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« Le FN pourrait participer à un gouvernement d’union nationale » Jean-Marie Le Pen évoque dans 20 Minutes « la décadence de la société ». Il n’exclut pas une participation du Front national à un gouvernement « en cas de crise grave » P.6-7 N° 1174 VENDREDI 13 AVRIL 2007 www.20minutes.fr paris grand paris Une Philharmonie Nouvel dévoilée L’architecte Jean Nouvel a présenté son projet pour la future salle de concert de la Villette. P.3 europe GRABTREE/THE TIMES/SIPA Terrorisme : la menace demeure Les attentats perpétrés en Algérie par Al-Qaida ravivent les inquiétudes sur d’éventuelles attaques en Europe. P.10 culture DÉPASSEMENT D’HONORAIRES La nouvelle vague de l’électro française 10°C le matin 23°C l’après-midi grand paris high-tech Très chers médecins FLORENCE DURAND / SIPA météo DR De Ddamage à Feadz, la french touch a de nouveau la cote. Même à domicile. P.16 Un rapport de l’inspection générale des affaires sociales pointe l’envolée des tarifs des praticiens libéraux. Une pratique qui nuirait à l’égalité d’accès aux soins. P.12 2 france 4 monde 10 emploi 11 économie 12 13 guide 14 culture 16 sport 18 tv-médias 22 6 présidentielle VENDREDI 13 AVRIL 2007 Retrouvez le blog de la présidentielle sur 20minutes.fr Campagne Ses électeurs sont de plus en plus décomplexés et le leader du FN rêve de provoquer un nouveau séisme Le Pen a un problème : Nicolas Sarkozy Le leader de l’extrême droite française figurerat-il pour la deuxième fois consécutive au second tour de l’élection présidentielle ? L’hypothèse d’un 21 avril bis fait frémir les états-majors des grands partis politiques. Elle n’a rien de fantaisiste, tant la courbe des intentions de vote en sa faveur grimpe ces dernières semaines. Elle atteint 15 % selon LH2, un score historiquement élevé pour le Front national. Autres faits nouveaux, ses électeurs semblent décomplexés et de plus en plus de Français jugent qu’il est un candidat comme les autres (lire ci-dessous) et non plus un dictateur en puissance. Mais Jean-Marie Le Pen, 78 ans, a beau clamer qu’il figurera inévitablement au second tour, il sait que la partie n’est pas jouée. C’est qu’il a un problème : Nicolas Sarkozy. Car, pendant que le candidat frontiste s’évertue à polir son image, le leader de l’UMP mène campagne auprès des électeurs d’extrême droite, à coups de déclarations sur l’immigration et l’identité nationale. Et ça marche. « Parmi tous les électeurs qui ont voté Le Pen le 21 avril 2002, 20 % déclarent aujourd’hui vouloir voter pour Nicolas Sarkozy », souligne Pierre Giacometti, d’Ipsos. Autre indicateur, les électeurs de JeanMarie Le Pen souhaitent plutôt, paradoxalement, une victoire de Nicolas Sarkozy (42 % contre 32 %). Dans ce contexte, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le leader du FN dirige toutes ses attaques contre Nicolas Sarkozy, dont il ne cesse de railler les origines immigrées. Car les dix jours à venir seront capitaux pour JeanMarie Le Pen dans la conquête de son propre électorat. Stéphane Colineau A chaque déplacement dans les quartiers populaires, Marine Le Pen s’emploie à gommer l’image raciste Sans complexes. A Noyon, dans l’Oise, les électeurs du Front national ne se cachent pas, ou plus. Dans de son père. La semaine dernière, sur le marché d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), elle a reçu des marques de sympathie de nombreux immigrés. Un de ses proches, Alain Soral, sociologue venu du marxisme, est resté un moment discuter après le départ de la directrice de campagne du FN. Il répétait à des badauds dubitatifs : « La préférence nationale n’est pas la préférence raciale, ça fait vingt ans que la presse essaie de vous faire avaler cette arnaque. » Un autre conseiller du FN, Philippe Péninque, expliquait aux jeunes beurs que « la préférence nationale c’est pour vous aussi, puisque vous êtes français ». Et de préciser aux immigrés intégrés qu’eux aussi ont intérêt à la fermeture des frontières. « Le dernier arrivé ferme la porte derrière lui. » Un message reçu cinq sur cinq par certains. Ainsi, Djamila, 40 ans et deux enfants, s’insurge contre le fait que : « Les immigrés qui arrivent, ils ont le RMI, les allocs, la CMU, et la cantine et les trans- cette ville de 15 000 habitants, qui connaît un fort taux de chômage, Jean-Marie Le Pen est arrivé en tête du 1er tour en 2002, avec plus de 25 % des suffrages. Et personne ne voit pourquoi cela changerait. Parce que, justement, « il faut que ça change », disent les habitants de la cité Beauséjour. Comme son fils de 19 ans, MarieChristine votera pour « M. Le Pen » parce qu’« au moins, il va faire ce qu’il dit. Alors qu’avec Sarkozy et l’UMP, rien ne va bouger. » Ses bonnes idées ? « Relever la vitesse à 150 km/h sur l’autoroute. » Et puis, « les Français prennent un an de prison pour avoir volé un saucisson, quand les Arabes prennent presque rien alors qu’ils ont fait une grosse connerie ». Lorsqu’elle n’a plus eu les moyens de payer ses factures, le maire ne l’a pas reçue. « Je serais marron, il m’aurait ouvert ses portes. Mais bon, moi j’ai pas leur chance, je porte un nom polonais. » Même ceux qui hésitent ne perçoivent pas Le Pen comme un candi- Marine Le Pen à Aulnay-sous-Bois (93), la semaine dernière . ports gratuits. Et moi qui bosse, quand je vais voir l’assistante sociale, elle refuse de me dépanner. » Zahidé, retraitée d’origine turque installée dans une cité, renchérit : « Quand je suis arrivée en 1981, il y avait 80 % de Français, mais là c’est devenu un ghetto, il y a 90 % d’étrangers. Quand on appelle la police parce qu’on n’arrive pas à dormir à cause du bruit des jeunes sur les parkings, ils viennent pas. Il faut qu’il y ait un mort pour qu’ils bougent. » Pourtant, Zahidé déclare qu’elle votera Bayrou. Sophie Caillat T.CAPLAIN / LIEU-DIT /20 MINUTES « Ça coûte rien d’essayer pendant cinq ans » S. POUZET / 20 MINUTES « Le dernier arrivé ferme la porte derrière lui » A Noyon (Oise). dat différent. « Comme les autres, il a des bonnes idées. Et puis il a pas trempé dans les magouilles », croit savoir Franck, 22 ans. Comme en 2002, Nicolas, un ouvrier de 45 ans, votera Le Pen et personne d’autre, même pas au second tour. « En 2002, les gens s’étaient finalement dégonflés. Alors que moi, c’est pas de la protestation, c’est de l’adhésion. Au moins, lui, il rétablira le franc et renverra les immigrés qui n’ont pas d’emploi. Ça coûte rien d’essayer pendant cinq ans : ça peut pas être pire que maintenant. » Michaël Hajdenberg présidentielle VENDREDI 13 AVRIL 2007 7 en accédant au second tour. Mais il devra pour cela reconquérir des partisans séduits par le candidat de l’UMP « En cas de crise, le FN pourrait participer à un gouvernement » Jean-Marie Le Pen Candidat du Front national. soient rayés de la carte ne me gêne pas du tout. Si vous étiez élu, quelles seraient vos premières actions ? Retour des QHS, retour de la peine de mort : finalement, vous revenez systématiquement en arrière… Sur quels sujets voulez-vous interroger la population ? Le premier porterait sur l’immigration et la nationalité afin de mettre fin aux acquisitions de nationalité automatiques. Il s’agit de supprimer le droit du sol. J’engagerais par la suite une réforme fiscale afin de limiter le poids des impôts. J’entends négocier avec les pays européens pour retrouver notre souveraineté dans un certain nombre de domaines. Et enfin lancer une grande politique agricole. Comment comptez-vous financer tout cela ? Notre budget sera à l’équilibre. Nous allons diminuer la pression fiscale sur les revenus du travail, sur l’impôt sur les sociétés et les successions. Ce qui va libérer l’activité économique et par ricochet générer de nouvelles recettes compensatoires. Nous ferons de grandes économies sur la politique d’immigration, avec une La candidature de Nicolas Sarkozy est de mauvais goût : le président de l’Etat doit incarner la nation politique d’immigration zéro. Il y aura l’établissement de frontières douanières avec de nouveaux droits de douane. Que faites-vous pour les plus pauvres ? Je compte sur l’activité économique, il n’y a que le travail qui génère des emplois et de la richesse. Moins d’impôts, renégociation du temps de travail, fin des contraintes C’est un retour, dans la mesure où il y a une évolution décadente de la société. Pourquoi reprocher à Nicolas Sarkozy ses origines ? C. MARTIGNY / TEMPS MACHINE / 20 MINUTES La première serait de faire un audit sur la situation de la France avec la Cour des comptes et un des grands cabinets internationaux afin d’obtenir des vérités sur les chiffres de la délinquance, de la dette, de l’état des caisses et de la population française. Il faut ensuite rendre la parole au peuple en utilisant la proportionnelle pour toutes les élections et le référendum comme moyen de réforme. Je me trouve mieux fondé que Sarkozy pour me présenter car le président de l’Etat doit incarner la nation, c’est une candidature de mauvais goût. En cas de score important du FN, pourriez-vous siéger dans un gouvernement avec l’UMP ? pour les entreprises : votre politique est très libérale… Je ne suis pas ultralibéral, je crois à la liberté de l’entreprise et à l’efficacité de la concurrence en France. Je ne suis pas libéral au sens mondialiste du terme, je suis contre le dumping monétaire ou social de certains pays. Nous n’acceptons pas cette zone de libre-échange qui pousse nos entreprises à la faillite et aux délocalisations. Dans les meetings, vous dénoncez les ghettos ethniques et les zones de non-droit. Vous n’en avez pas parlé vendredi sur la dalle d’Argenteuil… Quand je critique la politique dans les banlieues, je ne m’adresse pas aux banlieusards mais au gouvernement. Vous défendez la préférence nationale, or beaucoup de personnes étrangères, ou d’origine étrangère, ne trouvent pas de travail ou de logement. Au final, elle est déjà appliquée… Ces gens souffrent du fait que 60 à 70 % des délinquants et criminels sont à différents degrés d’origine immigrée. J’ai employé des gens d’origine algérienne, je n’ai jamais eu de problème. La préférence nationale fait préférer un Français de banlieue à un plombier polonais, c’est tout. Vous êtes favorable au retour de la peine de mort et des quartiers de haute sécurité dans les prisons… Je n’ai pas d’indulgence particulière à l’égard des criminels endurcis et dangereux. La suppression de la peine de mort fait rester ces gens-là en prison. Un procès s’ouvre avec un monsieur libéré qui a tué trois personnes. Si on l’avait raccourci, celui-là, elles seraient vivantes. Le fait que des criminels de cet acabit Cela dépendra des élections législatives. Dans un cas de crise nationale grave, le FN, pour servir le pays, pourrait participer à un gouvernement d’union nationale. Propos recueilli par Arnaud Sagnard Sur www.20minutes.fr Lire l’interview intégrale 8 présidentielle VENDREDI 13 AVRIL 2007 La campagne vue par les usagers et employés des services de l’emploi d’un bassin industriel du Pas-de-Calais « Quelle est leur sincérité, à ces candidats ? » et employés des services de l’emploi du bassin de Hénin-Beaumont (Pas-deCalais) n’ont pas vraiment le choix : avec 14,7 % de chômage, la zone est encore en pleine désindustrialisation. Metaleurop, Sublistatic, Energy Plast : les exemples de naufrage sont nombreux, et médiatiques. « Aucun candidat à la présidentielle ne prévoit le plan Marshall de réindustrialisation qu’il nous faudrait ici », regrette Florian Fryson, directeur de la mission locale de l’agglomération, composante de la maison del’emploi. « Et pourtant, il y a des choses C. DHALLUIN / 20 MINUTES Présidentielle ou pas, eux sont toujours en campagne. Pour du boulot. Usagers A Hénin-Beaumont, hier, devant la cellule de reclassement Energie Plast. à faire dans l’éco-industrie et les services. Mais pas à coups de mesurettes », poursuit ce croisé de l’emploi. Car, à Hénin, tout le monde cherche : les jeunes, diplômés ou non, comme les ouvriers licenciés à 45 ans. Autour des antennes de la maison de l’emploi, l’ambiance n’est pas vraiment au farniente. « Ils veulent supprimer des aides mais il y a des gens à qui ça sert en attendant de trouver, estime Aurélie, 25 ans. Qu’ils augmentent les contrôles au lieu de toucher aux aides. » Le 22 avril, elle ne votera pas Nicolas Sarkozy. Pour les autres, son choix reste à faire. A Carvin, devant l’antenne de la mission locale, Aurélie, 19 ans, a déjà tranché : ce sera une femme, « celle qui peut gagner ». Avec son copain, David, 21 ans, ils sont venus de Libercourt, à une demi-heure de vélo. Alors la première mesure qu’ils demandent, « ce serait pour la mobilité. Le permis trop cher, ça nous handicape pour trouver un boulot. » Aurélie cherche dans la vente. Elle aimerait que « l’on oblige à rémunérer les stages. Pour les stages gratuits, c’est toujours oui, pour un boulot, jamais. » Karim, conseiller en insertion, est lui aussi tenté par Ségolène Royal. « On n’est pas dans le social pour rien. Mais quelle est leur sincérité, à ces candidats ? » Cette défiance est aussi palpable à la cellule de reclassement montée pour les deux cents salariés d’Energy Plast, à Hénin-Beaumont. Eux ont vu défiler les candidats. « Au moins, ceux qui se sont déplacés ont pu voir ce qu’on nous avait fait. Mais ce qu’ils racontent à la télé, c’est du vent. C’est simple, à part la météo, on éteint le son. » A Lille, Olivier Aballain Chaque jour : un candidat, une question La question du manifeste Les trois quarts des Français interrogés dans le Manifeste ne font pas le distinguo entre nécessité d’avoir un travail et avoir des enfants scolarisés pour obtenir des papiers. Comment comptezvous gérer cet amalgame ? La réponse de Nicolas Sarkozy L’immigration est un sujet sérieux qui ne se résume pas à « gérer un amalgame ». Les Français ont très bien compris la situation. Notre pays doit rester ouvert, mais s’il veut intégrer dignement, il doit maîtriser l’immigration. Nous ne devons accueillir que ceux pour lesquels nous avons un travail et un logement. S’agissant de l’école, la France agit généreusement en scolarisant tous les enfants même si leurs parents n’ont pas de papiers. Elle a raison de le faire. Mais cela ne peut pas donner droit à des papiers pour toute la famille car ce serait créer une immense filière d’immigration clandestine. Face à ces situations, nous ne pouvons faire que du cas par cas. Un jeune tabassé par des militants FN Un jeune homme de 20 ans d’origine maghrébine a été hospitalisé mercredi après-midi, après avoir été frappé par des militants du Front national à Thizy (Rhône). Plusieurs d’entre eux ont été interpellés par les gendarmes et deux étaient encore en garde à vue hier matin. Selon SOS Racisme, des militants, à bord d’une camionnette, auraient tenté d’écraser le jeune lors du passage de la caravane de campagne du FN à Thizy, dans le cadre de la candidature de Geoffroy Daquin, 29 ans, dans la 8e circonscription du Rhône. Le FN parle de « guet-apens ». Bras de fer entre Kaboul et les talibans sur les otages français Les deux Français, membres de l’ONG Terre d’enfance, sont apparus dans une vidéo. Les rebelles afgans qui les retiennent exigeraient un échange de prisonniers. P.12 N° 1175 LUNDI 16 AVRIL 2007 www.20minutes.fr paris grand paris Cure de jouvence à Fontainebleau Le château lance d’importants travaux de rénovation pour pallier la désaffection du public. P.3 france S. ORTOLA / 20 MINUTES Foire du Trône : la confusion Le jeune de 15 ans, principal suspect dans l’affaire de la mort du policier, serait revenu ce weekend sur ses aveux. P.6 high-tech météo DR L’Apple TV permet d’accéder aux fichiers de son ordinateur depuis sa télé. Une nouveauté au goût d’inachevé. P.19 14°C le matin 26°C l’après-midi grand paris sport C. MARTIGNY / TEMPS MACHINE / 20 MINUTES Apple met la télé en boîte «Un projet de civilisation» A six jours du premier tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy évoque dans une interview à 20 Minutes ses choix en matière d’éducation, de travail et de lutte contre la délinquance. P.6-7 2 france 6 16 culture 20 monde 12 économie 13 emploi 13 guide 24 tv-médias 29 arguments 30 présidentielle Chaque jour : un candidat, une question La question Les Français souhaitent des incitations plus fortes pour que les chômeurs cherchent du travail : 74 % veulent que leur mobilité géographique soit stimulée ; 67 % préconisent une suppression des allocations après trois offres refusées. Comment répondezvous à cette attente ? La réponse de Ségolène Royal Je suis pour une société du gagnant-gagnant. Il n’est donc pas question d’avoir, comme la droite, une vision négative, voire punitive du travail, et d’opposer les chômeurs à ceux qui ont un emploi. Pour créer des emplois, j’entends relancer la croissance, notamment en soutenant les PME créatrices d’emplois. Et il faut aussi développer la formation pour permettre le retour à l’emploi des chômeurs. Enfin, la sécurité sociale professionnelle que je veux mettre en place permettra d’éviter, en cas de difficultés économiques dans une entreprise, de passer par la case chômage : le salarié, au lieu d’être licencié, conservera 90 % de son salaire, en échange d’une formation professionnelle ou d’une reconversion. 