Polynômes, racines 1 Polynômes 2 La division euclidienne 3
Transcription
Polynômes, racines 1 Polynômes 2 La division euclidienne 3
Université Pierre et Marie Curie 1M001 Polynômes, racines 1 Polynômes P Définition. Un polynôme sur C s’écrit P (X) = an X n + an−1 X n−1 + . . . + a0 = nk=0 ak X k où ak ∈ C sont appelés coefficients. Si an 6= 0, le degré de P est n. Si les ak sont des réels, P est dit être un polynôme réel ou polynôme sur R. Exemple. 2 + iz est un polynôme de degré 1. 4i + z 3 est un polynôme de degré 3. Notation. L’ensemble des polynômes sur C est noté C[X], celui des polynômes sur R est noté R[X]. On notera le degré de P degP . Remarque. P +Q et P Q donnent encore des polynômes. On a deg(P +Q) ≤ max(degP, degQ). deg(P Q) = degP + degQ. Remarque. La composition Q ◦ P donne encore un polynôme. 2 La division euclidienne Proposition. Soit A et B 2 polynômes, avec B différent du polynôme nul. Alors on peut trouver 2 polynômes Q et R, où le degré de R est strictement inférieur au degré de B tels que A(X) = B(X)Q(X) + R(X). Cette décomposition est de plus unique. Exemple. Faire la division de X 3 + 1 par X 2 + X. Remarque. Si R(X) = 0, on dit que B divise A. Exemple. Montrer que X 3 − 1 est divisible par X 2 + X + 1. 3 Racines dans C Définition. On appelle racine d’un polynôme P sur C, un nombre complexe z tel que P (z) = 0. Exemple. Les racines n-ièmes de l’unité sont les racines du polynôme P (X) = X n − 1. 1 Théorème. Soit P un polynôme non nul sur C et soit z0 une racine de P . Alors il existe un polynôme Q de degré deg(P )-1 tel que P (X) = (X − z0 )Q(X). (En d’autres termes, le polynôme X − z0 divise P ). P Preuve. Prouvons d’abord le théorème pour z0 = 0. Soit P (X) = nk=0 ak X k un polynôme tel que an 6= 0 et P (0) = 0. Comme P (0) = a0 , on a donc que P (X) = a1 X + . . . + an X n = XQ(X) avec Q(X) = a1 + . . . an X n−1 . Ainsi P (X) = XQ(X) avec Q un polynôme de degré deg(P )-1. Traitons maintenant le cas général z0 quelconque. Posons P̃ (X) := P (X + z0 ). On a donc P̃ (0) = P (z0 ) = 0. De plus, P̃ est un polynôme de même degré que P . On peut l’écrire P̃ (X) = X Q̃(X) avec Q̃ un polynôme de degré deg(P̃ )-1=deg(P )-1. On déduit que P (X) = P̃ (X − z0 ) = (X − z0 )Q̃(X − z0 ). Posons Q(X) = Q̃(X − z0 ). On a alors P (X) = (X − z0 )Q(X) et Q est bien de degré deg(P )-1. Exemple. Soit P (X) = X 2 + 1. i est racine de P et on écrit P (X) = (X − i)(X + i). Soit P (X) = X 3 + 1. −1 est racine de P et on écrit P (X) = (X + 1)(X 2 − X + 1). Corollaire. Si un polynôme P de degré inférieur à n admet n + 1 racines distinctes, alors P est le polynôme nul. Preuve. Montrons-le par récurrence sur le degré de P . Si P est un polynôme de degré 0, P est un polynôme constant P (X) = a0 . S’il admet une racine, c’est que a0 = 0 donc P est le polynôme nul. Supposons la propriété vraie au rang n et montrons-la au rang n + 1. Soit P un polynôme de degré inférieur à n + 1 admettant n + 2 racines distinctes z0 , z1 , . . . , zn+1 . Par le théorème précédent, on peut écrire P (X) = (X − zn+1 )Q(X). On remarque que z0 , z1 , . . . , zn sont nécessairement des racines de Q. Donc Q est un polynôme de degré inférieur à n admettant n + 1 racines distinctes. C’est donc le polynôme nul. Ainsi P est aussi le polynôme nul. Exemple. Cela implique en particulier que si P (z) = Q(z) pour tout z, alors les coefficients de P et Q sont les mêmes. Définition. i) On dit que z0 est une racine simple d’un polynôme P sur C si P (X) = (X −z0 )Q(X) et Q(z0 ) 6= 0. ii) On dit que z0 est une racine d’ordre k d’un polynôme P sur C si P (X) = (X − z0 )k Q(X) et Q(z0 ) 6= 0. P Définition. Soit P (X) = nk=0 ak X k un polynôme sur C. Alors z0 est une racine d’ordre k ≥ 1 si et seulement si P (z0 ) = 0, P 0 (z0 ) = 0, . . . , P (k−1) (z0 ) = 0 et P (k) (z0 ) 6= 0. Exemple. Soit le polynôme P (X) = X 6 − 2X 5 + 2X 3 − 3X 2 + 4X − 2. Montrer que 1 est racine double mais pas racine triple. 2 Théorème. (d’Alembert-Gauss) Tout polynôme non constant sur C admet au moins une racine. Remarque. Ce n’est pas vrai sur R!! Le polynôme X 2 + X + 1 n’admet aucune racine sur R. Par contre il admet bien des racines sur C, qui sont e2iπ/3 et e4iπ/3 . Corollaire. Soit P un polynôme sur C de degré n ≥ 1, et an le coefficient de degré n de P . Alors il se factorise sous la forme P (X) = an (X − z0 )(X − z1 ) . . . (X − zn−1 ) où z0 , . . . , zn−1 sont les racines (comptées avec multiplicité) de P . Preuve. On le montre par récurrence. Pour n = 1, on a P (X) = a1 X + a0 = a1 (X − z0 ) avec 0 z0 := −a a1 qui est bien la racine de P (a1 6= 0 car P est de degré 1 par hypothèse). Supposons la propriété vraie au rang n, et montrons-la au rang n + 1. Soit P polynôme de degré n + 1 et zn une racine de P . On peut écrire P (X) = (X − zn )Q(X) avec Q polynôme de degré n. Par l’hypothèse de récurrence on peut écrire Q(X) = bn (X − z0 ) . . . (X − zn−1 ) avec bn−1 le coefficient de degré n de Q et z0 , . . . , zn−1 racines de Q. Ainsi P (X) = bn (X − z0 )(X − z1 ) . . . (X − zn ). Il reste à voir que nécessairement bn = an+1 et que z0 , z1 , . . . zn sont bien racines de P . Pour montrer que bn = an+1 il suffit de voir que le coefficient de degré n + 1 de bn (X − z0 )(X − z1 ) . . . (X − zn ) est bn . Comme P (X) = bn (X − z0 )(X − z1 ) . . . (X − zn ), on peut identifier an+1 = bn . Ensuite on remarque que P (zi ) = (zi − zn )Q(zi ) = 0 pour tout i ∈ {0, . . . , n}, donc les zi sont bien racines de P . C’est ce qu’on voulait démontrer. Exemple. On trouve donc que X n − 1 = Qn−1 k=0 (X −e 2iπk n ). Exercice. Soit P (X) = X 3 + (1 − 2i)X 2 − (1 + 2i)X − 1. 1) Montrer que 1 est une racine simple de P . 2) Montrer que i est une racine double de P . 3) Factoriser P . Exercice. Soit P (X) = X 2 − (3 + 3i)X + 3i. 1) Factoriser P . 