présidentielle

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présidentielle
« Le FN pourrait participer à un
gouvernement d’union nationale »
Jean-Marie Le Pen évoque dans 20 Minutes « la décadence de la société ». Il n’exclut pas
une participation du Front national à un gouvernement « en cas de crise grave » P.6-7
N° 1174 VENDREDI 13 AVRIL 2007
www.20minutes.fr
paris
grand paris
Une Philharmonie
Nouvel dévoilée
L’architecte Jean Nouvel a
présenté son projet pour la future
salle de concert de la Villette. P.3
europe
GRABTREE/THE TIMES/SIPA
Terrorisme : la
menace demeure
Les attentats perpétrés en Algérie
par Al-Qaida ravivent
les inquiétudes sur d’éventuelles
attaques en Europe. P.10
culture
DÉPASSEMENT D’HONORAIRES
La nouvelle vague
de l’électro française
10°C le matin
23°C l’après-midi
grand paris
high-tech
Très chers
médecins
FLORENCE DURAND / SIPA
météo
DR
De Ddamage
à Feadz, la
french touch
a de nouveau
la cote. Même
à domicile. P.16
Un rapport de l’inspection générale des affaires sociales
pointe l’envolée des tarifs des praticiens libéraux.
Une pratique qui nuirait à l’égalité d’accès aux soins. P.12
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VENDREDI 13 AVRIL 2007
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Campagne Ses électeurs sont de plus en plus décomplexés et le leader du FN rêve de provoquer un nouveau séisme
Le Pen a un problème : Nicolas Sarkozy
Le leader de l’extrême droite française figurerat-il pour la deuxième fois consécutive au second
tour de l’élection présidentielle ? L’hypothèse
d’un 21 avril bis fait frémir les états-majors des
grands partis politiques. Elle n’a rien de fantaisiste, tant la courbe des intentions de vote en
sa faveur grimpe ces dernières semaines. Elle
atteint 15 % selon LH2, un score historiquement élevé pour le Front national. Autres faits
nouveaux, ses électeurs semblent décomplexés
et de plus en plus de Français jugent qu’il est
un candidat comme les autres (lire ci-dessous)
et non plus un dictateur en puissance. Mais
Jean-Marie Le Pen, 78 ans, a beau clamer qu’il
figurera inévitablement au second tour, il sait
que la partie n’est pas jouée. C’est qu’il a un
problème : Nicolas Sarkozy. Car, pendant que
le candidat frontiste s’évertue à polir son image,
le leader de l’UMP mène campagne auprès des
électeurs d’extrême droite, à coups de déclarations sur l’immigration et l’identité nationale.
Et ça marche. « Parmi tous les électeurs qui ont
voté Le Pen le 21 avril 2002, 20 % déclarent
aujourd’hui vouloir voter pour Nicolas
Sarkozy », souligne Pierre Giacometti, d’Ipsos.
Autre indicateur, les électeurs de JeanMarie Le Pen souhaitent plutôt, paradoxalement, une victoire de Nicolas Sarkozy (42 %
contre 32 %).
Dans ce contexte, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le leader du FN dirige toutes
ses attaques contre Nicolas Sarkozy, dont il ne
cesse de railler les origines immigrées. Car les
dix jours à venir seront capitaux pour JeanMarie Le Pen dans la conquête de son propre
électorat.
Stéphane Colineau
A chaque déplacement dans les
quartiers populaires, Marine Le Pen
s’emploie à gommer l’image raciste
Sans complexes. A Noyon, dans
l’Oise, les électeurs du Front national
ne se cachent pas, ou plus. Dans
de son père. La semaine dernière,
sur le marché d’Aulnay-sous-Bois
(Seine-Saint-Denis), elle a reçu
des marques de sympathie de
nombreux immigrés. Un de ses
proches, Alain Soral, sociologue
venu du marxisme, est resté un
moment discuter après le départ
de la directrice de campagne du
FN. Il répétait à des badauds dubitatifs : « La préférence nationale
n’est pas la préférence raciale, ça
fait vingt ans que la presse essaie
de vous faire avaler cette
arnaque. »
Un autre conseiller du FN, Philippe
Péninque, expliquait aux jeunes
beurs que « la préférence nationale c’est pour vous aussi, puisque
vous êtes français ». Et de préciser
aux immigrés intégrés qu’eux aussi
ont intérêt à la fermeture des frontières. « Le dernier arrivé ferme la
porte derrière lui. »
Un message reçu cinq sur cinq par
certains. Ainsi, Djamila, 40 ans et
deux enfants, s’insurge contre le
fait que : « Les immigrés qui arrivent, ils ont le RMI, les allocs, la
CMU, et la cantine et les trans-
cette ville de 15 000 habitants, qui
connaît un fort taux de chômage,
Jean-Marie Le Pen est arrivé en
tête du 1er tour en 2002, avec plus
de 25 % des suffrages. Et personne
ne voit pourquoi cela changerait.
Parce que, justement, « il faut que
ça change », disent les habitants de
la cité Beauséjour.
Comme son fils de 19 ans, MarieChristine votera pour « M. Le
Pen » parce qu’« au moins, il va
faire ce qu’il dit. Alors qu’avec
Sarkozy et l’UMP, rien ne va bouger. » Ses bonnes idées ? « Relever
la vitesse à 150 km/h sur l’autoroute. » Et puis, « les Français
prennent un an de prison pour
avoir volé un saucisson, quand les
Arabes prennent presque rien
alors qu’ils ont fait une grosse
connerie ». Lorsqu’elle n’a plus eu
les moyens de payer ses factures,
le maire ne l’a pas reçue. « Je serais marron, il m’aurait ouvert ses
portes. Mais bon, moi j’ai pas leur
chance, je porte un nom
polonais. »
Même ceux qui hésitent ne perçoivent pas Le Pen comme un candi-
Marine Le Pen à Aulnay-sous-Bois
(93), la semaine dernière .
ports gratuits. Et moi qui bosse,
quand je vais voir l’assistante sociale, elle refuse de me dépanner. »
Zahidé, retraitée d’origine turque
installée dans une cité, renchérit :
« Quand je suis arrivée en 1981, il
y avait 80 % de Français, mais là
c’est devenu un ghetto, il y a 90 %
d’étrangers. Quand on appelle la
police parce qu’on n’arrive pas à
dormir à cause du bruit des jeunes
sur les parkings, ils viennent pas.
Il faut qu’il y ait un mort pour
qu’ils bougent. » Pourtant, Zahidé
déclare qu’elle votera Bayrou.
Sophie Caillat
T.CAPLAIN / LIEU-DIT /20 MINUTES
« Ça coûte rien d’essayer
pendant cinq ans »
S. POUZET / 20 MINUTES
« Le dernier arrivé ferme
la porte derrière lui »
A Noyon (Oise).
dat différent. « Comme les autres,
il a des bonnes idées. Et puis il a
pas trempé dans les magouilles »,
croit savoir Franck, 22 ans. Comme
en 2002, Nicolas, un ouvrier de
45 ans, votera Le Pen et personne
d’autre, même pas au second tour.
« En 2002, les gens s’étaient finalement dégonflés. Alors que moi,
c’est pas de la protestation, c’est
de l’adhésion. Au moins, lui, il rétablira le franc et renverra les immigrés qui n’ont pas d’emploi. Ça
coûte rien d’essayer pendant cinq
ans : ça peut pas être pire que
maintenant. » Michaël Hajdenberg
présidentielle
VENDREDI 13 AVRIL 2007
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en accédant au second tour. Mais il devra pour cela reconquérir des partisans séduits par le candidat de l’UMP
« En cas de crise, le FN pourrait participer à un gouvernement »
Jean-Marie Le Pen
Candidat du Front national.
soient rayés de la carte ne me gêne
pas du tout.
Si vous étiez élu, quelles seraient vos
premières actions ?
Retour des QHS, retour de la peine
de mort : finalement, vous revenez
systématiquement en arrière…
Sur quels sujets voulez-vous
interroger la population ?
Le premier porterait sur l’immigration et la nationalité afin de mettre
fin aux acquisitions de nationalité
automatiques. Il s’agit de supprimer
le droit du sol. J’engagerais par la
suite une réforme fiscale afin de limiter le poids des impôts. J’entends
négocier avec les pays européens
pour retrouver notre souveraineté
dans un certain nombre de domaines. Et enfin lancer une grande politique agricole.
Comment comptez-vous financer
tout cela ?
Notre budget sera à l’équilibre. Nous
allons diminuer la pression fiscale
sur les revenus du travail, sur l’impôt
sur les sociétés et les successions. Ce
qui va libérer l’activité économique
et par ricochet générer de nouvelles
recettes compensatoires. Nous ferons de grandes économies sur la
politique d’immigration, avec une
La candidature
de Nicolas Sarkozy
est de mauvais goût :
le président de l’Etat
doit incarner la nation
politique d’immigration zéro. Il y
aura l’établissement de frontières
douanières avec de nouveaux droits
de douane.
Que faites-vous pour les plus
pauvres ?
Je compte sur l’activité économique,
il n’y a que le travail qui génère des
emplois et de la richesse.
Moins d’impôts, renégociation du
temps de travail, fin des contraintes
C’est un retour, dans la mesure où
il y a une évolution décadente de
la société.
Pourquoi reprocher à Nicolas Sarkozy
ses origines ?
C. MARTIGNY / TEMPS MACHINE / 20 MINUTES
La première serait de faire un audit
sur la situation de la France avec la
Cour des comptes et un des grands
cabinets internationaux afin d’obtenir des vérités sur les chiffres de
la délinquance, de la dette, de l’état
des caisses et de la population française. Il faut ensuite rendre la parole au peuple en utilisant la proportionnelle pour toutes les
élections et le référendum comme
moyen de réforme.
Je me trouve mieux fondé que
Sarkozy pour me présenter car le
président de l’Etat doit incarner la
nation, c’est une candidature de
mauvais goût.
En cas de score important du FN,
pourriez-vous siéger dans
un gouvernement avec l’UMP ?
pour les entreprises : votre politique
est très libérale…
Je ne suis pas ultralibéral, je crois à
la liberté de l’entreprise et à l’efficacité de la concurrence en France.
Je ne suis pas libéral au sens mondialiste du terme, je suis contre le
dumping monétaire ou social de
certains pays. Nous n’acceptons pas
cette zone de libre-échange qui
pousse nos entreprises à la faillite
et aux délocalisations.
Dans les meetings, vous dénoncez
les ghettos ethniques et les zones
de non-droit. Vous n’en avez pas parlé
vendredi sur la dalle d’Argenteuil…
Quand je critique la politique dans
les banlieues, je ne m’adresse pas
aux banlieusards mais au
gouvernement.
Vous défendez la préférence
nationale, or beaucoup de personnes
étrangères, ou d’origine étrangère,
ne trouvent pas de travail
ou de logement. Au final,
elle est déjà appliquée…
Ces gens souffrent du fait que 60 à
70 % des délinquants et criminels
sont à différents degrés d’origine
immigrée. J’ai employé des gens
d’origine algérienne, je n’ai jamais
eu de problème. La préférence nationale fait préférer un Français de
banlieue à un plombier polonais,
c’est tout.
Vous êtes favorable au retour
de la peine de mort et des quartiers
de haute sécurité dans les prisons…
Je n’ai pas d’indulgence particulière
à l’égard des criminels endurcis et
dangereux. La suppression de la
peine de mort fait rester ces gens-là
en prison. Un procès s’ouvre avec
un monsieur libéré qui a tué trois
personnes. Si on l’avait raccourci,
celui-là, elles seraient vivantes. Le
fait que des criminels de cet acabit
Cela dépendra des élections législatives. Dans un cas de crise nationale grave, le FN, pour servir le
pays, pourrait participer à un gouvernement d’union nationale.
Propos recueilli par Arnaud Sagnard
Sur www.20minutes.fr
Lire l’interview intégrale
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présidentielle
VENDREDI 13 AVRIL 2007
La campagne vue par les usagers et employés des services de l’emploi d’un bassin industriel du Pas-de-Calais
« Quelle est leur sincérité, à ces candidats ? »
et employés des services
de l’emploi du bassin de
Hénin-Beaumont (Pas-deCalais) n’ont pas vraiment
le choix : avec 14,7 % de
chômage, la zone est encore en pleine désindustrialisation. Metaleurop,
Sublistatic, Energy Plast :
les exemples de naufrage
sont
nombreux, et
médiatiques.
« Aucun candidat à la présidentielle ne prévoit le
plan Marshall de réindustrialisation qu’il nous faudrait ici », regrette Florian
Fryson, directeur de la
mission locale de l’agglomération, composante de
la maison del’emploi. « Et
pourtant, il y a des choses
C. DHALLUIN / 20 MINUTES
Présidentielle ou pas,
eux sont toujours en campagne. Pour du boulot. Usagers
A Hénin-Beaumont, hier, devant la cellule
de reclassement Energie Plast.
à faire dans l’éco-industrie
et les services. Mais pas à
coups de mesurettes »,
poursuit ce croisé de l’emploi. Car, à Hénin, tout le
monde cherche : les jeunes, diplômés ou non,
comme les ouvriers licenciés à 45 ans. Autour des
antennes de la maison de
l’emploi, l’ambiance n’est
pas vraiment au farniente.
« Ils veulent supprimer
des aides mais il y a des
gens à qui ça sert en attendant de trouver, estime
Aurélie, 25 ans. Qu’ils
augmentent les contrôles
au lieu de toucher aux
aides. » Le 22 avril, elle ne
votera pas Nicolas
Sarkozy. Pour les autres,
son choix reste à faire.
A Carvin, devant l’antenne
de la mission locale,
Aurélie, 19 ans, a déjà
tranché : ce sera une
femme, « celle qui peut
gagner ». Avec son copain,
David, 21 ans, ils sont
venus de Libercourt, à une
demi-heure de vélo. Alors
la première mesure qu’ils
demandent, « ce serait
pour la mobilité. Le permis
trop cher, ça nous handicape pour trouver un boulot. » Aurélie cherche dans
la vente. Elle aimerait que
« l’on oblige à rémunérer
les stages. Pour les stages
gratuits, c’est toujours oui,
pour un boulot, jamais. »
Karim, conseiller en insertion, est lui aussi tenté par
Ségolène Royal. « On
n’est pas dans le social
pour rien. Mais quelle est
leur sincérité, à ces candidats ? » Cette défiance est
aussi palpable à la cellule
de reclassement montée
pour les deux cents salariés d’Energy Plast, à
Hénin-Beaumont. Eux ont
vu défiler les candidats.
« Au moins, ceux qui se
sont déplacés ont pu voir
ce qu’on nous avait fait.
Mais ce qu’ils racontent à
la télé, c’est du vent. C’est
simple, à part la météo, on
éteint le son. »
A Lille, Olivier Aballain
Chaque jour : un candidat, une question
La question du manifeste
Les trois quarts des Français
interrogés dans le Manifeste
ne font pas le distinguo entre
nécessité d’avoir un travail et avoir
des enfants scolarisés pour obtenir
des papiers. Comment comptezvous gérer cet amalgame ?
La réponse de Nicolas Sarkozy
L’immigration est un sujet sérieux
qui ne se résume pas à « gérer un
amalgame ». Les Français ont très
bien compris la situation. Notre
pays doit rester ouvert, mais s’il
veut intégrer dignement, il doit
maîtriser l’immigration. Nous ne
devons accueillir que ceux pour
lesquels nous avons un travail et
un logement. S’agissant de l’école,
la France agit généreusement en
scolarisant tous les enfants même
si leurs parents n’ont pas de papiers. Elle a raison de le faire.
Mais cela ne peut pas donner droit
à des papiers pour toute la famille
car ce serait créer une immense
filière d’immigration clandestine.
Face à ces situations, nous ne pouvons faire que du cas par cas.
Un jeune tabassé par des militants FN
Un jeune homme de 20 ans d’origine
maghrébine a été hospitalisé mercredi
après-midi, après avoir été frappé par
des militants du Front national à
Thizy (Rhône). Plusieurs d’entre
eux ont été interpellés par les gendarmes et deux étaient encore en
garde à vue hier matin. Selon SOS
Racisme, des militants, à bord d’une
camionnette, auraient tenté d’écraser le jeune lors du passage de la caravane de campagne du FN à Thizy,
dans le cadre de la candidature de
Geoffroy Daquin, 29 ans, dans la 8e
circonscription du Rhône. Le FN
parle de « guet-apens ».
Bras de fer entre Kaboul et les
talibans sur les otages français
Les deux Français, membres de l’ONG Terre d’enfance, sont apparus dans une vidéo.
Les rebelles afgans qui les retiennent exigeraient un échange de prisonniers. P.12
N° 1175 LUNDI 16 AVRIL 2007
www.20minutes.fr
paris
grand paris
Cure de jouvence
à Fontainebleau
Le château lance d’importants
travaux de rénovation pour pallier
la désaffection du public. P.3
france
S. ORTOLA / 20 MINUTES
Foire du Trône :
la confusion
Le jeune de 15 ans, principal
suspect dans l’affaire de la mort
du policier, serait revenu ce weekend sur ses aveux. P.6
high-tech
météo
DR
L’Apple TV permet d’accéder
aux fichiers de son
ordinateur depuis
sa télé. Une
nouveauté au goût
d’inachevé. P.19
14°C le matin
26°C l’après-midi
grand paris
sport
C. MARTIGNY / TEMPS MACHINE / 20 MINUTES
Apple met
la télé en boîte
«Un projet
de civilisation»
A six jours du premier tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy
évoque dans une interview à 20 Minutes ses choix en matière d’éducation,
de travail et de lutte contre la délinquance. P.6-7
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france
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culture
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monde
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économie
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guide
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présidentielle
Chaque jour : un candidat, une question
La question
Les Français souhaitent
des incitations plus
fortes pour que
les chômeurs cherchent
du travail : 74 % veulent
que leur mobilité
géographique
soit stimulée ;
67 % préconisent
une suppression
des allocations après
trois offres refusées.
Comment répondezvous à cette attente ?
La réponse
de Ségolène Royal
Je suis pour une société
du gagnant-gagnant. Il
n’est donc pas question
d’avoir, comme la
droite, une vision négative, voire punitive du
travail, et d’opposer les
chômeurs à ceux qui
ont un emploi. Pour
créer des emplois, j’entends relancer la croissance, notamment en
soutenant les PME
créatrices d’emplois.
Et il faut aussi développer la formation pour
permettre le retour à
l’emploi des chômeurs.
Enfin, la sécurité sociale professionnelle
que je veux mettre en
place permettra d’éviter, en cas de difficultés
économiques dans une
entreprise, de passer
par la case chômage :
le salarié, au lieu d’être
licencié, conservera
90 % de son salaire, en
échange d’une formation professionnelle ou
d’une reconversion.
7
Le Pen persiste et signe
au sujet de la Shoah
Royal a besoin
des femmes
La candidate
socialiste Ségolène
Royal a affirmé hier
avoir « besoin du
vote des femmes »,
pour écrire
« une nouvelle
page de l’histoire
de France ».
Bayrou se voit
en chef de famille
Selon le candidat
UDF François
Bayrou,
un président de
la République « est
dans une situation
de chef de famille
à la tête du pays
(…) pour essayer
de relever les défis
de la vie ».
On ne se refait pas. Alors qu’il
tente de policer son image pour séduire un électorat plus large, Jean-
Marie Le Pen, 78 ans, campe sur
ses positions quand il s’agit de la
Seconde Guerre mondiale. Le candidat du Front national a affirmé
hier au Parisien-Aujourd’hui en
France qu’il « regrettait » que
Jacques Chirac ait reconnu la responsabilité de l’Etat français dans
la déportation des Juifs.
A la question de savoir s’il désapprouvait la façon dont la Shoah
était enseignée aujourd’hui, JeanMarie Le Pen a ensuite fait cette
réponse lourde de sous-entendus :
« C’est un sujet que je n’aborderai
pas. Quand je me suis exprimé, ça
m’a coûté 150 millions d’anciens
francs. Ces débats ne sont pas dans
le domaine de la liberté d’expression. On ne peut pas exprimer une
autre opinion que celle dictée par
la pensée unique. »
M. BUREAU / AFP
LUNDI 16 AVRIL 2007
Le leader du FN est enfin revenu
sur sa condamnation à 1,2 million
de francs pour avoir déclaré que les
chambres à gaz étaient « un point
de détail de l’histoire de la Seconde
Guerre mondiale ». Là encore, il
ne regrette pas l’emploi du terme
« détail ». « Je n’ai pas peur d’employer ce mot. Et j’assume toutes
mes responsabilités. »
8
présidentielle
LUNDI 16 AVRIL 2007
Campagne A six jours du premier tour, le candidat de l’UMP détaille les réformes qu’il souhaite engager
« Le Pen ne m’intéresse pas, son électorat, si »
Des années qu’il ne pense qu’à ça. Des mois
qu’il fait la course en tête dans les sondages. A six
jours du premier tour, Nicolas Sarkozy nous a
accordé une interview où il détaille les premières mesures qu’il prendrait s’il était élu, son
calendrier de réformes pour 2007, sa vision de
l’université, de la lutte contre le chômage…
Toujours en tête dans les dernières enquêtes
d’opinion, le candidat de l’UMP se refuse à dire,
en public, que tout est joué. Et il se donne un mal
de chien pour expliquer, justifier, convaincre. Sa
Nicolas Sarkozy
Candidat de l’UMP.
Si vous êtes élu, quelles
seront vos premières
mesures ?
J’en prendrai quatre principales : exonération de
charges et d’impôts sur les
heures supplémentaires,
cela pour l’employeur
comme pour le salarié,
exonération d’impôt sur
95 % des successions et
des donations, déduction
des intérêts pour toute
personne qui achète son
logement, mise en place
de peines aggravées pour
les multirécidivistes, qu’ils
soient majeurs ou mineurs. J’ai longuement
développé ma vision de la
France dans mon dernier
livre, Ensemble.
Avec quelle équipe ?