7 Le Pen persiste et signe au sujet de la Shoah Royal a besoin des femmes La candidate socialiste Ségolène Royal a affirmé hier avoir « besoin du vote des femmes », pour écrire « une nouvelle page de l’histoire de France ». Bayrou se voit en chef de famille Selon le candidat UDF François Bayrou, un président de la République « est dans une situation de chef de famille à la tête du pays (…) pour essayer de relever les défis de la vie ». On ne se refait pas. Alors qu’il tente de policer son image pour séduire un électorat plus large, Jean- Marie Le Pen, 78 ans, campe sur ses positions quand il s’agit de la Seconde Guerre mondiale. Le candidat du Front national a affirmé hier au Parisien-Aujourd’hui en France qu’il « regrettait » que Jacques Chirac ait reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des Juifs. A la question de savoir s’il désapprouvait la façon dont la Shoah était enseignée aujourd’hui, JeanMarie Le Pen a ensuite fait cette réponse lourde de sous-entendus : « C’est un sujet que je n’aborderai pas. Quand je me suis exprimé, ça m’a coûté 150 millions d’anciens francs. Ces débats ne sont pas dans le domaine de la liberté d’expression. On ne peut pas exprimer une autre opinion que celle dictée par la pensée unique. » M. BUREAU / AFP LUNDI 16 AVRIL 2007 Le leader du FN est enfin revenu sur sa condamnation à 1,2 million de francs pour avoir déclaré que les chambres à gaz étaient « un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Là encore, il ne regrette pas l’emploi du terme « détail ». « Je n’ai pas peur d’employer ce mot. Et j’assume toutes mes responsabilités. » 8 présidentielle LUNDI 16 AVRIL 2007 Campagne A six jours du premier tour, le candidat de l’UMP détaille les réformes qu’il souhaite engager « Le Pen ne m’intéresse pas, son électorat, si » Des années qu’il ne pense qu’à ça. Des mois qu’il fait la course en tête dans les sondages. A six jours du premier tour, Nicolas Sarkozy nous a accordé une interview où il détaille les premières mesures qu’il prendrait s’il était élu, son calendrier de réformes pour 2007, sa vision de l’université, de la lutte contre le chômage… Toujours en tête dans les dernières enquêtes d’opinion, le candidat de l’UMP se refuse à dire, en public, que tout est joué. Et il se donne un mal de chien pour expliquer, justifier, convaincre. Sa Nicolas Sarkozy Candidat de l’UMP. Si vous êtes élu, quelles seront vos premières mesures ? J’en prendrai quatre principales : exonération de charges et d’impôts sur les heures supplémentaires, cela pour l’employeur comme pour le salarié, exonération d’impôt sur 95 % des successions et des donations, déduction des intérêts pour toute personne qui achète son logement, mise en place de peines aggravées pour les multirécidivistes, qu’ils soient majeurs ou mineurs. J’ai longuement développé ma vision de la France dans mon dernier livre, Ensemble. Avec quelle équipe ? Avec une équipe restreinte, quinze ministres et pas un de plus. Ce sera une équipe paritaire hommesfemmes, une équipe ouverte. Mon devoir sera de composer un gouvernement sur la base de la compétence, du rassemblement et non pas de remercier des amitiés anciennes. Pour le moment, votre ouverture se limite à Simone Veil et André Santini. Comptez-vous aller plus loin ? On peut aller plus loin. Un certain nombre de personnalités de gauche pourraient être membres de mon équipe. Je pense à des noms que je ne gê- grande différence avec les autres candidats : il ne dit jamais « il faut » mais « je veux ». La dernière ligne droite de sa campagne tourne beaucoup autour des relations entre l’UMP et le FN. Notamment parce que Brice Hortefeux, bras droit de Nicolas Sarkozy, s’est prononcé la semaine dernière pour l’introduction d’une dose de proportionnelle pour les législatives de 2012. Même si le candidat de l’UMP s’est démarqué de cette proposition, il n’en fallait pas plus pour suspecter un appel du pied de la droite à l’extrême droite. Ségolène Royal, sa rivale PS, a d’ailleurs dénoncé, hier, « un signe clairement lancé au FN ». En tout cas, il ne sera pas dit que Nicolas Sarkozy n’est pas retourné en banlieue. S’il a évité de revenir à Argenteuil où il avait prononcé le mot « racaille », il s’est rendu à Meaux (Seine-etMarne) vendredi soir, pour une rencontre tendue avec les habitants d’une cité sensible. Il n’y allait pas pour convaincre son auditoire, mais plutôt pour montrer à son électorat qu’il peut toujours David Carzon mettre les pieds en banlieue. nerai pas en les citant maintenant. leur permettra d’avoir soit une formation qualifiante, soit un autre emploi. Nul chômeur ne pourra refuser plus de deux fois consécutivement un emploi qui correspond à ses qualifications. Quel est votre calendrier de réformes jusqu’à la fin 2007 ? Je réunirai les ONG dès la première semaine de mon élection et je leur proposerai d’établir un ordre du jour et un calendrier pour un Grenelle de l’environnement dès septembre. Dès la première semaine aussi, je réunirai les partenaires sociaux pour leur proposer d’engager des négociations sur l’égalité des salaires hommes-femmes, la qualité du travail, le pouvoir d’achat, le contrat de travail unique, la fusion Assedic-ANPE. Sur toutes ces questions, vous comptez obtenir des résultats à partir de quand ? Je fixerai à chaque ministre une lettre de mission avec des objectifs à obtenir. Et on évaluera les résultats chaque année. Je ferai moi-même le point chaque année sur le travail accompli et je comparerai les résultats obtenus et les engagements pris. Parmi ceux-là, je prends l’engagement du plein emploi. Faudra-t-il laisser filer la dette ? Non, j’ai proposé un certain nombre de mesures pour la réduire : le nonremplacement d’un fonctionnaire sur deux sur cinq ans, la mise en place d’une franchise pour les dépen- Je suis employeur au 1er janvier 2008, j’ai un carnet de commandes incertain, j’hésite à embaucher. Quel aménagement légal proposez-vous ? Tout est fait aujourd’hui pour vous empêcher de donner des heures supplémentaires. Tout sera fait pour distribuer des heures supplémentaires. Il n’y aura aucun risque pour l’entreprise. ses de l’Assurance-maladie, la réforme des régimes spéciaux de retraite. Tout cela se passe sur cinq ans, mais il faudra commencer à mieux maîtriser les finances publiques dès la première année. A qui va profiter le bouclier fiscal de 50 % ? Aux plus riches ? Le problème ne se pose pas ainsi. Ce qui compte pour moi, c’est qu’au début de l’année, il n’y ait pas un seul Français qui se dise que l’Etat va lui prendre plus de la moitié de ses revenus. Je veux faire revenir en France les créateurs, les innovateurs, les artistes. Quand en France, des gens qui ont de l’argent investissent, ça donne de l’emploi à ceux qui n’en ont pas. La ques- tion n’est pas de savoir à qui ça va profiter. C’est surtout l’économie, donc tout le monde qui va en profiter. La sécurité sociale professionnelle, comment ça marche ? Si je suis licencié, qu’est-ce qui va changer pour moi ? Tous les licenciés écono- « Je veux faire revenir en France les créateurs, les innovateurs, les artistes. » miques auront un contrat d’un an avec le service public de l’emploi en gardant la même rémunération. Ils ne passeront plus par le chômage. Ce contrat Mon autorisation de licencier sera-t-elle facilitée ? Je veux négocier avec les syndicats la « flexisécurité ». Je veux limiter la durée que peut prendre un licenciement, mais dans le même temps augmenter les indemnités des salariés. Votre « flexisécurité » suppose une formation tout au long de la vie professionnelle. Formation qui n’existe toujours pas… Aujourd’hui, la formation professionnelle, c’est 23 milliards d’euros qui ne sont pas utilisés de manière efficace. De plus, quand un salarié veut être formé correctement, il vaut mieux pour lui qu’il appartienne à un grand groupe international plutôt que d’être dans une petite entreprise qui délo- présidentielle LUNDI 16 AVRIL 2007 calise. Je veux reconnaître à chaque salarié le droit à une seconde chance, qu’il ait droit à un an de formation qualifiante. cession, ce n’est pas pour des raisons fiscales, c’est pour des raisons de valeur : je crois au travail et à la famille. Comment comptez-vous financer votre plan Marshall pour les quartiers populaires ? Vous vous fixez comme objectif de ne laisser aucun enfant sortir du système scolaire sans qualification. Comment comptez-vous parvenir à cet objectif ? Je veux d’abord mener la guerre aux trafiquants de drogue et à l’oisiveté. Mais il faut aussi proposer aux jeunes un emploi. Je négocierai avec les partenaires sociaux l’ouverture des entreprises aux 250 000 jeunes concernés. C’est très bien de moderniser les immeubles, mais si on ne donne pas un emploi ou une formation à ceux qui sont dedans, ça n’a aucun sens. Ça coûtera moins cher de donner une formation ou un emploi à ces jeunes que de les laisser à la loi de la rue. Est-ce que vos propositions vont dans le sens d’une révolution fiscale à la Reagan ou structurelle à la Thatcher ? Pourquoi choisir ? Quand je propose de changer l’Education nationale, ce n’est pas la structure que je veux changer, c’est l’ambition pour l’école. Je veux une école de la transmission où les mots « exigence » et « excellence » reprennent un sens. Ce n’est ni fiscal, ni structurel. C’est simplement un projet de civilisation. Quand je propose la suppression des droits de suc- Par exemple, dans les uni- ble, mais l’Etat doit se préoccuper d’abord de la réussite professionnelle des jeunes. Avec votre politique et notamment votre proposition de peines planchers, il y aura besoin de places dans les prisons… Les peines planchers concernent les 5 % de multirécidivistes qui réa- « Le contribuable n’a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout, il y a 1 000 étudiants pour deux postes. » versités, chacun choisira sa filière, mais l’Etat n’est pas obligé de financer les filières qui conduisent au chômage. L’Etat financera davantage de places dans les filières qui proposent des emplois, que dans des filières où on a 5 000 étudiants pour 250 emplois. Si je veux étudier la littérature ancienne, je devrais financer ma scolarité ? Vous avez le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1 000 étudiants pour deux postes. Les universités auront davantage d’argent pour créer des filières dans l’informatique, dans les mathématiques, dans les sciences économiques. Le plaisir de la connaissance est formida- lisent 50 % de la délinquance. Il y a un programme de construction de prisons qui a été prévu. Pour moi, c’est un choix. On dépense des milliards à l’utilité douteuse pour empêcher les Français de travailler ; on peut faire des dépenses d’investissement dans les prisons. Compte tenu des procédures de permis de construire, cela prendra cinq ans. Mais il faut commencer tout de suite. Vous aurez besoin de sang froid si vous êtes élu ? Vous parlez au futur. Vous ne croyez pas que j’en ai besoin maintenant ? On anticipe des mouvements de protestation dans les banlieues… Je suis allé à Villepinte, je suis allé dans un quartier difficile de Meaux, et il n’y a pas eu de mouvements de protestation. A Villepinte, vous y êtes allé le matin et personne n’était au courant… Dès la veille, les médias annonçaient ma venue. Mais je suis allé à Toulouse le lendemain. 14 000 personnes au meeting, 50 manifestants… Je fais des réunions, des déplacements et des meetings tous les jours et il n’y a pas de manifestations. Pourquoi vous laissez Le Pen aller sur la dalle d’Argenteuil ? J’y suis allé et je ne vois pas où est le courage d’aller à Argenteuil deux ans après moi. Ceux qui ont écrit que j’instrumentalisais la banlieue en y allant voudraient aujourd’hui que j’y retourne. Pourquoi ? Pour être très heureux de me filmer face à des provocations ? Pour pouvoir dire : « Cet homme inquiète » ? Je ne suis pas obligé de tomber dans tous les pièges. Votre rencontre avec les habitants d’une cité de Meaux a été très tendue. Y a-t-il un divorce entre vous et les quartiers populaires ? Je suis certainement l’homme politique qui s’est le plus rendu dans les quartiers populaires. A Meaux, dans le quartier de Beauval, j’ai eu avec les habitants une vraie discussion autour des vrais problèmes. Je m’en réjouis. Et j’aurai d’autres rencontres de ce type. 9 Sur des sujets comme l’identité nationale, vous dites que vous brisez des tabous. Sauf que vous ne le faites pas pour le vote des immigrés aux élections locales… Pour le coup, ça provoque inutilement un clivage. Ça fait reculer le débat plutôt qu’avancer. Dans le même registre, vous avez pourtant fait supprimer la double peine… Parce que je pensais que c’était juste. A titre personnel, vous pensez que le droit de vote pour les élections locales est juste. Quelle est la différence avec les autres sujets ? Je pense que c’est moins urgent que ne l’était la double peine. Vous êtes sûr d’être au second tour ? Non, je ne suis sûr de rien, mais je fais campagne. Pendant que mes concurrents me critiquent, moi je fais une seule chose : je propose mes solutions aux problèmes de la France. Quand Le Pen dit qu’il va vous appeler entre les deux tours, vous attendez son coup de fil ? Non, pas du tout. Ce n’est pas Le Pen qui m’intéresse, c’est son électorat. Recueilli par Frédéric Filloux, David Carzon et Stéphane Colineau Photos : Cédric Martigny / Temps machine / 20 Minutes Sur www.20minutes.fr Lire l’interview intégrale 10 présidentielle LUNDI 16 AVRIL 2007 Retrouvez le blog de la présidentielle sur 20minutes.fr Kouchner veut allier PS et UDF, pas Royal Le programme des « grands » appelé samedi à une alliance PS-UDF. « La gauche ne doit pas refuser l’alliance avec un centre rénové », a lancé Bernard Kouchner dans Le Journal du Dimanche. « Pour la première fois depuis trente ans, le parti de François Bayrou ne récuse pas la gauche réformatrice. Saisissons cette chance », a-t-il insisté, relayant un appel lancé vendredi par Michel Rocard dans Le Monde. L’ancien Premier ministre socialiste y prônait une « alliance, avant le premier tour », entre Royal et Bayrou, pour battre Sarkozy. Du pain bénit pour François Bayrou qui déclarait hier à Nantes que les appels de Rocard et Kouchner sont « pour [lui] un très grand espoir de pouvoir rassembler au-delà des clivages habituels », ajoutant qu’il y a « beaucoup de gens, à droite comme à gauche, qui veulent une démocratie de François Bayrou tient aujourd’hui à Lyon une réunion publique puis sera présent à l’émission « Questions ouvertes », sur France 2, Ségolène Royal est en meeting au Zénith de Nantes tandis que Nicolas Sarkozy est l’invité ce soir de l’émission « Face à la une », sur TF1. Le QG de Bayrou occupé Le QG de campagne de François Bayrou, situé dans le 7e arrondissement de Paris, a été occupé vendredi par une centaine de sanspapiers réclamant leur régularisation. Manif anti-FN Plusieurs centaines de personnes ont manifesté hier à Paris contre le Front national, qui tenait meeting au même moment dans la capitale, à l’appel d’organisations antiracistes et d’extrême gauche. TONDRE / SIPA Après Michel Rocard, au tour de Bernard Kouchner. L’ancien ministre socialiste a Bernard Kouchner et Ségolène Royal, en février 2007. réforme constructive et déterminée ». Cependant, la candidate socialiste Ségolène Royal s’est voulue ferme dans une interview parue aujourd’hui dans plusieurs quotidiens de l’ouest de la France, et indique n’avoir « rien à négocier » ni « aucun compromis à passer » avec les deux candidats canular Un sondage secret des RG éliminerait Royal dès le premier tour. Il s’agit, a priori, d’un canular. Mais le site nouvelobs.fr maintenait hier ces infos, citant des sources du ministère de l’Intérieur. AClefeu chauffe le pavé parisien Le débat sur le Net entre les quatre présidentiables fait pschitt L’échange d’arguments avant le premier tour n’aura pas lieu. Pourtant, un collectif issu du Web, auquel participait S. ORTOLA / 20 MINUTES Hue dans la campagne Robert Hue, ancien n° 1 du PCF, lance un appel aujourd’hui dans Libération à Marie-George Buffet et aux responsables du parti pour qu’ils disent « haut et fort » leur disponibilité à « participer pleinement » à une majorité de gauche. de droite. Mais ces appels sont une nouvelle preuve que le PS « est partagé entre deux tendances, celle de l’ancrage à gauche et celle d’une alliance avec le centre, avec des personnalités comme Dominique StraussKahn », explique Philippe Braud, professeur à Sciences Po. O. M. (avec AFP) A l’appel du collectif AClefeu, quelque 1 200 personnes – 500 selon la police – ont manifesté samedi à Paris (photo) pour les « oubliés de la République », habitants des quartiers populaires, mais pas seulement. « Les oubliés de la République, ce sont tous ceux qui se reconnaissent dans ce terme, handicapés, femmes, sans-logis, chômeurs, ce ne sont pas que les jeunes des quartiers populaires », a expliqué le président du collectif. www.20minutes.fr, s’est mobilisé pour organiser ce qui aurait pu être le premier événement du Net politique français : la confrontation entre les quatre candidats qui, selon les sondages, mobilisent plus de 80 % des intentions de vote. Après dix jours de travail du collectif, la date — ce devait être aujourd’hui — est calée, les questions techniques et les thèmes de discussion aussi. Il manque l’accord des candidats. François Bayrou accepte. Ségolène Royal aussi. Le FN propose d’« envoyer Gollnisch ». Mais Nicolas Sarkozy maintient son « non », malgré le pressing du collectif. « On a proposé que le débat ait lieu avant le début de la campagne officielle, expliquait-on samedi à l’UMP. Mme Royal n’a pas voulu. Maintenant qu’elle sait que le débat ne pourra pas se faire à cause des contraintes d’égalité de temps de parole, elle dit oui. » Hors de question de se « plier à l’agenda de Mme Royal ». Apprenant ce refus, la candidate PS ne veut plus venir. Le débat tombe à l’eau. Tant pis pour les électeurs. Alice Antheaume Sur www.20minutes.fr Davantage de précisions sur le sujet présidentielle 11 LUNDI 16 AVRIL 2007 Les motards coupent la route des candidats étaient entre 10 000 et 20 000 samedi dans plusieurs grandes villes de France, et 7 000 dimanche à Paris. La fédération française des motards en colère (FFMC), à l’origine de ces rassemblements, demandent que soient reconnues « les spécificités des deuxroues motorisés ». L’association épingle notamment les glissières de sécurité conçues « pour les voitures et les camions » et qui font courir « de graves dangers » aux deux-roues à moteur. Dans chaque ville, des haltes ont été marquées devant les mairies, les préfectures et surtout les permanences de partis politiques, où les motards ont déposé leurs revendica- tions. « Nous sommes des citoyens comme les autres, arrêtez de nous mettre à l’index », a demandé à Lille Guy Catteau, secrétaire de la FFMC pour le Nord, faisant allusion aux réglementations récentes. « Malgré toutes les demandes, rien n’avance. En cinq ans, nous n’avons eu droit qu’à davantage de répression, avec les radars notamment. Nous ne sommes pourtant pas des loubards, on ne veut pas que la route devienne un circuit, nous demandons juste une amélioration de notre sécurité », a déclaré Olivier Barrière, porte-parole de la FFMC à Lyon, où les motards bruyamment rassemblés place Bellecour, en plein centre, se sont élancés dans un concert de klaxons en direction du périphérique. Laguiller ne ménage pas Royal Arlette Laguiller, qui tenait meeting hier au Zénith de Paris devant 5 000 personnes, a renvoyé Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal dans le même camp du patronat. Altercation avec des militants FN S. ORTOLA / 20 MINUTES Des milliers de motards ont défilé ce week-end pour réclamer « une égalité entre usagers de la route». Ils Hier, à Paris. Réactions allergiques aux machines à voter électroniques Haro sur le vote électronique. A quelques jours du premier tour, la polémique contre l’utilisation de machi- nes à voter électroniques ne désenfle pas. Environ 1,5 million d’électeurs dans 82 communes sont concernés. Les opposants craignent des « fraudes massives et indétectables ». Des membres du PCF, des Verts, du PSetdel’UDFd’Issy-les-Moulineaux ont envoyé mercredi dernier un courrier au préfet des Hauts-deSeine, Michel Bart, pour lui demander de mettre en œuvre « un moratoire immédiat » sur l’utilisation de ces machines dans cette commune. Une pétition « pour le maintien du vote papier » lancée sur Internet par des informaticiens le 28 février avait recueilli hier 61 769 signatures. François Bayrou renchérissait le 8 mars dans l’hebdomadaire Politis : « Il faut refuser cette évolution et suspendre toute utilisation. » Même son de cloche au PS et au FN. Le ministère de l’Intérieur s’est contenté de souligner que les machines, toutes fabriquées à l’étranger, sont parfaitement fiables et qu’elles n’ont pas connu de problème depuis leur lancement en 2003. Do you speak English, Mr. president ? Quel est le niveau d’anglais de nos candidats ? L’entourage de François Bayrou assure qu’il « parle très, très bien l’anglais », et celui de Nicolas Sarkozy qu’il parle un « anglais courant ». Ségolène Royal, elle, explique qu’elle « comprend l’anglais », mais qu’elle le parle plus difficilement. Jean-Marie le Pen, lui, « comprend très bien » l’anglais, mais n’aime pas le parler. José Bové considère quant à lui qu’il est « quasi bilingue ». Enfin, Gérard Schivardi avoue sans complexe ne parler… que le français !Avec AFP Quatre jeunes majeurs ont été placés en garde à vue, dans la nuit de samedi à dimanche, après une altercation, dans le centre de Lyon, avec des colleurs d’affiche du Front National. 