texte 2 – chapitre i – les animaux dénaturés - Geert

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texte 2 – chapitre i – les animaux dénaturés - Geert
TEXTE 2 – CHAPITRE I – LES ANIMAUX DÉNATURÉS –
VERCORS –XX° SIECLE
Quelles sont les particularités de cet incipit ?
INTRODUCTION
Au XXème siècle, la tragédie de l'occupation et de la 2de guerre mondiale a conduit de nombreux
auteurs comme Primo Lévy à une réflexion sur l'humanité et à se demander où commence
l'homme et où finit l'animal (ou le contraire : où finit l'animal et où commence l'homme?).
Jean Bruller, dont le pseudonyme d'écrivain et de résistant est Vercors, a choisi d'écrire Les
Animaux dénaturés, un apologue destiné à favoriser la réflexion des lecteurs quant à la nature
humaine, publié en 1952.
L'extrait proposé est l'incipit de cet œuvre.
LECTURE
ANNONCE
Dès le début de cet incipit in media res qui annonce une enquête, l'auteru parvient à intéresser le
lecteur. En effet, il présente certaines particularités. Nous verrons tout d'abord qu'il s'agit d'un
incipit traditionnel, puis qu'il s'ouvre sur une intrigue policière et enfin qu'il annonce une fable.
EXPOSÉ
I – Un incipit traditionnel
Nous retrouvons ici la majeure partie des éléments d'un incipit.
A – Une ouverture typique
La première ligne du titre : « qui s'ouvre selon les règles » annonce déjà que cet incipit va être un
incipit classique.
On retrouve la présentation des personnages : le « docteur Figgins » , « l'inspecteur Brown » et « le
meurtrier » sont cités dès le titre. C'est à la ligne 9 que l'on apprend le nom du meurtrier :
« Douglas Templemore ».
Le lieu nous est suggéré par l'expression « grosse moustache » (l. 33), les noms à consonnance
britannique, l'allusion au petit-déjeuner et le comportement flegmatique : l'action se situe en
Grande-Bretagne.
On nous donne également le contexte temporel : « cinq heures du matin » (l. 1-2),
« potron-minet » (l. 8).
Enfin, les mots « meurtrier » et « cadavre » (l. 17-18) nous livrent l'intrigue, d'autant plus que ce
cadavre est très petit et déconcertant.
B – Horizons de lecture
Dès le début le narrateur suggère qu'il s'agit d'un meurtre. Il précise que ce cadavre n'est que le
début de cette histoire et en le mentionnant il ménage le suspens car le lecteur s'interroge sur
plusieurs points :
•
Pourquoi déconcertant ?
•
La raison de la « stupéfaction » (l. 3)
•
L'insistance du meurtrier pour être inquiété
•
Les « quiproquos » (l. 12)
•
La « nature […] insolite » du cadavre (l. 15)
◦ « très petit » (titre)
◦ « tout petit » (l. 20)
◦ Le mot « berceau » (l. 26) laisse supposer qu'il s'agit d'un enfant
•
Pourquoi les points de suspension de la fin ?
Transition : cette ouverture propose des horizons de lecture dont la nature policière est nette dès
les premières lignes.
II – Une intrigue policière
Dès les premières lignes la nature policière est très nette.
A – Un univers typique
Les éléments culturels essentiels du texte policier sont présents :
•
Un cadavre (mentionné l. 2 du chapeau)
•
Un inspecteur
•
Un meurtrier
B – Des indices précis
« berceau », « Douglas Templemore »
De nombreux indices guident le lectuer vers l'idées qu'il s'agit d'un roman poicier mais il y a des
décalages comme le motif qui reste peu évident.
On peut remarquer une insistance sur la taille du cadavre. Au premier abord, cela ne sucite pas
d'étonnemnt.
La construction et la présentation des personnages insi que l'utilisation du mot « banalité » (l. 18)
sont en décalage.
Le « comique de tous ces quiproquos » (l. 12) et la caricature du docteur (« grosse moustache » et
« silence éloquent ») renforcent l'effet théâtral.
On peut observer également la présence d'humour noir :
•
« Je crains que vous ne m'ayez fait venir un peu tard » (l. 34-35)
•
« C'était d'ailleurs, avouons-le, un tout petit cadavre » (l. 20-21)
Transition : L'intrigue semble s'orienter vers une enquête policière, mais quelques éléments
guident le lecteur vers une interprétation plus morale.
III – Une fable
L'histoire se rapproche donc de la fable, la présentation et la tonalité de de récit annonce un
apologue.
A – Un ton détaché et humoristique
L'humour et le détachement du narrateur ôtent toute dimension grave à la narration :
•
« humour (l. 4), référence au comique
•
des l.4 à 8, le narrateur rappelle qu'il aurait pu disposer à l'humeur comme « un bon
déjeuner au lit » (l. 4) et se lever un peu plus tard. Or ici c'est le contraire
•
« Détachement professionnel » (l. 27-28) ≠ « expression dramatique » (l. 10-11)
•
La construction de cet incipit l'allège et lui ôte sa gravité
•
Parodie du roman policier avec « selon les règles », « cette histoire naturellement
commence avec un cadavre » (l. 16-17)
•
Ironie du narrateur sur son propre roman : « ce n'est pas ma faute » (l. 19)
•
Opposition entre le lever matinal du docteur et son arrivée tardive par rapport au cadavre.
B – Ouverture d'apologue
Il s'agit d'un court récit avec une morale.
On peut observer l'implication du locuteur avec les marques de la première personne du singulier
et celle du lecteur avec la 2eme personne du pluriel.
Le lien entre les deux est marqué par la première personne du pluriel.
La ponctuation importante donne un style haché
Les temps du présent sont utilisés pour le dialogue et la conversation lecteur/ narrateur.
Les temps du passé sont utilisés pour le récit.
Ce texte donne un aspect de conversation familière grâce aux tournures orales :
•
« Et pour cause » (l. 10)
•
« C'était d'ailleurs, avouons-le » (l. 20)
•
« Et ce qui nous aurait, vous et moi » (l. 4-5)
•
« Comme on dit » (l. 2)
•
« Comme aussi […] pour le moins insolite » (l. 15)
•
« Mais ce n'est ps ma faute » (l. 19)
•
« C'est à dire » (l. 28)
→ pratiquement à tous les débuts de phrase
CONCLUSION
Cet incipit, qui s'ouvre sur une intrigue policière, présente les caractéristiques d'un début de
roman ; mais il annonce également une fable.
Ouverture :
•
Suite de Les Animaux dénaturés
•
Vercors
•
La Résistance
•
Littérature du XXeme
•
Primo Lévy
•
La Peste de Camus
•
Zoo ou l'Assassin philanthrope
•
Différents genres d'apologues