Syndicat des Cheminots de Grenoble

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LA SCIENCE ECONOMIQUE ET LA DANSE DE LA PLUIE
S’il est un phénomène qui pourrait caractériser notre époque c’est certainement la place accordée aux
économistes et à leur expertise médiatique. Il n’est pas inintéressant de savoir que ces gens-là se
nommaient aux fondements de leur discipline (XVIIème siècle) des « économistes politiques » tant le lien
entre économie et politique semblait évident aux esprits d’alors. Manifestement cela a bien changé !
C’est une des plus grandes victoires, sans doute la plus grande, de l’idéologie dominante : être parvenu à
faire croire à l’existence d’une chose économique extérieure, détachée de toute responsabilité dans la
satisfaction ou non des intérêts des différents groupes sociaux et devenant l’objet d’une étude dont
l’approche scientifique ne permettrait plus l’existence de discours différents de ceux défendus par ces
ténors du barreau médiatique.
Cette idée de l’économie comme chose existante d’une manière naturelle et
spontanée a pénétrée à un tel degré les esprits de nos classes dirigeantes que
récemment un épisode de la vie politique a été en ce sens confondant de naïveté et
d’aveuglement.
Quand Mr Hollande daignât s’émouvoir lors de son meeting du Bourget de la
dangerosité de la finance, due à son omnipotence, (souvenons-nous : « cet ennemi
qui ne présentera pas de candidat, la finance ») que n’avons nous pas entendu
comme réaction dans les heures qui ont suivies ?! Notre ministre de l’économie
François Barouin, du haut de son ministère financier, nous livra ce que, en ses plis
les plus secrets, conservait son cœur impétueux : « c’est aussi idiot de dire que je
suis contre la pluie !» s’exclama notre jeune serviteur effarouché.
La finance aurait donc une réalité du même ordre que la pluie et vouloir y
commander reviendrait à exécuter ces fameuses danses de la pluie. Ce qui
expliquerait sans doute l’aspect incantatoire des mesures annoncées à l’endroit de la finance : de la taxation
des transactions à la mise au pas du capitalisme financier en passant par l’encadrement des bonus notre
candidat-président de la république n’a pas manqué de succomber aux charmes des formules magiques.
La réaction de Mr Barouin met en lumière d’une manière extrêmement intéressante la conception du
pouvoir politique que se fait notre preux chevalier de l’assainissement budgétaire, ou plutôt de
l’impuissance du politique : le renoncement de cette classe dirigeante à toute tentative d’intervention
conséquente dans la mise en forme de l’économie, le renoncement à ce qui est la raison même du politique,
à savoir donner au peuple souverain la capacité de s’émanciper des forces économiques dominantes.
Mais ce que devraient comprendre Mr Barouin et ses semblables c’est qu’une fois que les peuples prennent
conscience que la danse n’est en rien responsable de la pluie, que les incantations des chefs sont
parfaitement vaines, alors, parfois, ces peuples exécutent une danse d’un autre genre. Toujours en ronde,
mais avec quelques têtes au bout de quelques piques. Et cette danse là, étrangement, est bien moins au goût
de nos élites.
Grenoble, le 03 mars 2012.

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