30 arguments LUNDI 16 AVRIL 2007 A lire Que faire ? Qui choisir, plutôt. Selon le sondage LH2 que nous avons publié il y a une semaine, 47% des personnes interrogées Chronique Guy Birenbaum Tous les lundis, Guy Birenbaum, universitaire et éditeur (Editions Privé) sort de son blog pour livrer une chronique tout aussi « NRV » dans les pages de 20 Minutes. ne savent pas encore pour qui ils voteront. A ceux qui hésitent, on ne donnera aucune consigne. Juste une suggestion. Pourquoi ne pas partir à la recherche de la réponse en tournant des pages ? Deux fauteuils pour quatre Exception faite de Gérard Schivardi et de Frédéric Nihous, ils sont tous là. Pour moins de 10 €, voilà dix des douze candidats tranquillement passés au tamis de la politique comparée, de l’économie… En une vingtaine d’experts, et presque 300 pages, on découvre programmes, projets et personnes. Chacun est doublement décrit, dans un portrait « politique » d’abord, puis un portrait « perception » qui prend en compte l’image véhiculée auprès des électeurs. Utile pour comparer le réel au spectacle. Les candidats susceptibles de passer au premier tour bénéficient en bonus d’une description de leur entourage de campagne. Un livre qui éclaircit les idées, qui se feuillette véritablement de gauche à droite, et même de l’extrême-gauche à l’extrême droite, partant d’Arlette Laguiller pour finir avec Jean-Marie Le Pen. A. K. « Présidentielle 2007, Qui choisir ? », sous la direction de Yael Azoulay, Pascal Perrineau et Brice Teinturier, Editions Philippe Rey, 9,90 €. Tous les chiffres qui tuent Présentées par Jacques Marseille, ces statistiques sont un vibrant appel à la réforme, pour ne pas dire à la rupture. L’économiste (tendance libéral, mais les chiffres eux, ne mentent pas – en principe), aussi professeur à la Sorbonne, a un réel talent pour dénicher le chiffre qui tue, le tableau qui mériterait d’être copié-collé dans un argumentaire électoral. Quelques perles : parmi les pays de l’OCDE, la France a le plus fort taux de redoublants à l’école, mais aussi les pires résultats en matière d’obtention de diplômes. En matière de travail, un Britannique ou un Danois travaillent 30 % de plus qu’un Français, mais gagnent aussi 10 % à 20 % de plus. Sur les aides à l’emploi : un couple avec deux enfants sachant gérer ses minima sociaux arrive à toucher chaque semaine l’équivalent de 44 h 30 de smic. La lecture du livre de Jacques Marseille devrait faire baisser une autre statistique : en France, 55 % des électeurs se réfugient encore dans l’abstention. F. F. « Les bons chiffres pour ne pas voter nul en 2007 », de Jacques Marseille, Perrin, 16,80 €. Tout un chantier, et même plusieurs… « Ce sera l’élection de la rupture », préviennent les auteurs dans la toute première phrase. Et aussi des chantiers obligés pour le locataire de l’Elysée, qui devra être doué d’un certain art de la rénovation en milieu dégradé. Logique, donc que le livre s’attache à l’état ou plutôt aux états des lieux (chômage, dette, santé…). Mais il va bien au-delà du constat en proposant immédiatement à la suite un « débat d’experts », assorti d’encadrés qui ne manquent pas de pertinence (la vraie histoire du plombier polonais…) Dommage que sa sortie un peu anticipée nuise à l’exhaustivité des programmes présentés. Bové, Schivardi et Besancenot sont zappés au profit de Clémentine Autain et de Nicolas Dupont-Aignan, qui au final ne sont pas candidats. A. K. « Elysée 2007- Les questions clefs des Français », de Eddy Fougier, Béatrice Houchard, Henri Vernet et Emilie Chapuis, Lignes de repères, 18 €. S. ORTOLA / 20 MINUTES Tout un programme, et plus encore… A moins d’une semaine du scrutin, il n’est plus temps de mégoter. Il faut écrire ce que l’on a sur le cœur ou alors, poser sa plume. D’abord, avouer modestement que l’on sait… que l’on ne sait rien ! Rien, ou presque, de ce qui va sortir de ce premier tour de tous les dangers. Lâcher ensuite, qu’au petit jeu des pronostics, la farandole des sondages (pas loin de trois cents…) aura autant usé les plus déterminés que donné le tournis aux très nombreux indécis. Chuchoter alors sa seule — pauvre — certitude. Oui, le vote sera très très serré dimanche. S’aventurer à en prédire le résultat ? Mission impossible ! A vue de nez, quatre candidats se tiennent dans un mouchoir, entre 18 et 24 %. Non. Certainement pas plus haut. Les huit autres ? Quinze à vingt points derrière, la plupart sous la barre des 5 % fatidiques en matière de remboursement des frais de campagne, et se demandant encore ce qu’ils sont venus faire dans cette galère… Et au niveau des idées, des projets ? Il aura été de bon ton, pendant toute la durée de cette — trop — longue campagne, de dauber sur l’absence de débats ou de confrontations. Pourtant, il n’est pas exact de prétendre que les candidats en lice proposent les mêmes solutions. Quatre directions distinctes existent bel et bien. D’abord, avec Ségolène Royal, une social-démocratie, rose pâle, inspirée des En 2002, Lionel modèles nordiques. Un centre Jospin fut éliminé rénové, tirant davantage vers cette demi-gauche que vers avec un écart sa droite, chez François de 194 600 voix Bayrou. Une vraie droite, sur 28 millions assumée, brisant totems et et demi de suffrages tabous, sans le moindre scrupule, avec Nicolas exprimés. Sarkozy. Enfin, une véritable extrême droite, triste exception à la française, incarnée par Jean-Marie Le Pen. Où sont les clés du vote ? Chez les abstentionnistes ? 20, 25 ou 30 % ? Parmi les tenants du vote blanc (près d’un million de blancs et nuls en 2002) ? Chez les deux millions de nouveaux inscrits ? Petit rappel : en 2002, Lionel Jospin fut éliminé avec un écart de 194 600 voix au profit de Jean-Marie Le Pen ; sur 28 millions et demi de suffrages exprimés… De quoi attendre, plutôt en silence, dimanche prochain 20 h, non ? Ou plus tard… Qui sait ? Sur www.20minutes.fr • Retrouvez tous les jours la vision de l’actu de Guy Birenbaum sur http://birenbaum.blog.20minutes.fr • Chat en direct sur les libertés numériques : posez vos questions à Christophe Espern, chargé de mission à l’Association pour la promotion et la recherche en informatique libre (April). Il y répondra demain à 15 h. • Le Festival de Cannes va fêter ses 60 ans. Désignez votre film préféré parmi 47 Palmes d’or. • Retrouvez notre blog de la présidentielle sur http://2007.blog.20minutes.fr, avec nos invités politiques, chercheurs, militants, ainsi que les planches BD de Wayne... Présidentielle 2007 : et si on se projetait cent jours plus tard ? 20 Minutes se livre à un petit exercice de prospective en imaginant à quoi pourraient ressembler les premiers mois du mandat du prochain président de la République. P.6-7 N° 1176 MARDI 17 AVRIL 2007 www.20minutes.fr Massacre au campus paris grand paris Au moins trente-deux personnes ont été tuées hier à l’université de Virginia Tech, aux Etats-Unis. Un tireur non identifié a ouvert le feu sur des étudiants. La fusillade la plus meurtrière jamais survenue dans une école américaine. P.9 A Paris, le vert manque d’aires L’arrivée des beaux jours et la ruée sur les pelouses mettent en lumière le manque d’espaces verts dans la capitale. P.2 france Mammouth fait grimper les prix S. POUZET / 20 MINUTES La belle bête de 4,80 m, disparue il y a 12 000 ans, a été adjugée à 260 000 €, hier à Paris. P.4 voile S. POUZET / 20 MINUTES Galfione : « Il faut partir optimiste » 12°C le matin 22°C l’après-midi grand paris guide 2 22 20 MINUTES météo Interview de l’ex-perchiste, wincher d’Areva-Challenge, qui concourt dans la Coupe Louis-Vuitton, qualificative pour l’America’s Cup. P.25 france sport Des images diffusées hier par CNN montrent des policiers évacuant une victime. 4 monde 9 économie 10 emploi 11 24 culture 28 tv-médias 30 télévision 31 présidentielle MARDI 17 AVRIL 2007 Retrouvez le blog de la présidentielle sur 20minutes.fr 5 « Je ne suis pas dans la contestation gratuite » l’occasion de donner un coup de barre à gauche en se portant sur ma candidature. Quelles sont les premières mesures que vous prendrez si vous êtes élue ? Pourtant, les milieux populaires votent de plus en plus pour Le Pen… Certaines lois sont prêtes, le régime des intermittents ou la loicadre contre les violences faites aux femmes. Dès juillet, une session extraordinaire de l’Assemblée commencera le travail sur la précarité en portant le smic à 1500 € net, et en lançant une grande négociation pour augmenter les salaires. A la rentrée de septembre, on s’occupera de la réforme de la fiscalité pour que l’impôt redevienne un outil de la justice sociale permettant d’aller chercher l’argent inutile pour le rendre utile pour l’école, la recherche, la culture… On a tellement dit à ces hommes et ces femmes qu’il n’y avait pas d’autre politique possible... Quand la droite est au pouvoir, elle cogne. Quand c’est la gauche, leur vie ne change pas vraiment. Si on veut faire reculer Le Pen, il faut démontrer que nous sommes majoritaires à souhaiter une autre politique, et que cette autre politique peut changer vraiment la vie. On me dit souvent : « J’ai envie de voter pour vous, mais il y a les sondages. » Je leur réponds : « Si tous ceux qui espèrent dans la gauche se regroupent sur ma candidature, alors ça fera l’événement. » J’incarne une gauche de combat et de responsabilité, je ne suis pas, pour ma part, dans la contestation gratuite. Avec quelle équipe ? Je tendrais la main à tous ceux qui veulent une gauche vraiment à gauche. C. MARTIGNY / TEMPS MACHINE / 20 MINUTES Marie-George Buffet Candidate du PCF. La campagne se fait sur des thèmes de droite. Pourquoi, selon vous ? Parce que la gauche ne s’affirme pas assez. Elle ne doit pas être sur la défensive par rapport à la droite ou l’extrême droite, elle a une vision de la République qu’elle doit défendre. La République n’appartient qu’au peuple, le drapeau tricolore et La Marseillaise sont des symboles de la Révolution française. La gauche doit avoir le courage de dire que l’immigration est une Qu’attendez-vous du premier tour ? chance pour notre pays. Il faut qu’elle hurle quand on parle de gènes, de « président de souche »… La gauche est basse actuellement parce qu’elle ne porte pas un grand projet de changement. Une alliance PS-UDF, ça vous tente ? L’UDF, c’est la droite, et pour moi la gauche et la droite, ce n’est pas pareil. Quand je vois certains appeler de leurs vœux un rapprochement PS-UDF, j’ai envie de dire que le premier tour sera Le premier tour, c’est l’occasion de dire : « voilà la politique et les valeurs que je veux que la gauche porte », et le dire, c’est la seule façon de l’obtenir. Si la droite gagne, où mènera la désespérance sociale ? Et si la gauche gagne mais déçoit, c’est un 21 avril multiplié par trois qu’on aura dans cinq ans ! Je dis aux électeurs : au premier tour, votez pour vous, pour vos problèmes, vos idées, vos valeurs… Recueilli par Bastien Bonnefous Sarkozy sur la tombe du général Nicolas Sarkozy s’est rendu hier à Colombey-lesdeux-Eglises pour se recueillir sur la tombe du général De Gaulle, qui incarnait selon lui « la passion au service de l’intérêt général ». La grève à La Poste peu suivie La grève lancée à La Poste est, selon la direction, très peu suivie, avec 1,6 % de facteurs en grève. La distribution des plis électoraux est donc assurée. Bové contre les pylônes de l’EPR Le candidat José Bové a déclaré hier qu’il pourrait inciter les citoyens à démonter les pylônes de la ligne très haute tension du futur EPR. 6 présidentielle MARDI 17 AVRIL 2007 Programmes A quoi ressemblerait leur début de mandat s’ils étaient élus ? « 20 Minutes » se projette en été Cent jours pour donner le « la » au quinquennat Les candidats ont beau s’en défendre, ils ont beau dire que tout ne se joue pas au début du quinquennat, mais sur toute sa durée, les cent premiers jours d’un nouveau gouvernement restent un étalon incontournable pour savoir quelle empreinte il laissera. Cette période euphorique pour la nouvelle majorité ou apathique pour la nouvelle opposition, durant laquelle le Président peut s’attaquer aux dossiers importants et impopulaires, François Mitterrand l’appelait l’« état de grâce ». En 2007, il y a fort à parier que les cent jours du nouveau président seront placés sous le signe de l’emploi et du pouvoir d’achat. Nicolas Sarkozy veut permettre aux salariés de travailler plus pour gagner plus, François Bayrou offre deux emplois sans charge aux petites entreprises durant cinq ans, Ségolène Royal crée les emplois-tremplins et les contrats première chance, et Jean-Marie Le Pen baisse les impôts. Il y a cinq ans, la relance de la croissance et la création d’emplois étaient déjà au cœur des préoccupations du gouvernement Raffarin. On se souvient que la première mesure avait été de baisser de 5 % les impôts sur les revenus. Avait suivi l’assouplissement des 35 heures. Mais à l’époque, les questions de sécurité avaient occupé toute la campagne électorale. Résultat, le gouvernement avait très vite fait voter une loi d’orientation et de la programmation de la justice et une loi sur la Sécurité intérieure. Si les thématiques depuis 2002 n’ont donc guère évolué, c’est en termes de recettes que les candidats comptent provoquer une rupture. Pour que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. David Carzon Sarkozy, un service minimum Royal, une loi sur les violences conjugales et une VIe République et des peines planchers Nicolas Sarkozy voudra à coup sûr capitaliser sur l’euphorie de la victoire pour faire passer Comme chez son principal adversaire de droite, Ségolène Royal voudra « montrer que ça change vite ». Dès juin, son gouvernement – équipe resserrée, d’une quinzaine de ministres, prometon – devrait se mettre à l’œuvre, et une session extraordinaire du Parlement sera convoquée pour l’été. Les favoris pour diriger l’ouvrage depuis Matignon : Jean-Marc Ayrault ou Jean-Louis Bianco. Symbolique, la première loi examinée à l’Assemblée portera sur les violences conjugales. En tête des autres réformes, figure la mise en place des 500 000 « emplois-tremplins » destinés aux jeunes, et qui pourraient s’élargir aux seniors, a précisé hier la candidate socialiste. Parallèlement sera lancé le « contrat première chance» – sans doute sous un autre nom, car trop proche du CPE – pour les jeunes sans qualification. Enfin, les 65 milliards d’aide aux entreprises seront redéployés vers les PME « innovantes ». En juin, se tiendra aussi une « conférence sur la croissance ». Objectif : revaloriser le smic et les bas salaires. Ces dossiers seront pilotés par les ministères de l’Emploi et de l’EconoWITT / SIPA WITT / SIPA ses premières réformes, dont certaines s’annoncent impopulaires. C’est notamment le cas pour le service minimum garanti, qui sera mis en place dès juillet. « Si je suis élu avec 50,1 % des suffrages, c’est le 0,1 % qui compte », explique le candidat de l’UMP, comme pour signifier qu’il ne reculera pas. Sur le service minimum, il a déjà annoncé la couleur : « Soit les syndicats viennent avec des propositions et on discute, soit on légiférera. » Dans le même temps, le Président mettra en place son dispositif qui permettra, selon lui, de mettre fin aux 35 heures et de libérer le pouvoir d’achat : exonération de charges pour l’employeur, et d’impôt pour le salarié, sur les heures supplémentaires. Autre mesure qui donne matière à polémique : Nicolas Sarkozy veut faire voter la loi sur les peines planchers pour les multirécidivistes, majeurs et mineurs, loi qu’il n’avait pas réussi à faire adopter sous le quinquennat de Jacques Chirac. Le candidat de l’UMP compte aussi profiter de l’été pour réformer les universi- tés. Celles-ci auraient le choix d’opter, ou non, pour plus d’autonomie. Question méthode, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il fonctionnerait avec un gouvernement resserré de quinze grands ministères. Le nom de François Fillon circule pour Matignon, celui de Rachida Dati à la Justice, Claude Géant à l’Intérieur,ouNathalieKosciuskoMorizet à l’Environnement. Deux grandes discussions devraient se tenir dès la rentrée, la première sur l’environnement avec les ONG, et la seconde sur le contrat unique de travail avec les partenaires sociaux. D. C. mie, dirigés probablement par Michel Sapin pour le premier, François Hollande ou Dominique Strauss-Kahn pour le second. Autre grande affaire de la nouvelle présidence : la réforme institutionnelle. Un référendum sur une « VIe République » est prévu pour l’automne. Au menu : le mandat parlementaire unique, le droit de vote pour les étrangers aux élections locales – dès les municipales de 2008 – et une nouvelle décentralisation, avec davantage de compétences transférées aux régions (aides aux entreprises, gestion des prisons, du logement étudiant…). B. B. présidentielle MARDI 17 AVRIL 2007 7 Bayrou, doper le pouvoir d’achat La candidate socialiste pour un plan choc contre les délinquants sexuels « François Bayrou et des anciens membres du Parti socialiste sont heureux de vous annoncer la naissance, chômage. Toute entreprise pourra créer deux emplois sans payer de charges pendant cinq ans. Un « small business act » sera voté pour protéger les PME, par exemple en leur accordant un quota de marchés publics. Mission suivante, la lutte contre l’exclusion, avec la mise en place d’une allocation sociale unique et la possibilité pour chaque allocataire d’exercer une activité dans une association ou une collectivité, et ainsi d’arrondir ses fins de mois. Ultime rendezvous de l’été, la réforme constitutionnelle, avec l’introduction d’une dose de proportionnelle dans la loi électorale. S. C. Le Pen La première action de Jean-Marie Le Pen serait de commander un audit pour connaître la situation financière du pays. Place ensuite à l’introduction de la proportionnelle dans toutes les élections et à l’utilisation du référendum comme moyen de réforme. La première question posée aux Français viserait à durcir les conditions de naturalisation. La deuxième à limiter le poids des impôts. Le Pen entend aussi négocier avec les pays européens « pour retrouver notre souveraineté dans un certain nombre de domaines ». aux enfants, lors d’un déplacement à Nantes, où une jeune femme de 23 ans a été tuée la semaine dernière. Cette lutte sera décrétée « grande cause nationale ». « Un dispositif sera mis en place autour de cinq mesures concrètes, a expliqué la candidate. D’abord une action de prévention nationale avec des campagnes de prévention, ensuite la construction de prisons spécialisées, dans les- quelles les délinquants sexuels condamnés seront suivis. Troisièmement, il n’y aura plus une libération de délinquants sexuels si un comité d’experts ne garantit pas la non-violence et la non-dangerosité. » Quatrième point, « après la libération des délinquants sexuels, le bracelet électronique sera porté et il y aura un système de contrôle régulier ». Enfin, la candidate a insisté sur un « dispositif spécial pour les victimes, la gratuité des soins aux victimes et à leurs proches, aussi longtemps que nécessaire ». Grincements de dents au PS après l’appel à l’alliance avec l’UDF Lionel Jospin a critiqué l’idée d’une alliance. « L’ambiance au parti est tendue, très tendue. » La confidence est signée d’un responsable socialiste, au lendemain des appels de Michel Rocard, puis de Bernard Kouchner à une alliance entre le PS et l’UDF. Pour plusieurs socialistes, l’attaque est signée. « Rocard a agi en service commandé pour Dominique StraussKahn », affirme ce soutien de la candidate Ségolène Royal. DSK est soupçonné de favoriser un rapprochement UDF-PS qui le placerait au centre de ce nouvel échiquier. A-C. POUJOULAT / AFP TSCHAEN / SIPA le 6 mai 2007, de la social-démocratie à la française. » François Bayrou rêve de commencer son mandat en adressant ce faire-part aux Français. Concrètement, l’apparition de cette social-démocratie se manifesterait d’abord par la constitution d’un gouvernement d’une vingtaine de ministres issus de gauche, de droite et du centre. Corinne Lepage, Bernard Kouchner ou Pascal Lamy pourraient être nommés à Matignon. Membres possibles de leur équipe : des parlementaires UDF (Jean-Christophe Lagarde, Maurice Leroy, Jean Arthuis…) ; des ex-ministres UMP (François Goulard, Azouz Begag) ; des patrons et hauts fonctionnaires marqués à gauche (Denis Olivennes, Jean Peyrelevade). Se présenteront, dans la foulée, les législatives. Le leader de l’UDF ne doute pas que les Français éliront une majorité de candidats investis par ses soins. Restera à agir, et vite. Premier objectif, doper le pouvoir d’achat et lutter contre le Ségolène Royal a annoncé hier un plan en cinq points contre les violences sexuelles faites aux femmes et Hier, Lionel Jospin a critiqué l’idée d’une alliance. « Elle crée de la confusion, elle sert Bayrou qui n’a en rien rompu avec la droite », a-t-il déclaré S. C. à Cavaillon (Vaucluse). 8 présidentielle MARDI 17 AVRIL 2007 Baromètre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy perdent du terrain Comme un air de déjà-vu INTENTIONS DE VOTE AU 1ER TOUR S. Royal N. Sarkozy Au premier tour de l’élection présidentielle, si les candidats suivants se présentaient pour lequel voteriez-vous ? 23 % (- 1) F. Bayrou J.