonner le désir à une intention plus haute. Il tient à
distance la concupiscence, fille du mauvais, et lui substitue, par
son accomplissement, l’épanouissement plénier qui éteint le
désir. Pur, il purifie le couple à tel point que l’urine de l’homme
et de la femme unis dans un xwēdōdah peut remplacer celle du
bovin (figure de la vache sacrée primordiale), régulièrement
utilisée pour les purifications rituelles [Vidēvdāt 8,13].
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Acte de piété, il manifeste sans équivoque la fidélité
aux origines et l’aspiration aux fins dernières. Kellens relève
l’identité de terminologie du Hādōxt Nask, texte eschatologique
de l’Avesta, et du Vispered 3,3 qui installe pour le sacrifice le
jeune homme qui a contracté mariage dans la lignée. Là se joue
le sort du monde et de chacun. Le xwēdōdah, par analogie avec
l’inceste mythique de Mašya et Mašyanag, qui produisit une
kyrielle de semences, est prolifique, au moins symboliquement.
Le mythe des jumeaux divins, ancêtres et procréateurs des
semences de l’humanité est un ajout tardif à la cosmogonie.
Celui-ci, combiné avec le mythe de Yima, affirmerait la double
ascendance de l’homme : divine par la femme Mašyanag,
sacrificielle par l’homme Yima. A-t-on dans le troisième livre
du Dēnkard [Menasce 1973, 86] une réminiscence de la théorie
de l’emboîtement des germes à propos de la phrase : « tous les
êtres humains qui ont été et qui seront viennent de la semence
originelle de l’inceste. »xxv. Affaiblissant le mal en proportion
des combattants qu’il génère, l’inceste est l’espoir de survie du
monde. Apotropaïquexxvi et bénéfique, il est le facteur
harmonique par excellence grâce à son pouvoir surnaturel et,
comme tel, ambivalent, mais ordonné par les théologiens à la
propitiation du monde du sacré. En le magnifiant, le clergé
sassanide pensait ancrer la religion mazdéenne dans le monde
matériel afin de préparer le dernier acte du drame grandiose de
la création : l’instauration de l’âge d’or.
Conclusion
Au service de l’individu comme de la collectivité, le
xwēdōdah coopère à la neutralisation définitive de l’ennemi
d’Ahura Mazdā, Angra Manyu. Au bout du compte, c’est le
dieu qu’il sert. Peut-être est-ce pour cela qu’au sujet du
xwēdōdah, qui pour les Parsis n’est que l’union entre cousins, il
est dit que : « les mariages entre cousins sont faits au ciel »xxvii.
Mais qu’en pensait Zarathuštra, l’homme de légende ? Selon la
tradition, il n’en serait pas question dans sa vie ni autour de lui.
Il y serait même opposé : la Rivāyat pehlevie relate qu’à
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Orhmazd, qui lui a ordonné de répandre le xwēdōdah, le
prophète réplique qu’il lui paraît « mauvais et étonnant de
devoir recommander une telle chose de cette façon » [Macuch,
151 et note 74 ; 152]. Nonobstant, sa légende tardive fait
soupçonner que son entourage n’était pas exempt de toute
implication dans les mœurs incestueuses. Sa fille Pourucistā ne
serait autre que Hutaosā, épouse de Vištāspa, et celui-ci serait
son frère, tout ceci d’après un commentateur du Yasna 53,5 et
l’analyse de Kellens [1995, 44-45] comparée à l’étude du Yasna
53,3. La sœur-épouse est présentée dans ces textes comme la
protagoniste du mythe matrimonial. Cependant, le septième
livre du Dēnkard mentionne la honte que l’on peut ressentir en
pratiquant une telle union, et la conception zurvaniste garde le
souvenir que ce type d’alliance éveille des forces négatives
[Macuch, 151]. La pratique incestueuse était, semble-t-il,
amphipolaire aux yeux de certains. Produisant du savoir, elle
était censée mettre au jour des forces surnaturelles, craintes et
désirées. Le discours des Mages laisserait-il deviner les
réticences rencontrées et tairait-il son extra-quotidienneté ?