2) Factoriser le polynôme X 4 − (3 + 3i)X 2 + 3i. Remarque. Puisque P (X) = an X n + an−1 X n−1 + . . . + a0 d’une part et P (X) = an (X − z0 )(X − z1 ) . . . (X − zn−1 ) d’autre part, on voit que l’on dispose de deux écritures pour un même polynôme. Par identification des coefficients de degré 0 et de degré n − 1, on trouve les relations suivantes: n a0 = an (−1) n−1 Y k=0 an−1 = −an n−1 X k=0 3 zk . zk , 4 Polynômes à coefficients réels Dans cette partie, nous nous intéressons aux polynômes du type P (z) = an X n + an−1 X n−1 + . . . + a1 X + a0 avec a0 , a1 , . . . , an réels. Proposition. Soit P un polynôme à coefficient réels. Si z0 est une racine de P , alors le conjugué de z0 , à savoir z0 , est aussi une racine de P . Preuve. Comme z0 est une racine de P , on a an z0n + an−1 z0n−1 + . . . + a1 z0 + a0 = 0. En passant au conjugué, on trouve an (z0 )n +an−1 (z0 )n−1 +. . .+a1 z0 +a0 = 0. Comme les ai sont réels, on a ai = ai et donc an (z0 )n +an−1 (z0 )n−1 +. . .+a1 z0 +a0 = 0, ce qui prouve que z0 est aussi une racine de P . Remarque. Si z0 est une racine d’ordre k, alors z̄0 est aussi racine d’ordre k (Le prouver). Corollaire. Soit P un polynôme à coefficients réels de degré n ≥ 1, et soit an son coefficient de degré n. Alors P se factorise par des polynômes à coefficients réels de la façon suivante: P (X) = an (X − x0 ) . . . (X − xk )(X 2 − (z0 + z0 )X + z0 z0 ) . . . (X 2 − (z` + z` )X + z` z` ) où x0 , . . . , xk sont les racines réelles (comptées avec multiplicité) de P et z0 , z0 , . . . , z` , z` sont les racines complexes non réelles (comptées avec multiplicité) de P . Preuve. On sait que P se factorise par des polynômes à coefficients complexes sous la forme P (z) = an (z − z0 ) . . . (z − zn ) où les zi sont les racines (comptées avec multiplicité) de P . On va noter x0 , . . . , xk les racines réelles. Pour les racines non réelles, on sait par la proposition précédente qu’on peut les regrouper deux à deux en associant à chaque racine son conjugué (qui est aussi une racine de P ). On écrit donc les racines non réelles de P z0 , z0 , . . . , z` , z` . On remarque finalement que (z − zi )(z − zi ) = z 2 − (zi + zi )z + zi zi qui est bien un polynôme à coefficients réels. On a donc P (z) = an (z − z0 ) . . . (z − zn ) ` Y = an (z − x0 ) . . . (z − xk ) (z − zi )(z − zi ) = an (z − x0 ) . . . (z − xk ) i=0 ` Y (z 2 − (zi + zi )z + zi zi ) i=0 ce qui implique le résultat. On a donc montré que tout polynôme réel peut se factoriser par des polynômes réels de degré 1 et des polynômes réels de degré 2 dont le discriminant ∆ est strictement négatif. 4 Q2n−1 2iπk Exemple. Factorisation du polynôme P (X) = X 2n − 1. On sait que P (X) = k=0 (X − e 2n ). 2iπk Notons zk = e 2n les racines de P . Les racines réelles sont z0 = 1 et zn = −1. Les autres racines ne sont pas réelles. Pour k ∈ {1, . . . , n − 1}, on peut regrouper la racine zk avec son conjugué e −2iπk 2n =e −2iπk 2n e2iπ = e 2iπ(2n−k) n = z2n−k . Ainsi n−1 Y P (X) = (X − 1)(X + 1) (X − zk )(X − zk ). k=1 On a (X − zk )(X − zk ) = X 2 − (zk + zk )X + zk zk . On remarque que zk + zk = 2Re(zk ) = 2 cos( 2kπ ) n et zk zk = 1. On obtient donc la factorisation suivante: P (X) = (X − 1)(X + 1) n−1 Y 2 X − 2X cos k=1 Exercice. Soit P le polynôme P (X) = X 3 + X 2 + X + 3. 1) Factoriser P dans R[X]. 2) Factoriser P dans C[X]. 5 2kπ n +1 .