-M. Le Pen 27 % (- 1) 14 % (- 1) A. Laguiller O. Besancenot 19 % (+ 1) 2,5 % (+ 1) 5 % (+ 1) 21 avril alors que le candidat d’extrême droite, crédité de 12,5 % au cours de la dernière semaine, avait remporté 16,9 % des suffrages. « Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sont toutefois en meilleure position que Jacques Chirac et Lionel Jospin, tous deux en dessous de la barre des 20 % en 2002 », tempère François MiquetMarty. Autre différence notoire : le vote des catégories populaires – qui s’étaient tournées massivement dans les derniers jours vers Jean-Marie Le Pen – est davantage capté par Nicolas Sarkozy. Lequel ne se cache pas de chasser sur les terres de son rival d’extrême droite. Ainsi, seuls 20 % des ouvriers-employés disent vouloir voter pour le candidat du FN contre 23 % des ouvriers il y a cinq ans. Reste que l’incertitude est, elle aussi, plus forte. A moins d’une semaine du vote, 42 % des sondés ne sont pas sûrs de leurs choix, contre seulement 30 % il y a cinq ans. Tout est donc encore possible. Alexandre Sulzer Le scénario-surprise de 2002 va-t-il se répéter ? Dans la dernière ligne droite avant le premier tour de l’élection présidentielle, notre baromètre RMC- BFM TV-20 Minutes, réalisé par l’institut LH2, montre une érosion des deux principaux candidats, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Comme il y a cinq ans, leurs courbes accusent un fléchissement progressif au cours des dernières semaines de la campagne. A 27 % des intentions de vote, le premier baisse d’un point par rapport à la semaine dernière et atteint son taux historique le plus faible. Même situation pour la candidate socialiste qui, à 23 %, n’avait jamais pointé aussi bas. Jean-Marie Le Pen, lui, se stabilise à 14 %, après avoir atteint un maximum de 15 % la semaine dernière. « Le phénomène d’usure, de lassitude et l’égalité des temps de parole expliquent cette baisse naturelle des candidats UMP et PS », estime François Miquet-Marty, directeur des études politiques de LH2. Selon lui, l’appel de Michel Rocard demandant une alliance RoyalBayrou a joué contre son camp. « Il a montré en creux les faiblesses de la candidature Royal et a fait éclater au grand jour les divisions du PS. » Une érosion progressive déjà observée en 2002 et qui avait précédé un affaissement pour Lionel Jospin et un boom pour Jean-Marie Le Pen dans les derniers jours de la campagne. A 18 % d’intentions de vote les 17 et 18 avril 2002, le candidat PS n’avait finalement obtenu que 16,2 % le inconnue La grosse inconnue reste le choix des électeurs bayrouistes. Seuls 34 % des sondés qui ont l’intention de voter pour le candidat centriste au premier tour se disent sûrs de leurs choix. Un taux très faible qui permet à Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy d’espérer récupérer des voix en plus. Est-ce que, en vue de ce second tour de l’élection présidentielle... D. Voynet M.-G. Buffet PROPORTION DES INDÉCIS EN VUE DU SECOND TOUR BASE : INSCRITS CERTAINS D’ALLER VOTER EN % AU 2ND TOUR J. Bové F. Nihous IDÉ 2 % (=) 2,5 % (=) 1,5 % (+ 0,5) 1,5 % (- 0,5) PROPORTION DES INDÉCIS EN VUE DU PREMIER TOUR Est-ce que, en vue de ce premier tour de l’élection présidentielle... 1,5 % (=) G. Schivardi P. de Villiers BASE : INSCRITS CERTAINS D’ALLER VOTER EN % AU 1ER TOUR 0,5 % (=) Vous avez fait définitivement votre choix pour ce(tte) candidat(e) 57 (+ 4) Vous avez une préférence marquée pour pour ce(tte) candidat(e), mais vous pouvez encore changer d’avis 21 (- 6) Vous hésitez encore à fixer votre choix entre ce(tte) candidat(e) et les autres 21 (+ 1) Ne se prononce pas 1 (+ 1) (Total exprimé : 100) Sondage réalisé par l’institut LH2 pour RMC, BFM TV et 20 Minutes du vendredi 13 au dimanche 15 avril par téléphone. Echantillon de 1009 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. TOTAL 100 Vous avez fait définitivement votre choix pour ce(tte) candidat(e) 77 (+ 4) Vous avez une préférence marquée pour pour ce(tte) candidat(e), mais vous pouvez encore changer d’avis 13 (- 1) Vous hésitez encore à fixer votre choix entre ce(tte) candidat(e) et l’autre candidat(e) 9 (- 3) Ne se prononce pas 1 (=) TOTAL 100 INTENTIONS DE VOTE AU 2ND TOUR Au 2nd tour de l’élection présidentielle, si les candidats suivants se présentaient, pour lequel voteriez-vous ? BASE : INSCRITS CERTAINS D’ALLER VOTER EN % AU 2ND TOUR Ségolène Royal Nicolas Sarkozy 49 % (+ 1) 51 % (- 1) Contre le chômage, la musique très classique des candidats 20 Minutes s’est penché sur les propositions des principaux candidats à la présidentielle pour réduire le chômage. Des stratégies assez différentes, mais conventionnelles. P.4-5 www.20minutes.fr N° 1177 MERCREDI 18 AVRIL 2007 Des étudiants se recueillent sur le campus de Virginia Tech. paris grand paris Le bondé blog à bord du RER Depuis le début de l’année, Alexandre Botteri filme et commente la saturation du réseau francilien. Portrait. P.3 économie J-P. MULLER / AFP La Poste roule pour l’électricité Le groupe va lancer un appel d’offres cette semaine. Il pourrait s’équiper à terme de 10 000 voitures électriques. P.13 Un deuil et des questions football météo J. PACHOUD / AFP Le club de CFA a été sorti en demi-finale de la Coupe de France par Sochaux (2-0). P.17 9°C le matin 18°C l’après-midi (publicité) MATTHEW CAVANAUGH / EPA / SIPA Montceau fait grise mine Sous le choc de la double fusillade qui a fait 33 morts sur le campus de Virginia Tech, l’Amérique s’interroge sur le délai du déclenchement de l’alerte et sur les motivations du tueur, un Coréen de 23 ans. P.11 grand paris MERCREDI 18 AVRIL 2007 Royal et la région pas raccord sur le troisième aéroport (lire 20 Minutes d’hier) a semé le trouble au conseil régional d’Ile-deFrance. Il y a deux mois, le président socialiste de la région refusait de l’inscrire dans le schéma directeur d’Ile-de-France (Sdrif). Embarrassant. Jean-Paul Huchon a fini par publier hier un subtil communiqué dans lequel il explique que « le Sdrif n’a pas vocation à statuer sur un troisième aéro- port, ce qui relève de l’Etat ». En revanche, les Verts ne se sont pas fait prier pour monter au créneau. « C’est une vision qui privilégie le transport aérien alors que l’urgence est à la recherche de solutions alternatives. Elle n’est pas cohérente avec le pacte écologique de Nicolas Hulot », s’étonne Alain Amedro, élu régional Vert. Qui s’interroge : « Où Mme Royal mettrait-elle cet aéroport ? Personne M. B. n’en voudra ! » La grève à Austerlitz s’étend La grève s’étend chez Trans Service International (TSI). Les employés char- gés du nettoyage de la gare d’Austerlitz ont rejoint, hier matin, les cent cinquante agents préparant les trains de nuit, en grève depuis vingthuit jours. Ils réclament le paiement des primes promises et le passage des temps partiels en CDI à temps plein. Il y a trois semaines, le TGI de Paris a ordonné aux grévistes présents sur leur lieu de travail d’évacuer l’endroit. Les salariés ont fait appel, ont reconduit leur mouvement et refusent de signer un protocole d’accord avec la direction. Ils demandent une garantie de non-sanction envers le personnel gréviste. Suicide d’un gendarme Ambiance morose dans les casernes de la garde républicaine à Paris. Le 5 avril, le corps de Stéphane Raffy, gendarme de 22 ans a été retrouvé dans son logement de fonction de la caserne Nouvelle France,rueduFaubourg Poissonnière (10e). Il s’est tiré une balle dans la tête au retour d’un service de garde dans les palais nationaux. Quelques mois plus tôt, un premier signe avait donnél’alerte.Retrouvé ivre un soir, le gendarme s’était vu supprimer son autorisation de port d’arme et avait été affecté dans un mess d’officiers. « Raffy s’était plaint des conditions de travail à sa hiérarchie », explique un camarade. Avec l’autorisation des médecins, il venait de reprendre le service de garde des palais nationaux et son aptitude au port d’armes. « Un peu trop vite », estiment ses collègues. S. C. Blog Alexandre Botteri filme et met en ligne ses trajets en RER PHOTOS : S. ORTOLA / 20 MINUTES L’annonce de Ségolène Royal de son soutien à un projet de troisième aéroport francilien 3 Ses vidéos sont visibles sur Internet depuis le 25 janvier sur fuckingparis Le train-train quotidien Sébastien, l’un de ses collègues Je trouve intéressant d’offrir une tribune libre pour partager nos expériences. J’ai déjà écrit un article sur le site. Je prends le RER A et le RER B chaque matin depuis un an. J’avais entendu dire que l’on était serré comme des sardines, mais je ne pensais pas à ce point. L’été, j’arrive en sueur au travail. Sympa ! Sarah utilise trois trains chaque matin L’idée est incongrue, mais ça montre bien notre quotidien. C’est d’une violence extrême, les gens tombent dans les pommes, il y a des pousseurs pour nous faire entrer dans les wagons. C’est un message politique : on manque cruellement de place dans les transports. L a première fois, c’est exotique, vous prenez ça comme un jeu. Mais quand ça devient quotidien, vous perdez le sourire. » Alexandre, 23 ans, a grandi à Soisy-sous-Montmorency (Vald’Oise) et tient depuis le 25 janvier le blog Fuckingparis, où il poste ses films réalisés aux heures de pointe dans les transports en commun franciliens, naviguant entre les lignes A et B du RER. Bousculades, pousseurs sur les quais, « slalom géant » dans la salle d’échanges de Châtelet, ses clips réalisés chaque matin avec un appareil photo témoignent de l’état de congestion avancée du « réseau express ». Il a eu le déclic en novembre 2006, quand il a décroché son premier job dans une multinationale informatique de la Défense. « Je revenais de deux ans d’études à l’étranger, je n’avais jamais eu à emprunter les transports parisiens, sauf pour les sorties. » Il prend ses premiers films pour les montrer à ses proches, « car j’étais halluciné par ce que je voyais, et je voulais savoir si j’étais trop précieux, si j’avais perdu pied avec la réalité, ou si « cette situation était folle ». Il va plus loin et monte son blog. Les réactions ne se font pas attendre, et des internautes demandent à participer. Certains lui envoient des slams, d’autres des poèmes ou des articles. Puis Alexandre déménage à Paris, et découvre le métro, moins bondé, plus fiable. « Ce qui est incroyable, c’est que je paye ma Carte orange deux fois moins cher, pour un service plus rapide et plus confortable », relève-t-il. Surtout, il pense à ceux qui sont restés en banlieue. « Moi, je savais que j’aurais les moyens financiers de sortir de cette galère, je suis un fils à papa diplômé. Mais comment ceux qui sont contraints d’y rester le viventils ? Je voudrais aujourd’hui que ce soit eux qui témoignent, leur passer la main. » S’il trouve quelqu’un pour reprendre son blog, il envisage de se lancer dans un combat « plus bobo, puisque j’en suis un maintenant ». Et d’ajouter dans un sourire : « Quand vous habitez Paris, vous oubliez tout ça, et vous vous battez pour l’écologie, non ? » Magali Gruet http://fuckingparis.blogspot.com/ 4 présidentielle MERCREDI 18 AVRIL 2007 [email protected] Travail Aucun candidat ne présente un programme de rupture. La droite veut favoriser les Leur mode d’emploi contre le chômage La Cnil dans la campagne Alex Türk, président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) s’inquiète d’un « endormissement » de l’opinion en matière de libertés et attend des candidats à l’élection qu’ils tiennent leur engagement d’augmenter les moyens de la Cnil, dans une interview publiée aujourd’hui par Le Monde. Ils ne sont pas tous d’accord sur le chômage, contrairement aux apparences. Les candidats à l’élection présidentielle, du moins ceux qui risquent de passer au second tour, souhaitent tous baisser les charges, encourager les heures supplémentaires, mieux accompagner les chômeurs ou encore booster la recherche et la formation. Mais sous le consensus, de vraies lignes de fracture existent. Temps de travail L’incitation aux heures supplémentaires constitue la mesure phare des candidats Nicolas Sarkozy (UMP) et François Bayrou (UDF) pour soutenir la croissance – et donc également l’emploi. Pour défendre le pouvoir d’achat, la socialiste Ségolène Royal préconise la hausse des aides au logement et du smic. Mais modérée. D’ici à 2012, les revalorisations doivent de toute façon le porter à 1 460 €. Droit du travail Les contrats uniques de l’UMP et l’UDF ressemblent plus au contrat nouvelles embauches – mais ils restent volontairement flous –, celui du PS au CDI. Seule certitude, la droite pense qu’il faut faciliter le licenciement pour doper l’emploi, pas le PS. La dépense publique Soucieux d’équilibre budgétaire, ni Ségolène Royal ni Nicolas Sarkozy ne veulent y sacri- fier la relance de l’économie. Contrairement à François Bayrou, qui veut à tout prix serrer la vis. Fiscalité Sarkozy a promis de baisser massivement les charges et les impôts. Le Front national propose des mesures similaires. Pour Royal, la seule réforme des taxes qui compte est celle de l’équité tandis que Bayrou ne jure que par la tenue du budget. Angeline Benoit avec le service France Le FN, un vrai parti ultralibéral Les propositions phares des programmes Des universitaires roulent pour Royal… Pour séduire l’électorat modeste, le Front national a déployé une panoplie aussi démagogique que subtile. Promettant des Quatorze présidents d’université ont apporté hier leur « soutien » à Ségolène Royal pour la présidentielle, qui selon eux est « la seule capable d’incarner l’espoir d’un changement de cap nécessaire » pour l’enseignement supérieur et « capable de garantir un service public de qualité ». … et Camdessus pour Bayrou IDÉ L’ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Michel Camdessus a apporté hier son soutien à François Bayrou dans un texte transmis à l’Agence française de presse par le QG de campagne du candidat UDF. baisses de charges pour augmenter les salaires mais sans prévoir de financements alternatifs et en occultant le caractère ultralibéral de son projet. Apprentis, bas salaires, seniors : le parti d’extrême droite est le seul à prévoir du sur-mesure en faveur de tous les laissés pour compte de la croissance, de la mondialisation et plus généralement, de ceux qui travaillent mais ont du mal à joindre les deux bouts. Le FN propose une baisse des charges sociales payées par le salarié, une option alléchante pour les 17 % de smicards. Mais aussi pour les millions de chômeurs et de travailleurs précaires qui peinent à ouvrir des droits aux indemnités chômage et aux aides sociales. Les mêmes risquent de ne pas voir la violente potion libérale de quasi-suppression des aides sociales et de remise en cause du droit du travail. Car le FN est plus occupé à désigner les étrangerscommeresponsables du chômage qu’à reconnaître qu’il est allé chercher son projet économique outreAtlantique. A. B. MERCREDI 18 AVRIL 2007 présidentielle 5 entreprises, la gauche défend le pouvoir d’achat La sécurité sociale professionnelle, belle idée non financée A part le Front national, tous les présidentiables chantent les louanges de la sécurité sociale professionnelle. Sous ce jar- F. DURAND / SIPA gon issu de la boîte à idées syndicale se cache une notion simple, celle de garantir au chômeur de retrouver du travail dans de bonnes conditions. Une sorte de Sécu de l’assurance-chômage, qui viendrait pallier les insuffisances de l’actuel tandem ANPE-Assedic. Mais derrière les grands principes, les pratiques diffèrent. En restreignant le dispositif aux licenciements économiques (25 % du total), Nicolas Sarkozy met sur la table une proposition qui ressemble fort à deux dispositifs qui existent déjà : la convention de reclassement personnalisée et le contrat de transition professionnelle. Ségolène Royal, elle, promet 90 % du dernier salaire net et un contrat de formation à « toute personne privée d’emploi », ce qui ne semble guère réa- Peillon radié des listes électorales La sécurité sociale professionnelle viendrait pallier les insuffisances de l’ANPE et des Assedic. liste. Quant à François Bayrou, il n’a pas défini sa « flexi-sécurité », que les partenaires sociaux devront négocier. Et si les candidats n’ont de cesse de se référer aux modèles nordiques, aucun n’attaque de front les deux contreparties d’un tel système : un dialogue social poussé (ce n’est pas franchement la tradition en France) et un solide financement. Le Danemark, la Suède et les Pays-Bas ont payé très cher pour sécuriser la flexibilité. Et reviennent d’ailleurs largement dessus aujourd’hui, une remise en cause qui semble avoir échappé aux candidats. coût Selon l’Institut de l’entreprise, le dispositif prévu par le PS coûterait trois milliards par an pour les seuls chômeurs indemnisés, qui représentent à peine la moitié de l’ensemble des demandeurs d’emploi. A. B., avec B. B. et D. C. Les résultats peu probants « Des mesures très classiques » des allégements de charges Eric Heyer Economiste à l’OFCE. ments de charges sociales atteignent 20 milliards d’euros par an. « A l’origine ciblées sur les bas salaires, elles s’appliquent désormais jusqu’à 1,6 smic, soit deux salariés sur trois », expliquait récemment à20MinutesYannickL’Horty, auteurdesNouvellesPolitiques de l’emploi (La Découverte). Pour le smic, les cotisations ne sont plus que de 12 % du salaire brut (au lieu de 40 %). L’efficacité de cette politique a été mise en doute à plusieurs reprises, notamment par un rapport de la Cour des comptes, qui s’est inquiétée du manque à gagner pour la Sécu. Et si les présidentiables semblent désormais enclins à demander des contreparties aux entreprises, par exemple sur les salaires, ils n’ont encore proposé aucun système crédible pour le faire, selon les spécialistes. A. B. contrats aidés Les subventions versées pour certains emplois, 5,6 milliards en 2005, sont-elles efficaces ? La dernière d’une longue série de demandes d’évaluation remonte au 13 avril. La commission des Finances du Sénat a plaidé pour un suivi informatique des bénéficiaires et une simplification des dispositifs. Les mesures proposées vous semblent-elles efficaces ? Ce qui est inquiétant, c’est que les candidats ne disent pas comment ils vont relancer la croissance. Ce manque de volontarisme ne permet pas d’envisager avec certitude une baisse du chômage. Que manque-t-il ? Il faudrait cibler les catégories les plus frappées : les moins de 25 ans et les seniors. Aucun n’en fait réellement sa priorité, même si Royal s’en approche. Voyez-vous un programme de rupture, parmi les propositions ? Pas du tout, ce sont des mesures très classiques. La droite comme la gauche baissent les charges depuis 1993. Idem pour les emplois aidés. ABRAHAM / NECO / SIPA Pratiquées avec assiduité par les gouvernements de tous bords depuis 1993, les allége- Peut-on parler d’un revirement libéral ? Certaines mesures sont libérales, d’autres pas. Les programmes manquent de lisibilité et de crédibilité. Royal et Sarkozy mettent l’accent sur l’innovation et l’éducation, mais proposent une profusion de mesures contradictoires. Quant à Bayrou, il se prive de moyens d’actions en voulant à tout prix réduire la dette. Recueilli par A. B. Le porte-parole de Ségolène Royal, Vincent Peillon, a été radié hier des listes électorales de la commune de Chepy (Somme) par le tribunal d’instance d’Amiens, qui a estimé que ce dernier n’y résidait pas de façon effective et continue. Le député européen a annoncé qu’il allait saisir aujourd’hui le tribunal de grande instance de Paris, où réside sa famille, pour obtenir son inscription sur les listes électorales de la capitale. Non à l’EPR, mais oui à Royal Dominique Voynet, candidate des Verts, a précisé hier que son opposition ferme à l’EPR ne remettait pas en cause son soutien à Ségolène Royal au second tour, même si la candidate du Parti socialiste ne parle que d’un moratoire. «Sarkozy blanchit les idées du FN» Dans un entretien à L’Humanité, hier, Marie-George Buffet, la candidate communiste, a accusé Nicolas Sarkozy d’avoir « pris l’énorme responsabilité de blanchir les idées d’extrême droite ». 