Janet Laurence
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Janet Laurence
© Marc Domage Janet Laurence Deep Breathing, Ressuscitation for the Reef, 2014 FIAC HORS LES MURS - JARDIN DES PLANTES Dans le Petit livre des couleurs qu’elle a écrit avec Michel Pastoureau, Dominique Simonnet rappelle que le blanc est la couleur la plus fidèle, celle « qui nous parle de l’essentiel : la vie, la mort, et peut-être aussi (…) de notre innocence perdue ». Telle est la vision qui s’offre à nous lorsque que nous nous dirigeons vers l’installation Deep Breathing, Ressuscitation for the Reef de l’artiste australienne Janet Laurence, réalisée à la fois pour la FIAC-Hors les Murs et Artists4Climate. Synonyme de pureté, mais aussi de maladie, de mort, la couleur blanche est le point nodal de cette œuvre qui tâche de révéler une situation tragique. Le réchauffement climatique et la pollution des fonds marins sont à l’origine d’une dégradation massive de la Grande barrière de corail dont 40% de la superficie a aujourd’hui disparu. C’est une réconciliation des hommes avec leur environnement que l’artiste espère provoquer. L’oeuvre est un imposant complexe transparent composé de boîtes de verre superposées de manière à former un « U ». Des spécimens de poissons, squelettes de tortues et coraux – issus des collections des musées d’Histoire naturelle de Sidney et de Paris – sont minutieusement ordonnés sur la face principale de l’installation qui devient à la fois hôpital, morgue et vitrine de musée. Les corps ici présentés témoignent d’un écosystème éteint que l’artiste a pu observer et filmer lors d’une plongée à la station écologique de Lizard Island. Le spectateur découvre, à travers les images rapportées, un champ de désolation, comme un cimetière marin dans lequel survivent encore avec difficulté – mais pour combien de temps ? – des sortes d’anges de la mort filmés au ralenti. Cette vision macabre est rendue sans concession par l’artiste qui espère susciter l’empathie de son spectateur et le sensibiliser à l’extrême fragilité de son écosystème. Triste confrontation avec la mort, l’oeuvre revêt néanmoins un caractère optimiste puisqu’elle annonce une guérison possible, un retour à la vie – indiqué dès le titre. Ainsi, dans les blocs latéraux, l’artiste se propose de soigner le corail comme on soigne l’homme, en usant de perfusions pour y réintroduire la couleur et la vie. Par les jeux de lumière et de couleur que rend possible l’installation, par les miroirs qui démultiplient l’espace qu’elle occupe, par la palette chromatique convoquée, la séduction formelle de l’oeuvre sert la nature. À travers ses travaux, Janet Laurence se fait son porte-parole. C’est par l’émotion esthétique qu’elle espère amener l’homme à lutter pour l’écologie et à s’engager dans la voie qu’elle avait déjà ouverte dans ses précédents travaux, Healing For Plants ou Veil of Tree. Caroline Karikas, Horya Makhlouf, Marion Ricordeau Elèves de l’Ecole du Louvre Depuis 2010, les étudiants de l’école du Louvre participent à une opération originale de médiation, en lien avec le plus large public. Cet exercice pédagogique de terrain, est également l’opportunité pour l’Ecole de réaffirmer son implication dans l’étude et la diffusion de l’art contemporain. Retrouvez toutes les notices rédigées par les étudiants à cette occasion sur www.fiac.com