Avec une équipe restreinte, quinze ministres et
pas un de plus. Ce sera une
équipe paritaire hommesfemmes, une équipe
ouverte. Mon devoir sera
de composer un gouvernement sur la base de la compétence, du rassemblement
et non pas de remercier des
amitiés anciennes.
Pour le moment, votre
ouverture se limite
à Simone Veil et André
Santini. Comptez-vous
aller plus loin ?
On peut aller plus loin.
Un certain nombre de
personnalités de gauche
pourraient être membres
de mon équipe. Je pense
à des noms que je ne gê-
grande différence avec les autres candidats : il ne
dit jamais « il faut » mais « je veux ».
La dernière ligne droite de sa campagne tourne
beaucoup autour des relations entre l’UMP et le
FN. Notamment parce que Brice Hortefeux, bras
droit de Nicolas Sarkozy, s’est prononcé la semaine dernière pour l’introduction d’une dose de
proportionnelle pour les législatives de 2012.
Même si le candidat de l’UMP s’est démarqué de
cette proposition, il n’en fallait pas plus pour suspecter un appel du pied de la droite à l’extrême
droite. Ségolène Royal, sa rivale PS, a d’ailleurs
dénoncé, hier, « un signe clairement lancé au
FN ». En tout cas, il ne sera pas dit que Nicolas
Sarkozy n’est pas retourné en banlieue. S’il a évité
de revenir à Argenteuil où il avait prononcé le
mot « racaille », il s’est rendu à Meaux (Seine-etMarne) vendredi soir, pour une rencontre tendue
avec les habitants d’une cité sensible. Il n’y allait
pas pour convaincre son auditoire, mais plutôt
pour montrer à son électorat qu’il peut toujours
David Carzon
mettre les pieds en banlieue.
nerai pas en les citant
maintenant.
leur permettra d’avoir soit
une formation qualifiante,
soit un autre emploi. Nul
chômeur ne pourra refuser plus de deux fois
consécutivement un emploi qui correspond à ses
qualifications.
Quel est votre calendrier
de réformes jusqu’à
la fin 2007 ?
Je réunirai les ONG dès
la première semaine de
mon élection et je leur
proposerai d’établir un
ordre du jour et un calendrier pour un Grenelle de
l’environnement dès septembre. Dès la première
semaine aussi, je réunirai
les partenaires sociaux
pour leur proposer d’engager des négociations
sur l’égalité des salaires
hommes-femmes, la qualité du travail, le pouvoir
d’achat, le contrat de travail unique, la fusion
Assedic-ANPE.
Sur toutes ces questions,
vous comptez obtenir des
résultats à partir de quand ?
Je fixerai à chaque ministre une lettre de mission
avec des objectifs à obtenir. Et on évaluera les
résultats chaque année.
Je ferai moi-même le
point chaque année sur le
travail accompli et je
comparerai les résultats
obtenus et les engagements pris. Parmi ceux-là,
je prends l’engagement
du plein emploi.
Faudra-t-il laisser
filer la dette ?
Non, j’ai proposé un certain nombre de mesures
pour la réduire : le nonremplacement d’un fonctionnaire sur deux sur cinq
ans, la mise en place d’une
franchise pour les dépen-
Je suis employeur au
1er janvier 2008, j’ai un carnet
de commandes incertain,
j’hésite à embaucher.
Quel aménagement légal
proposez-vous ?
Tout est fait aujourd’hui
pour vous empêcher de
donner des heures supplémentaires. Tout sera fait
pour distribuer des heures
supplémentaires. Il n’y
aura aucun risque pour
l’entreprise.
ses de l’Assurance-maladie, la réforme des régimes spéciaux de retraite.
Tout cela se passe sur cinq
ans, mais il faudra commencer à mieux maîtriser
les finances publiques dès
la première année.
A qui va profiter
le bouclier fiscal de 50 % ?
Aux plus riches ?
Le problème ne se pose
pas ainsi. Ce qui compte
pour moi, c’est qu’au
début de l’année, il n’y ait
pas un seul Français qui
se dise que l’Etat va lui
prendre plus de la moitié
de ses revenus. Je veux
faire revenir en France les
créateurs, les innovateurs,
les artistes. Quand en
France, des gens qui ont
de l’argent investissent, ça
donne de l’emploi à ceux
qui n’en ont pas. La ques-
tion n’est pas de savoir à
qui ça va profiter. C’est
surtout l’économie, donc
tout le monde qui va en
profiter.
La sécurité sociale
professionnelle, comment
ça marche ? Si je suis
licencié, qu’est-ce qui
va changer pour moi ?
Tous les licenciés écono-
« Je veux faire
revenir en France
les créateurs,
les innovateurs,
les artistes. »
miques auront un contrat
d’un an avec le service public de l’emploi en gardant la même rémunération. Ils ne passeront plus
par le chômage. Ce contrat
Mon autorisation de licencier
sera-t-elle facilitée ?
Je veux négocier avec les
syndicats la « flexisécurité ». Je veux limiter la
durée que peut prendre un
licenciement, mais dans le
même temps augmenter les
indemnités des salariés.
Votre « flexisécurité »
suppose une formation
tout au long de la vie
professionnelle. Formation
qui n’existe toujours pas…
Aujourd’hui, la formation
professionnelle, c’est
23 milliards d’euros qui
ne sont pas utilisés de manière efficace. De plus,
quand un salarié veut être
formé correctement, il
vaut mieux pour lui qu’il
appartienne à un grand
groupe international plutôt que d’être dans une
petite entreprise qui délo-
présidentielle
LUNDI 16 AVRIL 2007
calise. Je veux reconnaître
à chaque salarié le droit à
une seconde chance, qu’il
ait droit à un an de formation qualifiante.
cession, ce n’est pas pour
des raisons fiscales, c’est
pour des raisons de valeur : je crois au travail et
à la famille.
Comment comptez-vous
financer votre plan
Marshall pour les quartiers
populaires ?
Vous vous fixez comme
objectif de ne laisser aucun
enfant sortir du système
scolaire sans qualification.
Comment comptez-vous
parvenir à cet objectif ?
Je veux d’abord mener la
guerre aux trafiquants de
drogue et à l’oisiveté. Mais
il faut aussi proposer aux
jeunes un emploi. Je négocierai avec les partenaires sociaux l’ouverture
des entreprises aux
250 000 jeunes concernés.
C’est très bien de moderniser les immeubles, mais
si on ne donne pas un emploi ou une formation à
ceux qui sont dedans, ça
n’a aucun sens. Ça coûtera
moins cher de donner une
formation ou un emploi à
ces jeunes que de les laisser à la loi de la rue.
Est-ce que vos propositions
vont dans le sens
d’une révolution fiscale
à la Reagan ou structurelle
à la Thatcher ?
Pourquoi choisir ? Quand
je propose de changer
l’Education nationale, ce
n’est pas la structure que
je veux changer, c’est
l’ambition pour l’école. Je
veux une école de la transmission où les mots « exigence » et « excellence »
reprennent un sens. Ce
n’est ni fiscal, ni structurel. C’est simplement un
projet de civilisation.
Quand je propose la suppression des droits de suc-
Par exemple, dans les uni-
ble, mais l’Etat doit se
préoccuper d’abord de la
réussite professionnelle
des jeunes.
Avec votre politique et
notamment votre
proposition de peines
planchers, il y aura besoin
de places dans les prisons…
Les peines planchers
concernent les 5 % de
multirécidivistes qui réa-
« Le contribuable n’a pas forcément
à payer vos études de littérature
ancienne si au bout, il y a
1 000 étudiants pour deux postes. »
versités, chacun choisira sa
filière, mais l’Etat n’est pas
obligé de financer les filières qui conduisent au chômage. L’Etat financera
davantage de places dans
les filières qui proposent
des emplois, que dans des
filières où on a 5 000 étudiants pour 250 emplois.
Si je veux étudier
la littérature ancienne,
je devrais financer
ma scolarité ?
Vous avez le droit de faire
littérature ancienne, mais
le contribuable n’a pas
forcément à payer vos
études de littérature ancienne si au bout il y a
1 000 étudiants pour deux
postes. Les universités
auront davantage d’argent pour créer des filières dans l’informatique,
dans les mathématiques,
dans les sciences économiques. Le plaisir de la
connaissance est formida-
lisent 50 % de la délinquance. Il y a un programme de construction
de prisons qui a été prévu.
Pour moi, c’est un choix.
On dépense des milliards
à l’utilité douteuse pour
empêcher les Français de
travailler ; on peut faire
des dépenses d’investissement dans les prisons.
Compte tenu des procédures de permis de
construire, cela prendra
cinq ans. Mais il faut commencer tout de suite.
Vous aurez besoin de sang
froid si vous êtes élu ?
Vous parlez au futur. Vous
ne croyez pas que j’en ai
besoin maintenant ?
On anticipe des mouvements
de protestation
dans les banlieues…
Je suis allé à Villepinte, je
suis allé dans un quartier
difficile de Meaux, et il
n’y a pas eu de mouvements de protestation.
A Villepinte, vous y êtes allé
le matin et personne n’était
au courant…
Dès la veille, les médias
annonçaient ma venue.
Mais je suis allé à Toulouse
le lendemain. 14 000 personnes au meeting, 50 manifestants… Je fais des
réunions, des déplacements et des meetings
tous les jours et il n’y a pas
de manifestations.
Pourquoi vous laissez
Le Pen aller sur la dalle
d’Argenteuil ?
J’y suis allé et je ne vois pas
où est le courage d’aller à
Argenteuil deux ans après
moi. Ceux qui ont écrit que
j’instrumentalisais la banlieue en y allant voudraient
aujourd’hui que j’y retourne. Pourquoi ? Pour
être très heureux de me
filmer face à des provocations ? Pour pouvoir dire :
« Cet homme inquiète » ?
Je ne suis pas obligé de
tomber dans tous les
pièges.
Votre rencontre avec
les habitants d’une cité
de Meaux a été très tendue.
Y a-t-il un divorce
entre vous et les quartiers
populaires ?
Je suis certainement
l’homme politique qui
s’est le plus rendu dans les
quartiers populaires. A
Meaux, dans le quartier
de Beauval, j’ai eu avec les
habitants une vraie discussion autour des vrais problèmes. Je m’en réjouis.
Et j’aurai d’autres rencontres de ce type.
9
Sur des sujets comme
l’identité nationale,
vous dites que vous brisez
des tabous. Sauf que vous
ne le faites pas pour
le vote des immigrés
aux élections locales…
Pour le coup, ça provoque
inutilement un clivage. Ça
fait reculer le débat plutôt
qu’avancer.
Dans le même registre, vous
avez pourtant fait supprimer
la double peine…
Parce que je pensais que
c’était juste.
A titre personnel, vous
pensez que le droit de
vote pour les élections
locales est juste. Quelle
est la différence avec
les autres sujets ?
Je pense que c’est moins
urgent que ne l’était la
double peine.
Vous êtes sûr d’être
au second tour ?
Non, je ne suis sûr de rien,
mais je fais campagne.
Pendant que mes concurrents me critiquent, moi je
fais une seule chose : je
propose mes solutions aux
problèmes de la France.
Quand Le Pen dit qu’il va
vous appeler entre les deux
tours, vous attendez son
coup de fil ?
Non, pas du tout. Ce n’est
pas Le Pen qui m’intéresse, c’est son électorat.
Recueilli par Frédéric Filloux,
David Carzon
et Stéphane Colineau
Photos : Cédric Martigny /
Temps machine / 20 Minutes
Sur www.20minutes.fr
Lire l’interview intégrale
10 présidentielle
LUNDI 16 AVRIL 2007
Retrouvez le blog de la présidentielle sur 20minutes.fr
Kouchner veut allier PS et UDF, pas Royal
Le programme
des « grands »
appelé samedi à une alliance PS-UDF. « La gauche ne doit pas refuser l’alliance avec un centre
rénové », a lancé Bernard
Kouchner dans Le Journal
du Dimanche. « Pour la
première fois depuis trente
ans, le parti de François
Bayrou ne récuse pas la
gauche réformatrice.
Saisissons cette chance »,
a-t-il insisté, relayant un
appel lancé vendredi par
Michel Rocard dans Le
Monde. L’ancien Premier
ministre socialiste y prônait
une « alliance, avant le premier tour », entre Royal et
Bayrou, pour battre
Sarkozy.
Du pain bénit pour François
Bayrou qui déclarait hier à
Nantes que les appels de
Rocard et Kouchner sont
« pour [lui] un très grand
espoir de pouvoir rassembler au-delà des clivages
habituels », ajoutant qu’il y
a « beaucoup de gens, à
droite comme à gauche, qui
veulent une démocratie de
François Bayrou
tient aujourd’hui à
Lyon une réunion
publique puis sera
présent à l’émission
« Questions
ouvertes », sur
France 2, Ségolène
Royal est en
meeting au Zénith
de Nantes tandis
que Nicolas Sarkozy
est l’invité ce soir de
l’émission « Face à
la une », sur TF1.
Le QG de
Bayrou occupé
Le QG de
campagne de
François Bayrou,
situé dans le 7e
arrondissement de
Paris, a été occupé
vendredi par une
centaine de sanspapiers réclamant
leur régularisation.
Manif anti-FN
Plusieurs centaines
de personnes ont
manifesté hier à
Paris contre le Front
national, qui tenait
meeting au même
moment dans la
capitale, à l’appel
d’organisations
antiracistes et
d’extrême gauche.
TONDRE / SIPA
Après Michel Rocard, au
tour de Bernard Kouchner.
L’ancien ministre socialiste a
Bernard Kouchner et
Ségolène Royal, en février 2007.
réforme constructive et déterminée ». Cependant, la
candidate
socialiste
Ségolène Royal s’est voulue
ferme dans une interview
parue aujourd’hui dans plusieurs quotidiens de l’ouest
de la France, et indique
n’avoir « rien à négocier » ni
« aucun compromis à passer » avec les deux candidats
canular
Un
sondage secret des RG
éliminerait Royal dès le
premier tour. Il s’agit, a
priori, d’un canular. Mais
le site nouvelobs.fr
maintenait hier ces infos,
citant des sources du
ministère de l’Intérieur.
AClefeu chauffe le pavé parisien Le débat sur le Net entre les
quatre présidentiables fait pschitt
L’échange d’arguments
avant le premier tour n’aura pas
lieu. Pourtant, un collectif issu du
Web, auquel participait
S. ORTOLA / 20 MINUTES
Hue dans
la campagne
Robert Hue, ancien
n° 1 du PCF, lance
un appel aujourd’hui
dans Libération
à Marie-George
Buffet et aux
responsables
du parti pour
qu’ils disent
« haut et fort »
leur disponibilité
à « participer
pleinement » à une
majorité de gauche.
de droite. Mais ces appels
sont une nouvelle preuve
que le PS « est partagé entre
deux tendances, celle de
l’ancrage à gauche et celle
d’une alliance avec le centre, avec des personnalités
comme Dominique StraussKahn », explique Philippe
Braud, professeur à Sciences
Po.
O. M. (avec AFP)
A l’appel du collectif
AClefeu, quelque 1 200 personnes – 500 selon la police – ont
manifesté samedi à Paris
(photo) pour les « oubliés de
la République », habitants
des quartiers populaires,
mais pas seulement. « Les
oubliés de la République, ce
sont tous ceux qui se reconnaissent dans ce terme, handicapés, femmes, sans-logis,
chômeurs, ce ne sont pas
que les jeunes des quartiers
populaires », a expliqué le
président du collectif.
www.20minutes.fr, s’est mobilisé pour organiser ce qui
aurait pu être le premier événement du Net politique français : la confrontation entre les
quatre candidats qui, selon les
sondages, mobilisent plus de
80 % des intentions de vote.
Après dix jours de travail du
collectif, la date — ce devait
être aujourd’hui — est calée,
les questions techniques et les
thèmes de discussion aussi. Il
manque l’accord des candidats. François Bayrou accepte. Ségolène Royal aussi.
Le FN propose d’« envoyer
Gollnisch ». Mais Nicolas
Sarkozy maintient son
« non », malgré le pressing du
collectif. « On a proposé que
le débat ait lieu avant le début
de la campagne officielle, expliquait-on samedi à l’UMP.
Mme Royal n’a pas voulu.
Maintenant qu’elle sait que
le débat ne pourra pas se faire
à cause des contraintes d’égalité de temps de parole, elle
dit oui. » Hors de question de
se « plier à l’agenda de Mme
Royal ». Apprenant ce refus,
la candidate PS ne veut plus
venir. Le débat tombe à l’eau.
Tant pis pour les électeurs.
Alice Antheaume
Sur www.20minutes.fr
Davantage de précisions sur le sujet
présidentielle 11
LUNDI 16 AVRIL 2007
Les motards coupent la route des candidats
étaient entre 10 000 et
20 000 samedi dans plusieurs grandes villes de
France, et 7 000 dimanche
à Paris. La fédération française des motards en colère
(FFMC), à l’origine de ces
rassemblements, demandent que soient reconnues
« les spécificités des deuxroues motorisés ».
L’association épingle notamment les glissières de
sécurité conçues « pour les
voitures et les camions » et
qui font courir « de graves
dangers » aux deux-roues à
moteur. Dans chaque ville,
des haltes ont été marquées
devant les mairies, les préfectures et surtout les permanences de partis politiques, où les motards ont
déposé leurs revendica-
tions. « Nous sommes des
citoyens comme les autres,
arrêtez de nous mettre à
l’index », a demandé à Lille
Guy Catteau, secrétaire de
la FFMC pour le Nord, faisant allusion aux réglementations récentes.
« Malgré toutes les demandes, rien n’avance. En cinq
ans, nous n’avons eu droit
qu’à davantage de répression, avec les radars notamment. Nous ne sommes
pourtant pas des loubards,
on ne veut pas que la route
devienne un circuit, nous
demandons juste une amélioration de notre sécurité », a déclaré Olivier
Barrière, porte-parole de la
FFMC à Lyon, où les motards bruyamment rassemblés place Bellecour, en
plein centre, se sont élancés
dans un concert de klaxons
en
direction
du
périphérique.
Laguiller ne
ménage pas Royal
Arlette Laguiller, qui
tenait meeting hier
au Zénith de Paris
devant
5 000 personnes,
a renvoyé Nicolas
Sarkozy et Ségolène
Royal dans le même
camp du patronat.
Altercation avec
des militants FN
S. ORTOLA / 20 MINUTES
Des milliers de motards
ont défilé ce week-end pour
réclamer « une égalité entre
usagers de la route». Ils
Hier, à Paris.
Réactions allergiques aux
machines à voter électroniques
Haro sur le vote électronique. A
quelques jours du premier tour, la polémique contre l’utilisation de machi-
nes à voter électroniques ne désenfle pas. Environ 1,5 million
d’électeurs dans 82 communes sont
concernés. Les opposants craignent
des « fraudes massives et
indétectables ».
Des membres du PCF, des Verts, du
PSetdel’UDFd’Issy-les-Moulineaux
ont envoyé mercredi dernier un
courrier au préfet des Hauts-deSeine, Michel Bart, pour lui demander de mettre en œuvre « un moratoire immédiat » sur l’utilisation de
ces machines dans cette commune.
Une pétition « pour le maintien du
vote papier » lancée sur Internet par
des informaticiens le 28 février avait
recueilli hier 61 769 signatures.
François Bayrou renchérissait le
8 mars dans l’hebdomadaire Politis :
« Il faut refuser cette évolution et
suspendre toute utilisation. » Même
son de cloche au PS et au FN. Le
ministère de l’Intérieur s’est contenté
de souligner que les machines, toutes
fabriquées à l’étranger, sont parfaitement fiables et qu’elles n’ont pas
connu de problème depuis leur lancement en 2003.
Do you speak English, Mr. president ?
Quel est le niveau d’anglais de
nos candidats ? L’entourage de
François Bayrou assure qu’il « parle
très, très bien l’anglais », et celui
de Nicolas Sarkozy qu’il parle un
« anglais courant ». Ségolène
Royal, elle, explique qu’elle
« comprend l’anglais », mais
qu’elle le parle plus difficilement.
Jean-Marie le Pen, lui, « comprend très bien » l’anglais, mais
n’aime pas le parler. José Bové
considère quant à lui qu’il est
« quasi bilingue ». Enfin, Gérard
Schivardi avoue sans complexe ne
parler… que le français !Avec AFP
Quatre jeunes
majeurs ont été
placés en garde
à vue, dans la nuit
de samedi à
dimanche, après
une altercation,
dans le centre de
Lyon, avec des
colleurs d’affiche
du Front National.
30
arguments
LUNDI 16 AVRIL 2007
A
lire Que faire ? Qui choisir, plutôt. Selon le sondage LH2 que
nous avons publié il y a une semaine, 47% des personnes interrogées
Chronique Guy Birenbaum
Tous les lundis, Guy Birenbaum, universitaire et éditeur
(Editions Privé) sort de son blog pour livrer une chronique
tout aussi « NRV » dans les pages de 20 Minutes.
ne savent pas encore pour qui ils voteront. A ceux qui hésitent,
on ne donnera aucune consigne. Juste une suggestion. Pourquoi
ne pas partir à la recherche de la réponse en tournant des pages ?
Deux fauteuils pour quatre
Exception faite de Gérard Schivardi et de Frédéric
Nihous, ils sont tous là. Pour moins de 10 €, voilà
dix des douze candidats tranquillement passés au
tamis de la politique comparée, de l’économie…
En une vingtaine d’experts, et presque 300 pages,
on découvre programmes, projets et personnes.
Chacun est doublement décrit, dans un portrait
« politique » d’abord, puis un portrait « perception » qui prend en compte l’image véhiculée auprès
des électeurs. Utile pour comparer le réel au spectacle. Les candidats susceptibles de passer au premier tour bénéficient en bonus d’une description de leur entourage de
campagne. Un livre qui éclaircit les idées, qui se feuillette véritablement
de gauche à droite, et même de l’extrême-gauche à l’extrême droite,
partant d’Arlette Laguiller pour finir avec Jean-Marie Le Pen. A. K.