6 présidentielle MERCREDI 18 AVRIL 2007 Le Pen interpelle les chômeurs Le Pen a appelé hier, près de Lens, « les chômeurs et les travailleurs pauvres » à ne pas « se laisser endormir » par les « européistes ou les internationalistes ». Bové coincé dans le TGV José Bové a été contraint d’annuler hier une visite dans un quartier populaire près de Lyon car il était coincé dans un TGV, retardé par une fausse alerte au colis suspect. Cent quatre-vingt-quatorze mille six cents voix. C’était l’écart en 2002 entre Jean- Marie Le Pen et Lionel Jospin au premier tour de l’élection présidentielle. Sur les 44,5 millions d’électeurs appelés aux urnes, plus d’un million et demi utiliseront une machine à voter électronique. « Et personne ne réalise le danger, s’inquiète l’informaticien Pierre Muller. En cas de dysfonctionnements ou de pannes de ces machines, et si les écarts sont très serrés, le candidat qualifié pourrait rencontrer un problème de légitimité. » Dimanche, Pierre Muller conseille aux électeurs de déposer une protestation au procès-verbal du bureau de vote s’ils constatent une quelconque anomalie. Elles seront traitées puis transmises au Conseil constitutionnel. Contactés hier, les ser- vices du Conseil constitutionnel expliquent que, s’ils « n’ont pas la possibilité d’annuler les élections, ils peuvent rectifier les résultats. Voire invalider », en dernier recours, « les suffrages des bureaux de vote où un problème aura effectivement été constaté. Cela arrive à chaque élection, mais ça ne concerne que quelques milliers de voix et cela n’a jamais eu d’incidence sur les résultats, car les rectifications ont toujours été inférieures à l’écart de voix entre les candidats. » Cependant, cette fois-ci, jamais les électeurs n’utiliseront autant d’ordinateurs de vote. Hier, d’autres opposants ont déposé six référés au tribunal administratif de Versailles pour demander l’interdiction de ces machines. Un avis devrait être rendu dans les 24 heures. Olivier Marino La saison du parachutisme est ouverte Sauve qui peut. Les parachutages de l’Elysée et de Matignon pleuvent avant l’élection. Après Jean-Louis Debré, nommé président du Conseil constitutionnel, et Dominique Baudis, « transféré » du CSA à l’Institut du monde arabe, Annie Lhéritier, chef du cabinet de Chirac, a été nommée à la tête de l’Office national des forêts et Augustin de Romanet, ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée, directeur général de la Caisse des dépôts. La liste est longue. Un des derniers en date, Alain Seban, conseiller à l’Elysée, a été « catapulté » à la présidence du Centre Georges-Pompidou. Ce copinage à la française est dénoncé par la gauche, qui a demandé à « surseoir à ces nominations très politiques ». Nominations qu’en son temps la gauche a largement pratiquées. O. M. D. FAGET / AFP Ils s’échinent contre le vote à la machine A Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), une des communes équipées de machines à voter électroniques. Chaque jour : un candidat, une question La question Sur l’élargissement à la Turquie, vous avez déclaré que votre opinion serait celle des Français : à 58 %, ceux qui se sont exprimés dans le Manifeste sont contre cette intégration. Allezvous vous aligner sur cette majorité ? La réponse de Ségolène Royal Les négociations, ouvertes officiellement avec Ankara, vont se poursuivre. Il est prévu que la demande d’intégration de la Turquie soit soumise au référendum. Aujourd’hui, la Turquie ne remplit pas les condi- tions. C’est au moment où elle les remplira que la question pourra être posée de façon pertinente. Bien sûr, c’est le peuple français qui tranchera, mais je ferai connaître ma position à ce moment-là. Nous n’en sommes pas là. Je pense que ce serait une erreur de rejeter la Turquie parce que c’est la Turquie, car nous avons intérêt à arrimer aux valeurs de l’Europe le plus grand nombre possible de pays. Mais pour l’instant, il faut une pause dans l’élargissement pour que l’Europe fonctionne mieux. Les Asiatiques, des voix à prendre Environ trois cents Français d’origine asiatique se sont réunis hier au Sénat pour écouter Yves Jégo (UMP), Manuel Valls (PS), Aziz Senni (UDF) et Jean-Vincent Placé (Verts) exposer les programmes de leur candidat respectif. « L’heure de notre engagement visible, audi- ble, actif et constructif est venue », a déclaré Laurent Kim, du Cifoa (Club d’initiative des Français d’origine asiatique), qui évalue l’électorat franco-asiatique à 400 000 personnes. Le Cifoa ne soutient officiellement aucun candidat. 8 présidentielle MERCREDI 18 AVRIL 2007 Verts Les thématiques écologistes n’ont jamais été aussi présentes, mais la candidate patine Environnement défavorable pour Voynet Sarkozy en remet une couche sur Bayrou et Royal Comme les autres partis à la gauche du Parti socialiste, les Verts pâtissent fortement du réflexe du vote utile. Mais ce n’est Le candidat UMP, Nicolas Sarkozy, a affirmé hier que Ségolène Royal et François Bayrou « étaient les dignes héritiers de la IVe République ». pas tout. Le début de la campagne n’a pas été favorable à la candidate écologiste. Le retrait de Nicolas Hulot a certes été un soulagement, mais la signature de son pacte par les principaux candidats a rendu Dominique Voynet moins audible. Puis, l’entrée en course de José Bové, soutenu par certains Verts, a accru la confusion. Créditée de 2 % dans les derniers sondages, Voynet souffre aussi d’un soutien modéré des Dominique Strauss-Kahn (PS) a dit hier, à propos de l’appel à l’union PS-UDF, que « Michel Rocard et Bernard Kouchner pensaient trop vite ». La richesse selon Besancenot Olivier Besancenot, candidat de la LCR, a affirmé hier, avant de participer à un meeting à Caen, « qu’il y a des richesses en France, mais que la redistribution est complètement inégalitaire ». Universités : l’UMP relativise les soutiens à Royal Laurent Wauquiez, député UMP de Haute-Loire, a relativisé hier le soutien apporté par des présidents d’université à Ségolène Royal, soulignant que « sur plus de 80 universités, seuls six présidents en fonction » ont décidé de s’engager pour la candidate socialiste. ches politiques de Sciences-Po. « On savait qu’on ne referait pas les 5 % de 2002, mais on espère encore atteindre les 3 % », avance Yves Contassot, adjoint en charge de l’Environnement à la Ville de Paris. Si Dominique Voynet était en dessous de 3,3 % – son score en 1995 – ce serait un échec, selon certains Verts. Un score bien éloigné des 10 % et plus qu’ils réalisent à bien des élections locales. Et qui les handicapera, au soir du premier tour, lors de la reprise éventuelle des négociations avec le Parti socialiste. Sophie Caillat « On ne fera pas d’écologie sans les écologistes » Pour l’écologie, je ne sais pas. Quant aux Verts, ils ont été sévèrement bousculés. Et conduits à se remettre en cause. Nous n’avons pas été seulement des lanceurs d’alerte, nous proposons des solutions. Pour moi, les choses sont simples. Si je fais 1 %, on aura l’EPR, les OGM, des autoroutes, des incinérateurs. Si je fais 3 à 4 %, on pourra discuter. Si je fais mieux, on pourra réorienter sur le fond un certain nombre de politiques. On ne fera pas d’écologie sans les écologistes. Dominique Voynet Candidate des Verts. Si vous êtes élue, quelles seront vos premières mesures ? Je veux mettre un terme aux décisions irresponsables et inutiles : suspendre l’autorisation de construction du réacteur EPR, arrêter les semis d’OGM et les constructions d’autoroutes ou d’incinérateurs, étendre les 35 heures à toutes les entreprises, revenir sur les baisses d’impôts qui, depuis 2000, n’ont bénéficié qu’aux contribuables les plus aisés. Quelles seront vos grandes réformes structurelles ? J’ai quatre priorités. La première, c’est de répondre au défi écologique. Dans les années qui viennent, il faudra se préparer à vivre dans un monde dans lequel le climat aura changé de façon radicale, avec l’obligation de repenser toutes les activités humaines, qu’il s’agisse de se loger, de se nourrir, de se déplacer… Il faut aussi réduire notre dépendance au pétrole, qui vaudra peut-être aussi cher que le champagne, et le réserver à des usages nobles. La deuxième priorité, c’est de relancer l’Union européenne pour qu’elle puisse jouer son rôle dans la maîtrise de la mondialisation. La troisième concerne les questions sociales. Il y a trop de travailleurs C. MARTIGNY / TEMPS MACHINE / 20 Rocard et Kouchner pensent trop vite ténors du parti, que ce soit le député Yves Cochet, candidat malheureux à l’investiture, ou Noël Mamère, qui avait mené le parti lors de la présidentielle de 2002. Et Daniel Cohn-Bendit a lancé un pavé dans la mare en appelant à une alliance avec Bayrou. « Voynet fait une campagne assez dure, semble toujours en rogne, et puis elle doit assumer d’avoir été ministre du gouvernement Jospin, certains écologistes lui reprochant de ne pas en avoir démissionné avec éclat », analyse Daniel Boy, chercheur au Cevipof, le centre de recher- Que faudrait-il pour que vous rejoigniez Royal au second tour ? « Si je fais 1 %, on aura l’EPR, les OGM, des autoroutes, des incinérateurs. Si je fais 3 à 4 %, on pourra discuter.» pauvres, et trop de précarité : je veux pénaliser les entreprises qui imposent des temps partiels non choisis, revaloriser les minima sociaux, et développer l’économie solidaire. Dernier chantier : la démocratie. Je suis pour une VIe République qui redonne tout son rôle au Parlement en interdisant le cumul des mandats, en mettant en place la proportionnelle, en remplaçant le Sénat par une chambre des régions et en rendant inéligibles les élus condamnés pour fraude ou corruption. L’irruption de Hulot dans la campagne est-elle bénéfique ? Il y a deux choses différentes. La mobilisation pour éviter l’élection d’un candidat brutal et injuste – je pense à Nicolas Sarkozy. Les Verts sont clairs sur cette question ; je note que ce n’est pas toujours le cas à la gauche de la gauche. Et puis il y a la question de la participation à une majorité gouvernementale. Cela suppose d’être d’accord sur des priorités à conduire ensemble. Nous ne serons pas dans une majorité où Ségolène Royal promettrait à la fois plus de nucléaire à Chevènement et moins de nucléaire aux Verts. Il faudra un positionnement clair. Recueilli par David Carzon Sur www.20minutes.fr Retrouvez l’interview en intégralité MERCREDI 18 AVRIL 2007 Retrouvez le blog de la présidentielle sur 20minutes.fr présidentielle 9 François Bayrou prêche sa révolution à Lille François Bayrou croit en « l’énergie » des meetings de fin de campagne. A Lille, hier. P. HUGUEN / AFP Devant cinq mille Nordistes hier à Lille, le candidat UDF, a promis d’aller « jusqu’à samedi minuit » à la rencontre des « indécis ». « Ce ne sont d’ailleurs pas des indécis, mais des citoyens qui réfléchissent. » Et pour les faire réfléchir, François Bayrou leur a promis sa « révolution ». Ainsi, sa promesse de demander l’avis des Français par référendum sur une future réforme des retraites révèle, selon lui, son désir de « prendre au sérieux la souveraineté du peuple ». Une souveraineté dont il a lui-même fait l’expérience en s’attirant des sifflets hier soir à l’évo- cation de l’allongement à 68 ans de l’âge de la retraite décidé en Allemagne. « Nous n’échapperons pas à une réflexion pour que plus de Français travaillent », a dû insister le candidat centriste. De même sur le sujet européen, pas question « de faire voter à la va-vite un nouveau traité. L’Europe, ce n’est pas une affaire pour les diplomates ou les Nicolas Sarkozy se voit au second tour de l’élection présidentielle Une question d’image. Celle de la France mais aussi la sienne. « Je sens qu’on peut changer le pays mais j’ai besoin de vous (…) On a trois semaines pour donner une autre image de la France », s’est exclamé hier Nicolas Sarkozy devant les ouvriers d’une entreprise de chauffage de Faulquemont (Moselle). A cinq jours du premier tour, le candidat UMP – en pole position dans les sondages sauf un de CSA qui l’a mis à égalité avec Ségolène Royal – a ainsi laissé apparaître sa conviction d’être l’un des deux fi- nalistes le 6 mai. Il a animé en soirée une réunion publique à Metz, qui a rassemblé plus de 7 000 personnes, selon l’UMP. « En France, les salaires ne sont pas assez hauts, la croissance pas assez forte, a-t-il déclaré. Je veux être le président qui remettra le pouvoir d’achat et les salaires au cœur des discussions politiques. » Toutefois, il a précisé ne pas être « un stakhanoviste du travail », assurant qu’il voulait laisser la liberté de choisir pour les salariés entre les 35 heures et la possibilité de faire des heures supplémentaires. Royal assignée pour droit à l’image Ségolène Royal assignée devant un tribunal. Un cadre commercial a assigné lundi la candidate socialiste devant le TGI de Paris pour violation du respect de sa vie privée en raison de l’utilisation lors de réunions publiques d’une photo sur laquelle il apparaît. Rabah Chalbi, 42 ans, a lancé une procédure en réparation mais « il n’est pas question que cela vienne avant le deuxième tour », a souligné son avocat. La photo incriminée n’est plus utilisée par Ségolène Royal depuis le lancement de la procédure. juristes, c’est une affaire de chaque famille de Français. » Mais l’admirateur de Robert Schuman a trouvé une audience plus enthousiaste en évoquant une politique d’immigration tournée vers le développement des pays pauvres, et surtout sa future « loi de moralisation de la vie économique » pour que salariés et petits actionnaires soient consultés en cas de délocalisation. « Depuis une semaine, a conclu le candidat, on sait que nous avons les moyens de ce changement. Des hommes d’envergure comme Bernard Kouchner, Michel Rocard et Claude Allègre ont déclaré qu’ils étaient prêts à nous suivre. » A Lille, Olivier Aballain parcours Plus d’une heure pour faire cinq cents mètres en ville. Le parcours du candidat de l’UDF à son arrivée à Lille n’avait plus rien à voir avec la timide promenade menée dans la ville quatre mois plus tôt. Cette fois, un cordon ininterrompu de curieux et de soutiens lillois s’est pressé autour du candidat centriste. « Regardez comme je suis bien accueilli dans les milieux populaires », s’est gargarisé François Bayrou, une fois sorti de la mêlée. Meurtre de Sophie : soupçons renforcés contre le suspect n°1 De l’ADN appartenant à la jeune femme assassinée a été retrouvé sur le blouson de Ramiz Iseni. Hier, plus d’un millier de personnes ont assisté à ses obsèques. P.4 www.20minutes.fr N° 1178 JEUDI 19 AVRIL 2007 paris grand paris Mésothérapie en eau trouble La série d’infections liées à cette pratique pourrait être due à la présence d’une bactérie dans l’eau de rinçage des instruments. P.2 états-unis Un tueur dépressif coupé du monde AFP Le profil du tueur de Virginia Tech se précise. Ses troubles du comportement avaient déjà été signalés. P.9 tv-médias météo La chaîne a présenté hier au MIP TV de Cannes les téléfilms et séries bientôt à l’antenne. P.22 9°C le matin 21°C l’après-midi (publicité) CEDRIC MARTIGNY / TEMPS MACHINE / 20 MINUTES ROCHE/TF1/SIPA Séance de politique fictions pour TF1 «Ma liberté, c’est ma force» Train de vie de l’Etat, emploi des jeunes, rémunération des dirigeants… Ségolène Royal revient dans une interview à 20 Minutes sur les thèmes de sa fin de campagne. Et met Bayrou au défi de rallier son pacte présidentiel. P6-7 6 présidentielle JEUDI 19 AVRIL 2007 Campagne A quatre jours du premier tour, la candidate socialiste s’explique sur ses mesures phares « Sarkozy m’a repris beaucoup d’idées » Gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m’en charge. Fin de campagne difficile pour la candidate socialiste. A quatre jours du premier tour, Ségolène Royal doit colmater les brèches ouvertes dans son camp par Michel Rocard, Bernard Kouchner et Claude Allègre vers le centre. Pas question pour elle d’évoquer la moindre alliance avec l’UDF avant les résultats de dimanche. D’où l’appel au vote utile matraqué par la direction du PS et son premier secrétaire, François Hollande. « Après ce qui s’est produit le 21 avril 2002, je ne peux pas considérer que la Ségolène Royal Candidate socialiste à la présidentielle. Si vous êtes élue le 6 mai, quelles seront vos premières mesures ? Je lancerai un inventaire sur le train de vie de l’Etat et de l’Elysée, pour le réduire et en assurer la transparence. Savez-vous qu’aujourd’hui les parlementaires ou les journalistes qui ont voulu avoir accès aux comptes de l’Elysée n’ont pas pu ? Ce sera ma première mesure symbolique extrêmement forte. Le gouvernement sera-t-il concerné ? Oui, les ministres ne pourront plus faire prendre en charge leurs dépenses privées aux frais des ministères. Je ne veux plus de familles entières nourries, logées et blanchies aux frais des contribuables. S’ils habitent les ministères pour des contraintes professionnelles, ça peut se justifier. Mais si leurs familles sont avec eux, elles devront payer leurs frais personnels. Je ne veux plus de logements de fonction. J’ai le souci d’un Etat modeste qui donne l’exemple. Au-delà de cette mesure symbolique, quel est votre premier grand chantier ? Je veux réunir immédiatement une conférence pour relancer la croissance, l’emploi et revaloriser les bas présence [au second tour] de Ségolène Royal soit une certitude », a-t-il prévenu dimanche. Traduction : les électeurs socialistes tentés par un vote Bayrou ou par l’extrême gauche porteront la responsabilité de l’échec de la gauche. Sauf que Ségolène Royal, éternelle Poulidor des sondages depuis des mois, peine dans la montée. Jamais depuis janvier, comme lors des primaires internes au PS à l’automne dernier, elle n’a réellement cristallisé le débat autour d’elle et de ses thèmes. La campagne du premier tour s’est faite à droite, autour de l’identité nationale et de l’im- migration phagocytées par Sarkozy. Le social de Royal, lui, ne s’est pas imposé médiatiquement. Reste que la candidate socialiste est condamnée à être présente au second tour. Car en cas de non-qualification, les couteaux seraient de sortie rue de Solférino dès dimanche à 20 h 01. Le faible empressement des éléphants, type Jospin ou Fabius, à la soutenir durant la campagne, sera inversement proportionnel à leur désir de l’éjecter du PS si elle perd. Depuis quatre mois, Royal a choisi d’être seule dans la victoire. Elle le serait encore plus dans la défaite. B. B. salaires. Ce travail a été préparé. Cette campagne, je l’ai conçue comme une façon d’être prête le jour de l’élection. Il faut une loi ? Oui. D’abord pour rétablir la transparence sur la rémunération des hauts dirigeants des entreprises. Cette loi existait mais la droite, avec Nicolas Sarkozy, l’a supprimée. Ensuite, avec moi, les organisations syndicales seront membres des conseils d’administration, comme c’est le cas d’ailleurs partout en Europe, sauf en France. Elles pourront donc exercer leur contrôle sur ces rémunérations. Avec les contrats aidés, la lutte contre le chômage des jeunes semble être votre première priorité… C’est une des clés de la croissance. Quand une famille voit qu’un jeune diplômé est au chômage, cela décourage et touche toutes les générations. La France est le seul pays où les entreprises font aussi peu confiance aux jeunes. Pour les jeunes diplômés, je crée les contrats-tremplins. L’Etat prend en charge pendant six mois la rémunération et les cotisations sociales du jeune, mais en contrepartie, l’entreprise prend du temps pour insérer ce jeune. Le patronat vous semble-t-il réceptif ? Oui, une partie du patronat, que j’ai rencontrée. Ce sont des jeunes dirigeants prêts à entrer dans la logique du gagnant-gagnant. Quand François Bayrou promet deux emplois exonérés de charges pendant cinq ans, ce n’est pas normal. Qui en bénéficie ? Aussi bien les entreprises qui ont licencié que celles qui créent des emplois, celles qui augmentent les salaires et celles qui ne le font pas. Il faut du donnantdonnant, sinon on crée des effets d’aubaine. Intervenir sur les parachutes dorés est possible dans les entreprises où l’Etat est actionnaire, mais pas dans les autres… Si, au bout des six mois, une entreprise ne garde pas son emploi-tremplin ? Si elle ne le garde pas sans pouvoir le justifier, elle rembourse les six mois de salaire, et elle n’aura pas droit de prendre un autre jeune sous ce contrat. Et si elle embauche un autre salarié pour le même emploi, elle n’aura