Allergie croisée crevette-acariens, Océane Marchand

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Allergie croisée crevette-acariens, Océane Marchand
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ALLERGIE CROISÉE
CREVETTE-ACARIENS
Océane MARCHAND
Interne en biologie médicale
Laboratoire d’immunologie, CHLS
UF Allergologie - Immunomonitorage
20.02.2014
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Mr G. 37 ans
• Antécédents :
• Eczéma atopique très sévère dans l’enfance,
• Asthme à priori pollinique depuis l’âge de 8 ans tté actuellement par
Symbicort®, Speriva®, Aerius®,
• Tabac depuis l’âge de 14 ans
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Consultation d’allergologie
• Motif : faire le point sur les allergies respiratoires et exploration de
réactions allergiques alimentaires
• Interrogatoire clinique :
• Œdème de Quincke et urticaire en 1995 après ingestion de crevettes et
de calamar : éviction macroscopique, quelques réactions orales après
ingestion de traces
• Impression de gène respiratoire après mastication de Malabar
• Aggravation de l’asthme avec deux exacerbations dans les 6 derniers
mois malgré le TTT
• Rechute de l’eczéma au niveau des membres supérieurs et des grands
plis depuis 2 ans
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Consultation d’allergologie
• Tests cutanés :
• Extraits :
• Crevette : +
• Acariens : +
• Ambroisie : +
• Aliments natifs :
• Crevette cuite : +++
• Calamar : +++
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Bilan biologique
• IgE totales : 862 ku/L
<150
Terrain atopique
• IgE spécifiques:
• Acariens :
• D.
•
•
•
pteronyssinus : > 100 ku/L
nDer p1 (cystéine protéase) : > 100 kU/L
rDer p2 (NCP2) : 0,48 kU/L
rDer p10 (tropomyosine) : 92 kU/L
• Pollens d’Herbacées :
• nAmb a1 (pectate lyase Ambroisie) : 4,17 kU/L
• Trophallergènes :
• Crevette :
• rPen a 1 (tropomyosine) :
• Crabe :
• Calamar :
>> 100 ku/L
>> 100 kU/L
93,6 kU/L
5,13 kU/L
Allergie croisée
acariens – crevette
par la tropomyosine
?
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Famille moléculaire des tropomyosines
• Composant des cellules musculaires, des fibroblastes et du
cerveau chez toutes les espèces de vertébrés et d’invertébrés
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Tm et allergies croisées entre invertébrés
• Tm = pan-allergène responsable d’allergies croisées entre les
invertébrés notamment crevette-acariens
• Allergène mineur des acariens (< 10%)
(1,2)
• Allergène longtemps considéré comme majeur des crustacés
(> 70%)(3)
→ Position d’allergène majeur remise en question récemment :
41% d’IgE spécifiques positives à la Tm dans une population
d’allergiques à la crevette (4)
(1) M. Weghofer et al. Variability of IgE reactivity profiles among .European mite allergic patients. Eur J Clin Invest,
38 (2008), pp. 959–965
(2) JA Asturias et al. Sequencing and high level expression in E. coli of the tropomyosin allergen (Der p10) from
Dermatophagoides pteronyssinus. Biochim Biophys Acta 1998; 1397:27-30,
(3) A, Marknell De Witt et al. Recombinant tropomyosin from Peanaeus aztecus (rPena1) for measurement of specific
immunoglobulin E antibodies relevant in food allergy to crustaceans and other invertebrates. Mol Nutr Food Res
2004,48:370-9,
(4) R. Asero et Al. Shrimp allergy in Italian adults: a multicenter study showing a high prevalence of sensitivity to
novel high molecular weight allergens. Int Arch Allergy Immunol. 2012;157(1):3-10. doi: 10.1159/000324470. Epub
2011 Sep 5.
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Allergènes spécifiques de la crevette
• Protéine sarcoplasmique liant le calcium (SCP) :
• Forte homologie entre les divers crustacés (crevette, écrevisse, crabe)
• Arginine kinase
• Chaîne légère de la myosine (MLC)
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ISAC
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Bilan allergologique de Mr G.
• Allergie aux acariens jamais évoquée dans le dossier clinique
(asthme per annuel ?)
