Mardi 11 novembre - Commemoration de l armistice de 1918

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Mardi 11 novembre - Commemoration de l armistice de 1918
Commémoration de l’armistice de 1918
Mardi 11 novembre 2014
11h15
Cimetière des Fauvelles
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les officiers généraux, officiers et sous-officiers,
Messieurs les Représentants des cultes,
Mesdames et Messieurs les Présidentes et Présidents d’associations patriotiques,
Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames, Messieurs,
Il y a 100 ans, la France entrait dans la Première Guerre Mondiale, long conflit qui ne
s’achèvera que quatre ans plus tard, le 11 novembre 1918.
L’armistice marquait la fin des combats, la victoire des Alliés et la défaite totale de
l'Allemagne.
Cette guerre prenait fin, mais les souffrances, elles, ne s’effaçaient pas. Dans les cœurs, le
soulagement et la tristesse se mêlaient. La France pouvait se réjouir de la victoire, mais
elle pleurait ses morts.
65 millions d'hommes mobilisés. 8 millions et demi de morts. 21 millions de blessés, 4
millions de veuves, 8 millions d'orphelins. Voilà ce que fut le bilan de cette guerre pour
notre pays.
C’est ce terrible sacrifice que nous commémorons aujourd’hui. Ces hommes qui ne sont
jamais rentrés chez eux sont dans nos mémoires pour toujours.
Aujourd’hui, ce deuil est national, mais aussi international.
En cette année particulière, qui marque le centenaire de ce moment dramatique de notre
histoire, cette commémoration est l’occasion de partager le souvenir de tous ceux qui ont
disparu, quelle que soit leur nationalité.
La commémoration de l’armistice, signé le 11 novembre 1918 dans un wagon isolé dans la
forêt de Compiègne, est aussi l’occasion de rappeler que ce conflit a scellé des amitiés
indestructibles.
La présence d’élus anglais parmi nous aujourd’hui en est le symbole. Je veux donc les
remercier, et je veux leur dire que la France n’oublie pas.
Elle n'oublie pas le sang versé sur la Marne, sur la Somme, à Verdun, au Chemin des Dames
par tous ceux venus la défendre. Elle n'oubliera jamais les hommes qui se sont battus pour
elle, comme ses propres enfants.
Car, pour la grande majorité d'entre eux, les combattants de cette guerre n'étaient pas des
victimes passives, comme le temps et la distance pourraient nous le faire penser.
Même s'ils subissaient une guerre qu'ils n'avaient pas choisi de faire, ils donnaient dans
leur grande majorité un sens à leurs souffrances et à leur lutte.
Patriotisme, amour de leurs proches, solidarité envers les camarades de combat ou espoir
d'un monde meilleur, beaucoup avaient une raison personnelle de se battre et d'affronter
l'horreur.
L’Europe a connu de nombreuses guerres, mais aucun n’égala celle-ci en termes de pertes
humaines et de perte de l’humain.
Dans « Ceux de 14 », Maurice Genevoix a admirablement parlé de ce traumatisme lié à la
guerre de 14-18:
« ce que nous avons fait, c’est plus que ce que l’on pouvait demander à des hommes et
nous l’avons fait », écrit-il.
Devant les plus jeunes d’entre nous, écoliers, scouts, délégués du conseil Municipal des
Jeunes, celles et ceux qui n’ont jamais connu la guerre, je veux saluer la chance que nous
avons de pouvoir vivre ce moment et ainsi de rendre hommage à nos aînés.
Ils sont à jamais le symbole de la France fidèle à ses valeurs, fidèle à son héritage, fidèle à
son génie. Bravant tous les périls, ils ont fait le choix du courage, de la générosité et de
l’engagement.
Ils ont fait le choix de défendre les principes humanistes qui rassemblent notre
communauté nationale et fondent notre communauté de destin. Des principes qui font la
France.
Aujourd’hui encore, ces valeurs doivent être défendues. Nous sommes tous responsables
de cet héritage.
Je crois que, pour tous, le souvenir de la Première Guerre mondiale invite à comprendre
les générations passées pour donner des leçons de vie à celles du présent.
Aujourd’hui, nous sommes toutes et tous réunis pour célébrer ce jour de paix, paix qu’il
est plus que jamais nécessaire de préserver. Car l’histoire enseigne aussi que rien n’est
éternel.
La « Grande Guerre » n’a pas été la « der des der » comme on voulait le croire alors. La
suite du XXème siècle a montré que la paix est un trésor sans cesse menacé et qu’il nous
appartient de le préserver. Car maintenir la paix, c’est préserver l’avenir.
La cérémonie d’aujourd’hui est le symbole de ce lien entre le passé et l’avenir.
Aujourd’hui, devant ce monument, je vois une jeunesse qui n'ira pas mourir en masse sur
les champs de bataille.
Parce qu'en venant se recueillir sur ce tombeau, elle sait que le combat pour la paix est le
plus beau combat de l'homme et qu'il n'est jamais gagné.
La paix se construit jour après jour. Elle se mérite et se protège en permanence. Avec le
recul historique, on constate que l’Europe est passée par des divisions et des épreuves
terribles mais qu’elle s’en est toujours relevée.
Ce que nous célébrons en commémorant le conflit de 14-18, c’est donc aussi l’amitié et le
dialogue entre les nations.
La réconciliation franco-allemande, voulue par le Général De Gaulle et le chancelier
Adenauer, puis prolongée par tous leurs successeurs, a permis de former ensemble, non
par l’oubli du passé mais par une mémoire maîtrisée, l’Europe.
Nous avons encore tous en mémoire cette image de François Mitterrand et Helmut Kohl se
tenant la main lors de la 70ème commémoration de la bataille de Verdun.
La paix a été au rendez-vous de cet idéal européen que nous avons su les uns et les autres
partager et faire vivre, malgré les obstacles.
L’Europe connaît aujourd’hui une crise bien différente. Mais les ennemis d’hier sont les
alliés d’aujourd’hui et c’est de cette solidarité que nous pouvons tirer des motifs d’espoir.
La France n’aurait pas pu tenir pendant la Première Guerre mondiale sans ses alliés. Pas
plus que l’Europe ne peut aujourd’hui se relever sans tous ses membres.
Plus qu'un rappel de la tragédie et de la grandeur de ceux qui en ont été les acteurs et les
victimes, cette commémoration traduit donc la volonté d'aller de l'avant, de bâtir l'avenir
sans oublier le passé.
Nous qui n'avons pas traversé ces épreuves, nous avons fait de la conservation de la
mémoire des guerres passées un devoir collectif, pas pour perpétuer la haine et les
divisions, mais pour donner vie à l'espoir que la génération des tranchées a nourri dans
l'épreuve.
Nous devons prendre la mesure de cet héritage car c’est en regardant le passé avec ses
gloires, ses blessures, que nous prenons encore davantage conscience de nous-mêmes, de
notre capacité à maîtriser notre destin.
Souvenons-nous toujours de cette histoire. Nous le devons à tous ceux qui se sont battus
pour nous et qui nous permettent aujourd’hui de leur dire : « merci ».
Je vous remercie.