pas droit aux exonérations de charges. Que faire contre les délocalisations ? Je veux une règle implacable : les entreprises qui licencient ou délocalisent alors qu’elles font des bénéfices rembourseront toutes les aides publiques reçues. Les gens me connaissent, ils savent que je ne faiblirai pas. Je ne dépends d’aucun lobby, d’aucune puissance financière. Le gouvernement, lui, a donné son accord pour que Noël Forgeard quitte EADS avec plus de 8 millions d’euros (lire aussi p. 10). Nicolas Sarkozy était alors au gouvernement. Il est incroyable qu’il s’offusque aujourd’hui de « Il faut une loi pour rétablir la transparence sur la rémunération des hauts dirigeants. » ces parachutes dorés. Vous êtes donc pour interdire les parachutes dorés ? Evidemment ! Et surtout s’il a mis une entreprise en difficulté. Sauf si l’on vote une loi imposant une répartition plus équilibrée des stock-options au profit des salariés. C’est le cas en Suède. Et il faut aussi que la loi limite les écarts de rémunération dans les entreprises. Les pays scandinaves ont réduit de 15 % leur nombre de fonctionnaires. Vous en faites autant ? Non, ce n’est pas le modèle social français. Mais avec ma réforme de la régionalisation, je mettrai fin aux doublons, aux doubles emplois, aux superpositions de structures dont on souffre : la commune, la communauté de communes, le département, la région, l’Etat. Je veux répartir les responsabilités. Faudra-t-il supprimer JEUDI 19 AVRIL 2007 présidentielle des postes de fonctionnaires ? ma région [PoitouCharentes], ça marche. n’arrivez-vous pas à tenir votre propre parti ? Il ne s’agit pas de supprimer des emplois, mais de faire mieux travailler les fonctionnaires pour améliorer les services publics. Si les services publics fonctionnent bien, ils contribuent à la croissance. Quand Nicolas Sarkozy parle de supprimer un fonctionnaire sur deux, il leur dit : votre travail ne sert à rien. Il dresse les gens les uns contre les autres. Moi, je veux faire le contraire. La région Ile-de-France, dirigée par le Parti socialiste, a décidé de la gratuité des transports pour les RMistes. C’est une bonne mesure ? Je ne fais pas de la politique comme cela. Ce qui m’intéresse, ce sont les problèmes de la France, pas les petits arrangements particuliers. Ce n’est pas le bon critère à mon avis, car c’est un critère de statut et non pas de Vous ne pouvez pas faire taire les éléphants ? Je suis licencié le 1er janvier 2008, en quoi votre sécurité sociale professionnelle m’aide-t-elle à retrouver un emploi ? revenu. Un travailleur à temps partiel ou un étudiant, qui ne gagne pas plus qu’un RMiste, doit aussi avoir droit à la gratuité des transports. Il ne faut pas décourager le travail. Dans mon projet, je reprends le revenu de solidarité active inventé par le président d’Emmaüs [Martin Hirsch], qui incite un RMiste à retrouver du travail, en lui assurant de gagner 30 % de plus que ce qu’il avait en restant au RMI. Parce que vous ne serez pas licencié. Je m’explique : une entreprise perd un marché et doit adapter sa masse salariale. Au lieu de faire un plan social qui la déstabilise et traumatise les salariés, on donne aux salariés la sécurité sociale professionnelle. C’est le système danois ou suédois. Vous n’êtes pas licencié, vous gardez votre poste, votre salaire est payé par les pouvoirs publics pendant un an, mais vous êtes encouragé à préparer votre avenir, soit en suivant une formation ou une reconversion, soit en acceptant une autre affectation dans l’entreprise, soit en créant votre propre entreprise. On l’a expérimenté dans Ma seule préoccupation, « Je suis pragmatique. Je ne dépends d’aucune puissance financière, d’aucun courant du Parti socialiste, je n’ai personne à placer. » Nicolas Sarkozy le propose également… Je constate qu’il m’a repris beaucoup d’idées. Comme la valeur travail, ou maintenant le codéveloppement. Mais il les reprend en les déformant. Bernard Kouchner et Michel Rocard multiplient les appels du pied vers François Bayrou. Pourquoi au cours de cette campagne, a été de rendre la parole aux Français. C’est en femme libre que je me présente à leurs suffrages. Je suis pragmatique. Je ne dépends d’aucune puissance financière, d’aucun courant du parti, je n’ai personne à placer. Cette liberté-là, c’est ce qui fait ma force. C’est aussi pour cela que vous êtes sûre d’être présente au second tour ? Non, tant que les Français n’ont pas encore voté. Les instituts de sondage ne disent jamais qu’il y a 40 % de personnes indécises ou qui refusent de répondre. Ce qui donne une idée du peu de fiabilité de tous les sondages qui placent Nicolas Sarkozy en tête. Les électeurs doivent savoir que chaque fois qu’il y a eu un mauvais sondage pour moi, j’ai reçu des pro- positions des instituts pour réaliser une enquête complémentaire pour en savoir plus sur ma prétendue baisse. Je les ai bien sûr éconduits. Ces 40 % d’indécis peuvent être davantage séduits par la stratégie de François Bayrou… François Bayrou a été président de conseil général [des Pyrénées-Atlantiques]. On ne m’a pas cité une seule chose qu’il ait faite. Il a été ministre ? Il a mis un million de personnes dans la rue et il a ensuite arrêté de réformer. Qu’est-ce qui se passe dans les régions, les départements, les villes où il y a des élus UDF ? Jamais ils ne votent avec les socialistes. Même quand les mesures sont bonnes. Dans ma région, j’ai rendu les livres gratuits pour les lycéens, j’ai mis en place la sécurité sociale professionnelle, j’ai « Ce qui m’intéresse, ce sont les problèmes de la France, pas les petits arrangements. » fait baisser l’endettement, je n’ai pas augmenté les impôts. Est-ce que l’UDF a voté ce budget ? Non. Ils ont voté avec l’UMP. Si François Bayrou appelle à voter pour vous entre les deux tours, 7 vous lui tendez la main ? Ce n’est pas une question de personne. François Bayrou n’est pas propriétaire de ses électeurs. Le critère, ce sont ceux qui se rassemblent sur le pacte présidentiel que je propose aux Français. Ce ne sont pas des ralliements de personnes. Ça, c’est fini, c’était la IVe République. Et s’il y a un ralliement sur la base des projets ? Tous ceux qui se rallieront autour de mon projet pour la France feront partie de la majorité. Ça ne se fait pas par de petits arrangements de personnes dans le dos des électeurs avant le premier tour. Ceux qui se livrent à ce petit jeu le font pour m’affaiblir. Y aura-t-il une négociation entre vous et François Bayrou entre les deux tours ? S’il souhaite battre la droite au second tour, puisque c’est ce qu’il déclare aujourd’hui, il prendra ses responsabilités. On mesurera alors la sincérité de ses propos. Ou bien préférerat-il sauver ses circonscriptions électorales, puisqu’il a un électorat de droite, par un accord avec l’UMP ? Ça va dépendre de lui. Recueilli par Frédéric Filloux, Bastien Bonnefous et Stéphane Colineau Photos : C. Martigny / Temps Machine / 20 Minutes Sur www.20minutes.fr A lire : l’interview intégrale de Ségolène Royal 8 france JEUDI 19 AVRIL 2007 Speed Meeting pour Sarkozy Une fédération UMP de Paris organise ce soir six Speed Meeting de cinq minutes — à la manière des Speed dating — pour convaincre de voter Sarkozy (rens. : www.bougrab .typepad.fr). VGE vote UMP L’ancien président centriste Valéry Giscard d’Estaing annonce dans un entretien au Parisien publié ce matin qu’il votera dimanche pour Nicolas Sarkozy. Mauvais timing. La mairie d’Issy-les-Moulineaux (Hautsde-Seine) a fait remplacer lundi, à la dernière minute, une soixantaine de machines à voter « dernier cri ». Une publicité dont la ville aux bureaux de vote « 100 % électronique » se serait bien passée en pleine polémique sur le supposé manque de fiabilité de ces ordinateurs. Ces modèles « comportaient une option, un boîtier qui permet au président du bureau de lancer une séquence de vote sans qu’il ait besoin de se lever », a expliqué Denis Murthon, directeur commercial d’ES&S Europe, qui fabrique ces machines. Problème, celles-ci, testées depuis quelques jours, n’ont pas reçu à temps l’agrément du ministère de l’Intérieur. Leur utilisation, dimanche, aurait été illégale. ES&S a donc remplacé gratuitement « l’ensemble du parc français » par un ancien modèle agréé en 2005. Issy, Noisy-leSec, Saint-Malo, Meylan, Voreppe, Thyez, Ifs et Wissous sont concernés. Vendredi dernier, Isabelle Franchi, de la mairie d’Issy, avait déclaré que toutes les opérations seraient « extrêmement transparentes ». Pourtant, hier, la nouvelle du changement des machines est venue du fabricant américain. Contactée, la municipalité s’est fendue d’un simple communiqué arguant de l’agrément des machines. Entre-temps, la préfecture a rejeté la demande de moratoire formulée par des opposants municipaux et a assuré que ces machines à voter présentaient « toutes les garanties pour l’exercice du vote ». Olivier Marino D. FAGET / AFP Des machines à voter recalées François Bayrou fait salle comble à Bercy pour son plus gros meeting de campagne Environ 17 000 personnes ont afflué hier soir au Palais omnisports de Paris-Bercy pour la plus grande réunion publique de la campagne de François Bayrou. « C’était un pari un peu fou », commentait avec satisfaction un membre de l’équipe du candidat UDF, devant les rangées remplies de partisans en tee-shirts orange faisant la ola en attendant leur champion. « Mais on l’a réussi. » Les soutiens politiques de Bayrou – Azouz Begag, François Goulard, Corinne Lepage, Jean-Luc Romero – côtoyaient l’ex-ban- quier et ancien directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy Jean Peyrelevade, ainsi que des personnalités du spectacle et des sports, arrivées ou attendues, tels les cinéastes Marin Karmitz et Pascal Thomas, le chanteur béarnais Marcel Amont, les acteurs Vincent Lindon et Sara Forestier, l’ex-pilote de rallye Bernard Darniche et le judoka Djamel Bourras. A la sortie du métro, des militants du Mouvement des jeunes socialistes distribuaient force tracts sous forme d’une « lettre à un électeur hésitant ». Sarkozy fait donner sa garde centriste C’est ce qu’on appelle un recentrage. Accusé par ses adversaires de dérive droitière, Nicolas Sarkozy avait convoqué ses soutiens centristes Simone Veil, André Santini et Gilles de Robien à son meeting organisé hier soir devant 7 000 personnes à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). A la tribune, Gilles de Robien, le ministre de l’Education nationale, a ironisé : « Pourquoi je ne soutiens pas François Bayrou ? Parce que je ne suis pas de gauche. Le vrai candidat des centristes, c’est Nicolas Sarkozy. » revue de presse 13 « SPÉCIAL OCÉANS » De l’air ? De l’eau ! De la bonne et de la bleue. Pour le printemps, National Geographic s’immerge dans un « spécial Océans ». Avec des photos du fond des mers, des pêches gaspilleuses et miraculeuses, des débats d’idées (« On me dit que les thons rouges sont les plus magnifiques nageurs des océans, mais pour moi, rien n’égale la beauté des saumons »). Les requins, eux, « ont un problème d’image », toutes déclinaisons confondues, du requin-citron au requin-bouledogue. « HORS-SÉRIE » Vous ne savez plus à quel DD vous vouer ? Le hors-série Best of Développement Durable d’Ekwo devrait vous proposer des solutions écologiques, recommandées par les plus grandes marques de lavevaisselle, pardon, de sauveurs de la planète. Sont donc Dédés et approuvés : l’abeille de ville, le building « cornichon bio », les fauteuils en herbes séchées, le slip en bambou, et la chaîne de télévision Gaïa Networks. « Nouvelle Star» 13 Ce n’est pas parce qu’on est footballeur qu’on vote avec ses pieds. Selon le sondage de So Foot, Ségolène est en tête chez les joueurs de L1 avec 24 %, immédiatement suivie à 22,9 % par… le vote blanc. Précision : 75 % des joueurs interrogés n’ont pas répondu. Des candidats à l’abstention ? A part ça, Fabien Cool de l’AJ Auxerre s’est converti au bayrouisme tranquille, Lilian Thuram aplatit une nouvelle fois Sarkozy, et le mag imagine le foot sous le Pen président. Avec le PSG rebaptisé en « PSJA », Paris Saint Jeanne-d’Arc. « LE COUP DE BALAI » Demain, on rase gratis et on suce des roues. Oui. Un loisir peu commun qui oblige vraisemblablement à recracher des bouts de pneu est proposé par Le Point. Soupçonné de Sarkozerie aggravée, le magazine jure en effet qu’il ne roule pour personne et « ne suce la roue » d’aucun candidat. Dans son menu de la semaine, il propose un dossier sur le « coup de balai » donné aux clivages et aux repères par la campagne présidentielle et un charmant petit tour du propriétaire dans les QG des candidats. « NUMÉRO 1 » Fusillade à Virginia Tech 35 « POUR QUI VOTER ? » Nombre d’articles parus dans quatre quotidiens nationaux* Policier à la foire du Trône 44 C’est l’élection qui fait délicieusement mal à l’international. Courrier retranscrit les affolements de la presse étrangère devant la présidentielle française. Quand le scrutin « le plus excitant depuis 1981 » a lieu « dans la nation la plus turbulente d’Europe », ça déchire grave sa magistrature suprême. The Economist vote Sarko « France’s chance », la presse allemande suggère que la France devrait en finir avec la présidence, et les journalistes grecs s’agacent de Ségolène Royal « championne toutes catégories pour poser des lapins ». Dans la presse cette semaine Attentats à Alger 69 « AÏE ! LA FRANCE VOTE » Présidentielle 453 JEUDI 19 AVRIL 2007 * Le Figaro, Libération, Le Monde et Le ParisienAujourd’hui. La phrase qui tue Ségolène Royal* : « Ils me prennent pour une conne depuis le début. » * Candidate à l’élection présidentielle, à propos des éléphants du Parti socialiste, dans Le Canard enchaîné daté du 18 avril. C’est pas le tout d’être PDG, encore faut-il esquiver les terrifiants « fashions faux pas ». Les éditions Jalou, qui notamment publient l’Officiel de la mode, lancent demain l’Officiel Business. Tiré à 130 000 exemplaires, il sera le magazine « de la femme de pouvoir ». Elle y apprendra la meilleure façon de « monnayer son divorce » comme ses parachutes dorés. Et à envoyer ses enfants dans le meilleur des « summer camps » tout en trucidant les rides qui auraient l’audace de s’attaquer au contour de ses yeux. C’est vrai que c’est du boulot, quand on y réfléchit… « LEURS DERNIERS SECRETS » Portraits de candidats avec inconscient. Attention, lectrices et lecteurs, voici le tour magique du candidat dépiauté sur son divan. Avec un Le Pen « inanalysable » et « père de la horde primitive », un Sarkozy fascinant « tant il met en scène son œdipe et cumule les symptômes ». Et même Schivardi en incarnation fantasmée du « Petit Poucet ». Plus originale, l’analyse d’un profileur de la CIA des candidats PS et UMP. Sinon, il ne s’en est jamais vraiment caché, il ne s’en cache plus du tout : L’Obs annonce « pourquoi nous voterons Ségolène ». « NUMÉRO 1 » Si vous êtes perdu sans « Lost » et dépérissez sans votre injection quotidienne de « Doctor House », Episodik peut faire quelque chose pour votre cas. Dans ce trimestriel, les série-maniaques parlent aux série-addicts. Voici donc les politiques en série, les salauds en série, et même les sérial-tueurs de tueurs en série, avec « Dexter », bientôt diffusé sur Canal+. On notera aussi la rubrique du « Dr Thrill » qui répond aux adorateurs pathologiques des fictions de la télévision. Page réalisée par Anne Kerloc’h Le testament paranoïaque du tueur de Virginia Tech en vidéo Entre ses deux fusillades, Cho Seung-Hui aurait pris le temps d’aller poster à la chaîne NBC des cassettes dans lesquelles il exprime son délire et sa haine du monde. P.12 N° 1179 VENDREDI 20 AVRIL 2007 www.20minutes.fr paris A vote tour grand paris De l’appétit pour le couscous gratuit Le premier tour de l’élection présidentielle a lieu dimanche. Rappel des programmes. P.10-11 Derniers grands meetings. P.8-9 Comment les médias se préparent à la soirée électorale. P.30 Le vote en 2002 dans la région. P.3 .. Deux guides répertorient les bons plans à Paris. A commencer par les bars qui régalent gratis. P.2 . . cinéma La soixantaine rayonnante DR La sélection du 60e Festival de Cannes a été dévoilée hier. Elle mêle vieilles connaissances et nouveaux venus. P.18 week-end météo Adieu la ville et la modernité ! Sélection de séjours en cabanes, tipis, yourtes et autres huttes. P.29 9°C le matin 21°C l’après-midi grand paris culture SERGE POUZET / 20 MINUTES DR Une escapade entre deux tours 2 france 4 18 guide 22 monde 12 économie 14 emploi 15 sport 24 week-end 29 tv-médias 30 grand paris VENDREDI 20 AVRIL 2007 3 Présidentielle Selon l’Ifop, Bayrou arriverait derrière Sarkozy et devant Royal au premier tour du vote francilien Où se situera l’Ile-de-France dimanche ? études nationales pour Paris Match et Le Journal du Dimanche, s’est penché sur ses résultats régionaux pour 20 Minutes, et donne François Bayrou un poil devant Ségolène Royal au premier tour. Il est crédité de 24 % à 25 % d’intentions de vote. Royal est à 23-24 %. Sarkozy est en tête avec 27-28 %. « Ceux qui voulaient Dominique Strauss-Khan se tournent vers Bayrou, qui correspond bien à la sociologie francilienne avec une population jeune, diplômée, qui s’avère sensible aux discours sur le dépassement du clivage gauche-droite », analyse Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l’Ifop. Déjà, en 2002, l’Ile-de-France « avaitconnuunsurvoteChevènement, typique des CSP+ ». L’écart avec les sondages nationaux, où Bayrou est crédité de 18 % d’intentions de vote, est saisissant. Quand Royal et Sarkozy font pratiquement le même score, à 1 ou 0,5 % près, Bayrou empoche six points de plus P. SAURA / SIPA La tendance Bayrou traîne dans tous les instituts de sondage interrogés sur le vote francilien. L’Ifop, qui a réalisé des dans la région, « car il prend 0,5 à 1 point à tout le monde, surtout aux petits partis », précise Jérôme Fourquet. A l’institut CSA, JeanDaniel Lévy, directeur adjoint du département opinion, avoue en effet qu’« un gros vote Bayrou n’est pas impossible en Ile-de-France. Car sa sociologie a évolué en faveur du PS dans les dernières années, mais ces nouveaux électeurs peuvent être déstabilisés par la campagne de Ségolène Royal. » Ipsos, qui ne possède pas de résultats chiffrés sur la région, convient toutefois de son côté que « vu la sociologie de l’Ile-de-France, le vote Bayrou devrait être assez fort ». Autre particularité francilienne : le vote FN y est habituellement moins fort qu’ailleurs, et la présidentielle 2007 ne devrait pas déroger à cette règle. Jean-Marie Le Pen est crédité de 12 % à 13 % d’intentions de vote dans la région, contre 16 % au niveau national selon l’Ifop. « Et la Seine-etMarne contribue pour beaucoup au score régional », précise Jérôme Fourquet, car elle est « plus rurale et entourée de départements comme l’Oise ou l’Aisne qui votent beaucoup FN ». Le Val-d’Oise est aussi coutumier du fait. A l’inverse, le vote Front national ne prend pas à Paris, et fait généralement des scores bas, à 9,4 % en 2002 par exemple. « L’Ile-deFrance est très étendue, et c’est une terre de contrastes. Plus on se rapproche du cœur de l’agglomération, plus le vote FN décroît. Le sentiment d’exclusion diminue au fur et à mesure que l’on se rapproche des lieux de pouvoir », selon l’Ifop. Enfin, les « petits partis » ont la vie dure en Ile-de-France, même s’il reste quelques bastions communistes dans le Val-de-Marne ou en Seine-SaintDenis. Magali Gruet Paris La capitale est-elle encore une ville de droite ? Pas sûr, à en croire les dernières élections. En 2001, Bertrand Delanoë, bien que minoritaire en voix, remportait la Mairie de Paris grâce à une majorité de sièges. En 2002 en revanche, lors des législatives, la gauche arrivait majoritaire en voix pour la première fois dans l’histoire de Paris. Une tendance confirmée en 2004 pour les régionales. « La sociologie de la capitale évolue plutôt à gauche », confirme l’institut CSA. Le cabinet de Bertrand Delanoë estimait hier que « Sarkozy ne devrait pas faire un gros score chez nous ». La région avait voté Chirac devant Jospin au premier tour en 2002 (contre 19,88 % au plan national), Lionel Jospin 