Performance Industrielle

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Performance Industrielle
N °11 2 S E P T E M B R E 2 0 0 7
w w w. j i t e c o n l i n e . c o m
LE DOSSIER TECHNOLOGIQUE DES PAYS DE SAVOIE
sommaire
2
A l'origine le système
de production Toyota
Vers un “Savoie Production
System”
Les étapes de construction
3
Innover à partir des spécificités
de la Vallée de l’Arve
Le projet “Optimisation
des Ressources Critiques”
4
Le comité de pilotage
ADAPTER LES OUTILS ET MÉTHODOLOGIES
ORGANISATIONNELLES AUX SPÉCIFICITÉS
DES PME LOCALES
La performance industrielle résulte non seulement de la performance technologique
des entreprises mais également de la performance de leur système de production.
Sur ce dernier point, les entreprises européennes n'ont pas su être suffisamment
novatrices ces dernières décennies. C'est souvent poussées par les contraintes
économiques qu’elles acceptent d'appliquer les “recettes” provenant de systèmes de
production américains ou japonais. Ainsi, pour faciliter un futur industriel aux
entreprises européennes, nous nous devons d'innover non seulement dans la
création de produits ou de procédés de production nouveaux mais également sur
le plan organisationnel.
C’est pourquoi, le Pôle Arve Industries Haute-Savoie Mont-Blanc a mis en œuvre
plusieurs projets de recherche dédiés aux systèmes de production. Cet axe de
travail doit contribuer à maintenir le niveau de performance globale des entreprises,
en proposant des évolutions dans le management des systèmes de production.
L'objectif est donc de rompre avec la simple application/adaptation de systèmes
de production d'origines culturelles différentes et adaptés aux grands groupes
industriels. Les évolutions recherchées doivent s’appuyer sur les spécificités des PME
et de leurs marchés, sur leurs différences culturelles afin de générer de nouvelles
opportunités de croissance. Voici un premier état d'avancement.
▲
L’axe “Performance
Industrielle” au service
des entreprises
PERFORMANCE
INDUSTRIELLE
Un projet
Romain REAL - [email protected]
Ludovic GUIZZI - [email protected]
Les offres proposées
par les partenaires
Numéro 112
1
A L'ORIGINE, LE SYSTÈME DE PRODUCTION TOYOTA
Septembre 2007
Performance
Industrielle
Adapter les outils
et méthodologies
organisationnelles
aux spécificités
des PME locales
Depuis une vingtaine d’années,
la notion de système de production connaît une mutation
majeure. Le Toyota Production
System (TPS), véritable référence mondiale dans l’industrie
automobile, a été étudié, théorisé (origine du Lean) et diffusé
dans le monde entier. La finalité
de l’axe “Performance Industrielle” du pôle de compétitivité
est de s’inscrire dans cette
évolution. Historiquement, la
réflexion sur les systèmes de
production a longtemps été
concentrée sur l’ordonnancement, la gestion des flux et
l’implantation d’atelier.
Meilleure qualité- prix de revient le plus bas
Temps d’écoulement le plus court
meilleure sécurité - moral élevé
Travail d’équipe
Juste
à temps
Amélioration continue
Jidoka
Réduction
du gaspillage
Production lissée (+ Takt time)
Processus stables et standardisés
Management visuel
Philosophie du modèle Toyota
Pourtant, la réussite du
constructeur automobile japonais ne réside pas dans une
juxtaposition d’outils ni dans
l’optimisation indépendante des
différents processus de l’entreprise. Les approches Lean ne se
limitent pas à l’atelier mais
concernent l’ensemble des
activités de l’entreprise. Le
système de production englobe
à la fois l’aspect opérationnel
mais également le système de
management et la culture
d’entreprise.
La représentation la plus reconnue du TPS est la maison de
Cho (schéma ci-contre). Partant
de l’hypothèse que les outils
techniques existent, les actions
de recherche mettent l’accent
sur les thèmes suivants analysés
comme des facteurs clés de
réussite :
- le management des hommes
(et le visuel associé),
- la standardisation,
- l’amélioration continue.
VERS UN “SAVOIE PRODUCTION SYSTEM”
L’axe “Performance Industrielle”
du Pôle Arve Industries s’appuie
sur deux projets de recherche.
Le premier, démarré en février
2007, se place dans une optique
organisationnelle et l’autre
débutera en octobre 2007 avec
une orientation plus technique.
Ces travaux sont encadrés par
deux laboratoires de l’Université
de Savoie : SYMME (SYstèmes et
Matériaux pour la MEcatronique)
et l’IREGE (Institut de Recherche
En Gestion et Economie).
System”) et ce, en s’inspirant
des avancées récentes et en
intégrant les spécificités des
entreprises du pôle. Cette thèse
CIFRE est menée par Romain
Réal et dirigée par Maurice
Pillet.