« Présidentielle 2007, Qui choisir ? », sous la direction de Yael Azoulay,
Pascal Perrineau et Brice Teinturier, Editions Philippe Rey, 9,90 €.
Tous les chiffres qui tuent
Présentées par Jacques Marseille, ces statistiques sont un vibrant appel à la réforme, pour
ne pas dire à la rupture. L’économiste (tendance
libéral, mais les chiffres eux, ne mentent pas
– en principe), aussi professeur à la Sorbonne,
a un réel talent pour dénicher le chiffre qui tue,
le tableau qui mériterait d’être copié-collé dans
un argumentaire électoral. Quelques perles :
parmi les pays de l’OCDE, la France a le plus
fort taux de redoublants à l’école, mais aussi les
pires résultats en matière d’obtention de diplômes. En matière de travail, un Britannique ou un Danois travaillent
30 % de plus qu’un Français, mais gagnent aussi 10 % à 20 % de
plus. Sur les aides à l’emploi : un couple avec deux enfants sachant
gérer ses minima sociaux arrive à toucher chaque semaine l’équivalent de 44 h 30 de smic. La lecture du livre de Jacques Marseille devrait faire baisser une autre statistique : en France, 55 % des électeurs
se réfugient encore dans l’abstention.
F. F.
« Les bons chiffres pour ne pas voter nul en 2007 »,
de Jacques Marseille, Perrin, 16,80 €.
Tout un chantier, et même plusieurs…
« Ce sera l’élection de la rupture », préviennent
les auteurs dans la toute première phrase. Et aussi
des chantiers obligés pour le locataire de l’Elysée,
qui devra être doué d’un certain art de la rénovation en milieu dégradé. Logique, donc que le
livre s’attache à l’état ou plutôt aux états des lieux
(chômage, dette, santé…). Mais il va bien au-delà
du constat en proposant immédiatement à la suite
un « débat d’experts », assorti d’encadrés qui ne
manquent pas de pertinence (la vraie histoire du
plombier polonais…) Dommage que sa sortie un peu anticipée nuise
à l’exhaustivité des programmes présentés. Bové, Schivardi et
Besancenot sont zappés au profit de Clémentine Autain et de Nicolas
Dupont-Aignan, qui au final ne sont pas candidats.
A. K.
« Elysée 2007- Les questions clefs des Français », de Eddy Fougier, Béatrice Houchard,
Henri Vernet et Emilie Chapuis, Lignes de repères, 18 €.
S. ORTOLA / 20 MINUTES
Tout un programme, et plus encore…
A moins d’une semaine du scrutin,
il n’est plus temps de mégoter. Il faut écrire
ce que l’on a sur le cœur ou alors, poser
sa plume. D’abord, avouer modestement
que l’on sait… que l’on ne sait rien !
Rien, ou presque, de ce qui va sortir
de ce premier tour de tous les dangers.
Lâcher ensuite, qu’au petit jeu des
pronostics, la farandole des sondages (pas
loin de trois cents…) aura autant usé les
plus déterminés que donné le tournis aux
très nombreux indécis. Chuchoter alors sa seule — pauvre —
certitude. Oui, le vote sera très très serré dimanche.
S’aventurer à en prédire le résultat ? Mission impossible !
A vue de nez, quatre candidats se tiennent dans un
mouchoir, entre 18 et 24 %. Non. Certainement pas plus
haut. Les huit autres ? Quinze à vingt points derrière, la
plupart sous la barre des 5 % fatidiques en matière de
remboursement des frais de campagne, et se demandant
encore ce qu’ils sont venus faire dans cette galère…
Et au niveau des idées, des projets ? Il aura été de bon ton,
pendant toute la durée de cette — trop — longue campagne,
de dauber sur l’absence de débats ou de confrontations.
Pourtant, il n’est pas exact de prétendre que les candidats
en lice proposent les mêmes solutions. Quatre directions
distinctes existent bel et bien. D’abord, avec Ségolène
Royal, une social-démocratie,
rose pâle, inspirée des
En 2002, Lionel
modèles nordiques. Un centre
Jospin fut éliminé
rénové, tirant davantage vers
cette demi-gauche que vers
avec un écart
sa droite, chez François
de 194 600 voix
Bayrou. Une vraie droite,
sur 28 millions
assumée, brisant totems et
et demi de suffrages tabous, sans le moindre
scrupule, avec Nicolas
exprimés.
Sarkozy. Enfin, une véritable
extrême droite, triste
exception à la française, incarnée par Jean-Marie Le Pen.
Où sont les clés du vote ? Chez les abstentionnistes ?
20, 25 ou 30 % ? Parmi les tenants du vote blanc (près d’un
million de blancs et nuls en 2002) ? Chez les deux millions
de nouveaux inscrits ? Petit rappel : en 2002, Lionel Jospin
fut éliminé avec un écart de 194 600 voix au profit
de Jean-Marie Le Pen ; sur 28 millions et demi
de suffrages exprimés…
De quoi attendre, plutôt en silence, dimanche prochain 20 h,
non ? Ou plus tard… Qui sait ?
Sur www.20minutes.fr
• Retrouvez tous les jours la vision de l’actu de Guy Birenbaum
sur http://birenbaum.blog.20minutes.fr
• Chat en direct sur les libertés numériques : posez vos questions
à Christophe Espern, chargé de mission à l’Association pour la promotion et la
recherche en informatique libre (April). Il y répondra demain à 15 h.
• Le Festival de Cannes va fêter ses 60 ans. Désignez votre film préféré
parmi 47 Palmes d’or.
• Retrouvez notre blog de la présidentielle sur http://2007.blog.20minutes.fr,
avec nos invités politiques, chercheurs, militants, ainsi que les planches BD de Wayne...
Présidentielle 2007 : et si on se
projetait cent jours plus tard ?
20 Minutes se livre à un petit exercice de prospective en imaginant à quoi pourraient
ressembler les premiers mois du mandat du prochain président de la République. P.6-7
N° 1176 MARDI 17 AVRIL 2007
www.20minutes.fr
Massacre
au campus
paris
grand paris
Au moins trente-deux personnes ont été tuées hier à l’université
de Virginia Tech, aux Etats-Unis. Un tireur non identifié
a ouvert le feu sur des étudiants. La fusillade la plus meurtrière
jamais survenue dans une école américaine. P.9
A Paris, le vert
manque d’aires
L’arrivée des beaux jours et
la ruée sur les pelouses mettent
en lumière le manque d’espaces
verts dans la capitale. P.2
france
Mammouth fait
grimper les prix
S. POUZET / 20 MINUTES
La belle bête de
4,80 m, disparue
il y a 12 000 ans,
a été adjugée
à 260 000 €,
hier à Paris. P.4
voile
S. POUZET / 20 MINUTES
Galfione : « Il faut
partir optimiste »
12°C le matin
22°C l’après-midi
grand paris
guide
2
22
20 MINUTES
météo
Interview de l’ex-perchiste, wincher
d’Areva-Challenge, qui concourt dans
la Coupe Louis-Vuitton, qualificative
pour l’America’s Cup. P.25
france
sport
Des images diffusées hier
par CNN montrent des policiers
évacuant une victime.
4
monde
9
économie
10
emploi
11
24
culture
28
tv-médias
30
télévision
31
présidentielle
MARDI 17 AVRIL 2007
Retrouvez le blog de la présidentielle sur 20minutes.fr
5
« Je ne suis pas dans la contestation gratuite »
l’occasion de donner un coup de
barre à gauche en se portant sur ma
candidature.
Quelles sont les premières mesures
que vous prendrez si vous êtes élue ?
Pourtant, les milieux populaires
votent de plus en plus pour Le Pen…
Certaines lois sont prêtes, le régime des intermittents ou la loicadre contre les violences faites
aux femmes. Dès juillet, une session extraordinaire de l’Assemblée
commencera le travail sur la précarité en portant le smic à 1500 €
net, et en lançant une grande négociation pour augmenter les salaires. A la rentrée de septembre,
on s’occupera de la réforme de la
fiscalité pour que l’impôt redevienne un outil de la justice sociale permettant d’aller chercher
l’argent inutile pour le rendre
utile pour l’école, la recherche, la
culture…
On a tellement dit à ces hommes et
ces femmes qu’il n’y avait pas
d’autre politique possible... Quand
la droite est au pouvoir, elle cogne.
Quand c’est la gauche, leur vie ne
change pas vraiment. Si on veut
faire reculer Le Pen, il faut démontrer que nous sommes majoritaires
à souhaiter une autre politique, et
que cette autre politique peut changer vraiment la vie. On me dit souvent : « J’ai envie de voter pour
vous, mais il y a les sondages. » Je
leur réponds : « Si tous ceux qui
espèrent dans la gauche se regroupent sur ma candidature, alors ça
fera l’événement. » J’incarne une
gauche de combat et de responsabilité, je ne suis pas, pour ma part,
dans la contestation gratuite.
Avec quelle équipe ?
Je tendrais la main à tous ceux qui
veulent une gauche vraiment à
gauche.
C. MARTIGNY / TEMPS MACHINE / 20 MINUTES
Marie-George Buffet
Candidate du PCF.
La campagne se fait sur des thèmes
de droite. Pourquoi, selon vous ?
Parce que la gauche ne s’affirme pas
assez. Elle ne doit pas être sur la défensive par rapport à la droite ou l’extrême droite, elle a une vision de la
République qu’elle doit défendre. La
République n’appartient qu’au peuple,
le drapeau tricolore et La Marseillaise
sont des symboles de la Révolution
française. La gauche doit avoir le courage de dire que l’immigration est une
Qu’attendez-vous du premier tour ?
chance pour notre pays. Il faut qu’elle
hurle quand on parle de gènes, de
« président de souche »… La gauche
est basse actuellement parce qu’elle ne
porte pas un grand projet de
changement.
Une alliance PS-UDF, ça vous tente ?
L’UDF, c’est la droite, et pour moi la
gauche et la droite, ce n’est pas pareil.
Quand je vois certains appeler de leurs
vœux un rapprochement PS-UDF, j’ai
envie de dire que le premier tour sera
Le premier tour, c’est l’occasion de
dire : « voilà la politique et les valeurs
que je veux que la gauche porte », et
le dire, c’est la seule façon de l’obtenir.
Si la droite gagne, où mènera la désespérance sociale ? Et si la gauche gagne
mais déçoit, c’est un 21 avril multiplié
par trois qu’on aura dans cinq ans ! Je
dis aux électeurs : au premier tour,
votez pour vous, pour vos problèmes,
vos idées, vos valeurs…
Recueilli par Bastien Bonnefous
Sarkozy sur la
tombe du général
Nicolas Sarkozy
s’est rendu hier
à Colombey-lesdeux-Eglises pour
se recueillir sur la
tombe du général
De Gaulle, qui
incarnait selon lui
« la passion au
service de l’intérêt
général ».
La grève à La
Poste peu suivie
La grève lancée
à La Poste est, selon
la direction, très peu
suivie, avec 1,6 %
de facteurs en grève.
La distribution
des plis électoraux
est donc assurée.
Bové contre les
pylônes de l’EPR
Le candidat José
Bové a déclaré hier
qu’il pourrait inciter
les citoyens à
démonter les
pylônes de la ligne
très haute tension
du futur EPR.
6
présidentielle
MARDI 17 AVRIL 2007
Programmes A quoi ressemblerait leur début de mandat s’ils étaient élus ? « 20 Minutes » se projette en été
Cent jours pour donner le « la » au quinquennat
Les candidats ont beau s’en défendre, ils ont
beau dire que tout ne se joue pas au début du quinquennat, mais sur toute sa durée, les cent premiers
jours d’un nouveau gouvernement restent un
étalon incontournable pour savoir quelle empreinte il laissera. Cette période euphorique
pour la nouvelle majorité ou apathique pour la
nouvelle opposition, durant laquelle le Président
peut s’attaquer aux dossiers importants et impopulaires, François Mitterrand l’appelait
l’« état de grâce ».
En 2007, il y a fort à parier que les cent jours du
nouveau président seront placés sous le signe
de l’emploi et du pouvoir d’achat. Nicolas
Sarkozy veut permettre aux salariés de travailler
plus pour gagner plus, François Bayrou offre
deux emplois sans charge aux petites entreprises
durant cinq ans, Ségolène Royal crée les emplois-tremplins et les contrats première chance,
et Jean-Marie Le Pen baisse les impôts.
Il y a cinq ans, la relance de la croissance et la
création d’emplois étaient déjà au cœur des préoccupations du gouvernement Raffarin. On se
souvient que la première mesure avait été de
baisser de 5 % les impôts sur les revenus. Avait
suivi l’assouplissement des 35 heures. Mais à
l’époque, les questions de sécurité avaient occupé toute la campagne électorale. Résultat, le
gouvernement avait très vite fait voter une loi
d’orientation et de la programmation de la justice et une loi sur la Sécurité intérieure.
Si les thématiques depuis 2002 n’ont donc guère
évolué, c’est en termes de recettes que les candidats comptent provoquer une rupture. Pour
que les mêmes causes ne produisent pas les
mêmes effets.
David Carzon
Sarkozy, un service minimum Royal, une loi sur les violences
conjugales et une VIe République
et des peines planchers
Nicolas Sarkozy voudra à coup sûr capitaliser
sur l’euphorie de la victoire pour faire passer
Comme chez son principal adversaire de droite,
Ségolène Royal voudra
« montrer que ça change
vite ». Dès juin, son gouvernement – équipe resserrée, d’une quinzaine
de ministres, prometon – devrait se mettre à
l’œuvre, et une session
extraordinaire
du
Parlement sera convoquée pour l’été. Les favoris pour diriger
l’ouvrage
depuis
Matignon : Jean-Marc
Ayrault ou Jean-Louis
Bianco.
Symbolique, la première
loi examinée à l’Assemblée portera sur les violences conjugales. En
tête des autres réformes,
figure la mise en place des 500 000
« emplois-tremplins » destinés
aux jeunes, et qui pourraient
s’élargir aux seniors, a précisé hier
la
candidate
socialiste.
Parallèlement sera lancé le
« contrat première chance» – sans
doute sous un autre nom, car trop
proche du CPE – pour les jeunes
sans qualification. Enfin, les
65 milliards d’aide aux entreprises
seront redéployés vers les PME
« innovantes ». En juin, se tiendra
aussi une « conférence sur la
croissance ». Objectif : revaloriser
le smic et les bas salaires. Ces dossiers seront pilotés par les ministères de l’Emploi et de l’EconoWITT / SIPA
WITT / SIPA
ses premières réformes,
dont certaines s’annoncent impopulaires. C’est
notamment le cas pour
le service minimum garanti, qui sera mis en
place dès juillet. « Si je
suis élu avec 50,1 % des
suffrages, c’est le 0,1 %
qui compte », explique
le candidat de l’UMP,
comme pour signifier
qu’il ne reculera pas.
Sur le service minimum,
il a déjà annoncé la couleur : « Soit les syndicats
viennent avec des propositions et on discute,
soit on légiférera. »
Dans le même temps, le Président
mettra en place son dispositif qui
permettra, selon lui, de mettre fin
aux 35 heures et de libérer le
pouvoir d’achat : exonération de
charges pour l’employeur, et
d’impôt pour le salarié, sur les
heures supplémentaires.
Autre mesure qui donne matière
à polémique : Nicolas Sarkozy
veut faire voter la loi sur les peines planchers pour les multirécidivistes, majeurs et mineurs, loi
qu’il n’avait pas réussi à faire
adopter sous le quinquennat de
Jacques Chirac. Le candidat de
l’UMP compte aussi profiter de
l’été pour réformer les universi-
tés. Celles-ci auraient le choix
d’opter, ou non, pour plus
d’autonomie.
Question méthode, Nicolas
Sarkozy a annoncé qu’il fonctionnerait avec un gouvernement resserré de quinze grands ministères.
Le nom de François Fillon circule
pour Matignon, celui de Rachida
Dati à la Justice, Claude Géant à
l’Intérieur,ouNathalieKosciuskoMorizet à l’Environnement. Deux
grandes discussions devraient se
tenir dès la rentrée, la première
sur l’environnement avec les
ONG, et la seconde sur le contrat
unique de travail avec les partenaires sociaux.
D. C.
mie, dirigés probablement par
Michel Sapin pour le premier,
François Hollande ou Dominique
Strauss-Kahn pour le second.
Autre grande affaire de la nouvelle présidence : la réforme institutionnelle. Un référendum sur
une « VIe République » est prévu
pour l’automne. Au menu : le
mandat parlementaire unique, le
droit de vote pour les étrangers
aux élections locales – dès les municipales de 2008 – et une nouvelle décentralisation, avec davantage de compétences
transférées aux régions (aides aux
entreprises, gestion des prisons,
du logement étudiant…).
B. B.
présidentielle
MARDI 17 AVRIL 2007
7
Bayrou, doper le pouvoir d’achat La candidate socialiste pour un plan
choc contre les délinquants sexuels
« François Bayrou et des anciens
membres du Parti socialiste sont heureux de vous annoncer la naissance,
chômage. Toute entreprise pourra
créer deux emplois sans payer de
charges pendant cinq ans. Un
« small business act » sera voté
pour protéger les PME, par exemple en leur accordant un quota de
marchés publics. Mission suivante,
la lutte contre l’exclusion, avec la
mise en place d’une allocation sociale unique et la possibilité pour
chaque allocataire d’exercer une
activité dans une association ou
une collectivité, et ainsi d’arrondir
ses fins de mois. Ultime rendezvous de l’été, la réforme constitutionnelle, avec l’introduction d’une
dose de proportionnelle dans la loi
électorale.
S. C.
Le Pen La première action de Jean-Marie Le Pen serait de
commander un audit pour connaître la situation financière du pays.
Place ensuite à l’introduction de la proportionnelle dans toutes les
élections et à l’utilisation du référendum comme moyen de réforme.
La première question posée aux Français viserait à durcir les
conditions de naturalisation. La deuxième à limiter le poids des
impôts. Le Pen entend aussi négocier avec les pays européens « pour
retrouver notre souveraineté dans un certain nombre de domaines ».
aux enfants, lors d’un déplacement à Nantes, où une jeune
femme de 23 ans a été tuée la semaine dernière. Cette lutte sera
décrétée « grande cause
nationale ».
« Un dispositif sera mis en place
autour de cinq mesures concrètes,
a expliqué la candidate. D’abord
une action de prévention nationale avec des campagnes de prévention, ensuite la construction
de prisons spécialisées, dans les-
quelles les délinquants sexuels
condamnés seront suivis.
Troisièmement, il n’y aura plus
une libération de délinquants
sexuels si un comité d’experts ne
garantit pas la non-violence et la
non-dangerosité. » Quatrième
point, « après la libération des
délinquants sexuels, le bracelet
électronique sera porté et il y aura
un système de contrôle régulier ».
Enfin, la candidate a insisté sur un
« dispositif spécial pour les victimes, la gratuité des soins aux victimes et à leurs proches, aussi
longtemps que nécessaire ».
Grincements de dents au PS
après l’appel à l’alliance avec l’UDF
Lionel Jospin a critiqué l’idée d’une alliance.
« L’ambiance au parti
est tendue, très tendue. »
La confidence est signée
d’un responsable socialiste, au lendemain des
appels de Michel Rocard,
puis de Bernard
Kouchner à une alliance
entre le PS et l’UDF.
Pour plusieurs socialistes, l’attaque est signée.
« Rocard a agi en service
commandé
pour
Dominique StraussKahn », affirme ce soutien de la
candidate Ségolène Royal. DSK est
soupçonné de favoriser un rapprochement UDF-PS qui le placerait
au centre de ce nouvel échiquier.
A-C. POUJOULAT / AFP
TSCHAEN / SIPA
le 6 mai 2007, de la social-démocratie à la française. » François
Bayrou rêve de commencer son
mandat en adressant ce faire-part
aux Français.
Concrètement, l’apparition de
cette social-démocratie se manifesterait d’abord par la constitution d’un gouvernement d’une
vingtaine de ministres issus de gauche, de droite et du centre. Corinne
Lepage, Bernard Kouchner ou
Pascal Lamy pourraient être nommés à Matignon. Membres possibles de leur équipe : des parlementaires UDF (Jean-Christophe
Lagarde, Maurice Leroy, Jean
Arthuis…) ; des ex-ministres UMP
(François Goulard, Azouz Begag) ;
des patrons et hauts fonctionnaires
marqués à gauche (Denis
Olivennes, Jean Peyrelevade).
Se présenteront, dans la foulée, les
législatives. Le leader de l’UDF ne
doute pas que les Français éliront
une majorité de candidats investis
par ses soins. Restera à agir, et
vite. Premier objectif, doper le
pouvoir d’achat et lutter contre le
Ségolène Royal a annoncé hier un
plan en cinq points contre les violences sexuelles faites aux femmes et
Hier, Lionel Jospin a critiqué l’idée
d’une alliance. « Elle crée de la confusion, elle sert Bayrou qui n’a en rien
rompu avec la droite », a-t-il déclaré
S. C.
à Cavaillon (Vaucluse).
8
présidentielle
MARDI 17 AVRIL 2007
Baromètre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy perdent du terrain
Comme un air de déjà-vu
INTENTIONS
DE VOTE AU 1ER TOUR
S. Royal
N. Sarkozy
Au premier tour de l’élection présidentielle,
si les candidats suivants se présentaient
pour lequel voteriez-vous ?
23 % (- 1)
F. Bayrou
J.-M. Le Pen
27 % (- 1)
14 % (- 1)
A. Laguiller
O. Besancenot
19 % (+ 1)
2,5 % (+ 1)
5 % (+ 1)
21 avril alors que le candidat d’extrême droite,
crédité de 12,5 % au cours de la dernière semaine, avait remporté 16,9 % des suffrages.
« Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sont toutefois en meilleure position que Jacques Chirac et
Lionel Jospin, tous deux en dessous de la barre
des 20 % en 2002 », tempère François MiquetMarty. Autre différence notoire : le vote des catégories populaires – qui s’étaient tournées massivement dans les derniers jours vers Jean-Marie
Le Pen – est davantage capté par Nicolas Sarkozy.