16,82 % (contre 16,18 %), Jean-Marie Le Pen 12,82 % (contre 16,86 %) et François Bayrou, 7,32 % (contre 6,84). Comme à son habitude, l’Ile-de-France n’était donc pas du tout représentative du vote national, se prononçant pour un second tour Chirac-Jospin, reléguant Le Pen au troisième rang et soutenant un peu plus Bayrou. La Seine-Saint-Denis était par ailleurs une terre d’élection du FN jusqu’à la fin des années 1990, mais ce vote s’est ensuite dégonflé, au profit du PS. Le parti de Jean-Marie Le Pen est en revanche resté très fort en Seine-et-Marne et dans le Val-d’Oise, où il avait battu le PS en 2002. M. G. IDÉ En 2002, Jacques Chirac avait remporté 20,46 % des suffrages au niveau francilien 6 france VENDREDI 20 AVRIL 2007 Politique Plus de quarante-quatre millions d’électeurs sont appelés aux urnes dimanche pour le premier tour Prochain sondage au fond des urnes ces historiques pour certaines émissions de télé. Des conversations en famille et au bureau en quantité record, selon les enquêtes des instituts de sondage. Jamais une campagne présidentielle n’aura autant passionné les Français depuis 1965, première année où le chef de l’Etat a été désigné au suffrage universel direct. C’est dans ce contexte que douze candidats se présentent dimanche face aux électeurs. Un grand favori se dégage, Nicolas Sarkozy. Le leader de l’UMP est annoncé en tête du premier tour par la totalité des trois cents sondages publiés sur les intentions de vote des Français. Ségolène Royal se classe systématiquement en deuxième position. Ces deux personnalités incar- T. CAPLAIN / LIEU-DIT / 20 MINUTES Des livres politiques écoulés par les libraires au rythme de best-sellers. Des audien- nent chacune dans leur camp ce que les Français semblent attendre : le changement. Le souvenir du 21 avril 2002 invite néanmoins à une infinie prudence. La classe politique reste déconsidérée et les Français pessimistes sur l’avenir de leur pays. Jean-Marie Le Pen, éternel sous-estimé des enquêtes, peut à nouveau se voir propulser au second tour par les mécontents. Lui en est même certain. « Qui sera le Jospin de 2007 ? Sarkozy ou Royal ? », interroge-t-il déjà. Le leader du Front national occulte volontairement l’émergence de François Bayrou. N’en déplaise au candidat d’extrême droite, son adversaire centriste, vraie sensation de la campagne, est en mesure de lui piquer la vedette. Reste à savoir sur quels critères les 44,5 millions d’électeurs, dont plus d’un tiers sont encore indécis, vont se décider. Aucun thème n’a écrasé les autres comme l’insécurité en 2002. Le chômage et le pouvoir d’achat ont dominé, mais l’immigration a été présente. Nicolas Sarkozy parie sur l’importance des « valeurs ». Les personnalités des candidats, sujettes à interrogations, compteront. Et puis cette inconnue : y aura-t-il un phénomène « vote utile » en faveur de Ségolène Royal ? Dans le cas contraire, au séisme du 21 avril 2002 succédera, au moins pour le PS, celui du 22 avril 2007. Stéphane Colineau « La grande inconnue : le score de Bayrou » Vers un taux de participation en hausse par rapport à 2002 différente. L’électorat moFrançois Miquet-Marty Directeur des études politiques à l’Institut LH2. deste se répartit beaucoup mieux entre les candidats cette année. Quelle est la grande inconnue de ce premier tour ? En 2002, 29 % des électeurs se sont décidés la dernière semaine : 14 % se sont décidés avant le dernier weekend, puis 4 % le samedi et enfin 11 % le dimanche, jour du vote. Cette fois, 42 % des électeurs se déclarent indécis, selon notre enquête menée vendredi et samedi dernier. La moitié hésite entre différents candidats, l’autre moitié n’a aucun nom en tête. Le score de François Bayrou. 60 % de ses électeurs potentiels déclarent qu’ils pourraient changer d’avis alors que les deux tiers des électeurs de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et Jean-Marie Le Pen se disent sûrs de leur choix. Qui sont ces indécis ? En majorité, l’électorat modeste : des ouvriers et des gens qui se considèrent en situation de régression J-P. MULLER / AFP Combien d’électeurs se décident au dernier moment ? sociale. Ces derniers sont d’ailleurs de plus en plus nombreux, ils étaient 30 % en 2002 et 50 % en 2006. Ils avaient beaucoup voté pour Jean-Marie Le Pen en 2002. Cela peut-il se reproduire en 2007 ? La configuration est très Le score de Bayrou sera donc l’élément déterminant du résultat ? Oui, puisque la moitié de ses intentions de vote viennent de sympathisants de gauche. Ces sympathisants restent-ils attachés à leur camp ? On va voir. Recueilli par S. C. Le taux de participation au premier tour en 2002 était d’environ 72 %. Un des plus mauvais chiffres pour une élection présidentielle. Cette année, les enquêtes d’intérêt des instituts de sondage prévoient une participation supérieure à 80 %. Plusieurs indices permettent d’expliciter a priori ce regain d’intérêt. Les primo-votants, inscrits pour la première fois sur les listes électorales, n’ont jamais été aussi nombreux. pratique Ils iront selon toute vraisemblance voter. Les Français se sont passionnés comme jamais pour la campagne, indiquent les études de la Sofres, seul institut à mesurer leur intérêt depuis 1965. A qui profitera cette baisse de l’abstention ? Difficile à dire car le taux de participation devrait en réalité être comparable à ceux de 1988 et 1995, années où Jean-Marie Le Pen avait déjà réalisé de gros scores. O. M. Les bureaux de vote ouvriront dimanche à 8 h partout en France et fermeront pour une grande majorité (70 % d’entre eux) à 18 h. Seuls les bureaux des grandes villes et de leurs banlieues resteront ouverts jusqu’à 20 h. france VENDREDI 20 AVRIL 2007 « Je vote utile, pour Royal, mais ça ne m’enchante pas » Ils seront une des clés du scrutin. D’un côté, les électeurs de gauche qui Distribution de tracts du PS sur un marché. S. POUZET / 20 MINUTES voteront Ségolène Royal seulement par défaut, de l’autre, ceux qui se tourneront vers François Bayrou. Sur le marché Belgrand, qui fait face à la mairie du 20e arrondissement de Paris, les habitués sont particulièrement enclins à voter à gauche. Le PS, bien implanté, rafle habituellement la mise. Dans le marché, le terme de « vote utile » revient souvent. « En 2002, j’avais voté pour les Verts et je m’en suis mordu les doigts. Je ne recommencerai pas. Je vote pour Ségo, mais surtout contre Sarko. Elle ne m’inspire pas, mais Sarkozy me débecte. C’est un vote utile », explique Marie-Hélène, la trentaine. Stéphane, 43 ans, va plus loin, et parle d’un « vote qui ne [l’]enchante pas ». « Je n’en suis pas fier car elle est trop à droite pour moi. Mais on fait avec ce que l’on a. » Marie et Alain, un couple avec deux enfants, font confiance à « ceux qui sont derrière elle pour la repositionner à gauche ». Camille, une octogénaire, compte « à coup sûr » glisser son bulletin Royal dans l’urne, car elle ne veut « pas faire la connerie de 2002, où [elle avait] voté Chevènement ». Certains électeurs de gauche prévoient aussi de voter Bayrou. Ils se tourneront « pour la première fois vers l’UDF ». « C’est aussi une façon de ne pas choisir, sans voter blanc », concède Hervé, ingénieur en informatique. D’autres pensent que Bayrou est « le seul à pouvoir battre Sarkozy au second tour », et se « détachent de Royal, qui ne fera pas le poids ». Magali Gruet PS En 2002, près de 43 % des sympathisants socialistes n’avaient pas voté pour Lionel Jospin au premier tour, lui préférant un candidat d’extrême gauche. Cette année, ils ne seraient que 32 % à ne pas voter Royal, selon les enquêtes des instituts de sondage. Trois scénarios pour le premier tour Difficile d’imaginer que Nicolas Sarkozy ne soit pas présent au second tour. Ce faisant, première hypo- thèse : duel Sarkozy-Royal. Bayrou arbitre le second tour. Révolutionnet-il l’UDF en appelant à voter pour la candidate PS, ou conserve-t-il avant les législatives ses accords électoraux avec l’UMP ? Sarkozy peut aussi se tourner vers l’électorat du Front national. Deuxième hypothèse : duel SarkozyBayrou. Après Jospin en 2002, Royal n’est pas au second tour. Le PS explose, sa partie sociale-libérale se tourne vers Bayrou pour créer un grand parti social-démocrate. Troisième hypothèse : duel SarkozyLe Pen. Comme en 2002, l’épouvantail Le Pen assure l’élection du candidat UMP, à un score sans doute inférieur aux 82 % de Chirac. 7 Editorial Par Frédéric Filloux, directeur de la rédaction de 20 Minutes. A chacun son pari présidentiel Cette élection n’est pas un choix, mais un pari sur des personnes et sur l’avenir. Certes, le pouvoir présidentiel restera toujours très incarné en France, mais jamais un scrutin n’aura été porteur d’autant d’incertitudes sur « l’après ». Prenons les trois présidentiables les plus crédibles tels que sortis des sondages. Nicolas Sarkozy personnifie la rupture version forte, avec un programme construit, clair, argumenté que l’on peut résumer ainsi : « j’ai dit ce que je ferai, je ferai ce que je dis ». Lorsqu’on évoque l’habituelle pusillanimité des gouvernements face à l’impopularité de réformes pourtant nécessaires, il oppose la légitimité future du scrutin, même avec une marge de 0,1 %. Pour beaucoup, cette détermination inquiète, surtout quand elle est amplifiée par des dérapages spectaculaires. Malgré cela, voir dans une présidence Sarkozy les prémices d’une dictature est aussi stupide que d’avoir cru en 1981 à l’arrivée des chars soviétiques en cas de victoire de François Mitterrand. C’est avoir bien peu confiance dans l’esprit citoyen de la France, dans sa résilience institutionnelle, dans ses contre-pouvoirs civils que d’imaginer le pays basculer ainsi. En revanche, aucune autre élection présidentielle n’a vu un candidat crédible cristalliser à ce point le rejet d’une partie de l’électorat. Ceux qui voteront pour le candidat de l’UMP feront, sciemment ou non, le pari que Nicolas Sarkozy tiendra compte des réalités du pays et que son entourage sera capable de le Nicolas Sarkozy tempérer. Ségolène Royal, elle, se projette est dans l’incarnation dans l’action rassurante. La candidate réformatrice, socialiste fait le pari de la confiance, de la protection. Ségolène Royal Elle campe sur une posture dans l’incarnation quasi mystique : une fois élue, la croissance sera là rassurante, résoudra d’un coup la et François Bayrou et question de la dette et du dans l’union chômage de masse (avec, quand même une bonne utopiste. dose d’emplois aidés et l’introduction d’un peu de flexi-sécurité). Son programme, puisé dans un vaste spectre allant des fondamentaux du socialisme aux innovations de la social-démocratie, reste malgré tout imprécis. Pour ses électeurs, c’est aussi l’espoir que son équipe apportera substance et discipline à son action gouvernementale qui devra faire oublier le côté brouillon et instinctif de sa campagne. La situation de la France lui interdira l’immobilisme. Avec François Bayrou, c’est le pari que du néant va surgir le tangible. Le candidat centriste a surfé avec habileté sur la déconsidération de la classe politique, qui fait que 65 % des Français sont favorables à un gouvernement d’union. Mais cette utopie ne donne pas un agenda présidentiel. Surtout lorsqu’aucune des fameuses « personnalités de bords politiques différents », selon la formule consacrée, ne s’est dévoilée avant le premier tour, contraignant le candidat à un ratissage parfois embarrassant. A ces trois candidats, il faut ajouter l’inconnue Jean-Marie Le Pen. Le candidat du Front national peut encore troubler le jeu. Même si le spectre du 21 avril 2002 a surtout eu des vertus tactiques dans cette campagne. Les paris sont donc ouverts. 8 présidentielle VENDREDI 20 AVRIL 2007 Campagne Les quatre principaux candidats tenaient, hier soir, leur dernier grand meeting Sarkozy veut se démarquer du FN L’UMP a « 72 heures » L’UMP lance jusqu’à samedi l’opération « 72 heures pour gagner », où près de 25 000 militants seront sur le terrain pour aller « à la rencontre des Français indécis », distribuant tracts, badges, tee-shirts et organisant fêtes et événements sportifs. Les indépendantistes corses s’abstiennent Le parti indépendantiste Corsica Nazione Indipendente », a appelé hier ses militants à ne pas voter pour l’élection présidentielle, en signe de « résistance » envers l’Etat qui refuse « la reconnaissance en droit du peuple corse ». A Marseille. A 18 h 30, c’est Basile Boli qui est monté sur scène pour ouvrir le dernier meeting d’avant premier tour de Nicolas Sarkozy à Marseille. Un premier orateur comme le symbole d’un Marseille qui gagne, coloré, ouvert. C’est aussi l’image qu’a souhaité Nicolas Sarkozy pour ce dernier rendez-vous, où il a voulu se démarquer de l’image « antidémocratique » qui lui colle à la peau, tout en réaffirmant ses thèmes de prédilection. « De moi, on dit autorité,autoritaire,autoritarisme, état policier, circulez, y’a rien à voir », s’est-il défendu. Au cœur de cette soirée, il y a donc les attaques dont fait l’objet le candidat et qui inquiètent son entourage. « Les insinuations, les procès d’intention, j’ai été étonné qu’on puisse en inventer autant me concernant », a expliqué le candidat. Dans un discours qui a tourné autour de ses valeurs — l’autorité, l’ordre, la morale —, Nicolas Sarkozy a aussi répondu au FN : « Ma France n’est pas celle de Le Pen. Ma France n’est pas une race, ce n’est pas une ethnie, ce n’est pas l’exclusion. » A l’heure du scrutin, ce sont les indécis qu’il faut convaincre. « Ce qui m’intéresse, c’est de parler à la France à laquelle personne ne parle (…) La France qui ne brûle pas les voitures, qui ne bloque pas les trains, qui n’a pas de stockoptions, ni de parachutes en or, qui travaille dur pour faire vivre sa famille. » En tout cas, Nicolas Sarkozy se voit au second tour : « Ce premier tour, c’est un tour de chauffe, une mise en jambes ». Mais hier soir, il a montré qu’il avait du travail pour être ce qu’il appelle « le candidat du rassemblement ». Envoyé bises A son arrivée, Nicolas Sarkozy a passé en revue ses amis, ministres, et ralliés de la dernière heure par des embrassades. Sauf François Baroin et Alain Juppé, qui n’ont reçu que l’accolade. spécial à Marseille, David Carzon Sur ses terres, Bayrou appelle à la « révolution paisible » Même Johnny Hallyday en début d’année au Zénith de Pau n’avait pas attiré autant de monde. Les 5 000 Béarnais venus écouter l’enfant du pays ont d’ailleurs eu droit à une entrée digne d’une star. François Bayrou, apparu en haut des gradins, a traversé la foule pour rejoindre la scène, aux cris de « Bayrou président ». C’est sur cette dernière image que le candidat a voulu finir sa campagne. « Je porte l’espoir de beaucoup de Français », a-til conclu. C’est pour l’image aussi qu’il a fait, auparavant, un détour par le centre-ville, posant devant la chaîne des Pyrénées. « C’est là que j’ai grandi, là que j’ai appris le sens des responsabilités », a t-il expliqué. De chauffeur de salle, François Bayrou a ensuite enfilé le costume de professeur. Il a rappelé l’histoire du peuple béarnais, « un peuple qui a toujours refusé de plier ». Une phrase en forme de bilan de campagne pour celui qui, parti au plus bas dans les sondages, est aujourd’hui crédité de 15 à 18,5 % d’intentions de vote. François Bayrou s’est à nouveau posé en rassembleur « au-delà des clivages », rappelant les soutiens politiques reçus de droite comme de gauche. Hier, Jean-Marie Cavada, le député européen UDF du grand Sud-Ouest, A Pau. J-P. MULLER / AFP D’après un dernier sondage CSA, Nicolas Sarkozy (27 %) a un point d’avance sur Ségolène Royal (26 %) devant François Bayrou (17 %) et Jean-Marie Le Pen (16 %). Pour BVA, Nicolas Sarkozy reste en tête, avec 29 % d’intentions de vote, Ségolène Royal à 25 %, François Bayrou 15 % et JeanMarie le Pen 13 %. Pour l’Ifop, Sarkozy est crédité de 28 %, Royal 22,5 %, Bayrou 19 % et Le Pen 12,5 %. S. PAGANO / REPORTAGES / 20 MINUTES Derniers sondages ainsi que l’acteur Vincent Lindon avaient fait le déplacement. Sécurité dans les quartiers, égalité des chances, obligation de savoir lire pour tous les élèves de 6e, aide aux pays en voie de développement… Que ce soit l’éducation, l’économie, les questions européennes, l’immigration, François Bayrou a rappelé son programme. Il s’est également prononcé en faveur d’un moratoire sur les OGM, en rencontrant un peu plus tôt les anti-OGM qui bloquaient une coopérative dans le Pays basque. Pour terminer, le député béarnais UDF et ancien gréviste de la faim, Jean Lassale, a entonné la Marseillaise, puis l’hymne pyrénéen sous les applaudissements. Il n’y avait ni sifflets, ni cris hystériques, s’est félicité François Bayrou, appelant les électeurs à une « révolution paisible ». A Pau, Marie Gasc VENDREDI 20 AVRIL 2007 présidentielle 9 avant le premier tour. L’occasion de lancer un ultime appel à la mobilisation Une Zapatera dans la Ville rose « Son projet, c’est lui. Mon projet, c’est vous ! » Cette comparaison avec Nicolas Sarkozy F. SCHEIBER / 20 MINUTES a déclenché un tonnerre d’applaudissements, hier soir au Parc des expositions de Toulouse, où 20 000 militants sont venus écouter Ségolène Royal. Un rendez-vous tout en symboles dans la Ville rose, avec Danielle Mitterrand au premier rang d’une famille socialiste et radicale au complet. Et l’appui, gage d’un socialisme moderne, du jeune chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero. La candidate a laissé le soin à François Hollande de chauffer la salle et d’étriller ses principaux adversaires. « Nicolas Sarkozy est le candidat de la majorité sortante qui devrait être sortie. Il est allé chercher Jaurès, il a trouvé Le Pen », a lancé le premier secrétaire du PS, ajoutant : « François Bayrou est aussi le candidat de la majorité sortante. » JoséLuis Zapatero a exalté « la fraîcheur de Ségolène, son optimisme ». « Elle incarne A Toulouse. la réussite de la social-démocratie qui offre les meilleurs taux de croissance économique et cherche à redistribuer les richesses, le savoir et le pouvoir », a-t-il souligné. « Un socialisme du XXIe siècle », repris à son compte par la candidate. Elle veut réconcilier « le progrès social et l’efficacité économique ». Et au plan international, refuser « de nous mettre à genoux devant George Bush ». Cette dernière saillie a déclenché le délire des militants, suivie de près à l’applaudimètre par l’exhortation faite à Noël Forgeard, l’ex-PDG d’Airbus, de « rembourser l’entreA Toulouse, prise ». appel Devant le danger représenté par le vote Bayrou et d’extrême gauche, Ségolène Royal et François Hollande ont tous deux lancé un vibrant appel au « vote utile pour le changement ». Hélène Ménal (Avec C. N.) Pour son dernier round, Le Pen cogne à tour de bras réunion publique, hier soir à Nice, Jean-Marie Le Pen a concentré ses coups sur ses trois principaux adversaires, Ségolène Royal, François Bayrou et Nicolas Sarkozy, accusés d’être des « politiciens néfastes » qui « ont tout cassé » en France. « Sarkozy, Bayrou, Royal, on prend les mêmes et on recommence », a-t-il lancé devant près de 2 500 militants, oubliant que les candidats UMP et PS se présentent pour la première fois à la présidentielle, contre la cinquième le concernant. Le leader frontiste a qualifié Ségolène Royal de « socialiste à visage câlin », détournant le slogan yougoslave du temps des Soviets, « le socialisme à visage humain ». Macho, le candidat d’extrême droite s’est dit « un peu choqué » que Royal ne soit pas mariée avec François Hollande. Le président « doit donner le bon exemple social », a déclaré Le Pen, oubliant que sa première femme, Pierrette, avait posé nue dans Play Boy dans les années 1980. François Bayrou, lui, a été raillé comme le candidat de l’impossible. « Il ne veut ni ne peut rien dépasser du tout. Il ne fera que recom- A Nice. M. BUREAU / AFP A défaut de construire son argumentaire, détruisons celui des autres. Pour sa dernière mencer ce qui, à droite ou à gauche, est déjà dépassé », a prédit Le Pen. Nicolas Sarkozy, qui a été l’objet de nombreuses attaques frontistes ces derniers jours, a été accusé d’inconstance. « Il change d’idée comme de chemise », a déclaré le leader FN. Sans véritable surprise, il en a remis une couche sur le thème anti-Sarko du candidat « immigré ». « On le pense sans concession vis-à-vis des délinquants immigrés, le voilà qui mêle à l’affaire sa propre trajectoire personnelle de candidat de l’immigration », a-t-il lancé. En revanche, concernant la délinquance automobile, JeanMarie Le Pen s’est prononcé pour « une amnistie générale des points de permis », estimant que les automobilistes étaient « montrés du doigt et persécutés systématiquement ». B. B. (avec AFP) Des journaux prennent parti Le patron du Monde, Jean-Marie Colombani, signe une tribune dans Le Monde aujourd’hui appelant à voter pour Ségolène Royal. Jean-Daniel en a fait autant hier dans Le Nouvel Observateur, hebdo classé à gauche. Nicolas Beytout devrait appeler à voter Nicolas Sarkozy dans Le Figaro de samedi, tandis que Jean-François Kahn, de Marianne, affiche sa préférence pour François Bayrou. L’Express, Le Point et Le Parisien affichent leur neutralité. VGE a choqué les « sages « Les membres du Conseil constitutionnel se sont « émus unanimement » hier du fait que Valéry Giscard d’Estaing, l’un des leurs, « n’ait pas respecté l’obligation de réserve à laquelle sont astreints » tous les « Sages ». VGE a appelé à voter pour Nicolas Sarkozy. Opération SMS pour Ségolène Les « Amis de Ségolène Royal » appellent les partisans de la candidate PS à envoyer des SMS « ciblés» à leurs proches indécis pour les convaincre de voter en sa faveur dimanche. 