• Consultation pour réactions allergiques à la crevette :
• Allergie clinique
• Confirmée par la positivé des TC et des IgE spécifiques
• Hypothèses :
• Allergie aux acariens depuis l’enfance, à priori en partie responsable de
l’asthme (+ allergie aux pollens?)
• Sensibilisation à la crevette contre un allergène spécifique (arginine
kinase) puis aggravation de l’allergie clinique à la crevette par réaction
croisée avec la tropomyosine des acariens
M. Boquete et Al. Seafood hypersensitivity in mite sensitized individuals: is tropomyosin the
only responsible allergen? Ann Allergy Asthma Immunol. 2011 Mar;106(3):223-9.
doi:10.1016/j.anai.2010.11.014. Epub 2010 Dec 23.
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Conduite à tenir
• Eviction des crustacés
• Trousse d’urgence
• Poursuite du ttt anti-asthmatique et explorations pour rechercher la
cause de l’asthme
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Et le Malabar ?
• Mr G. :
• Impression de gène respiratoire au niveau de la gorge après mastication
de Malabar
• ªIgE spécifiques du rouge carmin (cochenille) : 2,7 kU/L
• Pourquoi le rouge carmin ?
• Colorant rouge naturel (E120) allergisant
• Extrait de carapace séchée de cochenille femelle (Dactylopius coccus
Costa)
• Colorant de la carapace de crevette
• Retrouvé dans le dentifrice, les pâtisseries, la charcuterie industrielle,
les sodas, les produits cosmétiques…
• Décrit en allergie alimentaire (Wüthrich en 1997, Kotobuki en 2007)
et professionnelle
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Relation rouge cochenille et crevette
• Etude de M. Drouet, CHU d’Angers (2013), sur 35 patients
sensibilisées à la crevette
• 24 avec des IgE spécifiques du rouge cochenille positives
• 14 avec des IgE spécifiques de la tropomyosine
• 12 avec des IgE spécifiques de la tropomyosine et du rouge cochenille
• Chez les patients allergiques au rouge cochenille :
• TC + à la carapace de crevette
• TC – au corps de crevette
• Chez Mr G. : allergie à la totalité de la crevette et aux produits
contenant du rouge cochenille
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N.12 ans
• Antécédents :
• Hospitalisation à 1 mois pour stridor et rhinite obstructive
• Asthme allergique faisant suite à un asthme du nourrisson
• TTT : Sérétide® et Singulair®
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Consultation d’allergologie
• Motif : faire le point sur les allergies respiratoires et alimentaires
• Interrogatoire clinique :
• Hiver 2011: œdème facial, prurit généralisé, gène respiratoire après
•
•
•
•
•
ingestion de crevettes décortiquées
Hiver 2013 : gène respiratoire, prurit généralisé et oropharyngé après
ingestion de nouilles chinoises contenant une poudre de crevette
(évolution favorable après ttt par Solupred®, Ventoline®)
Absence de réaction après ingestion d’autres produits de la mer
Rhinorrhée avec prurit nasal per annuelle liée aux acariens
Absence de crise d’asthme depuis Octobre 2013
Absence d’eczéma
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Consultation d’allergologie
N.
• Tests cutanés :
• Extraits :
Mr G.
• Tests cutanés :
• Extraits :
• Acariens : +++
• Acariens : +
• Ambroisie : +++
• Ambroisie : +
• Graminées : +++
• Crevette : +
• Aliments natifs :
• Crevette cuite : +
• Aliments natifs :
• Crevette cuite : +++
• Calamar : +++
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Bilan biologique
N.
• IgE spécifiques :
• Crevette : 2,06 kU/L
• rPen a 1 (Tm) < 0,1 kU/L
• D. pteronyssinus : > 100 kU/L
• D. farinae : > 100 kU/l
Mr G.
• IgE spécifiques:
• Crevette : >> 100 ku/L
• rPen a 1 (Tm) : >> 100 kU/L
• D. pteronyssinus : > 100 ku/L
• rDer p10 (Tm) : 92 kU/L
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ISAC
N.
Mr G.
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Bilan allergologique de N.