Lequel ne se cache pas de chasser sur les terres
de son rival d’extrême droite. Ainsi, seuls 20 %
des ouvriers-employés disent vouloir voter pour
le candidat du FN contre 23 % des ouvriers il y
a cinq ans. Reste que l’incertitude est, elle aussi,
plus forte. A moins d’une semaine du vote, 42 %
des sondés ne sont pas sûrs de leurs choix, contre
seulement 30 % il y a cinq ans. Tout est donc
encore possible.
Alexandre Sulzer
Le scénario-surprise de 2002 va-t-il se répéter ?
Dans la dernière ligne droite avant le premier tour de
l’élection présidentielle, notre baromètre RMC-
BFM TV-20 Minutes, réalisé par l’institut LH2,
montre une érosion des deux principaux candidats, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Comme
il y a cinq ans, leurs courbes accusent un fléchissement progressif au cours des dernières semaines de la campagne. A 27 % des intentions de
vote, le premier baisse d’un point par rapport à
la semaine dernière et atteint son taux historique
le plus faible. Même situation pour la candidate
socialiste qui, à 23 %, n’avait jamais pointé aussi
bas. Jean-Marie Le Pen, lui, se stabilise à 14 %,
après avoir atteint un maximum de 15 % la semaine dernière. « Le phénomène d’usure, de
lassitude et l’égalité des temps de parole expliquent cette baisse naturelle des candidats UMP
et PS », estime François Miquet-Marty, directeur
des études politiques de LH2. Selon lui, l’appel
de Michel Rocard demandant une alliance RoyalBayrou a joué contre son camp. « Il a montré en
creux les faiblesses de la candidature Royal et a
fait éclater au grand jour les divisions du PS. »
Une érosion progressive déjà observée en 2002
et qui avait précédé un affaissement pour Lionel
Jospin et un boom pour Jean-Marie Le Pen dans
les derniers jours de la campagne. A 18 % d’intentions de vote les 17 et 18 avril 2002, le candidat
PS n’avait finalement obtenu que 16,2 % le
inconnue
La grosse inconnue reste
le choix des électeurs bayrouistes. Seuls
34 % des sondés qui ont l’intention de voter
pour le candidat centriste au premier tour
se disent sûrs de leurs choix. Un taux très
faible qui permet à Ségolène Royal et Nicolas
Sarkozy d’espérer récupérer des voix en plus.
Est-ce que, en vue de ce second tour de l’élection
présidentielle...
D. Voynet
M.-G. Buffet
PROPORTION DES INDÉCIS
EN VUE DU SECOND TOUR
BASE : INSCRITS CERTAINS D’ALLER VOTER
EN %
AU 2ND TOUR
J. Bové
F. Nihous
IDÉ
2 % (=)
2,5 % (=)
1,5 % (+ 0,5) 1,5 % (- 0,5)
PROPORTION DES INDÉCIS
EN VUE DU PREMIER TOUR
Est-ce que, en vue de ce premier tour de l’élection
présidentielle...
1,5 % (=)
G. Schivardi
P. de Villiers
BASE : INSCRITS CERTAINS D’ALLER VOTER
EN %
AU 1ER TOUR
0,5 % (=)
Vous avez fait définitivement votre choix
pour ce(tte) candidat(e)
57
(+ 4)
Vous avez une préférence marquée pour
pour ce(tte) candidat(e), mais vous pouvez
encore changer d’avis
21
(- 6)
Vous hésitez encore à fixer votre choix
entre ce(tte) candidat(e) et les autres
21
(+ 1)
Ne se prononce pas
1
(+ 1)
(Total exprimé : 100)
Sondage réalisé par l’institut LH2 pour RMC,
BFM TV et 20 Minutes du vendredi 13 au
dimanche 15 avril par téléphone. Echantillon de
1009 personnes, représentatif de la population
française âgée de 18 ans et plus.
TOTAL
100
Vous avez fait définitivement votre choix
pour ce(tte) candidat(e)
77
(+ 4)
Vous avez une préférence marquée pour
pour ce(tte) candidat(e), mais vous pouvez
encore changer d’avis
13
(- 1)
Vous hésitez encore à fixer votre choix
entre ce(tte) candidat(e) et l’autre candidat(e)
9
(- 3)
Ne se prononce pas
1
(=)
TOTAL
100
INTENTIONS DE VOTE AU 2ND TOUR
Au 2nd tour de l’élection présidentielle, si les candidats
suivants se présentaient, pour lequel voteriez-vous ?
BASE : INSCRITS CERTAINS D’ALLER VOTER
EN %
AU 2ND TOUR
Ségolène Royal
Nicolas Sarkozy
49
%
(+ 1)
51
%
(- 1)
Contre le chômage, la musique
très classique des candidats
20 Minutes s’est penché sur les propositions des principaux candidats à la présidentielle
pour réduire le chômage. Des stratégies assez différentes, mais conventionnelles. P.4-5
www.20minutes.fr
N° 1177 MERCREDI 18 AVRIL 2007
Des étudiants se recueillent
sur le campus de Virginia Tech.
paris
grand paris
Le bondé blog
à bord du RER
Depuis le début de l’année,
Alexandre Botteri filme
et commente la saturation
du réseau francilien. Portrait. P.3
économie
J-P. MULLER / AFP
La Poste roule
pour l’électricité
Le groupe va lancer un appel
d’offres cette semaine.
Il pourrait s’équiper à terme de
10 000 voitures électriques. P.13
Un deuil et
des questions
football
météo
J. PACHOUD / AFP
Le club de CFA
a été sorti
en demi-finale
de la Coupe
de France par
Sochaux (2-0). P.17
9°C le matin
18°C l’après-midi
(publicité)
MATTHEW CAVANAUGH / EPA / SIPA
Montceau
fait grise mine
Sous le choc de la double fusillade qui a fait
33 morts sur le campus de Virginia Tech,
l’Amérique s’interroge sur le délai
du déclenchement de l’alerte et sur
les motivations du tueur, un Coréen de 23 ans. P.11
grand paris
MERCREDI 18 AVRIL 2007
Royal et la région pas raccord
sur le troisième aéroport
(lire 20 Minutes d’hier) a
semé le trouble au
conseil régional d’Ile-deFrance. Il y a deux mois,
le président socialiste de
la région refusait de l’inscrire dans le schéma directeur d’Ile-de-France
(Sdrif). Embarrassant.
Jean-Paul Huchon a fini
par publier hier un subtil
communiqué dans lequel
il explique que « le Sdrif
n’a pas vocation à statuer
sur un troisième aéro-
port, ce qui relève de
l’Etat ».
En revanche, les Verts
ne se sont pas fait prier
pour monter au créneau.
« C’est une vision qui
privilégie le transport
aérien alors que l’urgence est à la recherche
de solutions alternatives.
Elle n’est pas cohérente
avec le pacte écologique
de Nicolas Hulot »,
s’étonne Alain Amedro,
élu régional Vert. Qui
s’interroge :
« Où
Mme Royal mettrait-elle
cet aéroport ? Personne
M. B.
n’en voudra ! »
La grève à Austerlitz s’étend
La grève s’étend chez
Trans Service International
(TSI). Les employés char-
gés du nettoyage de la
gare d’Austerlitz ont rejoint, hier matin, les cent
cinquante agents préparant les trains de nuit, en
grève depuis vingthuit jours. Ils réclament
le paiement des primes
promises et le passage
des temps partiels en
CDI à temps plein. Il y
a trois semaines, le TGI
de Paris a ordonné aux
grévistes présents sur
leur lieu de travail d’évacuer l’endroit. Les salariés ont fait appel, ont
reconduit leur mouvement et refusent de signer un protocole d’accord avec la direction.
Ils demandent une garantie de non-sanction
envers le personnel
gréviste.
Suicide d’un gendarme
Ambiance morose
dans les casernes de la
garde républicaine à
Paris. Le 5 avril, le corps
de Stéphane Raffy, gendarme de 22 ans a été
retrouvé dans son logement de fonction de la
caserne Nouvelle
France,rueduFaubourg
Poissonnière (10e). Il
s’est tiré une balle dans
la tête au retour d’un
service de garde dans
les palais nationaux.
Quelques mois plus tôt,
un premier signe avait
donnél’alerte.Retrouvé
ivre un soir, le gendarme s’était vu supprimer son autorisation de
port d’arme et avait été
affecté dans un mess
d’officiers. « Raffy
s’était plaint des conditions de travail à sa hiérarchie », explique un
camarade. Avec l’autorisation des médecins, il
venait de reprendre le
service de garde des palais nationaux et son
aptitude au port d’armes. « Un peu trop
vite », estiment ses collègues.
S. C.
Blog Alexandre Botteri filme et met en ligne ses trajets en RER
PHOTOS : S. ORTOLA / 20 MINUTES
L’annonce de
Ségolène Royal de son soutien à un projet de troisième aéroport francilien
3
Ses vidéos sont visibles sur Internet depuis le 25 janvier sur fuckingparis
Le train-train quotidien
Sébastien, l’un
de ses collègues
Je trouve intéressant
d’offrir une tribune
libre pour partager
nos expériences.
J’ai déjà écrit un article
sur le site. Je prends
le RER A et le RER B
chaque matin depuis
un an. J’avais entendu
dire que l’on était serré
comme des sardines,
mais je ne pensais pas
à ce point. L’été,
j’arrive en sueur
au travail. Sympa !
Sarah utilise trois
trains chaque matin
L’idée est incongrue,
mais ça montre bien
notre quotidien.
C’est d’une violence
extrême, les gens
tombent dans
les pommes, il y a
des pousseurs pour
nous faire entrer
dans les wagons.
C’est un message
politique : on manque
cruellement de place
dans les transports.
L
a première fois, c’est
exotique, vous prenez
ça comme un jeu.
Mais quand ça devient
quotidien, vous perdez le sourire. » Alexandre, 23 ans, a grandi
à Soisy-sous-Montmorency (Vald’Oise) et tient depuis le 25 janvier le blog Fuckingparis, où il
poste ses films réalisés aux heures
de pointe dans les transports en
commun franciliens, naviguant
entre les lignes A et B du RER.
Bousculades, pousseurs sur les
quais, « slalom géant » dans la
salle d’échanges de Châtelet, ses
clips réalisés chaque matin avec
un appareil photo témoignent de
l’état de congestion avancée du
« réseau express ». Il a eu le déclic
en novembre 2006, quand il a décroché son premier job dans une
multinationale informatique de
la Défense. « Je revenais de deux
ans d’études à l’étranger, je
n’avais jamais eu à emprunter les
transports parisiens, sauf pour les
sorties. » Il prend ses premiers
films pour les montrer à ses proches, « car j’étais halluciné par ce
que je voyais, et je voulais savoir
si j’étais trop précieux, si j’avais
perdu pied avec la réalité, ou si
«
cette situation était folle ». Il va
plus loin et monte son blog. Les
réactions ne se font pas attendre,
et des internautes demandent à
participer. Certains lui envoient
des slams, d’autres des poèmes ou
des articles.
Puis Alexandre déménage à
Paris, et découvre le métro, moins
bondé, plus fiable. « Ce qui est
incroyable, c’est que je paye ma
Carte orange deux fois moins
cher, pour un service plus rapide
et plus confortable », relève-t-il.
Surtout, il pense à ceux qui sont
restés en banlieue. « Moi, je savais que j’aurais les moyens financiers de sortir de cette galère,
je suis un fils à papa diplômé.
Mais comment ceux qui sont
contraints d’y rester le viventils ? Je voudrais aujourd’hui que
ce soit eux qui témoignent, leur
passer la main. » S’il trouve quelqu’un pour reprendre son blog,
il envisage de se lancer dans un
combat « plus bobo, puisque j’en
suis un maintenant ». Et d’ajouter dans un sourire : « Quand
vous habitez Paris, vous oubliez
tout ça, et vous vous battez pour
l’écologie, non ? »
Magali Gruet
http://fuckingparis.blogspot.com/
4
présidentielle
MERCREDI 18 AVRIL 2007
[email protected]
Travail Aucun candidat ne présente un programme de rupture. La droite veut favoriser les
Leur mode d’emploi contre le chômage
La Cnil dans
la campagne
Alex Türk, président
de la Commission
nationale de
l’informatique et
des libertés (Cnil)
s’inquiète d’un
« endormissement »
de l’opinion
en matière de
libertés et attend
des candidats
à l’élection
qu’ils tiennent
leur engagement
d’augmenter les
moyens de la Cnil,
dans une interview
publiée aujourd’hui
par Le Monde.
Ils ne sont pas tous d’accord sur le chômage, contrairement aux apparences. Les
candidats à l’élection présidentielle, du moins ceux
qui risquent de passer au
second tour, souhaitent
tous baisser les charges, encourager les heures supplémentaires, mieux accompagner les chômeurs ou
encore booster la recherche et la formation. Mais
sous le consensus, de vraies
lignes de fracture existent.
Temps de travail L’incitation
aux heures supplémentaires constitue la mesure
phare des candidats Nicolas
Sarkozy (UMP) et François
Bayrou (UDF) pour soutenir la croissance – et donc
également l’emploi. Pour
défendre le pouvoir d’achat,
la socialiste Ségolène Royal
préconise la hausse des
aides au logement et du
smic. Mais modérée. D’ici
à 2012, les revalorisations
doivent de toute façon le
porter à 1 460 €.
Droit du travail Les contrats
uniques de l’UMP et l’UDF
ressemblent plus au contrat
nouvelles embauches
– mais ils restent volontairement flous –, celui du PS
au CDI. Seule certitude, la
droite pense qu’il faut faciliter le licenciement pour
doper l’emploi, pas le PS.
La dépense publique Soucieux
d’équilibre budgétaire, ni
Ségolène Royal ni Nicolas
Sarkozy ne veulent y sacri-
fier la relance de l’économie. Contrairement à
François Bayrou, qui veut
à tout prix serrer la vis.
Fiscalité Sarkozy a promis de
baisser massivement les
charges et les impôts. Le
Front national propose des
mesures similaires. Pour
Royal, la seule réforme des
taxes qui compte est celle de
l’équité tandis que Bayrou
ne jure que par la tenue du
budget.
Angeline Benoit
avec le service France
Le FN,
un vrai parti
ultralibéral
Les propositions phares des programmes
Des universitaires
roulent
pour Royal…
Pour séduire l’électorat modeste, le Front national a déployé
une panoplie aussi démagogique
que subtile. Promettant des
Quatorze
présidents
d’université
ont apporté hier
leur « soutien »
à Ségolène
Royal pour
la présidentielle,
qui selon eux est
« la seule capable
d’incarner l’espoir
d’un changement
de cap nécessaire »
pour
l’enseignement
supérieur
et « capable de
garantir un service
public de qualité ».
… et Camdessus
pour Bayrou
IDÉ
L’ancien directeur
général du Fonds
monétaire
international (FMI)
Michel Camdessus
a apporté hier son
soutien à François
Bayrou dans
un texte transmis à
l’Agence française
de presse par
le QG de campagne
du candidat UDF.
baisses de charges pour augmenter les salaires mais sans
prévoir de financements alternatifs et en occultant le caractère ultralibéral de son projet.
Apprentis, bas salaires, seniors : le parti d’extrême droite
est le seul à prévoir du sur-mesure en faveur de tous les laissés pour compte de la croissance, de la mondialisation et
plus généralement, de ceux qui
travaillent mais ont du mal à
joindre les deux bouts. Le FN
propose une baisse des charges sociales payées par le salarié, une option alléchante pour
les 17 % de smicards. Mais
aussi pour les millions de chômeurs et de travailleurs précaires qui peinent à ouvrir des
droits aux indemnités chômage et aux aides sociales. Les
mêmes risquent de ne pas voir
la violente potion libérale de
quasi-suppression des aides
sociales et de remise en cause
du droit du travail. Car le FN
est plus occupé à désigner les
étrangerscommeresponsables
du chômage qu’à reconnaître
qu’il est allé chercher son projet économique outreAtlantique.
A. B.
MERCREDI 18 AVRIL 2007
présidentielle
5
entreprises, la gauche défend le pouvoir d’achat
La sécurité sociale professionnelle, belle idée non financée
A part le Front national, tous
les présidentiables chantent les
louanges de la sécurité sociale
professionnelle. Sous ce jar-
F. DURAND / SIPA
gon issu de la boîte à idées
syndicale se cache une notion
simple, celle de garantir au
chômeur de retrouver du travail dans de bonnes conditions. Une sorte de Sécu de
l’assurance-chômage, qui
viendrait pallier les insuffisances de l’actuel tandem
ANPE-Assedic.
Mais derrière les grands principes, les pratiques diffèrent.
En restreignant le dispositif
aux licenciements économiques (25 % du total), Nicolas
Sarkozy met sur la table une
proposition qui ressemble
fort à deux dispositifs qui
existent déjà : la convention
de reclassement personnalisée et le contrat de transition
professionnelle. Ségolène
Royal, elle, promet 90 % du
dernier salaire net et un
contrat de formation à « toute
personne privée d’emploi »,
ce qui ne semble guère réa-
Peillon radié des
listes électorales
La sécurité sociale professionnelle viendrait pallier
les insuffisances de l’ANPE et des Assedic.
liste. Quant à François
Bayrou, il n’a pas défini sa
« flexi-sécurité », que les partenaires sociaux devront
négocier.
Et si les candidats n’ont de
cesse de se référer aux modèles nordiques, aucun n’attaque de front les deux contreparties d’un tel système : un
dialogue social poussé (ce
n’est pas franchement la tradition en France) et un solide
financement. Le Danemark,
la Suède et les Pays-Bas ont
payé très cher pour sécuriser
la flexibilité. Et reviennent
d’ailleurs largement dessus
aujourd’hui, une remise en
cause qui semble avoir
échappé aux candidats.
coût
Selon l’Institut de
l’entreprise, le dispositif
prévu par le PS coûterait
trois milliards par an
pour les seuls chômeurs
indemnisés, qui
représentent à peine la
moitié de l’ensemble des
demandeurs d’emploi.
A. B., avec B. B. et D. C.
Les résultats peu probants « Des mesures très classiques »
des allégements de charges
Eric Heyer
Economiste à l’OFCE.
ments de charges sociales atteignent 20 milliards d’euros
par an. « A l’origine ciblées
sur les bas salaires, elles s’appliquent désormais jusqu’à
1,6 smic, soit deux salariés sur
trois », expliquait récemment
à20MinutesYannickL’Horty,
auteurdesNouvellesPolitiques
de l’emploi (La Découverte).
Pour le smic, les cotisations
ne sont plus que de 12 % du
salaire brut (au lieu de 40 %).
L’efficacité de cette politique
a été mise en doute à plusieurs reprises, notamment
par un rapport de la Cour des
comptes, qui s’est inquiétée
du manque à gagner pour la
Sécu. Et si les présidentiables
semblent désormais enclins à
demander des contreparties
aux entreprises, par exemple
sur les salaires, ils n’ont encore proposé aucun système
crédible pour le faire, selon
les spécialistes.
A. B.
contrats aidés Les subventions versées
pour certains emplois, 5,6 milliards en 2005, sont-elles
efficaces ? La dernière d’une longue série de demandes
d’évaluation remonte au 13 avril. La commission des
Finances du Sénat a plaidé pour un suivi informatique
des bénéficiaires et une simplification des dispositifs.
Les mesures proposées vous
semblent-elles efficaces ?
Ce qui est inquiétant, c’est
que les candidats ne disent
pas comment ils vont relancer
la croissance. Ce manque de
volontarisme ne permet pas
d’envisager avec certitude
une baisse du chômage.
Que manque-t-il ?
Il faudrait cibler les catégories les plus frappées : les
moins de 25 ans et les seniors. Aucun n’en fait réellement sa priorité, même si
Royal s’en approche.
Voyez-vous un programme de
rupture, parmi les propositions ?
Pas du tout, ce sont des mesures très classiques. La droite
comme la gauche baissent les
charges depuis 1993. Idem
pour les emplois aidés.
ABRAHAM / NECO / SIPA
Pratiquées avec assiduité
par les gouvernements de tous
bords depuis 1993, les allége-
Peut-on parler
d’un revirement libéral ?
Certaines mesures sont libérales, d’autres pas. Les programmes manquent de lisibilité et de crédibilité. Royal et
Sarkozy mettent l’accent sur
l’innovation et l’éducation,
mais proposent une profusion de mesures contradictoires. Quant à Bayrou, il se
prive de moyens d’actions en
voulant à tout prix réduire la
dette.
Recueilli par A. B.
Le porte-parole de
Ségolène Royal,
Vincent Peillon, a
été radié hier des
listes électorales
de la commune de
Chepy (Somme)
par le tribunal
d’instance
d’Amiens, qui a
estimé que ce
dernier n’y résidait
pas de façon
effective et
continue. Le
député européen a
annoncé qu’il allait
saisir aujourd’hui
le tribunal de
grande instance
de Paris, où réside
sa famille, pour
obtenir son
inscription sur les
listes électorales
de la capitale.
Non à l’EPR,
mais oui à Royal
Dominique Voynet,
candidate des
Verts, a précisé
hier que son
opposition ferme à
l’EPR ne remettait
pas en cause son
soutien à Ségolène
Royal au second
tour, même si la
candidate du Parti
socialiste ne parle
que d’un
moratoire.
«Sarkozy blanchit
les idées du FN»
Dans un entretien
à L’Humanité, hier,
Marie-George
Buffet, la
candidate
communiste, a
accusé Nicolas
Sarkozy d’avoir
« pris l’énorme
responsabilité de
blanchir les idées
d’extrême droite ».
6
présidentielle
MERCREDI 18 AVRIL 2007
Le Pen interpelle
les chômeurs
Le Pen a appelé
hier, près de Lens,
« les chômeurs
et les travailleurs
pauvres » à ne
pas « se laisser
endormir » par
les « européistes
ou les
internationalistes ».
Bové coincé
dans le TGV
José Bové a été
contraint d’annuler
hier une visite
dans un quartier
populaire près de
Lyon car il était
coincé dans un
TGV, retardé par
une fausse alerte
au colis suspect.
