Vendredi 24 avril 20h30
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Vendredi 24 avril 20h30
Le ciné-club en baie diffuse LAURA Thriller américain réalisé par Otto Preminger avec Gene Tierney et Dana Andrews Vendredi 24 avril 20h30 Salle des fêtes de Carolles Synopsis Le film s'ouvre sur la phrase : « I shall never forget the week-end Laura died » (« Je n'oublierai jamais le week-end où Laura est morte »). Laura, qui travaillait dans la publicité, a été découverte abattue d'une décharge de chevrotine en plein visage dans le hall de son appartement. Le lieutenant McPherson enquête auprès de ses proches, principalement Waldo Lydecker, un journaliste et critique à la plume acide, qui a fait de Laura une femme du monde, et Shelby, un Adonis sans le sou qu'elle devait épouser. Au fil de ses recherches, où il apprend à la connaître, au travers des témoignages, de la lecture de ses lettres et de son journal intime, et subjugué par un tableau qui la représente, l'inspecteur tombe sous le charme de la défunte Laura. Quelques liens : http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/hommages-retrospectives/revuespresse/preminger/laura.html http://www.dvdclassik.com/critique/laura-preminger http://www.cineclubdecaen.com/realisat/preminger/laura.htm http://www.odysseeducinema.fr/film.php?id=295 Quelques critiques : Les Lettres Françaises « A vrai dire, il s’agit d’un film policier comme beaucoup d’autres, judicieusement construit, honnêtement réalisé et qui ménage, au prix de quelques invraisemblances, la somme de coups de théâtre que le spectateur exige de tout ouvrage de ce genre. Mais l’auteur ne s’en était pas tenu, semble-t-il, à l’histoire passe-partout. Il avait trouvé une idée qui pouvait transformer le caractère du film et ajouter à l’intrigue policière un intérêt sentimental et même philosophique, qui l’eût haussé de dix crans (…). Voilà qui permettait toutes les audaces ! Otto Preminger ne les a pas eues. Effrayé sans doute par les conséquences que pourrait avoir cette aventure posthume, il s’est contenté d’esquisser l’évolution qui s’opère chez l’enquêteur ». Jean Nery, 24/07/1946 Le Parisien Libéré « Cette réalisation d’Otto Preminger, qui a le sens du récit cinématographique, n’est pas indifférente : il y a du mystère, des coups de théâtre, de l’angoisse et surtout de l’amour puisque c’est lui qui pousse presque tous les personnages de Laura à agir ; mais les mobiles psychologiques ne sont là qu’en tant qu’éléments moteurs de l’action dramatique : il s’agit non d’étudier des réactions, des caractères, mais de justifier des actions ». André Bazin, juillet 1946 La Revue du Cinéma « Que l’intrigue soit policière importe peu en définitive. Laura eût aussi bien pu être entraînée dans un drame de famille ou d’amour sans que cela modifie son destin de fille attrayante et troublante, qui ne fait rien pour provoquer ni retenir les hommes et qui ne profite que très sobrement du don pour se faire protéger. Elle glisse, indifférente et à peine oppressée, au milieu de cadavres qui ne sont pas des obstacles. Le prodige est de lui avoir donné vie. Ce prodige est accompli par un metteur en scène qui sait en même temps donner du relief à tous les personnages fournis par un scénario bien meublé et persuader ses interprètes qu’ils sont dans le coup (...). Au moment où Laura pousse la porte et entre, en chair et en os, sans malice, sans remords, sans projets, en se contentant de redevenir Laura, toute nue, pour ainsi dire, en tous cas, toute simple... on se dit vraiment que le cinéma est une belle invention ». Jacques Doniol-Valcroze, novembre 1946 Les Cahiers du Cinéma « Preminger imagina un procédé de narration original (qui par ailleurs donne à son film une grande importance historique) : de longues séquences enregistrées à la grue, accompagnant dans tous leurs déplacements les personnages-clé des différentes scènes, de telle façon que ces personnages immuablement cadrés (le plus souvent en plans rapprochés ou en plans américains) voyaient évoluer et se transformer selon leurs actes le monde environnant. La preuve nous était donnée qu’un récit peut être à la fois policier, beau et profond, que c’est affaire de style et de conviction ». Claude Chabrol, décembre 1955 Télérama « D’autres metteurs en scène ont aussi utilisé brillamment les mouvements d’appareil. Mais ce qui est stridence et fièvre baroque chez Orson Welles, volute précieuse chez Max Ophuls, tourbillon vertigineux chez Hitchcock devient, chez Preminger, le moyen d’une simple et évidente beauté. Sa caméra ne se déplace que pour se trouver à chaque moment dans l’endroit propice à saisir la qualité, la précision d’un geste, la promptitude d’une réaction, le rayonnement d’une femme ». Claude-Jean Philippe, 27/03/1962 Les Cahiers du Cinéma « Ce film propose simplement du fantastique une acception moins littérale, et combien plus subtile, que celle qui est généralement admise par, disons, les habitués du Midi-Minuit. Car, au lieu de reposer sur une idée littéraire du genre, dont on trouve l’expression la plus parfaite dans Nosferatu ou