• Allergie :
• Aux acariens : sensibilisation (IgE et TC +++) et rhinorrhée per annuelle
• A la crevette : sensibilisation (IgE et TC +), accidents allergiques après
ingestion
→ Recherche d’IgE spécifiques anti-tropomyosine négative pour
acariens et crevette
• Hypothèses :
• Réaction allergique croisée acariens-crevette faisant intervenir d’autres
allergènes communs, autres que la tropomyosine ?
• Sensibilisation isolée à un allergène non connu de la crevette ?
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Un nouvel allergène dans l’allergie à la crevette ?
• Asero (2012) :
46 patients :
Pen a 1 (30 kDa) +
(41%)
116 patients avec
allergie clinique à
la crevette
60 patients :
Pen a 1 –
43 patients : TC
acariens + (70%)
Inhibition Blot
crevette/acariens :
protéine > 67 kDa
R. Asero et Al. Shrimp allergy in Italian adults: a multicenter study showing a high prevalence of sensitivity to
novel high molecular weight allergens. Arch Allergy Immunol.2012;157(1):3-10. doi: 10.1159/000324470. Epub
2011 Sep.
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MERCI DE VOTRE
ATTENTION
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Désensibilisation vis-à-vis des acariens ?
• Hypothèse :
→ Risque au cours d’une désensibilisation vis-à-vis des acariens par
la tropomyosine :
• D’apparition d’IgE spécifiques de la crevette : sensibilisation
• D’ augmentation d’IgE spécifiques de la crevette : aggravation de l’allergie
alimentaire
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Désensibilisation vis-à-vis des acariens ?
• Quelques données dans la littérature :
• Risque d’induction d’une allergie aux crustacés après exposition
allergique aux acariens dans les régions de forte prévalence
d’allergie aux acariens
• Une étude où sensibilisation à la crevette après désensibilisation
aux acariens mais 2 études avec absence de sensibilisation ou
d’allergie clinique à la crevette après désensibilisation aux
acariens
• Une étude et un case report où amélioration de l’allergie clinique à
la crevette après désensibilisation aux acariens
(1)
(2)
(3,4)
(5)
(6)
(1) A. Purohit et al.Role of tropomyosin as a cross-reacting allergen in sensitization to cockroach in patients from Martinique (French Caribbean island) with a respiratory allergy to
mite and a food allergy to crab and shrimp. Eur Ann Allergy Clin Immunol, 39 (3) (2007), pp. 85–88
(2) R. Van Ree et al. Possible induction of food allergy during mite immunotherapy. Allergy, 51 (2)(1996), pp. 108–113
(3) R.E. Rossi et al. Lack of neo-sensitization to Pen a 1 in patients treated with mite sublingual immunotherapy. Clin Mol Allergy, 8 (2010), p.4
(4) Lack of de novo sensitization to tropomyosin in a group of mite allergic patients treated by house dust mite-specific immunotherapy. Int Arch Allergy Immunol,137(2005),p62–65
(5) A.C. Yang et al. Cross reactivity between mite and shrimp. Effect of immunotherapy with dust mite extract. J Allergy Clin Immunol,125-2 (2010)
(6) G. Cortellini et Al. Improvement of shrimp allergy after sublingual immunotherapy for house dust mites: a case report. Eur Ann Allergy Clin Immunol, 43(5)(2011), pp. 162–164
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Désensibilisation vis-à-vis des acariens ?
→ Facteurs à prendre en compte lors du choix d’une
désensibilisation aux acariens :
• Pré-existence d’une sensibilisation à la crevette ?
• Sensibilisation à la tropomyosine variable d’une population à l’autre
(disparités géographiques)
• Voie de désensibilisation (Sublinguale, SC ou IV)
• Variations de concentrations de tropomyosine dans les extraits
allergéniques:
• Concentrations non connues dans les publications
• Etude sur les extraits allergéniques d’acariens : Der p 1 et 2 présents dans tous les
extraits à des concentrations très variables et présence de Der p 10 variable
A. Casset et al. Varying allergen composition and content affects the in vivo allergenic activity
of commercial Dermatophagoides pteronyssinus extracts. Int Arch Allergy Immunol, 159
(2012), pp. 253–262

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