Cent quatre-vingt-quatorze
mille six cents voix. C’était
l’écart en 2002 entre Jean-
Marie Le Pen et Lionel
Jospin au premier tour de
l’élection présidentielle. Sur
les 44,5 millions d’électeurs
appelés aux urnes, plus d’un
million et demi utiliseront
une machine à voter électronique. « Et personne ne réalise le danger, s’inquiète l’informaticien Pierre Muller.
En cas de dysfonctionnements ou de pannes de ces
machines, et si les écarts sont
très serrés, le candidat qualifié pourrait rencontrer un
problème de légitimité. »
Dimanche, Pierre Muller
conseille aux électeurs de
déposer une protestation au
procès-verbal du bureau de
vote s’ils constatent une
quelconque anomalie. Elles
seront traitées puis transmises au Conseil constitutionnel. Contactés hier, les ser-
vices
du
Conseil
constitutionnel expliquent
que, s’ils « n’ont pas la possibilité d’annuler les élections, ils peuvent rectifier les
résultats. Voire invalider »,
en dernier recours, « les suffrages des bureaux de vote
où un problème aura effectivement été constaté. Cela
arrive à chaque élection, mais
ça ne concerne que quelques
milliers de voix et cela n’a
jamais eu d’incidence sur les
résultats, car les rectifications
ont toujours été inférieures à
l’écart de voix entre les candidats. » Cependant, cette
fois-ci, jamais les électeurs
n’utiliseront autant d’ordinateurs de vote.
Hier, d’autres opposants ont
déposé six référés au tribunal
administratif de Versailles
pour demander l’interdiction
de ces machines. Un avis devrait être rendu dans les
24 heures.
Olivier Marino
La saison du parachutisme est ouverte
Sauve qui peut. Les parachutages
de l’Elysée et de Matignon pleuvent
avant l’élection. Après Jean-Louis
Debré, nommé président du Conseil
constitutionnel, et Dominique
Baudis, « transféré » du CSA à l’Institut du monde arabe, Annie
Lhéritier, chef du cabinet de Chirac,
a été nommée à la tête de l’Office
national des forêts et Augustin de
Romanet, ancien secrétaire général
adjoint de l’Elysée, directeur général
de la Caisse des dépôts. La liste est
longue. Un des derniers en date,
Alain Seban, conseiller à l’Elysée, a
été « catapulté » à la présidence du
Centre Georges-Pompidou. Ce copinage à la française est dénoncé par
la gauche, qui a demandé à « surseoir
à ces nominations très politiques ».
Nominations qu’en son temps la gauche a largement pratiquées.
O. M.
D. FAGET / AFP
Ils s’échinent contre le vote à la machine
A Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), une
des communes équipées de machines à voter électroniques.
Chaque jour : un candidat, une question
La question
Sur l’élargissement à la Turquie, vous
avez déclaré que votre opinion serait
celle des Français : à 58 %, ceux qui
se sont exprimés dans le Manifeste
sont contre cette intégration. Allezvous vous aligner sur cette majorité ?
La réponse de Ségolène Royal
Les négociations, ouvertes officiellement avec Ankara, vont se poursuivre. Il est prévu que la demande
d’intégration de la Turquie soit soumise au référendum. Aujourd’hui,
la Turquie ne remplit pas les condi-
tions. C’est au moment où elle les
remplira que la question pourra
être posée de façon pertinente.
Bien sûr, c’est le peuple français qui
tranchera, mais je ferai connaître
ma position à ce moment-là. Nous
n’en sommes pas là. Je pense que
ce serait une erreur de rejeter la
Turquie parce que c’est la Turquie,
car nous avons intérêt à arrimer aux
valeurs de l’Europe le plus grand
nombre possible de pays. Mais pour
l’instant, il faut une pause dans
l’élargissement pour que l’Europe
fonctionne mieux.
Les Asiatiques, des voix à prendre
Environ trois cents Français d’origine asiatique se sont réunis hier au
Sénat pour écouter Yves Jégo (UMP),
Manuel Valls (PS), Aziz Senni
(UDF) et Jean-Vincent Placé
(Verts) exposer les programmes de
leur candidat respectif. « L’heure
de notre engagement visible, audi-
ble, actif et constructif est venue »,
a déclaré Laurent Kim, du Cifoa
(Club d’initiative des Français
d’origine asiatique), qui évalue
l’électorat franco-asiatique à
400 000 personnes. Le Cifoa ne soutient officiellement aucun
candidat.
8
présidentielle
MERCREDI 18 AVRIL 2007
Verts Les thématiques écologistes n’ont jamais été aussi présentes, mais la candidate patine
Environnement défavorable pour Voynet
Sarkozy en remet
une couche sur
Bayrou et Royal
Comme les autres partis à la gauche du
Parti socialiste, les Verts pâtissent fortement du réflexe du vote utile. Mais ce n’est
Le candidat UMP,
Nicolas Sarkozy,
a affirmé hier que
Ségolène Royal et
François Bayrou
« étaient les dignes
héritiers de la
IVe République ».
pas tout. Le début de la campagne n’a
pas été favorable à la candidate écologiste. Le retrait de Nicolas Hulot a certes été un soulagement, mais la signature de son pacte par les principaux
candidats a rendu Dominique Voynet
moins audible. Puis, l’entrée en course
de José Bové, soutenu par certains
Verts, a accru la confusion. Créditée de
2 % dans les derniers sondages, Voynet
souffre aussi d’un soutien modéré des
Dominique
Strauss-Kahn (PS)
a dit hier, à propos
de l’appel à l’union
PS-UDF, que
« Michel Rocard et
Bernard Kouchner
pensaient trop
vite ».
La richesse selon
Besancenot
Olivier
Besancenot,
candidat de la
LCR, a affirmé hier,
avant de participer
à un meeting à
Caen, « qu’il y a
des richesses en
France, mais que
la redistribution
est complètement
inégalitaire ».
Universités : l’UMP
relativise les
soutiens à Royal
Laurent Wauquiez,
député UMP
de Haute-Loire,
a relativisé hier
le soutien
apporté par
des présidents
d’université
à Ségolène Royal,
soulignant que
« sur plus de
80 universités,
seuls six présidents
en fonction »
ont décidé de
s’engager pour la
candidate socialiste.
ches politiques de Sciences-Po. « On
savait qu’on ne referait pas les 5 % de
2002, mais on espère encore atteindre
les 3 % », avance Yves Contassot, adjoint en charge de l’Environnement à
la Ville de Paris. Si Dominique Voynet
était en dessous de 3,3 % – son score
en 1995 – ce serait un échec, selon certains Verts. Un score bien éloigné des
10 % et plus qu’ils réalisent à bien des
élections locales. Et qui les handicapera, au soir du premier tour, lors de
la reprise éventuelle des négociations
avec le Parti socialiste.
Sophie Caillat
« On ne fera pas d’écologie sans les écologistes »
Pour l’écologie, je ne sais pas.
Quant aux Verts, ils ont été
sévèrement bousculés. Et
conduits à se remettre en
cause. Nous n’avons pas été
seulement des lanceurs
d’alerte, nous proposons des
solutions. Pour moi, les choses sont simples. Si je fais
1 %, on aura l’EPR, les
OGM, des autoroutes, des
incinérateurs. Si je fais 3 à
4 %, on pourra discuter. Si je
fais mieux, on pourra réorienter sur le fond un certain
nombre de politiques. On ne
fera pas d’écologie sans les
écologistes.
Dominique Voynet
Candidate des Verts.
Si vous êtes élue, quelles seront
vos premières mesures ?
Je veux mettre un terme aux
décisions irresponsables et
inutiles : suspendre l’autorisation de construction du
réacteur EPR, arrêter les
semis d’OGM et les constructions d’autoroutes ou d’incinérateurs, étendre les 35 heures à toutes les entreprises,
revenir sur les baisses d’impôts qui, depuis 2000, n’ont
bénéficié qu’aux contribuables les plus aisés.
Quelles seront vos grandes
réformes structurelles ?
J’ai quatre priorités. La première, c’est de répondre au
défi écologique. Dans les années qui viennent, il faudra se
préparer à vivre dans un
monde dans lequel le climat
aura changé de façon radicale, avec l’obligation de repenser toutes les activités
humaines, qu’il s’agisse de se
loger, de se nourrir, de se déplacer… Il faut aussi réduire
notre dépendance au pétrole,
qui vaudra peut-être aussi
cher que le champagne, et le
réserver à des usages nobles.
La deuxième priorité, c’est de
relancer l’Union européenne
pour qu’elle puisse jouer son
rôle dans la maîtrise de la
mondialisation. La troisième
concerne les questions sociales. Il y a trop de travailleurs
C. MARTIGNY / TEMPS MACHINE / 20
Rocard
et Kouchner
pensent trop vite
ténors du parti, que ce soit le député
Yves Cochet, candidat malheureux à
l’investiture, ou Noël Mamère, qui avait
mené le parti lors de la présidentielle de
2002. Et Daniel Cohn-Bendit a lancé un
pavé dans la mare en appelant à une
alliance avec Bayrou. « Voynet fait une
campagne assez dure, semble toujours
en rogne, et puis elle doit assumer
d’avoir été ministre du gouvernement
Jospin, certains écologistes lui reprochant de ne pas en avoir démissionné
avec éclat », analyse Daniel Boy, chercheur au Cevipof, le centre de recher-
Que faudrait-il pour que vous
rejoigniez Royal au second tour ?
« Si je fais 1 %, on aura l’EPR,
les OGM, des autoroutes,
des incinérateurs. Si je fais
3 à 4 %, on pourra discuter.»
pauvres, et trop de précarité :
je veux pénaliser les entreprises qui imposent des temps
partiels non choisis, revaloriser les minima sociaux, et
développer l’économie solidaire. Dernier chantier : la
démocratie. Je suis pour une
VIe République qui redonne
tout son rôle au Parlement en
interdisant le cumul des mandats, en mettant en place la
proportionnelle, en remplaçant le Sénat par une chambre des régions et en rendant
inéligibles les élus condamnés pour fraude ou
corruption.
L’irruption de Hulot dans la
campagne est-elle bénéfique ?
Il y a deux choses différentes.
La mobilisation pour éviter
l’élection d’un candidat brutal
et injuste – je pense à Nicolas
Sarkozy. Les Verts sont clairs
sur cette question ; je note
que ce n’est pas toujours le
cas à la gauche de la gauche.
Et puis il y a la question de la
participation à une majorité
gouvernementale. Cela suppose d’être d’accord sur des
priorités à conduire ensemble. Nous ne serons pas dans
une majorité où Ségolène
Royal promettrait à la fois plus
de nucléaire à Chevènement
et moins de nucléaire aux
Verts. Il faudra un positionnement clair.
Recueilli par David Carzon
Sur www.20minutes.fr
Retrouvez l’interview en intégralité
MERCREDI 18 AVRIL 2007
Retrouvez le blog de la présidentielle sur 20minutes.fr
présidentielle
9
François Bayrou prêche sa révolution à Lille
François Bayrou croit
en « l’énergie » des meetings de fin de campagne.
A Lille, hier.
P. HUGUEN / AFP
Devant cinq mille
Nordistes hier à Lille, le
candidat UDF, a promis
d’aller « jusqu’à samedi
minuit » à la rencontre
des « indécis ». « Ce ne
sont d’ailleurs pas des
indécis, mais des citoyens qui réfléchissent. » Et pour les faire
réfléchir, François
Bayrou leur a promis sa
« révolution ».
Ainsi, sa promesse de
demander l’avis des
Français par référendum
sur une future réforme
des retraites révèle, selon
lui, son désir de « prendre
au sérieux la souveraineté
du peuple ». Une souveraineté dont il a lui-même fait
l’expérience en s’attirant
des sifflets hier soir à l’évo-
cation de l’allongement à
68 ans de l’âge de la retraite décidé en Allemagne.
« Nous n’échapperons pas
à une réflexion pour que
plus de Français travaillent », a dû insister le
candidat centriste. De
même sur le sujet européen, pas question « de
faire voter à la va-vite un
nouveau traité. L’Europe,
ce n’est pas une affaire
pour les diplomates ou les
Nicolas Sarkozy se voit au second
tour de l’élection présidentielle
Une question d’image. Celle de
la France mais aussi la sienne. « Je
sens qu’on peut changer le pays mais
j’ai besoin de vous (…) On a trois
semaines pour donner une autre
image de la France », s’est exclamé hier Nicolas Sarkozy devant les ouvriers d’une entreprise
de chauffage de Faulquemont
(Moselle).
A cinq jours du premier tour, le
candidat UMP – en pole position
dans les sondages sauf un de CSA
qui l’a mis à égalité avec Ségolène
Royal – a ainsi laissé apparaître sa
conviction d’être l’un des deux fi-
nalistes le 6 mai. Il a animé en soirée une réunion publique à Metz,
qui a rassemblé plus de 7 000 personnes, selon l’UMP. « En France,
les salaires ne sont pas assez hauts,
la croissance pas assez forte, a-t-il
déclaré. Je veux être le président
qui remettra le pouvoir d’achat et
les salaires au cœur des discussions
politiques. » Toutefois, il a précisé
ne pas être « un stakhanoviste du
travail », assurant qu’il voulait laisser la liberté de choisir pour les
salariés entre les 35 heures et la
possibilité de faire des heures
supplémentaires.
Royal assignée pour droit à l’image
Ségolène Royal assignée devant
un tribunal. Un cadre commercial a
assigné lundi la candidate socialiste
devant le TGI de Paris pour violation du respect de sa vie privée en
raison de l’utilisation lors de réunions publiques d’une photo sur
laquelle il apparaît. Rabah Chalbi,
42 ans, a lancé une procédure en
réparation mais « il n’est pas question que cela vienne avant le
deuxième tour », a souligné son
avocat. La photo incriminée n’est
plus utilisée par Ségolène Royal
depuis le lancement de la
procédure.
juristes, c’est une affaire
de chaque famille de
Français. » Mais l’admirateur de Robert
Schuman a trouvé une
audience plus enthousiaste en évoquant une
politique d’immigration
tournée vers le développement des pays pauvres, et surtout sa future
« loi de moralisation de
la vie économique » pour
que salariés et petits actionnaires soient consultés en cas de délocalisation. « Depuis une
semaine, a conclu le candidat, on sait que nous
avons les moyens de ce
changement. Des hommes
d’envergure comme
Bernard Kouchner, Michel
Rocard et Claude Allègre
ont déclaré qu’ils étaient
prêts à nous suivre. »
A Lille, Olivier Aballain
parcours
Plus d’une heure
pour faire cinq cents
mètres en ville.
Le parcours du
candidat de l’UDF
à son arrivée à Lille
n’avait plus rien
à voir avec la timide
promenade menée
dans la ville quatre
mois plus tôt.
Cette fois, un
cordon ininterrompu
de curieux et
de soutiens lillois
s’est pressé autour
du candidat centriste.
« Regardez comme
je suis bien accueilli
dans les milieux
populaires », s’est
gargarisé François
Bayrou, une fois sorti
de la mêlée.
Meurtre de Sophie : soupçons
renforcés contre le suspect n°1
De l’ADN appartenant à la jeune femme assassinée a été retrouvé sur le blouson
de Ramiz Iseni. Hier, plus d’un millier de personnes ont assisté à ses obsèques. P.4
www.20minutes.fr
N° 1178 JEUDI 19 AVRIL 2007
paris
grand paris
Mésothérapie
en eau trouble
La série d’infections liées à cette
pratique pourrait être due à la
présence d’une bactérie dans l’eau
de rinçage des instruments. P.2
états-unis
Un tueur dépressif
coupé du monde
AFP
Le profil du tueur
de Virginia Tech se
précise. Ses troubles
du comportement
avaient déjà
été signalés. P.9
tv-médias
météo
La chaîne a présenté hier au MIP
TV de Cannes les téléfilms et
séries bientôt à l’antenne. P.22
9°C le matin
21°C l’après-midi
(publicité)
CEDRIC MARTIGNY / TEMPS MACHINE / 20 MINUTES
ROCHE/TF1/SIPA
Séance de politique
fictions pour TF1
«Ma liberté,
c’est ma force»
Train de vie de l’Etat, emploi des jeunes, rémunération
des dirigeants… Ségolène Royal revient dans une interview
à 20 Minutes sur les thèmes de sa fin de campagne.
Et met Bayrou au défi de rallier son pacte présidentiel. P6-7
6
présidentielle
JEUDI 19 AVRIL 2007
Campagne A quatre jours du premier tour, la candidate socialiste s’explique sur ses mesures phares
« Sarkozy m’a repris beaucoup d’idées »
Gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis,
je m’en charge. Fin de campagne difficile pour la
candidate socialiste. A quatre jours du premier
tour, Ségolène Royal doit colmater les brèches
ouvertes dans son camp par Michel Rocard,
Bernard Kouchner et Claude Allègre vers le
centre. Pas question pour elle d’évoquer la moindre alliance avec l’UDF avant les résultats de
dimanche. D’où l’appel au vote utile matraqué
par la direction du PS et son premier secrétaire,
François Hollande. « Après ce qui s’est produit
le 21 avril 2002, je ne peux pas considérer que la
Ségolène Royal
Candidate socialiste
à la présidentielle.
Si vous êtes élue le 6 mai,
quelles seront
vos premières mesures ?
Je lancerai un inventaire
sur le train de vie de l’Etat
et de l’Elysée, pour le
réduire et en assurer la
transparence. Savez-vous
qu’aujourd’hui les parlementaires ou les journalistes qui ont voulu avoir
accès aux comptes de l’Elysée n’ont pas pu ? Ce sera
ma première mesure
symbolique extrêmement
forte.
Le gouvernement
sera-t-il concerné ?
Oui, les ministres ne pourront plus faire prendre en
charge leurs dépenses privées aux frais des ministères. Je ne veux plus de familles entières nourries,
logées et blanchies aux frais
des contribuables. S’ils habitent les ministères pour
des contraintes professionnelles, ça peut se justifier.
Mais si leurs familles sont
avec eux, elles devront
payer leurs frais personnels. Je ne veux plus de logements de fonction. J’ai le
souci d’un Etat modeste
qui donne l’exemple.
Au-delà de cette mesure
symbolique, quel est votre
premier grand chantier ?
Je veux réunir immédiatement une conférence pour
relancer la croissance, l’emploi et revaloriser les bas
présence [au second tour] de Ségolène Royal
soit une certitude », a-t-il prévenu dimanche.
Traduction : les électeurs socialistes tentés par
un vote Bayrou ou par l’extrême gauche porteront la responsabilité de l’échec de la gauche.
Sauf que Ségolène Royal, éternelle Poulidor des
sondages depuis des mois, peine dans la montée.
Jamais depuis janvier, comme lors des primaires
internes au PS à l’automne dernier, elle n’a réellement cristallisé le débat autour d’elle et de ses
thèmes. La campagne du premier tour s’est faite
à droite, autour de l’identité nationale et de l’im-
migration phagocytées par Sarkozy. Le social de
Royal, lui, ne s’est pas imposé médiatiquement.
Reste que la candidate socialiste est condamnée
à être présente au second tour. Car en cas de
non-qualification, les couteaux seraient de sortie
rue de Solférino dès dimanche à 20 h 01. Le faible empressement des éléphants, type Jospin ou
Fabius, à la soutenir durant la campagne, sera
inversement proportionnel à leur désir de l’éjecter du PS si elle perd. Depuis quatre mois, Royal
a choisi d’être seule dans la victoire. Elle le serait
encore plus dans la défaite.
B. B.
salaires. Ce travail a été
préparé. Cette campagne,
je l’ai conçue comme une
façon d’être prête le jour de
l’élection.
Il faut une loi ?
Oui. D’abord pour rétablir
la transparence sur la rémunération des hauts dirigeants des entreprises.
Cette loi existait mais la
droite, avec Nicolas Sarkozy, l’a supprimée. Ensuite, avec moi, les organisations syndicales seront
membres des conseils d’administration, comme c’est
le cas d’ailleurs partout en
Europe, sauf en France.
Elles pourront donc exercer leur contrôle sur ces
rémunérations.
Avec les contrats aidés,
la lutte contre le chômage
des jeunes semble être
votre première priorité…
C’est une des clés de la
croissance. Quand une famille voit qu’un jeune diplômé est au chômage, cela
décourage et touche toutes
les générations. La France
est le seul pays où les entreprises font aussi peu confiance aux jeunes. Pour les
jeunes diplômés, je crée les
contrats-tremplins. L’Etat
prend en charge pendant
six mois la rémunération et
les cotisations sociales du
jeune, mais en contrepartie, l’entreprise prend du
temps pour insérer ce
jeune.
Le patronat vous semble-t-il
réceptif ?
Oui, une partie du patronat, que j’ai rencontrée. Ce
sont des jeunes dirigeants
prêts à entrer dans la logique du gagnant-gagnant.
Quand François Bayrou
promet deux emplois exonérés de charges pendant
cinq ans, ce n’est pas normal. Qui en bénéficie ?
Aussi bien les entreprises
qui ont licencié que celles
qui créent des emplois, celles qui augmentent les salaires et celles qui ne le font
pas. Il faut du donnantdonnant, sinon on crée des
effets d’aubaine.
Intervenir sur les parachutes
dorés est possible dans
les entreprises
où l’Etat est actionnaire,
mais pas dans les autres…
Si, au bout des six mois,
une entreprise ne garde pas
son emploi-tremplin ?
Si elle ne le garde pas sans
pouvoir le justifier, elle
rembourse les six mois de
salaire, et elle n’aura pas
droit de prendre un autre
jeune sous ce contrat. Et si
elle embauche un autre salarié pour le même emploi,
elle n’aura pas droit aux
exonérations de charges.
Que faire contre
les délocalisations ?
