African Women and the WTO:

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African Women and the WTO:
LES AFRICAINES ET L’OMC : QUELS SONT LES ENJEUX
DE HONG KONG POUR LES AFRICAINES ?
L’héritage des femmes : travailler plus fort, être toujours plus pauvres
Dans le tout nouveau rapport 2006 de la Banque mondiale, on souligne que l’Afrique
subsaharienne est la seule région du monde qui n’atteindra pas les cibles de réduction de la
pauvreté établies par les Nations unies dans les Objectifs du millénaire pour le développement.
La pauvreté extrême s’y est même accrue entre 1999 et 2002. Et les perspectives restent
sombres : on prévoit une augmentation du nombre d’Africains vivant avec 1 $ par jour ou moins.
En Afrique, les femmes sont les pauvres d’entre les pauvres. Tout progrès dans l’éradication de
la pauvreté passe par l’amélioration du sort des femmes. Les politiques de mondialisation et de
libéralisation du commerce des années 1980, et le démantèlement des services sociaux qui les
accompagne, caractérisent maintenant les économies africaines. Issues des conditions imposées
par les institutions financières internationales, ces politiques ont profondément affecté la vie des
femmes, engendrant les conditions à l’origine de la féminisation de la pauvreté. Les femmes
voient empirer les conditions en agriculture et sur le marché du travail rémunéré, elles sont
majoritaires dans l’économie informelle et elles doivent assumer un fardeau de plus en plus lourd
comme dispensatrices de soins.
Partout dans le monde, les organisations de la société civile s’inquiètent profondément des effets
des accords de l’OMC sur les politiques intérieures, dont le rôle devrait être de protéger les droits
et libertés fondamentaux, y compris les droits des femmes et leur rôle dans la société et dans la
collectivité.
Le rôle des femmes dans l’économie et dans la société
Les Africaines jouent un rôle de plus en plus important dans l’économie, à la fois comme
travailleuses rémunérées et comme dispensatrices de soins. Elles contribuent en grande partie à
la sécurité alimentaire du continent, assurant environ 70 p. 100 des activités agricoles, 50 p. 100
des soins du bétail, 50 p. 100 des activités de conservation agricole, 100 p. 100 de la
transformation alimentaire, 80 p. 100 de la collecte d’eau, 80 p. 100 de la collecte de combustible
et de bois, 100 p. 100 de la préparation des repas et 60 p. 100 de la commercialisation des
denrées alimentaires. Pourtant, les hommes contrôlent toujours la propriété et le pouvoir
politique, et les femmes ont très peu, ou pas du tout, accès à la terre et au crédit. Les femmes
pauvres forment aussi la majorité dans le marché du travail informel, où elles sont reléguées aux
activités économiques les plus précaires et les moins bien payées.
Dans l’ensemble des pays en développement, le travail indépendant et le travail à domicile
constituent 50 à 80 p. 100 de l’emploi du secteur non agricole, souvent dans l’économie
informelle. La prédominance des femmes dans ce secteur en fait les premières victimes du déclin
des industries de transformation locales, intimement liées à l’économie locale, qui succombent
aux pressions des importations à bon marché des industries du Nord.
La féminisation de la pauvreté : trois exemples
Voir rouge : l’impact des tomates importées
Dans les villages du Ghana, il y a quelques années, plusieurs femmes démarraient leur petite
entreprise de culture des tomates, vendues sur le marché local pour arrondir le budget du
ménage. Au début, les revenus compensaient le temps et les efforts. Mais les importations
subventionnées de purée de tomate italienne ont grugé le marché, les producteurs locaux ne
pouvant pas concurrencer les importations italiennes. Aujourd’hui, une conserverie de purée de
tomate italienne embauche de la main-d’œuvre à bon marché – notamment des femmes – avec
des salaires inférieurs et sans compenser pour tous les emplois perdus en agriculture. Comme le
Ghana n’avait pas le droit d’imposer des tarifs pour protéger l’agriculture locale, les importations
italiennes ont détruit le gagne-pain des agricultrices. Elles ont moins d’argent pour nourrir,
éduquer et soigner leurs enfants et les proches dont elles sont responsables. Les familles se sont
enlisées encore plus profondément dans la pauvreté.
Perdre à plate couture : déclassement des emplois dans l’industrie du vêtement
Pendant des années, le textile – l’une des plus anciennes industries au Nigeria – a assuré le
gagne-pain de milliers de personnes dans les trois principales régions du pays, dont Lagos,
Kaduna et Kano. En 1993, le textile était la deuxième source d’emplois, après le gouvernement
du Nigeria. La plupart des emplois étaient occupés par des femmes. Mais en 1997, 60 p. 100
d’entre elles se sont retrouvées au chômage, quand le gouvernement a déréglementé la devise
nationale et signé les accords de l’OMC libéralisant les importations. Joignant l’économie
informelle, plusieurs ex-travailleuses d’usine ont commencé à accepter des contrats de couture à
domicile, sans sécurité ni avantages sociaux, avec un revenu inférieur pour le même travail. Les
politiques devaient accroître les exportations du Nigeria en facilitant l’accès aux marchés des
économies développées d’Europe et d’Amérique. Elles ont plutôt entraîné l’importation massive
de produits à bas prix de qualité inférieure, créant une concurrence déloyale entre textiles locaux
et textiles importés. Pour les femmes, la libéralisation du commerce est synonyme de pertes
d’emplois, de travail précaire sous-payé et de détérioration de leurs conditions de travail.
Pas d’argent, pas d’eau : les femmes et les services d’eau
Dans les villes, le taux de chômage des Sud-Africaines noires atteint 53 p. 100. Plusieurs doivent
se rabattre sur de petits emplois intermittents. On a privatisé l’eau il y a quelques années, ce qui a
empiré leurs conditions de vie. L’eau est coupée quand elles n’ont pas les moyens de payer les
frais, et les femmes doivent alors prendre le temps d’aller chercher plus loin de l’eau souvent
polluée, avec les risques que cela comporte pour la santé.
En milieu rural, les femmes ont aussi du mal à accéder à l’eau. Elles consacrent près d’une heure
par jour à aller chercher l’eau consommée par le ménage et requise pour le potager familial. Les
politiques de privatisation ne tiennent pas compte de la vulnérabilité de certains groupes, comme
les femmes, qui n’ont pas les moyens de payer les prix du marché pour accéder à des droits aussi
fondamentaux que l’eau, la santé et l’éducation. Le mouvement vers la privatisation taxe les
revenus et le temps des femmes, et alourdit le fardeau qu’elles doivent assumer dans leur rôle
traditionnel de responsables des soins prodigués à la famille et à la collectivité.