10 présidentielle VENDREDI 20 AVRIL 2007 VENDREDI 20 AVRIL 2007 les programmes 11 Retrouvez le blog de la présidentielle sur 20minutes.fr 14 économie VENDREDI 20 AVRIL 2007 [email protected] Les statisticiens comptent démentir les chiffres A Paris, hier. Le Liberty of the Seas, le plus gros paquebot du monde, a quitté la Finlande hier pour Southampton, son futur port d’attache, a indiqué hier le constructeur norvégien Aker Yards. lés en 2006 à la Commission européenne étaient pour moitié d’origine chinoise, selon le rapport annuel du système communautaire d’alerte sur les produits dangereux publié hier. Des mesures d’interdiction ou de rappel ont ciblé au total 924 produits. Les jouets sont arrivés à la première place ENTREPRISE Profits pour la Banque postale S. POUZET / 20 MINUTES volontairement menée à trois jours de la présidentielle : « Cela fait trois mois que l’on secoue le cocotier sans réponse. Nous ne pouvons pas laisser le gouvernement utiliser des chiffres du chômage estampillés statistique publique, alors que nous savons qu’ils sont faux », s’est insurgée Julie Herviant, déléguée CGT à l’Insee. Les manifestants affirment agir « par déontologie. » « Cela pourrait arriver avec n’importe quel gouvernement. Après les élections, il sera trop tard », a insisté un jeune statisticien du ministère de l’Emploi (Dares), qui a requis l’anonymat à cause de son « devoir de réserve » et de la « pression » de sa direction. Pour justifier leur action, les manifestants ont aussi invoqué le calendrier serré pour mobiliser la Dares, l’Insee et l’ANPE en période de vacances scolaires. « En mars, la direction de la Dares a publié une Les produits de grande consommation jugés dangereux et signa- CROISIÈRES Un géant se jette à l’eau version dénaturée de notre évaluation des chiffres de l’ANPE, aujourd’hui présentés comme les seuls fiables. Puis elle a ignoré nos protestations, refusant de suspendre la publication mensuelle des chiffres » prévue la semaine prochaine pour ceux de mars, a expliqué le jeune statisticien. Angeline Benoit chômage L’Insee a reporté à l’automne la publication de ses chiffres du chômage, estimant que ses résultats n’étaient pas fiables. Contrairement à la baisse affichée par l’ANPE, ils montrent un chômage stable depuis 2005. Mais pour les statisticiens, l’ANPE a artificiellement réduit le nombre de chômeurs. La Banque postale, filiale de La Poste, a enregistré pour sa première année d’existence, un bénéfice de 372,4 millions d’euros, en 2006. (24 %), suivis des appareils électriques (19 %), des véhicules à moteur (14 %), des luminaires (11 %) et des cosmétiques (5 %). Dans près de la moitié des cas, les produits incriminés venaient de Chine, contre 21 % d’origine européenne. Pour les jouets, la proportion d’origine chinoise atteignait 85 %, malgré la mise en place d’une coopération accrue pour améliorer leur sécurité. Un espagnol se lance à l’assaut d’Eiffage Le géant du BTP Eiffage doit réunir lundi son conseil d’administration pour se pro- AGRICULTURE La fraise française n’a pas la pêche noncer sur l’offre publique d’échange déposée hier par son concurrent et premier actionnaire, Sacyr Vallehermoso. Selon une source proche, le français pourrait demander une OPA à 129,5 € par action. Après avoir vainement bataillé pendant des mois pour entrer Des militants du Modef, syndicat d’exploitants agricoles familiaux, ont déversé hier à Agen des fraises d’Espagne pour protester contre leurs importations massives. au conseil d’administration, l’espagnol a lancé une offensive décisive pour le contrôle d’Eiffage, groupe de BTP français constructeur du viaduc de Millau, le plus haut pont routier du monde. L’espagnol avait été, mercredi, moqué lors d’une assemblée générale du français, échouant à obtenir le moindre poste au conseil d’administration. Une voiture pour aller au boulot Selon une étude du fonds d’action sociale du travail temporaire (Fastt), 14 % des intérimaires ont annulé une mission parce qu’il ne disposait d’aucun moyen de transport pour se rendre au travail. Partant de ce constat, le Fastt lance un nouveau service : les intérimaires peuvent désormais louer une voiture à prix réduit (pour 10 € par jour, le Fastt prenant en charge les coûts restants) ou un deux-roues (pour une somme comprise entre 5 et 10 €). Pour bénéficier de ce service, les intérimaires doivent appeler le 0 800 28 08 28. IDÉ Une première. Des dizaines de statisticiens ont manifesté hier devant le ministère de l’Emploi. Une contestation Attention aux jouets « made in China » sur 20minutes.fr La présidentielle à la seconde près Récit en temps réel, infographies, photos, sélection de blogs, réactions, décryptages… Bloghorrée « C’est toujours avec un peu d’émotion citoyenne que l’on ouvre l’enveloppe rosâtre qui recueille les professions de foi des candidats. Avec un peu de lassitude également tant l’exercice est vain et les affichettes vues et revues. Que nous réserve donc la cuvée 2007? » blogblog .blog.20minutes.fr Suivez le scrutin à la seconde près sur 20minutes.fr. Aujourd’hui : « révisez » la campagne • Ce qu’il faut savoir : qui vote, pourquoi, le rôle du Président, les enjeux du scrutin, le calendrier… • Et si le premier tour était serré… Quelles voix feraient la différence? Une enquête sur les petits riens qui feront (peut-être) l’élection. Dimanche : 1er tour • Dès 8 h et l’ouverture des bureaux de vote : en direct, le déroulement du scrutin (temps forts, coulisses et anecdotes, ambiance dans les QG des partis, à Paris et dans les régions), suivi par la rédaction de 20 Minutes et les blogueurs invités. • A 20 h, à la seconde près, les estimations du résultat, affiné tout au long de la soirée. Et, dès que possible, les sondages des intentions de vote pour le second tour. • Portraits, analyses, commentaires, réactions à chaud des hommes et femmes poli- Un calcul inédit du « bruit médiatique » des candidats Chaque jour, l’indice de « buzz » des candidats indique la popularité de chacun sur Internet. Il est calculé par le moteur de recherche Wikio à partir de tous les articles publiés par vingt mille sources (médias et blogs) concernant chacun des candidats à la présidentielle. L’analyse sémantique prend en compte la citation des noms des can- didats et de tous les termes associés (par exemple les diminutifs « Sarko », « Ségo », etc.). 20minutes.fr a choisi de s’associer avec Wikio pour prendre en compte non seulement les médias online mais aussi les blogueurs dans un calcul inédit du « bruit médiatique » des candidats. le Manifeste Retrouvez sur notre site les réponses des candidats aux questions formulées dans le Manifeste. Ce document est la synthèse de vingt-sept sondages réalisés par l’institut LH2 en partenariat avec RMC, au cours de ces sept derniers mois. Guy Birenbaum tiques, reportages, décryptage par des géographes, politologues… • Photos des états-majors, zapping vidéo de la soirée et infographies des résultats. Lundi • Dès votre réveil, les résultats département par département, et la revue du Web français et international. participez Tout le week-end, réagissez aux articles, aux vidéos, aux diaporamas. Participez aux débats, posez vos questions aux blogueurs qui suivront la soirée avec nous. La voix de « World of Electors » Créé par Alex Chan, « World of Electors » est une série de machinima, un programme hybride mélangeant animation, jeu vidéo et reportage politique. Conçue autour de la présidentielle, la série revisite la news politique, associant de vraies interviews de citoyens et de personnages virtuels. Alex Chan explique le pourquoi de « World of Electors » : « Je vis à La Courneuve depuis quatre ans. Je vois la réalité en pleine face et je ne la retrouve pas dans les médias. […] J’ai cogité jusqu’à ce que je trouve un outil pour « Pourquoi la “campagne officielle” contraintelle les candidats à la médiocrité avec des clips d’une ringardise affligeante, dans des formats ineptes? » birenbaum .blog.20minutes.fr Radical chic « Spécial indécis : à force de voir chaque jour une nouvelle thématique chasser les précédentes, la campagne finit par rendre illisibles les clivages politiques. » radical-chic.com François Mitterrand 2007 DR Demain : et si…? SERGE POUZET / 20 MINUTES • Le rappel des programmes des douze candidats et les entretiens qu’ils ont accordés à 20 Minutes. • Les temps forts de la campagne. • Un quiz pour tester vos connaissances. m’exprimer et donner une voix différente, une voix qui fasse contrepoids. » Et le comment : « Je recueille la parole des gens sur l’actualité, comme dans un documentaire. Ensuite, je m’appuie sur ce qu’ils disent pour inventer des figures animées qui vont reprendre leurs propos. » Quinze épisodes jusqu’au 8 mai en exclusivité. « J’ai regardé avec angoisse Royal face à PPDA, sur TF1. Ce que j’ai vu m’a étonné, surpris et inquiété. Que lui est-il arrivé? C’est la première fois depuis longtemps, que, face à un socialiste, l’homme lige de Bouygues se montre aimable. » francoismitterrand 2007.hautetfort.com 28 net guide VENDREDI 20 AVRIL 2007 [email protected] Services Créés par des professionnels ou par de simples internautes, les sites de géolocalisation sont légion Le Web met le monde en cartes L’histoire à géographier www.england lèbre service gratuit de recherche -rocks.co.uk Toutes en une http://looklocal .idelix.com Evaluer un itinéraire en France www.navitia.com Il n’y a pas que l’actualité dans la vie, il y a aussi la musique. Le site England Rocks est une carte Google interactive qui vous propose une visite historique guidée et multimédia du rock en Angleterre. Tous les lieux et événements mythiques du rock anglais y sont répertoriés, des studios d’enregistrement d’Abbey Road aux concerts de l’Earl’s Court. Même s’il est le plus connu de tous, Google Maps n’est pas le seul service de cartographie en ligne. Looklocal est une sorte de métamoteur de recherche cartographique qui permet d’utiliser simultanément Google, Live et Yahoo! Maps, plus quelques autres services de cartographie spécialisés pour calculer des itinéraires ou visualiser des informations touristiques Ce service sponsorisé par le syndicat des transports en commun d’Ile-de-France (Stif) permet de planifier et d’optimiser les itinéraires de ses déplacements en transports en commun à l’aide d’une carte Google. De plus, grâce aux cartes « isochrones », Navitia permet de connaître en un coup d’œil les temps de trajet à partir d’un lieu donné. Voir aussi : les épisodes et les personnages bibliques géolocalisés (en anglais) www.biblemap.org Voir aussi : un autre métamoteur cartographique (qui nécessite l’installation du plug-in Flash) www.flashearth.com Voir aussi : connaître en temps réel l’état du trafic sur les principaux axes routiers http://beta.v-trafic.com Se répérer dans l’actu http://presidentielle .renalid.com Partager des infos locales www.laroueverte.com Préparer un voyage touristique www.emd-net.com Invitations très sociales www.weddingmapper .com Mais où étaient donc passés François Bayrou, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy le dernier vendredi 13 ? Si l’odyssée de la campagne présidentielle vous intéresse, ce site indique sur une carte Google l’ensemble des visites et des meetings des principaux candidats à l’élection présidentielle 2007. Petit frère citadin de l’auto-stop, le covoiturage est, en théorie, un excellent moyen de réduire la circulation automobile en ville. Grâce au site communautaire La Roue Verte, même si aucun de vos collègues de travail n’habite près de votre domicile, vous pourrez localiser les personnes qui ont de la place dans leur voiture et qui peuvent vous déposer. Vous hésitez quant à la destination de vos prochaines vacances ? Ce site RSS Tourisme rassemble et localise en temps réel sur une carte Google Maps l’ensemble des communiqués de presse publiés par les professionnels du tourisme qui veulent faire connaître leur établissement, leurs produits, leurs événements ou leurs offres promotionnelles. Vous ou l’un(e) de vos ami(e)s va bientôt se marier en grande pompe ? Bien qu’en anglais, Wedding Mapper est fait pour vous. En effet, ce service vous permet de créer gratuitement en quelques clics une carte interactive de votre mariage pour la partager en ligne avec vos amis. Vous pourrez notamment y indiquer les horaires, les emplacements des gares, des aéroports, des hôtels, etc. Depuis février 2005, date de naissance de Google Maps, le Net encarte le monde entier. En lançant son cé- cartographique en ligne et en publiant les API (interfaces de code source) permettant à quiconque de créer ses propres cartes, la firme de Mountain View a fait du Web l’outil idéal pour publier et rechercher des informations géolocalisées. Deux ans plus tard, ses concurrents proposent eux aussi leur service de cartographie (Yahoo! Maps, LiveMaps, Geoportail, etc.). Les internautes, sites communautaires et commerçants en ligne se sont emparés de ces nouveaux outils pour créer des sites combinant les données géographiques de Google (ou autres), du texte et/ou du contenu multimédia. Chaque semaine, des dizaines de nouveaux sites « à carte » voient le jour : pour échanger les bonnes adresses d’un quartier, indiquer les points de vente d’un article ou localiser les hôtels d’une région, calculer ou commenter des itinéraires de balade, etc. En voici une sélection. Yaroslav Pigenet Voir aussi : si vous préférez le jeu à la politique, vous pouvez aussi localiser les possesseurs de console Wii www.mapwii.com Voir aussi : recherche collaborative de commerces de proximité http://justacote.com Voir aussi : pour partager des informations touristiques localisées entre particuliers www.venividiwiki.fr Voir aussi : envoyer un message de fumée sur Google Maps www.mapmsg.com 30 tv-médias VENDREDI 20 AVRIL 2007 [email protected] France Inter 1, France Info 0 Sûr de rien pour l’élection, les médias se préparent à tout Radio France peut souffler : pour la période de janvier à mars 2007, le groupe cumule une audience de 25, 6 %, selon Médiamétrie. France Inter, notamment, se stabilise à 9,9 %. « Le 7/9-30 de Nicolas Demorand a conquis 200 000 auditeurs de plus en un an », se félicite Jean-Paul Cluzel, PDG de l’entreprise publique. Reste le cancre Régie de France 24. mêmes de la Une. Histoire d’attraper au vol les politiques, avant qu’ils sautent dans une voiture ou sur une moto-taxi pour rejoindre France Télévisions. Et en cas d’embouteillages ? « Aucun risque, selon l’équipe de Bayrou. On ne croisera sur la route que ceux qui, comme nous, courent d’un plateau à l’autre ! » France Info a préféré caler des rendez-vous téléphoniques. « On utilise une ligne spécialisée qui rend le son aussi propre que si l’invité était en studio », précise Patrick Roger. • A la technique Cent cinquante personnes seront mobilisées à M6 pour le grand saut. « Royal risque d’aller à Melle puis rue de Solférino. Ça nous oblige à doubler les équipes, les cars régie, les places de stationnement », précise Géraud. Et aucun scénario n’étant cette fois écarté, plusieurs animations sont dans les tuyaux. « En 2002, on n’avait pas dessiné Le Pen ! Un infographiste a planché dessus en dernière minute. » Mais le calibrage laisse-t-il la place au piment ? Un peu… En 1995, France 2 avait dépêché une moto pour remonter les Champs-Elysées aux côtés de Chirac. Là, TF1 a placé une caméra sur la terrasse de Publicis, avec vue plongeante sur l’avenue, au cas où… Et sur RTL, Duhamel sort du placard ! Laure de Charette « 20 Minutes » ne jouera pas avec les sondages Le site Internet de 20 Minutes ne publiera aucune tendance sur l’issue du vote avant dimanche 20 h. Trois raisons à cela : la loi de 1977 modifiée en 2002 est sans ambiguïté. Ensuite, relayer sur un site Web un sondage « sortie des urnes » revient à prendre le risque de mobiliser d’importants groupes d’électeurs en fin de scrutin et de provoquer un recours en annulation. Aucun média ne peut être associé à ce déni de démocratie. Enfin, 20 Minutes a eu le souci d’être le plus équitable possible dans son traitement de la campagne. Raison de plus pour éviter d’influencer le vote, même de façon passive. Pour finir, deux remarques sur le fond. Le fait que des ça se dit ! schmilblick pour les journalistes ! Ils préparent le direct de dimanche depuis sept mois en moyenne. « Une soirée électorale, je ne connais rien de pire au niveau stress… ou rien de mieux ! », confie Pierre Géraud, le grand manitou de l’événement à France 2. • Sur le plateau Les lieutenants des quatre ténors sont réservés sur TF1 jusqu’à 22 h. « En 2002, on n’avait prévu aucun invité du FN à 21 h. Il a fallu en trouver un au pied levé ! », se souvient François Bachy, directeur de l’info politique. Cette fois, les experts aussi sont calés depuis longtemps. « Radio France ou Arte m’ont contacté dès janvier », précise Pascal Perrineau, directeur du centre de recherches politiques de Sciences-Po. Et la demande est telle (quatrevingts sollicitations rien que pour lui) qu’il a mis à la disposition des médias une équipe de dix chercheurs. Tous pris d’assaut dimanche, moyennant une rémunération de 500 € à 1 000 €. • Dans les loges RTL a installé un studio dans les murs S. ORTOLA/ 20 MINUTES Au moins quatre visages peuvent apparaître à l’écran dimanche à 20 h. Un vrai France Info, qui ne redresse toujours pas des audiences plafonnant à 8,7 % alors qu’en 2002, elle se situait à 10, 5. Du coup, la pression augmente sur les épaules de Patrick Roger, nouveau patron de la station. « Il faudra se concentrer sur les fondamentaux, et lier plus directement les chroniques de l’antenne à l’actualité », prévient Cluzel. initiés vont, à partir de 18 heures dimanche, s’échanger des tendances avec la jubilation de ceux qui savent, tandis que des millions de Français seront encore censés voter dans la sérénité, peut apparaître incohérent. Enfin, cette loi date de 1977, époque où n’existaient ni Internet ni télévision par satellite. L’extraterritorialité médiatique la rend obsolète, puisqu’il suffira de consulter des sites étrangers pour connaître les estimations. Un réexamen de ces textes est donc nécessaire. Pierre-Jean Bozo, directeur de la publication Sur 20minutes.fr A lire : la mise en garde aux blogueurs hébergés par notre site ■ Fois dix et même plus. Le JT on line de Karl Zéro est passé de 20 000 à 300 000 Net-spectateurs par jour, en l’espace d’un mois. Survivra-t-il pour autant au-delà du second tour ? ■ Après Diana, Annie Girardot. L’unité documentaire de TF1 prépare un portrait documentaire de 75 minutes sur la comédienne atteinte de la maladie d’Alzheimer.