Je veux une règle implacable : les entreprises qui licencient ou délocalisent
alors qu’elles font des bénéfices rembourseront toutes les aides publiques
reçues. Les gens me
connaissent, ils savent que
je ne faiblirai pas. Je ne dépends d’aucun lobby,
d’aucune puissance financière. Le gouvernement,
lui, a donné son accord
pour que Noël Forgeard
quitte EADS avec plus de
8 millions d’euros (lire aussi
p. 10). Nicolas Sarkozy
était alors au gouvernement. Il est incroyable qu’il
s’offusque aujourd’hui de
« Il faut une loi
pour rétablir
la transparence
sur la
rémunération des
hauts dirigeants. »
ces parachutes dorés.
Vous êtes donc pour interdire
les parachutes dorés ?
Evidemment ! Et surtout
s’il a mis une entreprise en
difficulté.
Sauf si l’on vote une loi imposant une répartition plus
équilibrée des stock-options au profit des salariés.
C’est le cas en Suède. Et il
faut aussi que la loi limite
les écarts de rémunération
dans les entreprises.
Les pays scandinaves
ont réduit de 15 % leur
nombre de fonctionnaires.
Vous en faites autant ?
Non, ce n’est pas le modèle
social français. Mais avec
ma réforme de la régionalisation, je mettrai fin aux
doublons, aux doubles emplois, aux superpositions de
structures dont on souffre :
la commune, la communauté de communes, le
département, la région,
l’Etat. Je veux répartir les
responsabilités.
Faudra-t-il supprimer
JEUDI 19 AVRIL 2007
présidentielle
des postes
de fonctionnaires ?
ma région [PoitouCharentes], ça marche.
n’arrivez-vous pas à tenir
votre propre parti ?
Il ne s’agit pas de supprimer des emplois, mais de
faire mieux travailler les
fonctionnaires pour améliorer les services publics.
Si les services publics fonctionnent bien, ils contribuent à la croissance.
Quand Nicolas Sarkozy
parle de supprimer un
fonctionnaire sur deux, il
leur dit : votre travail ne
sert à rien. Il dresse les
gens les uns contre les
autres. Moi, je veux faire
le contraire.
La région Ile-de-France,
dirigée par le Parti
socialiste, a décidé de la
gratuité des transports pour
les RMistes. C’est une bonne
mesure ?
Je ne fais pas de la politique comme cela. Ce qui
m’intéresse, ce sont les
problèmes de la France,
pas les petits arrangements
particuliers.
Ce n’est pas le bon critère
à mon avis, car c’est un critère de statut et non pas de
Vous ne pouvez pas faire
taire les éléphants ?
Je suis licencié le 1er janvier
2008, en quoi votre sécurité
sociale professionnelle
m’aide-t-elle à retrouver
un emploi ?
revenu. Un travailleur à
temps partiel ou un étudiant, qui ne gagne pas
plus qu’un RMiste, doit
aussi avoir droit à la gratuité des transports. Il ne
faut pas décourager le travail. Dans mon projet, je
reprends le revenu de solidarité active inventé par le
président d’Emmaüs
[Martin Hirsch], qui incite
un RMiste à retrouver du
travail, en lui assurant de
gagner 30 % de plus que ce
qu’il avait en restant au
RMI.
Parce que vous ne serez
pas licencié. Je m’explique : une entreprise perd
un marché et doit adapter
sa masse salariale. Au lieu
de faire un plan social qui
la déstabilise et traumatise
les salariés, on donne aux
salariés la sécurité sociale
professionnelle. C’est le
système danois ou suédois.
Vous n’êtes pas licencié,
vous gardez votre poste,
votre salaire est payé par
les pouvoirs publics pendant un an, mais vous êtes
encouragé à préparer votre
avenir, soit en suivant une
formation ou une reconversion, soit en acceptant
une autre affectation dans
l’entreprise, soit en créant
votre propre entreprise.
On l’a expérimenté dans
Ma seule préoccupation,
« Je suis pragmatique. Je ne dépends
d’aucune puissance financière,
d’aucun courant du Parti socialiste,
je n’ai personne à placer. »
Nicolas Sarkozy le propose
également…
Je constate qu’il m’a repris
beaucoup d’idées. Comme
la valeur travail, ou maintenant le codéveloppement. Mais il les reprend
en les déformant.
Bernard Kouchner
et Michel Rocard multiplient
les appels du pied vers
François Bayrou. Pourquoi
au cours de cette campagne, a été de rendre la parole aux Français. C’est en
femme libre que je me présente à leurs suffrages. Je
suis pragmatique. Je ne
dépends d’aucune puissance financière, d’aucun
courant du parti, je n’ai
personne à placer. Cette
liberté-là, c’est ce qui fait
ma force.
C’est aussi pour cela
que vous êtes sûre d’être
présente au second tour ?
Non, tant que les Français
n’ont pas encore voté. Les
instituts de sondage ne disent jamais qu’il y a 40 %
de personnes indécises ou
qui refusent de répondre.
Ce qui donne une idée du
peu de fiabilité de tous les
sondages qui placent
Nicolas Sarkozy en tête.
Les électeurs doivent savoir que chaque fois qu’il
y a eu un mauvais sondage
pour moi, j’ai reçu des pro-
positions des instituts pour
réaliser une enquête complémentaire pour en savoir
plus sur ma prétendue
baisse. Je les ai bien sûr
éconduits.
Ces 40 % d’indécis
peuvent être davantage
séduits par la stratégie
de François Bayrou…
François Bayrou a été président de conseil général
[des Pyrénées-Atlantiques]. On ne m’a pas cité
une seule chose qu’il ait
faite. Il a été ministre ? Il
a mis un million de personnes dans la rue et il a ensuite arrêté de réformer.
Qu’est-ce qui se passe dans
les régions, les départements, les villes où il y a
des élus UDF ? Jamais ils
ne votent avec les socialistes. Même quand les mesures sont bonnes. Dans ma
région, j’ai rendu les livres
gratuits pour les lycéens,
j’ai mis en place la sécurité
sociale professionnelle, j’ai
« Ce qui
m’intéresse, ce
sont les problèmes
de la France,
pas les petits
arrangements. »
fait baisser l’endettement,
je n’ai pas augmenté les
impôts. Est-ce que l’UDF
a voté ce budget ? Non. Ils
ont voté avec l’UMP.
Si François Bayrou appelle
à voter pour vous
entre les deux tours,
7
vous lui tendez la main ?
Ce n’est pas une question
de personne. François
Bayrou n’est pas propriétaire de ses électeurs. Le
critère, ce sont ceux qui se
rassemblent sur le pacte
présidentiel que je propose
aux Français. Ce ne sont
pas des ralliements de personnes. Ça, c’est fini, c’était
la IVe République.
Et s’il y a un ralliement
sur la base des projets ?
Tous ceux qui se rallieront
autour de mon projet pour
la France feront partie de
la majorité. Ça ne se fait
pas par de petits arrangements de personnes dans
le dos des électeurs avant
le premier tour. Ceux qui
se livrent à ce petit jeu le
font pour m’affaiblir.
Y aura-t-il une négociation
entre vous et François
Bayrou entre les deux tours ?
S’il souhaite battre la droite
au second tour, puisque
c’est ce qu’il déclare aujourd’hui, il prendra ses
responsabilités. On mesurera alors la sincérité de ses
propos. Ou bien préférerat-il sauver ses circonscriptions électorales, puisqu’il
a un électorat de droite, par
un accord avec l’UMP ? Ça
va dépendre de lui.
Recueilli par Frédéric Filloux,
Bastien Bonnefous
et Stéphane Colineau
Photos : C. Martigny /
Temps Machine / 20 Minutes
Sur www.20minutes.fr
A lire : l’interview intégrale
de Ségolène Royal
8
france
JEUDI 19 AVRIL 2007
Speed Meeting
pour Sarkozy
Une fédération UMP
de Paris organise
ce soir six Speed
Meeting de cinq
minutes — à la
manière des Speed
dating — pour
convaincre de voter
Sarkozy (rens. :
www.bougrab
.typepad.fr).
VGE vote UMP
L’ancien président
centriste Valéry
Giscard d’Estaing
annonce
dans un entretien
au Parisien
publié ce matin
qu’il votera
dimanche pour
Nicolas Sarkozy.
Mauvais timing. La mairie
d’Issy-les-Moulineaux (Hautsde-Seine) a fait remplacer lundi,
à la dernière minute, une
soixantaine de machines à
voter « dernier cri ». Une
publicité dont la ville aux
bureaux de vote « 100 %
électronique » se serait bien
passée en pleine polémique
sur le supposé manque de
fiabilité de ces ordinateurs.
Ces modèles « comportaient
une option, un boîtier qui
permet au président du bureau de lancer une séquence
de vote sans qu’il ait besoin
de se lever », a expliqué
Denis Murthon, directeur
commercial d’ES&S Europe,
qui fabrique ces machines.
Problème, celles-ci, testées
depuis quelques jours, n’ont
pas reçu à temps l’agrément
du ministère de l’Intérieur.
Leur utilisation, dimanche,
aurait été illégale. ES&S a
donc remplacé gratuitement
« l’ensemble du parc français » par un ancien modèle
agréé en 2005. Issy, Noisy-leSec, Saint-Malo, Meylan,
Voreppe, Thyez, Ifs et
Wissous sont concernés.
Vendredi dernier, Isabelle
Franchi, de la mairie d’Issy,
avait déclaré que toutes les
opérations seraient « extrêmement transparentes ».
Pourtant, hier, la nouvelle du
changement des machines
est venue du fabricant américain. Contactée, la municipalité s’est fendue d’un simple communiqué arguant de
l’agrément des machines.
Entre-temps, la préfecture a
rejeté la demande de moratoire formulée par des opposants municipaux et a assuré
que ces machines à voter
présentaient « toutes les garanties pour l’exercice du
vote ».
Olivier Marino
D. FAGET / AFP
Des machines à voter recalées
François Bayrou fait salle comble à Bercy
pour son plus gros meeting de campagne
Environ 17 000 personnes ont
afflué hier soir au Palais omnisports
de Paris-Bercy pour la plus grande
réunion publique de la campagne
de François Bayrou. « C’était un
pari un peu fou », commentait
avec satisfaction un membre de
l’équipe du candidat UDF, devant les rangées remplies de partisans en tee-shirts orange faisant
la ola en attendant leur champion. « Mais on l’a réussi. »
Les soutiens politiques de Bayrou
– Azouz Begag, François Goulard,
Corinne Lepage, Jean-Luc
Romero – côtoyaient l’ex-ban-
quier et ancien directeur adjoint
du cabinet de Pierre Mauroy Jean
Peyrelevade, ainsi que des personnalités du spectacle et des sports,
arrivées ou attendues, tels les cinéastes Marin Karmitz et Pascal
Thomas, le chanteur béarnais
Marcel Amont, les acteurs Vincent
Lindon et Sara Forestier, l’ex-pilote de rallye Bernard Darniche
et le judoka Djamel Bourras.
A la sortie du métro, des militants du Mouvement des jeunes
socialistes distribuaient force
tracts sous forme d’une « lettre à
un électeur hésitant ».
Sarkozy fait donner sa garde centriste
C’est ce qu’on appelle un recentrage. Accusé par ses adversaires de
dérive droitière, Nicolas Sarkozy avait
convoqué ses soutiens centristes
Simone Veil, André Santini et
Gilles de Robien à son meeting
organisé hier soir devant 7 000 personnes à Issy-les-Moulineaux
(Hauts-de-Seine). A la tribune,
Gilles de Robien, le ministre de
l’Education nationale, a ironisé :
« Pourquoi je ne soutiens pas
François Bayrou ? Parce que je ne
suis pas de gauche. Le vrai candidat
des centristes, c’est Nicolas
Sarkozy. »
revue de presse 13
« SPÉCIAL OCÉANS »
De l’air ? De l’eau ! De la bonne
et de la bleue. Pour le printemps,
National Geographic s’immerge
dans un « spécial Océans ». Avec
des photos du fond des mers,
des pêches gaspilleuses et
miraculeuses, des débats d’idées
(« On me dit que les thons rouges
sont les plus magnifiques
nageurs des océans, mais pour
moi, rien n’égale la beauté des
saumons »). Les requins, eux, « ont un problème
d’image », toutes déclinaisons confondues,
du requin-citron au requin-bouledogue.
« HORS-SÉRIE »
Vous ne savez plus à quel DD
vous vouer ? Le hors-série Best of
Développement Durable d’Ekwo
devrait vous proposer des solutions
écologiques, recommandées par
les plus grandes marques de lavevaisselle, pardon, de sauveurs
de la planète. Sont donc Dédés
et approuvés : l’abeille de ville,
le building « cornichon bio »,
les fauteuils en herbes séchées, le slip en bambou,
et la chaîne de télévision Gaïa Networks.
« Nouvelle Star» 13
Ce n’est pas parce qu’on est
footballeur qu’on vote avec
ses pieds. Selon le sondage
de So Foot, Ségolène est en tête
chez les joueurs de L1 avec 24 %,
immédiatement suivie à 22,9 %
par… le vote blanc. Précision :
75 % des joueurs interrogés
n’ont pas répondu. Des candidats
à l’abstention ? A part ça, Fabien Cool de l’AJ Auxerre
s’est converti au bayrouisme tranquille, Lilian Thuram
aplatit une nouvelle fois Sarkozy, et le mag imagine
le foot sous le Pen président. Avec le PSG rebaptisé
en « PSJA », Paris Saint Jeanne-d’Arc.
« LE COUP DE BALAI »
Demain, on rase gratis et on
suce des roues. Oui. Un loisir
peu commun qui oblige
vraisemblablement à recracher
des bouts de pneu est proposé
par Le Point. Soupçonné de
Sarkozerie aggravée, le magazine
jure en effet qu’il ne roule pour
personne et « ne suce la roue »
d’aucun candidat. Dans son
menu de la semaine, il propose un dossier sur le
« coup de balai » donné aux clivages et aux repères
par la campagne présidentielle et un charmant
petit tour du propriétaire dans les QG des candidats.
« NUMÉRO 1 »
Fusillade à Virginia Tech 35
« POUR QUI VOTER ? »
Nombre
d’articles parus
dans quatre
quotidiens
nationaux*
Policier à la foire du Trône 44
C’est l’élection qui fait
délicieusement mal à l’international.
Courrier retranscrit les affolements
de la presse étrangère devant
la présidentielle française. Quand
le scrutin « le plus excitant depuis
1981 » a lieu « dans la nation
la plus turbulente d’Europe »,
ça déchire grave sa magistrature
suprême. The Economist vote Sarko « France’s
chance », la presse allemande suggère que la France
devrait en finir avec la présidence, et les journalistes
grecs s’agacent de Ségolène Royal « championne
toutes catégories pour poser des lapins ».
Dans
la presse
cette
semaine
Attentats à Alger 69
« AÏE ! LA FRANCE VOTE »
Présidentielle 453
JEUDI 19 AVRIL 2007
* Le Figaro, Libération,
Le Monde et Le ParisienAujourd’hui.
La phrase
qui tue
Ségolène
Royal* :
« Ils me
prennent pour
une conne
depuis
le début. »
* Candidate à l’élection
présidentielle, à propos
des éléphants du Parti
socialiste, dans Le Canard
enchaîné daté du 18 avril.
C’est pas le tout d’être PDG,
encore faut-il esquiver les terrifiants
« fashions faux pas ». Les éditions
Jalou, qui notamment publient
l’Officiel de la mode, lancent
demain l’Officiel Business.
Tiré à 130 000 exemplaires,
il sera le magazine « de la femme
de pouvoir ». Elle y apprendra
la meilleure façon de « monnayer son divorce » comme
ses parachutes dorés. Et à envoyer ses enfants dans
le meilleur des « summer camps » tout en trucidant les
rides qui auraient l’audace de s’attaquer au contour de ses
yeux. C’est vrai que c’est du boulot, quand on y réfléchit…
« LEURS DERNIERS SECRETS »
Portraits de candidats avec
inconscient. Attention, lectrices et
lecteurs, voici le tour magique du
candidat dépiauté sur son divan.
Avec un Le Pen « inanalysable »
et « père de la horde primitive »,
un Sarkozy fascinant « tant il met
en scène son œdipe et cumule les
symptômes ». Et même Schivardi
en incarnation fantasmée du « Petit Poucet ».
Plus originale, l’analyse d’un profileur de la CIA
des candidats PS et UMP. Sinon, il ne s’en est jamais
vraiment caché, il ne s’en cache plus du tout : L’Obs
annonce « pourquoi nous voterons Ségolène ».
« NUMÉRO 1 »
Si vous êtes perdu sans « Lost »
et dépérissez sans votre injection
quotidienne de « Doctor House »,
Episodik peut faire quelque chose
pour votre cas. Dans ce trimestriel,
les série-maniaques parlent
aux série-addicts. Voici donc les
politiques en série, les salauds en
série, et même les sérial-tueurs de
tueurs en série, avec « Dexter », bientôt diffusé sur Canal+.
On notera aussi la rubrique du « Dr Thrill » qui répond aux
adorateurs pathologiques des fictions de la télévision.
Page réalisée par Anne Kerloc’h
Le testament paranoïaque du
tueur de Virginia Tech en vidéo
Entre ses deux fusillades, Cho Seung-Hui aurait pris le temps d’aller poster à la chaîne
NBC des cassettes dans lesquelles il exprime son délire et sa haine du monde. P.12
N° 1179 VENDREDI 20 AVRIL 2007
www.20minutes.fr
paris
A vote tour
grand paris
De l’appétit pour le
couscous gratuit
Le premier tour de l’élection présidentielle a lieu dimanche.
Rappel des programmes. P.10-11 Derniers grands meetings. P.8-9
Comment les médias se préparent à la soirée électorale. P.30
Le vote en 2002 dans la région. P.3
..
Deux guides répertorient les bons
plans à Paris. A commencer par
les bars qui régalent gratis. P.2
.
.
cinéma
La soixantaine
rayonnante
DR
La sélection
du 60e Festival de
Cannes a été dévoilée
hier. Elle mêle vieilles
connaissances et
nouveaux venus. P.18
week-end
météo
Adieu la ville et la modernité !
Sélection de séjours en cabanes,
tipis, yourtes et autres huttes. P.29
9°C le matin
21°C l’après-midi
grand paris
culture
SERGE POUZET / 20 MINUTES
DR
Une escapade
entre deux tours
2
france
4
18
guide
22
monde
12
économie
14
emploi
15
sport
24
week-end
29
tv-médias
30
grand paris
VENDREDI 20 AVRIL 2007
3
Présidentielle Selon l’Ifop, Bayrou arriverait derrière Sarkozy et devant Royal au premier tour du vote francilien
Où se situera l’Ile-de-France dimanche ?
études nationales pour Paris Match et
Le Journal du Dimanche, s’est penché
sur ses résultats régionaux pour
20 Minutes, et donne François Bayrou
un poil devant Ségolène Royal au premier tour. Il est crédité de 24 % à
25 % d’intentions de vote. Royal est
à 23-24 %. Sarkozy est en tête avec
27-28 %. « Ceux qui voulaient
Dominique Strauss-Khan se tournent
vers Bayrou, qui correspond bien à la
sociologie francilienne avec une population jeune, diplômée, qui s’avère
sensible aux discours sur le dépassement du clivage gauche-droite », analyse Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de
l’Ifop. Déjà, en 2002, l’Ile-de-France
« avaitconnuunsurvoteChevènement,
typique des CSP+ ».
L’écart avec les sondages nationaux,
où Bayrou est crédité de 18 % d’intentions de vote, est saisissant. Quand
Royal et Sarkozy font pratiquement
le même score, à 1 ou 0,5 % près,
Bayrou empoche six points de plus
P. SAURA / SIPA
La tendance Bayrou traîne dans tous
les instituts de sondage interrogés sur le
vote francilien. L’Ifop, qui a réalisé des
dans la région, « car il prend 0,5 à
1 point à tout le monde, surtout aux
petits partis », précise Jérôme
Fourquet. A l’institut CSA, JeanDaniel Lévy, directeur adjoint du département opinion, avoue en effet
qu’« un gros vote Bayrou n’est pas
impossible en Ile-de-France. Car sa
sociologie a évolué en faveur du PS
dans les dernières années, mais ces
nouveaux électeurs peuvent être déstabilisés par la campagne de Ségolène
Royal. » Ipsos, qui ne possède pas de
résultats chiffrés sur la région, convient
toutefois de son côté que « vu la sociologie de l’Ile-de-France, le vote
Bayrou devrait être assez fort ».
Autre particularité francilienne : le
vote FN y est habituellement moins
fort qu’ailleurs, et la présidentielle
2007 ne devrait pas déroger à cette
règle. Jean-Marie Le Pen est crédité
de 12 % à 13 % d’intentions de vote
dans la région, contre 16 % au niveau
national selon l’Ifop. « Et la Seine-etMarne contribue pour beaucoup au
score régional », précise Jérôme
Fourquet, car elle est « plus rurale et
entourée de départements comme
l’Oise ou l’Aisne qui votent beaucoup
FN ». Le Val-d’Oise est aussi coutumier du fait. A l’inverse, le vote Front
national ne prend pas à Paris, et fait
généralement des scores bas, à 9,4 %
en 2002 par exemple. « L’Ile-deFrance est très étendue, et c’est une
terre de contrastes. Plus on se rapproche du cœur de l’agglomération, plus
le vote FN décroît. Le sentiment d’exclusion diminue au fur et à mesure que
l’on se rapproche des lieux de pouvoir », selon l’Ifop.
Enfin, les « petits partis » ont la vie
dure en Ile-de-France, même s’il reste
quelques bastions communistes dans
le Val-de-Marne ou en Seine-SaintDenis.
Magali Gruet
Paris
La capitale
est-elle encore une ville
de droite ? Pas sûr,
à en croire les dernières
élections. En 2001,
Bertrand Delanoë, bien
que minoritaire en voix,
remportait la Mairie
de Paris grâce à
une majorité de sièges.
En 2002 en revanche,
lors des législatives,
la gauche arrivait
majoritaire en voix
pour la première fois
dans l’histoire de Paris.