La démarche retenue se déroule
en trois phases :
●
Les étapes de construction
du “SPS”
●
Le premier projet a pour
objectif la construction d’un
système de production destiné
aux entreprises de soustraitance mécanique de la Vallée
de l’Arve (“Savoie Production
2
Numéro 112
La première phase “Mesurer/
Analyser” (février à octobre
2007) consiste à observer et à
identifier les forces et faiblesses des entreprises et des
dispositifs d’accompagnement
déjà en activité.
La deuxième phase “Améliorer”
(septembre 2007 à fin 2008)
consistera à proposer la
formalisation d’un système de
production adapté à la culture
et aux spécificités des entreprises de sous-traitance avec
différentes configurations.
●
Enfin, une dernière étape
d’expérimentation “Appliquer”
(2009) débouchera sur la
validation d’un dispositif
opérationnel pour mettre en
place ce système de production.
Les livrables attendus sont :
- un bilan des actions d’accompagnement à la performance
(ex : PPJ, ALP),
- la formalisation des bonnes
pratiques définissant le SPS,
- la mise en place d’actions
collectives et de supports de
formation.
Lionel Oberson, directeur de
STAB (décolletage), en tant que
rapporteur industriel de cette
étude, sera le garant de la vision
“terrain” du projet. Une des
premières applications du travail
de thèse sera de contribuer au
processus d’amélioration de la
performance globale de cette
entreprise par des résultats
mesurables sur la production
(réduction des contrôles, des
stocks, augmentation de l’agilité à répondre aux clients) mais
aussi sur les aspects culturels
(implication de tous dans la
démarche d’amélioration permanente, accélération du
nombre d’idées de progrès).
Innover à partir
des spécificités de la
Vallée de l’Arve
L’innovation organisationnelle
est au cœur de ce projet de
recherche. Il s’agit d’extraire
le meilleur des systèmes de
production Lean (voir encart).
Il a fallu plusieurs décennies et
un contexte favorable à Toyota
pour construire ce système de
production et devenir une référence mondiale. Le projet “SPS”
doit s’appuyer sur un travail de
terrain pour déterminer comment
ces
enseignements
s'adapteront dans ce cadre très
différent de la Vallée de l’Arve :
petites et moyennes entreprises,
métiers du décolletage, position
de sous-traitants, entreprise
familiale, environnement et
dynamique territoriale.
A partir de là, le projet “SPS”
propose de valider les hypothèses suivantes :
●
Les démarches d'accompagnement “Lean" actuelles ne
conduisent qu’à des résultats
ponctuels difficilement pérennisés.
L’étude menée auprès de
consultants confirme que la
méthode par plans d’action
successifs et indépendants les
uns des autres apporte des
résultats importants mais sur
lesquels les entreprises ne parviennent pas à capitaliser pour
déclencher une véritable démarche d’amélioration continue.
Le mode de management
hérité de l’histoire de la
Vallée de l’Arve n’est
aujourd'hui pas directement
adapté pour réussir une
transformation Lean.
C’est un point faible majeur mis
en avant par l’enquête menée
auprès des consultants.
●
●
La performance industrielle
d’une entreprise ne dépend
pas seulement de son
organisation mais également
de son environnement et de
ses caractéristiques individuelles et stratégiques.
LE LEAN, EN RÉSUMÉ
La satisfaction du client est au
centre de ces systèmes avec les
notions de valeur ajoutée et
de gaspillages.
Le Lean recommande de
supprimer toute opération
non créatrice de valeur ajoutée, favorisant ainsi les flux
tirés par l’aval, les arrêts de
production automatiques dès
qu’un problème est constaté,
la propreté et la standardisation des postes de travail,
la responsabilisation du
personnel et une politique de
management à long terme.
Ces premières réflexions accordent une place centrale à la
standardisation et au management participatif comme piliers
d’une amélioration continue
pérenne.
Le projet “Optimisation
des Ressources
Critiques”
Le deuxième projet se coordonnera autour de Barbara Lyonnet
pour une thèse financée en
partie par l’Assemblée des Pays
de Savoie à partir d’octobre
2007.
L’objectif consiste à identifier
les moyens permettant d’optimiser les ressources critiques
(matérielles et humaines) des
entreprises de sous-traitance. La
définition de cette notion dans
le cadre des entreprises de soustraitance permettra d’imaginer
une démarche d’optimisation
visant à maximiser la rentabilité
de ces ressources.
Les différents livrables attendus
sont :
- l’élaboration d’une démarche
innovante de réduction des
coûts cachés pour les entreprises du pôle Arves Industries,
- le développement d’une
formation-action pour la
diffusion des connaissances
acquises en réduction des
coûts cachés.
Le CTDEC dont l’ambition est
de développer l'innovation
technologique et organisationnelle nécessaire à l'amélioration
de la performance industrielle
jouera un rôle important dans la
conduite de ce projet.
Le rapporteur industriel de cette
thèse est Jérôme Debalme,
directeur de EASYTURN (décolletage).
La Vallée de l'Arve, comment concilier le paysage industriel local et les
systèmes de productions japonais et américains ?
