Protéger l`environnement: Une nécessité vitale pour lutter contre la

Transcription

Protéger l`environnement: Une nécessité vitale pour lutter contre la
Protéger l'environnement
dans une perspective chrétienne
Protéger l'environnement:
Une nécessité vitale pour lutter contre la pauvreté
Bien avant que notre époque y soit confrontée, la Bible plaçait déjà la destruction de
l'environnement au centre du processus d'appauvrissement. Aujourd'hui plus que jamais, lutter
contre la pauvreté passe par la protection de la nature.
Choquante, révoltante, insoutenable: la pauvreté nous interpelle tous. Et diverses raisons sont
avancées pour expliquer pourquoi elle sévit si durement dans un monde qui pourrait pourtant offrir
une vie digne à chacun. Il y a d'abord les guerres, qui sapent le développement de peuples entiers.
L'ignorance ensuite, qui expose les êtres humains à des calamités pourtant évitables. L'exploitation
de toutes sortes par les puissants, la corruption... Et pour chacune de ces causes, on met en place, et
avec raison, des actions spécifiques: contre l'ignorance, on construit des écoles. Contre la
corruption, on lance des programmes de bonne gouvernance. Contre la guerre, on envoie des
missions de médiation...
Pauvreté et environnement dans la Bible
Et que dit la Bible sur les origines de la pauvreté? Loin
de prétendre faire ici le tour de la question, relevons deux
éléments centraux mis particulièrement en évidence dans
les livres des Prophètes. Tout d'abord, la pauvreté y est
décrite comme la conséquence de l'injustice humaine, où
les riches et les puissants abusent de leurs avantages pour
exploiter les plus faibles et les maintenir dans la misère.
En fait, si l'on examine notre monde actuel, la situation
n'a pas beaucoup changé. Cependant, un autre élément
central apparaît en maintes endroits dans ces textes: la
ruine d'un pays, due à la méchanceté des hommes et leur Les inégalités sociales et la pression démographique
éloignement des projets divins (pratiquer la justice, poussent à cultiver toujours plus haut, en Equateur.
rapide des sols et assèchement
rechercher la paix, prendre soin des plus faibles), est Résultat: destruction
des rivières (Photo: S. Tanner).
accompagnée par la destruction de l'environnement. Par
exemple, dans Esaïe 24:5-6, la terre « se consume » parce
que ses habitants ont rompu leur engagement qui les liait à Dieu. Dans Osée 4:3, suite à la
désobéissance des hommes, « les habitants dépérissent avec les bêtes dans les champs et les oiseaux
dans le ciel, même les poissons dans la mer sont condamnés à disparaître ». La désobéissance mène
à la destruction de la terre, qui conduit à la destruction de l'homme. A l'opposé, l'intervention
salvatrice du Seigneur se manifeste par une restauration des ressources naturelles: « Un jour, le
Seigneur répandra sur nous son Esprit. « Alors les terres incultes deviendront des vergers, et les
vergers des forêts » (Esaïe 32:15).
Alors, comment casser la spirale de la pauvreté? D'abord, il s'agit de dénoncer et de combattre les
mécanismes d'exploitation et d'inégalité de répartitions des richesse. En tant que occidentaux, nous
avons une grande responsabilité car nous profitons souvent de ces inégalités.
Mais un point souvent négligé, c'est de reconnaître l'importance capitale de la préservation de
l'environnement comme condition nécessaire pour aider les pauvres, qui dépendent directement des
ressources naturelles pour vivre. Ne pas le faire, c'est vouer les programmes d'aide à un échec
annoncé. Par exemple, capter une source d'eau pour alimenter un village, mais ne pas protéger la
zone de captation contre le déboisement. Ou chercher à améliorer les rendements agricoles sans se
soucier de l'appauvrissement du sol. Il est donc urgent que la protection de l'environnement soit
intégré dans tous les programmes d'aide et de coopération.
Quelques fausses idées
Aujourd'hui, certaines conceptions empêchent pourtant d'aller dans cette direction. Une idée
répandue est qu' « il faut d'abord être riche pour se soucier d'écologie ». C'est faux et dangereux.
Faux, parce la plupart des mesures de protection ou restauration sont simples et naturelles. Pour
preuve, certaines sociétés ont vécu des siècles avec la
nature sans l'altérer. Et dangereux, parce que l'on sousentend que les pauvres n'en sont pas capables. C'est les
rabaisser une fois de plus.
Une autre conception erronée, et pourtant ancestrale, est
de considérer que les ressources naturelles sont
inépuisables. On la rencontre encore aujourd'hui chez de
nombreuses ethnies, qui durant des siècles ont trouvé des
ressources en abondance dans une nature qui semblait ne
jamais s'épuiser. Mais avec l'augmentation de la
Quel avenir pour les enfants vivant sur des terres
population, le taux d'extraction a dépassé de loin la
détruites par l'érosion? (Photo: W. Pruna, Equateur).
régénération naturelle, et ce qui semblait infini s'est réduit
comme peau de chagrin.
Finalement, même dans une perspective de lutte contre la pauvreté il ne faut pas limiter
l'environnement aux seuls terrains cultivables, et négliger de conserver les écosystèmes sauvages,
qui contiennent une grande biodiversité. Leur préservation est primordiale car l'être humain a été
créé pour vivre en interdépendance avec les autres espèces. Il n'y a pas de raisons que la
conservation des espèces se fasse au détriment de l'homme. Au contraire, elle lui est indispensable.
Et les défis qui nous attendent...
Mais trois défis gigantesques attendent l'humanité dans sa lutte contre la pauvreté. Le premier, c'est
la démographie. Dieu nous a placés sur une terre aux dimensions finies, au nombre d'arbres et aux
litres d'eau limités. On ne peut l'ignorer! Les chrétiens doivent avoir un discours réaliste et
responsable là-dessus. Il faut apprendre à partager les ressources et à les exploiter plus
efficacement. Cela inclut aussi en particulier de dénoncer le matérialisme et le gaspillage indécent
de nos pays industrialisés. Lorsqu'une population croît au-delà des ressources disponibles, elle
atteint un seuil où en peu de temps les ressources qui restent subissent une destruction rapide, qui
mène à l'implosion de la population. Un enfer sur terre. Le deuxième défi, ce sont les changements
climatiques. Déjà, des millions de personnes sont affectées par des événements sans précédent, qui
iront en s'amplifiant et qui, ajoutés à la montée des océans, généreront une multitude de réfugiés
dont personne ne voudra. Et le troisième, c'est la fin annoncée des énergies fossiles (pétrole en tête)
qui ont dopé l'agriculture mondiale et permis de nourrir tant de monde. Leur remplacement par des
biocarburants représente une menace pour les pauvres comme pour l'environnement. Comment
affronter ces défis? Comment orienter les actions d'aujourd'hui pour amoindrir leurs effets?
L'espérance nous guide
Alarmiste, oui. Fataliste, non. Si Dieu nous a donné le mandat de prendre soin de la terre, c'est que
nous en sommes capables. Avec son aide, nous pouvons renverser la vapeur, conserver et restaurer
l'environnement afin de permettre non seulement une meilleure vie pour les pauvres, mais à tous les
êtres vivants de continuer à exister, comme le Créateur l'a voulu.
Steve Tanner, A Rocha Suisse, Septembre 2010

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