Une tendance
confirmée en 2004
pour les régionales. « La
sociologie de la capitale
évolue plutôt à gauche »,
confirme l’institut CSA.
Le cabinet de Bertrand
Delanoë estimait
hier que « Sarkozy
ne devrait pas faire un
gros score chez nous ».
La région avait voté Chirac devant Jospin au premier tour en 2002
(contre 19,88 % au plan national), Lionel Jospin
16,82 % (contre 16,18 %),
Jean-Marie Le Pen 12,82 %
(contre 16,86 %) et François
Bayrou, 7,32 % (contre
6,84). Comme à son habitude, l’Ile-de-France n’était
donc pas du tout représentative du vote national, se prononçant pour un second tour
Chirac-Jospin, reléguant Le
Pen au troisième rang et soutenant un peu plus Bayrou.
La Seine-Saint-Denis était
par ailleurs une terre d’élection du FN jusqu’à la fin des
années 1990, mais ce vote
s’est ensuite dégonflé, au
profit du PS. Le parti de
Jean-Marie Le Pen est en
revanche resté très fort en
Seine-et-Marne et dans le
Val-d’Oise, où il avait battu
le PS en 2002.
M. G.
IDÉ
En 2002, Jacques Chirac
avait remporté 20,46 % des
suffrages au niveau francilien
6
france
VENDREDI 20 AVRIL 2007
Politique Plus de quarante-quatre millions d’électeurs sont appelés aux urnes dimanche pour le premier tour
Prochain sondage au fond des urnes
ces historiques pour certaines émissions de télé. Des
conversations en famille et
au bureau en quantité record, selon les enquêtes des
instituts de sondage. Jamais
une campagne présidentielle n’aura autant passionné les Français depuis
1965, première année où le
chef de l’Etat a été désigné
au suffrage universel
direct.
C’est dans ce contexte que
douze candidats se présentent dimanche face aux
électeurs. Un grand favori
se dégage, Nicolas Sarkozy.
Le leader de l’UMP est annoncé en tête du premier
tour par la totalité des trois
cents sondages publiés sur
les intentions de vote des
Français. Ségolène Royal se
classe systématiquement en
deuxième position. Ces
deux personnalités incar-
T. CAPLAIN / LIEU-DIT / 20 MINUTES
Des livres politiques écoulés par les libraires au rythme
de best-sellers. Des audien-
nent chacune dans leur
camp ce que les Français
semblent attendre : le
changement.
Le souvenir du 21 avril 2002
invite néanmoins à une infinie prudence. La classe
politique reste déconsidérée et les Français pessimistes sur l’avenir de leur pays.
Jean-Marie Le Pen, éternel
sous-estimé des enquêtes,
peut à nouveau se voir propulser au second tour par
les mécontents. Lui en est
même certain. « Qui sera le
Jospin de 2007 ? Sarkozy
ou Royal ? », interroge-t-il
déjà. Le leader du Front
national occulte volontairement l’émergence de
François Bayrou. N’en déplaise au candidat d’extrême droite, son adversaire
centriste, vraie sensation de
la campagne, est en mesure
de lui piquer la vedette.
Reste à savoir sur quels critères les 44,5 millions
d’électeurs, dont plus d’un
tiers sont encore indécis,
vont se décider. Aucun
thème n’a écrasé les autres
comme l’insécurité en 2002.
Le chômage et le pouvoir
d’achat ont dominé, mais
l’immigration a été présente. Nicolas Sarkozy
parie sur l’importance des
« valeurs ». Les personnalités des candidats, sujettes à
interrogations, compteront.
Et puis cette inconnue : y
aura-t-il un phénomène
« vote utile » en faveur de
Ségolène Royal ? Dans le
cas contraire, au séisme du
21 avril 2002 succédera, au
moins pour le PS, celui du
22 avril 2007.
Stéphane Colineau
« La grande inconnue : le score de Bayrou » Vers un taux de participation
en hausse par rapport à 2002
différente. L’électorat moFrançois Miquet-Marty
Directeur des études politiques
à l’Institut LH2.
deste se répartit beaucoup
mieux entre les candidats
cette année.
Quelle est la
grande inconnue
de ce premier tour ?
En 2002, 29 % des électeurs
se sont décidés la dernière
semaine : 14 % se sont décidés avant le dernier weekend, puis 4 % le samedi et
enfin 11 % le dimanche,
jour du vote. Cette fois,
42 % des électeurs se déclarent indécis, selon notre
enquête menée vendredi et
samedi dernier. La moitié
hésite entre différents candidats, l’autre moitié n’a
aucun nom en tête.
Le score de François
Bayrou. 60 % de ses électeurs potentiels déclarent
qu’ils pourraient changer
d’avis alors que les deux
tiers des électeurs de Nicolas
Sarkozy, Ségolène Royal et
Jean-Marie Le Pen se disent
sûrs de leur choix.
Qui sont ces indécis ?
En majorité, l’électorat
modeste : des ouvriers et
des gens qui se considèrent
en situation de régression
J-P. MULLER / AFP
Combien d’électeurs se
décident au dernier
moment ?
sociale. Ces derniers sont
d’ailleurs de plus en plus
nombreux, ils étaient 30 %
en 2002 et 50 % en 2006.
Ils avaient beaucoup voté
pour Jean-Marie Le Pen en
2002.
Cela peut-il se
reproduire en 2007 ?
La configuration est très
Le score de Bayrou sera
donc l’élément déterminant
du résultat ?
Oui, puisque la moitié de
ses intentions de vote viennent de sympathisants de
gauche. Ces sympathisants
restent-ils attachés à leur
camp ? On va voir.
Recueilli par S. C.
Le taux de participation
au premier tour en 2002 était
d’environ 72 %. Un des plus
mauvais chiffres pour une
élection présidentielle.
Cette année, les enquêtes
d’intérêt des instituts de
sondage prévoient une participation supérieure à
80 %. Plusieurs indices
permettent d’expliciter a
priori ce regain d’intérêt.
Les primo-votants, inscrits
pour la première fois sur
les listes électorales, n’ont
jamais été aussi nombreux.
pratique
Ils iront selon toute vraisemblance voter. Les
Français se sont passionnés
comme jamais pour la campagne, indiquent les études
de la Sofres, seul institut à
mesurer leur intérêt depuis
1965. A qui profitera cette
baisse de l’abstention ?
Difficile à dire car le taux
de participation devrait en
réalité être comparable à
ceux de 1988 et 1995, années où Jean-Marie Le Pen
avait déjà réalisé de gros
scores.
O. M.
Les bureaux de vote ouvriront
dimanche à 8 h partout en France et fermeront
pour une grande majorité (70 % d’entre eux) à 18 h.
Seuls les bureaux des grandes villes et de
leurs banlieues resteront ouverts jusqu’à 20 h.
france
VENDREDI 20 AVRIL 2007
« Je vote utile, pour Royal,
mais ça ne m’enchante pas »
Ils seront une des clés
du scrutin. D’un côté, les
électeurs de gauche qui
Distribution de tracts
du PS sur un marché.
S. POUZET / 20 MINUTES
voteront Ségolène Royal
seulement par défaut, de
l’autre, ceux qui se tourneront vers François
Bayrou. Sur le marché
Belgrand, qui fait face à
la mairie du 20e arrondissement de Paris, les habitués sont particulièrement enclins à voter à
gauche. Le PS, bien implanté, rafle habituellement la mise.
Dans le marché, le terme
de « vote utile » revient
souvent. « En 2002,
j’avais voté pour les Verts
et je m’en suis mordu les
doigts. Je ne recommencerai pas. Je vote pour
Ségo, mais surtout contre Sarko.
Elle ne m’inspire pas, mais Sarkozy
me débecte. C’est un vote utile »,
explique Marie-Hélène, la trentaine. Stéphane, 43 ans, va plus
loin, et parle d’un « vote qui ne
[l’]enchante pas ». « Je n’en suis
pas fier car elle est trop à droite
pour moi. Mais on fait avec ce que
l’on a. » Marie et Alain, un couple
avec deux enfants, font confiance
à « ceux qui sont derrière elle pour
la repositionner à gauche ».
Camille, une octogénaire, compte
« à coup sûr » glisser son bulletin
Royal dans l’urne, car elle ne veut
« pas faire la connerie de 2002, où
[elle avait] voté Chevènement ».
Certains électeurs de gauche prévoient aussi de voter Bayrou. Ils
se tourneront « pour la première
fois vers l’UDF ». « C’est aussi
une façon de ne pas choisir, sans
voter blanc », concède Hervé, ingénieur en informatique. D’autres
pensent que Bayrou est « le seul à
pouvoir battre Sarkozy au second
tour », et se « détachent de Royal,
qui ne fera pas le poids ».
Magali Gruet
PS En 2002, près de 43 % des sympathisants socialistes n’avaient
pas voté pour Lionel Jospin au premier tour, lui préférant un
candidat d’extrême gauche. Cette année, ils ne seraient que 32 %
à ne pas voter Royal, selon les enquêtes des instituts de sondage.
Trois scénarios pour le premier tour
Difficile d’imaginer que Nicolas
Sarkozy ne soit pas présent au second
tour. Ce faisant, première hypo-
thèse : duel Sarkozy-Royal. Bayrou
arbitre le second tour. Révolutionnet-il l’UDF en appelant à voter pour
la candidate PS, ou conserve-t-il
avant les législatives ses accords
électoraux avec l’UMP ? Sarkozy
peut aussi se tourner vers l’électorat
du Front national.
Deuxième hypothèse : duel SarkozyBayrou. Après Jospin en 2002,
Royal n’est pas au second tour. Le
PS explose, sa partie sociale-libérale
se tourne vers Bayrou pour créer un
grand parti social-démocrate.
Troisième hypothèse : duel SarkozyLe Pen. Comme en 2002, l’épouvantail Le Pen assure l’élection du candidat UMP, à un score sans doute
inférieur aux 82 % de Chirac.
7
Editorial
Par Frédéric Filloux, directeur de la rédaction de 20 Minutes.
A chacun son pari présidentiel
Cette élection n’est pas un choix, mais un pari sur des
personnes et sur l’avenir. Certes, le pouvoir présidentiel
restera toujours très incarné en France, mais jamais
un scrutin n’aura été porteur d’autant d’incertitudes
sur « l’après ».
Prenons les trois présidentiables les plus crédibles tels
que sortis des sondages. Nicolas Sarkozy personnifie la
rupture version forte, avec un programme construit, clair,
argumenté que l’on peut résumer ainsi : « j’ai dit ce que je
ferai, je ferai ce que je dis ». Lorsqu’on évoque l’habituelle
pusillanimité des gouvernements face à l’impopularité de
réformes pourtant nécessaires, il oppose la légitimité
future du scrutin, même avec une marge de 0,1 %. Pour
beaucoup, cette détermination inquiète, surtout quand
elle est amplifiée par des dérapages spectaculaires.
Malgré cela, voir dans une présidence Sarkozy les
prémices d’une dictature est aussi stupide que d’avoir cru
en 1981 à l’arrivée des chars soviétiques en cas de
victoire de François Mitterrand. C’est avoir bien peu
confiance dans l’esprit citoyen de la France, dans sa
résilience institutionnelle, dans ses contre-pouvoirs civils
que d’imaginer le pays basculer ainsi. En revanche,
aucune autre élection présidentielle n’a vu un candidat
crédible cristalliser à ce point le rejet d’une partie de
l’électorat. Ceux qui voteront pour le candidat de l’UMP
feront, sciemment ou non, le pari que Nicolas Sarkozy
tiendra compte des réalités du pays et que son entourage
sera capable de le
Nicolas Sarkozy
tempérer.
Ségolène Royal, elle,
se projette
est dans l’incarnation
dans l’action
rassurante. La candidate
réformatrice,
socialiste fait le pari de la
confiance, de la protection.
Ségolène Royal
Elle campe sur une posture
dans l’incarnation
quasi mystique : une fois
élue, la croissance sera là
rassurante,
résoudra d’un coup la
et François Bayrou et
question de la dette et du
dans l’union
chômage de masse (avec,
quand même une bonne
utopiste.
dose d’emplois aidés et
l’introduction d’un peu de flexi-sécurité). Son programme,
puisé dans un vaste spectre allant des fondamentaux du
socialisme aux innovations de la social-démocratie, reste
malgré tout imprécis. Pour ses électeurs, c’est aussi
l’espoir que son équipe apportera substance et discipline
à son action gouvernementale qui devra faire oublier le
côté brouillon et instinctif de sa campagne. La situation
de la France lui interdira l’immobilisme.
Avec François Bayrou, c’est le pari que du néant va surgir
le tangible. Le candidat centriste a surfé avec habileté sur
la déconsidération de la classe politique, qui fait que 65 %
des Français sont favorables à un gouvernement d’union.
Mais cette utopie ne donne pas un agenda présidentiel.
Surtout lorsqu’aucune des fameuses « personnalités de
bords politiques différents », selon la formule consacrée,
ne s’est dévoilée avant le premier tour, contraignant
le candidat à un ratissage parfois embarrassant.
A ces trois candidats, il faut ajouter l’inconnue Jean-Marie
Le Pen. Le candidat du Front national peut encore troubler
le jeu. Même si le spectre du 21 avril 2002 a surtout
eu des vertus tactiques dans cette campagne.
Les paris sont donc ouverts.
8
présidentielle
VENDREDI 20 AVRIL 2007
Campagne Les quatre principaux candidats tenaient, hier soir, leur dernier grand meeting
Sarkozy veut se démarquer du FN
L’UMP a
« 72 heures »
L’UMP lance jusqu’à
samedi l’opération
« 72 heures pour
gagner », où près de
25 000 militants
seront sur le terrain
pour aller « à la
rencontre des
Français indécis »,
distribuant tracts,
badges, tee-shirts
et organisant fêtes
et événements
sportifs.
Les
indépendantistes
corses
s’abstiennent
Le parti
indépendantiste
Corsica Nazione
Indipendente », a
appelé hier ses
militants à ne pas
voter pour l’élection
présidentielle, en
signe de
« résistance » envers
l’Etat qui refuse
« la reconnaissance
en droit du peuple
corse ».
A Marseille.
A 18 h 30, c’est Basile Boli
qui est monté sur scène pour
ouvrir le dernier meeting
d’avant premier tour de
Nicolas Sarkozy à Marseille.
Un premier orateur comme
le symbole d’un Marseille qui
gagne, coloré, ouvert. C’est
aussi l’image qu’a souhaité
Nicolas Sarkozy pour ce dernier rendez-vous, où il a voulu
se démarquer de l’image
« antidémocratique » qui lui
colle à la peau, tout en réaffirmant ses thèmes de prédilection. « De moi, on dit autorité,autoritaire,autoritarisme,
état policier, circulez, y’a rien
à voir », s’est-il défendu.
Au cœur de cette soirée, il y
a donc les attaques dont fait
l’objet le candidat et qui inquiètent son entourage. « Les
insinuations, les procès d’intention, j’ai été étonné qu’on
puisse en inventer autant me
concernant », a expliqué le
candidat. Dans un discours
qui a tourné autour de ses
valeurs — l’autorité, l’ordre,
la morale —, Nicolas Sarkozy
a aussi répondu au FN : « Ma
France n’est pas celle de Le
Pen. Ma France n’est pas une
race, ce n’est pas une ethnie,
ce n’est pas l’exclusion. »
A l’heure du scrutin, ce sont
les indécis qu’il faut convaincre. « Ce qui m’intéresse, c’est
de parler à la France à laquelle personne ne parle (…)
La France qui ne brûle pas les
voitures, qui ne bloque pas les
trains, qui n’a pas de stockoptions, ni de parachutes en
or, qui travaille dur pour faire
vivre sa famille. »
En tout cas, Nicolas Sarkozy
se voit au second tour : « Ce
premier tour, c’est un tour de
chauffe, une mise en jambes ».
Mais hier soir, il a montré
qu’il avait du travail pour être
ce qu’il appelle « le candidat
du rassemblement ». Envoyé
bises
A son arrivée,
Nicolas Sarkozy a passé
en revue ses amis,
ministres, et ralliés de la
dernière heure par des
embrassades. Sauf
François Baroin et Alain
Juppé, qui n’ont reçu
que l’accolade.
spécial à Marseille, David Carzon
Sur ses terres, Bayrou appelle à la « révolution paisible »
Même Johnny Hallyday en
début d’année au Zénith de Pau
n’avait pas attiré autant de
monde. Les 5 000 Béarnais
venus écouter l’enfant du
pays ont d’ailleurs eu droit à
une entrée digne d’une star.
François Bayrou, apparu en
haut des gradins, a traversé
la foule pour rejoindre la
scène, aux cris de « Bayrou
président ». C’est sur cette
dernière image que le candidat a voulu finir sa campagne. « Je porte l’espoir de
beaucoup de Français », a-til conclu. C’est pour l’image
aussi qu’il a fait, auparavant,
un détour par le centre-ville,
posant devant la chaîne des
Pyrénées. « C’est là que j’ai
grandi, là que j’ai appris le
sens des responsabilités », a
t-il expliqué.
De chauffeur de salle,
François Bayrou a ensuite
enfilé le costume de professeur. Il a rappelé l’histoire du
peuple béarnais, « un peuple
qui a toujours refusé de
plier ». Une phrase en forme
de bilan de campagne pour
celui qui, parti au plus bas
dans les sondages, est
aujourd’hui crédité de 15 à
18,5 % d’intentions de vote.
François Bayrou s’est à nouveau posé en rassembleur
« au-delà des clivages », rappelant les soutiens politiques
reçus de droite comme de
gauche. Hier, Jean-Marie
Cavada, le député européen
UDF du grand Sud-Ouest,
A Pau.
J-P. MULLER / AFP
D’après un dernier
sondage CSA,
Nicolas Sarkozy
(27 %) a un point
d’avance sur
Ségolène Royal
(26 %) devant
François Bayrou
(17 %) et Jean-Marie
Le Pen (16 %).
Pour BVA, Nicolas
Sarkozy reste en
tête, avec 29 %
d’intentions de vote,
Ségolène Royal à
25 %, François
Bayrou 15 % et JeanMarie le Pen 13 %.
Pour l’Ifop, Sarkozy
est crédité de 28 %,
Royal 22,5 %, Bayrou
19 % et Le Pen
12,5 %.
S. PAGANO / REPORTAGES / 20 MINUTES
Derniers sondages
ainsi que l’acteur Vincent
Lindon avaient fait le
déplacement.
Sécurité dans les quartiers,
égalité des chances, obligation de savoir lire pour tous
les élèves de 6e, aide aux pays
en voie de développement…
Que ce soit l’éducation,
l’économie, les questions
européennes, l’immigration,
François Bayrou a rappelé
son programme. Il s’est également prononcé en faveur
d’un moratoire sur les OGM,
en rencontrant un peu plus
tôt les anti-OGM qui bloquaient une coopérative
dans le Pays basque. Pour
terminer, le député béarnais
UDF et ancien gréviste de la
faim, Jean Lassale, a entonné
la Marseillaise, puis l’hymne
pyrénéen sous les applaudissements. Il n’y avait ni sifflets, ni cris hystériques, s’est
félicité François Bayrou, appelant les électeurs à une
« révolution paisible ».
A Pau, Marie Gasc
VENDREDI 20 AVRIL 2007
présidentielle
9
avant le premier tour. L’occasion de lancer un ultime appel à la mobilisation
Une Zapatera dans la Ville rose
« Son projet, c’est lui. Mon
projet, c’est vous ! » Cette comparaison avec Nicolas Sarkozy
F. SCHEIBER / 20 MINUTES
a déclenché un tonnerre
d’applaudissements, hier soir
au Parc des expositions de
Toulouse, où 20 000 militants
sont venus écouter Ségolène
Royal. Un rendez-vous tout
en symboles dans la Ville
rose, avec Danielle Mitterrand au premier rang
d’une famille socialiste et
radicale au complet. Et l’appui, gage d’un socialisme
moderne, du jeune chef du
gouvernement espagnol,
José Luis Zapatero.
La candidate a laissé le soin
à François Hollande de
chauffer la salle et d’étriller
ses principaux adversaires.
« Nicolas Sarkozy est le candidat de la majorité sortante
qui devrait être sortie. Il est
allé chercher Jaurès, il a
trouvé Le Pen », a lancé le
premier secrétaire du PS,
ajoutant : « François Bayrou
est aussi le candidat de la
majorité sortante. » JoséLuis Zapatero a exalté « la
fraîcheur de Ségolène, son
optimisme ». « Elle incarne
A Toulouse.
la réussite de la social-démocratie qui offre les meilleurs
taux de croissance économique et cherche à redistribuer
les richesses, le savoir et le
pouvoir », a-t-il souligné.
« Un socialisme du XXIe siècle », repris à son compte par
la candidate. Elle veut réconcilier « le progrès social et
l’efficacité économique ». Et
au plan international, refuser
« de nous mettre à genoux
devant George Bush ». Cette
dernière saillie a déclenché
le délire des militants, suivie
de près à l’applaudimètre
par l’exhortation faite à Noël
Forgeard, l’ex-PDG d’Airbus, de « rembourser l’entreA Toulouse,
prise ».
appel
Devant le
danger représenté par le
vote Bayrou et d’extrême
gauche, Ségolène Royal
et François Hollande
ont tous deux lancé
un vibrant appel au
« vote utile pour le
changement ».
Hélène Ménal (Avec C. N.)
Pour son dernier round, Le Pen cogne à tour de bras
réunion publique, hier soir
à Nice, Jean-Marie Le Pen
a concentré ses coups sur
ses trois principaux adversaires, Ségolène Royal,
François Bayrou et Nicolas
Sarkozy, accusés d’être des
« politiciens néfastes » qui
« ont tout cassé » en France.
« Sarkozy, Bayrou, Royal,
on prend les mêmes et on
recommence », a-t-il lancé
devant près de 2 500 militants, oubliant que les candidats UMP et PS se présentent pour la première fois à
la présidentielle, contre la
cinquième le concernant.