Macuch [154] propose d’y voir « une forme refoulée du tabou
de l’inceste ». Magie blanche agissant comme une métaphore
du sacrifice, l’alliance au plus proche nouait l’individuel et le
social en arrimant les destinées aux lumières sans fin. Alors
cette force magique, serait-elle le précipité d’une forme
archaïque de sacré où toute transgression était grosse d’un ordre
nouveau ?
Inceste ? Barbare ? Tout est question de définition.
L’origine du mariage dans la lignée remonterait au naturalisme
ancestral et au chamanisme. Il a été figé par le ritualisme
prégnant du zoroastrisme et recentré apodictiquement par les
théologies sassanide et ultérieure. Cette coutume, idéal religieux
à la pratique attestée, révèle que, paradoxalement, c’est une
structure courante qui régissait la société iranienne. Mais ses
valeurs étaient en partie inversées, façonnées par la conviction
ethnique de mener une entreprise eschatologique [Lincoln]xxviii.
Laissant peu de place à la spontanéité des sentiments, elle
instrumentalisait la sexualité en la vouant au bien commun.
Certes, le xwēdōdah ne fut jamais une obligation mais ceux qui
260
l’avaient choisi devaient y trouver plaisir. Une grande part de
son pouvoir et de son mérite résidait dans l’intention : il était
aussi bien mental que physique. Objet de la décision du
zoroastrien, responsable depuis le rite d’initiation de son
adolescence, il a persisté dans les mœurs plus d’un millénaire,
sans doute à cause du mécanisme d’auto-persuasion mis en
place par le milieu sacerdotal en vue de maintenir son emprise
sur la population. La barbarie était dans la négation de l’être
personnel, qui découvre alors progressivement, au début de
l’ère chrétienne, ce que Stroumsa a développé dans « Un
nouveau souci de « soi » »xxix, ironie du sort pour un acte dont
le sens premier tourne autour du « soi ».
Clarifier la teneur et la raison d’être du mariage dans la
lignée confronte à la difficulté méthodologique de l’approche
des phénomènes de parenté et à l’ampleur du champ
d’investigation utile à leur compréhension. Déchiffrer le
mécanisme ontologique de ceux-ci, par delà même leurs
manifestations protéiformes, relève de l’équilibrisme entre deux
nécessités : l’inscription dans la continuité d’un système de
références et l’émancipation de celui-ci, qui reste en pleine
élaboration.
Brigitte d’ARX
BIBLIOGRAPHIE
Les références infra ne sont qu’indicatives ; il est conseillé de se
reporter à la bibliographie de chacune d’elles.
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Achaemenid History II, Leyden, 1987. Tenir compte de l’article
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MEILLASSOUX, C., Mythes et limites de l’anthropologie, le sang et
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263
YAMAUCHI, E.M., « Herodotus  Historian or liar ? », in Crossing
boundaries and linking horizons, Studies in honour of Michael C.
Astour, Bethesda, Maryland, 1997, pp.599-611.
i
Que Jean Kellens, professeur au Collège de France, trouve ici l’expression de
mon extrême gratitude pour son enseignement, ses conseils et son attention,
tous précieux. Je le remercie particulièrement d’avoir bien voulu procéder à la
relecture de cet article.
Je suis également très reconnaissante à Jean-Jacques Glassner pour les
remarques pertinentes formulées à la lecture de ce texte.