Vampyr, elle part d’une compréhension exigeante et fidèle du réalisme le plus sévère, presque du documentaire, pour l’élever au mythe en magnifiant le réel par l’imaginaire, par l’imagination du regard, plutôt, spécifique à notre art ». Jean-André Fieschi, juillet 1962 Combat « Utilisant très souvent le processus de l’enquête, du récit à flash back, Preminger dissèque, analyse globale, générale. D’où style de mouvement d’appareil sinueux, opposant continuellement le personnage au décor, intégrant le personnage dans le décor, jusqu’au moment où la vérité éclate (…). C’est le premier film que Preminger revendique ». Ralph Thomas, 06/03/1968 Combat « Laura est une étude de mœurs et de caractères très sérieusement menée, avec une habileté de romancier à succès, sachant doser le romantisme, le suspense et l’observation scrupuleuse du comportement (…). Qui plus est, la véracité psychologique de Laura ne tient pas au discours : le dialogue n’explique pas, ne souligne rien (…). Preminger a misé sur la prudence et la retenue. Il ne s’est pas engagé dans la voie poétique que pouvait lui ouvrir son sujet ». Michel Pérez, 16/03/1968 Le Parisien Libéré « De toute la vigueur de son talent et de tout le dynamisme de sa force de persuasion, Otto Preminger rend évidente et permanente une très belle histoire d’amour qui, malgré les péripéties d’un récit policier, n’en est pas moins convaincante dans ses symboles que les exploits d’un roman de la Table Ronde. Le film, qui date de 1944, pourrait aussi bien être de l’an 2000 ». Eric Leguèbe, mars 1968 L’Avant-Scène Cinéma « En dernier lieu, Preminger réalisa le film lui-même et personne n’eut à se plaindre qu’il en fût ainsi. J’ai revu le film récemment dans la salle de projection privée de la Fox. La réalisation en est magnifique. Il n’y a pas un mouvement, pas une intonation, pas une nuance qui ne soit riche de sens. La clarté de l’histoire, tout particulièrement dans la première moitié du film, est stupéfiante. Néanmoins sur certains points de l’intrigue, je reste en désaccord avec Preminger ». Vera Caspary, juillet 1978 Le Quotidien de Paris « D’où vient la magie de Laura ? Du talent de son réalisateur, du hasard, d’un heureux concours de circonstances ? Nul ne sait. Reste que le film dégage un envoûtement, un mystère rares (...). Construit comme un récit faulknérien, entremêlant le discours de plusieurs personnages, Laura enchante encore, par le charme récurrent de son thème musical, par l’utilisation de la voix off, mystérieuse et distante. Ajoutons à cela une science rare des mouvements d’appareil, un usage savant de la grue qui fait que les décors se créent littéralement au gré des déplacements des personnages. Tout fait baigner le film dans une atmosphère de mystère sophistiqué ». Aurélien Ferenczi, 25/10/1983 Télérama « Otto Preminger, cinéaste dont la réputation est un peu surfaite, a réalisé avec Laura son œuvre majeure. Peut-être portait-il, en ce temps-là, encore en lui l’influence de Freud et de Schnitzler qui furent ses contemporains dans sa Vienne natale et qui s’y entendaient, comme on le sait, pour faire tomber les masques. Laura est une élégante et sulfureuse tragédie de la jalousie qui met le doigt sur nos pulsions criminelles les plus secrètes ». Joshka Schidlow, 26/10/1983 Le Matin « Laura n’est pas le chef d’œuvre absolu que d’aucuns prétendent. C’est un moment historique, c’est le premier film important signé par son auteur et qui a consacré le talent de l’incomparable Gene Tierney (…). En revanche, on peut se montrer déçu par le développement de son intrigue quand ses prémices laissaient augurer des péripéties d’une dimension purement mythologique ». Michel Pérez, 01/11/1983 Cinématographe « Entre Laura et Lydecker, un jeu de miroirs biseautés, que martelait un sens du timing irrésistible : cet art de la pique et de l’œillade scelle l’appartenance du film au brio d’une époque, dont se souviendra jusqu’à la fin un Mankiewicz (il y a d’ailleurs en filigrane dans Laura un All about Eve prémonitoire) ». Alain Ménil, février 1984 Positif « Tout s’est passé comme si Preminger avait pressenti que la succession des points de vue, artifice romanesque qui peut ne pas nuire à l’unité d’un livre, nuisait à l’unité d’un film dès lors que ces points de vue s’exprimaient par la parole : or, Preminger luttait à l’évidence pour une mise en scène unifiée et faussement neutre alors même qu’il conduisait le scénario vers une extrême subjectivité. De là, l’originalité vraiment extraordinaire du récit qui, dès le premier noir, nous installe dans une dimension temporelle qui n’est pas l’au-delà ». Gérard Legrand, mai 1984 Libération « Ne pas avoir vu Laura est une chance rare, une chance insensée. Ne rien savoir de ce film somptueux par lequel Otto Preminger naît au cinéma, c’est être vierge de cinéma (…). [Ici c’est] une simple question d’éclairage, de stylisation, d’imagination. Une question d’équilibre entre le noir et le blanc, quelque part entre les lèvres et les pommettes. Allez y voir, juste pour voir. Vous n’en reviendrez pas ». Louis Skorecki, 01/07/2002