Le leader frontiste a qualifié
Ségolène Royal de « socialiste à visage câlin », détournant le slogan yougoslave
du temps des Soviets, « le
socialisme à visage humain ». Macho, le candidat
d’extrême droite s’est dit
« un peu choqué » que
Royal ne soit pas mariée
avec François Hollande. Le
président « doit donner le
bon exemple social », a déclaré Le Pen, oubliant que
sa première femme,
Pierrette, avait posé nue
dans Play Boy dans les années 1980.
François Bayrou, lui, a été
raillé comme le candidat de
l’impossible. « Il ne veut ni
ne peut rien dépasser du
tout. Il ne fera que recom-
A Nice.
M. BUREAU / AFP
A défaut de construire son
argumentaire, détruisons celui
des autres. Pour sa dernière
mencer ce qui, à droite ou à
gauche, est déjà dépassé »,
a prédit Le Pen.
Nicolas Sarkozy, qui a été
l’objet de nombreuses attaques frontistes ces derniers
jours, a été accusé d’inconstance. « Il change d’idée
comme de chemise », a déclaré le leader FN. Sans véritable surprise, il en a remis
une couche sur le thème
anti-Sarko du candidat
« immigré ». « On le pense
sans concession vis-à-vis des
délinquants immigrés, le
voilà qui mêle à l’affaire sa
propre trajectoire personnelle de candidat de l’immigration », a-t-il lancé. En
revanche, concernant la délinquance automobile, JeanMarie Le Pen s’est prononcé
pour « une amnistie générale des points de permis »,
estimant que les automobilistes étaient « montrés du
doigt et persécutés
systématiquement ».
B. B. (avec AFP)
Des journaux
prennent parti
Le patron du Monde,
Jean-Marie
Colombani, signe
une tribune dans Le
Monde aujourd’hui
appelant à voter pour
Ségolène Royal.
Jean-Daniel en a fait
autant hier dans Le
Nouvel Observateur,
hebdo classé à
gauche. Nicolas
Beytout devrait
appeler à voter
Nicolas Sarkozy
dans Le Figaro de
samedi, tandis que
Jean-François
Kahn, de Marianne,
affiche sa préférence
pour François
Bayrou. L’Express,
Le Point et Le
Parisien affichent
leur neutralité.
VGE a choqué
les « sages «
Les membres du
Conseil
constitutionnel se
sont « émus
unanimement » hier
du fait que Valéry
Giscard d’Estaing,
l’un des leurs,
« n’ait pas respecté
l’obligation de
réserve à laquelle
sont astreints »
tous les « Sages ».
VGE a appelé à
voter pour Nicolas
Sarkozy.
Opération SMS
pour Ségolène
Les « Amis de
Ségolène Royal »
appellent les
partisans de la
candidate PS à
envoyer des SMS
« ciblés» à leurs
proches indécis
pour les convaincre
de voter en sa
faveur dimanche.
10 présidentielle
VENDREDI 20 AVRIL 2007
VENDREDI 20 AVRIL 2007
les programmes 11
Retrouvez le blog de la présidentielle sur 20minutes.fr
14 économie
VENDREDI 20 AVRIL 2007
[email protected]
Les statisticiens comptent
démentir les chiffres
A Paris, hier.
Le Liberty of the
Seas, le plus gros
paquebot du
monde, a quitté la
Finlande hier pour
Southampton, son
futur port d’attache,
a indiqué hier
le constructeur
norvégien
Aker Yards.
lés en 2006 à la
Commission européenne étaient pour
moitié
d’origine
chinoise, selon le rapport annuel du système
communautaire d’alerte
sur les produits dangereux publié hier. Des
mesures d’interdiction
ou de rappel ont ciblé
au total 924 produits.
Les jouets sont arrivés
à la première place
ENTREPRISE
Profits pour la
Banque postale
S. POUZET / 20 MINUTES
volontairement menée à
trois jours de la présidentielle : « Cela fait trois mois
que l’on secoue le cocotier
sans réponse. Nous ne pouvons pas laisser le gouvernement utiliser des chiffres du
chômage estampillés statistique publique, alors que
nous savons qu’ils sont
faux », s’est insurgée Julie
Herviant, déléguée CGT à
l’Insee. Les manifestants affirment agir « par déontologie. » « Cela pourrait arriver
avec n’importe quel gouvernement. Après les élections,
il sera trop tard », a insisté
un jeune statisticien du ministère de l’Emploi (Dares), qui a
requis l’anonymat à cause de son
« devoir de réserve » et de la
« pression » de sa direction.
Pour justifier leur action, les manifestants ont aussi invoqué le calendrier serré pour mobiliser la Dares,
l’Insee et l’ANPE en période de
vacances scolaires. « En mars, la
direction de la Dares a publié une
Les produits de
grande consommation
jugés dangereux et signa-
CROISIÈRES
Un géant
se jette à l’eau
version dénaturée de notre évaluation des chiffres de l’ANPE,
aujourd’hui présentés comme les
seuls fiables. Puis elle a ignoré nos
protestations, refusant de suspendre la publication mensuelle des
chiffres » prévue la semaine prochaine pour ceux de mars, a expliqué le jeune statisticien.
Angeline Benoit
chômage L’Insee a reporté à l’automne la publication de
ses chiffres du chômage, estimant que ses résultats n’étaient pas
fiables. Contrairement à la baisse affichée par l’ANPE, ils montrent
un chômage stable depuis 2005. Mais pour les statisticiens,
l’ANPE a artificiellement réduit le nombre de chômeurs.
La Banque postale,
filiale de La Poste,
a enregistré pour
sa première année
d’existence,
un bénéfice
de 372,4 millions
d’euros, en 2006.
(24 %), suivis des appareils électriques (19 %),
des véhicules à moteur
(14 %), des luminaires
(11 %) et des cosmétiques (5 %). Dans près
de la moitié des cas, les
produits incriminés venaient de Chine, contre
21 % d’origine européenne. Pour les jouets,
la proportion d’origine
chinoise atteignait
85 %, malgré la mise en
place d’une coopération
accrue pour améliorer
leur sécurité.
Un espagnol se lance
à l’assaut d’Eiffage
Le géant du BTP
Eiffage doit réunir lundi
son conseil d’administration pour se pro-
AGRICULTURE
La fraise française
n’a pas la pêche
noncer sur l’offre publique d’échange
déposée hier par son
concurrent et premier
actionnaire, Sacyr
Vallehermoso. Selon
une source proche, le
français pourrait demander une OPA à
129,5 € par action.
Après avoir vainement bataillé pendant
des mois pour entrer
Des militants du
Modef, syndicat
d’exploitants
agricoles familiaux,
ont déversé hier
à Agen des fraises
d’Espagne pour
protester contre
leurs importations
massives.
au conseil d’administration, l’espagnol a
lancé une offensive
décisive pour le
contrôle d’Eiffage,
groupe de BTP français constructeur du
viaduc de Millau, le
plus haut pont routier
du monde. L’espagnol
avait été, mercredi,
moqué lors d’une assemblée générale du
français, échouant à
obtenir le moindre
poste au conseil
d’administration.
Une voiture pour aller au boulot
Selon une étude du fonds d’action sociale
du travail temporaire (Fastt), 14 % des
intérimaires ont annulé une mission
parce qu’il ne disposait d’aucun moyen
de transport pour se rendre au travail.
Partant de ce constat, le Fastt lance
un nouveau service : les intérimaires
peuvent désormais louer une voiture
à prix réduit (pour 10 € par jour, le Fastt
prenant en charge les coûts restants)
ou un deux-roues (pour une somme
comprise entre 5 et 10 €). Pour bénéficier
de ce service, les intérimaires doivent
appeler le 0 800 28 08 28.
IDÉ
Une première. Des dizaines
de statisticiens ont manifesté
hier devant le ministère de
l’Emploi. Une contestation
Attention aux jouets
« made in China »
sur 20minutes.fr
La présidentielle à la seconde près
Récit en temps réel, infographies, photos, sélection de
blogs, réactions, décryptages…
Bloghorrée
« C’est toujours
avec un peu
d’émotion citoyenne
que l’on ouvre
l’enveloppe rosâtre
qui recueille les
professions de foi
des candidats. Avec
un peu de lassitude
également tant
l’exercice est vain et
les affichettes vues
et revues. Que nous
réserve donc la
cuvée 2007? »
blogblog
.blog.20minutes.fr
Suivez le scrutin à la seconde
près sur 20minutes.fr.
Aujourd’hui : « révisez »
la campagne
• Ce qu’il faut savoir : qui
vote, pourquoi, le rôle du
Président, les enjeux du scrutin, le calendrier…
• Et si le premier tour était
serré… Quelles voix feraient
la différence? Une enquête
sur les petits riens qui feront
(peut-être) l’élection.
Dimanche : 1er tour
• Dès 8 h et l’ouverture des
bureaux de vote : en direct,
le déroulement du scrutin
(temps forts, coulisses et
anecdotes, ambiance dans les
QG des partis, à Paris et dans
les régions), suivi par la rédaction de 20 Minutes et les
blogueurs invités.
• A 20 h, à la seconde près,
les estimations du résultat,
affiné tout au long de la soirée. Et, dès que possible, les
sondages des intentions de
vote pour le second tour.
• Portraits, analyses, commentaires, réactions à chaud
des hommes et femmes poli-
Un calcul inédit du « bruit
médiatique » des candidats
Chaque jour, l’indice de
« buzz » des candidats indique
la popularité de chacun sur
Internet. Il est calculé par le
moteur de recherche Wikio
à partir de tous les articles
publiés par vingt mille sources (médias et blogs) concernant chacun des candidats à
la présidentielle. L’analyse
sémantique prend en compte
la citation des noms des can-
didats et de tous les termes
associés (par exemple les
diminutifs
« Sarko »,
« Ségo », etc.).
20minutes.fr a choisi de s’associer avec Wikio pour
prendre en compte non seulement les médias online
mais aussi les blogueurs
dans un calcul inédit du
« bruit médiatique » des
candidats.
le Manifeste Retrouvez sur notre site
les réponses des candidats aux questions formulées
dans le Manifeste. Ce document est la synthèse
de vingt-sept sondages réalisés par l’institut LH2
en partenariat avec RMC, au cours de ces sept
derniers mois.
Guy Birenbaum
tiques, reportages, décryptage par des géographes,
politologues…
• Photos des états-majors,
zapping vidéo de la soirée et
infographies des résultats.
Lundi
• Dès votre réveil, les résultats département par département, et la revue du Web
français et international.
participez
Tout le week-end,
réagissez aux articles,
aux vidéos,
aux diaporamas.
Participez aux débats,
posez vos questions
aux blogueurs
qui suivront la soirée
avec nous.
La voix de « World of Electors »
Créé par Alex Chan,
« World of Electors »
est une série de machinima, un programme
hybride mélangeant
animation, jeu vidéo
et reportage politique. Conçue autour
de la présidentielle,
la série revisite la
news politique, associant de vraies interviews de
citoyens et de personnages
virtuels.
Alex Chan explique le pourquoi de « World of
Electors » : « Je vis à La
Courneuve depuis quatre
ans. Je vois la réalité en
pleine face et je ne la retrouve pas dans les médias.
[…] J’ai cogité jusqu’à ce
que je trouve un outil pour
« Pourquoi la
“campagne
officielle” contraintelle les candidats à
la médiocrité avec
des clips d’une
ringardise
affligeante, dans des
formats ineptes? »
birenbaum
.blog.20minutes.fr
Radical chic
« Spécial indécis : à
force de voir chaque
jour une nouvelle
thématique chasser
les précédentes, la
campagne finit par
rendre illisibles les
clivages politiques. »
radical-chic.com
François
Mitterrand 2007
DR
Demain : et si…?
SERGE POUZET / 20 MINUTES
• Le rappel des programmes
des douze candidats et les
entretiens qu’ils ont accordés
à 20 Minutes.
• Les temps forts de la
campagne.
• Un quiz pour tester vos
connaissances.
m’exprimer et donner une
voix différente, une voix qui
fasse contrepoids. »
Et le comment : « Je recueille la parole des gens sur
l’actualité, comme dans un
documentaire. Ensuite, je
m’appuie sur ce qu’ils disent
pour inventer des figures
animées qui vont reprendre
leurs propos. »
Quinze épisodes jusqu’au 8 mai
en exclusivité.
« J’ai regardé avec
angoisse Royal face
à PPDA, sur TF1.
Ce que j’ai vu m’a
étonné, surpris
et inquiété. Que lui
est-il arrivé? C’est
la première fois
depuis longtemps,
que, face à un
socialiste, l’homme
lige de Bouygues
se montre aimable. »
francoismitterrand
2007.hautetfort.com
28 net guide
VENDREDI 20 AVRIL 2007
[email protected]
Services Créés par des professionnels ou par de simples internautes, les sites de géolocalisation sont légion
Le Web met le monde en cartes
L’histoire à géographier
www.england
lèbre service gratuit de recherche -rocks.co.uk
Toutes en une
http://looklocal
.idelix.com
Evaluer un itinéraire
en France
www.navitia.com
Il n’y a pas que l’actualité
dans la vie, il y a aussi
la musique. Le site England
Rocks est une carte Google interactive qui vous propose
une visite historique guidée
et multimédia du rock
en Angleterre.
Tous les lieux et événements
mythiques du rock anglais
y sont répertoriés, des studios
d’enregistrement d’Abbey Road
aux concerts de l’Earl’s Court.
Même s’il est le plus connu
de tous, Google Maps n’est pas
le seul service de cartographie
en ligne. Looklocal est une
sorte de métamoteur de recherche cartographique qui permet
d’utiliser simultanément
Google, Live et Yahoo! Maps,
plus quelques autres services
de cartographie spécialisés
pour calculer des itinéraires
ou visualiser des informations
touristiques
Ce service sponsorisé par
le syndicat des transports
en commun d’Ile-de-France
(Stif) permet de planifier
et d’optimiser les itinéraires
de ses déplacements
en transports en commun
à l’aide d’une carte Google.
De plus, grâce aux cartes « isochrones », Navitia
permet de connaître
en un coup d’œil les temps
de trajet à partir d’un lieu donné.
Voir aussi : les épisodes
et les personnages bibliques
géolocalisés (en anglais)
www.biblemap.org
Voir aussi : un autre métamoteur
cartographique (qui nécessite
l’installation du plug-in Flash)
www.flashearth.com
Voir aussi : connaître en temps réel
l’état du trafic sur les principaux
axes routiers http://beta.v-trafic.com
Se répérer dans l’actu
http://presidentielle
.renalid.com
Partager des infos
locales
www.laroueverte.com
Préparer un voyage
touristique
www.emd-net.com
Invitations très sociales
www.weddingmapper
.com
Mais où étaient donc
passés François Bayrou,
Ségolène Royal
ou Nicolas Sarkozy
le dernier vendredi 13 ?
Si l’odyssée de la campagne présidentielle vous intéresse,
ce site indique
sur une carte Google
l’ensemble des visites
et des meetings des principaux
candidats à l’élection présidentielle 2007.
Petit frère citadin
de l’auto-stop, le covoiturage
est, en théorie, un excellent
moyen de réduire la circulation
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La Roue Verte, même si
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interactive de votre mariage
pour la partager en ligne avec
vos amis. Vous pourrez notamment y indiquer
les horaires, les emplacements
des gares, des aéroports,
des hôtels, etc.
Depuis février 2005, date de naissance de Google Maps, le Net encarte
le monde entier. En lançant son cé-
cartographique en ligne et en publiant les API (interfaces de code
source) permettant à quiconque de
créer ses propres cartes, la firme de
Mountain View a fait du Web l’outil
idéal pour publier et rechercher des
informations géolocalisées.
Deux ans plus tard, ses concurrents
proposent eux aussi leur service de
cartographie (Yahoo! Maps, LiveMaps, Geoportail, etc.). Les internautes, sites communautaires et
commerçants en ligne se sont emparés de ces nouveaux outils pour
créer des sites combinant les données géographiques de Google (ou
autres), du texte et/ou du contenu
multimédia. Chaque semaine, des
dizaines de nouveaux sites « à
carte » voient le jour : pour échanger les bonnes adresses d’un quartier, indiquer les points de vente
d’un article ou localiser les hôtels
d’une région, calculer ou commenter des itinéraires de balade, etc. En
voici une sélection. Yaroslav Pigenet
Voir aussi : si vous préférez
le jeu à la politique, vous pouvez
aussi localiser les possesseurs
de console Wii www.mapwii.com
Voir aussi : recherche collaborative
de commerces de proximité
http://justacote.com
Voir aussi : pour partager
des informations touristiques
localisées entre particuliers
www.venividiwiki.fr
Voir aussi : envoyer un message
de fumée sur Google Maps
www.mapmsg.com
30 tv-médias
VENDREDI 20 AVRIL 2007
[email protected]
France Inter 1, France Info 0
Sûr de rien pour l’élection,
les médias se préparent à tout
Radio France peut
souffler : pour la période de
janvier à mars 2007, le
groupe cumule une
audience de 25, 6 %, selon
Médiamétrie. France
Inter, notamment, se stabilise à 9,9 %. « Le 7/9-30
de Nicolas Demorand a
conquis 200 000 auditeurs
de plus en un an », se félicite Jean-Paul Cluzel,
PDG de l’entreprise publique. Reste le cancre
Régie de France 24.
mêmes de la Une. Histoire
d’attraper au vol les politiques, avant qu’ils sautent
dans une voiture ou sur une
moto-taxi pour rejoindre
France Télévisions. Et en cas
d’embouteillages ? « Aucun
risque, selon l’équipe de
Bayrou. On ne croisera sur
la route que ceux qui, comme
nous, courent d’un plateau à
l’autre ! » France Info a préféré caler des rendez-vous
téléphoniques. « On utilise
une ligne spécialisée qui rend
le son aussi propre que si
l’invité était en studio », précise Patrick Roger.
• A la technique Cent cinquante personnes seront
mobilisées à M6 pour le
grand saut. « Royal risque
d’aller à Melle puis rue de
Solférino. Ça nous oblige à
doubler les équipes, les cars
régie, les places de stationnement », précise Géraud.
Et aucun scénario n’étant
cette fois écarté, plusieurs
animations sont dans les
tuyaux. « En 2002, on n’avait
pas dessiné Le Pen ! Un infographiste a planché dessus
en dernière minute. »
Mais le calibrage laisse-t-il la
place au piment ? Un peu…
En 1995, France 2 avait dépêché une moto pour remonter les Champs-Elysées aux
côtés de Chirac. Là, TF1 a
placé une caméra sur la terrasse de Publicis, avec vue
plongeante sur l’avenue, au
cas où… Et sur RTL,
Duhamel sort du placard !
Laure de Charette
« 20 Minutes » ne jouera
pas avec les sondages
Le site Internet de
20 Minutes ne publiera aucune
tendance sur l’issue du vote
avant dimanche 20 h. Trois
raisons à cela : la loi de
1977 modifiée en 2002 est
sans ambiguïté. Ensuite,
relayer sur un site Web un
sondage « sortie des urnes »
revient à prendre le risque
de mobiliser d’importants
groupes d’électeurs en fin
de scrutin et de provoquer
un recours en annulation.
Aucun média ne peut être
associé à ce déni de démocratie. Enfin, 20 Minutes a
eu le souci d’être le plus
équitable possible dans son
traitement de la campagne.
Raison de plus pour éviter
d’influencer le vote, même
de façon passive.
Pour finir, deux remarques
sur le fond. Le fait que des
ça se dit !
schmilblick pour les journalistes ! Ils préparent le direct
de dimanche depuis sept
mois en moyenne. « Une soirée électorale, je ne connais
rien de pire au niveau
stress… ou rien de mieux ! »,
confie Pierre Géraud, le
grand manitou de l’événement à France 2.
• Sur le plateau Les lieutenants
des quatre ténors sont réservés sur TF1 jusqu’à 22 h.
« En 2002, on n’avait prévu
aucun invité du FN à 21 h. Il
a fallu en trouver un au pied
levé ! », se souvient François
Bachy, directeur de l’info
politique. Cette fois, les experts aussi sont calés depuis
longtemps. « Radio France
ou Arte m’ont contacté dès
janvier », précise Pascal
Perrineau, directeur du centre de recherches politiques
de Sciences-Po. Et la demande est telle (quatrevingts sollicitations rien que
pour lui) qu’il a mis à la disposition des médias une
équipe de dix chercheurs.
Tous pris d’assaut dimanche,
moyennant une rémunération de 500 € à 1 000 €.
• Dans les loges RTL a installé
un studio dans les murs
S. ORTOLA/ 20 MINUTES
Au moins quatre visages
peuvent apparaître à l’écran
dimanche à 20 h. Un vrai
France Info, qui ne redresse toujours pas des
audiences plafonnant à
8,7 % alors qu’en 2002,
elle se situait à 10, 5. Du
coup, la pression augmente sur les épaules de
Patrick Roger, nouveau
patron de la station. « Il
faudra se concentrer sur
les fondamentaux, et lier
plus directement les chroniques de l’antenne à l’actualité », prévient Cluzel.
initiés vont, à partir de
18 heures dimanche,
s’échanger des tendances
avec la jubilation de ceux
qui savent, tandis que des
millions de Français seront
encore censés voter dans la
sérénité, peut apparaître
incohérent.
Enfin, cette loi date de
1977, époque où n’existaient ni Internet ni télévision
par
satellite.
L’extraterritorialité médiatique la rend obsolète,
puisqu’il suffira de consulter des sites étrangers pour
connaître les estimations.
Un réexamen de ces textes
est donc nécessaire.
Pierre-Jean Bozo,
directeur de la publication
Sur 20minutes.fr
A lire : la mise en garde aux
blogueurs hébergés par notre site
■ Fois dix et même plus. Le JT
on line de Karl Zéro est passé de
20 000 à 300 000 Net-spectateurs
par jour, en l’espace d’un mois.
Survivra-t-il pour autant
au-delà du second tour ?
■ Après Diana, Annie Girardot.
L’unité documentaire de TF1
prépare un portrait documentaire
de 75 minutes sur la comédienne
atteinte de la maladie d’Alzheimer.