Le titre m’a été inspiré par celui de l’œuvre de Charles PEGUY : Le Porche
du mystère de la deuxième vertu, 1911. La comparaison s’arrête là. Le
mazdéisme n’est pas une religion de l’amour comme le christianisme. Il est
celle du choix réciproque du dieu et de l’homme.
ii
Les attestations ont été rassemblées par plusieurs auteurs dont BUCCI, O.,
pp.291-294 ; DALLA VOLTA, A., pp.22-28 ; BOYCE, M. citée par
HERRENSCHMIDT, C., 1994, p.114 ; voir dans la bibliographie de ce
dernier article les autres références.
iii
La religion de l’Iran ancien, 1962, p.17.
iv
Lire en particulier l’œuvre de F. Héritier à laquelle rend hommage En
substances, Textes pour Françoise Héritier, sous la direction de J.-L. Jamard,
L. Terray, M. Xanthakou, 2000.
Plus critique est MEILLASSOUX, C., 2001, passim. Le mot consanguin qui,
à l’origine ne désigne que la parenté agnatique, comme le rappelle l’auteur,
est, dans le présent article, employé dans son sens courant « de même sang ».
C. Lévi-Strauss a associé inceste et nature, ainsi que tabou de l’inceste et
culture. C’est pourquoi l’anthropologie de la nature ne peut être étrangère à
celle de la parenté. DESCOLA, PH, 2001, justifie la remise en cause des
catégories dans son domaine de compétence, p.558, par exemple : « De ce
simple constat, il ressortait qu’il est scientifiquement hasardeux de conserver,
même à titre méthodologique, une distinction entre la nature et le culture aussi
peu partagée ».
v
Pour les nombreux témoignages en pehlevi, se reporter, entre autres, à
DALLA VOLTA, A., pp.31-38 ; BUCCI, O., pp.305-311 ; DARMESTETER
J., « Appendice », passim ; MACUCH, M., passim.
264
vi
HERRENSCHMIDT, C., 1987, passim ; 1994, p.117.
LENFANT, D. passim ; YAMAUCHI, E.M., passim.
8
HERRENSCHMIDT, C.,1994, pp.115-116.
ix
AHN, G., pp.235-239.
x
Les nomades d’Asie centrale connaissaient l’étroite endogamie.
Actuellement, encore, dans des tribus nomades d’Iran, le taux de mariages
consanguins est élevé : 37% (Komachi), 27% (Shahsevan) et à Yazd, l’un des
deux fiefs du zoroastrisme en Iran, 24%. Voir GIVENS, B.P., HIRSCHMAN,
CH., 1994, p.823.
xi
GOODY, J., p.294. Sur les qanats, lire Irrigation et drainage dans
l’Antiquité, éditeur Briant P., Thotm, Paris, 2001.
xii
MACUCH, M., pp.149-150.
xiii
KELLENS, J., « Le mot « aryen » ou le fantasme contre l’analyse », 2003,
passim.
xiv
MACUCH, M., p.147 et note 38.
xv
HERRENSCHMIDT, C., 1994, p.120.
xvi
GIGNOUX, PH., 1984, chapitres 7 ; 8 ; 86.
xvii
MENASCE, J. (de), 1973, chapitre 80, p.90. L’affirmation de cette
récompense ne serait-elle pas également stratégique dans la mesure où elle
signifie leur incompétence à en juger aux non-pratiquants du mariage dans la
lignée ?
xviii
MENASCE, J. (de), 1985, p.28.
xix
HERITIER, F., 1979, pp.232-234.
xx
GERARD, CH., 1/2003, passim.
xxi
HERRENSCHMIDT, C., 1994, p.122 ; KELLENS, J., 1995, pp.42-43.
xxii
CHRISTENSEN, A., 1934, pp.28-29.
xxiii
MACUCH, M., p.150. La Rivāyat pehlevie affirme que la force du
xwêdôdah détruira le mensonge.
xxiv
KELLENS, J., 1995, pp. 44-45.
xxv
ARNAUD, D., 1996, pp.139-141 et note 76.
xxvi
Cf. OMEGA MEANS STARR, 1984, passim.
xxvii
DARMESTETER, J., 1892, p.127 et note 2.
xxviii
LINCOLN, B., mai 2003.
xxix
STROUMSA, G., février 2004.
vii
265

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