Numéro 112
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L’AXE “PERFORMANCE INDUSTRIELLE” AU SERVICE
DES ENTREPRISES
Septembre 2007
Performance
Industrielle
Adapter les outils
et méthodologies
organisationnelles
aux spécificités
des PME locales
Le comité
de pilotage
Autour de ces projets de recherche, l’axe “Performance Industrielle” réunit, dans le cadre de
comités de pilotage et d’ateliers
de travail, une quinzaine d’industriels, sept chercheurs et cinq
institutionnels. Parmi les industriels, on retrouve les entreprises
suivantes : Comte, Easyturn,
Rennard, Sensorex, SNR, Sodep,
Stab, Sunap, ZF DF, DMX, EMT,
Savoy Décolletage.
Les prochains ateliers donneront
lieu à des confrontations entre
entreprises autour d’un travail
d’audit réalisé par les chercheurs. La cartographie des flux
et la définition du système de
production de chacune d'elle
permettront d’échanger sur les
meilleures pratiques et les premières solutions à développer.
Les offres proposées par
les partenaires
Les travaux de recherche auront
également pour objectif de faire
évoluer les dispositifs d’accompagnement déjà fournis par un
réseau de partenaires et soutenus par Arve Industries.
CAPEA
Ce programme innovant est
développé par le réseau national
des Chambres de Métiers et de
l’Artisanat. Ce dispositif consiste
en l’accompagnement de la
petite entreprise dans une
démarche de progrès.
L’objectif est d’assurer la pérennité et la performance de
l’entreprise en lui fournissant
des méthodes et des outils de
management adaptés et spécifiques à l’entreprise.
Interlocuteur : Marc Rouvier
Tél : 04 50 23 92 52
Performance PME
Ce programme collectif apporte
des améliorations concrètes aux
PME avec l’aide d’un interve4
Numéro 112
nant extérieur et de séminaires
de formation inter-entreprises.
Les outils utilisés sont ceux de
la Lean Entreprise.
Deux formules existent : action
structurante sur 12 mois (prochain
démarrage le 14 septembre) et
action d’urgence sur 4 mois
(toute l'année). 200 entreprises
ont déjà été accompagnées par
ce type de programme en Pays
de Savoie. Le taux de satisfaction est supérieur à 90%.
Interlocuteurs :
Jacques Roura – Thésame
Tél : 04 50 33 50 65
Pierre Staehle - AFPI Etudoc
Tél : 04 50 64 12 03
Sylvain Zanni - CRITT Savoie
Tél : 04 79 25 36 51
ENSEIGNEMENTS RESSORTIS LORS DU DERNIER COMITÉ
DE PILOTAGE
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L’innovation organisationnelle est au cœur des préoccupations
des industriels.
La stabilisation des processus est un préalable.
Il faut s’inventer ses propres outils.
Le système de production est un tout dans lequel le soustraitant s’intègre.
Il faut placer l’homme au centre des réflexions.
Quelques réactions des industriels :
Claudie Rennard (Rennard JC, décolletage, 6 juillet 2007) : “Tout
l'intérêt et l'originalité de l'axe performance industrielle réside
dans ses deux dimensions constitutives, les échanges et la collaboration entre universitaires, industriels et acteurs institutionnels,
autour d'une réflexion originale et ambitieuse : construire un
système organisationnel adapté et aussi efficace que l'est le TPS”.
Sur les éléments constitutifs de ce système de production,
Christian Bonnet (Sensorex, capteurs et micro-électronique, 10
juillet 2007) met en avant le rôle essentiel des hommes : “C’est
par leur responsabilisation, leur participation voire leur implication que se créent toutes les formes de performance : technique,
économique, sociale, financière, intellectuelle, sportive... et,
évidemment, industrielle. Tout le reste (à savoir les machines et
les équipements, les démarches et méthodes, les modes de
gestion et de management) ne sont que des outils plus ou moins
adaptés selon le type d'entreprise. L’axe “Performance Industrielle”
devrait mettre en avant un des concepts qui différencie les types
de performance : la durée dans le temps. La performance d'une
entreprise industrielle se mesure sur le “long terme", ce qui nécessite
d'optimiser et de pérenniser la satisfaction des actionnaires, des
clients, et du personnel. Je pense que les “chemins" à prendre
sont celui de l'innovation produit, procédé, et organisationnelle,
et, celui de l'investissement technique et surtout humain”.
Jean Pierre Chambard (SNR Roulements, 10 juillet 2007) : Le projet
est très orienté petites entreprises. Or, le développement des
systèmes de production a plutôt fait ses preuves dans les grosses
entreprises. SNR est une entreprise de 4000 personnes et participe
au projet en espérant retirer l’amélioration de la compétitivité de
ses fournisseurs. Il poursuit : appliquer trop rapidement les outils
reviendrait à faire fausse route. Les besoins des entreprises sont
hétérogènes, ce qui nécessitera de nombreux ajustements.
Nous remercions l’ensemble des industriels, chercheurs et institutionnels qui contribuent à ces projets.

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